Jouer ne fait pas progresser :

Transcription

Jouer ne fait pas progresser :
+ 100 points ELO cette saison !!!
Chers membres dubitatifs !
Cet article vous propose un défi, à la fois ambitieux et réaliste : le gain de 100 points ELO
d’ici la fin de la saison. Cette idée cadre bien avec la reprise des interclubs nationaux.
Malheureusement, les bonnes résolutions souffrent souvent d’une mise en œuvre laborieuse
(« je commence lundi …»). Dans cet article, je vous propose donc de porter un regard objectif
sur notre progression et des mesures concrètes pour améliorer notre niveau de jeu.
Progressons-nous ?
Depuis plusieurs années,
des cours d’échecs sont
dispensés gratuitement
pour les membres de
Soignies Echecs …
Parmi l’ensemble des
joueurs, on observe que
cinq progressent, un
régresse alors que la
grande majorité (dont je
fais partie !) n’a accompli
aucun progrès significatif,
à trois ans d’intervalle !!!
Néanmoins le niveau de la
plupart des membres
connaît une certaine
stagnation. Certains y
perçoivent « leur
potentiel » ou un niveau
équilibré entre leur plaisir
(les échecs comme loisir
décontracté) et leur volonté
de progression (les échecs
comme sport de
compétition).
Nom
Elo
Elo
Elo
Elo
Elo
Elo
Elo
janv-08
juil-08
janv-09
juil-09
janv-10
juil-10
var.
MEYVISCH J-C
1879
1921
1912
1902
1905
1888
9
OOGHE JEAN-MARIE
1792
1800
1824
1805
1853
1887
95
DUPUIS CEDRIC
1769
1802
1812
1811
1924
1882
42
WATELET SYLVAIN
1702
1769
1860
1859
1844
1882
180
VANMUYLDER DANY
1895
1887
1907
1907
1894
1880
-15
BOON THIERRY
1789
1781
1797
1784
1790
1812
23
BOON ALEXIS
1771
1741
1758
1761
1747
1799
28
DUPONT CLAUDE
1669
1662
1648
1661
1695
1675
6
DELVAUX THOMAS
1611
1638
1659
1669
1669
1669
58
SANTY DIDIER
1479
1509
1520
1541
1580
1606
127
LEBEDEW GEORGES
1541
1541
1541
1541
1535
1514
-27
LEPAPE PHILIPPE
1436
1460
1468
1470
1527
1489
53
PERMENTIER CHRIST.
1310
1327
1333
1386
1357
1328
18
DELVAUX JULIEN
0
0
1150
1150
1267
1295
145
DELVAUX GUY
1361
1368
1377
1338
1291
1271
-90
COLIN PIERRE
1240
1240
1214
1150
1150
1268
28
DECOSTER J-F
1150
1150
1177
1207
1204
1234
84
ROCH GAUTHIER
1150
1153
1251
1229
1150
1166
16
BRASSEUR DANIEL
PALMERI DORIAN
VAN EESBEEK MICHEL
VISEE CORENTIN
0
0
0
0
0
1150
1150
1160
1166
1150
1150 1150
1150
0
0
0
0
1217
1150 1150
1150 1150
0
1150
1150
1150
1150
1150
SCAILQUIN ALEXIS
0
0
0
0
0
936
936
COLIN STEPHANE
0
0
0
0
0
0
0
LUQUE JORIS SEB.
0
0
0
0
0
0
0
VANDEGHINSTE ET.
0
0
0
0
0
0
0
VANDEGHINSTE GREG.
0
0
0
0
0
0
0
Notre cote ELO est-elle une fatalité ? Est-ce mission impossible de surpasser un potentiel
supposé, est-il dangereux de menacer un équilibre subtil entre compétition et plaisir du jeu ?
Comment ne pas progresser ?
Chacun a sa petite idée sur le meilleur moyen de progresser. Mais je suis en désaccord avec
beaucoup de ces idées. Si j’insiste sur le « je », c’est que je ne voudrais pas imposer un point
de vue mais vous livrer une opinion personnelle, néanmoins inspirée de quelques auteurs et
entraîneurs que j’évoquerai ci après. Vos opinions divergentes pourraient enrichir un article
ultérieur.
