LE GARDIEN DES LAMAS BLANCS Acoyanapa était un beau berger

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LE GARDIEN DES LAMAS BLANCS Acoyanapa était un beau berger
LE GARDIEN DES LAMAS BLANCS
Acoyanapa était un beau berger ; il gardait des lamas blancs que les hommes de son pays
offraient en sacrifice au Dieu-Soleil. Il surveillait ses lamas au-dessus de la vallée, au sommet de
la plus haute montagne enneigée de la cordillère des Andes.
Un jour, Acoyanapa jouait de la flûte près de son troupeau, quand deux jeunes filles
s'approchèrent de lui. Le berger, qui ne les avait pas vues arriver, sursauta et tomba à genoux.
- N’aie pas peur, dirent-elles. Nous sommes les filles du Soleil qui est le maître de tous les pays.
L'une des deux sœurs regardait attentivement le berger : il était beau et il lui plaisait beaucoup.
Elle lui demanda son nom.
- Acoyanapa, dit le berger.
- Moi, c'est Chouquillantou. Quelle est cette plaque d'argent que tu portes sur ton front ?
- Un bijou qu’on appelle outousi, répondit le berger.
Le jeune homme s'éloigna vers sa hutte avec son troupeau de lamas blancs et les filles du Soleil
rentrèrent chez elles. Chouquillantou pensait sans cesse au berger, à son regard et à son beau
front orné par la plaque d'argent.
Pendant la nuit, un oiseau lui apparut en rêve et l'interrogea :
- Pourquoi es-tu triste ?
- J'aime le gardien des lamas blancs. Hélas, si je quitte ce palais, mon père le Soleil me tuera.
- Va confier ton secret aux quatre sources, siffla l'oiseau. Si elles te répondent, tu pourras
compter sur leur protection.
Dès l'aube, Chouquillantou alla s'asseoir près des sources du palais et elle chanta son secret.
Aussitôt, les sources répétèrent les mots qu'elle avait prononcés... et la fille du Soleil sourit. Elle
pouvait partir sans crainte à la recherche du berger. Les sources la protégeraient.
Pendant ce temps, Acoyanapa était allongé dans sa hutte. Il pensait sans cesse à Chouquillantou
et gémissait :
- Je vais mourir d'amour, car je n'ai pas le droit d'aimer une fille du Soleil.
La mère du berger vint lui rendre visite. Elle trouva son fils triste et malade. Après l'avoir écouté
parler, elle comprit qu'il était amoureux.
Elle décida donc de l'aider, en espérant que la fille du Soleil reviendrait bientôt. Elle enveloppa
son fils dans un manteau magique à l'intérieur de la hutte, puis elle alla cueillir des plantes-quirendent-heureux et les fit cuire.
Peu après, Chouquillantou et sa sœur arrivèrent. La vieille femme leur offrit les plantes qu'elles
mangèrent avec plaisir.
Puis, montrant le manteau, les jeunes filles demandèrent :
- Qu'est-ce que c'est?
- C'est le cadeau d'un dieu à la femme qu'il aime, répondit la mère du berger.
- Donnez-le-moi, je vous en prie, supplia Chouquillantou.
- Prenez-le, fit la vieille femme.
Les deux sœurs emportèrent au palais le manteau dans lequel était caché le berger. Le manteau
magique paraissait léger comme une plume.
Chouquillantou le plaça à côté de son lit. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle aperçut
Acoyanapa, son bien-aimé !
- Je suis là, murmura-t-il, grâce au secret du manteau. À présent, nous ne nous quitterons plus.
- Alors, allons nous promener, proposa Chouquillantou. Je vais te montrer mes chemins
préférés.
Le berger se glissa de nouveau dans le manteau magique que la princesse emporta. Acoyanapa
attendît quelques minutes, puis il se débarrassa du manteau et embrassa sa bien-aimée. Hélas,
un gardien du palais les avait suivis.
- Que faites-vous là ? cria-t-il.
Sans attendre la réponse, il courut prévenir les serviteurs du Soleil.
Vite, le berger et la princesse s'enfuirent dans les montagnes. À la fin de la journée, ils
s'allongèrent, épuisés.
Au même instant éclata un orage terrible. Le tonnerre gronda et la foudre tomba sur Acoyanapa
et Chouquillantou, qui furent transformés en pierres.
Depuis ce jour, les pierres sont là-haut, au sommet de la plus haute montagne. Et parfois, dans
le silence de la cordillère, on entend leurs cœurs battre doucement... doucement...
doucement...

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