Liliane Rada Nasser, dans la saga Liban-Dakar-Marseille
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Liliane Rada Nasser, dans la saga Liban-Dakar-Marseille
Les Libanais dans le monde lundi 18 février 2013 Liliane Rada Nasser, dans la saga Liban-Dakar-Marseille Portrait Née dans une famille d’émigrés entre la France et l’Afrique, une historienne a exploré l’attachement aux origines dans sa propre communauté. Roberto KHATLAB En 1922, Reston Nasser (Nasr), à l’âge de 18 ans, s’en est allé de son village de Kalhat, Koura, au Liban-Nord, pour rejoindre ses parents déjà émigrés au Brésil. Il prit un bateau de Beyrouth à Marseille et, durant la traversée, il discuta longuement avec un militaire français qui l’a convaincu de s’installer en Afrique. À ce moment-là, il s’agissait de l’Afrique occidentale française (AOF) qui regroupait, entre 1895 et 1958, huit colonies françaises d’Afrique de l’Ouest : le Sénégal, la Mauritanie, le Soudan français (devenu le Mali), la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger, la Haute-Volta (devenue le Burkina Faso) et le Dahomey (devenu le Bénin). Des émigrés libanais se trouvaient déjà là, dont un des pionniers, Élias Khoury Younès de Miziara, s’était installé en 1882 au Nigeria. Prenant le bateau de Marseille pour l’Amérique latine, Reston fit escale au Sénégal et y demeura, travaillant au début dans le commerce d’arachide comme intermédiaire entre les producteurs sénégalais et les huiliers français. Les Libanais étaient déjà bien intégrés au Sénégal dans les villes commerciales, parlant les langues locales et travaillant aussi dans les secteurs de l’industrie, de l’immobilier et du transport. Dans le cadre de son commerce, Reston voyageait souvent entre Dakar et Marseille, où il rencontra un jour Victoria Bachir Achkar, née en 1907 à Beit-Chabab au MontLiban. Son village avait souffert durant la Première Guerre mondiale et deux de ses frères étaient mort durant la famine, ce qui avait amené ses parents à émigrer au Sénégal, confiant la petite Victoria à sa grandmère restée au village. Victoria avait ensuite rejoint sa famille en Afrique, et elle se rendait en pension à Marseille pour suivre des cours de comptabilité à l’école Pigier. Cela lui permettait d’aider ses parents pour la gestion de leur commerce dans la ville portuaire de Kaolack, une des plus grandes du Sénégal. Reston et Victoria se marièrent en 1934 à la mairie de Kaolack, puis célébrèrent leur mariage religieux à Las Palmas. Durant quatre années consécutives, ils retournèrent au Liban à la période de « la soudure », entre deux campagnes d’arachides. C’est d’ailleurs à Tripoli que Victoria a accouché de son fils aîné. Mais avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il n’était plus question de traverser la Méditerranée pour se rendre au Liban, et leurs cinq autres enfants sont nés au Sénégal. Pour leur offrir de meilleures chances de réussite, Reston et Victoria envoyèrent leurs enfants étudier dès le cycle primaire en France, dans des pensionnats religieux à Marseille, puis à Toulon et La Seyne. Les six enfants suivirent des études supérieures. Deux d’entre eux sont devenus pharmaciens et les autres avocat, médecin, physicien et historien. « Un carrefour qui a forgé mon identité » Parmi eux, l’historienne Liliane Rada Nasser, née au Sénégal, obtint à Aix-en-Provence une licence en histoire de l’art et archéologie, puis un doctorat en histoire avec pour sujet l’émigration libanaise. Elle publia récemment un livre de référence sur l’immigration libanaise à Marseille, Ces Marseillais venus d’Orient, paru aux éditions Karthala en France. Au cours d’une entrevue, Liliane nous confie : « J’ai le sentiment d’être à un carrefour qui a forgé mon identité, une identité plurielle, pour reprendre les mots d’Amin Maalouf. En fait, je me sens liée au Sénégal, au Liban et à Marseille bien sûr. L’Afrique fait partie de mon histoire et j’ai été heureuse de présenter mon livre à Dakar. J’y ai retrouvé des amis libanais et des amis sénégalais. J’ai retrouvé la famille de Valdiodio N’Diaye (1923-1984), un homme politique sénégalais, ex-ministre et maire de Kaolack, qui s’était distingué aux yeux des Africains en affrontant le général de Gaulle en 1958. En 1962, il fut accusé de complot contre l’État et emprisonné par Senghor, passant douze années en prison, coupé de sa famille. Nous avons partagé des souvenirs à propos de mes parents, qui l’ont toujours soutenu pendant son incarcération, et des souvenirs de mon oncle Albert Bachir, qui avait participé au mouvement indépendantiste africain. » Liliane poursuit : « Le Liban, je ne l’ai connu qu’en Consolider les liens familiaux pour pousser les émigrés à recouvrer la nationalité 5 L’immeuble abritant le commerce et la résidence des Nasser à Kaolack. L’historienne libano-sénégalaise Liliane Nasser. 