Commune de HIERS-BROUAGE RAPPORT DE PRESENTATION
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Commune de HIERS-BROUAGE RAPPORT DE PRESENTATION
Réf : villes A-F/BROUAGE-ZPPAUP-création/RP/BOUAGE-RP.doc/11.2008/ibw-cj-ar 1 Commune de HIERS-BROUAGE ZONE DE PROTECTION DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL URBAIN ET PAYSAGER Z.P.P.A.U.P. RAPPORT DE PRESENTATION DOSSIER DE CREATION Mars 2009 Isabelle BERGER WAGON - GHECO Architectes-Urbanistes Carole JAFFRE, Alice ROGES, Lucile BONNEFOY, assistantes d’étude 1 SOMMAIRE A – ANALYSES p 3 A.0 – SITUATION GEOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE 4 A.1 – HISTORIQUE – EVOLUTION TOPOGRAPHIQUE 5 I.1 – LE GOLFE DE SAITONGE AVANT LA FONDATION DE BROUAGE I.2 – LES ORIGINES DE HIERS ET LES MAISONS FORTES I.3- LA FONDATION DE JACOPOLIS VERS 1555 I.4 - BROUAGE UNE PLACE FORTE DE LA RENAISSANCE I.5 – BROUAGE VILLE ROYALE I.6 – LE GOUVERNEMENT DE LA REGENTE ET DE COMTE DU DAUGON - LA FRONDE DES PRINCES I.7 – LES GRANDS TRAVAUX DE FORTIFICATION INITIES PAR VAUBAN ET MENES PAR DU FERRY – BROUAGE PLACE FORTE, LIEU DE STOCKAGE ET DE REPARATION DES ARMES I.8 – LA REVOLUTION – BROUAGE TRANSFORMEE EN PRISON I.9 – BROUAGE AU XIXE SIECLE I.10 – LA RENAISSANCE DE BROUAGE AU XXE SIECLE LA PRESERVATION ET LA MISE EN VALEUR D’UN SITE EXCEPTIONNEL I.11 – UNE POLITIQUE AMBITIEUSE – BROUAGE GRAND SITE NATIONAL L’OPERATION GRANDS TRAVAUX – LA CREATION DU SYNDICAT MIXTE A.2 – MORPHOLOGIE URBAINE II.1 – L’IMPLANTATION ET LA MORPHOLOGIE DU BATI II.1.1 – LA CITADELLE DE BROUAGE II.1.2 – LE BOURG D’HIERS ET SES EXTENSIONS RECENTES II.1.3 – LE VILLAGE OSTREICOLE II.1.4 - LES ECARTS II.2 – LA TRAME VIAIRE / LES ESPACES PUBLICS II.3 – LE VELUM II.4 – LES CLOTURES A.3 – PATRIMOINE BATI III.1 – LE PATRIMOINE PROTEGE – LES EDIFICES PROTEGES AU TITRE DE LA LEGISLATION DES MONUMENTS HISTORIQUES ET DES SITES III.2 – LA MAISON BROUAGEAISE III.3 - LES MONUMENTS ET EDIFICES PUBLICS NON PROTEGES III.3 – LE PETIT PATRIMOINE – LES DETAILS ARCHITECTURAUX III.4 – LE PATRIMOINE RURAL III.5 – LE PATRIMOINE HYDRAULIQUE III.6 – LE PATRIMOINE ARCHEOLOGIQUE 6 7 8 12 18 A.4 – LE CADRE ENVIRONNEMENTAL, LES PAYSAGES ET PERSPECTIVES IV.1 IV.2 IV.3 IV.4 IV.5 IV.6 IV.7 IV.9 - LE GOLFE DE SAINTONGE AVANT LA FONDATION DE BROUAGE - UN SITE PRESTIGIEUX AU MILIEU DES MARAIS - UN RELIEF PLAT, CARACTERISTIQUE DES PAYSAGES DE MARAIS - UN RESEAU HYDROGRAPHIQUE IMPORTANT - LE MARAIS DE BROUAGE : UNE RICHESSE ECOLOGIQUE FORTE - LE MARAIS DE BROUAGE : DES PAYSAGES REMARQUABLES - UNE VEGETATION QUI STRUCTURE L’ESPACE -UN SITE PROPICE AUX VUES LOINTAINES 62 64 66 67 72 75 79 22 24 25 26 35 38 39 40 41 44 45 B – LA Z.P.P.A.U.P. – LES OBJECTIFS DE PROTECTION 81 B.1 - LES OBJECTIFS DE PROTECTION 82 B.2 – LE PERIMETRE DE LA Z.P.P.A.U.P. 83 B.3 – LA DIVISION DU TERRITOIRE EN SECTEURS 84 B.4- LES CATEGORIES DE PROTECTION B.5 - LES CONSEQUENCES REGLEMENTAIRES DES LEGENDES DE LA ZPPAUP 85 ANNEXE - REFERENCES ARCHIVES ET BIBLIOGRAPHIE 98 103 47 52 57 59 60 61 2 A – ANALYSES 3 A.0 – SITUATION GEOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE SITUATION GEOGRAPHIQUE La commune est située dans le canton de Marennes, à 28 km de Royan, à 15 km de Rochefort et à une quinzaine de km des différents pôles de l’Ile d’Oléron. SITUATION ADMINISTRATIVE Les sept communes du Canton de Marennes se sont mobilisées autour d'un projet de développement économique local : afin d'optimiser l'efficacité de leurs actions, elles se sont regroupées au sein d'un organisme intercommunal qui s'est substitué au précédent SIVOM. C'est ainsi qu'est née, le 1er janvier 1997, la Communauté de Communes du Bassin de Marennes. Son siège est fixé à Marennes. La commune fait partie du Pays de Marennes-Oléron. 4 A.1 – HISTORIQUE – EVOLUTIONS TOPOGRAPHIQUES Sources : Brouage, ville royale et les villages du golfe de Saintonge ; Nathalie FIQUET, François –Yves LE BLANC ; éditions patrimoine Médias, 1997. Brouage, capitale du sel et patrie de Champlain ; Eliane et Jimmy VIGE ; ISBN, 1990 Brouage, Ville d’histoire et Place forte ; Eliane et Jimmy VIGE ; ISBN, 1990 I.1 – LE GOLFE DE SAITONGE AVANT LA FONDATION DE BROUAGE Dans l histoire du sel le golfe de Saintonge occupe une place privilégiée : haut lieu de production et générateur de profits, il fut très tôt reconnu par les navigateurs et servit de cadre de développement culturel et d’expansion économique et politique pendant plus d’un millénaire et demi. La création des marais salants A l’époque gauloise des populations sédentaires recueillaient déjà le sel en chauffant l’eau de mer dans des vases d’argile (découvertes archéologiques faites sur les communes de La Vallée et Etaules, par exemple). Plus tard les Romains ont très probablement apporté dans la région la technique des salines qu’ils utilisaient en méditerranée. Mais c’est l’implantation des monastères qui entraîne le développement traditionnel des marais salants. La première mention connue de ces marais salants date de 634, elle figure dans une donation accordée par le roi Dagobert aux moines de Saint Denis. A partir de l’an 1000, avec l’enrichissement des abbayes, les salines se développent, comme en témoignent les cartulaires, parchemins rédigés par les moines ; en 1040 par exemple un acte qui énumère les biens des moines de la Trinité de Vendôme en Saintonge fait état de salines lucratives à Saint Agnant. C’est en 1047 qu’apparaît pour la première fois le terme latin de Broatga, qui désigne Brouage. On e découvre dans la charte de fondation de Notre-Dame de Saintes, lorsque Geoffroy Martel, comte de Poitiers et sa femme Agnès offrent à l’abbaye la dîme de tout le territoire compris entre la Seudre et le havre de Brouage. Ce territoire comporte « les terres anciennes » et « les terres nouvelles », distinction qui apporte la preuve du recul continu de la mer et la conquête de nouveaux marais. Le développement du commerce du sel Au fur et à mesure que les salines s’étendent, le commerce du sel s’élargit. Le trafic s’ouvre aux provinces voisines puis aux pays étrangers pour atteindre son apogée au milieu du XVIe siècle. A partir du XIIe siècle les marais de Saintonge approvisionnent en sel toutes les provinces voisines (Poitou, Limousin, Périgord, Guyenne) en utilisant les fleuves et les rivières, en particulier la Charente, la Boutonne, la Sèvre Niortaise et la Gironde. En s’étendant à l’Europe entière, le christianisme avait fait du sel la première marchandise internationale, sinon en valeur du moins en volume. Ses pratiques, l’obligation du carême et des jours maigres ont augmenté la consommation du poisson, notamment dans les régions continentales. Les pays riverains de la mer du Nord et de la Baltique se sont spécialisés dans la pêche aux harengs et à la morue et ils ont besoin de plus en plus de sel pour conserver leurs produits, et doivent l’acheter de plus en plus loin. Les Bretons sont les premiers fournisseurs avec le « sel de Baie » (sel de la baie de Bourgneuf) mais dès 1270 puis 1792 les ordonnances maritimes de Hambourg mentionnent un trafic avec la Rochelle, qui apparaît comme un grand entrepôt régional de vin et de sel avec Tonnay-Charente. Des échanges se font avec les Anglais, les Flamands, les Néerlandais et les Hanséates. Cet essor grandissant constitue une manne d’argent non négligeable et en 1340 Philippe VI de Valois fait de la vente du sel un monopole d Etat en créant la gabelle qui oblige chaque sujet à consommer une certaine quantité de cette denrée. Il 5 établit dans son royaume des greniers où est stocké le sel, participant ainsi au développement de la production. Le Duc de Bretagne favorise de son côté l’extension des marais salants dans son Etat, une concurrence active oppose ses marchands à ceux d’Aunis et de Saintonge. La création en 1383 d’une taxe sur les ventes « le quart du sel de Poitou » provoque une augmentation des prix et pénalise les marchands d’Aunis et de Saintonge. Néanmoins le havre de Brouage devient un lieu de chargement majeur, du fait de la proximité directe du port de La Rochelle. La première mention connue de Brouage dans un document étranger date de 1411 (qui mentionne le chargement de 12 cents de sel en Brouage par le navigateur de Danzig, Gervinus Von Buren). A partir de cette date, les témoignages se multiplient et mettent en évidence la prospérité des salines de Brouage, qui progressivement s’impose et « évince » les salines de « la Baie ». Cet essor s’explique par la proximité du port de la Rochelle, pôle d’attraction qui permet aux marchands étrangers de vendre leurs produits et de compter leurs chargements de sel avec du vin, des eaux de vie et des céréales. Au XVe siècle c’est le seul port français qui offre des privilèges aux négociants flamands qui vont y fonder une importante colonie. En 1459 CharlesVII accorde la franchise du sel à plusieurs nations, la Flandre et la picardie. En 1462 Louis XI autorise à la ville le droit de commerce avec l’ennemi même en temps de guerre. Le havre de Brouage bénéficie de ces avantages mais aussi du port qui offre aux navires un abri sûr et profond, alors que la Baie subit déjà un irréversible processus d’envasement et des inondations régulières qui endommagent les marais salants. Au milieu du XVIe siècle le golfe de Brouage est devenu le premier centre d’exportation du sel en europe. Au milieu du XVIe siècle, le golfe du Saintonge, la Broatga, sillonné depuis des siècles par les navires venant de toute l’Europe, possédant la maîtrise totale de la production et du commerce du sel et dont les profits se sont traduits par des empreintes architecturales remarquables, devient naturellement un véritable théâtre d’opérations politiques, religieuses et militaires. Au début de la Renaissance, la Saintonge maritime - c’est-à-dire les îles de Saintonge et d’Aunis -, productrice de « l’or blanc » est profondément marquée par les contraintes commerciales et économiques. Les multiples taxes et droits perçus sur le sel et les embarcations ont créé des bénéfices considérables, traduits notamment par l’architecture des rives et des îles du golfe : les notables se font construire des résidences, hôtels particuliers, châteaux et manoirs. L’Eglise commande des édifices imposants. Les guerres de religion altèrent et détruisent une grande partie de cette architecture civile, religieuse et militaire. I.2 – LES ORIGINES DE HIERS ET LES MAISONS FORTES HIERS, anciennement Yers est la première île ou le premier archipel que l’on rencontrait en entrant dans le golfe ; il est même possible que les navires prenaient leur alignement sur le sommet du principal îlot culminant à 26 mètres. C’est probablement cette île « Hiéro » qui fut brûlée par les Vikings en 867, avant la mise à sac de Saintes. De par sa position en « avant-poste » du profond golfe de Saintonge, Hiers est très exposée aux attaques, invasions et aux pillages ; de ce fait aucune occupation d’importance ou bâti majeur n’y est édifié pendant des siècles et lors de la fondation de l’abbaye aux Dames, un factum indique que l’île est entièrement couverte par des forêts. En 1126 le pape Eugène confirme la bulle la fondation de ‘abbaye, la nomme Ha. Juste après sont construits le prieuré et le château. L’église prieurale, qui devient rapidement paroissiale sous le nom de Saint-Hilaire, fut donnée par Hugues de Doué aux moines de Sainte-Gemme entre 1089 et 1095, la rattachant ainsi à l’abbaye de La Chaise-Dieu. Le château des seigneurs d’Hiers, les terres et ses marais sont élevés en châtellenie. L’église fut presque entièrement détruite suite aux guerres de religion du milieu du XVIe siècle au début du XVIIe siècle. Charles-Esprit le Terme, sous préfet de marennes précise en 1826 : « On a pu en réparer postérieurement qu’une partie ; les bas côtés et la portion qui s’avançait jusqu’au chemin de Marennes à Rochefort ont totalement disparu. Une galerie sous la voûte de laquelle passait ce même chemin joignait cette église à l’ancien et vaste château des seigneurs d Hiers dont 6 les seuls vestiges consistent dans un angle de muraille que son extrême dureté a garanti de la destruction générale. » falaise. Cet ensemble regroupait un corps de logis, un moulin et une chapelle, il mouvait de la seigneurie d Hiers Il ne reste plus rien du château aujourd’hui. - Du Prieuré ne restent que le cul de lampe d’une échauguette à poivrière et une tour d’escalier Renaissance, mitoyens à l’hôtel de ville. Le porche d’accès a été détruit il y a quelques années seulement. La Guilleterie, belle ferme fortifiée avec son puits abrité à l’intérieur d’un bâtiment ; c’est d’ici que furent commandés les sièges de Brouage pendant les troubles religieux. - Erablais : minuscule île à quelques encablures, elle fut occupée très tôt par un prieuré relevant de l’abbaye de La Tenaille L’église d’Hiers, dont la façade et le clocher datent du XIXe siècle, porte encore les traces de l’édifice prieural du XIIe siècle primitivement à trois nefs, de style gothique flamboyant : contreforts à pinacles, porte latérale (aujourd’hui murée) au beau gâble en accolade, riches baies ajourées à réseau, fenêtre ouvragée du chevet. A l’intérieur trois forts piliers romans témoignent de l’ancienneté de l’édifice. Chaque île de l’archipel, reliée aux autres après assèchement des pas grâce à des endigages réalisés au début du XIXe siècle par la compagnie Delaage et Guillemot, comportait une maison forte : - - - Frémailloux où Lesson aurait vu « un tumulus et (ou) plus tard les romains eurent un temple et un castrum dont on voit encore des débris sur le bord du chemin. Ce qui en reste est un carré long sans ouverture, parfaitement voûté en petit appareil et dépendant soit d’un sacellum, soit d’un hypogée, soit peut-être d’un château d’eau » Montboileau dont les seuls documents connus ne remontent pas avant le XVIe siècle, conserve des traces d’éléments architecturaux antérieurs I.3- LA FONDATION DE JACOPOLIS VERS 1555 En ce début de XVIe siècle marqué par la Renaissance, le golfe de Saintonge constitue un pôle économique et culturel majeur forgé depuis un millénaire et demi, composé de villes et villages, de ports, pêcheries, salines et moulins, châteaux, abbayes, prieurés et églises. Il est alors partagé entre les deux héritiers d’une des plus puissantes familles du royaume : la famille de Pons, qui s’est implantée ici que pour tirer profit du commerce du sel. - François II, outre Pons et les domaines patrimoniaux recoit les châtellenies de Broue, Chessoul et Montaiglin Jacques II, le cadet, reçoit les baronnies de Mirameau et de Plassac, la terre de Berneuil, le bailage des îles de arennes ainqi que la terre et la seigneurie d Hiers Ce dernier, spolié du site stratégique et symbolique de Broue par son frère et contraint de partager avec lui les revenus de l’extraction du sel, décide en 1555 de fonder une ville en bord du havre, qu’il baptise Jacopolis sur Brouage. Il décide de l’implanter sur le territoire de la châtellenie d’Hiers dont il est le seigneur, à une demi-lieue de la colline et du village d’Hiers. Le Fief de la Blanchardière : son donjon dérasé ne permet qu’une lecture partielle de cette masse fortifiée assise sur le haut de la 7 I.4 - BROUAGE UNE PLACE FORTE DE LA RENAISSANCE L’ambition de Jacques II permit au golfe de Saintonge de potentialiser son dynamisme économique en se dotant d’une structure moderne, une ville nouvelle dans laquelle se regroupèrent l’ensemble des partenaires économiques français et étrangers