Le premier des lieux communs auquel je voudrais m’attaquer est : « Jouer fait
progresser »
S’il est vrai que les débutants sont généralement moins forts et obtiennent une première cote
ELO inférieure à celles qu’ils obtiennent par la suite, il me semble que la progression des
joueurs est loin d’être régulière et linéaire.
En d’autres mots, je ne suis vraiment pas convaincu qu’on puisse établir une corrélation entre
le nombre de parties jouées et la force d’un joueur.
Néanmoins je pense que l’expérience est un facteur de progrès mais ce progrès ne semble pas
aller de soi … Dans cet ordre d’idée, je pense qu’un joueur progressera moins de 500 blitz
jouées sur internet que de l’analyse de ses parties officielles ou d’une paire d’heures passée à
résoudre des exercices.
En fait, quand j’écris « je pense », c’est plutôt « je l’ai expérimenté » en enchaînant des
milliers de parties sur Playchess.com sans en obtenir de résultats ni en termes d’elo, ni même
en progression sur le site : ma cote sur Playchess.com fluctuait dans une « marge de 200
points » en fonction de ma fatigue ou de mon inspiration du jour.
La conclusion de cette première idée est que le temps consacré aux échecs n’est pas un facteur
de progrès automatique. Beaucoup n’est pas synonyme de mieux.
Pour ne plus commettre les mêmes erreurs, il me semble indispensable de procéder
systématiquement à l’analyse des parties officielles.
Le plus facile est sans doute de partager, avec son adversaire du moment, les doutes et
certitudes qui vous ont traversés pendant la partie. Il est ainsi possible de vérifier sur
l’échiquier la pertinence de l’une ou l’autre variante qui vous semblait périlleuse ou
prometteuse.
Cette façon de procéder est au moins utile d’un point de vue psychologique «je craignais tel
coup, je n’avais pas vu ça, etc.» mais je pense que cela reste insuffisant pour trois raisons :
Tout d’abord, l’analyse risque d’être très subjective lorsque déception et rancœur menacent
nos capacités intellectuelles. Il existe souvent des difficultés émotives à accepter sereinement
que notre bourreau conteste la pertinence de notre « coup génial » …
Certains joueurs, amers et pétris de « j’étais mieux… », essayent alors de sauver leur honneur
en gagnant, en partie rapide, la variante audacieuse qu’il n’avaient pas décortiquée pendant la
partie officielle. Ses analyses ne produisent au mieux qu’un fruit pourri, fade à l’un et amer à
l’autre. Tout le monde perd son temps.
Par ailleurs, il peut être difficile de rester concentré. De nombreuses analyses succédant à une
longue partie sont bâclées ou se transforment rapidement en blitz. Sans vouloir manquer de
respect à mon adversaire, il m’est ainsi arrivé de décliner une invitation à analyser, en raison
de la fatigue ressentie après cinq heures de jeu.
Enfin, le problème le plus sérieux concerne certainement le niveau des joueurs. Deux mauvais
joueurs n’en font pas un bon … Je pense à une partie toute récente que j’ai jouée avec Daniel
Lamon lors de cet open d’été et que vous trouverez in extenso sous la rubrique open d’été.
Position à insérer
Voici tout de même, à titre d’illustration, une position que nous avions commentée « du haut
de nos 1800 ELO ».
Nous avions convenu tout deux que les blancs ne pouvaient prendre le pion sous peine de
perdre leur dame. L’analyse de Rybka m’a donné le point de vue de deux grands maîtres à
travers une partie flamboyante que je vous invite à parcourir.
Pour ces raisons, je pense qu’analyser ses parties avec un logiciel s’avère vraiment très utile et
permet de corriger une ouverture qui nous mène systématiquement dans un milieu de jeu
inférieur et d’éviter de reproduire des positions indéfendables.
Le deuxième lieu comment auquel je souhaiterais m’attaquer est que « la cote Elo
reflèterait le potentiel du joueur et serait une sorte de fatalité »
Sans entrer dans de grandes considérations scientifico/psychologiques, pour lesquelles je
serais de toutes façons sans ressource, il faut reconnaître que certains sont plus doués dans
certains domaines : les sports, les mathématiques, les travaux manuels, les langues, …
Ne pas être doué dans l’une de ces disciplines ne signifie pas que l’on a « deux mains
gauches » un « Q.I. de bigorneau » mais peut-être que l’on en possède mal les bases ou encore
que l’on n’a pas vraiment d’affinité pour la discipline.
