Projet pédagogique des espaces jeux du RAM
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Projet pédagogique des espaces jeux du RAM
Projet pédagogique des espaces jeux du Relais Assistants Maternels Save & Garonne Préambule Le Relais assistants maternel Save & Garonne est un service public, ouvert sur la commune de Grenade en 1997, devenu intercommunal en 2005, suite à la prise de la compétence « petite enfance » par la Communauté de Communes Save & Garonne. Le RAM Save & Garonne fonctionne suivant les directives de la circulaire CNAF1 n° 2011-020, définissant les missions du RAM : organiser un lieu d'information, d'orientation et d'accès aux droits pour les parents, les professionnels ou les candidats à l'agrément. contribuer à la professionnalisation de l'accueil individuel en offrant un cadre d’échange des pratiques professionnelles. participer à une fonction d'observation des conditions locales d'accueil des jeunes enfants. Les espaces jeux du RAM, lorsqu’ils existent, sont organisés pour répondre aux missions générales des RAM, suivant la définition de la CNAF : « Les accueils jeux proposés par les RAM constituent, comme leur nom l’indique, des temps d’éveil et de socialisation pour les enfants accueillis par des assistants maternels ou des gardes d’enfants à domicile. Ils visent le bien être des enfants et le respect de leur rythme. Ces ateliers représentent un support à l’observation des pratiques professionnelles et à l’amélioration de celles-ci. L’implication des relais dans l’organisation d’activités d’éveil pour les enfants fait partie des missions de base, sous réserve de : -rechercher avant tout la complémentarité et la collaboration avec les structures existantes (structures d’accueil, ludothèque, centres sociaux….). -organiser des activités d’éveil au sein du relais, en concertation avec les services de PMI, pour bâtir un projet respectant le rythme des enfants et réunissant les conditions d’un accueil de qualité, tant au niveau de l’encadrement que de l’adaptation des locaux. -les activités proposées par le RAM favorisent les échanges et le partage d’expériences professionnelles, interrogent les pratiques, sensibilisent aux besoins de formation et participent à la construction d’une identité professionnelle. »2 L’animateur de RAM, garant de ces objectifs, est chargé de veiller à respecter et faire respecter l’équilibre, entre la nécessité d’échanges entre professionnels et le bien être des enfants accueillis, pour cela, le projet pédagogique s’appuie sur ces axes : I. II. III. IV. 1 2 Les caractéristiques de l’accueil à domicile Aménager des conditions favorisant une qualité de vie professionnelle Proposer un environnement ludique, favorisant l’expérimentation de l’enfant Offrir un espace sécurisant pour favoriser la socialisation de l’enfant Caisse Nationale des Allocations Familiales Extrait de la lettre circulaire n° 2011-020 1 I. Les caractéristiques des métiers de l’accueil à domicile. La profession d’assistants maternels et celle de garde d’enfants ont en commun la fonction d’accueillir des enfants, souvent très jeunes, à domicile. L’assistant maternel est agréé par le service PMI du conseil général pour l’accueil d’enfants au sein de son domicile privé. Il bénéficie d’une formation initiale qui vise à apporter des repères quant aux points essentiels du développement psychoaffectif et moteur du jeune enfant et à engager une réflexion sur la posture professionnelle que l'assistant maternel va être amené à adopter. Le/la garde d’enfants exerce au domicile des parents employeurs. Les compétences professionnelles s’acquièrent et/ou s’enrichissent à travers l’expérience et la formation continue, permettant ainsi à la dimension professionnelle de s’affirmer. Ces deux professions, très proches dans leur mission et leurs conditions de travail, ont des caractéristiques similaires : Un métier qui accompagne la séparation précoce parents-enfant : Cette caractéristique est partagée avec tous les professionnels intervenants auprès du petit enfant et de sa famille que ce soit en collectivité ou à domicile. Pour les parents, la relation avec leur enfant est récente, en cours de construction ; le jeune enfant développe grâce à cette relation et à travers son environnement (repères sensoriels) un sentiment de continuité et de sécurité. L’accueil du jeune enfant implique une séparation précoce qui vient s’interposer dans ce faisceau de processus en élaboration fragile. La nécessaire prise en compte de cette séparation et des enjeux pour l’enfant est au cœur des pratiques professionnelles des métiers de l’accueil de la petite enfance. Un métier qui se situe au cœur de relations humaines où les affects sont prééminents La compétence professionnelle essentielle requise réside dans la capacité à être en relation de façon adaptée avec l'autre, l'enfant ou le parent afin de pouvoir