Un autre Brésil - smooz.4your.net
Transcription
Un autre Brésil - smooz.4your.net
DW • 107 Les carnets de voyage Un autre Brésil d’Ipanema et Leblon ne sont pas loin. Les belles filles avec un «fio dental» entre poubelles. Nous nous arrêtons sur une plate-forme au milieu de la butte devant de journaux à la criée annoncent : «Un coup d’Etat démocratique», la prise de les fesses sur le sable fin ne vous attendent pas, elles se font rares. Elles ont grossi un mur recouvert d’un portrait de Michael Jackson. Sur cette terrasse occupée par pouvoir de Federico Franco et la destitution de Fernando Lugo , ancien évêque, entretemps, même si les parents du quartier chic de Leblon offrent à leur fille pour un bar minable, grand comme une salle de bain carrelée jusqu’au plafond, repasse premier Président de gauche au pouvoir après 62 ans de mainmise du parti Co- leur 18 ans une nouvelle paire de seins tout droit sortis d’une chaine de montage. sur la TV en boucle le clip tourné par le chanteur avec les enfants de la favela en lorado. De mauvais souvenirs refont surface avec l’époque du régime de fer d’Al- Pas besoin d’être un «body designer» pour reconnaître la marque de fabrique. 1996 sur un rythme Axe «They don’t care about us». En aval sur place une canette fredo Stroesser entre 1954 et 1989. Entre les files de voitures et de camions aux Finalement, laissez votre maillot de bain dans votre chambre d’hôtel et montez sur de Brahma et nous découvrons que Julio, notre guide, nous a faussé compagnie. moteurs agonisants ayant fait fuir depuis longtemps les douaniers asphyxiés par le la petite reine, la bicicleta, les vélos de location, et suivez les kilomètres de plage Nous sommes largués! Naïfs, nous avions négocié cette visite, pas très recomman- monoxyde de carbone, nous évitons les escadrons de taxis motos qui remontent à sur les pistes cyclables. Les kiosques à boisson sont nombreux et tenez le guidon dable dans les guides touristiques et payé à l’avance. Impossibe de remonter, il va contre sens la circulation comme des colonnes de fourmis jaunes. Dans les ruelles bien droit, même si vous avez déjà englouti quelques verres de «caipirinha». Si falloir dégringoler toutes les marches de la favela. On aurait préféré la butte de bordées de gigantesques bazars on pourrait se croire à Bombay sans les vaches votre taux d’alcoolémie le permet, levez les yeux sur les kilomètres de front de Montmartre. Ce n’est plus le moment de sortir son Nikon. Nous avons les yeux sacrées. Toute sorte de marchandises dégringolent devant nos yeux comme des mer pour une leçon d’architecture. Mettez le grand angle, toutes les époques sont baissés et résignés, prêts à toute forme d’agression, entourés et parfois bousculés cataractes de fringues, de serviettes, de vaisselles et de sacs de voyage du dernier représentées: depuis le Copacabana Palace tout blanc des années 1920 jusqu’aux par les hommes lunettes de soleil à miroir sur le nez, tongs au pieds, sans sourire mauvais goût «made in China». Des camelots, les «sacoleiros»vous agressent à façades vitrées des temps modernes, où chaque dent creuse a vite été remplacée et de toutes les façons édentées. Enfin, nous atteignons la fin de la «piste noire» chaque entrée de magasin pour vous vendre des plaquettes de viagra et des cou- par un nouvel élève de Niemeyer. Plus tard on pourra vous masser les pieds au à la limite du quartier de Botafago où passent les camions des éboueurs et on teaux à cran d’arrêt, démonstration à l’appui, en le braquant sur l’abdomen. Les «postos numero 9» sous une tente et vous pourrez boire un nouveau jus de coco s’engouffre dans le premier taxi. centres commerciaux sont gardés comme des coffres forts par des vigiles en tenue dans sa calebasse. de combat équipé de fusils d’assaut, AR-15, UZI, M-16, HK-47. Un kleptomane se On ne peut pas séjourner dans la ville des cariocas sans passer une soirée dans ferait abattre sur place 15 balles à la seconde. Derrière des étalages de montres, Le lendemain matin, 10 heures, nous avons rattrapé le manque de sommeil. Notre les «gafieras», les salles de bals populaires dans le quartier de Lapa. On débarque d’appareils photos, de téléphones portables, de laptop et de tee-shirt les vendeu- guide Julio nous attend dans le hall de l’hôtel. Il est grand, blond, parle le français au Carioca De Gama, un vieil édifice colonial décrépis avec des escaliers en bois ses en tailleurs mal ajustés maquillées sur la crasse de la veille vous lancent des et porte des lunettes cerclées à la John Lennon. Il nous propose une visite classique du siècle dernier sur trois étages donnant sur une fosse, la piste de danse. Aucun sourires avec des lèvres rouges de poupées gonflables. A l’angle d’un carrefour de la ville de Rio en jeep décapotable et chauffeur. Nous voyons le Corcovado et horaire, aucun programme musical. Il est 23 heures, le premier musicien débarque, d’immeubles, en instance d’effondrement, mais déjà garnis de grands panneaux le Christ de très près entouré de centaines de Chinois avant d’enchaîner avec le une bouteille de cachaça à la main et déballe sa trompette. A minuit, les musiciens publicitaires, se dresse le temple des tentations. Le bâtiment haut de 12 étages est «Sugar Loaf». Puis, nous demandons un changement de programme avec la visite sont presque au complet. Ils attaquent des choros sur un ton jazzy avec guitares, vite reconnaissable: il est gardé par une équipe de colosses, véritables commandos d’une favela, la Santa Marta, une chaude! La