Certains GMI n’ont pour seule compétence que leur talent pour le jeu d’échecs. Evidemment,
tout le monde n’a pas pour but de devenir un champion du monde et cet article ne propose
finalement « que » de gagner 100 points ELO en 1 an.
Enfin, la cote elo n’est pas une fatalité ; des progrès spectaculaires sont possibles ainsi que l’a
montré un de nos anciens membres, Benoît Rousseau, qui a progressé de plusieurs centaines
de points en quelques années.
Le troisième lieu commun que je conteste est que « connaître les ouvertures fait gagner
les parties »
Pour reprendre un exemple donné par Michael de la Maza, je propose à ceux qui disposent
d’un programme d’échecs l’expérience suivante : organiser un tournoi de 10 parties entre
deux moteurs d’analyse, le premier disposant d’une encyclopédie des ouvertures récente
(Chessbase ou Chessok) mais d’une « profondeur tactique » de 4 demi coups et le second, ne
disposant pas d’une bibliothèque d’ouverture mais d’une profondeur tactique de 8 demi
coups… De la Maza a effectué une expérience similaire, laquelle s’est terminée clairement à
l’avantage du moteur d’analyse ayant la plus grande profondeur tactique …
De façon générale, j’ai l’impression que la connaissance des ouvertures n’est pas considérée
comme primordiale par beaucoup de membres de Soignies Echecs. Certains m’ont confié ne
s’être jamais intéressé à l’étude de la moindre variante. Beaucoup de ces joueurs n’ont pas à
rougir de leur niveau ; cela montre bien que connaître les ouvertures n’est pas indispensable
pour gagner des parties.
Si cette connaissance n’est pas indispensable, elle peut néanmoins être profitable. Pour ma
part, je me suis attelé à étoffer quelque peu mon répertoire avec les noirs car j’étais souvent
désemparé face à certaines attaques tranchantes (par exemple : dans l’ouverture italienne ou
face à certains gambits contre la défense hollandaise). J’avais l’impression que les principes,
le « bon sens échiquéen » ou la prudence tactique ne me préservaient pas de désolantes pertes
matérielles. Mes résultats se sont améliorés et j’ai gagné en confiance en acceptant certaines
variantes critiques et économisé du temps de réflexion lors de parties officielles.
Je pense néanmoins que l’étude des ouvertures ne peut porter ses fruits que si elle dépasse le
fait de retenir un enchaînement de coups. A mon sens, il importe surtout de comprendre les
enjeux profonds de l’ouverture que l’on adopte : les forces/les faiblesses des blancs se situentelles à l’aile dame ou à l’aile roi ? Quelle sera la structure de pions ? Quelles en sont les
conséquences au niveau du style de jeu (tactique/stratégie, activité/passivité) ?
Enfin et surtout, il s’agit de savoir punir le coup « déviant » de l’adversaire en identifiant ce
qu’il néglige ou affaiblit. La différence entre « savoir réciter une suite d’excellents coups » et
« comprendre les enjeux et le sens de l’ouverture » prend ici tout son sens.
Le coup déviant peut être sanctionné de différentes façons : une bourde tactique en quelques
coups et une bourde stratégique (par exemple : pousser un pion et enfermer un fou) à plus
long terme (veiller à ne pas ouvrir le jeu de l’adversaire).
On dit que « Trente bons coups ne suffisent pas à gagner une partie mais qu’un seul mauvais
suffit à la perdre ». Je pense que nous pouvons également affirmer qu’une ouverture jouée
avec la plus grande précision théorique jusqu’au quinzième coup n’accordera au mieux qu’un
avantage inférieur à un pion. Il faut d’ailleurs se réjouir, pour la survie même du jeu,
qu’aucune ouverture ne permet, à l’heure actuelle, d’obtenir une nulle ou un gain forcé.
Admettons donc qu’un moteur d’analyse nous accorde un généreux +1.0 au quinzième coup.
