Patrimoine et risques majeurs - Risques Majeurs et Environnement
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Patrimoine et risques majeurs - Risques Majeurs et Environnement
Patrimoine et risques majeurs Introduction Contexte et enjeux • Textes fondateurs • Principaux acteurs La mise en œuvre des mesures préventives • Bibliothèques et services d’archives • Musées • Architecture et monuments Interview : le risque de mouvements de terrain lié à des cavités souterraines dans le département de l’Eure Introduction Ensevelissement sous les cendres des villes de Pompéi et d’Herculanum lors de l’éruption du Vésuve en l’an 79, destruction en 2003 d’un joyau de l’architecture iranienne lors du séisme qui toucha la ville de Bam… De tout temps, les catastrophes naturelles ont constitué une menace pour le patrimoine de l’humanité. Aujourd’hui, alors que les risques naturels et technologiques ont tendance à se renforcer et les catastrophes naturelles à augmenter, la question se pose plus que jamais de savoir quoi faire pour préserver notre patrimoine culturel et économique, non seulement pour nous, mais aussi pour les générations futures. La convention de La Haye, adoptée en 1954, a apporté une première réponse à cette problématique en fournissant un cadre à la protection du patrimoine culturel. L’emblème de ce traité international à vocation universelle, un « Bouclier Bleu » apposé sur les monuments ou sites culturels à protéger, est devenu en 1996 celui d’une organisation pluridisciplinaire, le Comité International du Bouclier Bleu. Son ambition est de devenir pour le patrimoine culturel ce que la Croix Rouge est à l´humanitaire. Relais de cette organisation en France, créé en 2001, le Comité Français du Bouclier Bleu exerce en particulier des missions de sensibilisation aux risques encourus par le patrimoine culturel et d’élaboration de mesures préventives et d’urgence visant à minimiser les conséquences des catastrophes, naturelles ou non. Seule la mise en place de telles mesures permet d’anticiper et de se préparer plutôt que de constater et de réparer. Dans cette perspective, des programmes de recherches internationaux et nationaux ont été lancés, tel le projet Noé qui réunit des collectivités du sud de l’Europe dans la mise en place d’un dispositif de protection du patrimoine face aux risques majeurs. Les efforts ainsi entrepris ne doivent cependant pas faire oublier que la gestion des risques est une démarche partagée. Si l’Etat et/ou les collectivités territoriales agissent au niveau du bassin de risque pour en diminuer la gravité, les acteurs locaux doivent œuvrer au renforcement de notre réactivité. Dans cette optique, la prévention débute par la rédaction d’un plan d’urgence adapté aux spécificités de chaque institution patrimoniale. Le plan traite des mesures de prévention permettant au personnel de réduire les risques et de l’intervention en cas de sinistre, afin de minimiser les dommages subis par les collections. Les sites proposés à la consultation de ce dossier ont été choisis en fonction de leur pertinence avec le thème de ce mois. Leur sélection n'implique aucune caution de la part de Prim.net, ni sur le contenu qui y est proposé ni sur les avis qui peuvent y être exprimés. Il s'agit avant tout de permettre à chacun de construire sa propre opinion à partir des diverses sources d'informations proposées. Contexte et enjeux Textes fondateurs Organisation des Nations Unies Le premier traité international à vocation universelle dédié à la protection du patrimoine culturel en cas de conflit armé a été adopté à La Haye en 1954. Cette convention et les protocoles qui lui sont associés veulent aujourd’hui répondre aux dommages importants subis par le patrimoine culturel, non seulement du fait des conflits armés, mais aussi des catastrophes naturelles. Elle s’applique aux biens meubles ou immeubles, y compris les monuments d’architecture, d’art ou d’histoire, les sites archéologiques, les œuvres d’art, les manuscrits, les livres et autres objets d’intérêt artistique, historique ou archéologique, ainsi que les collections scientifiques de toute nature. Prim.net En France, les Plans de Prévention des Risques naturels ou technologiques visent à réduire la vulnérabilité des territoires. Ils empêchent que de nouveaux enjeux ne s’installent ou obligent à des travaux de protection ou de mitigation. Ils n’identifient cependant que très rarement les biens culturels à sauvegarder et ne définissent pas les précautions à entreprendre à ce titre. Dans ce contexte, les dépositaires du patrimoine - immobilier, mobilier, numérique, etc. - ont