Dissertation de Manon DEBAR
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Dissertation de Manon DEBAR
DEBAR Manon, 1ère S4 Lycée Guy de Maupassant 1575, Boulevard Nelson Mandela 76401 FECAMP Cedex BP 194 Professeur : Mme Evelyne PAQUET Association de l’Ordre des Membres des Palmes Académiques Prix d’Expression Ecrite de la Langue française L’émerveillement : «Un homme qui n’est plus capable de s’émerveiller a pratiquement cessé de vivre ». Dans quelle mesure peut-on adhérer à ce jugement d’Albert Einstein ? Vous arrive-t-il d’être émerveillé ? Dans quelle circonstance ? Section AMOPA de SEINE-MARITIME 173, rue Johannes Kepler 76520 FRANQUEVLLE-SAINT-PIERRE Plus on vieillit, plus on croit connaître la vie: ses joies, ses peines, sa dureté, son injustice, ses failles et merveilles. Et l'on en oublie parfois l'inconnu, lorsque le regard n'est plus figé sur le commun. L'émerveillement en fait partie, c'est un sentiment mêlé à de l'admiration : une chose merveilleuse et extraordinaire, qui surgit de l'ordinaire afin de nous faire rêver. A ce sujet, Albert Einstein a dit : «Un homme qui n'est plus capable de s'émerveiller à pratiquement cesser de vivre». A travers cette phrase, Albert Einstein nous explique que l'action de s'émerveiller est une capacité : ce n'est peut-être donc pas donné à tout le monde. Aussi, il nous apprend que l'émerveillement est lié à la vie, qu'il nous fait éprouver des sensations particulières. Nous verrons jusqu'à quel point un homme peut s'émerveiller, par quels moyens et comment. Nous verrons que l'émerveillement est différent pour chacun et ne répond pas aux mêmes sensations au même âge. Nous verrons aussi que parfois, à cause des soucis, des épreuves que la vie nous fait endurer, on perd la capacité à s'émerveiller. On n'est plus étonné du monde qui nous entoure, ou tout du moins différemment. Mais une chose est évidente : l'homme a besoin de merveilles pour vivre. L'émerveillement est lié à la vie, c'est une certitude. Quand on est enfant, tout nous émerveille. Il suffit d'un regard, d'un sourire, d'un oiseau qui chante, d'une feuille qui tombe et l'enfant a les yeux écarquillés, il est fasciné et ne pense plus qu'à cela, même si quelques minutes plus tard, il sera déjà passé à autre chose.La capacité à s'émerveiller nous suit tout au long de notre vie, elle change certes mais elle reste bel et bien là. Elle peut évoluer selon notre âge, notre sexe, les épreuves que la vie nous fait endurer, mais au fond, elle reste la même. Pour mesurer la capacité d'émerveillement des Humains, il suffit d'observer un bébé âgé de quelques mois. Cet enfant crie, gesticule, sourit : tout le fascine; il voudrait pouvoir toucher, sentir, apprendre à parler, marcher, courir. Il est captivé par le moindre mouvement. Cette faculté est aussi présente en l’animal , comme nous le prouve l’ouvrage de Colette, Dialogue de bêtes: la curiosité reste un moteur pour aller de l’avant, s’interroger, vivre plus intensément dans notre for intérieur. L'émerveillement n'est pas une forme de naïveté que nous possédons étant enfant, ni un trait de caractère, ou bien un don qui ne serait prodigué à la naissance qu'à quelques personnes.Il s’agit en réalité d’ un choix, une liberté: celle de voir sa vie en couleur et se laisser surprendre par chaque événement du quotidien, au lieu de la laisser en noir et blanc en occultant cette sensation de vie, de bonheur en nous. Mais la vie ne se contrôle pas, et quand nous cherchons à aller dans le sens inverse, à ne pas la regarder ou bien l'écouter, en général nous échouons et elle nous dépasse; alors autant se laisser guider et sourire de chaque chose, accepter d’être surpris. Si nous ne lâchons pas prise, nous pouvons nous affaiblir au fil du temps. Nous illustrerons cette idée par l'exemple des personnes gravement malades. Il est inutile de ne pas reconnaître son handicap : nous sommes atteints et ne pouvons aller outre la nature, alors autant accepter cette maladie et vivre en continuant de s'émerveiller, même si tout change, plutôt que de nier la vérité et de ne plus profiter de la vie. Nous perdrions alors notre force vitale. La capacité à s'émerveiller