inspection académique - Média-Tarn

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inspection académique - Média-Tarn
DSDEN DU TARN
COLLÈGE AU CINÉMA
2012/2013
DUEL
Steven Spielberg
MÉDIA-TARN
PLAN CINÉ-TARN
USA – Couleur – 1971 – 85 mn
COMPLÉMENT AUX PISTES PÉDAGOGIQUES DU DOSSIER # 201 (Version du 28/01/2013)
Avant la projection :
Lecture d'affiche
- Présentation de l'affiche française.
- Comparaison avec différentes affiches étrangères et analyse des différents points de vue adoptés.
(cf pistes : - Les affiches -)
Après la projection :
Reconstitution collective du film à partir de la mémoire auditive et visuelle
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De quelles images, de quelles scènes se souvient-on ?
Caractériser les personnages : (cf pistes : - Les personnages -)
-
-
David contre Goliath
David Mann : Réduit à sa plus simple expression lorsqu'il nous est présenté (sous tous les angles)
dans sa voiture, ce représentant de commerce est un monsieur tout-le-monde, l’Américain moyen
auquel le public n'a guère de mal à s'identifier (Mann signifie « homme » en allemand...). Il semble
faible par rapport à sa femme (cf le coup de téléphone), aux enfants (l'épisode du bus scolaire), d'un
équilibre psychologique assez fragile. Sa névrose se mue en véritable psychose avec les attaques
répétées du camion et les moments où il cherche de l'aide envers de tierces personnes le voient
passer pour un fou et l’isolent davantage encore. Après plusieurs tentatives infructueuses (dont un
coup de fil à la police, malheureusement interrompu), Mann n’aura pas d’autre choix que de faire
appel à lui-même pour s’en sortir.
Le camion : lui aussi est filmé sous tous les angles, une multiplication de points de vue qui lui
confère une personnalité. Car le personnage principal n'est pas ici le chauffeur, dont on n'aperçoit
par intermittence que les bras ou les bottes, jamais le visage, mais bien cette machine monstrueuse
dont la mise en scène accentue la personnalisation. Sa calandre apparaît presque, en effet, comme
le visage d'une bête : ses phares sont comme des yeux, le moteur et le pare-chocs comme un
museau et une mâchoire. Il est d'autant plus terrifiant qu'il déchaîne une violence gratuite, sans
autre motivation que d'enclencher un cruel jeu de mort avec sa cible (et uniquement celle-ci : il est
capable de dépanner le car scolaire...). Il est puissant et rapide (peut aller jusqu'à 160 km/h). Les
plaques d'immatriculation qui ornent sa carcasse sont autant de « scalps » de victimes qu'il a
Marc Sarrazy, Coordinateur Départemental Éducation Nationale « Collège au Cinéma » MÉDIA-TARN Plan Ciné-Tarn
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collectionnés dans différents états. La fin constitue une véritable mise à mort du camion, qui laisse
échapper un barrissement dinosaurien dans la chute finale et dont les fuites d'huile s'apparentent à
des blessures...
Procédés cinématographiques
- Spielberg utilise des focales longues et courtes pour jouer avec les éloignements /
rapprochements successifs des véhicules (les focales longues, lorsqu'elles filment
perpendiculairement le paysage défilant derrière un véhicule en augmente la sensation de vitesse),
des travellings avant / arrière, des panoramiques droite / gauche...
- Les scènes d'action sont mises en scène à l'aide d'un montage nerveux, convulsif qui, à l'instar de la
séquence de la douche dans Psychose, expose une brusque succession de plans qui accentue
l'angoisse et la brutalité de ces scènes (en particulier celle de l’agression au passage à niveau).
- A contrario, Spielberg utilise le plan séquence pour filmer les déambulations d'un David Mann
totalement sonné lorsqu'il se rend dans les toilettes du Burk's Cafe : cela permet au spectateur de
mieux coller à son sentiment d'état de choc (l’utilisation de flous et de décadrages accroissent cette
sensation de perdition du héros). La voix-off confirme son angoisse et ses interrogations.
- Les quelques séquences qui se déroulent en dehors des routes (les deux stations-service, le Buck's
Cafe, l'arrêt du bus scolaire...) suspendent le rythme de la course, mais font parallèlement monter
la tension et stigmatisent David Mann dans son rôle de victime : il est seul contre le camion, mais
aussi seul contre les autres.
- Au final, Spielberg associe habilement la forme et le fond en composant une véritable
chorégraphie cinématographique.
Analyse de séquences
− le générique : il va permettre l'isolement progressif de David Mann, qui laisse derrière lui son
quotidien pour s'élancer seul (route déserte) vers l'inconnu.
(cf pistes : - Etude du générique (fiche élèves) -) / (cf pistes : - Etude du générique (fiche professeur) -)
− le téléphone : montrer comment la mise en scène de la séquence du coup de téléphone à son
épouse met en valeur les deux pièges auxquels Mann est confronté.
(cf pistes : - Le téléphone (fiche élève) -) / (cf pistes : - Le téléphone (fiche professeur) -)
Les lieux (cf pistes : - Les lieux (fiche élève) -) / (cf pistes : - Les lieux (fiche professeur) -)
Montrer comment les différents lieux d’action contribuent à l’isolement et à la marginalisation du héros.
-
-
Le désert : Le générique permet le basculement du monde civilisé vers un paysage désertique. Cet
isolement du héros met en valeur le duel qui s’engage et prend la forme d’un vaste huis clos. La
couleur rouge de la Plymouth se détache des fonds ocre et bruns du désert et renforce la sensation
de solitude, d’autant que le camion se fond, lui, au paysage : il a presque les couleurs d’un
dinosaure, le désert est son milieu naturel. La bestialité primaire qui ressort de ce combat sera
renforcée par la présence des serpents à sonnette et des mygales : c’est bien d’une question de vie
ou de mort qu’il s’agit pour David Mann.
