Fonds des Bernardines de Saint
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Fonds des Bernardines de Saint
ARCHIVES DEPARTEMENTALES DE LA SEINE-MARITIME 71 H 1 – 20 Fonds des Bernardines de SaintAubin de Gournay Répertoire numérique détaillé Etabli par Manon Six, conservatrice du Patrimoine stagiaire, Sous la direction de Vincent Maroteaux, conservateur général du Patrimoine, directeur des Archives départementales de la Seine Maritime Rouen 2008 1 Référence : FRAD076_71H Statut : Archives publiques Importance matérielle et support : Le fonds comportait à l’origine 10 articles, et près de 300 pièces, parchemin et papier. Le tout représente 0,7 mètres linéaires. Contenu Producteur : Bernardines de Saint-Aubin de Gournay (cisterciennes) Dates extrêmes : XIIIe –XVIIIe siècles Contexte historique : Histoire du prieuré On sait peu de choses des Bernardines de Saint-Aubin. Malgré une fondation ancienne, le prieuré qui connut près de six siècles d’histoire, n’est pas mentionné dans la Neustria Pia et fait l’objet d’une très courte notice dans le volume XI de la Gallia Christiana. Aucun ouvrage ne se consacre à l’histoire particulière de l’abbaye et les essais des érudits du XIXe siècle, souvent incomplets, mériteraient un prolongement apporté par une étude approfondie des sources. Le prieuré de Saint-Aubin de Gournay fut fondé en l’an 1200 par Hugues V de Gournay, qui le donna aux Bernardines de l’ordre de Cîteaux. Elles reçurent l’église paroissiale et la dîme du lieu, la maison de Saint-Aubin, le terrain devant l’église puis le fief et la dîme de Laudencourt, que possédaient à l’origine les religieux du Bec-Hellouin, alors indemnisés par le don d’un manoir en Angleterre. Hugues accorda également aux religieuses le droit de minage, ou mesurage des grains qui se vendaient à Gournay, droit retiré aux chanoines de Saint-Hildevert. Quand Philippe-Auguste s’empara de Gournay en 1202 puis de Château-Gaillard en 1204, Hugues perdit sa seigneurie et dut se réfugier en Angleterre. Par la suite, les religieuses reçurent de Saint-Louis le vivier à Nonnains, situé entre leur maison et le bois de Ridonne (partie de la forêt de Bray), six minots de sel à prendre tous les ans au grenier à sel de Gournay et le droit de pâturage pour leurs bêtes dans les landes et les bruyères de la forêt. En 1298, Philippe le Bel leur octroya un arpent de bois pour leur chauffage à prendre chaque année dans le bois de Ridonne. A la fin du XVIIe siècle, les religieuses avaient la sergenterie des plaids de l’épée de la châtellenie de Gournay. L’église de Saint-Aubin servait à la fois aux paroissiens et au prieuré. Celle-ci fut d’abord desservie par un prêtre amovible présenté par la prieure à l’archevêque de Rouen, la prieure tenant elle-même sa nomination de l’archevêque. Eudes Rigaud visita le prieuré très régulièrement entre 1251 et 1268, constatant des mœurs assez relâchées et plusieurs cas de simonie. En 1264, l’archevêque déplore en outre le mauvais état de l’église de Saint-Aubin et de sa toiture. Ainsi qu’en témoignent l’acte de fondation du prieuré et le « Registrum visitationum », il ne devait pas y avoir plus de treize religieuses à Saint-Aubin. Le nombre ne pouvait être augmenté que du consentement du fondateur ou de ses descendants et il le fut considérablement par la suite, transformant presque le couvent en véritable abbaye. Sa prieure 2 prit d’ailleurs le titre d’abbesse à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, dans le sillage notamment du monastère des bernardines d’Arques, érigé en abbaye en 1637 par l’archevêque de Rouen, sous le nom de Notre-Dame de Saint-Joseph, de l’ordre de Saint-Bernard. Le monastère de Saint-Aubin fut d’ailleurs pris pour modèle par M. de Guiran pour la fondation de celui d’Arques. Sa sœur, Louise de Guiran, était religieuse au couvent de Saint-Aubin (A.H. Taillandier, Les Bernardines d’Arques, 1865, Paris.) Le prieuré fut plusieurs fois pillé et dévasté au XIVe et au XVe siècles, en raison de la Guerre