Dunkerque à la veille de la Révolution française

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Dunkerque à la veille de la Révolution française
Dunkerque à la veille de la Révolution française
Par Michel Héluwaert
Inspecteur honoraire de la Jeunesse & des Sports
Docteur en Science Politique
DUNKERQUE apparaît sur les tablettes vers 646 lorsque Saint Eloy qui
évangélise la contrée, bâtit une petite église dans les dunes à l’origine du
nom « Duynen kerke » de la cité. Aux dires de Maître Morrel de l’Académie
de Marine, les habitants du lieu descendent des premiers soldats francs et le
parler « flamand » de la région est dépositaire de la langue de Clovis.
Des successions en feront une possession bourguignonne, puis espagnole
même si le Roi de France garde en ces époques le privilège de nommer le
Magistrat et possède des droits sur de nombreux terrains de la ville. Louis
XIII autorisera d’ailleurs le Magistrat à faire bâtir, sur des terrains lui
appartenant et alors qu’il était en guerre contre l’Espagne, une caserne
destinée à héberger des soldats espagnols. Cette décision libérant les
bourgeois de Dunkerque de l’obligation de logements desdits soldats, il
pouvait espérer en tirer une reconnaissance future car il envisageait
toujours entrer en possession de la cité.
En 1657, Turenne prit la ville aux espagnols au cours de la bataille « des
dunes » mais la transféra le soir même aux anglais en vertu d’un accord
passé avec Cromwell. Occupée, comme un certain nombre de ses hameaux,
par les Anglais, la ville devint un Gibraltar nordique permettant aux gens
de la grande île de posséder un pied en France et de surveiller les passes
vers la Hollande.
Cette place-forte ayant une importance stratégique fondamentale pour les
gens d’Albion, le gouverneur anglais (Lockhart) augmenta sa puissance
défensive. Cependant les dunkerquois ne s’entendaient pas avec les « têtes
rondes » et créèrent des incidents dont profita Louis XIV qui racheta la ville
à Charles II par l’entremise du Comte d’Estrades. La transaction se fit au
grand dam de la bourgeoisie londonienne qui accusera le roi d’avoir vendu
la ville afin de payer un hôtel à sa maîtresse, un immeuble longtemps
appelé « Hôtel de Dunkerque ». L’affaire ayant été rondement menée, Louis
XIV fit une entrée triomphale à Dunkerque le 2 décembre 1662 et lui
accorda le même jour un édit de franchise fondamental pour son
développement économique.
L’édit, reprenant des dispositions anciennes (Charles Quint), « [maintenait
et gardait] la dite ville de Dunkerque, port, hâvre et habitans d’icelle en
tous droits, privilèges, franchises, exemptions et libertés dont ils jouissaient
auparavant » et [accordait] « à tous marchans et trafiquans de quelque
nation qu’ils soient d’y aborder en toute sureté et quittement généralement
de tous droits d’entrée foraine et domaniale ».
Michel Héluwaert / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk.
1
La cité accédait alors, avant de devenir un port militaire et corsaire
puissant, au statut de port franc exempt de tous droits de douane. Ce
développement économique ne sera pas sans générer des jalousies et le
commerce local en subira, tout au long du XVIIIème siècle, les conséquences
au rythme de traités qui, en s’attaquant à sa nuisance corsaire, atteindront
ses capacités économiques.
Le traité d’Utrecht, dicté par les Anglais, conduira à l’arasement des
fortifications du côté mer et à la réalisation d’un batardeau qui en barrera
l’entrée en rétablissant l’ancienne barrière du Schurken dont le percement
et le balisage avaient deux siècles plus tôt, avec la construction du
Leughenaer, facilité l’accès du port. La consternation règne dans le
commerce local car, au rythme des traités se succèdent destructions,
reconstructions, destructions… des situations qui prouvent l’importance
d’une cité dont le développement en gène plus d’une. Le processus s’achève
en 1783 car Louis XVI réussit à épargner le port, le commerce peut a
reprendre.
La progression constante des activités commerciales.