1991, après le décès de mon père. J’ai été très émue la première fois, j’ai rencontré des gens qui avaient toujours vécu au Liban mais qui ne connaissaient pas bien leur pays à cause de la guerre. J’y suis retournée en 1996. Ce voyage m’a déçue. Malgré cela, j’ai rencontré des personnes passionnantes, voilà pourquoi j’ai plaisir à me ren- La famille de Reston et Victoria Nasser au complet. dre régulièrement à Beyrouth. Mon dernier séjour date d’ailleurs de décembre 2012. Le précédent était en octobre 2011, j’avais participé au Salon du livre francophone pour présenter Ces Marseillais venus d’Orient. » Le magazine Jeune Afrique a estimé que le nombre de Libanais au Sénégal en 2009 était de 25 000. La plupart étaient arrivés, comme la famille Nasser, en bateau de Marseille, qui était un port de passage pour les émigrés allant vers l’Afrique et les Amériques, surtout à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. De nombreuses familles restent cependant, jusqu’à ce jour, en France. Cérémonie libano-mexicaine en l’honneur de Mgr Chedraoui à Mexico Événement Durant un dîner des « amis du Liban » organisé par RJLiban à Paris, l’ambassadeur Boutros Assaker a déploré « le très faible nombre de Libanais inscrits pour participer aux législatives ». Naji FARAH Les espaces de rencontre à l’attention des Libanais et de leurs amis dans le monde sont nombreux et se concrétisent sous forme d’une page de journal, d’un site Internet, d’un club, d’un restaurant, d’une salle de concert et autres. Lorsque l’on remarque que des centaines de familles palestiniennes en Amérique centrale, par exemple, n’ont plus aucun lien avec leur patrie d’origine, nous nous rendons compte de l’importance des actions multiples engagées par les associations œuvrant pour le Liban. Que nous soyons unis ou non, l’image du Liban actuel, rongé par la corruption, les querelles politiciennes et l’afflux de réfugiés, ternit les relations avec les pays de l’émigration. Dans ce cadre, la remarque faite par notre ambassadeur en France, Boutros Assaker, lors du dîner qui s’est tenu le 8 février à Paris est pertinente : peu de Libanais se sont inscrits auprès des ambassades libanaises, malgré plusieurs campagnes de sensibilisation, afin de pouvoir participer aux élections législatives prévues au Liban en juin prochain. Diplomate de carrière doté d’une grande culture, l’ambassadeur Assaker, en fervent patriote, s’est entretenu tour à tour avec les personnes participant à ce dîner, au cours duquel l’importance du programme de retour aux sources présenté par l’association RJLiban a retenu l’attention. En effet, l’une des finalités de l’action pour le Liban est de préparer le terrain Au cours du dîner RJLiban le 8 février à Paris avec, de gauche à droite, Naji Farah, l’ambassadeur Boutros Assaker, Raymond Sfeir et l’amiral Philippe Alquier. pour accueillir les descendants de Libanais, chacun d’entre eux apportant à sa façon une contribution positive au pays du Cèdre. L’initiative individuelle serait plus probante et paraît aujourd’hui comme incontournable pour qui veut réellement militer pour le Liban. Il est certain que chaque citoyen libanais a des parents dans les pays d’émigration, et lui seul à travers ses liens familiaux peut effectuer le premier pas pour convaincre ses cousins éloignés de recouvrer, dans la mesure du possible, la nationalité. « À quoi nous servira le passeport libanais ? » nous demande-t-on souvent. Un silence s’ensuit, avant d’expliquer que cela renforcera la présence des Libanais résidant au pays. Les relations avec les pays émergents d’Amérique latine intérieur, tout en n’oubliant pas le principal : une cuisine authentique et raffinée. Établi depuis plus de 30 ans dans cette région où il a effectué ses études universitaires, le « Beyrouthin » Hayssam a travaillé durant quinze années dans la publicité entre Nice et Monaco, avant de retrouver un métier qu’il exerçait étant tout jeune, celui de restaurateur. Depuis