Le sport phénicien des Jeux Olympiques à lorigine de
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Le sport phénicien des Jeux Olympiques à lorigine de
Le sport phénicien des Jeux Olympiques à I’origine de I’institution par le Dr. Labib Boutros Journaliste et professeur de sport, le Dr Labib Boutros nous adresse, à l’intention de nos lecteurs, le plan détaillé d’une conférence, dans laquelle il soutient une thèse intéressante sur les origines des Jeux Olympiques de I’Antiquité. Nous le remercions vivement. Né en 1935 à Beyrouth (Liban), Labib Boutros est docteur en pédagogie des sciences sportives de I’Université Martin Luther de Halle (RDA). Après avoir pratiqué avec succès le sport de compétition, il fut plusieurs fois champion et recordman libanais de. natation et sélectionné pour participer à l’Universiade en 1969, il se consacra à l’enseignement et débuta dans le journalisme. Chargé des sports à la télévision libanaise, il remporta un second prix dans le concours ouvert lors des Jeux Olympiques de Mexico, en 1968, à tous les journalistes du monde. Polyglotte, Labib Boutros parle I’arabe, le français, l’allemand et l’anglais. 1. A la lumière des excavations archéologiques 1. Palestre et Gymnase (Epoque hellénistique) A. A Amrit, sur le littoral de la Phénicie du nord, nous avons dévoilé un S T A D E phénicien qui date, au moins, du XVe siècle avant J.-C. A 200 m. du Stade se trouve le temple de la ville, typiquement représentatif des temples phéniciens. Ce Stade mesure 225 m. de long, et 30 m. de large. Sa topographie ainsi que celle du stade d’olympie sont identiques. La localité d’Amrit a été citée sous le nom de de « Mrt » ou « Amrat » dans les textes égyptiens (XVe siècle avant J.-C.) et de « Marathus » dans les œuvres classiques. II est certain qu’Amrit ne laisse que des vestiges phéniciens très anciens et ne présente aucun monument grec ou romain. Ces deux monuments coïncident avec la topographie et les mesures de la Palestre et du Gymnase d’Olympie datant du Ill-lle siècle avant J.-C. On a pu constater très clairement que la Palestre hellènistique de Tyr a été construite sur les traces d’une Palestre plus ancienne qui semble être phénicienne. A quelques dizaines de mètres se trouve le Gymnase. Ce monument, muni d’un portique double d’environ 200 m. de long sur 11 m. de large, était à I’origine une salle couverte, comme à Olympie, et servait de lieu d’entraînement aux coureurs du Stade (192,27 m.) pendant la pluie ou la grande chaleur. Dans ce Gymnase on trouve des Thermes romains, construits plus tard. B. A Tyr, les premières excavations archéologiques montrèrent des terrains de sport de I’époque hellénistique et romaine, ainsi que des traces de terrains de sport phéniciens. Au temps des Grecs, la Palestre était le lieu d’exercice de la lutte, de la boxe et du saut. Tandis que le gymnase servait pour la course à pied, le lancer du disque et du javelot. 462 Amrit: le stade phénicien. Les Jeux du gymnase et de la palestre, dit Vitruve (1er siècle avant J.-C.), n’étaient pas communs chez les Romains.¹ Ils les ont remplacés par les manifestations de I’Amphithéâtre où évoluaient les gladiateurs et les lutteurs d’animaux. L’Amphithéâtre était, avec le Cirque, le haut-lieu des fêtes populaires et sportives aux temps des Romains. 1 Vitruve, De Architectura, V. 11. Tyr: une des excavations. 