de Cent ans, et, malgré un mandement d’Henri V ou Henri VI d’Angleterre, les occupantes durent l’abandonner. En 1492, le prieuré fut confié à un prêtre de Mortemer, à la demande de Charles VIII, puis à un prêtre séculier. En 1526 seulement, l’archevêque de Rouen Georges d’Amboise II rétablit les religieuses sous la direction de Denise Mustel et le prieuré fut placé sous la direction de l’archevêché. Pendant les désordres des guerres, après le décès de la prieure Isabelle de Viole, le gouverneur du château de Gournay pour la Ligue, Philippe de Marles, seigneur de la Falaise, s’empara du prieuré (en 1591, Henri IV faisait le siège de Gournay), rendant difficiles le rétablissement du couvent et sa collation par l’archevêque de Rouen en faveur de Charlotte de Martainville, sœur de l’abbé de l’Isle-Dieu Charles de Martainville, à l’extrême fin du XVIe siècle. Au siècle suivant, la réforme de la règle de Port-Royal des Champs, qui appartenait au même ordre, fut introduite à Saint-Aubin : sa prieure et quatre religieuses vinrent en 1626 se former à Port-Royal, tandis que la mère supérieure de Port-Royal se rendit à Saint-Aubin en 1627 (Mémoires de Fontaine, éd. 1753, t. I, p. 29 ; Racine, Histoire de Port-Royal, éd. 1767, p. 8). En 1791, la dernière abbesse, Mme de Spack, dut céder ses droits au chapelain, l’abbé Dirluy. La paroisse de Saint-Aubin, qui comptait en 1726 162 habitants, située à 2 km de Gournay, fut réunie à Gournay en 1792 et prit le nom de Mont-Aubin en 1793. Les bâtiments du prieuré furent détruits à la Révolution puis le couvent fut définitivement rasé. Seul le plan cadastral de 1824 en indique l’endroit. Liste approximative des prieures, puis abbesses Anastasie sous-prieure, 1268 Marguerite de Rohan, prieure, vers 1312-1315 Jeanne Barric, 1420 Jeanne Le Macherrière, 1433 Jeanne de Bargadelle, 1437 Léonore de Fontaine, prieure, vers 1448 Tiphaine La Sénéchale, 1450 Jeanne Bonnet, vers 1468-1488 Denise Mustel, prieure, vers 1516-1526 Madeleine de Franconville, prieure, 1555 Françoise de Saint-Simon, prieure, 1573 Isabelle de Viole, prieure, 1579-avant 1589 Louise de Petremol ? Charlotte de Martinville, prieure, vers 1591-1610 Françoise de Mons ? Françoise de Martainville, vers 1625-1639 Elisabeth de Harlay, abbesse, vers 1653-1657 3 Renée de Harlay, abbesse, vers 1662-1664 Marie Anne de Harlay, abbesse, vers 1684-1694 (Anne de Saint-Philbert, prieure, 1694-1700) Jacqueline Agnès Daurat, abbesse, 1696-1701 Anne de Fouilleuse-Flavacourt, abbesse, vers 1706-1719 Louise Bouhier, abbesse, vers 1728-1754 Geneviève Charlotte Pinthereau de Bachivillers, abbesse, vers 1759-1774 Louise Sophie de Spack, dernière abbesse, vers 1777-1791 Tradition du fonds Le fonds des Bernardines de Saint-Aubin de Gournay consiste principalement en pièces relatives à la gestion domaniale. Un inventaire sans doute complet en a été dressé à la fin du XVIe siècle. Il permet de constater de nombreuses lacunes. Les titres de fondation et les privilèges émanant de concessions royales ont été regroupés dans un premier dossier, mais aucun original de l’acte de fondation par Hugues V de Gournay n’a pu être conservé. L’abandon provisoire du prieuré à la fin du XVe siècle et ses difficultés au début du XVIIe siècle, qui engendrèrent notamment les lettres patentes de Louis XIII pour la translation du couvent à Rouen, restée sans suite, peuvent en partie expliquer le nombre limité de pièces originales anciennes. Le droit de sel ou franc salé accordé à Gournay par saint Louis ne semble pas être illustré par un acte présent au sein du fonds. Parmi les titres généraux décrits en tête de dossier dans le classement ancien, la mention d’une rente à prendre sur le domaine de Gournay ne renvoie à aucune pièce précise (à moins qu’il ne s’agisse du marché). De même, les biens détenus à Beauvais semblent plus nombreux dans l’ancien inventaire, alors qu’ils ne sont physiquement représentés dans le fonds que par un acte. Les titres de propriété reflètent la gestion d’un