2014-11-04 mouettes.pages
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7475 Les Mouettes spectacle anniversaire 14+15 novembre 2015 beausobre 20h « c’est quoi vieillir ? m’a demandé ma nièce. c’est quand tu ne peux plus toucher ton pied avec la main en tendant la jambe, je lui ai répondu. » le projet mettre en scène le chœur mixte les mouettes lors de leur spectacle annuel, au cours duquel ils sont accompagnés de leur groupe de danse folklorique et du groupe d’enfants les zizelettes. ce spectacle annuel marquera également l’anniversaire de leurs 75ème année d’existence. ma proposition est de mêler folklore vaudois et culture contemporaine. note d’intention lorsque l’on m’a proposé de mettre en scène les mouettes, j’ai d’abord été bien perplexe. qu’est-ce que je pourrais bien apporter à un groupe de 75 ans, alors que j’en ai moi-même moins de la moitié ? puis j’ai été touché par leur motivation, par ce désir très vif de sortir de leur zone de confort, de découvrir de nouveaux horizons. le cahier des charges est complexe, sinon paradoxal : comment réactualiser des disciplines centrées sur la conservation d’un patrimoine culturel ? je propose d’emmener le spectateur sur deux axes. le premier, celui de la déconstruction, permettra de mettre en exergue les spécificités des costumes, des pas de danse ou de certains airs significatifs. le second est performatif : je veux montrer ces gens, ces corps qu’on n’a pas l’habitude de voir sur une scène, dans leur simplicité et leur humanité, sans tricher, sans cacher. parce que la vie associative – et peut-être bien toute vie culturelle – repose "simplement" sur la passion de gens comme eux. ils sont précieux ! inspirations la chanson seventy-four seventy-five (ou 74 75) de the connells est le premier slow sur lequel j'ai dansé. à l'époque, dans les années 90, chacun des élèves de ma classe de primaire organisait, pour son anniversaire, une "boum" dans le sous-sol de son immeuble. sa maman prévoyait quelques boissons sans alcool et des chips, un papa amenait des "spots" de couleur – à l'époque les rôles étaient encore stéréotypés ! – et il y avait une stéréo sur laquelle on passait des cd… l'un d'entre eux, c'était ring de the connells, sur lequel il y a donc 74 75. à l’époque, je ne comprenais pas les paroles de cette chanson. aujourd'hui, je peux les lire sans problème car j'ai appris l'anglais et on les trouve facilement sur internet – outil qui était encore inconnu quand j’avais dix ans. mais même après avoir lu trois fois les paroles, je ne comprends toujours pas bien de quoi parle cette chanson. je sais seulement qu'elle est empreinte de tendresse et de nostalgie. c'était mon premier slow, et maintenant, je fais danser sur cette musique des messieurs et des dames plus âgés que mes parents. et si c'était leur dernière danse ? non, je ne souhaite pas être macabre, comprenez-moi. je veux les faire danser, profiter de la vie pleinement, sans tabou, comme si c'était notre dernière danse à tous. tendresse et nostalgie… de la tendresse d'abord pour ces corps usés, burinés, que le temps a patiemment façonnés. pas de pitié ni de moquerie, juste de la tendresse pour ce bébé qui a grandi, puis a séché. tendresse pour ce regard vif, sans âge et immortel, enfoui dans ce corps – notre corps d'humains, dont nul ne sort. l'âge est la destination de toute vie qui vit. nostalgie, aussi, parce que le passé disparaît tout le temps. il nous coule entre les doigts, il file plus vite qu'un torrent. il emporte les amours, les folies, les bêtises de jeunesse et les vieilles rancunes. à tout anniversaire se mêlent la joie, la fête, la musique, mais aussi une part, même infime, de douce nostalgie. enfin, et ce n'est pas négligeable, 74 75 est un tube pop rock, de quoi apporter un petit vent de fraîcheur au folklore vaudois – une "fraîcheur" qui a déjà vingt ans ! alain guerry novembre 2014 2 un hommage à pina bausch à qui me dit spectacles de vieux – pardon, il faut dire expérience scénique faisant participer des aînés – à qui me dit, donc, de mettre en scène des "seniors", je réponds kontakthof. cette pièce de la grande chorégraphe pina bausch est extrêmement touchante parce qu’elle ose montrer, en les stylisant, des actions de la vie quotidienne de ces aînés. et malgré leur lenteur, leur maladresse, ils bougent ! ces gens sont beaux, touchants, étonnamment jeunes. je me dis même, à les voir, qu’il n’y a pas de sens à opposer jeunesse et vieillesse. nous sommes tous faits du même bois, et tous habités par la sève du désir. mon objectif est donc de travailler avec les interprètes à trouver et styliser des gestes en lien avec leur pratique de chant et de danse, ceci afin (1) de souligner l’originalité de ces disciplines qu’on a tendance à ranger un peu trop vite au rang de curiosités ancestrales (2) de mettre en valeur des gens, des corps, des individualités que je n’ai pas l’habitude de voir sur scène. un hommage à émile jaques-dalcroze dalcroze n’est pas seulement le père de la rythmique, il est aussi un des précurseurs de la pédagogie et de la musique contemporaines. un suisse de talent… l’année 2015 marque les 150 ans de sa naissance, encore un anniversaire ! les mouettes et leur talentueuse directrice marie reymond-bouquin formée à l’institut jaques-dalcroze ont naturellement choisi d’interpréter une sélection de ses œuvres, reconnues pour leurs grandes qualités. quelques mots sur le décor… à discuter ! il ne s’agit pas ici de faire encore un hommage, mais de rappeler la grande complicité qui a réuni dalcroze à adolphe appia, un autre suisse de talent, qui a révolutionné la scénographie. il a inventé un nouveau langage visuel pour le théâtre, à grand renfort d’escaliers, de formes géométriques et d’ombres. voici quelques dessins d’appia pour hamlet en 1959 : alain guerry novembre 2014 3 si ce n’est pas possible pour des raisons pratiques, je propose de trouver beaucoup de vieilles chaises de bistrot (brocante) et de les disposer au fond de la scène. sur le mur du fond, nous pourrions accrocher des tableaux prêtés par les membres des mouettes. ce serait un clin d’oeil à kontakthof. alain guerry novembre 2014 4