Document détaillé - prospective IN2P3-IRFU

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Document détaillé - prospective IN2P3-IRFU
 PROSPECTIVES IN2P3/IRFU Groupe de réflexion 19 : Théorie G. Bélanger, Ph. Brax, Ch. Grojean, J.-­‐F. Mathiot Les physiciens théoriciens impliqués dans les thématiques de physique des particules, physique nucléaire, astroparticules et cosmologie dépendent de deux tutelles : CEA et CNRS. Ils sont rattachés à plusieurs instituts (CEA/IPhT, CNRS/INP ou INSU) ou directions (CEA/DAM ou DSM) qui dépassent largement les seuls instituts IN2P3 et IRFU du CNRS et du CEA. Au delà de ces thématiques traditionnelles de l’IN2P3 et de l’IRFU, un certain nombre de théoriciens travaillent, dans les laboratoires de l’IN2P3, aux interfaces de ces disciplines, notamment dans les domaines des sciences du vivant, de la matière condensée ou de la physique mathématique. Bien évidemment, ces derniers domaines peuvent constituer le cœur de l’activité des laboratoires de physique théorique de l’INP du CNRS et de l’IPhT du CEA. Afin de ne pas biaiser notre rapport sur la physique théorique dans le cadre de ces prospectives IN2P3/IRFU, nous n’avons considéré, pour les théoriciens travaillant aux interfaces, que ceux rattachés à un laboratoire de l’IN2P3, sauf indication contraire. De nombreux physiciens théoriciens sont aussi enseignant-­‐chercheurs à l’université. Ils jouent à ce titre un rôle essentiel dans la formation initiale des générations futures de physiciens, qu’ils soient théoriciens ou expérimentateurs. Pour nombre de physiciens expérimentateurs, ce sera d’ailleurs leur seul contact avec la physique théorique. Le rôle de formation des physiciens théoriciens en est d’autant plus important. 1. Thématiques de physique • Grandes thématiques • Raison d’être de la théorie pour les programmes de recherche IN2P3/IRFU ……. 2. Ressources humaines La communauté de physiciens théoriciens travaillant, en France, sur les thématiques de recherche de l’IN2P3 et de l’IRFU dépasse largement les seules équipes de physique théorique dans les laboratoires de ces instituts. Il nous a paru essentiel de considérer, dans ce rapport de prospective, la communauté dans son ensemble, pour bien montrer l’intérêt commun des physiciens théoriciens pour ces disciplines, et une pratique de travail en commun, indépendamment des organismes de tutelle. L’ensemble des théoriciens, chercheurs et enseignant-­‐chercheurs, travaillant dans les laboratoires de l’IN2P3 ou de l’IRFU, ainsi que ceux travaillant dans les domaines de physique des particules, physique nucléaire et astroparticules/ cosmologie dans les autres laboratoires du CNRS (INP, INSU) ou CEA (IPhT,DSM,DAM) correspond à environ 215 personnes. Leur répartition dans les différentes institutions est indiquée sur la figure 1. Nous avons rassemblé dans le tableau 1 l’ensemble 1 des laboratoires dans lesquels travaillent ces théoriciens. post-­‐doctorants). Cette répartition entre permanents et non-­‐permanents est à peu près identique selon les instituts, comme cela est indiqué sur la figure 3. Par contre, par nature de l’institution, il n’y a pas d’enseignant-­‐chercheurs dans les laboratoires du CEA. Il y en a aussi très peu à l’INSU (3 pour environ 20 permanents). Figure 1 : Répartition des chercheurs et enseignant-­ chercheurs dans les différentes institutions du CEA et CNRS, pour un effectif total d’environ 215 personnes. Une majorité de physiciens se retrouve dans les laboratoires de l’IN2P3 (environ 90), suivi par l’INP (environ 65). Environ 40 chercheurs sont rattachés au CEA, et une vingtaine à l’INSU. Cette répartition est donc relativement équilibrée. Elle l’est d’autant plus lorsque l’on considère le nombre d’équivalent temps-­‐plein : IN2P3~65 ; INP~50 ; INSU~18 et CEA~40. Pour information, l’ensemble des physiciens permanents dans les laboratoires de physique théorique de l’INP du CNRS où sont représentées les thématiques de recherche de l’IN2P3 et de l’IRFU, et l’IPhT du CEA, représente environ 200 personnes, alors que seulement 80 permanents travaillent dans les thématiques de physique des particules, physique nucléaire et astroparticules/ cosmologie. La répartition par laboratoire est bien plus diversifiée. Elle va de 1 à 15 théoriciens