s'ajuster au mieux à la demande de l'autre : celle des parents (leurs attentes explicites mais aussi implicites) et celles, multiples et infra verbales, de l'enfant accueilli, au quotidien. L'accueil de 2, 3 voire 4 enfants démultiplie les relations individuelles et l'ajustement nécessaire aux demandes de chacun; cela constitue un exercice difficile et complexe. Un métier à forte résonance interne mais qui nécessite de se décentrer. Travailler avec de jeunes enfants, c'est sans cesse, être renvoyé à soi-même, à sa propre petite enfance et à son expérience parentale donc aux limites de son vécu. L'assistant maternel et le/la garde d’enfants sont en capacité de prendre en considération les différences de cultures, les normes et repères éducatifs, les pratiques familiales liées à l'histoire de chacun des parents ainsi que les valeurs qu'ils véhiculent. Cette acceptation de l'autre et de sa différence ne va pas de soi, elle nécessite un travail sur ses réactions spontanées, sur ses a priori, ses principes éducatifs. C'est une capacité d'ouverture, de disponibilité d'esprit et d'adaptation qui est à développer pour recevoir, entendre et se positionner par rapport à la demande des parents en recherche d'un mode d'accueil, dans le but d'établir une relation professionnelle de confiance. Par exemple, dans sa pratique ordinaire, l'assistant maternel est sans cesse confronté à la nécessité de s'adapter : renouvellement des enfants avec négociation de nouveaux contrats d'accueil, horaires différents entre les enfants, horaires atypiques pour certaines familles, 2 aléas professionnels des parents, singularité de chaque enfant, variations de l'état de santé ou de l'humeur de chacun… Cette disponibilité d'esprit nécessaire à l'accueil de l'autre est une expérience professionnelle particulièrement contraignante. Elle s'acquiert progressivement et se travaille en permanence. La solitude du travail à domicile L'exercice de ce métier, seul, à domicile, avec son exigence d’adaptabilité, demande à développer une confiance en soi suffisante et à trouver des soutiens et des supports pour l'assumer dans la durée et avec la qualité souhaitée de part et d'autre (professionnels / parents). Ceci d'autant plus que l'assistant maternel et le/la garde d’enfants n'ont pas de pairs à observer avec lesquels ils pourraient échanger sur les pratiques ; ils ne bénéficient pas non plus, au quotidien, d'un environnement doté d'autres professionnels de la petite enfance ; toutes ces conditions et la nature même de ce travail d'accueil, avec l'exigence d'une surveillance constante des enfants confiés, laissent peu de place à la prise de distance vis-àvis de l'exercice professionnel, alors que ce travail implique de s'interroger sur ce que l'on vit et fait vivre aux autres. Sortir de son domicile ou du domicile des parents, venir à la rencontre d'autres professionnels, marque la volonté de partager son expérience pour une mise en commun de ce qui constitue ce métier et l'acceptation du risque de se mettre sous le regard des autres. II. Aménager des conditions qualité de vie professionnelle favorisant une Les espaces jeux : lieu et temps professionnels Les temps d'animation, de rencontres proposés par le RAM sont des temps professionnels pour les assistants maternels agréés et les gardes à domicile, accompagnés des enfants dont elles ont la garde. Ils peuvent investir ce lieu pour rechercher un accompagnement et un soutien professionnel, tisser des liens, sortir de leur isolement. Cet espace, distinct du domicile privé, offre la possibilité de vivre un temps dégagé de toutes autres contraintes domestiques ou familiales et de se consacrer uniquement à l’enfant et à la dimension professionnelle de l’accueil (échanges sur les pratiques éducatives, les savoirs faire...) Le lieu étant entièrement dédié à l’accueil du jeune enfant, du matériel spécifique similaire à celui des structures d’accueil petite enfance est à disposition ainsi que la possibilité de rencontrer d’autres professionnels : De la petite enfance : éducatrice de jeunes enfants, puéricultrice …. Du paramédical : psychomotricien. De l’animation : bibliothécaire, intervenant musique, intervenant terre… La participation aux interventions et animations proposées est libre. Chacun est invité : à disposer du matériel selon son envie (dans le respect du règlement de fonctionnement) à participer activement aux espaces jeux à apporter ses expériences, ses idées, à exprimer ses souhaits, ses difficultés, à faire des propositions nouvelles, être à l’initiative d’un temps partagé… Tout comme l'assistant maternel et le/la garde d’enfant doivent s'adapter à chaque enfant et chaque parent, la responsable de l’espace-jeux du RAM doit s'adapter à chaque assistant 3 maternel et garde d’enfants ; ces temps de rencontres collectifs sont, pour l'animatrice, source de questionnements, toujours