En 1755, au plus fort des destructions, le port avait vu 506 entrées et
sorties, en 1783 elles seront 1833 qui deviendront 2472 en 1789. Les causes
de ce progrès sont multiples parmi lesquelles on peut noter la sécurité des
installations, le traité de commerce avec l’Angleterre, l’action de la
Chambre de Commerce1.
En 1756 la Chambre de Commerce qui, jusque là siégeait en plein air ou au
Café Suisse, dispose d’un local spécifique et s’érige en mutuelle de défense
des intérêts du port. En 1789 elle est administrée par 1 président et 7
conseillers dont 1 conseil-ler pensionné faisant fonction de trésorier et 1
conseiller secrétaire. Elle dirige la juridiction consulaire (1 juge, 1 greffier,
2 huissiers) qui se réunit les mardis et vendredis mais siège selon le besoin
et la célérité de la cause2. Elle dispose d’un correspondant à Paris (le sieur
Gosselin, député de la Flandre au Conseil du Commerce).
Alors que les dunkerquois arment 122 navires de 40 à 500 tonneaux, la ville
compte 130 maisons de commerce dans ses murs. (57 à Lille). Ce qui
justifie dès 1782 une Chambre d’Assurances qui assure à hauteur de £
19 000 000 et élabore en 1788 un règlement relatif à la fonction de courtier.
Dès 1700 la flotte de pêche comprend 10 navires à la morue et 10 au
hareng. Les rogues de morue sont traitées pour servir d’appât pour la
pêche à la sardine. Des corvettes montées par 10 hommes et 3 mousses font
1
Dunkerque est le second port de France à disposer, après Marseille, d’une Chambre de
Commerce (créée par Louis XIV en 1700).
2
Ses sentences s’exécutent en dernier ressort jusqu’à 500 livres et sans préjudice de
l’appel. Si la condamnation est supérieure à 500 livres, l’appel relève du Parlement mais
n’est pas suspensif de l’exécution des sentences.
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2
la grande pêche au hareng dont on fait le « hareng pec » spécialité
dunkerquoise dont le Chevalier d’Ostalès qui réside en ville en 1787 dit
qu’il est « une merveille pour gourmets ».
Une nouvelle forme de pêche apparaît à partir de 1783.
En augmentant fortement les droits sur les huiles de baleine et de cachalot
les Anglais provoquent une crise économique sur l’île de Nantucket dont les
pêcheurs décident de s’installer à Dunkerque avec privilège royal (50 livres
de prime par tonneau armé). La ville leur cède des terrains à bâtir, leur
permet de construire un chantier de radoub, les exempte des droits de pêche
à condition qu’ils arment sous pavillon français et leur assure, les
nantucquois étaient quakers, la liberté de culte. Ce libéralisme porte ses
fruits car de trois navires baleiniers en 1783 la flotte passera à 8 en 1788 et
40 en 1790.
20 navires de commerce vont à la Rochelle pour charger du sel, du vin, de
l’eau-de-vie et vers les ports du Nord, 4 frégates font commerce avec le
Portugal et 20 vers le Levant et Cadix. Cependant l’importance du
commerce maritime reste fondée sur les arrivées de navires allemands
(Hambourg), anglais et hollandais. On trouve des marchandises du monde
entier et le tableau des consuls (Espagne, Danemark, Suède, Prusse, Etats
de Hollande) résidant à Dunkerque et secondés par des courtiers, des
courtiers-interprètes et des interprètes-jurés montre l’importance de son
rayonnement international.
La ville commerce avec la France (vins, eau-de-vie, sel, vinaigre, anchois,
huiles, figues, raisins, amandes, anis, riz, prunes, miel, sirops, résine,
toiles et tous objets des manufactures de Lille et de Cambrai).
L’Espagne lui amène des vins de Xérès, d’Alicante, de Malaga, de Tinto,
des Canaries, les eaux-de-vie de Barcelone, les raisins de Corinthe, le
bois de Campêche et des marchandises des Indes Orientales et le Portugal
lui envoie fruits, sucres et huiles.