environ dans les laboratoires de l’IN2P3 et de 5 à 15 (hors domaine des interfaces) dans les laboratoires de l’INP. Au CEA, l’IPhT et le Service de Physique Nucléaire de la DAM ont environ 15 chercheurs (hors interfaces également), alors que les laboratoires de l’IRFU ont environ 5 théoriciens chacun, comme au GANIL. Les deux laboratoires de l’INSU concernés par ces thématiques (GRECO et LUTH) ont environ 10 théoriciens chacun. A ces personnels permanents il convient de rajouter les doctorants, post-­‐doctorants et CDD, pour un total d’environ 400 personnes. La répartition globale de tous les personnels est indiquée sur la figure 2 (en rassemblant CDD et Figure 2 : Répartition du type d’emploi de l’ensemble des théoriciens, pour un total d’environ 400 personnes. Notons cependant le plus grand pourcentage de Post-­‐Doc/CDD au CEA (30%) qu’au CNRS (19%), alors que le pourcentage de doctorants est plus élevé au CNRS (27%) qu’au CEA (18%). En moyenne, il y a donc environ un peu moins d’un théoricien sur un statut non permanent pour un permanent dans les disciplines concernées, quel que soit l’organisme de tutelle. Figure 3 : Répartition du type d’emploi selon l’organisme de tutelle. La répartition des emplois selon les grandes thématiques (physique des particules, physique nucléaire, astroparticules/cosmologie) est indiquée sur la figure 4. La proportion de chercheurs par rapport aux enseignant-­‐
chercheurs est légèrement inférieur en physique nucléaire (rapport 1.7), et encore moins en astroparticules/cosmologie (1.5) qu’en physique 2 Tableau 1 : Ensemble des laboratoires où sont présents des physiciens théoriciens dans les disciplines représentées à l’IN2P3 et l’IRFU. Tutelles
CEA
Instituts
Directions
Laboratoires/Services
Sigle
Ville
IPhT
Institut de Physique Théorique
IPhT
Saclay
IRFU
Service de Physique Nucléaire
SPhN
Saclay
Service d'Astrophysique
SAP
Saclay
DAM
Service de Physique Nucléaire
SPN
Bruyères-le-Châtel
INP
Centre de Physique Théorique
CPT
Marseille
Centre de Physique Théorique
Ecole Polytechnique
CPT-EP
Palaiseau
Laboratoire de Physique Théorique
Ecole normale supérieure
LPT-ENS
Paris
CNRS
INSU
IN2P3
Laboratoire Charles Coulomb
L2C
Montpellier
Laboratoire de Mathématiques et
Physique Théorique
LMPT
Tours
Laboratoire d'Annecy-le-Vieux de
Physique Théorique
LAPTh
Annecy
Laboratoire de Physique
Théorique et Hautes Energies
LPTHE
Paris
Laboratoire de Physique Théorique
LPT
Orsay
Gravitation et Cosmologie/
Institut d'astrophysique de Paris
GRECO
Paris
Laboratoire Univers et Théories
LUTH
Meudon
AstroParticule et Cosmologie
APC
Paris
Centre d'Etudes Nucléaires de
Bordeaux Gradignan
CENBG
Bordeaux
Imagerie et Modélisation en
Neurobiologie et Cancérologie
IMNC
Orsay
Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien
IPHC
Strasbourg
Institut de Physique Nucléaire
IPNL
Lyon
Institut de Physique Nucléaire
IPNO
Orsay
Laboratoire de l'Accélérateur Linéaire
LAL
Orsay
Laboratoire de Physique Corpusculaire
LPCC
Caen
Laboratoire de Physique Corpusculaire
LPCCF
Clermont-Ferrand
Laboratoire de Physique
Subatomique et Cosmologie
LPSC
Grenoble
Laboratoire Univers et Particules
de Montpellier
LUPM
Montpellier
Laboratoire de Physique
Subatomique et des Technologies
Subatech
Nantes
Grand Accélérateur National
d’Ions Lourds
GANIL
Caen
CEA/CNRS
GANIL
3 l’INP et à l’IPhT, avec la réserve faite précédemment sur les sujets de recherche à l’interface entre physique nucléaire et physique des particules. Figure 4 : Répartition du type d’emploi selon la thématique. des particules (rapport 1.9). La proportion de non-­‐permanents par rapport au personnel permanent est à peu près identique en physique des particules et astroparticules/ cosmologie (entre 1 et 0.9), et elle est bien plus faible (rapport 0.65 environ) en physique nucléaire. La répartition globale des théoriciens selon leur thématique de recherche est indiquée sur la figure 5. Cette répartition est aussi relativement équilibrée, avec néanmoins une nette prépondérance de la thématique physique des particules. Il faut noter cependant qu’un certain nombre de théoriciens de physique des particules travaille sur la structure du nucléon, ou sur les systèmes à très haute densité (plasma de quarks et de gluons), sujets qui peuvent aussi concerner