un an, il attire une clientèle française et étrangère, mais aussi libanaise. Il est marié à une Française dont il a une fille de 23 ans et un garçon de 15 ans. Ce joli point de rencontre sous le promontoire rocheux face à la marina a une adresse : « Manara », 26 quai Lunel, Nice, tél. 04.93.31.63.59 06.72.64.33.85, e-mail : [email protected] L’importance du niveau scolaire au Liban, unique au monde de par la richesse des matières et des langues enseignées, a par la suite été évoquée. L’ingénieur Antoine Rizk a présenté son nouveau programme sur Internet, le site Abjadiye. com, à travers lequel on peut apprendre le libanais dialectal. Les versions en français et en anglais sont déjà en ligne, en attendant prochainement celles en portugais et en espagnol. Cela permettra le rapprochement avec les amis du Liban, nombreux dans tous les continents, en prenant en compte le fait actuel que dans les pays émergents d’Amérique latine, que sont principalement le Brésil et le Mexique, les commu- nautés libanaises ont un pouvoir considérable. Leurs souhaits de promouvoir les échanges économiques et culturels avec le Liban nous ont été communiqués récemment par le sénateur Alfredo Cotait à São Paulo et l’homme d’affaires Alfredo Miguel Afif à Mexico, respectivement président de la Chambre de commerce libano-brésilienne et président de la Chambre de commerce libano-mexicaine. La Conférence de Beyrouth au mois de mars Le Liban, terre de paix et de coexistence, a été au cœur des interventions de l’amiral Philippe Alquier, coordinateur de la Conférence de Beyrouth, qui se tiendra les 25 et 26 mars prochain dans la capitale libanaise, et de l’industriel Raymond Sfeir, secrétaire général du Ma’am (Rassemblement islamo-chrétien d’entrepreneurs libanais), initiateur de la conférence avec Pierre Lecoq, président de l’Uniapac (Union internationale des associations patronales catholiques). Il s’agira de la première grande rencontre réunissant des chefs d’entreprise chrétiens et musulmans, venus de tous les coins du monde, pour affirmer haut et fort les valeurs pour lesquelles ils militent, et qui sont aujourd’hui détournées au profit des intérêts des gouvernements, se traduisant par des conflits armés, notamment au Moyen-Orient. Plusieurs invités étrangers de marque seront présents à ce rendez-vous qui se déroulera sous le patronage du président de la République Michel Sleiman, comme le secrétaire général de la Fondation Konrad-Adenauer Gerhard Wahlers, l’ancien du gouvernement régional de Bavière Gunther Beckstein, le prince saoudien Turki alFayçal, l’ancien président de l’EADS (European Aeronautic Defence and Space Company) Louis Gallois, le président de la Confédération des hommes d’affaires et industriels de Turquie Riza Nur Meral, l’ancien Premier ministre néerlandais Ruud Lubbers, le directeur général de l’OMC (Organisation mondiale pour le commerce) Pascal Lamy, la présidente de l’Union tunisienne de l’industrie et du commerce Wided Bouchamawi, l’industriel turc Memduh Boydak, le président du groupe mexicain Bimbo José Ignacio Mariscal et le président du Conseil pontifical Justice et Paix au Vatican, le cardinal Turkson. Grand-messe en l’honneur de l’archevêque Antonio Chedraoui en la cathédrale Saints-Pierre-etPaul des grecs-orthodoxes, le 17 janvier 2013 à Mexico City. À l’occasion de son 81e anniversaire, l’archevêque grec-orthodoxe de Mexico, Mgr Antonio Chedraoui, originaire de Tripoli au Liban-Nord, a célébré le jeudi 17 janvier 2013 une grand-messe en la nouvelle cathédrale SaintsPierre-et-Paul, inaugurée il y a deux ans dans la banlieue de Mexico City, à Huixquilucan – Bosque Real. Un déjeuner a suivi la cérémonie en présence de plus de 1 500 convives de la haute société libanaise et mexicaine. Parmi les personnalités ayant répondu à l’invitation figuraient : le cardinal Norberto Rivera, l’évêque maronite Georges Abi-Younés, l’homme d’affaires Carlos Slim Helú, le gouverneur du district fédéral de Mexico Miguel Ángel Mancera, l’avocat et homme politique Miguel Alemán Velasco, l’ancienne Première dame mexicaine Marta Fox, l’ambassadeur du Mexique au Liban Jorge Alvarez, la chargée d’affaires à l’ambassade du Liban à Mexico Aline Younés, le gouverneur de l’État de Mexico Eruviel Ávila Villegas et l’homme d’affaires Olegario Vázquez Raña. Au cours de son homélie, Mgr Antonio Chedraoui a rappelé que « saint Antoine a L’actuel