D’Angleterre arrivent du charbon « de terre », de l’étain, du plomb, de
l’alun, de la couperose, des cuirs secs et en poil, des peaux de veau non
apprêtées, du tabac de Virginie « propre à fumer » et des articles de
quincaillerie.
D’Irlande viennent du beurre, des viandes salées, du saumon en baril, du
suif, des cuirs salés et l’Ecosse du saumon salé en baril ainsi que du
charbon « de terre ».
La Hollande apporte du beurre salé, des fromages, du poivre, de la
cannelle, de la girofle, de la muscade et nombre d’autres produits.
S’il existe un commerce avec la Méditerranée (Marseille, Barcelone, Italie)
et le Levant, « Le Nord » lui est une importante source de revenus.
Riga apporte du seigle, du blé, des graines de lin, des chanvres, de la cire,
du goudron, des douves pour tonnellerie, des planches de Prusse, de
l’acier, du fer, des mâts, des cordages, du fil de caret, du bourdillon, de la
filasse.
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3
De Suède viennent du fer, du cuivre, du goudron, du brai, des planches.
De Dantzig arrivent du blé, des laines, des aciers, des cuirs de Prusse et de
Pologne.
Hambourg envoie du blé sarrasin, de l’avoine, de l’amidon, des pois, des
laines, du fer-blanc, des douves et des bordages de chêne.
La traite négrière n’est pas, même si le commerce « aux îles » lui est
autorisé depuis 1704, une spécialité locale.
L’organisation portuaire.
Une station de pilotage surveillée par quatre négociants1 gère une moyenne
de 8 entrées et sorties diurnes. Elle dispose de 1 capitaine « Chef à terre »,
1 écrivain et 1 receveur, 2 « Chefs en mer » anciens « maîtres de corvette »
aidés de 16 pilotes côtiers et 10 matelots2.
La corvette du pilotage est constamment en mer.
Afin de faciliter les opérations de manutention une grue a été installée le 11
août 1786 sur le quai de la Citadelle ce qui fit passer, pour ses utilisateurs,
de 30 à 20 sols le prix du déchargement d’un tonneau. Il y avait tant de
produits à décharger que la corporation des charretiers connaissait des
difficultés à déplacer les marchandises arrivant au port. Ce qui développe
les emplois liés à ces activités3.
Les bélandriers (bij landeren : près de la terre) vont sur rade alléger les
bateaux trop lourds pour entrer au port. Certains font du cabotage vers les
autres ports de la région mais sans aller aussi loin que les bretons et
normands qui chargent des grains et des briques.
L’ensemble de ce trafic est concentré dans l’actuel bassin du Commerce
soumis au rythme des marées comme le site du Parc de la Marine, le seul
bassin à flot étant celui de la Marine. Cependant le quai de la Citadelle a
été bâti en dur afin de faciliter les travaux de déchargement. Dunkerque est
à cette époque, notamment grâce à l’allègement des barrières douanières
entre la Flandre, le Hainaut et l’Artois qui facilitait le transfert des produits
finis sur son site, un site économique ouvert face à de nombreux autres
souvent repliés sur eux-mêmes.
Ce Port du Nord rayonne en Atlantique, en Mer du Nord et en Baltique et
son trafic maritime génère intra muros un dispositif industriel important :
24 manufactures exportent le Duynkerker (tabac de Dunkerque) en
Allemagne, Hollande, Italie, Suisse4.
7 amidonneries.
1 raffinerie de sucre.
1
Deux sont nommés par le Magistrat et deux par la Chambre de Commerce.
4 matelots, 5 matelots lamaneurs, 1 matelot gardien au port.
3
On recense 200 brouetteurs, 100 chargeurs et débardeurs, 124 portefaix, 70 mesureurs de
liquide, 30 travailleurs de bière et 100 travailleurs de vin.
4
4000 personnes travaillent le tabac de Virginie et de Saint Vincent.
2
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4
8 fabriques de chandelles.
4 salineries.
5 fabriques de bouchons.
8 corderies.
1 fabrique de savon.
13 brasseries (dont deux de bière anglaise).
1 distillerie de genièvre (en Citadelle).
