L`eau sabotée – AIX 1706 Apparition et disparition de l`eau thermale
Transcription
L`eau sabotée – AIX 1706 Apparition et disparition de l`eau thermale
L'eau sabotée – AIX 1706 Apparition et disparition de l'eau thermale L’affaire des eaux du Barret Extrait du livre de Henri-Marc Becquart – édition Jeanne Laffitte « Les eaux d’Aix en Provence » Le CIQ recommande vivement la lecture de cet excellent et passionnant ouvrage. En 1706, la ville se trouve subitement privée de la jouissance de ses eaux chaudes : la fontaine des Bagniers ne coule plus. Quant à l'établissement thermal tout juste construit dans la fièvre générale, il n'offre pratiquement plus d’ eau : la source des bains est descendue à 1,4 litres/seconde "5 à 8 cabines sont a sec" (1707). La stupeur fait place à l'inquiétude car personne ne peut clairement en déterminer la cause. Cette affaire donne lieu à l'un des procès les plus longs mais aussi le plus retentissant de la ville. Un certain Gensollen en a retracé les principaux éléments dans son Mémoire instructif sur l'affaire des eaux de Barref publié en 1730. Pour les autorités de la ville, la preuve est faite (voir extraits du rapport) : L’eau chaude qui émerge dans le quartier Barret est aussi celle qui alimente la ville depuis sa fondation par Caïus Sextius. Aujourd'hui, cette démonstration est contestée. Les dernières analyses physico-chimiques des sources montrent en effet que les eaux de Barret et de Sextius ont peu de points communs, ce qui prouve une fois encore que les analyses les plus objectives de l'époque, n'étaient pas toutes fiables, et aux observations se mêlaient souvent des interprétations, voire des projections personnelles. Pendant ce temps, l'opiniâtreté des propriétaires du quartier Barret et les nombreux obstacles juridiques, ont fait que, durant près de 15 ans, les sources chaudes ne parviennent plus qu’au compte-gouttes à la ville, jusqu'à la peste de 1721. Mémoire instructif sur l'affaire des eaux de Barret (1730) Extraits : "Des propriétaires situés en amont de la ville le long du ruisseau Barret creusèrent dans la source qui passait sur leur terrain afin d'augmenter le débit de leur lavoir. À mesure qu'ils avançaient dans leur travail, leurs eaux devenaient plus considérables et plus abondantes. Mais ce qui se retrouvait d'un côté se perdait de l'autre, on s'apercevait à Aix d'une plus grande diminution des eaux de la ville. On vit tarir la fontaine des petits Bagniers, les sources qui étaient dans les puits des particuliers, les sources des tanneries, les bains et la fontaine du cours. À l'époque, personne d'Aix ne savait que les eaux publiques de la ville qui depuis tant de siècles y avaient coulé, fussent celles qui passaient au quartier Barret. Mais heureusement il arriva un événement en 1706 qui donna lieu à l'heureuse découverte qui a été faite. Les travaux réalisés par un propriétaire en amont se sont effondrés et ayant par ce moyen arrêté le cours des eaux, elles regonflèrent et rejaillirent même avec plus d'abondance chez un propriétaire en aval. Lequel, tout heureux, offrit de vendre son eau providentielle à la ville. La ville, alors en pénurie, les acheta le 17 août 1706. Mais les autres propriétaires en amont et qui bénéficiaient de cette eau pour leurs moulins mirent tout en œuvre pour tacher d'empêcher défaire conduire les eaux à la ville, ils allèrent même jusqu'à saboter de nuit le travail des ouvriers. Mais la ville activa les travaux et les eaux vinrent avec tant d'abondance que tous les habitants couraient à cette source pour la voir avec joie et admiration. Et les habitants remerciaient le ciel de nous donner une eau capable de remplacer celle que l'on croyait perdue. Les propriétaires en amont à leur tour privés d'eau redoublèrent leurs creusements et par un trou attirèrent toutes les eaux et mirent à sec les canaux de la ville. On s'aperçut que plusieurs puits et fontaines d'eau chaude de la ville avaient encore nouvellement tari (...) Cette longue chaîne d'expériences, et la diminution d'un côté, relative et proportionnée à l'augmentation de l'autre, ne laissa pas douter un moment le Sieur Vallon, que ce ne fassent là les eaux de la Ville (...) En 1708, "les sieurs consuls y soutinrent alors pour la première fois que c'étaient les eaux de la ville, qu'il n'était plus question d'une eau nouvellement découverte, mais de celle dont la ville avait joui dans tous les siècles depuis sa fondation. "