2. Cirque (Epoque romaine) A quelque 1500 m. du Gymnase on trouve le Cirque, avec à son entrée un Arc de triomphe et des Tombes romaines. Jusqu’à présent nous n’avons pas trouvé un Amphithéâtre, lequel, si Tyr I’avait connu à I’époque romaine, ne devrait pas être loin de ce cirque, car le complexe des places des jeux romains groupait, généralement, le cirque et I’amphithéâtre. II. A la lumière des textes et des inscriptions Les textes historiques, en concordance avec les réultats des excavations archéologiques, montrent que les Phéniciens, émigrés en Grèce, y ont introduit leurs dieux, cultes et traditions.² A Olympie, les Phéniciens avaient (au XVle siècle avant J.-C.) un sanctuaire pour Melkart, à qui on présentait des offrandes.³ Elis (El-is), le haut-lieu de I’Olympe, était le « Land Of El », terre du dieu suprême des Phéniciens établis en Grèce. 4 P h i l o n d e B y b l o s e t Josephus Flavius révélaient que les Grecs adoptaient par la suite à Olympie le culte du dieu de Tyr « Baal-Shamem »5 et I’appelaient « Zeus Olympien ». Ces données historiques sont attestées par I’excavation de divinités phéniciennes et d’objets d’art à Olympie. Ce sont des représentations de Baal et des figurines de guideurs de chevaux, du XVIIIe siècle avant J.-C. 6 L’ensemble des textes des historiens grecs montre que Melkart de Tyr, connu à Corinthe sous le nom de Melikertis, à qui on dédiait les Jeux lsthmiques depuis le Vle siècle avant J.-C., fut connu à Olympie sous le nom d’Héraklès comme fondateur des Jeux Olympiques en I’honneur de Baal (= Zeus).7 Melkart - Héraklès vint à Olympie de la ville de Thèbes fondée par Cadmus et ses successeurs (selon Pindare), ou de Crète qui suivait aussi les divinités phéniciennes (selon Pausanias). Le combat d’Héraklès-Melkart avec les dieux, à I’origine des J.O., Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique. I. Pausanias, Description de la Grèce, V. 25, 12. 4 Brown, Robert, Semitic influence in hellenic mythology, p. 138. 5 Philon de Byblos. II; Josephus, Flavius, Guerre des Juifs, IX, 38, VIII, 145-157; Contre Apion, I. 18. 6 Rapport, Olympia-4 189), Olympia-7 (1960), Olympia-8 (1967). 7 Pindare, Odes Olympiques, II, 3; Ill, 14; VI 67; X 22. 8 Freyha, Anis, Ugarit, p. 420. 9 La Bible, II. Maccabéens. 4: 18. 1 0 Le Lasseur, revue Syria, 1922, p. 116. 1 1 Babelon, Ernest,Les Perses Achéménides, p. 329. 2 3 464 n’est qu’un écho du culte pratiqué en Phénicie des siècles auparavant. D’après les inscriptions d’Ugarit 8 , Baal luttait contre les autres dieux à des circonstances fixes de I’année. Cela portait Melkart, le héros déifié de Tyr, à suivre le culte de la lutte pour honorer Baal. Tyr, en subsistance de ce culte très ancien, célébrait à l’époque hellénistique de grandes fêtes sportives en I’honneur de Melkart, le champion des champions. 9 En I’an 175 avant J.-C., le roi Antiochus Epiphane IV présidait ces Jeux. On a trouvé à Tyr une inscription qui mentionne le nom d’un certain Evtichus, d’Ephèse, qui gagnait les épreuves du Pentathlon. 10 Ces Jeux appelés « Actian Héraclia », ou plus exactement « Actia Melkartia », subsistaient aussi à Tyr à l’époque romaine. 11 Points primordiaux 1. Olympie recevait sa sainteté et son culte de Tyr. L’accord spirituel entre les deux villes se réalisait par I’intermédiaire de Baal, connu en Grèce sous le nom de Zeus. 2. Melkart arriva à Olympie, portant ces traditions et le culte de Baal, des lieux où étaient enracinées les croyances phéniciennes et établit les Jeux à Olympie en I’honneur de Baal (= Zeus) qui avait le sport comme base de rite. 3. Ces Jeux rituels établis à Olympie existaient déjà en Phénicie (Stade d’Amrit, temple de Tyr avec les traces des terrains de sports phéniciens sous les monuments hellénistiques). Ces Jeux furent ensuite introduits à Olympie par les PHENICIENS. L.B.