1 verrerie (en Basse ville).
1 manufacture de pipes à fumer « à la manière de Hollande ».
1 manufacture de voitures « à l’anglaise » et une seconde en projet.
L’organisation urbaine.
L’ensemble de ces activités influe sur le développement urbain.
En 1750, Dunkerque dénombrait 15 000 habitants, en 1788, ils sont 27 616
qui occupent 2198 maisons réparties dans 84 rues. La population intra
muros a doublé en 40 ans1 ce qui influe, le développement urbain étant
contraint aux murailles sur le développement des « caves », sites
d’habitation facilités par la relative siccité du sol d’origine dunaire.
Entourée de murs, la ville compte 23 portes2.
L’administration de la Ville (le Magistrat) ne se préoccupe pas uniquement
de la ville intra muros mais aussi, par le canal de « hooftmans » et de
« pointers » des hameaux de l’ensemble du territoire. A l’exception de
Zuydcoote bénéficiant d’un statut particulier on recense Petite-Synthe,
Grande Synthe, Ghyvelde, Leffrinc-koucke et Leffrinckoucke-branche,
Téteghem, Uxem, Coudekerque et Vieux Mardyck En 1789 ce magistrat
comprend un bourg-maître, 10 échevins, 3 conseillers pensionnaires. Un
procureur et son substitut, un trésorier aidé par un commis greffier et un
officier exploiteur. Tandis que7 commissaires aux octrois veillent à leur
perception et à leur conservation.
La ville est divisée en 10 cantons et l’ordre public est assuré par 4 sergents
de ville, 6 sergents de police, 3 gardes chasses, un garde-orphelin, 1
brigadier et 18 gardes de nuit qui veillent à la fermeture des nombreux
débits de boisson3 et aux activités des « filles follieuses » attirées par la
présence de nombreux militaires et marins qui ont, de tradition, toujours
« quelque chose à oublier ». L’information de la population est assurée par
un « clinckeur de ville ».
Pour faciliter les déplacements nocturnes, l’éclairage des rues est
développé afin de pallier l’emploi de lanternes portatives. Il y a plus de
vingt lanternes fixes en centre ville car le Magistrat a consacré £ 10 000.- à
leur établissement assorti d’un règlement (1777) du service des allumeurs.
1
En 1786 Dunkerque voit 1229 naissances pour 1030 sépultures (un excédent de 19%) et
250 mariages.
2
La seule porte de la ville actuellement existante est la Noordpoorte que l’on peut voir dans
la cour de l’hôtel de ville.
3
En 1789 l’Almanach Lorenzo en dénombre un pour 43 habitants.
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5
La ville possède, sous l’autorité du Magistrat, une école d’architecture, une
école de dessin et un pensionnat de garçons où l’on enseigne ce qui est
relatif « à l’état militaire, au négoce, à la navigation, les mathématiques,
l’astronomie, le change » et un pensionnat « de jeunes filles » et dispose,
depuis 1777, d’un théâtre mais aussi d’une loge maçonnique dédiée « à
l’Amitié et à la Fraternité » établie depuis 1721 par la Grande Loge de
Londres.
En 1789 apparaît « Le point du jour », première « gazette » locale.
On note la présence de 4 notaires, 5 procureurs et 33 avocats. Ces derniers
s’assemblent tous les lundis « en la Maison de Ville à deux heures de
relevée » et accordent à cette occasion des consultations gratuites aux
pauvres.
Ses liaisons avec l’hinterland ne sont pas exceptionnelles, il faut attendre
les années 1700 pour qu’une route pavée la relie avec Gravelines. Des
coches d’eau assurent plusieurs fois par jour le trafic des voyageurs et des
marchandises entre Dunkerque et Bergues, une fois par jour entre
Dunkerque, Saint Omer et Furnes.
L’organisation religieuse.
Le clergé dispose d’une église pontificale sous l’invocation de Saint Eloy.
En 1789 il comprend un curé, cinq vicaires et six diacres d’office. Il a
autorité sur un Suisse et deux archers en charge de la sérénité des offices
obligatoires aux membres des corporations1.