en évolution, dépendants du public présent. Réceptive et attentive à la dynamique du groupe d'adultes et d'enfants, la responsable a un rôle contenant à jouer; elle se doit de saisir toutes les opportunités afin de donner à cet espace sa dimension professionnelle. Favoriser l’observation de l’enfant et l’ajustement des pratiques professionnelles Accueillir engage une double responsabilité à l'égard des enfants, mais aussi des parents. Le lien avec l'enfant "de l'autre" ne se construit pas dans la même intimité qu'avec son propre enfant. Ainsi, au-delà de la façon très attentionnée dont le professionnel prend soin de l'enfant accueilli, il est nécessaire qu'il prenne du recul sur les situations quotidiennes et qu'il puisse, autant que possible, rendre compte en pleine conscience de ce qu'il fait, comment et pourquoi. Il lui faut porter attention aux signaux de l'enfant même discrets dans les situations de la vie quotidienne (le change, le jeu, la séparation du matin ou du soir…), mettre ces observations en lien avec ses connaissances, toujours en évolution, sur les besoins de l’enfant, et ajuster ses attitudes et pratiques éducatives (organisation, aménagement de l’espace, façon d’intervenir auprès d’un enfant...). Cette complexité est d’autant plus importante lors de l’accueil de l’enfant au domicile, l’accueillant pouvant être dans une situation d’isolement professionnel. Les espaces jeux offrent l’opportunité : de pouvoir échanger sur les pratiques quotidiennes avec d’autres professionnels (assistants maternels et gardes d’enfant), et ainsi mettre en commun ce qui constitue l’accueil au domicile. Cela peut permettre de sortir de l'isolement professionnel, de l'«enfermement» dans l’espace privé/professionnel avec le ou les enfants accueillis qui peut renforcer le caractère routinier du travail. d’observer l’enfant en situation collective, et donc d’observer le développement de ses compétences sociales. Cette observation permet d'établir une distance avec l'enfant, distance d'autant plus nécessaire quand on travaille seul sans relais possible et quand on a une obligation de surveillance constante; elle est bénéfique à l'enfant pour expérimenter son autonomie mais aussi à l'adulte pour porter un autre regard sur l'enfant et se donner le temps de le regarder agir, se comporter avec ses pairs ou les autres adultes (comment se comportent précisément les enfants dans telle situation, leurs signes de bien être ou de mal être, leur activité, leur concentration. . .). d'établir une distance adéquate avec l'enfant ou de nourrir la relation avec lui à distance pour l'étayer dans ses découvertes et apprentissages ; ce regard attentif et bienveillant lui procurant ainsi le sentiment de sécurité nécessaire à sa construction dans cet environnement collectif et riche de sollicitations. De porter un autre regard sur l’enfant accueilli à travers d’autres professionnels (éducatrices de jeunes enfants ou divers intervenants spécifiques…) et ainsi découvrir d’autres approches du jeune enfant. Faciliter l’accès à l’information, mise en place d’une veille juridique Prendre du recul et se professionnaliser c’est aussi se documenter dans différents domaines : développement de l’enfant, pédagogie, statut, réglementation…. Les informations actualisées relatives aux métiers de l’accueil à domicile sont diffusées à travers un affichage et une mise à disposition des documents. 4 L’animateur de relais peut répondre à toutes les questions d’ordre général. Au niveau statutaire et réglementaire, ce travail est soutenu par une juriste dans le cadre du réseau des Relais assistants maternels de la Haute-Garonne. Si le questionnement est complexe ou plus individuel, le demandeur sera invité à contacter la permanence individuelle du relais. Si certains questionnements sont récurrents, les animateurs du relais pourront organiser des soirées d’information ou mettre en relation les différents professionnels de l’accueil au domicile pour qu’ils puissent se former dans le cadre du droit individuel de formation. Soutenir un processus de formation continue Les compétences professionnelles s'acquièrent et/ou s'enrichissent à travers l'expérience, permettant ainsi à la dimension professionnelle de ce type d'accueil de s'affirmer. L'exercice de ce métier ne peut pas s'appuyer uniquement sur l'expérience maternelle ni sur le simple fait « d'aimer les enfants ». Accueillir de jeunes enfants nécessite des compétences professionnelles spécifiques. Les textes prévoient d'ailleurs que chaque personne qui s'occupe des enfants bénéficie d'une formation de base (formation initiale ou accélérée). Cette formation de base peut être considérée comme un point de départ sur lequel pourront prendre appui les processus de formation continue. Il s'agit ici d'approfondir, de réactualiser et de compléter les connaissances acquises. Il s'agit