pour y implanter leurs comptoirs commerciaux. Leurs habitations et résidences restèrent implantées dans les villes et villages environnants. L’expansion économique de toute la région, liée à la nécessité de structurer le commerce du sel dans un premier temps puis à partir de 1546, les armements pour Terre-Neuve, avait permis aux armateurs et négociants régionaux d’être mise en relation avec les flamands, commerçants depuis le Moyen Age. La fondation de Jacopolis est traditionnellement fixée à 1555, toutefois il n’existe aucune pièce ou archive qui permette de confirmer cette date ; on peut penser qu’une cité existait sur place au moins un demi-siècle plus tôt, que Jacques II n’aurait que réaménagée. Le toponyme bas-latin de « Broadga » évoluant dès le XIVe siècle en « Brouage », il devient alors difficile de différencier la ville du site éponyme dans les textes. La fondation de Jacopolis-sur-Brouage répondàun besoin économique mais aussi à une nécessité politique et militaire, en raison de sa position stratégique : Charles VIII avait déjà envisagé l’utilisation des qualité nautique du havre et la création d’un port de guerre en Brouage pour armer la façade atlantique et ainsi constituer une résistance à la Sainte Ligue formée par les Etats du Pape, de l’Angleterre, du Saint Empire et des rois catholiques pour chasser les français de la péninsule italienne. laquelle ils pouvaient entreposer leurs marchandises et apparaux (contre une taxe supplémentaire). La ville s’est densifiée lentement, en raison du caractère marécageux des terres, qui ne pouvaient en priorité recevoir que des constructions à usage commercial. Les guerres religieuses en Saintonge et Aunis En 1562 eurent lieu les premiers affrontements entre catholiques et protestants et affectèrent Jacopolis six ans plus tard, lorsque la ville servit de base stratégique aux actions militaires contre les huguenots rochelais sous le commandement de Blaise de Lasseran-Masseome, seigneur de Monluc. Il embarqua de Jacopolis 600 arquebusiers avant de prendre l’île de Ré d’où il prévoyait de mettre le siège devant La Rochelle. Jacques de Pons et ses fils se convertirent à la religion réformée, tout comme les familles de Condé, Soubise et Coligny. Les troupes royales reprirent Saintes, Royan et Marennes et entrèrent en décembre 1569 dans Brouage, commandés par l’italien Annibal de Coconas (à la tête de 200 fantassins) et Georges de Villiers, seigneur de La Rivière-Puytaillé qui prit le gouvernement de la place et y installa une compagnie de cavalerie. Charles IX envoya sur ce site stratégique des ingénieurs et architectes réputés d’Europe, au service de la couronne de France. L’aménagement de la ville nouvelle a nécessité la création d’un véritable polder constitué d’énormes rochers, de fumier et de débris. C’est sur un périmètre de 400 m de côté que fur dessiné un plan en damiers irrégulier définissant des îlots de 100 pieds de façade eux-mêmes divisés en parcelles de 25 pieds sur 100 de profondeur. Chaque parcelle était concédée à perpétuité pour un loyer annuel de 50 sols. Aucune contrainte architecturale n’était imposée aux constructeurs, marins et armateurs choisissant les parcelles les plus proches du port et de la grave, sur 8 Une enceinte fut construite en 1569, restituée sur un plan exceptionnel (conservé à Londres au Public Roecord Office). L‘examen de ce plan détaillé met en évidence un problème chronologique ; en effet il ne semble pas possible que l’on ait chargé l’un des ingénieurs italiens les plus renommés, Gironalo de Bellamarto, architecte, astronome et mathématicien, d’édifier une enceinte constituée partiellement de terre et de bois, flanquée de bastillons circulaires pour fortifier une ville nouvelle, place forte stratégique…. Alors que sur l’ensemble du territoire français sont édifiées des cités nouvelles entièrement bastionnées et maçonnées (Saint Paul de Vence en 1537, Navarrenx vers 1543, Vitry-leFrançois en 1545…). Il n’intervint pas ici pour François 1er en 1541, mais les concepteurs associèrent à, leur nom celui de Bellamarto, en raison de sa notoriété. C’est Bernardino Rinieri da Colle, dit el Bellamarto qui fut chargé de l’édification des remparts. 9 Le plan permet de décrire la première enceinte de Brouage : quadrangulaire, flanquée de aux angles de bastillons circulaires, partiellement maçonnée. Un parapet crénelé couronne le front du havre, percé de la porte de la rave et son retranchement, une partie du front est et les bastillons de la Grave, surhaussé de deux tours, le front de la Mer, surmonté d’une tour polygonale. Un seul bastillon semi-circulaire est saillant sur le front ouest, chacune des courtines étant dotée de deux tours de défense. L’accès à la ville s’effectue par la port d’Hyers, dotée d’un retranchement et flanquée de deux bastilons semi-circulaires et protégée par une barbacane reliée par deux ponts de bois à la ville et à la terre ferme. A l’exception des fronts revêtus réservés à l’infanterie, l’enceinte et la barbacane sont pourvues d’une banquette de tir armée de pièces d’artillerie. A l’intérieur de l’enceinte le tissu urbain est encore très lâche et comporte des zones marécageuses. En 1570 la cité est assiégée par les protestants rochelais sous la conduite de l’ingénieur italien Scipione Vergano, chargé des fortifications de La Rochelle, et de François de La Noue. Depuis la mer, « La Grande Huguenotte » bloque le havre et menace de ses tirs la citadelle. Sur le front d’Hiers des tranchées sont creusées et des batteries sont établies, qui vont provoquer l’ouverture d’une brèche. Le 11 juillet 1570 la cité capitule et redevient protestante pour un mois seulement, jusqu’à la signature du traité le 8 août entre Charles IX et la ligue des princes, qui concède à ceux-ci les places de sûreté de La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité contre Brouage et les îles de Marennes, qui sont rendues au roi. Sont alors mis en place en septembre 1571 une structure de contrôle des délestages sauvages des navires compromettant par endroits l’accès au port : un office héréditaire de « garde visiteur du havre de Brouage et achenaux dépendant ». Le baron de Mirambeau s’attache à la réparation et à la restructuration des remparts, il charge l’ingénieur Robert de Chinon (qui participe à la réalisation des fortifications de La Rochelle) de refaire l’enceinte intégralement, entre 1571 et 1575. Détail de l’actuel bastion St Luc Détail de la porte d Hiers Une seconde enceinte maçonnée et crénelée qui s’appuie sir la partie nord de la courtine de la Mer, isole en partie un secteur à priori destiné à la construction de la maison du gouverneur de la place. Un fossé entoure l’enceinte, son inondation est provoquée par une écluse. Autour du corps de place sont figurées au plan des salines à quatre bassins, parfois accompagnées d’un saulnier et toutes dotées d’une loge. La nouvelle enceinte de plus de deux kilomètres de développé est intégralement maçonnée, suivant le modèle des fortifications bastionnées italiennes. Le dessin de Tassin gravé et publié en 1636 (ci-contre) restitue le tracé de cette enceinte. 10 La nouvelle enceinte respecte le plan carré d’origine. Les courtines, bâties en moyen appareil et couronnées d’un chemin de ronde sont flanquées de bastions creux, à chaque angle et un autre en milieu de la courtine est, raidis par des contrefort interne remparés. Un ravelin protège la face de celle de la Mer. L’accès au port est probablement défendu par une herse, une porte, un assommoir et des créneaux de fusillade. Le front de terre, du côté des îles d Hiers est lui aussi percé d’une porte qui conserve un flanquement médiéval assuré par deux bastillons semi-circulaires encadrant un pavillon et précédée d’une demi-lune accessible par un pont de bois (détail de la port d’Hiers, dessin ci-contre) Une première église paroissiale L’enceinte est ceinturée par un large fossé inondable. La poudrière Saint Luc A l’emplacement de l’actuel bastion St Luc on observe une bastion à orillons : deux canonnières englobées dans des maçonneries ultérieures ont été découvertes dans l’orillon oriental. Les angles de tirs de ces canonnières couvrent la demi-lune d Hiers (photos cicontre). Après la construction de la deuxième enceinte, avant 1575, est édifiée une église paroissiale probablement à l’emplacement d’un îlot situé entre les actuelles rues des Trois Vierges et de la Brèche. Il s’agit d’un édifice simple de plan abbatial à chevet plat orienté à L’est dont le clocher surmonte la façade (selon le plan du public Record Office). La Grande Eglise Trop petite pour accueillir la population migrante à la suite de la création de l’Amirauté et probablement trop « modeste » par rapport au symbole royal représenté par Brouage, elle est remplacée par la Grande Eglise consacrée en 1608 accessible par l’axe majeur de la cité : la rue Royale. Cette église sobre de plan abbatial à chevet plat, comporte un clocher dont la flèche à huit pans égaux culmine à 28 mètres. Sa nef comporte deux collatéraux. Les blasons de France, de Saint Luc et de Cominges surmontent le fronton supporté par deux piliers aux chapiteaux attiques. Ces blasons semblent avoir été réalisés à la même époque que celui qui orne le fronton de l’édifice baptisé « poudrière de Saint Luc ». Cet édifice situé à proximité du couvent des Récollets, aurait à l’origine servi de lieu de culte. Le marché couvert Source : Brouage, ville royale et les villages du golfe de Saintonge ; Nathalie FIQUET, François –Yves LE BLANC ; éditions patrimoine Médias, 1997 L’intervention de Robert de Chinon dépasse la refonte de l’enceinte, elle permet la mise en place d’un ensemble défensif conçu à la dimension d’un territoire cohérent, la ville et son port. En effet à cette période est érigé le port de Coquilles, qui doit défendre l’entrée du golfe de Saintonge devenu le havre de Brouage. En 1619, Charles Leber du Carlo achète une parcelle d‘environ 900 m² près de la courtine de la Mer afin d’y établir un marché couvert, pour répondre aux besoins de la population croissante. Une vingtaine de boxes sont installés autour d’une place centrale carrée, ils sont loués aux commerçants, producteurs et bouchers. Des édifices militaires et de réserves de vivres A proximité en bordure de la rue Royale étaient implantés le premier arsenal et le logis de la patrouille. Vers 1578 des magasins aux vivres et aux armes furent construits près du bastion de la Rivière pour rationaliser l’approvisionnement du gouvernement de la ville royale. Le linteau d’une maison rue Notre-Dame porte la mention « Royal Hospital 1611 » et un acte signé par le curé de la paroisse du décès à l’hôpital en 1617 d’une brouageaise, laissent supposer la présence d’un hôpital ou maison du chirurgien. 11 Le tissu urbain s’est densifié, étoffé : les habitations se sont agrandies, comportent des étages, les rez-de-chaussée sont occupés par des échoppes, les cours et jardins se remplissent progressivement. Brouage se transforme en véritable ville et par l’édit du 28 novembre 1612, louis XIII accorde le droit de maison commune et d’élection d’échevins et d’officiers de la ville sous la présidence toutefois du gouverneur qui demeure maire perpétuel. Brouage plongée dans la guerre Les batailles de 1572 et 1573 entre les deux cités ennemies de La Rochelle et Brouage ont entraîné la mort de 26000 hommes. En 1573 La Rochelle, cité huguenote qui ne dispose que d’une enceinte médiévale fragile, subit un siège meurtrier et un blocus par des gabarres armées organisé depuis Brouage où la « Grande Huguenote », amarrée devant la citadelle depuis 1570 est chargée de pierres avant d’être coulée et transformée en ponton armé obturant l’accès au port de la Rochelle. Lors de cette bataille trente mille coups de canons furent tirés, la moitié des troupes royales furent tuées, le quart de la population rochelaise fut massacré. Toutefois la cité ne céda pas et résista à son quatrième siège. A la mort de Charles IX la reine mère hérite du pouvoir mais le duc d’Alençon fomente la succession au trône en s’appuyant sur les chefs protestants « menés » par de La Noue et Rohan, qui constituent un véritable état huguenot en Aunis et Saintonge, auquel adhère rapidement le baron de Mirambeau qui nomme René de Laval gouverneur militaire de Brouage, redevenue protestante dès mars 1575. En 1577 le duc de Mayenne et les armées royales assiègent Brouage qui redevient définitivement catholique ; la capitulation est signée le 16 août 1577. Brouage devint très rapidement après sa création un lieu de conflits et de guerres : du fait de son importance économique, puisque même en temps de guerres violentes les transactions de sel et les armements pour Terre-Neuve furent maintenus… Par ailleurs dès sa fondation Brouage fut perçue par les rochelais comme une atteinte à leur pouvoir et monopole des côtes de Saintonge. La couronne de France ne pouvait pas abandonner cette cité, Henri III échange donc à François de Pons sa châtellenie d Hiers (Brouage et Hiers) contre la principauté de Mortagne sur Gironde. Brouage devient ville royale. I.5 – BROUAGE VILLE ROYALE La ville royale de Brouage est une cité commerciale et militaire majeure, de réputation internationale, grouillante de marins et de négociants issus de toute l Europe, bénéficiant du « plus beau havre de France et principalement pour les grands navires qui de toutes parties de la chrestienté vont là pour charger le sel ». François d’Espinay de Saint-Luc, homme de confiance du roi Henri III est nommé gouverneur de Brouage le 10 février 1579 auquel succède son fils Timoléon en 1597 jusqu’en 1627. Pendant 30 années, catholique et protestants, entre La Rochelle et Brouage luttent pour prendre possession de la ville royale, ses infrastructures et son potentiel économique. Dès 1585 le prince de Condé entreprend d’assiéger Brouage : occupant Saint Sornin et il isole la cité en creusant et agrandissant les pas naturels du Lindron et de Tauria qui séparent les îles de Marennes, de Sait Just et de Saint Sornin et il érige avec les terres des retranchements gardés par 300 insulaires. Depuis la mer, la flotte rochelaise bloque l’entrée du havre. Mais en une vingtaine de jours Saint Luc et Matignon parviennent à rompre le siège. Le roi décide alors de tenter par tous les moyens le blocus de la cité royale et recherche des navires pour y parvenir. Dans le même temps Saint Luc a mis en place une batterie sur la grève soutenue de deux galères. Les rochelais décident pourtant de rompre une nouvelle fois le blocus, craignant que la flotte royale ne se dirige vers la ville assiégée. Pour mettre fin aux régulières attaques des Rochelais contre le gouvernement de Brouage, dont la possession est essentielle pour le royaume, Henri III affirme son autorité en y créant par édit de mars 1587 une amirauté, juridiction royale et toute puissante spécialement attachée à l’administration de la mer et de la navigation. L’amirauté constitue parallèlement au pouvoir territorial du gouverneur, un pouvoir maritime de contrôle des côtes, des ports et des eaux, navires et marins des rives de la Charente jusqu’à Sainte, comprenant la façade maritime de la Saintonge et la rive de Gironde jusqu’au Blayais. 