le devoir de faire observer les règles de mise en sûreté face aux menaces prévisibles. Les conservateurs du patrimoine doivent identifier ces menaces et les intégrer dans leur quotidien. Pour ce faire, ils peuvent s’appuyer sur les Dossiers Départementaux des Risques Majeurs établis par les préfectures et les services de l’Etat, puis établir un Plan Particulier de Mise en Sûreté, notamment dans le cadre des établissements d’enseignements (voir les documents du chapitre IV des actes du séminaire des 28 et 29 janvier 2003). Principaux acteurs Comité International du Bouclier Bleu L’ICBS (International Committee of the Blue Shield) a été fondé en juin 1996 afin de protéger et de sauvegarder le patrimoine culturel. Il a été créé par quatre organisations non gouvernementales : le Conseil international des archives (ICA), le Conseil international des musées (ICOM), le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) et, enfin, la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et de bibliothèques (IFLA). Constituant un corps d’experts capables de conseiller décideurs et professionnels, l’ICBS a pour ambition de devenir pour le patrimoine culturel ce que la Croix Rouge est à l´humanitaire, l’un de ses objectifs prioritaires étant de promouvoir la prévention des risques. Le site de cette organisation propose de nombreux articles dédiés à la protection du patrimoine culturel mondial en cas de conflits armés ou de catastrophes naturelles (documents pour l’essentiel en anglais, au format PDF). Comité Français du Bouclier Bleu Relais de l’ICBS en France, le Comité Français du Bouclier Bleu (CFBB) a été créé le 15 juin 2001. Le site de cette association régie par la loi de 1901 met de nombreuses ressources à disposition des internautes, parmi lesquelles un aide-mémoire de la prévention, mettant en exergue, par type de risque, les points à surveiller et les informations à collecter pour repérer les dangers potentiels auxquels un bâtiment peut être confronté. Il fournit également des conseils utiles concernant la rédaction d’un plan d’urgence, qui prévoit pour un établissement les mesures de prévention permettant à son personnel de réduire les risques et, en cas de sinistres, d’intervenir afin de minimiser les dommages subis par les collections. Il donne enfin la possibilité d’accéder à une liste de liens très fournie. Unesco La prévention des catastrophes naturelles constitue l’une des grandes missions de l’Unesco. Cette organisation internationale exerce notamment une activité de sauvegarde des bâtiments scolaires et des monuments culturels. Son site propose, outre une liste de liens concernant la préservation et la conservation du patrimoine mondial, un guide sur la conservation des biens patrimoniaux en cas de catastrophe naturelle (en anglais, documents au format PDF). Union Européenne A ce jour, 25 Etats ont adhéré à l'accord européen et méditerranéen sur les risques majeurs (EUROPA) créé en 1987 par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe. Cet accord constitue une plate-forme de coopération entre les pays d’Europe et du Sud de la Méditerranée dans le domaine des risques naturels et technologiques majeurs. Son domaine d’action englobe la connaissance des aléas, la prévention des risques, la gestion des crises ainsi que l’analyse post-crise et la réhabilitation. Il a notamment permis la création de centres spécialisés, tel le Centre Universitaire Européen pour les Biens Culturels (CUEBC), situé à Ravello en Italie, qui contribue à la conduite d’une politique du patrimoine culturel en matière de formation, de spécialisation d’experts, de conseil scientifique et, enfin, de protection et de promotion d’objets culturel et historiques. L’Union Européenne soutient également depuis 1986 un programme international de recherche concernant les dommages causés par l’environnement au patrimoine culturel. Elle a aussi placé l’innovation au service de la culture et du patrimoine en finançant le projet Noé, qui réunit de nombreuses collectivités du sud de l’Europe dans la mise en place d’un dispositif interrégional de protection du patrimoine face aux sinistres et d’aide à l’intervention en cas de catastrophes. La mise en œuvre des mesures préventives Projet Noé Financé dans le cadre du programme Interreg IIIC, le projet Noé associe les régions PACA en France, du Molise et de Sicile en Italie, d’Attique en Grèce et du Norte au Portugal. La coopération entre ces régions doit concrètement, sur la base de douze projets, faire émerger de bonnes pratiques pour l’élaboration de diagnostics, la sensibilisation des élus