aussi de confronter ces connaissances aux expériences et aux pratiques mises en œuvre dans le milieu d'accueil. Dans cette perspective, la formation continue contribue au développement des compétences professionnelles de tout un chacun. Elle favorise aussi une amélioration de la qualité d'accueil. Elle constitue dès lors un facteur déterminant dans l'évolution du projet d'accueil. Suivre une formation continue pour actualiser et approfondir ses connaissances peut sembler complexe pour les professionnels de l’accueil à domicile. Pour lever ces freins et susciter les besoins de formation des assistants maternels et gardes d’enfant, les responsables du RAM, à travers affichages, échanges ou encore mises à disposition de documentation…, vont: Proposer une information sur les formations accessibles au secteur de l’accueil individuel : Mise à disposition du catalogue des formations prioritaires, information sur l’offre de formation des centres de formation IFEF Coordonnées des organismes de formation certifiés Repérer des besoins en formation et les mettre en lien avec les différentes formations proposées Faciliter le départ en formation : Informations sur les modalités de départ en formation dans le cadre du DIF Mise à disposition des locaux du RAM pour plus de proximité Favoriser le partage des acquis de la formation avec l'ensemble des personnes concernées Favoriser les liens entre l'organisation des pratiques quotidiennes au domicile ou lors des espaces-jeux et les problématiques abordées en formation. Ces actions sont étendues au delà des espaces-jeux (réunions d’information, questionnaires, sensibilisation du parent employeur au DIF…) 5 Ecoute bienveillante et attentive dans l’expression des difficultés liées à l’exercice des professions de l’accueil individuel. Chaque professionnel cherche à prendre conscience : -de ses valeurs et de ses pratiques de la façon la plus précise possible ; -de ses représentations et préjugés liés aux différences (sexe, cultures, valeurs,...) ; -de ses réactions affectives face aux réalités quotidiennes auxquelles il est confronté dans l'accueil des enfants et de leur famille. Les espaces jeux doivent mettre en place des conditions favorables à ces prises de conscience dans un contexte de non jugement, d’échanges et de remise en question. Lors des espaces jeux, la responsable veille à permettre la confrontation des points de vue entre professionnels à partir des expériences, des connaissances et des pratiques de chacun, ceci dans le respect de la discrétion professionnelle envers l’enfant, sa famille et les autres professionnels et toujours dans l’objectif d’améliorer l’accueil en : Les accompagnant vers un positionnement professionnel, en fonction de ce que chacun est et vit chez lui. Reconnaissant leurs compétences professionnelles et faisant évoluer leurs savoirs acquis par l'expérience. Leur donnant des repères professionnels et leur offrant la possibilité de s'interroger sur des attitudes spontanées. Les amenant à ce qu'ils puissent développer par eux mêmes une démarche de projet d'accueil Lorsqu’une situation est jugée délicate, trop individuelle, non discutable en présence des enfants…, la responsable prendra soin de proposer un temps individuel à l’assistant maternel ou le garde d’enfant et l’orientera vers la permanence individuelle du RAM. III. Proposer un environnement ludique, favorisant l’expérimentation de l’enfant Les recherches ont mis en évidence l'importance de la motricité libre : l'enfant a un besoin fondamental de se mouvoir. Le docteur Emmi Pikler a découvert dans les années 30 à partir de l'observation de l'activité spontanée des jeunes enfants, un développement psychomoteur "physiologique". Les stades de ce développement sont atteints à l'initiative des enfants, sans l'intervention "enseignante" de l'adulte. La liberté motrice consiste à laisser libre cours à tous les mouvements spontanés de l'enfant, sans entrave et sans lui enseigner quelque mouvement que ce soit. (…) Cette maîtrise de leur motricité se répercute sur le développement de toute la personnalité de ces enfants et influence leur développement psychique: ils acquièrent l'assurance dans leur corps ainsi que la prudence et apprennent à réagir avec adresse aux incidents inattendus et chutes qui peuvent accompagner leurs jeux. Ces mouvements participent à la construction d'une sécurité intérieure et d'une conscience de leur propre valeur, de leur compétence. (…) Ces mouvements actifs des enfants dont ils prennent l'initiative, jouent un rôle prépondérant dans le développement de l'intelligence : la connaissance du corps propre mais aussi du monde extérieur et des objets. Ils participent à toute démarche d'apprentissage et donc de connaissance en général. 