Les stations-services : elles ne sont guère plus hospitalières (l’une dévoile ses propres conflits avec
sa femme, l’autre renferme des animaux venimeux…).
Marc Sarrazy, Coordinateur Départemental Éducation Nationale « Collège au Cinéma » MÉDIA-TARN Plan Ciné-Tarn
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Le Chuck’s Cafe : ce refuge n’en est finalement pas un : le camionneur est dans la place…
L’ensemble des personnages fait figure de petite foule hostile et suspicieuse, David Mann y semble
le véritable intrus, ce qui se confirmera lors de l’altercation avec un innocent, qui finira de liguer les
autres contre lui et de le marginaliser.
Français
- Rédiger sa propre critique du film (lire au préalable d'autres critiques de films pour bien en saisir
les procédés : fiche technique / synopsis / avis argumenté).
- Décrire, en s'appuyant sur différentes scènes, comment l'on passe d'un simple jeu (de chat et de
souris) entre le camion et David Mann, à une véritable chasse à l'homme. (insister sur l'idée de
crescendo).
- Établir un portrait psychologique de David Mann (d'abord quelconque, soumis à sa femme, peu sûr
de lui, maladroit... Insister sur ses rapports névrosés avec les autres). A quel moment passe-t-il du
statut de victime à celui de « guerrier » ? (Le moment où il attache sa ceinture marque précisément
l'instant où il comprend qu'il ne doit plus compter sur autrui mais sur lui-même pour se sortir du
guêpier. Il véhicule alors la détermination de celui qui accepte le combat).
- Rédiger un texte sur le traitement non conventionnel de la musique. (Insister sur l'ampleur des
bruitages, des fracas, des sons de moteurs et de klaxons, qui contribuent à rendre le climat
angoissant). Donner des exemples.
- Inventer une histoire à partir de cette réflexion de David Mann dans le café (en voix-off) : « Un jour, il
vous arrive un truc idiot. Un événement qui n'occupe que vingt à vingt-cinq minutes de votre vie,
mais qui suffit à rompre tous les liens qui vous rattachaient à votre univers. C'est comme si tout-àcoup, vous vous retrouviez comme un homme primitif dans la jungle. »
La musique
- La musique, composée par Billy Goldenberg, est une bande-son qui, à la demande de Spielberg,
s'éloigne des musiques traditionnelles de cinéma pour élaborer une partition faite de bruits, de sons
mécaniques, de klaxons qui renforcent le caractère angoissant des attaques de la machine.
Géographie
- Situer Palmdale sur la carte des USA (au nord-est de Los Angeles).
Le fantastique
Le scénario de Duel est écrit par Richard Matheson, un maître du fantastique (L'homme qui rétrécit, Je suis
une légende, de multiples scénarios écrits pour La Quatrième Dimension...) et le film a été récompensé au
festival d'Avoriaz, mythique festival du film fantastique. Pourtant, Duel oscille constamment entre fantastique
et réalité et n'est pas un film fantastique au sens conventionnel du terme. Aucun phénomène surnaturel ou
futuriste n'est mis en scène. Seulement un camion, dont la personnalisation lui confère un caractère de
monstre (d'autant que son chauffeur reste fantomatique).
Road movie
Le road-movie est très en vogue à la fin des années 60 / début des années 70.
« Il peut être soit de style « peace and love » déjanté, soit hyperviolent, dans la lignée du film noir. En fait, il
s'agit d'un transfert cinématographique et psychologique du western traditionnel. » (J-P Godard)
Des éléments évoquant le western jonchent d'ailleurs Duel, tels que les paysages, des cow-boys... et le titre
du film lui-même. La mise en scène est construite en un long crescendo jusqu'au duel final.
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Autres road movies célèbres :
Easy Rider (Dennis Hopper, 1969), Macadam à deux voies (Monte Hellman, 1971), Guet-Apens (Sam
Peckinpah, 1971) ou... Sugarland Express de... Steven Spielberg (1974).
Héritiers de Duel
Quelques films directement hérités de Duel :
− L'enfer mécanique d'Elliot Silverstein, plus axé sur le fantastique, et qui remplace le camion par une
voiture,
− le célèbre Mad Max de George Miller (1979), road-movie ultraviolent,
Mad Max
− Christine de John Carpenter (1983), un film d'horreur qui met en scène une voiture meurtrière (une
Plymouth rouge, comme dans Duel !),
− Hitcher de Robert Hamon (1986), qui présente un auto-stoppeur indestructible (interprété par le
−
−
magnétique Rutger Hauer) jouant au chat et à la souris avec ses futures victimes,
Jeepers creepers de Victor Salva (2000) avec son camion fou,
Une virée en enfer de John Dahl (2001) pour une sorte de remake de l'original.
Bibliographie
(Les références suivies de * sont disponibles en prêt ou en consultation à Média-Tarn)
« Steven Spielberg, Mythe & Chaos » *, de Jean-Pierre Godard, Éditions Horizon Illimité, 2003.
« Steven Spielberg » *, de Clélia Cohen, Éditions Cahiers du Cinéma / Le Monde, 2007.
« Richard Matheson, Nouvelles, Tome 3 / 1959-2003 », Éditions J’AI LU N°6976, Avril 2004.
DVD
« Duel » *, de Steven SPIELBERG, DVD Universal, avec bonus, 2004.
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