temporel limité à Saint-Aubin et aux paroisses limitrophes (Cuy-Saint-Fiacre, Elbeuf-en-Bray, Saint-Denis-le-Thibout, Ferrières et Laudencourt) si l’on exclut quelques biens à Saint-Germer-de-Fly et Beauvais, comme l’atteste surtout l’ancien inventaire des titres du prieuré établi à la fin du XVIe siècle. La seigneurie de Saint-Aubin était distincte du prieuré. Les biens semblent avoir été répartis par paroisse, ou par hameau, davantage que par domaine, sauf pour le fief distinct de Laudencourt. A Saint-Denis-le-Thibout, les religieuses rendent un aveu, représentées par leur tenancier, pour des biens relevant de la seigneurie ou châtellenie du lieu. Opérations de classement Entre ordre interne, lisibilité des intentions du producteur et accessibilité du lecteur, c’est le respect du plan de classement originel (réalisé au XVIIIe siècle ?), par paroisse, qui a été préconisé. L’organisation de départ était néanmoins un peu trop synthétique et il s’est agi d’adapter les normes archivistiques actuelles à la faible importance matérielle du fonds. Les privilèges anciens ont été maintenus avec les titres de fondation, même si certains se rapportent à des droits seigneuriaux s’appliquant dans des localités précises. Les quelques donations émanant de laïcs au XIIIe siècle, initialement rassemblées avec les titres de fondation et les privilèges, ont toutefois été rattachées aux domaines auxquels elles se rapportent, en tête d’article. Au sein de chaque paroisse, les actes ont été répartis entre titres de propriété (donations, acquisitions) et gestion des droits fonciers, féodaux ou des dîmes. 4 Quelques dossiers par tenanciers, incluant les successions, et comportant parfois quelques pièces de procédure ont été maintenus en l’état. Une hiérarchisation de la gestion domaniale suivant l’importance des terres détenues par le prieuré dans telle ou telle paroisse a réorganisé l’ordre des biens (de Saint-Aubin aux biens plus isolés de Beauvais). De même, les privilèges étaient regroupés dans le dernier article (71HP 10), il a été jugé plus pertinent de les placer dans la première partie du répertoire. La présence au sein de ce fonds d’un registre de procès-verbaux de visites du Père de Courcy, provincial de l’ordre franciscain, datant de 1755-1756 reste une énigme. Ce registre relate bien la visite d’un couvent à Gournay, celui des religieuses de Saint-François de Gournay mais cette visite se situe au beau milieu du registre. On ne peut donc pas supposer de prime abord que ce registre a été oublié à Gournay par son producteur puis joint au fonds des Bernardines par hasard ou par rapprochement trop rapide. Ce document ayant manifestement été joint par erreur au fonds des Bernardines, il a été procédé à son extraction et son reclassement dans la série J continue sous la cote J 1199. En raison de la faible importance matérielle du fonds, la description à la pièce a été fréquente, il arrive fréquemment qu’un dossier ne se résume qu’à une seule pièce. Instrument de recherche : Mis à part le récolement provisoire des fonds d’abbayes non classés réalisé en 1994 (de 17 HP à 115 HP), il n’existe pas d’instrument de recherche pour 71HP. Aucun inventaire du fonds ne semble avoir été réalisé par M. de Beaurepaire. Sources complémentaires -AD Seine-Maritime, G 9425 -Recueil des historiens des Gaules et de la France, tome XXIII, publié par L. Delisle, Paris, 1876, p. 597. -Th. Bonnin, Journal des visites pastorales d’Eudes Rigaud archevêque de Rouen, Rouen, 1852, p. 114, 146, 207, 255, 283, 319, 361, 412, 466, 471, 499, 550, 587, 619. -Gallia Christiana, tome XI, 57 B Les Bernardines au diocèse de Rouen : -Abbaye des Bernardines de Bival, canton de Neufchâtel (établie entre 1128 et 1154) : 51HP -Bernardines d’Arques (XVIIe siècle) : 60 HP -Bernardines de Neufchâtel (XIIe siècle) : 61HP Voir aussi les fonds des religieuses cisterciennes suivantes, pour comparaison : -Abbaye de Saint-Saëns : 56 HP -Abbaye de Notre-Dame de Bondeville : 52 H Bibliographie -N.R. Potin-de-la-Mairie, Histoire de la ville de Gournay-en-Bray, Gournay, 1842-1844, t. I, p. 175-177 5 -Abbé J.