6 Par l’aménagement de l’espace : Pour répondre au besoin de l’enfant, les espaces jeux sont aménagés de façon à : Assurer la liberté de mouvement de chacun des enfants Seule la position " couché sur le dos " permet de soutenir tout le poids de la tête du bébé. Cette position lui permet de coordonner tous les mouvements de son corps : en effet la surface de sustentation est maximale et le centre de gravité est au plus bas. C'est ainsi qu'en position couchée sur une surface ferme, avec des jouets en nombre suffisant, tous les bébés sont actifs. En outre, quand l'enfant bouge par lui-même, " il choisit pour jouer les positions où il se sent en équilibre, et essaie de nouveaux mouvements avec le peu de déséquilibre qu'il se sent prêt à accepter et qu'il a choisi lui même". C’est pour cela qu’il n’y a pas, sur les espaces jeux, d’objets mettant l'enfant dans une position qu'il n'a pas acquis et ne maîtrise pas par lui-même : Coussins qui maintiennent le bébé assis, trotteur… Les transats seront utilisées de façon exceptionnelle. Respecter l’espace d’activité des enfants Les jeux sont, dans la mesure du possible, présentés dans des « coins », afin que les enfants ne soient pas dérangés par le passage des adultes. Les adultes seront invités à se tenir autour des enfants, et non pas « au milieu », gênant ainsi leur liberté de mouvement. Respecter l’espace sonore est aussi important, pour cela, les adultes seront invités à participer aux mesures pour limiter le bruit. Favoriser l’accessibilité du matériel Par une disposition du matériel qui prend en compte les capacités motrices des enfants : Les objets ou le matériel sont placés dans un espace repérable, toujours le même, pour l'enfant. Ainsi il peut s'en emparer pour voyager, expérimenter, aller à la rencontre d'un autre objet, revenir à un premier,… Pour maintenir ces repères tout au long de la matinée, les adultes seront vigilants à replacer les jeux à leur place quand aucun enfant ne joue avec, à maintenir l’organisation des espaces de jeu, et de permettre à d’autres enfants d’investir les espaces avec intérêt. Offrir simultanément l’accès à différents types d’activité pour répondre aux besoins de chaque enfant -découverte sensorielle (modelage, manipulation, peinture, instruments…) -motricité (toboggan, balles, tunnel, tapis…) -imagination/ imitation (voitures, dinette, poupées, livres…) Chaque enfant doit rester libre de choisir son activité. Pour cela les espaces sont distincts mais non cloisonnées, permettant à l’enfant de « passer » d’une activité à l’autre, sans avoir besoin de solliciter l’adulte. Par le choix du matériel et des activités Le matériel proposé aux enfants sera de natures différentes : Les jeux sensori-moteurs : Ce sont les premiers jeux de l'enfant. Le petit enfant, dés la naissance, va s'exercer à maîtriser ses mouvements et ses gestes ; pour cela, il va répéter sans cesse les mêmes gestes, refaire les mêmes actions. Ces activités vont lui permettre de découvrir son propre corps dans un premier temps puis son environnement immédiat, les objets qui passent sous sa main… Ces jeux procurent à l'enfant un plaisir lié notamment à l'immédiateté du résultat. Les répétitions des actions (par exemple, laisser tomber une 7 balle) vont lui permettre de vérifier ses hypothèses (" si je lâche la balle, elle tombe par terre "). Ces jeux vont permettre à l'enfant de développer ses capacités motrices : marcher, ramper, attraper, tirer, grimper, verser, faire rouler, pincer… Avec le développement du langage, les jeux faisant appel aux mots (jeux de doigt), aux chansons (jeux chantés) viendront s'ajouter aux jeux moteurs. Ces jeux sont l'activité principale de l’enfant de moins de 3 ans. Les espaces jeux privilégient donc naturellement ce type d’activités, par la mise à disposition de matériel « ouvert », permettant une multiplicité d'actions. Des bassines, des paniers, avec une multitude d’objets (balles, couvercles, papiers, tissus, graines, pour remplir, vider, transporter…, de la matière à explorer (pâte à modeler,), des blocs en mousse, que l’on peut empiler, escalader, en toute sécurité… Les jeux symboliques : A partir de 18 mois, l'enfant va jouer à imiter. Dans un premier temps, il imitera ses parents en leur présence : il voudra faire la cuisine avec papa, imitera le grand frère en train de réparer son vélo, la maman lisant son journal… Progressivement, il rejouera ces situations en dehors de la présence de l'adulte. Les actions viendront s'insérer dans des scénarios qu’il construira : il jouera au papa et à la maman, à la nounou, au docteur… Ces jeux symboliques lui permettront de revivre des moments afin de mieux les comprendre. A chaque fois, il modifiera son histoire afin d'essayer, d'expérimenter des nouvelles situations. L'imaginaire trouvera sa place mais s'appuiera toujours sur des moments vécus par l'enfant. Ces jeux symboliques sont d'abord des jeux individuels, même si parfois plusieurs enfants jouent « à coté ». Puis, progressivement, ces