Henri-Pierre GROLLEAU
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Henri-Pierre GROLLEAU
HA S S E U R S © Infomer - 2010 13, rue du Breil - CS 46305 - 35063 Rennes Cedex - France - www.marines-editions.com Toute reproduction ou traduction, même partielle de cet ouvrage est soumise à l’autorisation écrite de l’éditeur. Le texte n’engage pas la responsabilité de l’éditeur. Textes & photos Henri-Pierre GROLLEAU VANT- A Henri-Pierre Grolleau, avril 2010. ROPOS de la sortie et supporter les accélérations et les manœuvres agressives sans jamais se sentir nauséeux. C’est la condition pour progresser afin d’aller rechercher des cadrages typiques de l’aviation de combat, souvent dans le plan vertical. Le chasseur n’est pas un avion de ligne et on souhaite toujours trouver des attitudes inusuelles pour obtenir des images originales, ce qui impose de travailler sous facteur de charge, souvent la tête en bas, tout en continuant à cadrer au mieux en conservant, autant que possible, l’horizon… horizontal. Cela peut sembler évident pour le profane, mais une simple boucle nécessite systématiquement des basculements de l’appareil photo : horizontal en début figure, vertical pendant la phase ascendante, horizontal à nouveau à l’apogée de la manœuvre, vertical encore pendant la partie descendante, avant de reprendre l’horizontale pour la ressource. Toutes les photos présentées dans cet ouvrage ont été prises à l’aide de boîtiers argentiques Canon EOS 33 et EOS 50, puis d’appareils numériques Canon EOS 5D couplés à des optiques professionnelles Canon Série L : 16-35 mm f/2.8, 17-40 mm f/4, 24-70 mm f/2.8 et 70-200 f/2.8. P Avec cet ouvrage, j’ai l’immense plaisir de vous présenter une grande variété de chasseurs modernes sur lesquels j’ai effectué des dizaines de vols, tant en France qu’à l’étranger depuis plus de dix ans. Ainsi, j’ai eu la chance d’accumuler 600 heures de vol sur appareils militaires, dont 150 sur avions à sièges éjectables. Ces missions m’ont permis de rassembler une large collection de clichés air-air dont je vous fais ici partager les plus spectaculaires. Ce livre n’est pas un « catalogue » de tous les modèles en service dans le monde, mais plutôt le fruit d’une expérience personnelle riche et passionnante. Un vol photo en avion d’armes est un exercice à la fois mental et physique. Mental, car il faut se hisser au niveau des pilotes de chasse et s’adresser à eux dans leur langage si particulier pour leur transmettre en un minimum de temps vos desiderata. Une fois en l’air, il n’est pas question de se louper : le cerveau travaille à toute vitesse pour s’adapter aux conditions du jour ou aux imprévus (météo qui se dégrade, équipier de la patrouille qui «casse » au démarrage, etc.). Pendant la mission, il est essentiel de prévoir en permanence les caps d’entrée et de sortie des manœuvres pour que le bon côté de l’avion visé reste exposé au soleil le plus longtemps possible. Cela nécessite de repérer rapidement sur la planche de bord les instruments qui donnent les bonnes informations. Il faut aussi savoir éviter les contre-jours ou, à l’inverse, les provoquer pour capter les belles lumières. Un vol photo est aussi un challenge physique. Le cockpit d’un avion de chasse à hautes performances constitue un environnement hostile pour l’être humain. On doit s’y adapter sans perturber le déroulement S - - - - - - - Royal Air Force - - - - - - - - Royal Navy - - - - - - - Composante Aérienne Belge - - - Force aérienne hongroise - - - DGA Essais en Vol - - - - - 10 Marine nationale - - - - - - - 84 - 24 Armée de l’Air - - - - - - 124 - - 40 Forces Armées Canadiennes - - - - 176 - - - 50 US Navy - - - - - 54 - - - - 64 - - - - - - - - 184 Breitling Jet Team - - - - - - 222 Apache CATS - - - - - - 228 - - - O M M A I R E Forces aériennes suisses FORCES AÉRIENNES SUISSES Soucieuse de faire respecter sa neutralité, la Suisse consacre des ressources financières et matérielles importantes à son armée. Puissantes et efficaces, les Forces aériennes suisses, constituent un élément essentiel de cette politique de neutralité de la Confédération helvétique. Leurs missions principales couvrent la défense aérienne, le transport léger par avion, la manœuvre tactique par hélicoptère, la recherche et le sauvetage, la lutte contre les feux de forêt et