12 Dès mars 1587, viennent s’installer à Brouage officiers et fonctionnaires royaux. Le gouvernement de Brouage est destiné à Richelieu. La mort d’Henri III et l’avènement d Henri de Navarre au trône de France marquent le début d’un véritable moratoire. Une partie du domaine royal de Brouage est vendu au fidèle gouverneur Saint Luc ; il s’agit de la cession à titre onéreux des droits de seigneurs engagiste pour l’achat duquel l’acquéreur pressenti reçoit en octobre 1593 une quittance pour paiement de la somme de 10000 écus... à condition expresse de possibilité de rachat perpétuel ! Richelieu, les batailles et le siège de 1627-1628 A partir de 1593 Brouage renforce et organise sa garnison, mettant en place des exhibitions du régiment, qui servent à garantir au roi la fidélité des hommes et la quantité de leur armement et qui assurent le paiement de leur solde. Cette militarisation renforcée suite à la création de l’amirauté excède les rochelais qui adresse leurs revendications le 15 octobre 1597 dans un « cayer adressé au roy, dressé et arrêté par les députés des esglises réformées de ce royaume » qui demande la destruction de fortifications de Brouage. Henri IV conserve le site stratégique et dès 1615 les réformés se lèvent une nouvelle fois contre le pouvoir royal, proclamant la quasi-indépendance de La Rochelle qu’ils veulent ériger un grand centre du calvinisme français. Richelieu prend possession du gouvernement et de l’Amirauté de Brouage et acquiert de Saint-Luc, le jour même de sa nomination, les droits de seigneur engagiste sur le sel avant de créer dès 1633 onze offices de gardes du sel qu’il rachètera immédiatement sous le faux nom de Michel le Masle ! Par la suite il achète les châtellenies et baronnies de Mornac, Arvert, Saujon et Talmont pour contrôler la Gironde et la Seudre, verrouillées par le château de Saujon qu’il fait édifier. L’objectif de Richelieu en prenant le pouvoir à Brouage était de faire plier la cité huguenote. Il met en œuvre le blocus de la ville par la mer et prépare les dispositifs nécessaires pour dissuader les Anglais de prendre appui sur les îles afin de secourir les Rochelais et d’attaquer Brouage. L’île Ré comporte déjà le petit fort de la Prée, il s’agit d’édifier une citadelle à Saint Martin, la forteresse du Château d’Oléron ayant été détruite pour éviter que les Anglais s’en emparent et prennent appui sur l’île. Pierre de Conti est chargé de l’ensemble des chantiers. Pendant que les fortifications et ouvrages de défenses sont édifiés sur les îles de Ré et Oléron, la citadelle de Brouage est réparée par l’ingénieur Mortières. Les actions militaires se multiplient et montent en puissance : - Saint Luc installe dès 1620 des garnisons à Soubise, Moëze et Mornac - En juillet 1621 le roi désigne Charles Leber sergent major de Brouage pour exercer la fonction de capitaine de la marine royale et commissaire général en son armée navale, engageant ainsi l’armée royale dans la lutte contre les places protestantes - Après la chute de Saint Jean d’Angély tenue par les protestants, les pertuis, les coureaux et les fleuves côtiers sont le siège de combats navals incessants - La chute des îles de Ré et Oléron assurent aux huguenots le contrôle de la mer et des pertuis et ports, et donc de l’économie de la Saintonge maritime et de l’Aunis vont justifier l’intervention de l’armée royale et l’affirmation de l’autorité du roi - En 1625 les îles sont reprises Représentation de Brouage, illustration de la puissance de la cité Chatillon,vers 1627 En 1627 Marie de Médicis se décide à échanger à Saint Luc le gouvernement de Brouage contre les titres de maréchal de France et de lieutenant général de Guyenne (lettre du 4 février 1627 de Louis XIII). Le 22 juillet 1627 l’armée anglaise forte de 90 navires et de 8000 hommes assiège la citadelle inachevée de Ré, fortifiée sur les côtes les plus faibles, où sont retranchés Toiras et 600 hommes de troupe. Richelieu envoie des soldats au fort 13 de la Prée et face à la résistance des Français, les Anglais sont contraints d’embarquer les hommes blessés et de prendre le large. La citadelle d’Argencourt est rasée pour de plus servir d’appui aux troupes ennemies. Le pouvoir royal et catholique décide de définitivement résoudre La Rochelle. Le blocus « étanche » est mis en place par terre et par mer, par la construction de douze forts et douze redoutes et d’une digue. Les remparts sont détruits à l’exception de ceux du front de mer servant de digue et des portes principales (Porte Neuve, porte de Cougne et porte Maubec). Pendant le blocus Brouage sert de base logistique où sont conservés les vivres, armes à poudre à canon pour l’approvisionnement des troupes du siège et où sont réquisitionnés navires, pinasses, galiotes, traversiers, tout ce qui peut transporter hommes et vivres mais aussi qui pourra être coulé et utilisé pour conforter la digue aux portes de La Rochelle. Ces conflits ont mis en évidence la puissance accrue des armes, pièces d’artillerie embarquées sur des navires de plus en plus lourds et la nécessité d’édifier ou de restructurer des fortifications adaptées. Richelieu lance dès le début de 1628 la construction de la citadelle du Château d’Oléron. PLAN PROJET DU CARLO – 1628 env. (BNF) Les remparts Du Carlo présente un premier projet d’adaptation des remparts de Brouage. Ce projet dont le plan est conservé à la Bibliothèque Nationale, permet de confirmer la gravure de Tassin. Il existe 7 documents disponibles qui permettent d’appréhender la chronologie de la place et les motivations de Richelieu : - L’avant-projet de Du Carlo, dessiné vers 1627 - Le devis de Pierre d’Argencourt, d’août 1628 - La ratification des contrats de travaux de novembre 1628 - Un plan de Chauvin, ingénieur du roi, non daté - Le plan de Claude Masse de 1680 - Les plans topographiques actuels PLAN CHAUVIN – ETAT ET PROJET – 1640 env. (BNF) 14 Ces plans permettent une lecture chronologique de l’enceinte de la citadelle. D’Argencourt se voit confier les chantiers d’Oléron et de Brouage par Richelieu. Jean Thiriot est chargé de la maîtrise d’ouvrage. Le 1er août 1628 d’Argencourt, secondé à Brouage par l’ingénieur et géographe du roi François Chauvin, établit un devis pour les travaux de remise à neuf de la courtine de la Mer, de son ravelin et des bastions de la Brèche. La Halle aux vivres L’arsenal Commandée par Richelieu, la halle aux vivres est construite en 1631. Il s’agit d’un grand bâtiment de plus de 700 m², composé d’un étage sur rez-dechaussée, de brique et de pierre. L’arsenal fut construit en 1628 à proximité immédiate de l’emplacement des écuries de Saint Luc, pour remplacer les armes. Ce bâtiment de plus de 500 m², composé d’un étage regroupait plusieurs magasins : salle d’armes, forge, magasin et à fusil. la halle aux vivres, à locaux d’entrepôt des sur rez-de-chaussée, de plombs, aux canons 15 Plan de toitures et façades des casernements – XVIIIe siècle (SHAT / FYL) Plan, coupes de l’arsenal - XVIIIe siècle (AD 17, FYL) Les casernes disposent de latrines et de structures de conforts novatrices, elles constituent un des premiers ensembles militaires construits en France. Le magasin aux fournitures Il ne reste aujourd hui de cet édifice que l’actuelle tonnellerie. Ce magasin des armes et de vivres, remplacé par la halle aux vivres en 1631 comportait différents bâtiments organisés autour d’une cour centrale. Il a servi de magasin de fournitures et d’entrepôt de lits, outils, paille. La demeure du directeur des fournitures du roi La demeure du directeur des fournitures du roi, mitoyenne de la halle aux vivres, était un véritable hôtel particulier, composé de trois corps de bâtiments en U autour d’une cour centrale fermée par un muret. Les casernes La croissance de la place forte et de sa garnison nécessite la construction en 1636 de logements réservés aux militaires (ils étaient auparavant logés chez l’habitant). Les casernements sont édifiés le long de la courtine Saint Luc, ils sont constitués d’un long bâtiment surmonté d’un étage, comportant 48 chambres et trois pavillons d’officiers. Les latrines publiques Deux latrines publiques sont construites symétriquement au bastion de la Brèche, elles sont composées chacune de deux salles pour séparer les hommes et les femmes. Une fenêtre haute permet l’éclairage, la ventilation est assurée par une ouverture donnant sur l’extérieur du rempart sous le cordon. La chasse des fosses se fait par la conduite des eaux usées évacuées dans le fossé. L'architecte a profité de l'existence d'un système d'évacuation des eaux usées pour édifier des latrines publiques. Dans celle de la courtine de la mer, on peut remarquer le soin apporté à l'architecture : fronton triangulaire, fenêtre à meneau... deux portes latérales permettant, par des escaliers, d'accéder à une salle voûtée en pierre de taille. La voûte du sol effondrée permet de voir l'égout par lequel les eaux usées gagnaient les canaux. 16 Les forges et hangars Une forge et des ateliers sont construits de part et d’autre du bastion royal, pour accueillir les ateliers d’artisans : charpentiers, armuriers, fourbisseurs, charrons, forgerons. Les deux forges implantées de part et d’autre de la clôture de la gorge du bastion, de style Louis XIII, comportent brique et pierres. Elles s’articulent autour de leur cheminée centrale en tronc de pyramide, reposant sur quatre pilastres à base carrée. Elles sont surplombées par le chemin de ronde. L’Hôpital Richelieu fonde un hôpital près de la courtine de Richelieu dans une maison particulière et des bâtiments voisins ; il comprend 132 lits pouvant héberger 264 patients, il regroupe chapelle, buanderie, boulangerie, remise à bois, latrines, morgue et logement du chirurgien major, des infirmiers et du « garçon chirurgien ». La poudrière de la Brèche Un texte relate la présence d’un magasin spécifique pour les poudres : « Récit d’un voyageur, Godefroy, à Brouage en août 1638 », qui le localise près du couvent des Récollets. Ce témoignage confirme le réemploi du bâtiment à l’origine réservé au culte, situé dans le bastion Saint-Luc, éloigné des habitations, pour un usage militaire. Le port souterrain On accède à ce port après avoir descendu quelques marches et parcouru un tunnel d'accès dallé de 13 mètres conduisant à une salle voûtée. Aujourd'hui, un mur bâti au temps où les canaux ne permettaient plus la navigation, ferme cette salle. Plan, coupes de l hôpital – XVIIIe siècle (AD 17 / FYL) De ce port partaient les barques chargées de ravitailler la demi lune de Richelieu, ouvrage de défense aujourd'hui en partie détruit. Son mur de clôture sur rue est constitué de pierres de lest déchargées des navires venant mouiller devant Brouage ; il comporte des matériaux très variés, extraits des carrières des pays importateurs de sel et tout particulièrement de ceux de l Europe du Nord. 17 Les graffiti Comme dans la plupart des places fortes, les remparts de Brouage ont été par endroits recouverts de graffiti. Le plus grand nombre de graffiti se trouve près des postes de garde, c'est-à-dire principalement à la porte Royale et à la porte d’Hiers. On en découvre cependant sur d’autres bâtiments comme la poudrière Saint-Luc, la tonnellerie et surtout les latrines. I.6 – LE GOUVERNEMENT DE LA REGENTE ET DE COMTE DU DAUGON - LA FRONDE DES PRINCES Le rôle maritime de Brouage s’est largement accru sous l’influence du cardinal du de Richelieu, surintendant et grand maître de la navigation, représenté dans la citadelle par le commandeur Amator de la Porte. Le sieur Mantin, chef d’escadre de Guyenne, est chargé de rédiger un mémoire qui servit de base à la rédaction des Ordonnances de Colbert, qui détaillent la construction des navires, les tâches de chaque homme dans une marine organisée, qui constituent une référence en matière de marine de guerre et de commerce pour partie jusqu’à nos jours. En 1642 le gouverneur de Brouage et seigneur engagiste de la châtellenie d Hiers Jean Arnaud du Plessis meurt. A la mort du cardinal, sa richesse est considérable : 25 millions de livres, qui lui ont permis de faire fortifier Brouage et il se trouve à la tête des deux tiers du commerce extérieur de la France. Carte du gouvernement de Brouage, Tassin – XVIIe siècle (Coll. FYL) Son neveu Armand de Maillé Brézé hérite du titre de gouverneur de Brouage, son petit-neveu obtient la châtellenie d Hiers. Toutefois le nouveau gouverneur de Brouage, mais aussi de Ré, Oléron, La Rochelle et pays d’Aunis, grand maître et surintendant général de la navigation, ne reste pas à Brouage et délègue 18 rapidement sa charge à un lieutenant général et ami, Louis Foucault de SaintGermain Beaupré, comte du Daugon. Armand de Maillé Brézé meurt lors d’une bataille contre les Espagnols quelques années plus tard et dès le 27 juin 1646 le comte du Daugon se voit confier par lettre du souverain la charge de lieutenant général ; le jeune roi Louis XIV n’a que 8 ans, cette lettre royale émane d’Anne d’Autriche et de Mazarin, la régente profitant de la mort du neveu de Richelieu pour récupérer Brouage dont le gouvernement est « des plus importants pour y avoir plusieurs îles et forteresses… » de tous les dehors : front de terre en avant de l’ouvrage à cornes et construction de deux casemates à sa gorge pour prendre le fossé en enfilade, parement externe des demi-lunes sud et ouest et parement de l’escarpe des avancées du front ouest. Le front de mer devient front d’attaque. Ouvrage à cornes d’Hiers, Ferry, 1689 (SHAT/FYL) Le pouvoir royal considère toujours Brouage comme une place stratégique majeure. Du Daugon renforce les remparts et la citadelle, fait de Brouage la véritable assise de la seconde fronde des Princes. Certain de son pouvoir à la cour, le Prince de Condé demande une place de choix au conseil, qui lui est refusée par la régente, conseillée par Mazarin. Son arrestation et son emprisonnement à Vincennes déclenchent un mouvement de rébellion des princes, hostiles à l’absolutisme royal. Le 9 juillet 1646 Anne d’Autriche se fait attribuer le titre de gouvernante et lieutenante générale de Brouage. Du Daugon poursuit un train de vie aisé, s’enrichit et s’illustre dans des combats navals contre la flotte armée par le parlement de Bordeaux (1649), en révolte ouverte contre leur gouverneur, le duc d’Epernon…et donc envers le roi. Les écrits de Claude Masse indiquent que l’ingénieur Chauvin est également à l’origine de l’élargissement du canal de Récoulaire, entre la Seudre et le havre de Brouage, destiné à nettoyer les vases et ainsi à protéger des marées le havre, qui doit rester circulable par les bateaux. Fond du golfe de Saintonge – début XVIIIe siècle (SMH/FYL) L’arrestation des princes de Conty, Longueville et Condé provoque une agitation extrême dans le royaume. Du Daugon entretient ses troupes qui représentent une véritable force armée qui pèsera dans la lutte qui se prépare. Mazarin lui offre en juin 1650 401 cavaliers et les 15000 livres nécessaires à leurs soldes. De son côté la princesse de Condé, sœur du Duc de Maillé Brézè, est parvenue à la tête du soulèvement des seigneurs et elle tente de l’attacher à son parti, mettant en avant le manque de respect de Mazarin. Du Daugon hésite entre les deux camps, il lance de nouveaux travaux de fortifications à Brouage, finit par rejoindre la Fronde en octobre 1651. Les travaux de fortifications sont confiés à l’ingénieur Chauvin pour : un renforcement 19 Depuis ce nouveau canal, les terres sont utilisées pour renforcer les ouvrages extérieurs. Du Daugon conduit les travaux des fortifications mais les travaux avancent lentement en raison des tractations secrètes en cours et des hésitations du comte. Du Daugon