le concours - Mathilde Ulmer, comédienne
Transcription
le concours - Mathilde Ulmer, comédienne
LE CONCOURS LUCILLE LA FILLE : Je m’entraîne pour un grand concours de cuisine. En même temps je plie le linge. J’aime bien m’occuper du linge, j’utilise Soupline. Ça sent bon Soupline. C’est une bonne marque. Ça passe à la télé. « Les meilleures crêpes de Marie ! ». J’apprends par cœur pour faire naturel. Je progresse de jour en jour. « Avec le cœur, le meilleur secret du savoir- faire ! ». Et hop un petit clin d’œil. Très important le petit clin d’œil. Là, c’est mieux. « Casser les œufs ! » Il faut sourire et battre des cils et cambrer un peu les fesses et faire des petits moulinets de poignets sensuels. C’est vendeur. Ça fait envie. Si on ne fait pas les petits moulinets de poignets sensuels le téléspectateur se désintéresse. Ça n’est pas accrocheur. Si on ne sort pas la poitrine et qu’on n’est pas cambrée il va zapper. C’est très grave. Si on fait baisser l’audience on est virée. C’est normal. « Verser un demi-litre de lait ! » Quelle excitation d’être à la fois belle et bonne cuisinière et de faire monter l’audimat. Moi, c’est mon projet. Parce que plaire à tous les hommes c’est vraiment super. Ton mari est fier. En même temps je prépare le barbecue pour ce soir. Mon mari fera le feu. Mon beau mari. J’ai de la chance avec mon mari qui fait le feu. Tous les maris ne font pas le feu. Là, c’est toute la viande et les légumes pour les brochettes. J’ai tout choisi ce sera délicieux. J’aime bien composer les brochettes, c’est important d’innover, ça change. « Battre les œufs avec le lait ! » (Petit moulinet sensuel de poignet, ça doit être une sorte de va et vient incessant comme ça et un peu entêtant comme ça.) Et laisser le plaisir monter... « Le plaisir de faire plaisir, de faire à manger ! » Et hop un autre clin d’œil. Moi, j’ai toujours rêvé d’être une ménagère parfaite. Je me suis toujours préparée. Par exemple, là ce concours c’est très important pour moi. J’espère beaucoup... Marie est tellement belle à la télé. Du coup je fais aussi beaucoup de fitness et j’ai beaucoup perdu. Là, je m’estime comme il faut. C’est pile les critères. « Ajouter la préparation ! » faire la cuisine souvent. Avec d’œil. farine, en délayant des bords jusqu’au cœur de la J’insiste bien sur le mot cœur puisque c’est sur le cœur à que repose tout le programme de Marie. Il faut le répéter de temps en temps, un petit clin d’œil et hop, un clin Tiens. J’en ai fini avec le linge. Aujourd’hui je m’épate. Je suis très heureuse parce que j’ai beaucoup appris dans la vie. Par exemple, mon mari, je lui fais parfois un petit clin d’œil à lui aussi. Il me sourit. Je suis particulièrement épanouie. Hum... Les brochettes seront parfaites ! Je vais faire plaisir à toute ma famille et mon mari le remarquera. Il est comme ça mon mari. Il est sympa. Pendant le camping l’été là, il ne nous gronde jamais ma fille et moi. « Voilà ! C’est prêt ! Vous pouvez déguster ! Le cœur y est ! » Excusez-moi, je crois qu’on m’appelle. La forme liquide. Ma bête. Elle m’appelle. En fait je crois que je vais laisser tout en plan. Avec la forme liquide, ma bête, tout est paillettes. J’ai toujours aimé les paillettes. Notrepremière fois, je me la rappellerai toujours. C’était la journée des courses. Au centre commercial. La forme liquide je l’ai rencontrée, c’était un mardi. J’étais toute seule. Elle me voulait. J’ai dit ok. Comme elle était belle dans sa bouteille, dans les rayons je ne voyais qu’elle et puis j’ai tout pris. Tout le rayon. J’ai adoré notre rencontre. La forme liquide, ma bête. Comme c’est bon la boire. Nous deux c’est la fête. C’est mon secret. Personne n’y a accès. Je la cache dans un tiroir. Un tiroir fermé à clef. Une clef que je garde en pendentif toute la journée. La nuit je la dissimule sous mon oreiller. Et je dors bien, bien au-dessus de la clef de la forme liquide, ma bête. Elle me chuchote des histoires si j’ai été bonne ménagère pendant la journée. Aujourd’hui, je l’ai bien méritée.