Il gère un Hôpital Général de Charité dont les quatorze administrateurs
(dont deux prêtres) sont roturiers. Il y dispose de quatre médecins (dont un
noble), trois chirurgiens et un apothicaire. Chaque médecin ou chirurgien
est compétent pour un secteur de la ville. Ce qui n’empêche de nombreuses
congrégations de gérer divers hospices, lieux de soins et de charité2.
L’autorité royale, civile et militaire.
L’autorité « civile » est représentée par l’Intendant (Esmangart) assisté
d’un écuyer subdélégué, d’un écrivain et d’un greffier. Son Hôtel est rue du
Jeu de Paume
La Ferme Générale siège en Basse-Ville, ses bureaux sont ouverts toute la
journée ils sont dirigés par un contrôleur général, deux receveurs et quatre
visiteurs.
On note un bureau des Menucies avec 1 receveur et 1 contrôleur, un
bureau du Domaine avec un receveur, un bureau de change « royal » et 2
1
En janvier 1785, un forgeron de la ville a été condamné par le Bailli à £ 6.- d’amende
pour n’avoir pas été présent à l’office de sa corporation.
2
Les Pénitents y sont installés depuis 1346, les Conceptionnistes (Sœurs Blanches) depuis
1426, les Récollets en 1438, les Jésuites en 1589, les Pauvres Claires et les Bénédictines
britanniques en 1623, les Capucins en 1626, les Minimes en 1646, les Sœurs noires en
1682. Leur importance se lit dans leur ordre de préséance lors des processions officielles.
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6
jurés priseurs (libéraux) qui vendent l’un le mardi, l’autre le jeudi.
Duclos (Ingénieur en chef), Barbot (Inspecteur) et Le Père (sousingénieur) représentent le Corps des Ingénieurs du Roy pour les Ponts &
Chaussées et les ports militaires.
L’autorité « militaire » distinguée entre marine et forces terrestres est très
importante qui se justifie par sa qualité de Gibraltar du Nord.
L’Amirauté
L’Amirauté est dirigée par un Commissaire Général de la Marine,
ordonnateur en Flandre et Picardie.
Elle comprend :
Un « Juge au siège » assisté par 1 Conseiller, 1 Procureur, 1 Conseiller
substitut du Procureur, 1 Conseiller greffier en chef, 1 Receveur, 1 Greffier
commis, 1 Huissier visiteur. 1 Huissier audiencier, 2 Sergents royaux, un
« imprimeur du siège ».
Des techniciens de marine, 1 maître de quai, 1 maître constructeur, 1
maître hydrographe au port, 1 inspecteur-jaugeur des navires.
Des personnels de santé : 2 chirurgiens-jurés dont l’un est correspondant
de la Société Royale de Médecine, 2 apothicaires-jurés.
9 officiers « militaires » et 12 officiers « administrateurs ».
Tous ont « Commission de Monseigneur le Duc de Penthièvre » et
contrôlent les activités de course dont les résultats financiers se traduisent
par la construction de bâtiments importants (Intendance, bourse, collège,
grands entrepôts,..)
La présence de la Marine induit à Dunkerque entre la prise de la ville par
Louis XIV et la révolution le développement d’une construction navale
(Parc de la Marine) dont les ingénieurs Denÿs1 et Hendrick sont réputés
pour la qualité des navires (lougres2, cotres3 et frégates) qu’ils réalisent. La
construction des frégates, sortes de petits vaisseaux à une ou deux batteries
semblant être historiquement (XVIIème siècle) la première.
Les unités militaires terrestres.
En 1789, le Marquis de Castries, Maréchal de France, Gouverneur de la
Place, a succédé à Mgr Charles de Rohan, Prince de Soubise alors que Mr
Louis Alexandre Auguste de Montmorency, Maréchal de France, commande
la Province.
De Boitel, Commandant de Dunkerque et de la Flandre maritime, est assisté
par de Guichard Lieutenant-Colonel Major, de 3 aides majors et 2 sous
1
Denÿs a signé les plans du côtre Le Renard de Surcouf
Le nom vient de l’anglais lougher, une unité très maniable et rapide.