la physique nucléaire. Finalement, la répartition des théoriciens selon leur thématique, et selon leur institut d’appartenance, est indiquée sur la figure 6. Les équipes de théoriciens de la DAM et DSM du CEA travaillent tous en physique nucléaire, alors que ceux rattachés à l’INSU travaillent en astroparticules/cosmologie. Les théoriciens rattachés à l’IRFU travaillent quant à eux à part égale en astroparticules/cosmologie (SAP) et physique nucléaire (SPhN). Il n’y a pas de théoriciens nucléaires dans les laboratoires de Figure 5 : Répartition de l’ensemble des théoriciens selon les thématiques, pour un total d’environ 390 personnes. Pour le domaine aux interfaces, seuls les théoriciens de l’IN2P3 ont été comptabilisés. Figure 6 : Répartition des théoriciens de l’IN2P3 et de l’INP+IPhT selon les trois grandes thématiques : physique des particules (PP), physique nucléaire (PN) et astroparticules/cosmologie (AC). 3. Ressources financières
Les ressources financières des équipes de physique théorique sont très variées. Elles proviennent de deux types de sources : financement récurrent venant directement des autorités de tutelle (ou du laboratoire), et financement sur projets. Le financement récurrent des équipes de physique théorique est extrêmement variable d’une équipe à l’autre, selon le mode de fonctionnement propre de chaque laboratoire. Notons par exemple, pour les équipes théories dans les laboratoires de l’IN2P3 : achat du 4 matériel informatique centralisé ou par équipe, prise en charge ou non par le laboratoire d’une conférence ou workshop international par an et par personne, possibilité de récupérer un budget d’équipement en fin d’année sur les reliquats des groupes expérimentaux, complément de financement des équipes théories sur le budget de fonctionnement du laboratoire. A ce budget doit se rajouter le financement annuel de l’IN2P3 affecté à chaque équipe de physique théorique. Les sommes en jeu sont ainsi, in fine, extrêmement variables, dans un rapport qui peut aller de 1 à 4, de moins de 1.000€ par chercheur et enseignant-­‐chercheur à plus de 3.000€. Les financements sur projet se sont fortement développés ces dernières années, comme pour toutes les autres disciplines. Ils peuvent cependant prendre une importance relative bien plus grande pour les équipes de physique théorique, compte tenu des sommes, relativement modestes, mises en jeu, et qui n’incluent aucunes dépenses d’instrumentation, hors informatique. Les équipes de physique théoriques bénéficient de différents types de contrat, classés ci-­‐dessous par ordre de périmètre décroissant pour leur attribution : • Au niveau international, les équipes de physique théorique émargent aux programmes ERC (European Research Council) et ITN (Initial Training Network), de la Communauté Européenne, ou à des programmes de l’ESF (European Science Foundation). Ils participent aussi à des programmes du ministère des affaires étrangères, comme CEFIPRA avec l’inde. Enfin, ils sont directement impliqués dans les LIA (Laboratoire International Associé) mis en place par le CNRS. • Au niveau national, les théoriciens sont impliqués, aux cotés des expérimentateurs, sur des programmes ANR ou participent à des LABEX. • Au niveau des institutions de tutelle, les équipes de physique théorique sont impliquées dans des PICS (Projet International de Coopération Scientifique), et PEPS_PTI (Projets Exploratoires Premier Soutien pour la Physique Théorique et ses Interfaces) du CNRS, ainsi que des projets bilatéraux avec un certain nombre de pays étrangers. • Enfin, l’IN2P3 a mis en place depuis plusieurs années, un Comité de Financement des projets de physique Théorique (CFT). Ce classement des projets par périmètre décroissant correspond aussi, globalement, à un classement par complexité décroissante pour la constitution du dossier de candidature, et par montant décroissant des budgets alloués par chercheur ou enseignant-­‐chercheur ! Tous ces projets correspondent à un financement de frais de mission et/ou de CDD, post-­‐doctorants ou doctorants (notamment les projets européens, les projets ANR ou les projets CFT). Une enquête rapide effectuée il y a deux ans auprès des théoriciens de physique nucléaire de l’IN2P3 indiquait que, globalement, environ 75% du budget des équipes provenait d’un financement récurrent, 15% d’un financement sur projet hors CFT, et 10 % d’un financement CFT, avec cependant des fluctuations extrêmement grandes d’une équipe à l’autre, et même d’une année sur l’autre. 