Ce petit avantage, tout aussi précieux soit-il, ne nous assurera pas du gain de la partie. Ainsi,
chez beaucoup de débutants, l’évaluation de la partie est caractérisée par de nombreuses
variations de grande amplitude. Les parties pourraient alors s’illustrer par un enchaînement de
« Oh ! J’ai perdu un pion … », « Oups mon fou ! », « Flute, ma tour ! », … etc.
On a alors l’impression que celui qui gagne n’est pas celui qui joue le mieux mais celui qui ne
commet pas la dernière erreur.
Pour conclure cette section, je pense pouvoir avancer que l’étude des ouvertures n’est pas
inutile, surtout si elle s’attache à en dénouer les trames (quelle ouverture pour quel milieu de
jeu et quelle finale ?) et à désamorcer des positions potentiellement explosives (Que faire
contre ce sacrifice de cavalier en F7, au dixième coup ?).
Néanmoins, cet aspect n’est pas le plus important pour la progression du débutant et n’a pas
empêché plusieurs d’entre nous d’atteindre les 1800 ELO. Les enjeux des parties de grandsmaîtres, leurs laboratoires et leurs grandes recherches théoriques sont finalement très éloignés
de notre pratique hebdomadaire.
Enfin, cette étude n’est sans doute pas la plus immédiatement fructueuse et pourrait laisser, à
l’occasion, un goût amer de frustration à celui qui, s’attendant à 1. …. C5, doit se réinventer
et combattre un énigmatique 1… B6 !
Le quatrième lieu commun que je souhaite nuancer est que « Pour bien jouer aux
échecs, il faut maîtriser toutes les phases du jeu (ouverture, milieu de jeu, finale) et tous
ses aspects (tactique, stratégie) »
Loin de moi l’idée de contester le fait qu’une connaissance globale du jeu mène à la
domination sur l’échiquier ! Néanmoins je voudrais remettre en question le fait que « tout
connaître, aborder le jeu dans son ensemble » est nécessaire au progrès du débutant.
Certains d’entre nous aiment rejouer des parties de grands-maîtres, surtout si elles sont
commentées. C’est une façon d’aborder le jeu de façon globale, de marcher dans les pas des
plus inspirés et d’apprécier la beauté de leur jeu.
Je ne pense pas néanmoins que cette façon de procéder soit la plus efficace. En effet,
beaucoup de livres, dont je ne remets certainement pas en cause la qualité, sont inadaptés. Si
je me permettais une comparaison audacieuse, je traduirais mon doute en une question à
laquelle je vous laisse répondre : « Pourquoi ne montre t’on pas des courses de formule 1 aux
candidats au permis de conduire ?». Les commentaires du présentateur sportif peuvent-ils les
aider davantage ? Autrement dit, le débutant peut-il vraiment tirer des enseignements utiles de
variantes qu’il ne comprend pas ?
Une autre idée qui procède de ce que le jeu d’échecs est un tout est qu’il faut une longue
préparation positionnelle pour pouvoir placer des finesses tactiques. Force est de reconnaître
qu’à haut niveau, les combinaisons cinglantes sont, dans la plupart des cas le fruit d’une
préparation stratégique laborieuse.
Cette idée est évidemment pleine de bon sens : un mat du couloir ne sera souvent possible que
si on a placé et doublé des tours dans une colonne ouverte … Une combinaison se présentera
parce que les pièces sont bien développées et bien coordonnées. En un mot, le coup d’éclat
n’est possible que si les principes stratégiques ont été respectés.
Malheureusement, à notre niveau, beaucoup de joueurs laissent du matériel ou perdent des
pièces pour n’avoir pas vu une « combinaison » en un ou deux coups ! On doit donc toujours
se rappeler que la mise en œuvre correcte d’une vision stratégique exige la plus élémentaire
correction tactique.
De même qu’à l’école primaire, les élèves n’apprennent pas à lire avec Marcel Proust, est-il
bien raisonnable de s’essayer à reproduire les visions stratégiques de Kasparov quand on ne
voit pas encore le mat en deux coups que votre adversaire vous accorde généreusement ?
Mon idée n’est pas de décourager le joueur qui veut s’inspirer des meilleurs mais plutôt de
l’exhorter à se concentrer d’abord sur le fait de ne plus donner les pions et les pièces qui lui
coûtent généralement la partie.
