Document Les temps Modernes HDA - hda-fmistral
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HISTOIRE DES ARTS – Arts du son (Cinéma) Analyse d’une séquence LES TEMPS MODERNES, Charlie Chaplin, 1936 Contexte historique du film : Les Temps Modernes (1936) est un film sorti pendant la période de l’entre-deux-guerres. Au niveau économique, les Etats-Unis puis l’Europe sont frappés par une crise économique et sociale : le krach boursier d’octobre 1929 à New York a entrainé une crise bancaire (faillite de banques), puis une crise industrielle (fermeture d’usines), et enfin une crise sociale (chômage, misère, faim). C’est la « Grande Dépression ». La politique du New Deal (« Nouvelle Donne ») lancée par Roosevelt à partir de 1933 a pour objectif de relancer l’activité économique grâce à l’impulsion de l’Etat. Au niveau politique, la paix qui règne en Europe est fragilisée par la montée des totalitarismes. Un peu partout en Europe, l’extrême-droite profite de la crise économique pour prospérer. Hitler, porté au pouvoir légalement en janvier 1933, transforme la République de Weimar en IIIè Reich et commence sa politique d’agression et d’expansion (remilitarisation de la Rhénanie en 1935, alliance avec l’Italie en 1936 : Axe Rome-Berlin). Présentation du film : Les Temps Modernes est une comédie dramatique en noir et blanc. Le film est une satire du travail à la chaîne et un réquisitoire contre le chômage et des conditions de vie d'une grande partie de la population occidentale lors de la Grande Dépression. Conditions imposées, selon Chaplin, par les gains d'efficacité exigés par l'industrialisation des temps modernes. Le film a été écrit, réalisé, mis en musique et produit par Charlie Chaplin chez United Artists. C’est un film muet (le dernier du réalisateur), ce qui était anachronique pour l’époque car l’apparition du cinéma parlant en 1927 avec Le Chanteur de Jazz a entrainé un déclin rapide et irréversible du muet (et de la plupart de ses stars…). En réalité, ce film est « muet et sonore » à la fois, puisque des voix, des bruitages et même le chant clownesque du héros ont été intégrés au film et contribuent à sa dramaturgie. Selon le document officiel, les thèmes musicaux ont été composés par Chaplin luimême, et arrangés avec l'assistance d'Alfred Newman. C’est le dernier film de Chaplin dans lequel intervient le personnage de Charlot, mondialement connu. Tourné en 1934-35, le film sort en salles aux Etats-Unis le 5 février 1936 sous le titre Modern Times. Il bénéficie d’une sortie mondiale dans les semaines qui suivent. Il ressort en 1954 puis en 1972, en pleine guerre du Vietnam. Grand succès populaire, le film a reçu un accueil mitigé de la critique. Ce film est considéré aujourd’hui comme une des plus grandes réussites de Charlie Chaplin et un des meilleurs films burlesques de l’histoire du cinéma. Présentation du réalisateur : Charles Chaplin est né en 1889 dans un faubourg pauvre de Londres. C’est un « enfant de la balle » : son père est comique, sa mère chanteuse. Mais son enfance est douloureuse : son père, alcoolique, décède d’une cirrhose du foie alors que Charles n’a que 12 ans. Sa mère est régulièrement internée en hôpital psychiatrique. Charlie Chaplin débute sur scène à 5 ans et fait plusieurs tournées en Angleterre en tant que pantomime. Il est repéré aux Etats-Unis par la Keystone, firme spécialisée dans le burlesque (slapstick). Il crée le personnage de Charlot d’innombrables courts et longsfulgurant. Il devient l’artiste le et signe plusieurs chefs d’oeuvre : (1925), Les Lumières de la ville dernier film, Charles Chaplin fait conscience des ravages de la source d’inspiration principale en 1914, joue et tourne métrages. Le succès est mieux payé au monde dès 1916 Le Kid (1921), La Ruée vers l’or (1931). Pour la promotion de ce un tour du monde. Il prend crise économique. Elle devient sa pour Les Temps Modernes. Synopsis du film : Ouvrier dans une usine dont le patron teste de nouvelles techniques visant à améliorer la productivité, Charlot (Charlie Chaplin) perturbe la chaine de montage