-E. Decorde, Essai historique et archéologique sur le canton de Gournay, ParisRouen, 1861. -Gustave Deparis, Gournay-en-Bray. Pour conserver le souvenir du passé : cent articles parus dans « l’Eclaireur brayon » [1948-1973], Gournay, 1986. Noms de lieux Gournay-en-Bray : chef lieu de canton, arrondissement de Dieppe Saint-Aubin : hameau, commune de Gournay-en-Bray (aussi Saint-Aubin-sur-Gournay), ancienne paroisse Cuy-Saint-Fiacre : commune, canton de Gournay-en-Bray Elbeuf-en-Bray : commune, canton de Gournay-en-Bray Mont-Louvet : lieu-dit, commune de Cuy-Saint-Fiacre et Elbeuf-en-Bray Les Moulineaux : lieu-dit, commune d’Elbeuf-en-Bray Les Morues : hameau, commune d’Elbeuf-en-Bray, paroisse de Saint-Aubin Saint-Denis-le-Thibout : commune, canton de Darnétal Ferrières-en-Bray : comune, canton de Gournay-en-Bray Laudencourt : hameau, canton de Ferrières-en-Bray Avesnes-en-Bray : commune, canton de Gournay-en-Bray Ridonne : bois, partie de la forêt de Bray, commune d’Avesnes-en-Bray Martainville : sans doute Martainville-sur-Ry, auj. Martainville-Epreville, commune, canton de Darnétal Saint-Germer-de-Fly : Oise, Picardie Beauvais : Oise, Picardie 6 Vie du monastère 71 H 1 Inventaire des titres de la maison de Saint-Aubin (XIIIe-XVIe siècles). 1589 71 H 2 Fondation : titres. 1240-1748 Contient deux copies (1589, 1748) de la charte de fondation donnée par Hugues de Gournay en 1200, ainsi qu’une bulle confirmative de Grégoire IX de 1240. 71 H 3 Histoire de l’abbaye. 1633 Narre la translation du couvent à Rouen sur ordre de Louis XIII, à la suite des désordres causés par la guerre. 71 H 4 Charlotte de Martainville, prieure, nomination : mandements, arrêts du Conseil. 1592-1593 71 H 5 Fondations de messes, aumônes : actes de fondation. 1629-1719 71 H 6 Privilèges : titres, pièces de procédure, sentences. 1311-1705 Concerne une rente sur le marché de Gournay, le droit de minage à Gournay, le droit de vivier à saint-Aubin de Gournay, le droit de chauffage, d’usage du bois mort, de pasnage et de pâturage dans le bois de Ridonne, et la protection accordée pendant les guerres de religion à Saint-Aubin et Laudencourt. Gestion des domaines Paroisse d’Avesne-en-Bray 71 H 7 Droits féodaux, gestion : contrats, pièces de procédure. s.d. 7 Ville de Beauvais 71 H 8 Titre. 1245 Paroisse de Cuy-Saint-Fiacre 71 H 9 Titres (1237-1652). Droits fonciers, affermage : baux (1492-1632). 1237-1652 Paroisses de Cuy-Saint Fiacre et Elbeuf-en-Bray 71 H 10 Titres. 1639-1653 Paroisse d’Elbeuf-en-Bray 71 H 11 Titres (1618-1701). Droits fonciers, affermage : baux (1696-1769). 1618-1769 Paroisse de Ferrières 71 H 12 Titres (1649-1727). Droits fonciers, affermage : baux, pièces de procédure (1622-1768). 1622-1768 Paroisse de Laudencourt 71 H 13 Titres (1524-1603). Dîmes, affermage : baux, pièces de procédure (15751782). 1524-1782 Paroisse de Martainville 71 H 14 Droits fonciers, affermage : bail. 1610 8 Ville de Paris 71 H 15 Rentes : titre. 1714-1765 Paroisse de Saint-Aubin 71 H 16 Titres. 1237-1749 71 H 17 Affermages. – Droits fonciers : baux (1613-1780). Dîmes : baux (1570-1734). Moulin à vent : baux (1580). 1570-1780 Paroisse de Saint-Denis-le-Thibout 71 H 18 Titres (1609-1610). Gestion du domaine. – Droits féodaux : aveux rendus (1759). Droits fonciers, affermement : baux (1664-1778). 1609-1778 Paroisse de Saint-Germer-de-Fly 71 H 19 Droits fonciers, affermage : baux. 1780 Paroisses de Saint-Germer-de-Fly, Saint-Denis-le-Thibout, Elbeuf (hameau des Morues), Saint-Aubin 71 H 20 Droits fonciers, affermage : baux. 1767-1787 9 Annexe : Table de concordance Ancienne cote (HP) 71 HP 1 71 HP 2 71 HP 3 71 HP 4 71 HP 5 71 HP 6 71 HP 7 71 HP 8 71 HP 9 71 HP 10 Nouvelle cote (H) J 1199 71 H 16 71 H 17 71 H 12 71 H 9 71 H 7 71 H 9 71 H 16 71 H 10 71 H 11 71 H 16 71 H 17 71 H 4 71 H 8 71 H 18 71 H 19 71 H 6 71 H 1 71 H 2 71 H 3 71 H 5 71 H 6 71 H 8 71 H 9 71 H 16 10