Le dernier point que je souhaiterais aborder sous cette section est que l’étude des finales est le
préalable à toute pratique des échecs. Encore une fois, je ne veux pas vous convaincre de
l’inutilité de cette étude. Elle provient certainement de l’idée cartésienne qui consiste à diviser
un ensemble problématique (ex. : Comment coordonner mes pièces pour arriver à la
domination de l’échiquier ?) en plusieurs problèmes simples (ex. : comment mater avec un roi
et une tour ?).
Savoir mater avec un cavalier et un fou est certainement intéressant à plus d’un titre. Cela
permet d’apprendre à gagner/perdre un temps, à identifier des bonnes et des mauvaises cases,
à apprivoiser les déplacements du cavalier, etc.
D’un point de vue pratique cependant, je n’ai jamais rencontré cette situation en près de 200
parties officielles et n’ai donc jamais dû me résoudre à proposer la nulle avec un fou et un
cavalier.
Par contre, j’ai rencontré plus d’un joueur dont le goût par les finales n’a pu s’exprimer, faute
d’avoir perdu deux pièces avant le quarantième coup !
Comment progresser ?
Au cours des pages précédentes, j’ai été provocant à plus d’une reprise. Ainsi, sous la
rubrique « Comment ne pas progresser ? », j’ai repris avec partialité les éléments suivants :
« Jouer aux échecs », « croire que votre niveau est une fatalité », « apprendre les ouvertures,
la stratégie, les finales ».
J’espère en avoir contrarié plus d’un et serais d’ailleurs particulièrement heureux de publier
vos réactions dans la prochaine édition de cette revue. Quelques questions intéressantes sont
reprises dans la première annexe de cette revue.
Refermant cette parenthèse, je me permettrai de vous proposer autre chose.
Tout d’abord, une multitude d’exercices !
Afin de donner un peu de poids à cette recommandation, je citerai préalablement Jeremy
Silman, l’auteur de plusieurs best sellers sur la stratégie aux échecs (par exemple et surtout :
“Comment mûrir son style aux échecs »): “I have noticed that the vast majority of games
between amateurs are decided by some gross blunder of material. This means that if you can
simply not give anything away, you will see hundreds of points pad your rating”
Et le maître Fide Ken Smith de renchérir : “Until you are at least a high Class A player, your
first name is “tactics”, your middle name is “tactics”, and your last name is “tactics”.”
Vous devez donc faire des exercices car cela vous permettra rapidement de punir votre
adversaire, indépendamment de l’ouverture jouée et sans dépendre d’un plan… Cette méthode
n’est pas la plus agréable ; elle demande de la concentration et des efforts mais elle est
probablement la plus efficiente !
Quelques exemples qui doivent nous inspirer !
Chessok (anciennement Convekta, concurrent de Chessbase) propose plusieurs programmes
d’entraînement dont le plus connu est probablement CT ART (actuellement CT ART 4.0). Ce
programme propose un bon millier d’exercices d’échecs dont la résolution est chronométrée.
Les résultats sont compilés et le joueur peut donc suivre son évolution. L’avantage de ce
programme par rapport aux livres est qu’il permet de vérifier rapidement des variantes
alternatives, grâce au moteur d’analyse intégré.
Actuellement, les programmes de Chessok sont utilisés pour amener, en deux années, des
joueurs de 2200 ELO au titre de Maître International (2400 ELO). Une progression de 100
ELO/an à ce niveau est donc possible, moyennant certes, un entraînement tactique intensif de
16 heures par semaine.
Irina Mikhailova, GM et entraîneur du Petrossian Chess Club de Moscou a ainsi « construit »
plusieurs maîtres de cette façon. Il est à noter, cependant, que les exercices couvrait tous les
aspects du jeu (Stratégie, tactique, ouverture, milieu de jeu, finales, …).
C’est également en soumettant ses filles à des milliers d’exercices que Laszlo Polgar les a
amenées sur le podium mondial, Judit Polgar ayant même renoncé à jouer avec les femmes,
faute d’y avoir trouvé une opposition digne d’intérêt !
Vous me direz à juste titre que votre ambition n’est pas de devenir professionnel. Vous me
direz peut-être également qu’une méthode qui a fait ses preuves avec des (semi-)
professionnels pourrait ne pas être adaptée pour les joueurs du dimanche que nous sommes.
