Le développement difficile de la cytogénétique Mon souhait avait
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Le développement difficile de la cytogénétique Mon souhait avait
Entretien de Yvonne Cauderon réalisé en 1996, revu par le témoin en 2007 Le développement difficile de la cytogénétique Mon souhait avait été, quand je suis revenue à Versailles en 1968, de monter un laboratoire mixte de cytogénétique et de culture in vitro. Mon idée, puisque je connaissais très bien Georges Morel, qui m’avait toujours été de bon conseil – j’allais souvent le voir – était de me joindre à leur équipe. Mais, Georges Morel est décédé en 1973. De plus, j’ai été un peu submergée du fait des conditions difficiles qu’a connues mon laboratoire. (…) J’ai beaucoup travaillé en équipe. D’abord, avec les biochimistes qui se sont lancés dans le marquage des protéines de réserve du blé. Le matériel que j’ai créé leur a servi : ça a été un bon matériel d’analyse. Puisque j’avais des marqueurs chromosomiques, ils m’ont marqué génétiquement tous ces chromosomes qui possédaient, qui portaient des gènes, donc ça m’a aidée pour les transferts et ça m’a permis de voir quels chromosomes. Ils ont commencé la carte génétique des gènes. Pour les marquages moléculaires, j’ai à peine commencé à utiliser des méthodes de marquage par C-banding des chromosomes. On faisait des caryotypes à bandes et qu’on pouvait déterminer et identifier les chromosomes par leurs bandes colorées. Pour ce qui concerne mon matériel, mes collègues étrangers l’ont fait. En 1987, au moment où je suis partie, j’avais commencé à m’équiper pour faire de l’hybridation in-situ, mais je n’ai pas pu poursuivre. Je regrette que la liaison entre biologie moléculaire et cytogénétique n’ait pas été faite en France comme en Angleterre. Et pourquoi ça ne se fait pas en France ? A partir de 1970, à la demande de Robert Mayer, j’ai animé un groupe de cytogénétique à l’Inra. J’ai aidé à relier les laboratoires de cytogénétique qui ont été maintenus en France ; il y en a de moins en moins – parce que justement, il n’y avait pas de cytogénéticiens vraiment spécialisés, sauf à Rennes où Françoise Dosba a travaillé pendant dix ans. Son successeur, Joseph Jahier a commencé plus tard. Il avait une formation de pathologiste, il a développé la cartographie des gènes du blé, il s’est intéressé à la résistance aux maladies et à l’hybridation in situ . (…) La cytogénétique est une base extraordinaire pour la biologie moléculaire puisque ce sont les chromosomes qu’on marque. Pour le biologiste moléculaire, c’est une formation exceptionnelle. (…). On a peut-être tort d’avoir mis en veilleuse ce qui n’est pas biologie moléculaire parce que ça devient une pyramide sans base. La taxinomie est importante, même pour un agronome. C’est vrai que l’arabidopis est un bon modèle, le pois est un bon modèle, mais ce sont de bons modèles parce que les généticiens et les spécialistes de la mutagenèse ont travaillé sur ces deux espèces.