Ils sont forts des romains!
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Ils sont forts des romains!
Ils sont forts ces Romains ! Atelier scientifique du Collège Montagne Noire Chemin de Bellegarde 81290 LABRUGUIERE Mr GUILLAUME Gérald (Technologie) Mme LEBARBIER Marie-Paule (SVT) 1 - Présentation de la problématique : La séance commence par la projection d'un film retraçant l'historique de la construction du Colisée à Rome. Lien du film : Bâtisseurs de génie – Rome. Le film met en place la taille du colisée et les moyens de construction de l’époque. Le Colisée mesure à l’extérieur 189 m de long et 156 m de largeur, avec une superficie de 6 ha. La hauteur de la paroi extérieure est de 48 m. Le périmètre d'origine mesure 545 m. L'arène centrale est un ovale de 86 m de long et 54 m de largeur, entourée par un mur de 4,5 m de hauteur, qui s'élève jusqu'au niveau des premiers gradins. Il est construit entre autre à partir de blocs de travertin, pierre calcaire, montés sans mortier mais reliés entre eux par des agrafes de fer. Certains blocs de pierre pèsent environ 2500 kg Le film va s’arrêter sur le commentaire suivant à 6mn23 du début de la vidéo: Comment les romains ont-ils fait pour hisser des blocs dont certains pèsent 2500 kg à plus de 50 mètres de hauteur ? 2 – Émettre des hypothèses pour répondre au problème scientifique : Chaque élève complète une carte d’exploration. On écrit autour du problème toutes les hypothèses possibles pour résoudre notre problème. Voici nos idées : des poulies un bras de levier des pentes un moulin qui enroule une corde démultiplication des forces des roues des engrenages la force humaine l'air l'eau la vapeur d'eau Après mise en commun et discussion autour des hypothèses formulées, trois hypothèses seront retenues. Avec des poulies Avec des engrenages Avec un moulin À partir de là, trois groupes d’élèves vont se mettre en place pour travailler chacun sur une des trois hypothèses énoncée : Hypothèse, ils ont soulevé les blocs avec des engrenages: Hypothèse, ils ont soulevé les blocs sur les poulies Hypothèse, ils ont soulevé les blocs avec un moulin. Premier groupe : hypothèse avec des engrenages: « Je suppose que les engrenages peuvent multiplier la force humaine. » Descriptif de l'expérience : Nous allons mettre des engrenages du plus petit au plus gros et vérifier si la force du départ est plus grande ou plus petite que la force obtenue à l'arrivée Deuxième groupe : hypothèse sur les poulies « Je suppose que les poulies peuvent multiplier la force humaine. » Descriptif de l'expérience : Nous allons commencer par utiliser une poulie et voir si on arrive à démultiplier la force humaine. Pour cela on va utiliser des masses que l'on va accrocher à une corde. Est-ce que une petite masse de 500g peut soulever une masse plus lourde de 2Kg ? Troisième groupe : hypothèse avec un moulin. « Je suppose que le moulin va pouvoir nous aider à soulever des masses importantes » Descriptif de l'expérience : Une corde va s'enrouler autour de l'axe de la roue du moulin. Cette corde va passer par une poulie pour soulever la charge. 3 – Vérifier les hypothèses par l’expérimentation : Premier groupe : hypothèse avec des engrenages: « Je suppose que les engrenages peuvent multiplier la force humaine. » Expérience : Commentaire : On observe que les masses suspendues sur le premier engrenage et sur le dernier engrenage sont les mêmes. Dans notre manipulation, on peut constater qu'une petite masse en entrée du système ne pourra pas soulever une masse plus importante en sortie du système. Conclusion : Les engrenages permettent de transmettre, de multiplier ou de diviser un mouvement mais pas de multiplier des efforts. Notre hypothèse ne résout pas à notre problème. Deuxième groupe : hypothèse sur les poulies « Je suppose que les poulies peuvent multiplier la force humaine. » Expérience 1: Commentaire : Dans notre manipulation on peut s'apercevoir qu'une poulie ne permet pas de multiplier l'action d'une masse suspendue. En effet on peut constater qu'il faut la même valeur de chaque côté de la poulie pour obtenir l'équilibre. Il faudrait de nombreux romains suspendus à la corde d'une poulie pour pouvoir soulever une pierre de 2500 Kg. Conclusion : La poulie seule ne suffit pas, nous allons essayer avec plusieurs poulies ou une combinaison de poulies. Avec une seule poulie Troisième groupe : hypothèse avec un « moulin ». « Je suppose que le « moulin » va pouvoir nous aider à soulever des masses importantes » Expérience : La petite masse et la grande sont en équilibre. Action : La petite masse soulève la grande masse Commentaire : On peut s'apercevoir : 1. une petite masse permet d’équilibrer une masse plus importante. 