L`émotion du mythe Marie-Madeleine

Le Soir Vendredi 8 juillet 2016
LACULTURE 33
L’émotion du mythe Marie-Madeleine
MUSIQUE L’ensemble
Scherzi Musicali décline La Maddalena en concert
LE COMPOSITEUR
La sensualitié
d’Antonio Bertali
Nicolas Achten, directeur de l’ensemble Scherzi Musicali, entouré de ses musiciens. © D.R.
Nicolas Achten
et son ensemble
continuent d’explorer
le répertoire de musique
ancienne de manière
brillante.
Ils se plongent
aujourd’hui dans
un oratorio méconnu
d’Antonio Bertali.
igure mythique s’il en est,
Marie-Madeleine a depuis
toujours inspiré l’art et la
littérature. Personnage contrasté, profondément humain, tantôt
pécheresse, tantôt repentante,
elle fait figure d’intermédiaire
entre le terrestre et le céleste. Des
caractéristiques qui collent particulièrement bien avec les désirs
de l’époque baroque.
Depuis près de dix ans maintenant, le Belge Nicolas Achten et
son ensemble Scherzi Musicali
s’attellent à mettre en valeur la
musique ancienne. C’est donc
tout naturellement qu’ils ont
souhaité s’intéresser à cette « héroïne du théâtre baroque » qu’est
Marie-Madeleine. Et ainsi déterrer des œuvres méconnues dans
un enregistrement regroupant
La Maddalena, oratorio d’Antonio Bertali, une première mondiale, et des passages musicaux
extraits d’une pièce de théâtre de
Giovanni Battista Andreini jouée
à Mantoue en 1617. Des œuvres
passionnantes, interprétées tout
en subtilité, qu’ils présenteront
sur scène cet été, du Festival de
Wallonie ce vendredi aux MidisMinimes à la fin de l’été.
« J’ai toujours eu beaucoup
d’intérêt pour le répertoire de
l’époque baroque et pour la musique italienne du XVIIe siècle,
F
explique le chanteur, luthiste et
harpiste. Il y a énormément de
répertoires de grande qualité à
redécouvrir. J’étais à la recherche
d’un oratorio du sépulcre (pièces
à l’origine jouées pendant la Semaine sainte, NDLR), mais de
Sances. Dans mes recherches, je
suis tombé sur un oratorio d’Antonio Bertali et il s’est imposé à
moi car il correspondait à ce que
je cherchais et que je voulais. »
Une manière de faire redécouvrir une œuvre au final assez méconnue. « Il y a des œuvres qui
font partie de notre patrimoine et
que le public aime réentendre
mais je pense que c’est aussi cet
appétit de la découverte qui a
nourri la musique ancienne. La
Maddalena est une œuvre émotionnellement très forte et universelle. C’est une mère, une
femme aimante face à la mort et
à toutes les questions que l’on se
pose. »
harpe. On a une part de création
énorme. C’est une œuvre qui vit…
et donc qui évolue aussi avec le
temps. Il faut à chaque fois recuisiner, il ne suffit pas de passer le
plat au micro-ondes. »
Plutôt puriste dans son approche, Nicolas Achten n’entend
pas
tellement
moderniser
l’œuvre, mais bien en donner le
goût à un public pas forcément
averti en le guidant et en lui donnant des clés d’écoute. « Avec la
musique, ça se passe un peu
comme un musée : on peut y rentrer, voir plein de vieilles croûtes
un peu sombres et ne pas être touché. Puis on peut avoir un guide
qui va attirer l’attention vers des
détails et permettre d’apprécier ce
genre de chose. C’est ça que j’essaie de faire avec le type de musique qu’on propose. » ■
GAËLLE MOURY
La Maddalena est à découvrir en live
ce vendredi dans le cadre du Festival
de Namur puis en tournée en août
et en octobre.
http://www.scherzimusicali.be/
L’intérêt du programme
présenté par Scherzi Musicali réside aussi dans la
figure du compositeur Antonio Bertali (1605-1669).
Originaire de Vérone, ce
violoniste aguerri fut formé
par Stephano Bernardi dans
sa ville natale. Mais c’est en
Autriche qu’il fit principalement carrière. En 1622, il
rentre au service de l’archiduc de Breslau avant d’entrer à la cour de Ferdinand II
à Vienne deux ans plus tard.
À la mort de Giovanni Valenti (1649), il en deviendra
Kappelmeister.
Son style s’inscrit dans la
tradition italienne de
l’époque, de l’Opéra naissant
avec un attrait particulier
pour les mélodies. Pour
Nicolas Achten, la principale
caractéristique de sa musique est sa sensualité.
« C’est une musique plaisir et
en ça, il est très proche de
Sances. Il est plutôt connu
pour sa musique instrumentale, très peu pour sa musique
vocale. Et pourtant, quand on
voit La Maddalena, ce n’est
pas un coup d’essai, c’est un
vrai chef-d’œuvre. C’est aussi
une œuvre qui se prête bien à
une écoute néophyte. »
G.MY
DEL Diffusion Villers
présente
LE 30ème SPECTACLE THÉÂTRAL D’ÉTÉ
Un jeu de couleurs
À la manière d’un chef cuistot,
Nicolas Achten a donc composé
avec cette palette d’émotions qui
s’offrait à lui pour composer sa
version de l’œuvre d’Antonio
Bertali. « Dans la musique baroque, beaucoup de choses ne sont
pas inscrites. Il y a d’une part la
basse, et quand le compositeur
veut bien, de petits chiffres indiquant ce qu’il souhaite voir joué.
L’enjeu est alors de créer un
maximum de couleurs, un peu
comme lorsqu’on utilise des
épices en cuisine : pour chaque
personnage, on va essayer de renforcer l’ambiance qui va correspondre au message du texte. Si on
a un personnage fâché, on va
mettre des instruments incisifs
comme le clavecin alors que si on
a quelque chose de plus fragile,
on va par exemple utiliser la
LESBRÈVES
FESTIVALS
Indochine fait vibrer
Les Ardentes
Ils étaient déjà là en 2006, et ils
ont remis ça à l’occasion de la
dixième édition du festival :
Nicola Sirkis et ses camarades
d’Indochine, entre un live sorti
en 2015 et un nouvel album studio en cours d’enregistrement,
passent par quelques festivals
cet été. Dont les Ardentes, où
les fans présents en nombre ce
mercredi soir, ont réservé au
groupe un accueil démontrant
que, 35 ans après, l’Indomania
est toujours bien vivace. Entre
les classiques du groupe, le
public liégeois s’est en outre vu
gratifier de titres plus inédits sur
scène, comme « Alice & June »,
« Adora » et « June ». Le temps
d’un concert généreux mais pas
exempt de soucis techniques.
Qu’à cela ne tienne, « L’aventurier » a encore vécu, cette fois
sous les tirs de serpentins…
Chronique à lire sur Frontstage.
D.S.
La confrontation légendaire entre Mozart et Salieri.
ABBAYE DE VILLERS-LA-VILLE
À partir du 13 juillet 2016 – 070/224.304 – www.amadeus2016.be
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Une co-production de DEL Diffusion Villers et du Théâtre Royal des Galeries, avec l’aide du Ministère de la Culture de la Fédération Wallonie Bruxelles (Direction générale de la Culture – Service du Théâtre),
du Commissariat général au Tourisme de la Région Wallonne, de la Province du Brabant wallon, avec l’appui de la Commune, de l’Abbaye, du Syndicat d’Initiative et de la Maison du Tourisme de Villers,
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