4. Relations théorie – expérience Les relations entre théoriciens et expérimentateurs sont de différentes natures : animation et formation scientifique, participation à des groupes de travail communs, publications scientifiques communes. Au delà de leur rôle dans la formation initiale et continue des physiciens dans les différentes filières universitaires ou les écoles internationales, les théoriciens participent, à des degrés divers, à l’animation scientifique dans les laboratoires de l’IN2P3 et de l’IRFU. Ils s’organisent aussi pour développer de véritables ateliers de travail permanents, ouverts aux expérimentateurs, comme par exemple l’Espace de Structure Nucléaire Théorique (ESNT) mis en place par le CEA dans la région sud de Paris, avec des moyens non négligeables mis à sa disposition. La participation des théoriciens à des groupes de travail nationaux ou internationaux est forte. Au niveau national, cela se traduit 5 essentiellement par la participation active aux GDR actuellement en cours : • Terascale et Neutrinos en physique des particules. • Chromodynamique quantique et physique des hadrons (PHQCD), en physique des particules et physique nucléaire. • Phénomènes cosmiques de haute énergie (PCHE) en astroparticules et cosmologie. • Physique de la Cellule au Tissu, à l’interface avec les sciences du vivant. Au niveau international, les groupes ou ateliers de travail s’organisent essentiellement autour des grands programmes expérimentaux. Cela existe de longue date en physique des particules autour des activités du CERN, et plus récemment en physique nucléaire auprès du GANIL avec la mise en place de FUSTIPEN (France-­‐US Theory Institut for Physics with Exotic Nuclei), en partenariat avec les USA. Dans le domaine des astroparticules, ces ateliers s’organisent naturellement autour des collaborations expérimentales (comme par exemple à HESS). Notons le rôle particulier joué par l’ECT* (European Center for Theoretical Studies in Nuclear Physics and Related Areas) à Trento (Italie). Ce centre est un lieu de rencontre privilégié pour les théoriciens en physique nucléaire et ses interfaces. Il accueille, selon les sessions (conférences, workshops, réunions de collaborations, groupes de travail), de nombreux expérimentateurs. Ces lieux de discussion et de travail favorisent bien évidemment la publication d’articles communs dans des revues à comité de lecture, sur des analyses de physique. Ces publications communes existent de façon analogue dans les quatre grandes thématiques que nous avons considérées. Durant les quatre dernières années, cela correspond à plus de 200 publications en commun. 5. Evaluation des équipes et laboratoires de physique théorique Nous n’aborderons pas dans cette section l’évaluation individuelle des chercheurs et enseignant-­‐chercheurs, qui n’est pas propre aux théoriciens. Nous nous concentrerons sur les questions spécifiques de l’évaluation des équipes de physique théorique dans un laboratoire expérimental, en la comparant à l’évaluation des laboratoires de physique théorique du CNRS ou du CEA. Les laboratoires de physique théorique de l’INP du CNRS, et du CEA (IPhT) sont évalués, ou le seront prochainement, par un comité AERES composé entièrement de théoriciens des disciplines concernées. L’évaluation est actuellement quadriennale. Pour les laboratoires rattachés au CNRS, ce comité inclut un représentant de la section 02 (« Théories physiques : méthodes, modèles et applications ») du comité national. Pour les unités mixtes de recherche rattachées à une université, il inclut également un représentant de la section 29 (« Constituants élémentaires » ) du CNU. La composition de ce comité permet ainsi de couvrir la plupart des thématiques de recherche représentées dans le laboratoire, et d’avoir une discussion contradictoire pour l’élaboration du rapport final. Il n’y a pas, pour les laboratoires rattachés à l’INP du CNRS, d’évaluation propre par la section 02 du comité national. Le département de physique théorique