Communiqué de presse
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Communiqué de presse
Musée Rietberg Zürich Gablerstrasse 15 8002 Zürich Tél. 044 206 31 31 Fax 044 206 31 32 www.rietberg.ch Contact: [email protected] Ligne directe +41 (0)44 206 31 27 Communiqué de presse Streetparade des dieux – L’art du bronze dans les villages de l’Inde 20 juillet – 11 novembre 2012 Voilà de nombreuses années que le Musée Rietberg n’avait abordé le thème de l’art tribal en Inde, les dernières expositions ayant été consacrées à l’art des cours princières. Cette Streetparade des dieux s’intéresse à une région du centre de l’Inde grande comme la Suisse, qui, aujourd’hui encore, est surtout habitée par des sociétés tribales, les adivasis («peuples autochtones»). Dans une parade mise en scène de manière spectaculaire, l’exposition présente environ 300 figures en bronze fascinantes qui ont été réalisées à des fins rituelles par des fondeurs dans la première moitié du e XX siècle. L’exposition Elle propose une parade d’environ 300 figures – des divinités, des cavaliers, des animaux et des danseurs en transe. Toutes proviennent de Bastar, une ancienne principauté de l’actuel Etat fédéral du Chhattisgarh, un territoire à peu près aussi grand que la Suisse. Environ 66% de ses habitants font partie des tribus aborigènes recensées en Inde, les fameux «peuples autochtones» (adivasis) – raison pour laquelle, dans ce contexte, on parle des «bronzes tribaux». Dans la région de Dandakaranya, on vénère d’innombrables divinités – pour la plupart, des déesses. Souvent, la divinité s’est fait connaître à un ancêtre d’une famille et a demandé qu’on la vénère dans cette maison. Le père de famille a ensuite commandé à un fondeur une statue de la déesse, laissant à l’artiste expérimenté le choix des attributs et des ornements. La plupart de ces bronzes ont été offerts au sanctuaire où la divinité est vénérée en remerciement d’un vœu exaucé. Autrefois, on pouvait acheter ces bronzes sur l’un des nombreux marchés hebdomadaires ou à l’occasion des grandes processions annuelles. Les fondeurs de toute la région s’y rendaient avec leur marchandise. Chacun se distinguait par son style caractéristique. L’imagination et le savoir-faire technique dont ils firent preuve contribuèrent de manière déterminante à la grande diversité des représentations d’une seule et même divinité. Ces bronzes d’une grande expressivité, avec leurs ornements placés de manière percutante, se distinguent e nettement de ceux de l’art indien «classique». Ils ont, d’une part, été réalisés au début du XX siècle et, d’autre part, ils possèdent une esthétique tout à fait particulière: leur puissance extraordinaire et leur énergie s’exprime dans les visages masculins austères, les attributs inhabituels et le dynamisme des corps. Pour comprendre ces traditions artistiques jusqu’à présent peu connues, il est important de prendre en compte la fonction et l’importance de ces figures en bronze dans la vie religieuse et sociale de la population. 1 Le contexte culturel Quelles sont les divinités présentées dans cette exposition? Aujourd’hui encore, nous en sommes réduits à des conjectures. Souvent, on ne peut les identifier avec certitude que si l’on connaît le lieu où elles étaient vénérées à l’origine. Selon les personnes participant aux rituels, les divinités vénérées sont réellement présentes dans ces figures. Les dieux assistent à ces rituels et écoutent les préoccupations et les prières de leurs adeptes. Dans la pratique religieuse, la croyance en l’importance de la vision et de ses effets joue un rôle essentiel: les dieux accordent aux êtres humains la possibilité de les voir (darshan dena), vision du divin que le croyant, de son côté, reçoit (darshan lena). C’est dans cette manifestation que s’accomplit la communication visuelle entre les dieux et les humains – à la différence des grandes religions du Livre (judaïsme, christianisme et islam), basées sur l’audition de la parole de Dieu. Outre les figures cultuelles, les dieux sont toutefois aussi présents dans les êtres humains, les sirhas, médiateurs masculins ou danseurs en transe. Nul ne peut décider d’être un sirha; c’est la divinité qui choisit son médium. Lorsque les croyants le lui demandent, elle prend possession de lui. Si le sirha incarne une déesse, il est revêtu d’une longue jupe et d’un corsage multicolore orné de cauris et de miroirs. Les sirhas de divinités masculines portent un pagne. Ils tiennent dans leurs mains l’attribut de la divinité qu’ils incarnent. S’il s’agit d’une déesse féroce et puissante, ce sera généralement une corde munie de clous avec laquelle il se fouettera ou un trident avec lequel il se percera la langue. Choisi par la déesse, il ne ressent aucune douleur. La fonte du bronze Les figures, les bijoux et les objets d’usage courant de la région de Dandakaranya ne sont