reste officiellement dans le camp royal, dans lequel il ne s’est rangé que contre lettre patente lui garantissant le gouvernement de Brouage si la régente l’abandonnait. Dès sa sortie de prison, l’ambitieux Prince de Condé propose à Daugon un mariage avec Elizabeth-Angélique de Montmorency-Bouteville, duchesse de Châtillon, tout acquise à la cause des Frondeurs, puis un échange de Brouage contre le duché de Châteauroux. Toutes ces tractations n’aboutissent pas et en attendant le comte, conscient de l’enjeu que représente son gouvernement, poursuit les fortifications, équipe des vaisseaux et brûlots, prend tous les matelots des îles. En septembre 1651 le Prince de Condé représente une force imposante avec ses alliés : le prince de tarente (VII), La Rochefoucauld (VIII), le duc de Richelieu… et peut-être Du Daugon. Le 30 septembre 1651 Du Daugon rencontre le prince de Condé en compagnie du duc de Richelieu, refuse les avances de l’évêque de saintes qui tente une nouvelle fois de le convaincre de rester fidèle au roi. Le prince de Condé veut contrôler tout le cours de la Charente, il décide de s’emparer de la ville qui fait obstacle à son projet : Saintes. Le 26 octobre 1651. Les troupes des frondeurs encerclent la ville, et le 29 octobre la capitulation est signée. Son armée, commandée par Du Daugon et Richelieu (3000 hommes), s’empare ensuite de Saint Jean d’Angély, le 3 novembre. Du Daugon ne signe aucune réédition, ne laissant ainsi aucune preuve de sa trahison au roi. Début novembre, les Espagnols entrent en Gironde pour soutenir les troupes de Condé, qui leur a promis en échange l’île de Ré. Craignant de perdre l’île de Ré, Du Daugon délaisse le parti de Condé et tente de se diriger vers La Rochelle et l’île de Ré, mais il est arrêté à Surgères et se voit dépossédé de son gouvernement de La Rochelle et de Ré. Il se réfugie à Brouage d’où il tire des revenus qui lui permettent de financer le parti de Condé, transformant même le traditionnel impôt dit « des 5 sols » en impôt « des 35 sols ». ! La Fronde s’épuise, le nord du gouvernement de Brouage est sous domination royale mais Brouage reste imprenable et son gouvernement puissant. Du Daugon s’empare de Moëze et de Soubise, brûlant maisons et vergers ; progressivement, les désertions se multiplient. Mazarin organise une offensive sur la côte et encourage les troupes des fondeurs à la désertion. Le 29 avril 1652 les troupes royales comportant 6000 hommes arrivent à Marennes et début mai le commandant Plessis Bellière sollicite du roi l’autorisation d’assiéger Brouage. Du Daugon s’empare de vivres dans les pays alentours pour préparer le siège (Saint Jean d’Angle, Charron, Moëze, Lupin, Yves). Les navires anglais et hollandais, pourtant alliés des fondeurs sont arraisonnés et amenés à Brouage. Un combat naval s’engage à l’issue duquel la flotte française est victorieuse. Le comte Du Daugon ne se démet du gouvernement de Brouage qu’en échange du titre de maréchal de France, qui lui est donné le 20 mars 1653, il prend alors le nom de Maréchal de Foucault. Le roi prend le gouvernement, mais aussi les armes, vivres, munitions accumulés par Du Daugon et surtout les revenus de la gabelle. Les gains et la puissance issus de la tractation marquent la fin de la fronde des Princes. Le gouvernement de Brouage mais aussi d’Oléron et des îles adjacentes, est confié à Mazarin. Il devient également lieutenant particulier des places dépendantes dudit gouvernement général : Ré, Arvert, Marennes, Tonnay-Charentes, Saujon, Mornac, Pont-l’Abbé, Saint Agnat, Saint Jean d’Angély…. Mazarin charge Colbert d’une mission d’inventaire. Il délègue son gouvernement au cousin de Colbert : Colbert de Terron. Une correspondance importante entre les deux cousins permet de connaître l’activité développée par cet intendant général pendant les douze années de son mandat, en particulier concernant le domaine maritime, intérêt stratégique de l’amirauté de Brouage entre 1654 et 1665. De Terron transforme Brouage en grand centre d’armement : il achète et stocke des armes, fabrique et travaille les poudres ; l’avenir de Brouage se dessine progressivement : magasins, armes et munitions prennent le pas sur les fortifications, Brougae reste un grenier mais n’apparaît déjà plus comme une forteresse. 20 L’intendant de Terron dirige son gouvernement et ses administrés, il dispose pour cela des garnisons de Brouage. Il maintient la puissance économique de la place et son rôle stratégique, mais son manque d’ambition et d’orgueil affaiblit la personnalité de la cité. Brouage, blottie dans son giron royal, n’est plus crainte et bientôt ne sera plus respectée. A la mort de Mazarin le 9 mars 1661, aucune modification d’importance n’intervient dans le gouvernement, ce qui révèle bien la relative « stagnation » de la place, qui a auparavant été façonnée par les gouverneurs successifs, leurs ambitions et habiletés politiques, leurs faveurs à la cour. Colbert de Terron quitte Brouage en 1665 pour devenir gouverneur de Rochefort où est implanté le nouveau port demandé par Louis XIV. La création de Rochefort provoque une totale remise en cause du rôle et de la fonction de la place forte de Brouage. Elle se voit attribuer la fonction d’entrepôt d’armes, de munitions et de vivres et de centrale de rassemblement des troupes. Parallèlement le commerce du sel est en baisse progressive, en raison de la lutte acharnée contre les protestants, souvent marchands ou armateurs, et des difficultés de trafic dues à l’envasement. La population, attirée par Rochefort, décline régulièrement : on passe de plus de 2000 habitants en 1615, à 1803 habitants dans la période 1666-1675. CARTE DE CASSINI – XVIIIe s. 21 I.7 – LES GRANDS TRAVAUX DE FORTIFICATION INITIES PAR VAUBAN ET MENES PAR DU FERRY – BROUAGE PLACE FORTE, LIEU DE STOCKAGE ET DE REPARATION DES ARMES A la mort du dernier grand gouverneur de la place, Claude d’Aligné, marquis de Carnavalet en 1685, le marquis de Vauban ingénieur du roi est chargé d’une inspection de l’ensemble des fortifications du royaume, dont Brouage. Les archives du génie à Vincennes conservent l’original du rapport de Vauban, qui y expose les travaux à effectuer afin de mieux fortifier la place. Vauban confie à l’ingénieur François Ferry les travaux de modernisation de Brouage en même temps que les autres places de saintonge. Les fossés sont recreusés, les dehors (chemins couverts, places d’arme, cavaliers…) sont remodelés. Les terres ainsi extraites servent à la transformation du périmètre de défense. Le chemin de ronde est comblé à partir de 1687, des emplacements sont réservés en traverse pour les pièces de tir ; ces emplacements sont ensuite bouchés afin de pouvoir hisser les canons au-dessus du parapet et de procéder au tir à la barbette. L’excédent de terre rejeté dans le corps de place élargit le rempart jusqu’à 12 mètres d’épaisseur, recouvrant des îlots d’habitations. 900 arbres sont plantés pour dissiper les fumées des tirs sur la « crête de feu ». Les rues Royale et du Québec sont également plantées d’ormeaux. Les faces internes des courtines et des bastions permettent d’observer les interventions nécessaires à la gestion de l’évacuation de ces surcharges de terres : - Intervention au bastion stratégique Saint Luc, seul exposé aux attaques de mer et de terre : la surcharge de terre comble le passage réservé entre le pignon de la poudrière Saint Luc et la courtine ; le nouveau mur de soutènement doit pénétrer l’édifice dans sa partie occidentale pour retenir les poussées de terre. Ferry ordonne de « raser tous les dehors », faisant disparaître l’ouvrage à cornes d’Hiers et celui du levant appelé « fort Camille ». Il fait édifier la demi-lune toujours visible bien que ruinée pour protéger le Front de terre, le plus exposés aux attaques depuis les hauteurs des îles d’Hiers, découvert par la démolition de l’ouvrage à cornes. - Surélévation de la face interne de la courtine de la mer pour retenir les terres d’apport profilées pour l’artillerie Au bastion Richelieur : création d’un petit mur d’appui à l’intérieur du chemin de ronde aux endroits où il n’y a pas de rempart ; l’épaississement permet de réserver une poterne débouchant à 90° dans le fossé et desservant par un pont de bois els ouvrages avancés 22 - Le port d Hiers est obturé par un mur comportant deux embrasures de tir latérales à une porte qui dessert les ouvrages avancés Le port souterrain de la Brèche est transformé en casemate (rétabli dans son état initial en 1988) En 1688 dans le bastion Richelieu est édifiée une construction en forme d’entonnoir permettant le tassement de la glace, dotée d’un puisard, couverte par une toiture de roseaux pour un meilleur calorifugeage Pour renforcer les fortifications une partie des habitations et bâti intra muros est donc ensevelie, toutefois un accès aux latrines est réservé, sous la forme d’un long couloir voûté de plein cintre, qui mène aux fenêtres (dont on a supprimé les allèges) des latrines (les portes ont été bouchées). La typologie des cintres des trois portes montrent la différence de leur architecture et témoigne de campagnes de constructions différentes. L’aquarelle de Bourdeau (1839) montre clairement les différences d’architecture entre la porte d’Hiers, au second plan, édifiée par d’Argencourt, antérieurement à celle de la demi-lune de Ferry au premier plan et à la porte Royale. Les projets d’aménagement du havre De multiples projets sont établis pour nettoyer le havre et désenvaser le port de Brouage, et tenter de renverser le phénomène naturel qui progresse depuis l’époque romaine. Vauban rédige un mémoire concernant le port de Brouage : « Projet des ouvrages nécessaires au nettoiement du havre de Brouage ». Le plan relief de Montaigu En 1703 un plan relief de Brouage est commandé à Montaigu. Ce type de maquette, dont l’usage est systématisé sous Louis XIV, permet de connaître l’état des places fortes des nouvelles frontières du royaume. Cette commande traduit l’importance de la place de Brouage en tant que lieu de stockage et de réparation des armes de l’ensemble des forts de Saintonge. Certaines échauguettes voient leur accès élevé au niveau du nouveau parapet d’artillerie, d’autres sont conservées en l’état et maintenues en contrebas. La poudrière Saint Luc est mise aux normes : édification d’arcs boutants, obturation des portes, transformation de la baie en porte, construction d’une chemise. Chaque bastion est doté d’un corps de garde avec rampe d’accès au rempart. La même année des plans relief sont également réalisés sur Saint Martin de Ré, La Prée et Oléron. Toutefois la cité perd régulièrement ses habitants, ses habitations sont abandonnées, son rôle de « ville » s’éteint. 23 I.8 – LA REVOLUTION – BROUAGE TRANSFORMEE EN PRISON A la Révolution le siège de l’amirauté et le bureau des fermes sont transférées à Marennes ; en 1730 on a retiré la garnison, l’arsenal est démoli et vendu, les maisons et les magasins sont en ruine, la population est réduite à 80 habitants, dont 60 sauniers ou cultivateurs. Brouage a perdu ses richesses et ses hommes. La Révolution transforme la place forte en gigantesque prison, qui accueille dès le 12 mai 1793 tous les suspects de Vendée dans des bâtiments ruinés. Les réserves et vivres comestibles sont rapidement épuisés et lorsque la Marine de Rochefort ouvre ses magasins, la pénurie est remplacée par le froid ; en 1795 la havre est bloqué par le gel… puis par la maladie (le paludisme est favorisé par les carences alimentaires et les moustiques qui pullulent dans les marais abandonnés qui se remplissent d’eau douce, le manque d’hygiène déclenche maladies et décès chez les prisonniers et les gardiens…). Les prisonniers les plus éprouvés sont les religieux, prêtres et sœurs qui sont internés respectivement dans le palais ruiné du gouverneur et dans la halle aux vivres. Les sœurs doivent exécuter des corvées (nettoyage des rues,…). A la mort de Robespierre le 27 juillet 1794, les suspects sont progressivement libérés jusqu’en février 1795. Toutefois Brouage garde sa fonction de prison et accueille le 26 avril 1795 245 prêtres de tous rangs, et de toute la France ; il s’agit de véritables prisonniers politiques plus que « de confession », ; ils sont enfermés dans les anciennes casernes et le palais ruiné du gouverneur, sont soumis à des conditions de détention très rudes : pas de nourriture, interdiction de monter sur les remparts, régime de discipline sévère… 36 mourront au cours de leur détention (inscrits au registre d’état civil de Hiers-Brouage). En octobre 1795 l’administration décide de les déplacer dans un endroit plus adapté, moins insalubre et dans de meilleures conditions de détention. Mais c’est seulement le 30 mars 1796 qu’ils quittent Brouage. I.9 – BROUAGE AU XIXE SIECLE Au cours du XIXe siècle Brouage est abandonnée, désertée, oubliée. La réunion des deux communes d’Hier et de Brouage en 825 En 1812 on ne trouve aucun volontaire pour assurer les fonctions de Maire, celui de la commune d Hiers est désigné par la Préfecture. Le 31 Mars 1825 les deux communes sont réunies par ordonnance du roi Charles X. La vie municipale mouvementée, due notamment à la rivalité entre les deux anciennes communes, conduit à une délibération du conseil municipal pour la séparation en mai 1838, mais elle est refusée par le ministère de l’intérieur après enquête de la préfecture. Un mur d’enceinte autour de la halle aux vivres devenue poudrière Les habitants sont préoccupés par la présence d’énormes quantités de poudres aux poudrières Saint Luc, de la Brèche et à la halle aux vivres concédée à l’artillerie depuis 1816 et affectée à l’emmagazinage de poudres. Un projet est soumis au préfet en 1845, visant à isoler le bâtiment par la construction d’un mur d’enceinte qui englobera deux anciennes rues et maisons incluses à l’intérieur des anciens îlots. La citadelle étant quasiment vide d habitants, la cession des habitations ruinées se fait facilement et celle des deux rues se fait en échange d’un château d‘eau ; un contrat d’échange est signé entre le président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte signe la loi. L’ancien îlot bâti est démoli et il ne subsiste plus que la halle aux vivres devenue poudrière, le premier magasin aux vivres est tronqué et remplacé en tonnellerie, le puits de la cour d’honneur de la maison de l’officier chargé des fournitures du roi. Le mur d’enceinte encore existant aujourd hui est construit à partir de 1853. 