et appliquée de la DAM au CEA, et son service de physique nucléaire (Bruyères-­‐le-­‐Châtel) fonctionne aussi avec une évaluation propre à 4 ou 5 ans, par un comité scientifique dédié. Les équipes de physique théorique dans un laboratoire expérimental, qu’il soit du CEA (IRFU), du CNRS (IN2P3 et INSU) ou au GANIL (CEA/CNRS), sont quant à elles évaluées dans le cadre du comité AERES, ou assimilé, du laboratoire. Pour les laboratoires rattachés à l’IN2P3, une évaluation propre par la section 03 (« Interactions, particules, noyaux, du laboratoire au cosmos ») complète ce processus d’évaluation. Le comité d’évaluation ne comporte au plus qu’un théoricien. Une évaluation pluraliste et contradictoire n’est alors pas possible. Le rapport concernant l’équipe de physique théorique ne peut être de plus totalement anonyme. 6 6. Comparaison avec d’autres pays Européens Nous allons comparer certains aspects de l’organisation de la communauté de physiciens théoriciens en France et dans les pays Européens limitrophes et d’importance équivalente, dans les trois thématiques de physique des particules, astroparticules et cosmologie, et aux interfaces (physique mathématique et sciences du vivant). Nous utiliserons pour ce comparatif des données objectives telles que le nombre de permanents par laboratoire, le nombre de post-­‐docs et d’étudiants, la nature des financements, le rapport à l’université et les types d’évaluation. Les pays que nous avons considérés ici sont l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, le Royaume Uni et la Suisse. Dans tous ces pays, une constante peut être mise en exergue : le nombre important d’étudiants et de post-­‐docs par rapport à la France (sauf l’Italie qui semble un point singulier et qui a vu un grand nombre de ses théoriciens émigrer). Par exemple, le Royaume Uni a cette année un grand nombre post-­‐docs (a peu près 95) pour un nombre de permanents de l’ordre de 160. Ces post-­‐docs sont à la fois financés par le STFC (Science and Technology Facilities Council) au fonctionnement proche de notre ANR et la Royal Society. Certains post-­‐docs sont payés par les « colleges » à Oxford, Cambridge et Londres. Une partie des post-­‐docs viennent avec leur argent propre (ERC, Marie Curie et bourses nationales) comme cela existe aussi en France. Toujours au Royaume Uni, le nombre d’étudiants est de 310. Il est à noter que les laboratoires au Royaume Uni sont tous au sein d’une université et qu’il n’existe que très peu de théoriciens dans des laboratoires expérimentaux (à l’exception du Cavendish à Cambridge). Ces théoriciens appartiennent à des unités purement théoriques de grande cohérence thématique avec à chaque fois une « masse critique » dans chaque sujet. En Suisse, dans les grandes institutions comme le CERN et les écoles polytechniques de Lausanne et Zurich, le nombre de permanents est de l’ordre de 15 pour une quarantaine de post-­‐docs et 30 étudiants. Mais la statistique de la Suisse est peut être biaisée par la nature du CERN. Comme en France, une partie du financement est sur projet, jusqu'à 40% à Lausanne. En Allemagne, où la nature des instituts se rapproche de la France avec les Max Planck Institutes et les universités, on peut compter de 4 à 5 étudiants et post-­‐docs par permanent. Le financement vient des universités, du ministère de la recherche et de la fondation Max Planck. Dans les Max Planck Institutes, il existe de nombreux groupes expérimentaux. En Espagne, la situation est plus proche de celle de la France. Les chercheurs appartiennent soit à des Universités ou à des organismes de recherche nationaux (CSIC) ou régionaux. la proportion de postdocs/chercheurs non permanents (23%) et doctorants (28%) est légèrement plus élevée qu'en France. La source principale de financement est le Plan Nacional de Fisica de Particulas, où environ 15% est accordé aux théoriciens. Une part importante du financement, en particulier le financement des postdocs et chercheurs non-­‐permanents, se fait sur projets, les sources étant des programmes nationaux (Juan de Cierva ou CSIC), régionaux ainsi qu'européens. Finalement, l’Italie est la moins bien lotie avec seulement 18% d’étudiants et 8% de post-­‐