l’assistance aux populations civiles en cas de catastrophes naturelles. Le fonctionnement des Forces aériennes suisses se révèle atypique : en temps de paix, des personnels professionnels assurent l’encadrement et la formation ainsi qu’un certain nombre de missions opérationnelles, dont la défense aérienne et le sauvetage. En cas de crise, la majorité des effectifs serait composée de réservistes mobilisés, les miliciens, qui renforceraient le noyau de personnels du Corps des Aviateurs Professionnels. En temps de paix, la quasi-totalité de l’entretien des aéronefs est confiée à des techniciens civils fonctionnaires, et non pas à des militaires. La qualité de la formation et de l’entraînement des pilotes et techniciens n’est plus à démontrer et les cursus retenus par les Forces aériennes suisses suscitent un intérêt marqué de la part des plus grandes armées de l’air occidentales. Les pilotes professionnels sont généralement qualifiés sur plusieurs types d’appareils (Tiger et PC-7, ou PC-21 et Hornet par exemple) et, fait inhabituel, cumulent les fonctions de pilote opérationnel et de moniteur. Forces aériennes suisses 10 Véritable « vitrine volante » des forces aériennes, la Patrouille Suisse a acquis au cours des quatre dernières décennies une réputation enviable de sérieux, d’efficacité et de précision, et cela aussi bien sur le plan national qu’à l’international. Créée en 1964 sur Hunter Mk 58, l’équipe évolue depuis 1995 sur six F-5E Tiger peints aux couleurs blanc et rouge de la Confédération helvétique, douze exemplaires étant maintenus en permanence dans cette livrée. La présentation en vol dure de 18 à 22 minutes suivant le programme retenu, en fonction de la météo. La Patrouille Suisse participe à une vingtaine de meetings aériens chaque année, dont un certain nombre à l’étranger, comme le très connu Royal International Air Tattoo organisé à Fairford, en Grande-Bretagne. Les appareils de l’équipe sont modifiés par adjonction d’un dispositif de fumigène déclenché — ou stoppé — par une action sur la commande de tir missile, un témoin de fonctionnement étant installé sur le haut de la planche de bord. Les pilotes sont des professionnels qui s’entraînent et volent au sein du team en plus de leurs activités opérationnelles normales sur F/A-18 Hornet. Chaque année, ils accumulent chacun de 120 à 140 heures sur Hornet et de 60 à 70 heures sur Tiger. Ils sont cooptés sur la base du volontariat et peuvent rester au sein de la patrouille sans réelle limite de durée, la moyenne s’élevant à huit ans. Le leader est désigné par ses équipiers et doit s’engager pour deux ans minimum afin d’assurer le transfert du savoirfaire lors du passage de témoin à un nouveau leader. DGA ESSAIS EN VOL La Direction Générale de l’Armement (DGA) est responsable, au nom de l’État français, de la sélection, de la qualification et du suivi en service de tous les matériels militaires en dotation en France, y compris les avions de combat et les équipements et armements associés. Pour remplir cette mission complexe, la DGA dispose de centres d’essais spécialisés chargés de participer au développement et à la mise au point des nouveaux systèmes. Dans le domaine des chasseurs, DGA Essais en Vol (DGA EV, connu sous l’appellation de Centre d’essais en vol, ou CEV, jusqu’au 31 décembre 2009) agit en tant que pôle d’expertise aéronautique. Les essais des avions de combat sont menés par DGA EV à partir des sites d’Istres et Cazaux. À Istres, les experts de DGA EV coopèrent étroitement avec leurs homologues de Dassault et prennent part aux vols de développement. C’est également à Istres, au sein de l’EPNER (École du Personnel Navigant d’Essais et de Réception), que sont formés les spécialistes hautement qualifiés de DGA EV : pilotes d’essais, ingénieurs navigants d’essais, expérimentateurs navigants d’essais… À Cazaux, DGA EV participe activement aux essais d’équipements électroniques montés sur chasseurs et réalise les développements d’armements aéroportés air-air et air-sol ainsi que les tirs. DGA Essais e n Vo l 64 Pendant de très longues années, le Centre d’Essais en Vol eut recours à différentes versions du légendaire Mirage III pour toute une gamme de missions nécessitant une capacité supersonique. Le Mirage III était bien adapté aux essais en vol car les spécialistes du