24 La démolition des portes, le percement du bastion Autre sujet de préoccupation des habitants : la taille des porte, de largeur insuffisante pour le passage aisé des charrettes. Dès 1849 le conseil municipal examine les possibilités de démolition de la porte d’Hiers : dans l’urgence la voûte est écroulée et les pilastres détruits. En mai 1861 le conseil souhaite démolir la porte royale, mais la demande transmise au préfet est rejetée, en raison de la largeur suffisante de la porte et de l’importance de la dépense. Il sera finalement décidé d’effectuer un percement dans le flanc du bastion, dans l’axe de la route de Rochefort. Cette opération sera réalisée en 1866. La place est définitivement abandonnée par l’armée en 1885, la halle aux vivres, les poudrières et quelques édifices sont vendus à un particulier. Le Terme est également à l’origine de l’organisation des syndicats de marais, il sacrifie toute sa carrière à l’aboutissement du sauvetage des marais de Brouage, impliquant les Domaines, les maires, le représentant de l’Etat dans le Département. Le classement des remparts, l’assainissement des marais qui permet de relancer les activités d’élevage et de pêche, marquent l’achèvement du déclin de Brouage et la préparent à un processus de renaissance et de valorisation. I.10 – LA RENAISSANCE DE BROUAGE AU XXE SIECLE LA PRESERVATION ET LA MISE EN VALEUR D’UN SITE EXCEPTIONNEL LES PROTECTIONS SUCCESSIVES DU SITE ET DES EDIFICES La protection des remparts La même année les domaines, propriétaires des remparts veulent vendre ces derniers aux enchères. Le sous préfet de Marennes, le vicomte d’Aviau de Piolant, alerte la société des Archives historiques de Saintonge et d’Aunis et Monsieur Castagnary, membre du Conseil d Etat et du conseil des Monuments Historiques. La vente est ajournée, la commune et le conseil général se mobilisent pour la protection des remparts Le10 février 1887 les remparts sont classés au titre des Monuments Historiques. En 1878 un monument à la mémoire de Samuel Champlain est érigé près de l’église. Les transformations du marais Le marais devenu gâs, insalubre et difficile à cultiver, fait l’objet à partir de 1882 de transformations importantes sous l’impulsion du sous-préfet Le Terme. Les marais sont assainis grâce à l’entretien et au creusement de petits canaux, jas et ruissons visant à éviter la stagnation de l’eau et à la prise de conscience des contraintes ‘hygiène ; il est alors interdit de laisser les gravas et fumiers occuper et encombrer dans les chenaux. Le10 février 1887 les remparts sont classés au titre des Monuments Historiques. Ce n’est que dans les années 1930 qu’une campagne de restauration fut entreprise, qui visent dans un premier temps à reconstruire les échauguettes, 13 sur les 19 que comptait le rempart. Les guérites restituées diffèrent de celles du devis établi par Pierre d’Argencourt, mais sont identiques à celles réalisées sur les plans de Ferry (travaux 1689). Les travaux concernent également la porte Royale, démontée pierre par pierre et restaurée. Après la guerre les seules interventions de l’Etat concernent le débouchage de la porte Royale murée en béton par les allemands et utilisée comme étable. L’ensemble des édifices de la place est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1953, puis un périmètre de protection de 500 mètres est instauré en 1960. En 1966 la forge royale abrite l’association pour le tourisme dont les fonds permettront sa complète restauration. En 1967 la halle aux vivres déjà partiellement sauvée de la démolition en 1931, amputée de son étage, est rachetée par la commune avec la tonnellerie et le clos qui l’entoure. 25 La poudrière Saint Luc est acquise en 1980 par l’association Aunis-SaintongeQuébec, celle de la Brèche revient en 1984 à l’association France-Canada. La totalité des édifices remarquables subsistant rentre dans le patrimoine public. Toutefois ces acquisitions, indispensables pour tout projet de restauration, n’apportent que des charges supplémentaires à la commune. Au début des années 1980, consciente de la démesure du patrimoine à préserver (plus de deux kilomètres de remparts, une tonnellerie ruinée, une halle aux vivres arasée) par rapport à la population (à peine 500 habitants), la commune recherche des partenaires, finances et appuis et acquiert progressivement les anciennes écuries royales. C’est le XIIe contrat de plan Etat-Région qui retient enfin dans ses restaurations exceptionnelles la halle aux vivres. I.11 – UNE POLITIQUE AMBITIEUSE BROUAGE « GRAND SITE NATIONAL » - L’OPERATION GRANDS TRAVAUX – LA CREATION DU SYNDICAT MIXTE 1987 : première phase de restauration sous maîtrise d’ouvrage communale (restauration du rez-de-chaussée de la Halle aux vivres) 1989 : classement de la place et de son marais au titre des « grands sites nationaux » 18 actions initiées en 1989 ont permis de restaurer et valoriser la place forte : Parcours piétons, pistes cyclables, analyse des accès et stationnements, restauration des monuments et du bâti privé, valorisation culturelle 26 27 28 29 30 1989: Le Conseil général de la Charente Maritime et la commune d Hiers Brouage créent le Syndicat mixte pour la restauration et l’animation du site de Brouage Le Syndicat - Mixte a pour objet : La restauration et la gestion des espaces publics La restauration et la réutilisation des monuments protégés La valorisation des espaces naturels sur le territoire communal Le Syndicat - Mixte est composé de représentants: Du Département de la Charente-Maritime De la commune de Hiers-Brouage De la commune de Saint-Sornin. Les principales actions réalisées depuis 1989 : • Restructuration de l’ensemble des espaces publics et restauration des monuments : - Traitement des sols Mise en lumière Replantation Création de chemins piétons et pistes cyclables Le SMB est compétent pour : Le programme de restauration, de valorisation et d’animation du site; La recherche de financement, la gestion du budget ; Le recrutement de personnel (23 salariés en 2006)…. Le Budget est composé de : Revenus locatifs de certains bâtiments, les droits d’entrée aux expositions, Participations statutaires du conseil général et des communes Subventions (Etat,Région,Département, Europe...) 31 • Halle aux Vivres - Mise en place du Centre Européen d’Architecture Militaire, à la Halle aux vivres Centre d’interprétation du patrimoine fortifié Centre documentaire Service éducatif 34000 visiteurs en 2006 Création de la vitrine des métiers d’art Création d’un bâtiment accueillant 3 ateliers magasins Restauration de la tonnellerie : 6 expositions par an d’artistes et artisans Mise en place d’un programme annuel d’animations Réalisation de la Maison Champlain, salle d’exposition 32 I.11.2 - LA RESTAURATION – REHABILITATION D’EDIFICES MAJEURS I.111 – LA RESTAURATION DES REMPARTS Restaurations annuelles Etude archéologique Projet de reprofilage des terres afin de permettre la mise en sécurité et une meilleure compréhension du monument. Le Syndicat Mixte est le maître d’ouvrage de l’ensemble des travaux et des restaurations : Halle aux vivres, tonnellerie, poudrières, ... Dans la citadelle de Brouage La Halle aux vivres La halle aux vivres abrite aujourd’hui un espace d’exposition, un centre documentaire, un auditorium. Restitution des parapets, maintien de l’obstruction des embrasures de tirs La tonnellerie Restauration du bastion de la rivière 33 Les poudrières I.11.3 - LA MISE EN VALEUR ET LA RESTAURATION DE LA CITE Les enjeux : - Maîtriser le développement du site Préserver sa personnalité tout en assurant l’accueil des 450 000 visiteurs Pérenniser des actions de valorisation de qualité Le syndicat mixte, maître d’ouvrage de l’ensemble des opérations, réunit les financements, gère les politiques de développement culturel et économique et organise la découverte du site. 20 salariés participent à ces actions qui se traduisent en expositions, activités pédagogiques, entretien du site … Les espaces publics La mise en lumière les traitements des sols Une aide spécifique (25% du coût T.T.C. des travaux de gros œuvre) est allouée aux habitants au titre de la qualité architecturale Le parking I.11.4 - LES MISSIONS ACTUELLES – LES PROJETS Intra-muros / dans la citadelle: Poursuite de la restauration du rempart Entretien des espaces publics : voierie, mobilier urbain, espaces verts... Entretien des bâtiments, création d’expositions, développement de la politique d’animation culturelle Hors les murs : Valorisation du site de Brou (espace muséographique sur l’évolution du paysage) Création de sentiers entre Broue et Brouage Réutilisation d’anciennes cabanes (aire de repos vélo, espace d’information...) Valorisation du port ostreïcole Dans le bourg d’Hiers • Des réflexions ont été menées sur l’aménagement et la valorisation de la voirie du bourg d Hiers. 34 A.2 – MORPHOLOGIE URBAINE II.1 – L’IMPLANTATION ET LA MORPHOLOGIE DU BATI La commune - est composée : Due la citadelle de Brouage Du bourg ancien, de Hiers et de ses extensions résidentielles limitées De quelques écarts bâtis et agricoles Du port ostréicole Les plans présentés dans le chapitre historique du présent rapport permettent d’appréhender l’évolution de la citadelle. Une maquette Plan et Relief avait été réalisée sur la Citadelle en 1700 ; cette maquette a malheureusement été détruite vers 1930 mais une série de 60 clichés avait été faite. Ce sont des documents précieux pour le travail à réaliser sur l’évolution du bâti (volumétrie, implantation, percements). II.1.1 - LA CITADELLE DE BROUAGE GHECO, 1993 35 Le report des plans anciens sur le bâti actuel permet de mesurer les trois points importants de l’évolution de la structure urbaine : − Le tramage régulier des voies a été conservé partout, sauf pour le Clos de la Halle aux Vivres où, après des démolitions intérieures, un mur d’enceinte construit en 1853 a fermé l’espace. − L’abandon progressif de la ville a réduit à 30% environ l’occupation du site (emprise au sol du bâti, mais aussi hauteur des constructions), mais les traces de murs sont perceptibles sur tous les pourtours et intérieurs d’îlots. Les espaces vierges sont soit utilisés en jardin (d’agrément _ potagers), soit en friches. − Les espaces Sud de la Citadelle n’ayant pas été achevés (projets de casernes non aboutis) ont laissé la place, côté Est, à un vaste jardin clos de murs hauts. 36 37 II.1.2 – LE BOURG D’HIERS ET SES EXTENSIONS RECENTES Le vieux bourg est caractérisé par : - Une configuration non concentrique, des parcelles lanièrées - Un bâti édifié à l’alignement de la rue et le long des limites séparatives ; les espaces libres sont bordés de murs à l’alignement. plan des marais salants à la fin du XVIIe siècle, détail Hiers Le bourg ancien d’Hiers est encadré par des extensions pavillonnaires récentes. On lit nettement la rupture du tissu urbain autour du bourg : tissu pavillonnaire récents caractérisé par des parcelles profondes ou carrées, issues de découpages foncier : une parcelle « en longueur » est divisée, avec en premier rang côté rue une parcelle carrée où est implantée une maison, en milieu de parcelle et en second rang accessible par un passage sur le côté une deuxième parcelle, côté marais ou terres agricoles 38 II.1.3 – LE VILLAGE OSTREICOLE Le « Village Ostréicole » de Brouage présente des caractéristiques propres que constitue un ensemble bâti ayant une entité spécifique. De par son organisation et ses caractéristiques typologiques, le « Village Ostréicole » est indépendant de l’entité de la citadelle. IMPLANTATION Les constructions actuelles sont regroupées le long du chenal et constituent un pôle dissocié de la citadelle. Le regroupement des bâtiments d’exploitation doit être maintenu et favorisé pour accentuer l’unité du « Village Ostréicole ». L’organisation des bâtiments ostréicoles laisse libre un espace important entre la citadelle et ceux-ci. Il est important que celui-ci soit maintenu. La hiérarchie des espaces et leur organisation doivent être accentuées. La coupe ci-dessous indique l’occupation de principe nécessaire pour préserver le caractère spécifique à ce secteur. Cette spécificité doit être maintenue et accentuée. ALIGNEMENT DES CONSTRUCTIONS L’ensemble de la zone ostréicole est organisé suivant des lignes directrices. Le caractère structuré de la zone doit être accentué et développé. Les constructions, les dégorgeoirs et les claires devront être implantés en respectant la trame définie sur le plan ci-après. 39 II.1.4 - LES ECARTS • Il s’agit des fermes, corps de fermes, « maisons fortes » et petits bâtis isolés dans les marais, qui ont gardé le plus souvent leurs caractéristiques de bâti traditionnel. Chaque île de l’archipel, reliée aux autres après assèchement des pas grâce à des endigages réalisés au début du XIXe siècle par la compagnie Delaage et Guillemot, comportait une maison forte : • • Le Fief de la Blanchardière : son donjon dérasé ne permet qu’une lecture partielle de cette masse fortifiée assise sur le haut de la falaise. Cet ensemble regroupait un corps de logis, un moulin et une chapelle, il mouvait de la seigneurie d Hiers Frémailloux où Lesson aurait vu « un tumulus et (ou) plus tard les romains eurent un temple et un castrum dont on voit encore des débris sur le bord du chemin. Ce qui en reste est un carré long sans ouverture, parfaitement voûté en petit appareil et dépendant soit d’un sacellum, soit d’un hypogée, soit peutêtre d’un château d’eau » Montboileau dont les seuls documents connus ne remontent pas avant le XVIe siècle, conserve des traces d’éléments architecturaux antérieurs le moulin • La Guilleterie, belle ferme fortifiée avec son puits abrité à l’intérieur d’un bâtiment ; c’est d’ici que furent commandés les sièges de Brouage pendant les troubles religieux. • Erablais : minuscule île à quelques encablures, elle fut occupée très tôt par un prieuré relevant de l’abbaye de La Tenaille 40 II.2 – LA TRAME VIAIRE / LES ESPACES PUBLICS II.2.1 – LE PLAN VIAIRE DE LA CITADELLE L’aménagement des espaces publics ont fait l’objet d’une étude globale complète sur le site (action n°7 de l’opération grand Site). Celle-ci a permis de déterminer des opérations qualitatives et homogènes se déroulant sur différentes phases de réalisation. Le syndicat mixte, maître d’ouvrage de l’ensemble des opérations, réunit les financements, gère les politiques de développement culturel et économique et organise la découverte du site. 20 salariés participent à ces actions qui se traduisent en expositions, activités pédagogiques, entretien du site … Les actions menées dans la citadelle : Les espaces publics La mise en lumière les traitements des sols 41 42 43 II.2.2 – LE RESEAU VIAIRE D’HIERS Des réflexions sont menées sur la valorisation et l’aménagement de la place de la Mairie. 44 II.3 – LE VELUM Les hauteurs des constructions dans la citadelle (carte GHECO, 1993) 45 II.4 – LES CLOTURES Les clôtures dans la citadelle (carte GHECO, 1993) 46 A.3 – LE PATRIMOINE BATI III.1 – LE PATRIMOINE PROTEGE – LES EDIFICES PROTEGES AU TITRE DE LA LEGISLATION DES MONUMENTS HISTORIQUES ET DES SITES Libellé servitude type Acte création Fortifications de Brouage MH AM du 10.02.1886 Fontaine d’Hiers MH AP du 09.03.1999 Eglise Saint-Pierre à Brouage MH AM du 12.01.1931 Poudrières et casernes anciennes : façades et toitures MH AM du 09.08.1949 Halle aux vivres Eglise St Pierre Terrains et immeubles à l’intérieur des remparts de la place forte de Brouage Site inscrit AM du 01.10.1953 Zone de protection à l’extérieur des remparts de Brouage Dt du 18.07.1960 47 Fortifications de Brouage AM du 10.02.1886 La Porte Royale, la seule qui subsiste à peu près intacte, donnait accès aux quais. Construite en même temps que les remparts de d'Argencourt, elle était protégée extérieurement par une petite enceinte entourée d'un fossé qu'enjambait un pont-levis. Travaux : Restaurations annuelles Etude archéologique Projet de reprofilage des terres afin de permettre la mise en sécurité et une meilleure compréhension du monument. 