signifie aussi refuser l'aigreur, la dureté, pour aborder le Monde d'une autre façon. On se donne le courage de combattre la lassitude et le cynisme ambiant qu'il peut parfois y avoir sur cette Terre. L'émerveillement est donc un combat, une simple bataille pour certains, une véritable guerre pour d'autres. Mais dans tous les cas, il est question de se battre et d'affronter cette monotonie afin de vivre une vie plus agréable, une vie faite de bonheur et de joies, tout au moins d’étonnement. L'émerveillement se décide selon notre volonté, nos désirs et efforts. L'émerveillement reste tout de même lié à la surprise et l'étonnement, on ne peut pas toujours le contrôler. Les découvertes scientifiques illustrent parfaitement cet état d’esprit : si l’on n’est pas prêt à découvrir du nouveau, de l’incroyable, de l’inouï, alors nous fermons les yeux sur ce qui nous dépasse, nous sublime et devrait nous enrichir jour après jour.Le monde entier est un mystère et un scientifique comme Albert Einstein incarne à la fois cette modestie et cette ouverture d’esprit qui rendent possible l’émerveillement, condition indispensable pour apprendre encore et toujours, alors que l’on croyait avoir tout saisi. Et la vie consiste en cela, se débarrasser des faux enchantements pour pouvoir s'émerveiller des vrais miracles. Cependant, cette capacité se perd en grandissant, elle est moins présente et s'efface légèrement. Elle est toujours en nous, mais on l'oublie, on s'habitue. Dans notre quotidien, chargé par plusieurs préoccupations, des exigences de la vie, comme notre carrière professionnelle, nos enfants, notre vie sentimentale, l'argent ou encore notre santé, tous ces aléas de la vie favorisent la perte de cette capacité. On ne s'étonne plus de rien, il n'y a plus de nouveau, on pense avoir tout vu, tout vécu. Nous cherchons à affronter et maîtriser le monde dans lequel nous vivons, et cela nous prive de la faculté de nous émerveiller. Nous voulons contrôler tout ce qui nous entoure, et nous avons peur de nous laisser aller, car si on perd le contrôle, on assimile tout de suite cela à de la faiblesse, de la lâcheté. Donc on fonce tête baissée dans nos obligations, sans regarder les merveilles qui nous entourent. La vie est belle, féerique, remplie de mystères, de sensations encore inconnues, mais nous ne les remarquons même plus. Cela ne nous atteint plus, nous avons autre chose à penser, à faire et nous ne prenons plus le temps de nous émerveiller. Notre sensibilité s’émousse. Nous croyons ne plus pouvoir nous extasier en vieillissant : la vie est dure et nous montre seulement ses défauts. Mais pour voir ses qualités, encore faut-il avoir la force de surmonter toutes ces épreuves, l'envie d'y croire. La vie elle-même nous blase : nous ne nous étonnons plus des choses simples, comme le fait de vivre, de respirer, de parler, d'aimer et d'être aimé. Avec le temps, nous devenons imperméables aux beautés de la vie, comme si nous avions les yeux bandés, comme si tout était noir et si on effectuait nos exigences quotidiennes machinalement. La vie sans émerveillement peut s'illustrer par un long couloir dont on ne voit pas la fin, un couloir où il n'y aurait aucune échappatoire, sans droite ni gauche, quelque chose qui se répète sans cesse, et ceci jusqu'à la mort. Dans son livre L'été où je suis devenue jolie, Jenny Han évoque cette idée à travers le personnage de Susannah, mère de deux enfants, âgée d'à peine quarante ans et atteinte d'une leucémie. Elle était une femme comme beaucoup, dépassée par son travail, ses enfants qu'elle élevait seule, luttant contre quelques problèmes financiers. Mais grâce à sa maladie, elle prend conscience que l'on ne profite pas pleinement de la vie et que l'on ne relativise pas assez, on voit systématiquement l’envers négatif de tout. Et malgré le stade avancé de sa maladie incurable, elle continue à s'émerveiller d'énormément de choses, car elle est consciente que sa mort est proche. Notre capacité d'émerveillement dépend aussi de notre éducation : si nous avons été habitués à relativiser les choses, à ne pas penser de façon défaitiste et à admirer les merveilles qui nous