CEV pouvaient aisément tirer des câbles au travers de sa cellule ou modifier sa pieuvre électrique pour répondre à des besoins spécifiques, ce qui n’est pas le cas sur Mirage 2000 ou sur Rafale. À partir du milieu des années 80, le CEV récupéra les Mirage IIIR Nos 306, 329, 330, 335 et 336, alors stockés à Châteaudun, pour servir de plastrons brouilleurs instrumentés. Ces chasseurs deltas disposaient encore d’un potentiel intéressant et leur domaine de vol était ouvert jusqu’à Mach 1,25 avec des réservoirs externes de voilure. Ils embarquaient des brouilleurs Barracuda, Barax et Séramic (Simulation d’échos radar d’avions munis d’installations de contre-mesures). Plusieurs biplaces furent achetés pour des missions particulières. Par exemple, le Mirage IIIB No 202 fut modifié en banc d’essais de centrales de navigation à inertie. Des Mirage IIIB, Nos 225, 231 et 234, ont aussi servi à l’École du Personnel Navigant d’Essais et de Réception jusqu’au début des années 2000 pour l’étude des qualités de vol d’avions à aile delta à commandes de vol classiques. À Cazaux, des Mirage IIIE lourdement modifiés (avec, notamment, un nez caméra pour filmer les séparations) furent employés pendant de longues années pour la mise au point des différentes munitions en dotation dans l’armée de l’Air et la Marine nationale. Le dernier Mirage III en service en France, le IIIE No 560, a effectué son ultime vol depuis les installations du CEV, à Cazaux, le 25 novembre 2005. DGA Essais e n Vo l 66 Pour les essais d’équipements destinés aux avions de combat, il est bien moins coûteux de recourir à des machines civiles spécialement modifiées pour accueillir les systèmes en essais. Depuis des décennies, le CEV (puis DGA EV) a fait passer des Mystère 20 en chantier pour les adapter à ces missions si particulières. En effet, le Mystère 20, avion d’affaires conçu pour transporter des businessmen dans des conditions de confort élevées, présente l’avantage d’être aisément transformable pour recevoir des radars, des antennes de guerre électronique, des moyens de communications et de liaison de données, des systèmes optroniques, et même des autodirecteurs de missiles montés sous des points externes sous les ailes. Les puristes noteront que les Mystère 20 de DGA EV en dotation sur les sites de Cazaux et de Istres ont commencé à recevoir une nouvelle livrée très « smart » depuis 2009. Au début de l’année 2013, un Fokker 100 avion banc d’essais nouvelle génération (ABE NG) devrait entrer en service à Cazaux pour commencer à supplanter les plus vieux Mystère 20. Ce biréacteur lourd sera équipé de pods de voilure pour recevoir divers systèmes, d’un nez allongé pour accueillir des radars, d’antennes de guerre électronique de dernière génération et de systèmes électriques et de conditionnement plus puissants que ceux du Fokker 100 civil standard. La conception modulaire de la machine autorisera des changements de configuration très rapides, tous les équipements en essais en cabine étant montés sur palettes aisément avionables et déposables. DGA EV en attend un gros gain en termes de productivité. M A R I N E N AT I O N A L E Formule aérodynamique delta-canards innovante, commandes de vol électriques digitales, structure en matériaux composites, réacteurs Snecma M88-2 double-flux de dernière génération, avionique ultramoderne, technologie multicapteurs, fusion de données, interface homme-machine intuitive… Dassault, Snecma, Thales et leurs partenaires industriels n’ont négligé aucune avancée technique pour faire du Rafale un chasseur exceptionnel. Pour le Rafale, le ministère de la défense et les industriels ont retenu une approche progressive, avec mise en service régulière de nouveaux standards de plus en plus évolués. Les premiers furent livrés à la Marine à la fin de l’année 2000, la Flottille 12F devenant opérationnelle en juin 2004 avec des appareils au Standard F1 spécialisés dans les missions de supériorité aérienne et de défense aérienne du groupe aéronaval. Fin 2006, les premiers Rafale Standard F2 capables de tirer des munitions air-sol de précision — missiles de croisière Scalp, Armements Air-Sol Modulaires (AASM) et bombes guidées laser GBU-12 — sont entrés en service, également au sein de la Flottille 12F. En 2009, la Marine nationale a commencé à recevoir des