2. lorsque l'on déplace la petite masse sur le levier jaune, on l'éloigne de l'axe, la petite masse soulève la grande. Conclusion : Le système utilisant un levier peut être retenu pour permettre à un romain de soulever une pierre de 2500 Kg. Mais quelle est la différence entre la masse et le poids ? Pourquoi parle-t-on de forces exercées ? Le poids (P) dépend de la gravité. La gravité (g) est différente selon l’endroit où l’on se trouve : la Terre, la Lune, Mars, près de la mer, en altitude…. On considère que sur Terre elle est égale à 9.8 soit 10. La formule qui relie le poids (P) et la masse (m) est : P=mxg En Newton En Kg Dans nos expériences, nous avons pris une masse de 500g = 0.5Kg. Donc P = 0.5 x 10 = 5N Le poids correspond donc à la force exercée par cette masse de 5N. On représente une force par une flèche. Elle montre le sens vers où va la force et la longueur de la flèche indique l’importance de la force. Plus la flèche est longue, plus la force exercée est importante. 4- Nous retenons donc 2 systèmes pour résoudre notre problème. Étude de ces systèmes Avec des poulies, des palans Avec un moulin, un bras de levier Première étude hypothèse avec plusieurs poulies, des palans: Nous avons vu que plus il y a de poulie en jeu, plus la masse nécessaire pour soulever 500gr est faible mais par contre plus la longueur de ficelle à déplacer est longue Modèle avec 3 poulies (palan) Pour mieux « sentir » et comprendre le système des poulies, nous avons exercé notre propre force ! C B B’ C’ Principe du tir à la corde : 2 bâtons sur lesquels est enroulée une corde. Le bâton sont tenus par 2 élèves (BB’): 2 élèves exercent une force sur un bâton (CC’). 1 élève tire sur la corde dans l’autre sens. (Flèche rouge) Le but : l’élève tirant sur la corde doit obliger les 2 bâtons à se rapprocher, contrant ainsi la résistance des 2 x deux élèves. Plus on augmente le nombre de tours de corde, plus il est facile de déstabiliser les élèves qui tiennent les bâtons et cela qu’elle que soit la masse des élèves. Tout le monde a essayé, et on a bien ressenti que plus il y avait de tours de corde, plus il est facile de déplacer une masse. Comme pour les poulies ! Les explications de Grégoire. Croquis permettant de comparer la poulie avec le tir à la corde. Deuxième étude par le calcul, le « moulin », le bras de levier : La bascule permet d’illustrer et de comprendre plus facilement la notion de bras de levier Problème : Où doit s’asseoir le père afin que l’enfant puisse soulever le père et qu’il puisse jouer ? Recherche du point d’équilibre Après des essais avec différentes masses : Découverte de la formule du mouvement Mesure des distances Une remarque de Clément Suite à ce calcul Clément pose la question suivante : " C'est bien beau tout cela mais comment on fait quand le levier est arrivé en bas, quand il touche le sol ?" Pour trouver la réponse, on projette un bas-relief trouvé dans la tombe d'un maçon romain. Sur ce bas-relief on distingue nettement des ouvriers, des palans et, une roue. La réponse de Clément est là ! Après observation de la roue utilisée par les Romains, représentée sur le bas-relief, nous décidons d’essayer de la réaliser avec des objets simples afin d’éprouver la Expérience : compréhension du système observé. Nous prenons un petit seau pour faire la roue (tant pis pour le seau !). Nous perçons le seau en son centre et on y rentre un tube en plastique. Nous regardons que le seau et le tube tournent ensembles et sont donc bien solidaires. On fixe une poulie sur un support. On attache la corde à une extrémité du tube, on passe la corde par la poulie et on accroche une masse de 500g. Notre système est déséquilibré d’un côté et nous sommes obligés d’appuyer sur l’autre extrémité du tube afin de faire contre poids. Ruben propose de mettre 2 poulies et 2 cordes : « on attache une corde à chaque extrémité du tube et le système sera en équilibre » Exécution et ça marche. Grégoire et Simon explique : « On a vu que plus on met de corde, moins la masse est lourde. Si on soulève une masse avec Notre système rudimentaire 2 cordes, on divise par 2 la masse à soulever. Chaque corde fonctionne et maintenant