jeux pourront devenir collectifs : deux ou trois enfants se mettant d'accord sur une histoire qui souvent évoluera au gré de chacun. Ces jeux de fictions, concernant l’enfant de moins de 3 ans, vont se centrer sur les situations quotidiennes, les jeux proposés représentent des objets du quotidien de l’enfant : dinette, poupées, voitures… Les jeux de construction : Ils se diversifient et se complexifient avec le développement de l'enfant. Dans un premier temps, il s'agira uniquement d'assemblage simple : poser un cube sur un autre, faire entrer une pièce dans un espace prévu (encastrement), construire des pâtés avec de la terre… puis, au fur et à mesure, les cubes, les briques de construction vont permettre aux enfants de s'essayer à des constructions de plus en plus sophistiquées. Par l’attitude des adultes Respecter la créativité de l’enfant La créativité désigne la capacité d’avoir des idées nouvelles et de se servir d’idées anciennes de manières différentes et ingénieuses. Il faut autoriser et encourager celle des enfants. Il a aussi besoin d’expérience pour acquérir les compétences voulues afin de se montrer inventif. Certains enfants expriment leur créativité en associant des mots, des formes ou des couleurs, tandis que d’autres encore le font par leurs propres mouvements. L’enfant qui fait l’expérience du monde par le biais du son, peut apprécier la musique et vouloir créer ses propres chansons. L’enfant plus visuel préférera dessiner et peindre. Si l’enfant se sert de ses mains pour découvrir les objets, l’argile et la peinture au doigt seront peut-être ses activités favorites. S’il aime bouger, peut-être aimera-t-il surtout s’exprimer en dansant, en courant et en grimpant. 8 « L’enfant peut créer sans autre matériau ou équipement que la seule vivacité de son imagination. C’est en jouant librement et spontanément que certains enfants font preuve de la plus grande créativité. »3 Limiter les activités dirigées « L’intervention directe de l’adulte au cours du jeu de l’enfant est souvent déterminée par l’idée d’une domestication possible de l’attention de l’enfant. Ce manque de confiance dans le fait qu’il pourrait développer de façon spontanée et par lui-même ses capacités d’attention, est à l’origine du choix de certains actes professionnels allant à l’encontre du développement de l’activité autonome de l’enfant, comme l’organisation souvent trop précoce pour ne pas dire prématuré d’activités dirigées. Les activités dirigées sont celles entièrement menées par l’adulte. Accorder de l’importance aux activités libres, c’est favoriser le jeu autonome et l’autorégulation de l’attention. Ne proposons pas trop tôt d’activités dirigées, elles ne correspondent pas aux besoins de l’enfant avant l’entrée à l’école maternelle. Même si l’adulte intervient d’avantage lors de ces activités, il ne fait pas à « la place » de l’enfant. Il joue là un rôle de guide, de soutien. L’important reste le plaisir que l’enfant et l’adulte prennent à faire l’activité. Les activités à règles peuvent être introduites à partir du moment où l’enfant est capable d’intégrer les consignes, (…). L’intérêt est que l’enfant puisse mener ces activités de façon autonome Cette tendance à vouloir sur occuper les enfants de peur qu’ils ne s’ennuient appauvrit leur créativité et empêche l’autorégulation de l’attention »4 IV. Offrir un espace sécurisant pour favoriser la socialisation de l’enfant Chez les tout-petits, la socialisation passe nécessairement par un lien d’attachement à l’adulte qui apporte la sécurité de base. L’enfant n’est pas encore prêt à être confronté à des situations collectives où il entre véritablement en relation ; c’est d’abord au contact de l’adulte, puis sous son regard, enfin, avec la confiance qu’il lui a accordé qu’il va pouvoir s’ouvrir au monde qui l’entoure, se sentir en confiance et en sécurité dans un nouvel environnement, auprès d’un groupe… Par l’aménagement de l’espace : Les animatrices du RAM veillent à ce que l’espace soit aménagé de façon à : Garantir une présence de l'adulte de manière à assurer une sécurité psychique et physique des enfants L'enfant a besoin de proximité et de réconfort. Dans une situation qui l'insécurise, il cherche à se rapprocher de son adulte de référence, parent, assistant maternel (il le suit, s'agrippe à lui, demande à être porté, embrassé et câliné). Il est essentiel que l’adulte accepte la proximité physique car elle sécurise l'enfant. A d'autres moments, l'enfant cherche au contraire à s'éloigner de l’adulte. Sa préoccupation principale est, à ce moment, de découvrir le monde qui l'entoure. Il importe que l’adulte le permette et l’encourage. Il retire ainsi un sentiment de 3 T. Lubart, A.-Y. Jacquet et C. Pacteau, « Art des enfants, enfance de l'art ? », La Recherche, « La naissance de l'art », hors série, n° 4, novembre 2000. 