Pour cette raison, j’aimerais vous proposer un exemple beaucoup plus abordable : celui de
Michael de la Maza, un illustre inconnu qui est passé, en deux ans, de la cote de 1300 à une
cote de 2000 ELO. Il relate son histoire et sa méthode dans un livre publié en anglais chez
Everyman Chess : “Michael De la Maza - Rapid Chess Improvement - A Study Plan for Adult
Players”.
Je vais vous résumer, en quelques lignes, la méthode qu’il a développée, suite à sa frustration
de ne plus progresser.
Dans un premier temps, l’auteur s’est attaché à entraîner ses « micro-capacités ». Il entend par
là sa perception du déplacement des pièces. Par exemple, placer un cavalier au centre de
l’échiquier et calculer (donc sans déplacer la pièce !) les mouvements nécessaires afin que
cette pièce puisse être placée sur chacune des pièces de l’échiquier. L’exercice, bien que
rébarbatif, permettrait notamment de ne plus subir de « surprenantes fourchettes ».
Dans un second temps, l’auteur recommande de solutionner 1000 problèmes 7 fois d’affilée,
la première fois en 64 jours (environ 15 par jour), la seconde en 32, …, jusqu’à les résoudre
tous en une journée. L’idée de cette répétition est de mémoriser définitivement les situations
types et de pouvoir les identifier sur l’échiquier, les comprendre et les résoudre de plus en
plus rapidement.
Ses dernières recommandations impliquent enfin de prendre son temps lors des parties
officielles (rester devant l’échiquier et suivre méthodiquement certaines étapes : noter le coup
de l’adversaire, etc…), d’éviter de jouer des blitz (pour ne pas prendre de mauvaises
habitudes) et analyser ses erreurs pour les éviter à l’avenir.
Il n’est pas évident de résumer un livre entier en une quinzaine de lignes ; je vous
recommande donc de le consulter car son auteur nous semble accessible et son parcours – de
1300 à 2000 ELO en deux années – est un modèle de discipline fructueuse!
Parlons concrètement
A un moment, il faut pouvoir mettre fin aux verbiages et en venir aux mesures concrètes !
1. La première chose que je vous recommande est de résoudre des exercices, en tenant compte
bien entendu de vos disponibilités. Il peut être difficile, en raison de contraintes familiales ou
professionnelles, de consacrer quotidiennement plusieurs heures aux échecs. Ce n’est
d’ailleurs pas ma recommandation. Peu d’entre nous ambitionnent d’ailleurs le gain de 700
points. Mais gagner 100 points en 2 saisons semble déjà plus abordable.
Alors, pourquoi ne pas rechercher des moments perdus ou gaspillés pendant vos longues
journées ? Vous êtes insomniaque ? Vous subissez des files interminables ? Vous ne
supportez plus les scènes d’action de l’inspecteur Derrick ? Vous connaissez les joies des
transports en commun ? Pourquoi ne pas emprunter ou acquérir un livre et y consacrer 10, 20
ou 30 minutes quotidiennement ?
Dans son livre « Traité pratique du jeu d’échecs », le Dr Tarrasch déconseille aux débutants
de jouer aux échecs et prétend que celui qui travaille son livre sera probablement plus fort que
la plupart des joueurs de club. C’est aussi ce que je pense. Mon but n’est toutefois pas de vous
déconseiller de jouer mais de vous inciter à quelques petits efforts complémentaires !
Voici quelques resources intéressantes :
Sur le net :
Le site gratuit et sans publicité Chess tactic server (CTS) est disponible à l’adresse
http://chess.emrald.net/index.php et met à votre disposition 23.803 problèmes d’échecs de
difficulté croissante. Le site adapte votre classement après chaque exercice en fonction de
votre réponse et du temps que vous avez mis à le résoudre. Les exercices sont également
adaptés à votre niveau de jeu.
Vous pouvez l’essayer en tant qu’invité mais l’inscription n’exige qu’une adresse email pour
vous envoyer votre mot de passe (pas de spam par la suite). 546 belges se sont déjà laissés
tenter ; pourquoi ne pas viser sur le site un classement correspondant à votre cote ELO
actuelle ?