48 Eglise Saint-Pierre à Brouage (Rue de Québec) Inscrit MH - AM du 12.01.1931 Epoque de construction : 1er quart 17e siècle ; 18e siècle ; 3e quart 19e siècle ; 1er quart 20e siècle Auteurs : Pascaud Luc (entrepreneur) Guéniveau de la Frénaie (ingénieur) Guiton Pierre (entrepreneur) Bégorrat (entrepreneur) Historique : Eglise construite en 1608 et laissée à l'abandon dès 1700. En 1707, des travaux sont entrepris sur le clocher par l' entrepreneur Luc Pascaud et celui-ci nécessite de nouveau des travaux en 1746 (par l'ingénieur Guéniveau de la Frénaie et l'entrepreneur Pierre Guiton) et en 1757 (par l' entrepreneur Bégorrat de Brouage). Pendant la Révolution, l'église est désaffectée et les dalles funéraires situées à l' ntérieur sont détruites. Elle est ensuite utilisée comme grange jusqu' en 1830. Réouverte au culte au milieu du 19e siècle, son plafond est refait en 1860, mais elle est de nouveau désaffectée en 1909. En 1910, une souscription est lancée par la Société SaintJean-Baptiste de Québec qui rapporte 6000 F et permet d'entreprendre sa restauration. Le culte y est de nouveau célébré le 27 mai 1912. En 1982, la pose de la verrière de l'épopée de l' Île SainteCroix est la première d'une série commémorant les liens de Brouage avec le Canada. Suivent : la verrière de la fondation de Québec (1983) ; la verrière de Brouage (1991) ; une verrière commémorant l'Ontario au temps de la NouvelleFrance (1991) ; la verrière en hommage à François de Montmorency (1995) ; la verrière évoquant le Québec, son passé et son avenir (2001). Description : Eglise de plan rectangulaire à trois vaisseaux, couverte d'un toit à longs pans en tuiles creuses. Le clocher, à l'ouest audessus de l'entrée est couvert par un toit en pavillon en ardoises. Les fenêtres latérales, quatre du côté nord et quatre du côté sud, sont au trois-quarts obstruées par des moellons de pierre. Le portail d'entrée est inscrit entre deux piles à chapiteaux corinthiens et surmonté d'un fronton triangulaire et d'armoiries. A l'intérieur, le sol est dallé et la nef couverte d'une charpente en bois apparente. Au niveau du choeur, deux petites portes mènent à la sacristie. gros-oeuvre : calcaire ; moellon ; pierre de taille couverture (matériau) : tuile creuse ; ardoise couverture (type) : toit à longs pans ; toit en pavillon plan : plan allongé étages : 3 vaisseaux couvrement : charpente en bois apparente décor : sculpture représentation : armoiries ; au-dessus du portail principal trois blasons sont visibles : au centre sont représentées les armes de France et de Navarre, à gauche les armes de Timoléon d'Espinay Saint-Luc, gouverneur, et à droite les armes de Pierre de Comingues, son lieutenant. 49 Poudrières et casernes anciennes façades et toitures - AM du 09.08.1949 LA HALLE AUX VIVRES Historique : - 1631 : commandée par Richelieu : construction à partir de 1631 (« Etat des dépenses » évoquant un bâtiment brique et pierre). - 1776 : il sert à loger des troupes - A partir de 1793 : il sert de prison pour des religieux, pour des prisonniers espagnols en 1804 - Bâtiment restant dans son état originel jusqu’à sa transformation en poudrière en 1816 où il est concédé à l’artillerie. A cette époque, on renforce sa sécurité en construisant un mur d’enceinte. - En 1819, il devient la propriété de l’Administration Militaire. - 1885 : le bâtiment, abandonné, est vendu à un particulier. - 1928 : le propriétaire fait abattre le 1er étage. - Intervention du Conseil Municipal en 1929 lorsqu’il apprend que le propriétaire va démolir le rez-dechaussée. - Inscription M.H. : refus en 1931. - 1933 : le bâtiment est revendu à un autre propriétaire qui fait construire une toiture - 1967 : devient propriété communale. - 1990 : une convention est passée en 1990 entre la commune et le Syndicat Mixte pour la Restauration et l’Animation du Site de Brouage, pour l’utilisation et la jouissance du bâtiment au profit de celui-ci. Etat en 1929 Architecture / gros-œuvre : Ce grand bâtiment de plus de 700 m² est composé d’un étage sur rez-de-chaussée, de brique et de pierre. Structuré de chaînes harpées et d‘arêtes de pierre, garni de briques, il se différencie de nombreux édifices majeurs où la brique ne sert que de parement purement esthétique. LA POUDRIERE SAINT LUC La poudrière Saint-Luc, réalisée selon les plans d'Argencourt, est un bâtiment voûté, couvert de tuiles, soutenu par quatre arcs boutants qui de chaque côté, équilibrent la poussée de la voûte de pierres. Cette poudrière présente une élégance rare pour ce genre d'édifice. Le souci d'esthétisme du constructeur se retrouve dans la présence du blason aujourd'hui défiguré par le temps qui orne la porte en plein centre de l'entrée. 50 Fontaine d’Hiers Classé MH - AM du 09/03/1999 Epoque de construction : 1ère moitié 17e siècle Historique : La fontaine est un réservoir chargé d'accumuler l'eau des sources alentour avant qu'elle ne s'écoule dans les canalisations en plomb jusqu' à Brouage. Projet (proposé par Bernard Palissy en 1580) réalisé en 1617-1618. Construction de regards tous les 200 mètres en 1633. Réseau entretenu jusqu' à la fin du 18e siècle. Système abandonné : seul le réservoir d'Hiers subsiste. Le site inscrit de la citadelle de Brouage AM du 01.10.1953 Carte DIREN, 2005 51 III.2 - LA MAISON BROUAGEAISE La Maison dite « brouageaise » Extrait de BROUAGE Capitale du Sel et Patrie de Champlain E. et J. VIGE Grodin, maître charron, est tenu d’élever sa façade pour qu’elle arrive à l’alignement de la dalle de l’arsenal, bâtiment mitoyen de sa maison. Généralement, le premier étage est surmonté d’un grenier éclairé par des lucarnes ou des oeilsde-bœuf. Chacun de ces étages est séparé en façade par un bandeau de pierre de taille. Sur la rue, la maison est obligatoirement « griffonnée », c’est à dire crépie et blanchie : l’hétérogénéité des matériaux ne permet pas en effet la construction en pierre apparente. La façade est couronnée par un entablement de pierre moulurée dans lequel est creusé un chéneau destiné à recueillir les eaux de pluie qui s’écoulent dans la rue par des gargouilles ; celles-ci sont en général très simples, souvent en forme de canons, de section octogonale. Du côté cour, les eaux sont parfois recueillies pour remplir une citerne. Les toits sont à deux ou à quatre pans, à faible pente, et recouverts de tuiles romaines comme dans toute la région. A ce propos, on peut remarquer que la maison brouageaise est tout à fait conforme à la construction saintongeaise en général. Comment se présentait donc cette maison de style brouageais ? Pour en établir le portrait-robot, il a fallu consulter des dizaines d’actes notariés établis à l’occasion de constructions, de réparations ou de ventes. Presque tous portent la mention « … selon l’ordre de bâtir qui se pratique à présent audit Brouage », ou une formule équivalente. Au ras de la chaussée, sur la façade, on trouve une assise de pierre de taille apparente surmontée d’un mur de moellons percé de portes généralement en plein cintre. L’une d’elles, assez large pour laisser passer des barriques, donne sur la cave qui, compte tenu de l humidité du sous-sol, est assez basse (1,6 m environ) (II). En principe, cette maison comporte un premier étage. Quand elle n’a qu’un rez-dechaussée, on peut obliger le propriétaire à la hausser. Par exemple, en 1636, Pierre 52 Pénétrons maintenant à l’intérieur de cette maison. Les pièces sont de superficie variable mais la hauteur moyenne, aussi bien au rez-de-chaussée qu’au premier étage, est de 3,25 m, du plancher aux solives. Le grenier, plus bas, oblige toute personne mesurant plus d’un mètre soixante à se baisser. La plupart des pièces possèdent une cheminée dont le manteau, au moins, est en pierre de taille. Dans les maisons les plus riches, les cheminées sont sculptées dans le style de l’époque. Il en reste encore quelques-unes de nos jours. Dans la cuisine, nous trouvons bien entretenu une vaste cheminée mais aussi un évier en pierre dont l’écoulement se fait dans la rue, et parfois un puits ou une citerne d’où l’on peut tirer de l’eau aussi bien de l’intérieur que de la cour. Les portes extérieures sont généralement en chêne tandis que pour les portes intérieures on préfère le noyer. Les croisées, également en chêne, présentent des enrichissements sur le noyau lorsque le propriétaire est fortuné. Dans la cour, se trouvent les gardes-robes (les W.C.) et le dépôt d’ordures entouré d’une murette. Parfois, on peut aller aux « commodités » sans sortir de la maison et même sans descendre l’étage, mais c’est plutôt rare. Enfin, pour être à l’heure les Brouageais consultent leurs cadrans solaires : ceux qui ont résisté au temps ne sont pas dépourvus d’intérêt esthétique. En parcourant les rues pleines d’animation, on est frappé par le nombre de boutiques. Presque toutes les maisons en possèdent une. On les reconnaît à l’enseigne ou à la devanture, rectangulaire lorsque le linteau est en bois, en plein cintre ou en arc surbaissé lorsqu’il est en pierre. Certains commerces sont bien modestes ; telle petite épicerie a des réserves moins importantes que celles d’une ménagère moderne un peu prévoyante. Le plus souvent, les boutiques n’appartiennent pas aux commerçants : la location des échoppes constitue en effet un appoint pour les propriétaires de maisons. Il faut donc imaginer qu’à l’époque de Richelieu, une multitude d’enseignes ornent les rues de Brouage. » 53 I. BERGER WAGON, GHECO, 1993 54 I. BERGER WAGON, GHECO, 1993 55 I. BERGER WAGON, GHECO, 1993 56 I. BERGER WAGON, GHECO, 1993 57 III.3 – LE PATRIMOINE RURAL On observe des éléments bâtis de patrimoine rural au niveau des fermes et corps de fermes (anciennes et en exploitation), moulins, ainsi que dans les marais : petits bâtiments le long des canaux. III.3.2 – LES MOULINS : Il existe sur Hiers deux moulins remarquables, à protéger : III.3.1 – LES FERMES, CORPS DE FERME ET ECARTS: • • • • La Guilleterie Monboileau Fremailloux L’île d’Erablais La Guilleterie Le moulin de la Blanchardière, Accolé à une habitation, situé sur la route de Beaugeay à la sortie de Hiers (cadastré C813) Photo Françoise Dubreuil 2006 Le moulin de la Guilleterie « isolé », situé sur une butte en sortant de Hiers direction Brouage (cadastré C 459) Photo Françoise Dubreuil 2006 L’île Erablais 58 Les écarts situés dans les marais constituent des éléments de patrimoine rural très intéressants : Mérignac Tournedoux 59 III.4 – LE PETIT ARCHITECTURAUX PATRIMOINE – LES DETAILS III.5 – LE PATRIMOINE HYDRAULIQUE Parce qu’ils participent à la qualité, au fonctionnement des marais, fossés, rigoles… les ouvrages hydrauliques et les canaux doivent être préservés : Les éléments composants le patrimoine hydraulique communal : Les ouvrages hydrauliques Les canaux, fossés… : 60 III.6 – LE PATRIMOINE ARCHEOLOGIQUE (source : DRAC Poitou Charente, SRA, 2006) Rappel de la législation archéologique en vigueur : La loi n°80-532 du 15 juillet 1980, relative à la protection des collections publiques contre les actes de malveillance, qui prévoit des sanctions pénales pour quiconque porte atteinte aux monuments ou collections publiques, y compris les terrains comprenant des vestiges archéologiques. Le titre III (« Des découvertes fortuites ») de la loi du 27 septembre 1941, portant sur la réglementation des fouilles archéologiques : « Lorsque par suite de travaux ou d’un fait quelconque, des monuments, des ruines (…), ou généralement des objets pouvant intéresser la préhistoire, l histoire, l’art, l’archéologie ou le numismatique sont mis au jour, l’inventeur de ces vestiges ou objets et le propriétaire de l’immeuble où ils ont été découverts sont tenus d’en faire la déclaration immédiate au maire de la commune, qui doit la transmettre sans délai au préfet. Celui-ci avise le ministre des affaires culturelles ou son représentant. (…). Le propriétaire de l’immeuble est responsable de la conservation provisoire des monuments, substructions ou vestiges de caractère immobilier découverts sur ces terrains (…) » • La loi n°2001-44 du 17 janvier 2001 relative à l’archéologie préventive, ainsi que ses décrets d’application du 16 janvier 2002 : Le décret n°2002-89 relatif aux procédures administratives et financières en matière d’archéologie préventive. « Art. 1er – Les opérations d’aménagement, de construction d’ouvrages ou de travaux qui en raison de leur localisation, de leur nature ou de leur importance, affectent ou sont susceptibles d’affecter des éléments du patrimoine archéologique ne peuvent être entreprises qu’après accomplissement des mesures de détection et, le cas échéant, de conservation ou de sauvegarde par l’étude scientifique définies par la loi du 17 janvier 2001 susvisée. » Le décret n°2002-90 portant statut de l’Institut national de recherches archéologiques préventives L’arrêté du 29 septembre 2005 définissant les zones géographiques dans lesquelles des mesures de détection, de conservation ou de sauvegarde par l’étude scientifique archéologique peuvent être prises sur le territoire de la commune. • 61 A.4 – LE CADRE ENVIRONNEMENTAL, LES PAYSAGES ET PERSPECTIVES IV.1 - LE GOLFE DE SAINTONGE AVANT LA FONDATION DE BROUAGE Restitution figurée de l’ancien golfe de Saintonge Avec le paléolithique (- 25000 avant J.C.) débute la période de transgression flandrienne. Le niveau de la mer est alors inférieur de 100 m au niveau actuel. La ligne de rivage située à 120 km à l’ouest de La Rochelle découvre un vaste plateau continental dont le seul relief est, au loin, le « mont » de Rochebrune, et qui n ‘est saigné que par la profonde vallée de la Charente se jetant en mer après avoir emprunté le pertuis d’Antioche. Lentement, suite à cette phase de réchauffement qui provoqua la fonte des glaces, les eaux remontèrent. Au début de notre ère, elles avaient envahi toutes les dépressions littorales, baignant entre autres, les falaises et les coteaux de Beaugeay à Saint-Jean d’Angle, de Saint-Jean d’Angle à Saint-Sornin puis à Marennes, délimitant ainsi un vaste plan d’eau profond, remarquablement abrité : le golfe de Saintonge. Il est parsemé d’une multitude d’îlots et d’îles : Hiers, Erablais, Malaigre, Marennes, Saint-Just, etc. A peine créé, ce golfe subit un colmatage dû à l’action conjuguée de dépôts marins et d’alluvions fluviales brassés par des courants actifs. A marée basse, on voit se développer progressivement l’estran dont la vase est sillonnée de petits ruissons1. Tout ce réseau se rassemble dans un chenal central qui prend naissance au pied de l’actuelle tour de Broue pour s’élargir en un vaste havre dans le prolongement du pertuis d’Antioche : le havre de Brouage. Le comblement du golfe est d’autant plus rapide qu’aucune rivière importante ne vient déverser ses eaux. L’une après l’autre, les îles se rattachèrent au continent. D’abord très large, le havre de Brouage s’est rétrécit au fur et à mesure que la sédimentation faisait apparaître de nouvelles terres près du rivage. Source : Brouage – villa Royale et les villages du golfe de Saintonge– Nathalie FIQUET – François Yves LE BLANC – Ed patrimoines medias 1997 1 Ruissson : petit chenal naturel creusé dans la vase par le courant du flux et du reflux 62 63 La carte ci-après le havre de Brouage et ses affluents à marée haute au début du XVIIème siècle). La bordure du bassin (en grisé) représente le rivage dans l’Antiquité. IV.2 - UN SITE PRESTIGIEUX AU MILIEU DES MARAIS La commune de Hiers-Brouage est située en bordure de l’océan atlantique, à 15 km de Rochefort. Elle appartient au canton de Marennes. Les - communes limitrophes sont : au sud, Bourcefrancs, Marennes et saint-Just-Luzac, au nord, Moëze, Beaugeay et Saint-Jean d’Angle à l’est, Saint-Just-Luzac. Ancien port de guerre et de sel, Brouage est aujourd’hui perdue au milieu des marais. Créée par Jacques de Pars en 1555, son premier nom est Jacopolis. Elle fut une place forte royale d'une