4 Régine Demarthes « Quand un enfant s'ennuie », Enfances & Psy 3/2001 (no15), p. 50-57. 9 confiance qui lui permet de se sentir protégé tout en pouvant interagir avec l'autre et avec des objets. Cependant, il arrive que subitement, l'enfant, bien qu'absorbé par ses découvertes, éprouve le besoin de revenir chercher auprès de l’adulte un peu de réconfort : cela peut être le cas notamment lorsqu'il est fatigué ou lorsqu'il a peur. Le fait de rechercher la proximité et le contact (comportement d'attachement) montre que l'enfant a besoin qu'on l'aide pour se sentir en sécurité. Le fait de s'éloigner (comportement d'exploration) suggère que l'enfant se sent suffisamment en confiance et en sécurité, qu'il privilégie les nouveautés. L'enfant a une bonne sécurité de base quand on observe qu'il équilibre ses comportements d'exploration et d'attachement. Cette sécurité de base qu'il intériorise progressivement devient une composante stable de sa personnalité. L'espace de vie et l'organisation sont conçus de telle façon que les bébés ont accès au regard de l'adulte : le tapis des bébés se situe au cœur de l’espace jeux. En ce qui concerne les grands, l'organisation est prévue pour qu'ils puissent, soit jouer en proximité directe de l’adulte, soit dans une autre pièce et pouvoir rejoindre l'adulte sans entraves s'ils en éprouvent le besoin… Les espaces de jeu ne sont pas cloisonnés. Les adultes seront invités à se mettre à la hauteur des enfants, restant en tout moment disponibles pour eux. Le coin « café » des adultes n’est pas séparé de l’espace principal de jeux, permettant aux enfants et adultes de ne pas « se perdre de vue », de la même façon, les adultes éviteront les déplacements intempestifs, provoquant parfois un sentiment d’insécurité chez les enfants. Chaque professionnel veille à ce qu’aucun enfant ne soit seul (sans adulte) dans une des pièces du RAM. 5 Offrir des repères dans l’espace L’espace jeux est organisé en « coins jeux ». Même si ces différents coins évoluent au fur et à mesure, en fonction des groupes et des besoins des enfants, ils restent sensiblement les mêmes d’un accueil sur l’autre. L’enfant sait quels jeux il va retrouver, et à quelle place… Pour maintenir ces repères tout au long de la matinée d’accueil, les adultes seront vigilants à replacer les jeux à leur place quand l’enfant ne joue plus avec. Favoriser les interactions entre enfants Plusieurs facteurs, en collectivité d’enfants participent à renforcer les interactions entre enfants, notamment les interactions positives nécessaires à la socialisation : Avoir accès à des « coins refuge » S'isoler permet à l'enfant de se ressourcer et mieux s'investir par la suite dans l'interaction, dans l'activité…ou dans l'observation… Veiller à ce que le matériel soit en nombre suffisant Pour tous les enfants, et en veillant à ce qu'il y ait plusieurs exemplaires du même objet ; « l’intérêt pour le partenaire augmente fortement et les interactions positives sont multipliées par quatre quand les enfants disposent d’objets semblables. Ils développent dans cette situation de nombreuses et joyeuses interactions imitatives, alors qu’ils ont encore peu de moyens (jeux complémentaires, échanges verbaux) avant l’âge de 3 ans pour jouer ensemble avec des objets différents. »5 Proposer un matériel propice aux interactions Les jouets médiatisent la plupart des échanges entre jeunes enfants, en particulier dans le contexte de vie collective ; les jouets moteurs incitent davantage l’enfant à observer les autres enfants et à interagir avec eux. Au cours des différentes J. Nadel « imitation et communication entre jeunes enfants », PUF, 1986 10 études menées sur la socialisation de l’enfant, « les gros équipements du type toboggan, blocs en mousse à grimper, piscine à balles, sont systématiquement pointés comme étant les meilleurs supports pour les interactions entre enfants, et spécialement pour les interactions positive »6 Garantir la disponibilité de l’adulte En tant que régulateur des interactions entre enfants ; les interventions de l’adulte doivent encadrer le jeu de l’enfant pour souligner ce qui est possible et ce qui est interdit. Vivre avec les autres enfants engendre des émotions, des frustrations, des conflits … Les adultes sont attentifs au déroulement des situations et peuvent, le cas échéant, intervenir notamment quand le rapport de force est déséquilibré. « Seulement sous le regard bienveillant des adultes, les situations de conflit entre enfants peuvent évoluer vers de la coopération »7. Organisation de l’espace jeu : Limitation du nombre de personnes dans l’environnement de l’enfant « L'enfant ne s'épanouit que dans la sécurité psychique des liens qu'il tisse petit à petit avec celui qui l'accueille et les autres enfants. Ce tissage ne peut se faire qu'avec un petit nombre d’adultes, (…) mais aussi d'un groupe d'enfants le plus stable possible. Un