3
Le nom vient de l’anglais cutter. Souffrant de la faiblesse d’un mât unique ils seront
transformés en brick ces derniers évolueront vers la goélette.
2
Michel Héluwaert / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk.
7
aides majors (de condition noble), 1 greffier militaire et 1 garde magasin
des effets du Roy (roturiers), 3 Commissaires de Guerre (roturiers).
On recense sur place :
Un Corps royal d’Artillerie de résidence : Colonel de Loneville. Capitaine
de Château-Chalon. Garde d’Artillerie : Doidon. Trésorier : Martin.
Un Corps royal du Génie : Duvigneau, Maréchal de Camp, directeur des
fortifications réside à Saint Omer. A Dunkerque on recense 1 Major, 1
Capitaine, 3 lieutenants, 1 entrepreneur.
Quatre bataillons d’Infanterie : 2 bataillons du Régiment de Flandres et
2 bataillons du Régiment de Conty.
Un hôpital militaire disposant de :
1 chargé de police.
1 aumônier.
1 directeur et un contrôleur.
1 médecin titulaire (Mac Namara).
1 médecin surnuméraire.
1 chirurgien major assisté d’un aide chirurgien-major et d’un sous-aide.
5 élèves (apothicaires, aides-majors).
°
°
°
Les sources de ce discours proviennent de l’Almanach Lorenzo publié à
Dunkerque avant la Révolution.
Annexe : constructions navales à Dunkerque avant la Révolution
Année
1664
1667
1670
1670
1672
1672
1673
1676
1678
1678
1678
1680
1680
1683
1688
1689
1689
1689
1689
Frégates construites à Dunkerque entre 1664 et 1706
Nom
Constructeur
Type
L’Hermine
?
Deuxième ordre
Le Dunkerquois
Debast
Premier ordre
L’assuré
Hendrick
Premier ordre
Le constant
id
Premier ordre
La bien-aimée
id
Légère
La mignonne
id
Légère
Le brutal
id
Premier ordre
La Sorcière
id
Légère
La badine
id
Légère
La charmante
id
Légère
La serpente
id
Légère
L’emporté
id
Premier ordre
Le solide
id
Premier ordre
La railleuse
id
Légère
Les Jeux
id
Deuxième ordre
Le tigre
id
Deuxième ordre
L’Alcyon
id
Premier ordre
L’Aurore
id
Légère
Les Jeux
id
Deuxième ordre
Michel Héluwaert / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk.
8
1690
1690
1692
1700
1704
1706
1773
1776
1782
1782
1782
1782
1775
1777
1779
1779
1779
1779
1780
1780
1780
1780
1781
1782
La fée
id
Légère
La railleuse
Houvans
Légère
L’audacieuse
Hendrick
Légère
L’amphitrite
Levasseur
Premier ordre
La fortune
id
Légère
Le zéphir
id
Légère
Lougres construits à Dunkerque entre 1773 et 1782
Espiègle
Denÿs
60 pieds / 8 pièces de
4
1
Coureur
id
66 pieds / 8pièces de
4
Pivert
id
67 pieds / 10 pièces
de 4
Vanneau
id
id
Tiercelet
id
id
Gerfaut
id
id
Côtres construits à Dunkerque entre 1775 et 1782
Tiercelet
Denÿs
6 pièces de 4
La Puce
id
6 pièces de 3
Pilote
id
14 pièces de 6
2
Mutin
id
14 pièces de 8
Levrette
id
16 pièces de 8
Serpent
id
id
3
Malin
id
18 pièces de 6
Lézard
id
id
Pandoure
id
14 pièces de 6
Clairvoyant
id
id
Espion
id
18 pièces de 6
Fanfaron
id
id
1
Le Coureur a participé à la guerre d’indépendance des Etats-Unis (Bataille de la
Cheasapeake).
2
Il existe toujours à la Royale un côtre baptisé Mutin.
3
Un sister-ship du contre-torpilleur Triomphant construit à Dunkerque était dénommé
Malin.
Michel Héluwaert / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk.
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