docs pour 70% de permanents. Le financement des laboratoires de l’INFN ou de l’université est a 60% sur projet. Dans le cas de la Suisse et de l’Allemagne, les évaluations sont faites par des comités de théoriciens internationaux. Au Royaume Uni, l’évaluation a lieu tous les 6 ans nationalement pour tous les laboratoires qui sont comparés. En Espagne, l'évaluation de laboratoires CSIC est effectuée par un comité international alors que les projets sont évalués au niveau national, où typiquement les théoriciens y sont sous-­‐
représentés. 7 7. Recommandations
Les questions, et problèmes, qui peuvent se poser dans l’organisation de la communauté de physique théorique sont de nature différente selon que le laboratoire est un laboratoire de physique théorique (CEA/IPhT, CNRS/INP) ou une équipe de physique théorique dans un laboratoire expérimental (CEA/IRFU, CNRS/IN2P3 ou INSU, CEA/DAM ou DSM). Dans le cadre de ces prospectives, nous nous concentrerons, pour ces recommandations, sur les équipes de physique théorique dans les laboratoires de l’IN2P3 et de l’IRFU. Cela n’empêche évidemment pas certaines d’entre elles d’être pertinentes au delà de ces seules équipes. 7.1 Fonctionnement Le fonctionnement d’une équipe de physique théorique doit être apprécié à sa juste valeur : • les physiciens théoriciens travaillent la plupart du temps en petites, voire très petites collaborations. Cela permet une très grande souplesse dans l’organisation du travail. Cela n’exclut cependant pas le travail en grandes collaborations, avec une organisation similaire aux collaborations expérimentales. C’est le cas notamment dans le domaine des calculs de QCD sur réseau, ou des simulations cosmologiques par exemple. • ce travail est souvent à l’interface entre plusieurs thématiques, ou même plusieurs disciplines. Ce travail en petite collaboration ne doit pas impliquer que la taille des équipes de physique théorique au sein des laboratoires expérimentaux soit aussi très petite ! Il est essentiel, pour garder au sein de l’équipe une émulation scientifique porteuse d’idées nouvelles, et une réelle dynamique, que ces équipes aient une taille critique. Cette émulation scientifique peut se faire de deux manières différentes : en interne au sein de l’équipe, et en externe au sein de collaborations nationales ou internationales. Cela implique, en interne, une certaine cohérence dans les thématiques ou les méthodes théoriques développées au sein de chaque équipe. Cette cohérence n’implique pas, loin s’en faut, une uniformité dans les thématiques de recherche. La diversité thématique doit aussi être considérée comme source d’enrichissement scientifique. 7.2 Financement Plusieurs sources de financement existent pour les équipes de physique théorique : financement récurrent par les autorités de tutelle et complément éventuel sur les ressources propres du laboratoire, et financement sur projet (notamment les projets européens, LABEX et IDEX, projets ANR, projets PEPS_PTI du CNRS, et comité de financement théorie de l’IN2P3). Ces financements ont chacun leur spécificité, et correspondent à des financements d’ampleur décroissante, avec aussi une souplesse dans le processus d’appel d’offre et d’utilisation du financement croissante. Un équilibre entre un financement récurrent et un financement sur projet doit être recherché. Compte tenu des sommes relativement modestes en jeu, cet équilibre ne devrait pas être trop difficile à trouver. Le plan de financement des équipes de physique théorique pourrait d’ailleurs faire l’objet d’un engagement quadriennal, laboratoire par laboratoire, afin d’assurer un minimum de stabilité et permettre un investissement scientifique à moyen terme avec une visibilité forte. Le recrutement de post-­‐doctorants devrait aussi faire l’objet d’un plan pluriannuel afin de pouvoir recruter, dans les meilleurs délais, les meilleurs candidats. Les financements sur projet ne doivent pas se substituer au financement récurrent des équipes de physique théorique. Ce financement récurrent permet notamment de conserver toute la souplesse de fonctionnement de ces équipes, ce qui en fait leur richesse. Il doit être suffisant pour permettre une activité normale de l’équipe (missions de collaboration, participation aux workshops et conférences internationales, invitations de courte durée de collaborateurs). Le financement sur projet doit être réservé à des projets bien identifiés et évalués, d’un montant minimum par chercheur et enseignant-­‐