entourent, il est plus facile pour nous de gérer les aléas de la vie. En revanche, quelqu'un qui a été éduqué de façon moins ouverte et plus pessimiste devrait faire plus d'efforts pour s'émerveiller. On peut prendre l’exemple de gens fortunés, ayant un certain pouvoir au niveau de la politique, de l’économie. Les enfants nés dans ces familles auront moins de mérite à détenir certains biens, car ils commencent la vie avec beaucoup plus de facilités. Mais ces personnes vont tout de même avoir tendance à se plaindre davantage, contrairement à des gens qui ne gagnent quasiment pas d’argent mais qui vont d’autant plus profiter de la vie. Si l’on étend cet exemple au niveau mondial, on se rend compte aussi, que les populations africaines les plus pauvres comme celles du Mali, du Soudan ou encore du Niger qui sont constamment sous la menace des guerres civiles et dirigées par des gouvernements instables, ne se plaignent quasiment jamais ! Malgré leurs conditions de vie très précaires, ces gens restent optimistes et continuent à se battre pour vivre. Ceci est même prouvé de manière scientifique car une étude qui a évalué le taux d’optimisme du Monde nous indique que le Nigéria, L’Egypte et le Kenya sont les pays les plus confiants, enthousiastes. Au contraire, la France ,qui est un pays développé et fait partie des pays les plus riches au Monde, se caractérise par un fort pessimisme. De plus, la France est aussi l’un des pays qui consomment le plus d’antidépresseurs au Monde. Il existe plusieurs œuvres qui traitent de cette façon de vivre, et qui en appellent à l’optimisme. Nous prendrons l’exemple du film « La vie est belle », qui est une comédie dramatique qui se déroule lors de la seconde guerre mondiale où l’on suit l’histoire de Guido, homme Juif qui sera déporté vers le camp de concentration d’Auschwitz avec sa femme Dora et son fils Josué. Ce film à tournure philosophique nous montre que garder le sourire face à l’adversité et rire de ses problèmes est le meilleur moyen de les surmonter. Il nous enseigne les vertus de l’optimisme. Nous pouvons aussi étudier l’exemple du conte Candide de Voltaire. Candide est le personnage principal, il va subir un nombre incalculable de péripéties tout au long de l’histoire. Il croit que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes grâce à la théorie de Leibniz que lui enseigne Pangloss. Mais au fur et à mesure qu’il parcourra le Monde, il va gagner en maturité, penser par lui-même et apprendre à être moins naïf. Mais, il ne va pas perdre pour autant tout optimisme et ne deviendra jamais blasé de la vie. A la fin du conte, il se crée son propre bonheur dans sa métairie avec sa petite communauté. Grâce à ce livre, une fois de plus, l’idée que l’émerveillement peut aussi s’acquérir par sa propre expérience de la vie est prouvée. Nous aurons vu à travers cette citation que l'émerveillement est un sentiment complexe. Il s'agit bien d'une capacité, et pour y arriver pleinement, il faut s'en donner les moyens .Oui, il est lié à la vie, car une vie sans merveille est impossible. Mais la question n'est pas de s'émerveiller ou non. Il s'agit plutôt de savoir à quoi tient cette capacité, comment la développer ou comment la retrouver lorsqu'on l’a perdue et réussir à ne plus la lâcher. Le tout est de se laisser surprendre, de ne pas vouloir tout contrôler. Alors en ces conditions, la vie peut nous fasciner, rendre non seulement notre quotidien ,mais aussi notre appréhension de l’univers, palpitants et non monotones. Le proverbe « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir » illustre de manière très juste la citation d’Albert Einstein. Il cherche à nous faire comprendre que le simple fait de vivre et de découvrir devrait être une source d’émerveillement. Loin d’être paradoxal, ce jugement d’un scientifique hors du commun dévoile les secrets d’une vie intense de l’esprit. Il faut s'émerveiller pour vivre, ou tout du moins pour avoir une vie meilleure. Alors laissons l'émerveillement entrer dans notre vie, il la rendra plus belle et nous comblera de bonheur. L'émerveillement a ce pouvoir, dans une vie en noir et blanc ,de diffuser la couleur.