grande importance au XVIIème siècle. Aujourd'hui hors de vue de la mer, Brouage fut pourtant dès sa création un port très actif et bien protégé érigé assez loin de la Charente, dans une zone de marais salants florissants. IV.3 - UN RELIEF PLAT, CARACTERISTIQUE DES PAYSAGES DE MARAIS Le relief du marais de Brouage est plat. Les altitudes y sont très faibles : elles varient entre 2 et 3 mètres. Seule la butte de Hiers domine cette vaste étendue plane et culmine à 26 mètres (vers le château d’eau). Les terres hautes de SaintJust-Luzac bordent le marais au sud. La platitude du relief s’explique par la présence de la mer aux alentours de Hiers et de Brouage dès l’Antiquité. Les paysages de la commune sont donc liés à la formation et à l’évolution du marais de Brouage. La citadelle de Brouage et Hiers possèdent une relation forte avec le marais. Source : Brouage, capitale du sel et patrie de Champlain – Eliane et Jimmy VIGE - 1990 64 CARTE DU RELIEF 65 IV.4 - UN RESEAU HYDROGRAPHIQUE IMPORTANT Le réseau hydrographique est dense est bien réparti sur l’ensemble de la commune. L’eau a un rôle important dans la valorisation des paysages de Hiers-Brouage. Elle attire spontanément le regard et constitue un des éléments de diversité et d’animation de l’espace (reflets de l’eau, remous, végétation sur les rives…). Carte du réseau hydrographique Elle est omniprésente dans le marais sous forme de chenaux et canaux. Les principaux sont : le havre de Brouage, le canal de la Seudre à la Charente, le canal de Broue, le canal de Brouage Les canaux peuvent favoriser la découverte paysagère d’un lieu tout comme les petites routes traversant le marais de Brouage. A 35 km de Royan, 6 km au nord de Marennes, Brouage est un lieu de promenade de plus en plus fréquenté, ce qui est parfaitement justifié par son histoire, le site et son évolution, la richesse du marais environnant. Des sentiers de randonnées favorisent la découverte du site 66 IV.5 - LE MARAIS ECOLOGIQUE FORTE DE BROUAGE : UNE RICHESSE Source : SCOT du Pays Marennes Oléron - Etat initial de l'environnement - Atelier BKM Janvier 2004 IV.5.1 – Caractéristiques principales du marais Le marais de Brouage est aujourd’hui un vaste ensemble d’anciens marais salants établis aux Xe, XVIIe et XVIIIe siècle, actuellement transformés en prairies humides, de polders récents, et d’un réseau dense de fossés et canaux. L'élevage extensif a remplacé l'exploitation du sel, et s'est perpétué jusqu'à nos jours sans modification du relief particulier de ce milieu. Le marais s’étend sur une superficie totale de 11.250 ha dont approximativement 4.800 ha sont dans l’aire du SCOT de Marennes Oléron. De même que le réseau hydrographique, le sol du marais témoigne à la fois de l’histoire naturelle du site et de l’action humaine. La surface régulière du marais résulte du remblaiement sédimentaire de l’ancien golfe de Saintonge, et la plupart des marais plats ont conservé ce niveau d’origine. Les anciens chenaux de marée ont constitué la trame d’origine à l’intérieur de laquelle ont été mis en place les marais salants, au fur et à mesure de l’envasement du golfe. de 150 oiseaux fréquentent le marais. 10 espèces nicheuses sont inscrites à l’annexe I de la Directive Oiseaux : on retiendra entre autres la nidification de la cigogne blanche, du busard des roseaux et busard cendré, de la gorge bleue, de la mésange à moustaches… La cigogne blanche et la cistude d Europe sont parmi les espèces animales les plus emblématiques de l’île Situé sur les grandes voies de migration des oiseaux, ce marais a une valeur écologique internationale remarquable. Il est entouré de coteaux sur lesquels ont été édifiés nombre de monuments, comme la tour de Broue, témoins de la richesse d'une époque révolue. IV.5.3 – Inventaires patrimoniaux, protections réglementaires et foncières Le marais de Brouage est un site d’intérêt écologique et paysager majeur : - Il appartient à la ZICO “ Ile d’Oléron- Marais de Brouage- SaintAgnant ” (130 ha) IV.5.2 – Intérêt biologique Le marais de Brouage est surtout remarquable par sa diversité spécifique très élevée, plus que par un grand nombre d’espèces remarquables. On y trouve ainsi une végétation spécifique des marais, et des associations végétales variées, des sols salés, saumâtres et doux ; la flore comprend plusieurs espèces rares en France ou en Poitou-Charentes avec notamment la renoncule à feuilles d’ophioglosse, la renoncule de Baudot, la renoncule sarde, la glycérie fasciculée (Puccinellia fasciculata), l’hottonie des marais (Hottonia palustris),… Les espèces animales les plus remarquables sont sans doute la loutre, la cistude d’Europe, très abondante, les batraciens comme le pélodyte ponctué, la rainette méridionale, le triton marbré. Mais l’intérêt biologique majeur est la richesse en oiseaux d’eau qui y trouvent des conditions favorables à leur nidification, hivernage, ou halte migratoire. Ainsi, plus 67 - Il figure à l’inventaire des ZNIEFF de type I et II : ZNIEFF de type 1 n° 108 marais de Hiers-Brouage n° 109 marais de Saint Agnant/Grand Matton n° 112 marais de Broue ZNIEFF de type 2 n° 589 marais de Saint Agnant/Brouage 68 Il fait partie du site Natura 2000 “ Marais de Brouage ” (ZPS) (Directive Oiseaux – ZPS : n° FR 5410028 Marais de Brouage, Ile d’Oléron) - Il est protégé au titre de la législation sur les sites : site inscrit (01/10/1953) Il est important que la périphérie de la citadelle soit dégagée de toutes constructions et mêmes occupations de l’espace pour préserver son caractère marqué. 69 - Le Conservatoire du Littoral et le Conservatoire Régional des Espaces Naturels mènent une politique active d’acquisition de parcelles dans le marais en vue de la constitution d’îlots cohérents de gestion de prairies humides et du réseau hydrographique ; des conventions sont passées avec des éleveurs pour l’entretien des prairies. Le CELRL possède 750 ha de marais. - Il est également, au titre de la Loi Littoral, reconnu comme « Espace Remarquable ». Proposition pour l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral DDE 17, décembre 2005 Les marais charentais (Brouage, Moëze et Yves) constituent un exemple marquant de sites de référence permettant au Conservatoire du littoral d'affirmer son rôle pour la sauvegarde de grands espaces naturels d'intérêt écologique et paysager majeurs. En 1986, le Conservatoire a acheté 5 hectares en herbage, au pied des remparts, pour permettre la mise en valeur des abords de la citadelle.. Aujourd'hui, ce sont 750 hectares qui ont été acquis, entre l'océan et le canal de Charente-Seudre. En accord avec la profession agricole, ils sont mis à disposition d'agriculteurs, qui s'engagent par contrat à pratiquer l'élevage, dans des conditions respectueuses de l'environnement. IV.5.4 – Etat de conservation et de vulnérabilité L’enjeu principal est celui de la pérennité de l’élevage (bovins); il assure aujourd’hui un entretien satisfaisant des prairies et permet le maintien de la biodiversité ; son abandon conduirait à une fermeture de la végétation et un appauvrissement biologique progressif du marais. 70 On observe que le CELRL et le CREN ont une politique active d’acquisition foncière, mais son intérêt dépend du maintien de l’élevage extensif. Or, l’avenir de l’élevage bovin est incertain du fait de sa faible attractivité auprès des jeunes professionnels, du caractère trop peu incitatif des aides financières et du fort émiettement du parcellaire. Le marais de Brouage est en bon état de conservation grâce au maintien des activités pastorales extensives. Les autres enjeux sur le marais sont : La définition d’une gestion quantitative concertée de l’eau qui satisfasse les différents usagers : ostréiculteurs, agriculteurs, chasseurs, éleveurs, naturalistes Le contrôle des populations des espèces invasives ; ragondin, écrevisse de Louisiane, jussie, baccharis La non-extension des cultures de maïs IV.5.5 – Les enjeux - Préserver les espaces de marais Favoriser la conservation des prairies humides à forte diversité spécifique (oiseaux d’eau en Directive Oiseaux, batraciens), par le maintien de l ‘élevage bovin sur l’ensemble du marais. 71 IV.6 - LE MARAIS DE BROUAGE : DES PAYSAGES REMARQUABLES Aujourd hui, on peut distinguer trois types de marais : Les marais plats représentent environ un tiers de la superficie du marais et appartiennent schématiquement à deux ensembles : Les marais doux, en “ fond ” de marais, essentiellement alimentés par les eaux douces continentales, Les “prises” ou polders littoraux, espaces conquis sur les rives des grands chenaux de Marée, Les marais “gats”, anciens marais salants couvrant près des deux tiers de la superficie du marais, avec des formes du relief originales, liées à l’activité salicole. Des phragmites se développent dans certains secteurs et donnent de la variété bien qu’ils limitent les vues sur le site. CARTE DES UNITES PAYSAGERES Les marais plats et les marais gats sont essentiellement exploités aujourd hui pour l’élevage et la chasse, Les marais drainés et cultivés, sur d’anciennes parcelles de marais plats ou laissés à l'abandon qui ont subi une restructuration foncière et hydraulique (comblement des fossés, création de drains, arasement des bosses), conduisant à la formation d’îlots cultivés de 50 à 300 ha. Les marais drainés sont localisés sur les prises récentes, proches du rivage. Sur la commune de Hiers Brouage, il est possible de différencier deux grands types de paysages : les terres hautes le marais de Brouage Les terres hautes Elles correspondent à la butte de Hiers où se concentrent la majorité des éléments vivants structurants. Les terres hautes de Saint-Just-Luzac, en limite sud du marais de Brouage, ont un impact visuel fort depuis les marais, notamment par la présence des masses boisées. Le marais de Brouage Les paysages de marais dominent sur la commune. Les canaux et les anciens marais salants structurent les paysages et engendrent une structure parcellaire complexe. Les canaux rendent les déplacements difficiles d’un point à un autre. 72 73 74 IV.7 - UNE VEGETATION QUI STRUCTURE L’ESPACE (Source : d’après Brouage, Ville d’histoire et Place forte ; Eliane et Jimmy VIGE ; ISBN, 1990) La commune possède peu d’éléments vivants. Aussi, leur rôle paysager est très important. Ils apportent de la diversité, donnent de la verticalité aux paysages, rythment le parcellaire et estompent les formes géométriques des constructions… La végétation se concentre essentiellement aux abords de Hiers sous forme de haies, de petits bois. Depuis le marais de Brouage, les constructions de Hiers ont un impact visuel limité grâce à cette trame végétale importante : jardins en bordure du marais, petits bois et haies. Les espaces verts permettent de préserver la trame végétale aux abords des constructions, notamment à Hiers. Dans Hiers le mail devant l’église est intéressant et mérite d’être sauvegardé. 75 BOURG DE HIERS / CARTE DE REPERAGE DES ESPACES VERTS ET JARDINS 76 Au sein de la citadelle de Brouage, mails et espaces verts participent également à la qualité du lieu. Les arbres apportent le volume et la verticalité complémentaire à l’horizontalité des voies. Ils donnent corps à l’espace, ils caractérisent l’espace et créent des lieux par leur forme, leur couleur, leurs rameaux qui varient selon les essences. Mail planté devant l’église St Pierre Mail planté dans la citadelle (Source : d’après Brouage, Ville d’histoire et Place forte ; Eliane et Jimmy VIGE ; ISBN, 1990) Dès le début du XVIIIe siècle, les arbres des remparts signalent de loin la présence de Brouage et servent d’amer aux navigateurs. Ils n’ont pas poussé sauvagement mais sont le résultat d’une plantation faite méthodiquement, sous le contrôle de l’ingénieur de la place. Cet officier du génie dispose, pour effectuer ses plantations, d’une pépinière qui a été créée sur le terrain que l’on destinait aux nouvelles casernes commencées en 1688. Justement à cette date, un état des ouvrages à faire nous apprend qu’il faut achever de garnir le rempart d’arbres : c’est donc que la plantation est presque terminée (114). Un mémoire de 1756 signale que cette pépinière est insuffisante pour fournir au remplacement des arbres du rempart. 77 Les rapports relatifs aux arbres ne sont pas très nombreux, un seul nous est parvenu qui fournisse des renseignements numériques. Il s’agit d’un état des arbres du rempart, dressé par l’ingénieur Franquet de Chaville, daté du 30 octobre 1761 : arbres dont on pourrait se servir utilement : 232 ; arbres dans le cas d’acquérir de l’accroissement : 194 ; arbres qui par vétusté ne sont bons qu’à brûler : 307 ; arbres qui manquent : 154. CITADELLE DE BROUAGE CARTE DE REPERAGE DES ESPACES VERTS ET JARDINS Au total, le rempart peut donc accueillir 887 arbres, ce qui représente déjà une belle plantation par rapport à la surface « cultivable » (115). Les arbres étaient plantés très près les uns des autres dans un but utilitaire : c’était une protection pour la ville en cas de bombardement. A la Révolution, les arbres commencent déjà à vieillir. L’ingénieur propose d’en faire arracher une grande partie, ceux qui dépérissaient, et d’en replanter d’autres car il est difficile de se procurer du bois dans cette place. Il signale, en outre, qu’il a du mal à faire pousser les arbres du côté de la mer et que tous les ans, il faut en changer. Actuellement on rencontre les mêmes difficultés. Chaque année, il faut, en effet, planter des arbres pour remplacer les ormes séculaires qui ont disparu, atteints par la vieillesse, les intempéries ou la maladie. L’année 1982 leur a porté un coup fatal puisque la graphiose a contraint la municipalité à faire abattre une grande partie des ormes. Dans la citadelle, les arbres permettent de préserver la lisibilité historique du site et de garantir des vues sur le marais. 78 IV.8 -UN SITE PROPICE AUX VUES LOINTAINES La platitude du relief et l’absence d’éléments vivants structurants dans le marais de Brouage permet des vues lointaines sur les ensembles bâtis : la citadelle de Brouage, Hiers, la tour de Broue, le clocher de Marennes. Les édifices de grande taille ont un impact visuel fort depuis le marais. La butte de Hiers domine le marais et permet de belles perspectives sur les espaces naturels. Vue sur la citadelle de Brouage Les faisceaux de vues portés au plan correspondent aux perspectives majeures donnant sur un monument ou un édifice, un paysage ou un espace urbain exceptionnel ou particulièrement intéressant (la citadelle). Vue lointaine sur le clocher de Marennes 79 VUE SUR LE VILLAGE ET LE CLOCHER DE L’EGLISE D’HIERS VUE SUR LA TOUR DE BROUE 80 B – LA Z.P.P.A.U.P. LES OBJECTIFS DE PROTECTION 81 B.1 – LES OBJECTIFS DE PROTECTION Pour préserver le site exceptionnel d’en ensemble fortifié dans le marais de Brouage, ayant conservé les caractéristiques d‘un grand espace naturel, la ZPPAUP d’Hiers-Brouage reconnaît la totalité du site comme un espace patrimonial à protéger. L’outil réglementaire mis en place permettra de : • Protéger les éléments bâtis existants ou les traces anciennes, sur la citadelle et sur le bourg d Hiers • Maîtriser les constructions nouvelles par un règlement portant en particulier sur les implantations, les volumes, les matériaux sur la citadelle mais aussi sur le port. • Garantir des aménagements qualitatifs sur tout le site en matière de sols, mobilier, éclairage…. 