par sa distraction. Rendu fou par la cadence infernale des machines, il est hospitalisé. A sa sortie, il est pris pour un meneur de manifestation et est arrêté. Libre, il fait la rencontre de la Gamine (Paulette Goddard), une jeune orpheline, qui vole de la nourriture pour ne pas mourir de faim. Les deux vagabonds partent en quête d’un travail pour sortir de la misère. Identification et analyse musicale de la séquence choisie : Le directeur de l’usine décide d’accélérer la cadence sur la chaîne de montage, Charlot n’arrive pas à suivre, tombe dans les engrenages et devient fou. Éléments de la bande son: dialogue (voix du directeur), bruitages (au début de la scène) et musique Cette scène se divise en 4 parties: 1 -le directeur qui donne l’ordre de mettre la puissance maximum (dialogue/bruitage) 2 -les ouvriers travaillant à la chaîne (musique) Ressenti: On ressent le stress des ouvriers et ensuite surtout le comique de situation (Chaplin est dépassé par la cadence infernale). Analyse: - Temps: La musique est à 4 temps et basée sur un rythme pointé, haletant et répétitif dans un tempo rapide, qui accélère sur la fin, ce qui amène le sentiment de stress et d’instabilité . .. .. - Espace: Les instruments de l’orchestre jouent dans un registre plutôt aigu. On entend des gammes ascendantes très rapides (violons et bois) ce qui amène un sentiment comique. - Forme: Les 2 motifs mélodiques utilisés sont répétitifs, l’un d’eux est formé de la même note répétée 8 fois (unisson), et monte régulièrement vers l’aigu (c’est une marche harmonique vers l’aigu), ce qui renforce le sentiment de tension, de stress. etc … 3 -Charlot qui tombe dans les engrenages (musique et bruitage) La chute dans l’engrenage est symbolisée par un coup de cymbale, qui crée une rupture entre les différents plans de la séquence. Le tempo est plus lent et ralentit car la machine s’arrête progressivement, puis accélère lorsque Charlot remonte vers la chaîne de montage. - La musique est à 3 temps, (comme la valse, danse de couple qui tourne sur lui-même) et illustre les engrenages qui tournent sur eux-mêmes. 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 … - Les timbres instrumentaux utilisés rappellent ceux d’une boîte à musique (carillons, sons cristallins, clairs et aigus). Lorsque Charlot remontent vers la chaîne de montage, un motif de trois notes conjointes est transposé progressivement vers l’aigu (figuralisme: image en musique) Le mickeymousing est parfois utilisé: courts motifs ascendants pour figurer le geste de serrage de l’écrou. 4 -Charlot ressort des engrenages en piteux état (musique) La musique est discontinue: avec de longs moments de silences, entrecoupés de courts motifs instrumentaux qui nous déstabilisent, et montrent la folie de Charlot (il est lui aussi déstabilisé). Le mickeymousing est présent: - Courts motifs ascendants pour figurer le serrage des « écrous ». - Lorsque Charlot utilise les clés pour se faire des oreilles, la musique imite le cri de l’âne (« hi han » deux notes descendantes aux cuivres). Lorsque la jeune femme arrive, on entend une mélodie romantique aux violons, avec elle s’installe une douceur plus féminine, qui romp avec l’univers masculin dans l’usine. Conclusion : La musique peut créer, ou renforcer des émotions, des sensations Elle peut souligner l’action Elle peut installer une atmosphère, une ambiance Elle peut créer des liens entre les scènes (éléments de repères, structurant le film) Rappel : Les débuts du cinéma: Invention du cinématographe par Thomas Edison (1 er film en 1891)-En 1895, Les frères Auguste et Louis Lumière déposent le brevet du Cinématographe en mars et organisent la première représentation publique et payante. Au programme, La sortie des usines Lumière, L’arrivée d’un train à La Ciotat…De 1905 à 1910, le cinéma devient une véritable industrie avec les frères Pathé et Léon Gaumont qui produisent de petits films comiques.L’âge d’or du cinéma muet se situe dans les années 20 avec en icône : Charlie Chaplin. 1927: premier film parlant: « Le chanteur de jazz » d’Alan Crosland