tel lien sécurisant est indispensable non seulement au bien-être immédiat du petit mais aussi au lent processus de la socialisation »8 Pour chaque espace jeux, le groupe d’adultes et d’enfants est déterminé en début d’année scolaire (sur inscription des professionnels), et reste sensiblement le même. Il y a, sur le RAM, plusieurs responsables mais la même référente est présente sur chaque accueil pour toute l’année scolaire. En dehors des personnes inscrites sur l’espace jeux, aucune personne étrangère n’est autorisée à venir sur le lieu d’accueil. Adapter l’environnement sonore Dans une collectivité d’enfants trop bruyante, avec un brouhaha incessant, les enfants peinent à communiquer avec les autres. Davantage de comportements de repli, d’agressivité, une communication verbale limitée et, par conséquent, une socialisation moindre sont observés9. Au sein de l’espace jeu, l’animatrice et les assistants maternels s’efforceront, pour limiter les effets néfastes du bruit de: veiller à la réduction du nombre de personnes dans un même espace limiter au maximum le volume de la voix parlée Proscrire les interventions à distance avec l’enfant (lui parler le plus près possible et à sa hauteur). Règles limitées et compréhensibles pour les enfants Le jeune enfant n'est pas d'emblée en mesure d'intégrer (au sens de pouvoir les mettre en œuvre) les règles de vie, d’autant plus au sein d’un groupe. Il importe de les lui répéter patiemment, en situation. Les professionnels adoptent au quotidien à l'égard des enfants des attitudes cohérentes avec les règles de vie qui s'appliquent aux enfants. 6 Anne-Marie Fontaine « Écologie développementale des premières interactions entre enfants : effet des matériels de jeu », Enfance 2/2005 (Vol. 57), p. 137-154. 7 RAYNA, S. « Comment les jeunes enfants organisent-ils leurs jeux ensemble ? », Dialogue, 1993. 8 À la rencontre des enfants Repères pour des pratiques d'accueil de qualité (0 - 3 ans)-ONE.BE. 9 Chantal Grosléziat, « Lieux d’accueil, lieux d’écoute ? »ed.Eres 2004 11 Le professionnel adopte lui-même en toute situation les attitudes et comportements sociaux attendus, tant vis-à-vis de l'enfant que des autres adultes. Lorsque l'enfant est capable d'intégrer les règles, le professionnel le sollicite : En s'adressant à lui personnellement, en situation ; En lui présentant une règle à la fois; En se référant au sens (respect de soi, des autres, du matériel, de l'environnement) et non comme une simple conformité à une règle ou à une attente de l'adulte. Possibilité de moduler le temps de présence de l’enfant Les adultes sont incités à repérer et prendre en compte les signes de malaise au sein de l’espace jeu (pleurs, apathie, retrait…) en vue d'en réduire autant que possible les causes ou d'agir pour permettre à l'enfant de les vivre avec moins de difficultés. Le professionnel ajuste le déroulement de la matinée en fonction des signes observés, même discrets chez un enfant (fatigue, faim, douleur, …) voire en fonction des circonstances particulières. Les espaces jeux sont ouverts de 9h45 à 11h45, les professionnels ont la possibilité d’ajuster leur temps de présence en fonction des signes observés, même discrets chez un enfant (fatigue, faim, anxiété, …). Ils peuvent quitter le lieu à tout moment, afin de respecter les besoins des enfants accueillis. 12 Bibliographie Chantal Fleury et Nathalie Loutre-Du Pasquier Accueillir le jeune enfant. Un cadre de référence pour les professionnels (ERES, 2011) Accueillir les tout-petits, oser la qualité, un référentiel psychopédagogique pour des milieux d'accueil de qualité, Bruxelles, Ed ONE-Fonds Houtman, 2002. FILLIOZAT, I., Au cœur des émotions de l'enfant, (Lattes, Marabout, Paris, 1999) LIEBERMAN, A., La Vie émotionnelle du tout- petit, (Odile Jacob, Paris, 1997) MARTINAUD-THEBAUDIN, K., Langage et lieux d'accueil, (ERES, 2004) RAYNA, S. Comment les jeunes enfants organisent-ils leurs jeux ensemble ?, Dialogue (2ème trimestre), 1993. STAMBAK, M, BARRIERE, M., BONICA, I., MAISONNET, R., MUSATTI, T., RAYNA, S., VERBA, M. Les bébés entre eux, découvrir, jouer, inventer ensemble (PUF, 1983) TARDOS, Anna Les tâches de l'adulte concernant l'activité ludique des enfants, (Association Pikler Loczy de France, 1975) TARDOS, A., VASSEUR-PAUMELLE, A., Règles et limites en crèche, acquisitions des attitudes sociales, paru dans le Journal de pédiatrie et de puériculture n° 7, 1991. TARDOS, A., SZANTO, A. Qu'est-ce que l'autonomie dès le premier âge ? (L'enfant, ONE, 1984) Anne-marie Fontaine, Virginie Grygielski Développement des interactions entre pairs à la crèche : Rôle des matériels de jeu (L’enfant dans le lien social, Eres, 2003) Suzon BOSSE-PLATIERE, Anne DETHIER, Chantal FLEURY, Nathalie LOUTRE-DU PASQUIER Accueillir le jeune enfant : quelle professionnalisation ? Ed. ERES - coll. CNFPT 13 Annexes 14 15 16 17 18 19 20