tout le porte la moitié de la masse. » monde se représente bien le Chaque élève manipule la roue afin de « sentir » qu’il faut système réalisé par les peu de force pour soulever la masse. Romains ! On augmente les masses et on sent bien que la force exercée par la main reste faible. De la balance à la roue : Plus on éloigne la masse de l’axe, plus le mouvement exercé par la roue soulève la masse accrochée au bout de la corde (que l’on ne voit pas sur les photos). Mais notre axe sur lequel s’enroule la corde a un rayon trop petit pour bien observer la différence des mouvements. Et par le calcul ! Si comme les Romains, on utilise une roue de 4m de diamètre, quelle charge peut soulever un homme de 80 Kg ? Pour une roue de 17 cm de diamètre, soit 8.5 cm de rayon, il faut une masse de 20 g pour soulever une masse de 500g, soit 500/20 = 25 fois plus lourd. Donc avec une roue de 4m de diamètre soit 2m de rayon, un homme de 80Kg peut soulever 80 X 25 = 2000Kg Conclusion : Donc pour soulever une pierre lourde, il faut utiliser 2 systèmes : Une roue : Plus le rayon de la roue est important plus le piéton peut soulever de lourdes charges en fournissant un effort minimum. Des poulies : La masse a soulevé est divisée par le nombre de poulies que l’on met. La représentation du mouvement exercé par le bonhomme (piéton) sur la roue. ||M roue|| = ||F piéton|| X R roue M1 = « Mouvement » due à la force exercée F = force exercée par le piéton R = rayon de la roue Comme pour la balançoire, plus le rayon de la roue est grand, plus la force exercée par le piéton peut être faible pour soulever une même masse. 5 – La fabrication de notre machine de levage Suite à toutes nos expériences, nous avons fait ensemble un croquis de la machine. Nous avons fait ressortir les contraintes à respecter sur notre maquette pour utiliser le bras de levier, les poulies, pour déterminer les différentes dimensions afin d’établir un mini cahier des charges fonctionnel permettant de réaliser une maquette réaliste. La représentation schématisée de notre système avant la construction au 1/10ème. La conception de la roue : Avec le logiciel SolidWorks nous avons réalisé une représentation 3D en utilisant comme échelle 1/10ème Soit un diamètre de 400 mm pour la roue. (Nous avons pris pour base de notre conception, la taille d’un romain à l’intérieur de la roue.) La réalisation de la roue Les 2 côtés de la roue de 400 mm de diamètre, sont réalisés avec des lattes de samba. Les lattes sont cintrées sur une forme circulaire (voir image ci-dessous) et collées. (lamellé-collé). La partie centrale, dessinée avec SolidWorks par notre professeur et ensuite réalisée avec l’imprimante 3D Ce moyeu va maintenir l’axe et les rayons de la roue. Un coté de la roue avec son moyeu et ses rayons. La réalisation du moyeu de l’axe de la roue : Vue 3D du moyeu avant impression Impression du moyeu Pour toutes les pièces nous avons utilisé comme référence le dessin 3D SolidWorks de notre machine. Celle-ci a été réalisée par notre professeur à partir des choix de conception fait en classe. Nous avons dessiné avec notre professeur quelques pièces simples (roue, rayons, …). Maquette numérique de la machine de levage. Situation de notre projet. A l’heure actuelle nous poursuivons la réalisation de notre maquette en espérant pouvoir ensuite démontrer concrètement les résultats de notre étude. Nous pourrons ainsi démontrer que les romains ont réussi à soulever les blocs nécessaires à la réalisation du colisée avec un engin de levage utilisant : Des poulies, des palans et des cordes, Une roue mettant en valeur le bras de levier. Résumé du projet « Ils sont forts ces romains !» Public concerné : Le collège Montagne Noire est un collège de 490 élèves situé n milieu rural, en zone d’éducation prioritaire. La population est très hétérogène avec des enfants de milieu socio culturel faible pour qui l'école est le seul moyen d’ouverture vers différents projets culturels. Cette ouverture est amenée à travers les axes du projet d'établissement, soit dans les classes (Classe CHAM) ou par le biais d'ateliers (Chorale, Photo et cinéma, scientifique...) L’atelier scientifique est ouvert à tous les élèves du collège. Cette année, nous avons 10 élèves de 6° et 5° inscrits, à raison de 1h par semaine. But de l’atelier « Ils sont forts ces Romains ! » Le but était d’amener les élèves à partir d’un problème simple, de retrouver par l’observation, la