Le déclic - Conseil scolaire Centre-Nord
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Le déclic - Conseil scolaire Centre-Nord
Septembre 2006 Le déclic Série de fiches informatives du Conseil scolaire Centre-Nord rédigées par Glen Taylor Une brève histoire de droits, d’espoirs et de progrès L acombe,Beaumont,Saint-Albert,Miette, Chauvin, Morinville, Grégoire, Legal, même Edmonton… la présence francophone sur le territoire couvert par le Conseil scolaire Centre-Nord (CSCN) se fait sentir depuis fort longtemps. Parfois, ce sont des noms de lieu qui sont gravés dans la mémoire collective, comme le lac Grégoire, près de Fort McMurray, ou les sources thermales Miette près de Jasper. Souvent, ce sont des noms de missionnaires tels les pères Lacombe et Morin qui ont recruté des colons francophones pour cultiver les terres riches de l’Alberta. Fait intéressant : beaucoup de ces nouveaux arrivants ne provenaient pas du Québec, mais plutôt des États-Unis et de l’Est canadien. Si Edmonton se trouve dans la liste ci-dessus, c’est parce qu’au début de son histoire, et ce, jusqu’en 1885 selon certains historiens, la majorité des habitants de la région parlaient le français. Cependant, malgré leur importante contribution au développement de la province, les franco phones de l’Alberta (comme ceux de presque toutes les provinces hors Québec) ont dû surmonter d’énormes obstacles afin de conserver leur langue et leur culture. L’un des défis les plus importants a été le manque d’accès à une éducation en français. La première école de langue française en Alberta — alors que le vaste territoire de l’Ouest s’appelait encore les Territoires du Nord-Ouest — a été fondée au Lac Ste. Anne en 1842. Les Territoires étant à l’époque officiellement bilingues, les citoyens avaient le droit de faire instruire leurs enfants entièrement en français. Ce droit est demeuré en vigueur durant seulement 50 ans. En 1892, une ordonnance territoriale a fait de l’anglais la langue officielle de l’enseignement, limitant l’instruction en français à un seul cours de niveau primaire. Imaginez la difficulté de maintenir la langue et la culture françaises chez les enfants alors que la quasi-totalité de leur éducation était en anglais! Une époque sombre Combien de temps a duré cette situation qui menait directement à l’assimilation? Une… deux… trois… quatre générations? En effet, il a fallu attendre jusqu’en 1976 pour que les francophones de l’Alberta aient de nouveau le droit à une scolarisation entièrement en français. Durant cette période d’attente, des progrès ont été réalisés au compte-gouttes comme le témoignent ces deux événements : g g En 1925, un nouveau règlement permet l’en seignement en français de toutes les matières (sauf l’anglais) en 1re et 2e année. Par contre, à partir de la 3e année, l’étude du français se limite à une heure par jour. En 1964, la Loi scolaire de l’Alberta est modifiée pour permettre l’enseignement en français de la 1re à la 9e année, mais selon une progression décroissante. Ainsi, les 1re et 2e années peuvent être entièrement enseignées en français (sauf le cours d’anglais). Puis, en 3e année, on doit assurer deux heures d’enseignement par jour en anglais et, à partir de la 4e année, l’enseignement en français doit se limiter à une heure par jour. Beaucoup de choses peuvent se passer en 84 ans. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que de très nombreuses familles franco-albertaines * © tous droits réservés 2006 ont fini par perdre toute trace de leurs racines françaises. Seules les familles qui tenaient résolument à leur langue et à leur culture — voire même à leur identité — ont réussi à transmettre cet héritage à leur descendance. Bien entendu, il a fallu que chaque génération prenne la décision de garder le français, tout comme chacun de nous doit décider de ce que nous voulons pour nos enfants. La grande différence, c’est que les francophones d’autrefois n’avaient pas les ressources auxquelles nous avons accès aujourd’hui. La lueur au bout du tunnel Le paysage éducationnel a changé de façon radicale en 1982 avec l’adoption par le Parlement canadien de la Charte des droits et libertés. La clé du chan gement est l’article 23 qui donne aux membres des deux minorités linguistiques officielles du Canada le droit de faire instruire leurs enfants dans leur langue maternelle. Ce n’était pourtant que le début d’un processus qui continue d’évoluer aujourd’hui. Tout d’abord, il a fallu six ans au gouvernement albertain pour refléter cette nouvelle réalité dans la Loi scolaire. Puis, en 1990, la Cour suprême a non seulement maintenu le droit à l’éducation francophone, mais a statué que les membres des deux minorités linguistiques officielles avaient le droit de gérer leurs propres écoles. La gestion scolaire a été remise entre les mains des francophones grâce au cas Mahé, une lutte menée par trois Albertains durant dix longues années. Cette cause judiciaire demeure l’une des plus importantes victoires pour les francophones du Canada vivant en milieu minoritaire. Toutefois, encore trois ans doivent s’écouler avant que le gouvernement de l’Alberta reconnaisse le droit à la gestion scolaire francophone. En 1994, le ministre de l’Éducation finit par établir sept régions scolaires francophones, dont le Conseil scolaire Centre-Nord. Il existait déjà cinq écoles francophones, desservant quelque 900 élèves, sur le territoire du CSCN, mais elle étaient gérées à cette époque par Edmonton Catholic Schools et Legal School District. L’école Maurice-Lavallée — la première école francophone d’Edmonton — avait ouvert ses portes en 1984 suivie par les écoles Notre-Dame en 1989, Citadelle en 1990, Sainte-Jeanne-d’Arc en 1991 et PèreLacombe en 1992. Progrès à la hauteur des espoirs Une fois la gestion scolaire acquise, le Conseil scolaire Centre-Nord n’a pas tardé à ouvrir d’autres établissements scolaires : La Mission à Saint-Albert en 1995, La Prairie à Red Deer en 1996, GabrielleRoy, la première école non confessionnelle franco phone à Edmonton, en 1997 et Saint-Christophe à Wainwright en 1999. Cette même année, le CSCN acquerrait la gestion de l’école Boréal à Fort McMurray à la suite d’une consolidation administrative provinciale. Mais, pour cette même raison, il a dû se départir de l’école La Vérendrye (Lethbridge) qu’il a gérée durant trois ans. Finalement, l’école Desrochers a ouvert ses portes en 2002 à Jasper. Les francophones avaient beaucoup d’espoirs envers l’éducation française et le Conseil a dû relever de multiples défis afin de les concrétiser. Le CSCN a, entre autres, implanté le premier programme de maternelle à plein temps dans l’Ouest canadien. Une autre première : le Campus de La Cité, une école alternative pour des élèves en difficulté au niveau secondaire 2e cycle. Le CSCN a introduit des programmes d’éducation en ligne, d’animation culturelle, de littératie précoce, de mentorat professionnel, de douance, d’aide aux devoirs, ainsi que des projets pilotes d’intégration des nouveaux arrivants, de cours de français pour les parents, de jumelage prématernelle-maternelle, et de coordination scolaire-communautaire. Outre ces initiatives scolaires et parascolaires, le Conseil a cherché constamment à moderniser, à agrandir et à construire ses écoles. Par exemple, en 2001-2002, le CSCN a investi quelque 15 millions de dollars dans des projets d’infrastructure. Aujourd’hui, le CSCN est de loin le plus grand conseil scolaire francophone en Alberta avec plus de 250 employés desservant au-delà de 2 100 élèves au sein de 11 communautés scolaires. * © tous droits réservés 2006