Pour tous (en anglais)
Chez Everyman Chess, Michael De la Maza - Rapid Chess Improvement - A Study Plan for
Adult Players …pour voir comment un joueur de 1300 ELO se concocte un programme
d’entraînement et dépasse les 2000 points…
Logiciel
Chez Chessok , CT art 4.0 téléchargeable pour 20 € sur www.chessok.com (anciennement
Convekta) offre un peu plus de confort et de fonctionnalités que CTS (exercices à résoudre
dans un laps de temps donné – moteur d’analyse intégré).
Quelques livres sympas :
Wilson & Alberston - 303 Tricky Chess Tactics (savoir lire les solutions en anglais) – Des
diagrammes classés par thème et de difficulté variable ; solutions en fin d’ouvrage)
Graeme Buckley, Multiple choice chess I & II (en anglais) ; Pour ceux qui veulent des
exercices tactiques & stratégiques qui couvrent tous les stades de jeu. Les exercices sont
présentés sous forme de QCM à travers 25 parties complètes. Les réponses sont cotées et les
notes négatives sont possibles en cas de (très) mauvais coup.
Les situations présentées sont très diverses, ainsi que les décisions à prendre (coups de
développement, combinaison gagnante, coup tranquille, mat, etc.). Les solutions sont
intégrées dans le corps même de la partie. Un échiquier n’est pas nécessaire pour profiter des
parties et des exercices.
Yakov Neishatdt, Test your tactical ability. Epuisé, mais les exemples utilisés, ainsi que les
exercices sont de véritables perles. Une nouvelle édition sera bientôt disponible : Improve
Your Chess Tactics: 700 Practical Lessons & Exercises pour 16 € en février 2011 sur
Amazon.
Dans notre bibliothèque :
Titre
Référence
111 problèmes faciles aux échecs
104 Nouveaux problèmes faciles
Loheac – 150 tests d'échecs
Lohéac – Testez-vous aux échecs
B81
B82
B166
B209
2. Ma seconde recommandation est de ne plus jeter votre feuille de jeu à l’issue des parties
officielles. Puis-je dès lors vous demander de me remettre votre feuille de partie à l’issue de
chaque ronde ? Beaucoup de joueurs les jettent alors qu’elles constituent une matière de
premier choix pour la revue, pour la formation et, en général, notre progression. Si je ne suis
pas présent, ma boîte au lettre, située en face du club d’échecs (48 rue de la Station) et mon
email ([email protected]) sont à votre disposition ! Vous pouvez également les remettre à
un membre du comité qui me la transmettra.
Il serait également profitable que toutes les parties officielles de nos joueurs fassent l’objet
d’une analyse systématique, « à chaud », après les parties et « à froid », via un fort
programme d’échecs.
3. Enfin, vos objectifs seront plus facilement atteints si vos parties (d’interclubs !) font l’objet
d’un minimum de préparation. Vous pouvez, par exemple, préparer l’ouverture ou en tous cas,
vérifier si votre adversaire n’est pas un habitué de coups exotiques (1.b4, 1.g4, etc …) qui
pourraient vous déstabiliser. A cet effet, je pense pouvoir fournir en octobre, aux joueurs de
division 4 (équipes moins sujettes à d’importantes modifications, joueurs plus faciles à
retrouver dans les bases de données), une base de données reprenant des parties des joueurs
que nous rencontrerons en interclubs.
Si vous vous connaissez des lacunes (que jouer contre la défense scandinave ? la Caro-Kann ?
etc.), n’hésitez pas à recourir à notre bibliothèque ! Elle comporte plus de 200 ouvrages. Une
liste des livres disponibles est désormais disponible en annexe de cette revue (annexe 2).
Pour terminer, des cours d’initiation seront dispensés les samedis 2/10, 9/10, 16/10, 30/10,
6/11, 20/11, 11/12, 18/12 et 15/01. Votre inscription est souhaitée le plus rapidement possible
car le nombre de participants est limité !
Le mot de la fin …
Nous avons désormais un but (+ 100 points ELO cette année) et des moyens (cours,
parrainage, analyses, bibliothèque)… Et comme nous sommes remontés à bloc pour cette
nouvelle saison, je vous donne rendez-vous au mois de janvier pour les premiers résultats !
Article de la Revue n°107 appartenant à Soignies-Echecs rédigé par Jean-Christophe
Meyvisch