manipulation, la confrontation des idées les notions de multiplication de forces. Comment à l'époque romaine a-t-on réalisé des monuments du type Colisée, comment a-t-on fait pour hisser des blocs de plusieurs tonnes à des hauteurs impressionnantes ? Le point de départ de l'AST sera une vidéo sur la construction du Colisée, retraçant les énergies disponibles à cette époque. Les élèves se retrouvant confrontés au même problème que les Romains. Objectifs pédagogiques: S’approprier la démarche scientifique étudiée en classe dans une situation concrète, en laissant les élèves se questionner, se tromper, confronter leurs idées, chercher ensemble des solutions. Cette démarche prend du temps et est souvent fractionner lors des apprentissages en classe alors qu’ici elle est appréhender dans sa totalité et avec du sens. L’erreur n’est plus un obstacle et synonyme de « mauvaise note », mais au contraire mobilisée et utilisée pour aller de l’avant. Les enseignants sont là pour cerner les questions, apporter des pistes ou des documents, relancer les discussions afin que les élèves progressent sans se décourager. Tout en jouant et en manipulant les élèves découvrent des notions de mécanique et retrouvent des formules qu’ils n’étudieront qu’en lycée : les forces, les mouvements, la transmission… Objectifs transversaux : Découverte et réinvestissement des notions vues en technologie, physiques et mathématiques et histoire. Lien avec le parcours de découverte des métiers et formations : Tout au long du projet, nous avons ouvert des discutions sur différentes études et métiers portant sur ce thème. Les Compétences du socle commun sont mises en pratiques : Compétences sociales et civiques : Retrouver les capacités de chacun que l’on met au service de tous. Partage et entraide. S’écouter, se respecter. Critiquer. Les Compétences du socle commun sont mises en pratiques, suite : Compétences liées aux sciences et mathématiques : Chercher des réponses ou des solutions à des problèmes d'ordre technique ou scientifique. Rechercher, extraire et organiser l'information utile. Se donner des méthodes de travail efficaces. Mobiliser des acquis en sciences et mathématiques, ainsi que des notions de physiques inconnues pour le moment chez ces élèves de 6°, 5°. Notion d’échelle. L’usage des Tices : Utilisation de moyens technologiques : Logiciels …., imprimante 3D. Notion de mesures : La masse et le poids. Notion de gravité. Les unités de mesure. Histoire des sciences et technologie. Le projet : Situation d’entrée : soulever des blocs lourds en utilisant les moyens de l’époque. Histoire des moyens techniques existant à cette époque et comparaison avec l’actuel. Formulez des hypothèses sur une carte d’exploration : cette représentation en cercle autour de la problématique amène les élèves à émettre un maximum d’idées, beaucoup plus que lorsqu’on leur représente en ligne. Valider les hypothèses par des expériences simples. Toutes les hypothèses sont discutées puis celles qui sont retenues sont validées ou non par les expériences. Lors des expériences, il est important de bien cibler ce que l’on veut prouver ; les élèves travaillant sur les engrenages, avaient ajouté engrenage et poulies. D’où une discussion autour de leur réalisation afin que chacun comprennent l’intérêt de bien cerner ce que l’on veut vérifier. Le rôle des enseignants a été d’amener des notions sous forme de jeux concrets et bien connus des élèves: le jeu de la balançoire pour amener la notion de bras de levier. Le jeu du tir à la corde afin d’amener la notion de poulies, de palan. À partir des différentes observations sur ces jeux, ils ont pu faire le cheminement et transposer sur des systèmes mécaniques concrets apportant la solution à leur problème, et retenir 2 solutions. Évaluation du projet : La réalisation de la maquette à l’échelle. À partir de l’observation et des expériences effectuées, pourra-t-on soulever une masse lourde grâce à la force d’un seul homme ? Il est toujours étonnant de voir que ces très jeunes élèves qui n’ont aucune notion de physique, peuvent intégrer et restituer à tout moment du projet ces notions difficiles. Certains de ces élèves ont même eue des questions très pertinentes que nous n’avons pas traitées par manque de temps, comme les forces de frottements, la position de la poulie par rapport à la roue, le diamètre de l’axe de la poulie et le mouvement appliqué par la corde qui s’enroule sur cet axe…