Rafale Standard F3 aptes à remplir l’ensemble du spectre des missions tactiques : - défense et supériorité aérienne, avec les missiles air-air Mica IR et EM ; - frappe chirurgicale, avec les armements guidés conventionnels et le pod de désignation laser Damoclès ; - dissuasion nucléaire, avec le nouveau missile Air-Sol Moyenne PortéeAmélioré (ASMP-A) ; - attaque à la mer, avec l’AM39 Exocet Block 2 Mod 2 ; - reconnaissance, avec le Pod Reco Nouvelle Génération. Depuis novembre 2009, la marine nationale n’aligne plus que des Rafale F3, tous les F2 ayant été portés au Standard F3. Fer de lance incontesté du groupe aérien embarqué, le Rafale achève aujourd’hui sa montée en puissance, le Standard F3, totalement polyvalent, étant désormais pleinement opérationnel au sein de la Flottille 12F stationnée à Landivisiau. La Marine a exprimé un besoin pour 58 Rafale. Sur mer comme sur terre, le tempo des opérations aériennes modernes ne ralentit jamais et la capacité à intervenir de nuit est devenue capitale pour les groupes aériens embarqués, à la fois pour les missions offensives de projection de puissance vers la terre et pour les actions défensives de protection de la force navale. Cependant, les opérations nocturnes à partir de porte-avions imposent la maîtrise de savoir-faire techniques très complexes et donc une sélection sans faille des individus et un entraînement très poussé, d’abord à terre, puis à bord. Comme le disent les pilotes de l’Aéronavale, « l’appontage de nuit n’est pas un sport de masse »… En France, les officiers qualifiés à l’appontage de nuit sont appelés « Hiboux ». La Marine nationale s’est très vite intéressée aux procédures de vol avec jumelles de vision nocturne (JVN) et, depuis 1997, les flottilles de Super Étendard Modernisé ont appris à maîtriser ces outils pour augmenter leurs capacités offensives et améliorer la sécurité des vols. En effet, les JVN facilitent la tenue de formation et autorisent l’attaque à vue d’objectifs de grandes dimensions. L’horizon est toujours visible, ce qui évite les problèmes de désorientation. Les JVN CN2H-AA filtrées en dotation dans la Marine ont désormais été remplacées par des modèles ITT 4949, plus performants. Avec l’avènement du pod de désignation laser Damoclès, la Marine nationale est devenue capable de tirer des munitions guidées de nuit, sur des objectifs ponctuels. Ce pod est également muni d’un capteur FLIR (Forward Looking Infra-Red) installé dans la partie avant de la nacelle, l’image FLIR étant projetée sur le viseur tête haute du SEM. 119 Marine nationale Au dire de tous, le choix du L-39 Albatros constitua l’une des raisons majeures du succès du Breitling Jet Team. Ce biplace en tandem d’entraînement avancé, conçu dans l’ancienne Tchécoslovaquie, s’est montré performant en vol et facile à piloter pour d’anciens militaires issus de l’armée de l’Air. Mais son principal avantage réside dans sa fiabilité et sa facilité de mise en œuvre loin de toute infrastructure arrière. Solide, rustique, fiable sont d’ailleurs les qualificatifs les plus fréquemment employés à Dijon quand on évoque l’Albatros. Lorsqu’il se déplace en meeting, le Breitling Jet Team voyage léger, sans avion de transport. Alors que la Patrouille de France est systématiquement accompagnée par un Transall qui achemine sur chaque terrain extérieur une équipe de mécaniciens, un véhicule, le fumigène, un moteur spare et de multiples rechanges, tous les bagages et les équipements de soutien et de dépannage du Breitling Jet Team doivent tenir dans les petits coffres des L-39, dans le nez des monoréacteurs. Heureusement, l’Albatros ne tombe que très rarement en panne et, même si cela se produisait, le team pourrait assurer le spectacle à six, voire cinq avions. Pour chaque meeting, les techniciens de l’équipe voyagent en place arrière des Albatros. Ils se chargent sur place de la récupération des fûts de fumigène livrés par une société de transport, de la remise en œuvre des avions et du ravitaillement en fumigène et en carburant. En démo, les L-39 atteignent 700 km/h et 6 G, voire 8 G pour les solos. Selon des pilotes du Breitling Jet Team, le L-39 se montre toutefois lourd aux commandes et son siège, à l’assise très dure et au dossier trop vertical, se révèle vite inconfortable lors de vols de transit assez longs.