pas fabriqués par les membres des sociétés tribales, mais par des fondeurs professionnels appartenant à la caste des ghadvas. Utilisant la technique du fil de cire, le fondeur modèle d’abord la forme de la figure en terre glaise. Puis, à l’aide d’une presse, il fabrique des fils fins à partir d’un mélange de cire d’abeilles. Il les applique sur le corps en terre de la figure, de manière à la recouvrir d’une mince pellicule de cire. Les différents éléments – bras, pieds, bijoux, armes – sont réalisés séparément à partir d’un bloc de cire et fixés ensuite à la figure. Pour terminer, le fondeur enrobe le tout d’une couche de terre réfractaire épaisse, laissant seulement un canal pour la coulée du métal en fusion. Comme matériau, les fondeurs utilisent généralement des vieux métaux, tels que du cuivre ou du zinc. Une coque en terre – le moule de potée – maintient les parties en métal fixées à la forme devant être fondue. Chauffée dans le feu, la cire brûle et le métal liquide coule dans l’espace vide en résultant. Une fois qu’il a refroidi, le fondeur brise le moule de potée, puis ébarbe et cisèle sa figure. Jusqu’à l’indépendance de l’Inde, en 1947, la principauté de Bastar comprenait aussi des régions qui appartiennent aujourd’hui aux Etats d’Orissa, du Maharashtra et de l’Andhra Pradesh. A la recherche de nouveaux commanditaires, les fondeurs, devenus itinérants, se rendirent dans les contrées limitrophes. Ils y transposèrent de manière originale les conceptions religieuses locales dans leurs statues de divinités. Ainsi, au fil du temps, certains styles locaux se développèrent-ils dans l’art de la sculpture en bronze. 2 L’Inde tribale au Musée Rietberg Les visiteurs de l’exposition verront et feront l’expérience d’une iconographie nouvelle, surprenante. Ils y découvriront des objets extrêmement originaux, à la fois beaux, amusants et d’une esthétique insolite – des visages qui semblent provenir d’un autre monde ou des cavaliers armés, mais aussi des hommes déguisés en déesses, des danseurs en transe et des dieux qui font de la balançoire. Les figures présentées ici sont toutes des pièces uniques qui témoignent de la richesse d’invention des fondeurs. Outre cette expérience esthétique, les visiteurs pourront apprendre dans quel contexte culturel, rituel ou religieux, ces objets ont été créés. Certes, on sait peu de choses des artistes eux-mêmes ou des fondeurs, de leurs noms ou de leurs ateliers. La recherche en est encore à ses balbutiements. Nous en savons en revanche nettement plus sur l’utilisation rituelle probable de ces objets, ainsi que le montre magistralement le texte de Cornelia Mallebrein publié dans le catalogue. Ces œuvres renvoient toutefois à une réalité plus sombre: les régions où les adivasis se sont réfugiés sont de plus en plus fortement menacées par l’économie indienne, qui connaît une croissance exponentielle. Surtout, l’extraction des nombreuses ressources naturelles qu’elles recèlent (bois, charbon, minerai, et surtout d’importants gisements de métaux précieux) obligent les adivasis à abandonner leur mode de vie traditionnel et, comme ils ne possèdent aucun lopin de terre, à travailler comme journaliers, souvent réduits au servage. Plus de 30 millions de personnes ont dû quitter la région à cause de l’édification de barrages, selon les estimations de la célèbre romancière et activiste Arundhati Roy. Depuis les années 1960, la résistance n’a cessé de se développer: dans la région de Bastar, une armée de guérilla hautement motivée donne de plus en plus de fil à retordre au gouvernement central de Delhi. Les grandes transformations écologiques et culturelles ont un effet dramatique sur les traditions artistiques locales. En 1951, Verrier Elwin, l’un des plus célèbres chercheurs spécialisé dans l’art tribal de l’Inde, exprimait déjà son amertume: «Nous avons commencé trop tard; les grands jours de la société tribale indienne sont désormais révolus; la seule chose que nous pouvons faire maintenant, c’est de rechercher dans les ruines et les gravats des traces d’inspiration et des vestiges de beauté». Quarante ans plus tard, la commissaire invitée de cette exposition, Cornelia Mallebrein, constatait que les fondeurs de la région de Bastar travaillaient entretemps exclusivement pour les marchands d’art de Delhi et faisait état de la «perte» de qualité qui en résulte: les figures ne sont plus produites à des fins cultuelles, pour être vénérées, et la relation émotionnelle entre les dieux, les commanditaires et les fondeurs a complètement disparu. Les fondeurs font leur travail, non plus en étant conscients de réaliser une œuvre d’art pour une déesse, mais comme de simples artisans. Ce qui compte, c’est le prix. Loin de leurs villages, ils sont désormais installés à Delhi où ils produisent à la chaîne de nouvelles figures dotées d’une nouvelle iconographie, d’un