82 B.2 – LE PERIMETRE DE LA Z.P.P.A.U.P La Z.P.P.A.U.P. est établie en application de l'article 70 de la loi du 7 Janvier 1983, relative à la répartition des compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat et de l'article 6 de la loi n° 93-24 du 8 Janvier 1993. Le document est établi suivant les modalités et orientations fournies par le décret n° 84-304 du 25 Avril 1984, et la circulaire n° 85-45 du 1er Juillet 1985. D'autre part, la Z.P.P.A.U.P. introduit les prescriptions relatives au paysage en prenant en compte la loi paysage du 8 janvier 1993. La Z.P.P.A.U.P. s'applique sur l’ensemble du territoire communal à l’exception des fortifications en élévation de la citadelle ; le périmètre est délimité sur les documents graphiques sous la légende : "périmètre de la Z.P.P.A.U.P." JUSTIFICATION DE LA DELIMITATION DE LA Z.P.P.A.U.P : C’est la prise en compte de tous les éléments majeurs du site : − Le Marais de Brouage et son évolution, − La citadelle de Brouage − Les perspectives sur la citadelle isolée, − Le village ancien d’Hiers-Brouage, − Le site ostréicole qui a permis d’établir cette délimitation. − − − La citadelle se trouve à proximité directe du havre qui délimite le territoire communal avec la commune de MOEZE : cette limite constitue la délitation de la Z.P.P.A.U. dans sa partie Nord. Au Sud, on peut considérer que, si le Marais de Brouage s’étend bien jusqu’à la Trou de Broue, la route RD 123 (Rochefort – Marennes) constitue un blocage visuel (alignements d’arbres le long du canal et une coupure physique, actuellement : c’est cette route qui assure les délimitations Est et Sud. Le rivage à l’Ouest délimité naturellement la Z.P.P.A.U.P. dont le site, sur cette partie, est exclusivement constitué de marais et de bassins ostréicoles (certaines parcelles ont cependant été draînées pour mise en culture, entraînant alors la complète modification de la structure naturelle du marais – multiplicité des canaux, bosses et jas). 83 B.3 - DIVISION DU TERRITOIRE EN SECTEURS Le périmètre de la Z.P.P.A.U.P. comprend différents secteurs caractéristiques de sites paysagers urbains ou naturels. Ces secteurs se divisent en : - Zones bâties : Secteur Za : la citadelle Secteur Zb : le bourg d Hiers Secteur Zc : la zone d’activités du Port - Espaces naturels : Secteur Zd : la zone agricole Secteur Ze : le marais Secteur Za : Ce secteur correspond à la Citadelle intra-muros Les constructions neuves devront être de nature à s’intégrer parfaitement dans la trame architecturale du bâti ancien et respecter les modalités de construction du type brouageais, défini dans le cadre de la Citadelle. Secteur Zb : Ce secteur correspond au bourg d’Hiers. Les constructions neuves doivent respecter les caractéristiques du bourg dans leur volumétrie et les proportions des ouvertures sur l’espace public. Secteur Zc : Ce secteur correspond à la zone d’activités du Port Secteur Zd : Cette zone comprend l’ensemble des espaces naturels hors marais. Secteur Ze : Ce secteur correspond à des marais humides, à protéger. 84 B.4 - LES CATEGORIES DE PROTECTION Indépendamment des secteurs et des prescriptions qui s'y appliquent, on peut distinguer plusieurs catégories de protections du bâti et espaces libres : - Les édifices exceptionnels : Patrimoine à valeur historique et architecturale dont la démolition est interdite Les constructions possédant des éléments historiques dont la démolition est interdite Le patrimoine de type brouageais constitutif de l’ensemble urbain dont la démolition est interdite sauf nécessité technique - Les murs de clôture et bases d’anciennes maisons dont la démolition est interdite sauf nécessité technique - Le petit patrimoine architectural remarquables Le patrimoine hydraulique - - – Détails architecturaux Les espaces boisés protégés au titre de la ZPPAUP Les espaces verts protégés au titre de la ZPPAUP Les alignements d’arbres protégés au titre de la ZPPAUP Les haies et plantations d’alignement protégées au titre de la ZPPAUP Les arbres isolés protégés au titre de la ZPPAUP Les sols protégés Les points de vue protégés : perspectives majeures – faisceaux de vues Ces catégories se retrouvent indifféremment dans les différents secteurs de la Z.P.P.A.U.P. et sont l'objet d'un report graphique sur le plan de Z.P.P.A.U.P. 85 Les immeubles qui constituent les édifices majeurs de La Citadelle ou sur les sites extérieurs, sont considérés comme patrimoine architectural exceptionnel ; ils restent le « témoin » de l’architecture caractéristique du site. PATRIMOINE A VALEUR HISTORIQUE ET ARCHITECTURALE DONT LA DEMOLITION EST INTERDITE Ces immeubles ou parties d'immeubles sont dotés d'une servitude de conservation. Celle-ci porte sur l'ensemble des murs extérieurs et des toitures lorsque l'emprise de la construction est représentée sous forme de croisillons rouges au plan. 86 CONSTRUCTION POSSEDANT DES ELEMENTS HISTORIQUES DONT LA DEMOLITION EST INTERDITE Moulin de la Guilleterie La protection couvre les constructions qui ont conservé des éléments historiques qu’il faut préserver. Les constructions sont localisées sur l'ensemble du périmètre et touchent l'ensemble des différents types architecturaux constituant le patrimoine bâti de la commune. Les constructions ou parties de constructions concernées par cette protection sont figurées en hachures rouges sur le plan. 87 La protection couvre les constructions qui ont conservé des caractéristiques brouageaises, mais aussi du bâti extérieur, comme d’anciens bâtiments agricoles construits en traditionnel. PATRIMOINE DE TYPE BROUAGEAIS, CONSTITUTIF DE L’ENSEMBLE URBAIN DONT LA DEMOLITION EST INTERDITE, SAUF NECESSITE TECHNIQUE 88 MURS DE CLOTURE ET BASES D’ANCIENNES MAISONS DONT LA DEMOLITION EST INTERDITE SAUF NECESSITE TECHNIQUE Les murs, dans la Citadelle, sont essentiellement des restes de constructions. Ils marquent l'espace bâti de manière significative. Ils sont constitués soit de murs pleins ou moellons. Les éléments d'accompagnement font partie de ces clôtures (portails, piliers, grilles d'entrée…). Les prescriptions s'appliquent aux éléments de clôtures portés au plan à protéger et représentés par un tireté de couleur orange. 89 PETIT PATRIMOINE ARCHITECTRURAL DETAILS ARCHITECTURAUX REMARQUABLES A CONSERVER Les éléments et détails du bâti de grand intérêt patrimonial, méritent une protection particulière : • les portes et portails monumentaux, • les entourages sculptés, … • les petits éléments d'accompagnement, • les puits, • les bornes. Ces éléments sont définis sur le plan graphique par une étoile rouge. 90 Traversées de canaux PATRIMOINE HYDRAULIQUE Ponts Pelles Le patrimoine architectural du Marais de Brouage comprend les éléments liés à la constitution du marais. Les ouvrages liés aux canaux sont à conserver. 91 LES ESPACES BOISES PROTEGES AU TITRE DE LA ZPPAUP La Guillétrie boisement nord-est Hiers Les espaces plantés correspondent aux masses boisées déjà identifiées sur la commune ainsi qu’à quelques nouveaux sites Ils sont représentés sur les plans graphiques par des croisillons verts. 92 ESPACES VERTS PROTEGES AU TITRE DE LA ZPPAUP Ces espaces sont dotés d’une servitude de préservation et sont repérés sur le plan graphique par des petits ronds verts. Ce sont des espaces configurés pour être des espaces de petits boisements ou des jardins qui font partie du patrimoine paysager : les jardins publics dans la citadelle, les jardins de certaines maisons, édifices publics, les espaces boisés en bordure des marais. 93 ALIGNEMENTS D’ARBRES PROTEGES AU TITRE DE LA ZPPAUP Sont protégés, les arbres d’alignements existants à conserver, repérés sur le plan réglementaire par des gros ronds verts. 94 Sont protégées les haies existantes, constituant un élément paysager important, portées au plan par des denticules vertes. Elles sont essentiellement aux abords de Hiers, entre Brouage et Hiers et le long du canal. Il s’agit le plus souvent de haies composées d’une strate arborescente et arbustive. HAIES ET PLANTATIONS D’ALIGNEMENT PROTEGEES AU TITRE DE LA ZPPAUP 95 LES ARBRES ISOLES PROTEGES AU TITRE DE LA ZPPAUP 96 L’ensemble des voies de la Citadelle a été réaménagé. Tous les sols sont constitués : de béton lavé calcaire, de pavés calcaire ou granit, d’espaces en stabilisé SOLS PROTEGES En raison du caractère évolutif des fonctions et du caractère public des aménagements, seules des recommandations sont énoncées en vue d’aménagements dont la nature et la qualité seront appréciées au coup par coup par l’autorité compétente, en se conformant à l’avis de l’architecte des Bâtiments de France Adaptation aux types de sites : Les interventions ponctuelles d’aménagements de voirie doivent être l’objet d’une approche globale, au moins sur la séquence ou le tronçon de voie cohérent de manière à préserver l’unité de traitement de l’espace public. 97 Certaines perspectives ou faisceaux de vues méritent une protection particulière au titre de la préservation des paysages. POINTS DE VUE PROTEGES PERSPECTIVES MAJEURES OU FAISCEAUX DE VUES A CONSERVER Elles concernent : les vues sur la citadelle, la tour de Broue, l’église de Hiers Ces éléments sont définis sur le plan graphique par une flèche rose. 98 B.5 - LES CONSEQUENCES REGLEMENTAIRES DES LEGENDES DE LA ZPPAUP LEGENDE Immeubles, fortifications, protégés au titre des Monuments Historiques CONSEQUENCES REGLEMENTAIRES Code du Patrimoine (20 février 2004) 1 – Patrimoine à valeur historiques et architecturale dont la démolition est interdite (édifice exceptionnel) Critères pour porter cette légende au plan : Les édifices que l’on considère exceptionnels et qu’on ne voudrait pas voir disparaître : éléments archéologiques ou historiques, architecture monumentale ou exceptionnelle, ancienneté, œuvres d’architectes. Le règlement est strict, sans empêcher les transformations pour l’occupation du bâti. 2 - Construction possédant des éléments historiques dont la démolition est interdite Maintien des parties représentatives de l’histoire ou de l’architecture ou des dispositions conséquentes sur l’espace urbain. Impossibilité de démolir sauf les parties d’immeuble dont la valeur patrimoniale ne sont pas avérées. Maintien des parties représentatives de l’histoire ou de l’architecture ou des dispositions conséquentes sur l’espace urbain. Impossibilité de démolir sauf les parties d’immeuble dont la valeur patrimoniale ne sont pas avérées. 3 - Patrimoine de type brouageais constitutif de l’ensemble urbain dont la démolition est interdite sauf nécessité technique Critères pour porter cette légende au plan : Valeur historique globale ; effet d’unité urbaine par l’unité des matériaux. Valeur des matériaux (on ne fait plus, ou c’est coûteux de le faire maintenant), valeur « d’épaisseur » des choses. La suppression de l’immeuble est susceptible de représenter une perte pour le patrimoine urbain ou d’altérer la continuité urbaine. Application des règles d’architecture relatives au bâti ancien ou aux caractéristiques du bâti concerné. Possibilité de refuser l’autorisation de démolir si la suppression de l’immeuble est susceptible d’altérer la continuité urbaine. 4 – Murs de clôture et bases d’anciennes maisons dont la démolition est interdite sauf nécessité technique Critères pour porter cette légende au plan : Tout ce qui est mur ancien, construit en matériaux traditionnels (pierre, moellon enduit). Valeur historique globale ; effet de continuité urbaine par l’unité des matériaux et Application des règles d’architectures relatives au bâti ancien Maintien des parties représentatives de l’histoire ou de l’architecture ou des dispositions conséquentes sur l’espace urbain, s’ils appartiennent à un immeuble de ce type. 99 le front bâti. La suppression du mur est susceptible de représenter une perte pour le patrimoine urbain ou d’altérer la continuité urbaine ; néanmoins le règlement n’est pas trop strict (possibilité de percer une baie). Possibilité de refuser l’autorisation de démolir si la suppression du mur est susceptible de représenter une perte pour le patrimoine urbain ou d’altérer la continuité urbaine. Maintien d’un mur ou d’une clôture, en cas de modification, ou traitement de l’espace en continuité de l’espace urbain si la démolition est autorisée. 5 - Petit patrimoine architectural – Détails architecturaux remarquables : détails architecturaux Critères pour porter cette légende au plan : Les éléments et détails du bâti de grand intérêt patrimonial : les portes et Application des règles d’architectures relatives au bâti ancien portails monumentaux, les entourages sculptés, les petits éléments Conservation stricte. d'accompagnement, les puits, les bornes. Interdiction de démolition, possibilité de refuser la modification et le déplacement de ces éléments de petit patrimoine. 6 – Patrimoine hydraulique Critères pour porter cette légende au plan : Ouvrages du port, liés aux canaux… Application des règles d’architectures relatives au bâti ancien 7 - Espaces boisés protégés au titre de la ZPPAUP Critères pour porter cette légende au plan : Espaces boisés majeurs. (Correspondent à ce qui doit, en tout ou partie, être repris en EBC au PLU.) Protection de la végétation ; maintien du milieu naturel. Minéralisation du sol et constructions en élévation interdites, sauf équipement ponctuel. 8 - Espaces verts existants protégés au titre de la ZPPAUP Critères pour porter cette légende au plan : Espaces configurés pour être des jardins : les jardins des maisons. Ces jardins sont importants, en particulier aux abords des remparts. Ils assurent, en cœur d’îlot, l’habitabilité et l’unité paysagère entre parcelles. Ils garantissent le caractère exceptionnel du site. On peut aménager. Mais il ne faut pas y construire de surfaces habitables. Maintien de l’espace libre, à dominante plantée (parcs, cultures, jardins). Constructions liées à l’entretien de l’espace, à l’animation ou aux activités liées à l’espace, avec emprise réduite. Possibilités d’aménagements légers. 100 9 – Alignement d’arbres protégé au titre de la ZPPAUP Critères pour porter cette légende au plan : L’espace planté monumental : alignements d’arbres plantés dans la citadelle et dans le bourg d Hiers Maintien des alignements d’arbres (essences locales recommandées) 10 - Haies existantes et plantations d’alignement Critères pour porter cette légende au plan : alignements d’arbres, de haies le long des voies et des canaux 11 – Arbre isolé protégé au titre de la ZPPAUP Maintien des haies et alignements plantés (essences locales recommandées) Conservation des arbres isolés remarquables 12 – Sols protégés Critères pour porter cette légende au plan : Espaces libres anciens ou restaurés, dont le traitement des sols nécessite une approche patrimoniale (citadelle) Définition des matériaux et mise en œuvre à utiliser. 13 – Points de vue protégés : perspectives majeures – faisceaux de vues Critères pour porter cette légende au plan : Vues sur la Citadelle. la tour de Broue, le clocher de l’église d Hiers… Interdiction d’implanter tout obstacle formant écran en totalité sur les perspectives portées au plan. 101 ANNEXE REFERENCES ARCHIVES ET BIBLIOGRAPHIE 102 BIBLIOGRAPHIE Brouage, ville royale et les villages du golfe de Saintonge ; Nathalie FIQUET, François –Yves LE BLANC ; éditions patrimoine Médias, 1997. Brouage, capitale du sel et patrie de Champlain ; Eliane et Jimmy VIGE ; ISBN, 1990 Brouage, Ville d’histoire et Place forte ; Eliane et Jimmy VIGE ; ISBN, 1990 DRAC Poitou Charente Service Régional de l’Archéologie, Service de l’Inventaire 103