chercheur (de l’ordre de plusieurs milliers d’euros par exemple). Il doit pouvoir concerner 8 les projets portés par un seul chercheur ou enseignant-­‐chercheur. 7.3 Evaluation Le mode de fonctionnement et le financement des équipes de physique théorique doivent être au service de l’excellence scientifique. Ils doivent donc s’accompagner d’un processus d’évaluation adapté. L’évaluation par l’AERES s’est généralisée ces dernières années, et devient, de facto, le cadre général pour l’évaluation des laboratoires du CNRS et du CEA. Son fonctionnement cependant n’est pas obligatoirement adapté aux équipes de physique théorique dans un laboratoire expérimental dans la mesure où le comité d’évaluation ne comporte souvent qu’un seul théoricien pour un comité de quatre ou cinq membres. Une évaluation avec un minimum d’objectivité, et contradictoire, n’est donc souvent pas possible. Afin d’y remédier, l’IN2P3 et l’IRFU devraient mettre en place, au niveau national, des comités d’évaluation par grande thématique pour l’ensemble des équipes de physique théorique de leurs laboratoires. Ces comités devraient être formés en étroite collaboration avec les présidents des (nouvelles) sections 01 et 02 du comité national du CNRS et des conseils compétents de l’IRFU. 7.4 Relations théorie -­ expérience Les lieux de rencontre entre théoriciens et expérimentateurs sont nombreux. Au sein des laboratoires tout d’abord, les équipes de physique théorique doivent participer pleinement à l’animation scientifique au sein des laboratoires, et à toutes les réflexions de prospectives sur les projets de la discipline. Les collaborations scientifiques avec les équipes expérimentales doivent être d’abord motivées par les intérêts et les domaines de compétence des équipes de physique théorique. Ces collaborations peuvent s’établir au sein même du laboratoire, mais aussi plus généralement au niveau national au sein de l’IN2P3 ou de l’IRFU, ou international. Les structures du type GDR ou groupes de travail internationaux (CERN, FUSTIPEN, …) sont les lieux d’échanges naturels entre théoriciens et expérimentateurs. C’est souvent en leur sein que démarrent les nouvelles idées de collaboration. Il ne faut cependant pas négliger les rencontres impliquant un nombre limité de théoriciens sur une thématique donnée. Ces rencontres naissent souvent à la suite de discussions informelles au sein de structures plus larges. Elles doivent pouvoir s’organiser de façon extrêmement souple. Ces rencontres ont un coût qui ne peut être pris en compte sur un projet défini souvent bien en amont. Elles doivent donc être financées au niveau du laboratoire. 7.5 Ressources humaines Une réflexion et un investissement des théoriciens à moyen et long terme sur des sujets de plus en plus complexes et souvent multidisciplinaires nécessitent une politique de recrutement cohérente et continue de physicien(ne)s sur des postes permanents. Cette politique de recrutement, large et ouverte à tous les profils, doit être reconnue aussi comme un atout majeur pour les grands programmes expérimentaux actuels et futurs de l’IN2P3 et de l’IRFU. Cette politique de recrutement doit être obligatoirement associée à un développement de ressources humaines telles que visiteurs de longue durée, post-­‐doctorants et doctorants. Cela est essentiel pour maintenir une dynamique scientifique forte pour ces équipes. Enfin, un flux régulier de visiteurs de courte durée (typiquement de une à plusieurs semaines) doit garantir une émulation scientifique permanente. Ce besoin est propre aux équipes de physique théorique, et son importance ne doit pas être sous-­‐estimée. Un budget spécifique doit donc aussi être dégagé à cet effet. 9 8. Conclusions
Nous reprenons ici, en les mettant en perspective, les recommandations faites dans les différents groupes de travail thématiques en ce qui concerne la physique théorique, dans les quatre grandes thématiques identifiées dans ce rapport • Physique des particules • Physique nucléaire • Astroparticules/cosmologie • Interfaces …. 10 

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