design plus moderne, pour des touristes et des collectionneurs. Les donations Zehnder, Magnenat Ferguson et Kaufmann En 2008, le Musée Rietberg a reçu plus d’une centaine de «bronzes tribaux» provenant de l’Inde. Leurs donateurs, Jean-Pierre Zehnder et Dorothea, son épouse, ont vécu pendant une quarantaine d’années à l’étranger, au gré de la carrière de ce diplomate, qui les conduira dans différentes capitales européennes (Paris, Londres, Bruxelles) et par-delà les océans. Après avoir été le collaborateur personnel de l’ambassadeur August R. Lindt, commissaire général du CICR en Afrique pendant la guerre du Biafra, JeanPierre Zehnder fut nommé ambassadeur de Suisse au Zaïre, au Congo et en République centrafricaine en 1984. Ambassadeur en Inde de 1989 à 1995, il y rassemblera sa collection. A la même époque, la deuxième donatrice de l’exposition, Janine Magnenat Ferguson, travaillait également à l’Ambassade suisse de New Delhi. En 2009, elle a fait don de huit bronzes tribaux au Musée Rietberg. En 2010, le Musée a bénéficié d’une autre donation importante, les 93 bronzes tribaux de l’Inde offerts par Hans et Heidi Kaufmann. Hans Kaufmann, lui aussi diplomate, était arrivé en Inde en 1986, après de longs 3 engagements à l’étranger, notamment en Afrique et en Amérique du Sud. Jusqu’en 1993, il occupa le poste de conseiller commercial auprès de l’Ambassade d’Autriche à New Delhi. Pendant leur séjour en Inde, Hans et Heidi Kaufmann en ont profité pour étudier de manière approfondie les peuples, l’art et la civilisation de ce pays et acquérir des œuvres choisies de l’art populaire et tribal indien. Ces donatrices et ces donateurs étaient donc en service diplomatique à New Delhi à peu près à la même époque. C’est là que naquit leur enthousiasme pour l’art tribal indien et ses merveilleuses statues aux détails étonnants, savamment ouvragées, d’une esthétique insolite. Tous et toutes ont ceci en commun d’avoir fait don de leur collection au Musée Rietberg, afin que ces œuvres soient conservées et puissent être accessibles au public. Le Musée souhaite, à l’occasion de cette exposition, célébrer avec ses visiteurs cette extension importante de ses fonds qui s’enrichissent désormais l’une des plus belles collections européennes de bronzes de la région de Bastar. Catalogue de l’exposition Le catalogue est plus qu’une documentation sur ces collections, au sens habituel du terme: les objets sont mis en scène comme dans une véritable parade, dans un ouvrage aux reproductions impressionnantes, où l’ordonnance esthétique des figures constitue une expérience visuelle enrichissante. Les objets sont par ailleurs replacés, comme il se doit, dans leur contexte ethnographique: Cornelia Mallebrein, ethnologue internationalement connue et commissaire de l’exposition, est considérée comme la spécialiste en la matière dans l’espace germanophone. Elle a notamment documenté et étudié systématiquement sur le terrain, pendant de longues périodes, l’art de la région de Bastar. Pour son travail de recherche et son engagement dans le domaine des échanges culturels et de la médiation artistique, Cornelia Mallebrein se verra décerner la Croix du mérite de la République fédérale d’Allemagne le 6 juillet 2012. Elefanten, schaukelnde Götter und Tänzer in Trance Bronzekunst aus dem heutigen Indien Cornelia Mallebrein et Johannes Beltz, publié par le Musée Rietberg de Zurich, éd. Scheidegger & Spiess Relié, env. 144 pages et 450 ill. en couleurs, 23 x 30 cm ISBN 978-3-85881-356-5, ca. CHF 44.– | € 38.– Activités pendant toute la durée de l’exposition Notre Musée se propose de présenter les objets, au-delà de leur qualité esthétique, dans leur contexte actuel et d’ouvrir aux visiteurs de nouveaux horizons d’interprétation . Dans le programme d’accompagnement de cette exposition, nous avons surtout thématisé la transformation culturelle en cours dans les régions où se sont repliés les adivasis. Vous trouverez des informations détaillées (en all. seulement) sur le riche programme d’accompagnement comportant ateliers, visites guidées, conférences et concerts sur le site web www.rietberg.ch 4 Information et contact De plus amples informations, des textes et des photos peuvent être téléchargés sur le site internet www.rietberg.ch Museum Rietberg Zürich | Gablerstrasse 15 | CH-8002 Zürich T. + 41 44 206 31 31 | F. + 41 44 206 31 32 | Infoline: + 41 44 206 31 00 | [email protected] | www.rietberg.ch Heures d’ouverture: Entrée: Accès: Offre RailAway: ma – di 10 – 17 h | me/je 10 – 20 h adultes CHF 16 | réduit CHF 12 | entrée libre jusqu’à 16 ans Tram nº 7 (en direction de Wollishofen) jusqu’à l’arrêt «Museum Rietberg» (4e station après Paradeplatz). Pas de places de stationnement, sauf pour les handicapés. Venir en train jusqu’au Musée Rietberg: www.railaway.ch 10% Réduction sur le trajet en train, transfert et billet d’entrée. 5