et l’intervention en cas d’urgence. Le projet Noé se concrétise également par la mise en ligne d’une bibliothèque virtuelle proposant de nombreux documents utiles pour mieux appréhender la problématique de la prévention des risques naturels dans une perspective de protection du patrimoine. Plan séisme Mis en place en 2005 par le ministère du développement durable, le programme national de prévention du risque sismique s’inscrit pleinement dans le cadre de la politique gouvernementale de développement durable et s’attache à responsabiliser les acteurs locaux. Il valorise le patrimoine national et améliore la qualité de la construction en réduisant la vulnérabilité des personnes et des biens au travers de nombreuses actions concernant, entre autres, la formation des architectes, des ingénieurs et des entreprises, l’inventaire des immeubles en zone de forte sismicité, ou encore la définition de règles de mise en sûreté. Bibliothèques et services d’archives IFLA Les risques majeurs que font peser sur les collections les catastrophes naturelles conduisent à mettre l’accent sur les plans d’urgence. Partant de ce constat, le site de la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et de bibliothèques a réalisé en 2003 et 2004 une enquête intitulée « Prévention des catastrophes et plans d’urgence », dont la synthèse est accessible sur le site de cette organisation. Ministère de la Culture Toute bibliothèque ou service d'archives devrait accorder une attention particulière à la prévention des sinistres dans sa politique de préservation des biens culturels. Partant de ce principe, le ministère de la Culture présente un dossier dédié aux causes éventuelles des sinistres, aux dégâts les plus fréquemment rencontrés et, enfin, à la rédaction d’un plan d’urgence visant à réduire les dommages occasionnés aux bâtiments et à leur contenu. Bibliothèque nationale de France Le plan d’urgence de la Bibliothèque nationale de France (BnF), disponible sur le site de cet établissement, prévoit les différents risques de sinistres encourus par les collections et les interventions à conduire pour réparer d’éventuels dommages. La BnF a également réalisé un recueil de fiches de conseils pour les procédures de sauvegarde, accessible sur le site du Comité Français du Bouclier Bleu. Elle propose également une liste de liens dédiée à la thématique des plans d’urgence. Musées ICOM Mis en ligne par le Conseil international des musées (ICOM), uniquement accessible en langue anglaise, le site « Disaster Relief for Museums » est spécifiquement dédié au secours apportés aux musées en cas de conflits ou de catastrophes naturelles. Il permet notamment de s’informer des conséquences pour les musées d’évènements récents, tel le passage sur la Nouvelle-Orléans du cyclone Katrina. Direction des Musées de France La DMF propose et met en oeuvre la politique de l'Etat en matière de patrimoine muséographique. Elle exerce notamment dans ce cadre une mission de protection des collections. Son site permet d’accéder à un vade-mecum de la conservation préventive. Sénat Les études conduites sur les crues de la Seine en 2003 ont démontré la très grande vulnérabilité de la région Ile-de-France et le caractère reproductible des inondations de 1910 en dépit des travaux réalisés en amont. Dans un document intitulé « La gestion des collections des musées », le site du Sénat présente les modalités de déménagement des collections des musées nationaux menacés par les crues de la Seine. Architecture et monuments Les Services Départementaux de l’Architecture et du Patrimoine Les SDAP assurent le dialogue entre l'État, garant de l'intérêt général, notamment en matière de patrimoine, et les communes, qui gèrent leur urbanisation depuis la loi de décentralisation de 1983. Le rôle de leurs responsables, Architectes des Bâtiments de France (ABF), ne se limite plus aujourd’hui aux seuls travaux de restauration ou de reconstruction. Il s’étend en effet au domaine de la prévention, leur expérience et leurs compétences étant mises à contribution pour délimiter les territoires susceptibles d’être menacés par une catastrophe naturelle, établir des comparaisons et des bilans, prévoir des mesures d’urgence et, enfin, sensibiliser les propriétaires publics et privés. A mentionner, sur le site de l’Association Nationale des Architectes des Bâtiments de France (ANABF), la possibilité de commander la revue Pierre d’Angle dont le numéro 45-46, dédié aux risques majeurs, permet de prendre conscience des aléas auxquels le patrimoine est confronté au travers d’exemples concrets. Mise à jour : Mai 2008