président mexicain Peña Nieto à l’anniversaire de Mgr Antonio Chedraoui il y a deux ans. été l’exemple même de l’être humain », remerciant les hauts responsables mexicains pour leur présence et leurs efforts « afin de permettre à la communauté libanaise de se développer pacifiquement au Mexique », avant de mettre en garde contre l’extension du conflit au Proche-Orient auquel « il y a urgence à mettre un terme ». Cet événement très médiatisé a été couvert par de nombreux journaux ainsi que par les télévisions locales, retransmettant en partie la belle messe byzantine (en grec ancien, arabe et espagnol) puis interviewant l’archevêque Chedraoui. Plusieurs groupes de musique classique et traditionnelle mexicaine se sont produits durant le déjeuner, qui a réuni de nombreux Libano-Mexicains venus des principales villes du pays. Et déjà l’on s’interroge sur les grands convives de l’année prochaine, en fonction de la tendance politique, en se souvenant qu’il y a deux ans, le nouveau président mexicain Peña Nieto, alors gouverneur de l’État de Mexico, se trouvait assis à la droite de « Sayedna ». N.F. Brèves Le « Manara » de Nice Dans son voyage depuis Ras-Beyrouth au vieux port de Nice, Hayssam Challah a emporté avec lui le phare pour en faire un restaurant du même nom : le « Manara ». Plusieurs restaurants libanais de quartier fonctionnent dans cette belle ville de la Côte d’Azur, mais le restaurantlounge « Manara », doté d’un espace VIP, s’en détache par la beauté de son décor Une vue du vieux port de Nice. Le colonel Alain Corvez, un grand ami du Liban à Beyrouth Célèbre pour son amitié avec le pays du Cèdre dont il connaît toutes les composantes, le colonel Alain Corvez, habitant à Paris, est de retour à Beyrouth pour une mission de reconnaissance entre le Liban et la Syrie. L’occasion de revenir sur ses voyages précédents, dont notamment Hayssam Challah, propriétaire du restaurant Manara à Nice. ceux du « Cercle Aramis » (avec en point d’orgue la messe du pape Jean-Paul II au centre-ville en mai 1997), de l’« Institut Charles de Gaulle » (2004) et de la promotion « Corse et Provence » de l’école SaintCyr (2009), organisés par l’association RJLiban, dans lesquels il avait entraîné des dizaines de ses compatriotes pour les sensibiliser à notre pays. Ancien conseiller en relations internationales au ministère français de l’Intérieur, son histoire libanaise remonte à plus loin. Officier servant dans le contingent français comme attaché au commandant en chef de la Finul, le général suédois Lars-Eric Wahlgren, à l’époque où le général américain William Richard Higgins avait été enlevé dans la région de Tyr en 1988 (il est mort deux ans plus tard en détention), le colonel Corvez avait subi de multiples pressions au Liban-Sud. Il en a gardé des liens solides avec l’armée libanaise et avec les Libanais d’Afrique, comme le consul de Guinée-Conakry au Liban, Ali Saadi. Son séjour au Liban est ainsi ponctué de réceptions affectueuses, de Beyrouth à Naqoura, durant lesquelles il rappelle que ses contacts libanais lui ont souvent servi de tremplin dans ses missions au MoyenOrient. Son cheval de bataille est de réhabiliter la maison où ont habité le général de Gaulle et sa famille dans le quartier de Mousseitbé à Beyrouth, et pour le moment d’empêcher sa disparition qui pourrait donner lieu à la construction d’une énième tour dans la capitale libanaise. Le colonel Corvez déplore qu’il n’y ait pas de lycée au nom de De Gaulle au Liban, et nous informe qu’un livre publié récemment par la Fondation Charles de Gaulle reprend plusieurs lettres manuscrites d’enfants après le référendum de 1969, appuyant le général qui avait alors renoncé à la présidence. Parmi celles-ci figure la lettre de Robert, un petit Libanais de Paris XVIIe, exprimant le 28 avril 1969 son opinion en ces termes : « Monsieur le Président, je suis un garçon de 8 ans d’origine libanaise et de nationalité française. Je ne comprends pas la politique, mais j’ai compris de mon entourage que les Français n’ont pas été dignes de vous. J’aurais voulu pouvoir vous consoler, vous remercier... Grand merci mon général Le colonel Alain Corvez, le 13 février à Beyrouth. pour tout ce que vous avez fait pour la France et pour nous les petits. Répondezmoi au plus vite mon général s’il vous plaît. » N.F. Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : [email protected] – www.rjliban.com