route d’accès en jeep devient raide flutes, cuivres et percussionnistes qui font autant de bruit que le décollage d’un de Rambo, Iron Man, Thor, Bat- et en lacet comme pour accéder au col du Grand Saint Bernard. Arrivé au sommet Boeing 747. Un couple de danseurs, l’homme à casquette et un physique de mâle man, Hulk et Captain America. L’aventure commence à l’aéroport international de Rio de Janeiro après douze de la montagne dominant le quartier de Botafago, nous descendons dU véhicule pour une publicité de parfum, roule sa partenaire contre lui, les deux mains ap- Il s’agit du plus luxueux centre heures de vol et quelques tranches de sommeil. On traverse alors de vieux cou- et tombons nez à nez avec le quartier général de la police militaire et de l’UPP, la pliqués sur une superbe paire de «bundas» qui ne laisserait aucune chance de commercial loirs entre des murs de béton ébréché, vestige d’une modernité dépassée, pour Police Spéciale de Pacification, un camp retranché avec deux canons de char poin- participation à un concours de danse même à Miss Caraïbe. La nuit sera longue Sud. Ce «Vatican de l’opulen- aboutir à la douane, où l’étranger va passer un long chemin de croix. Le Christ tés sur la favela Santa Marta. L’emplacement a été vidé en 2010 d’un autre QG, avec une succession de rythmes afro-brésiliens, dansés par les cariocas du coin. En ce» a été bâti pour la création rédempteur sur le Corcovado n’est pas loin. On a beau l’implorer, l’unique file celui des barons de la drogue, toujours en position de replis précipité dans la jungle rentrant à l’hôtel au petit jour, vision de spectre dans les rues de Lapa avec sur les il y a 40 ans de la société Mona des «Estrangeiros» reste pétrifiée sur place avant la confession de masse, passage en amont en cas de descente de police. Sur la hauteur de la favela, des gamins trottoirs les catadoros, trieurs d’ordures et les drogués affalés sur des cartons dans Lisa. Son propriétaire Fayçal obligé dans le couloir de l’immigration. Celui qui cherche son passeport dans l’une d’une dizaines d’années s’interpellent en écho et font tourner des cerfs-volants les coins sombres. Hammoud fut un trafiquant de ses poches pourra prendre tout son temps. On imagine l’invasion des suppor- avec une fonction de guetteur. On retire les cerfs-volants en signe d’avertissement notoire dans le quartier arabe teurs du «futebol» en 2014, année de la Coupe du Monde au Brésil, s’il n’existe s’il y a un «blitz» des forces de l’ordre. Juste sous le sommet de la butte les an- de Beyrouth. Les boutiques du qu’un seul guichet ouvert avec, derrière la vitre, un douanier stagiaire qui oublie ciens barons de la drogue avaient offert à la favela des écoles, véritables boucliers de tamponner votre passeport à l’entrée du pays. Quel beau «bottleneck »! Nous humains en cas d’invasion policière. Depuis l’occupation militaire sur les sommets suivons l’épreuve des «luggage trolley» et les retrouvailles de ses bagages sur un des favelas, les meurtres quotidiens sont passés de 7 à 2 par jour. Nous descendons vieux tapis roulant datant de l’Aéropostale, de plus aucune information sur un ta- les marches raides et crasseuses de la favela sur un fonds musical permanent de Foz do Iguaçu, ce sont des passerelles métalliques avec ces chutes d’eau cataclys- gaiement puisé dans les coffres de l’Etat. Mona Lisa pratique une politique de bleau électronique. Faites une nouvelle prière vers le «Corcovado» et son «Cristos samba avec des odeurs de cuisines réchauffés de «feijoada». Sortant de tous les miques. La douche est inévitable au pied des cataractes avec ses paquets d’em- vente très efficace; la plupart des magasins de la ville vous demande un surcoût de Redenptor». Il aura du mal à régler la circulation en 2014! taudis, croisant des colonnes de cafards, des gamins véritables gavroches basanés bruns et de vapeur dignes d’une thalassothérapie chez Louison Bobet. Notre guide 5%, voire 10% pour un paiement par carte de crédit. Au Mona Lisa on vous offre Prenez le temps de vous reposer à l’hôtel, même si les plages de Copacabana, portant sur leur dos des bouteilles de gaz, suivis par des chiens retournant les très matinal nous a évité le pèlerinage des touristes du monde entier. Payez-vous un escompte de 10 % pour paiement cash et de 5 % pour paiement par carte le repas du soir dans une churrascaria, les restaurants à viande grillé sur barbecue. bancaire. Nous nous engouffrons au sous-sol du building pour découvrir une véri- Prière à vos amis végétariens de s’éloigner dans un rayon de dix kilomètres, ça sent table caverne d’ Ali Baba et traversons des murs de caisses de Bordeaux, Château la grillade dans toute la ville. Sous des néons de salle d’hôpitaux, véritables répul- Grand Crus classé et de magnum de Champagne. Nous achetons une bouteille de sifs pour des couples amoureux, on assiste à un bal de serveurs – mousquetaires, Château Yquem 2002 avec la Master Card. Elle sera engloutie au dîner, le garçon les carrés de viande empilés sur des épées sans garde. Toute une revue de bétail y du restaurant de l’hôtel incapable de tourner verticalement le tire-bouchon. 2 Juin, arrivée à Rio 4 Juin, arrivée à Fozdo Iguaçu d’Amérique du Faubourg St. Honoré sont représentées à tous les étages. Cet ancien gangster reconverti en notable de la très haute société paraguayenne sous la protection du Président Lugo. Celui-ci avait passe: picanha, manrinha, fraldinha, corderia, coraçao tombe en noria dans votre assiette de carnivore avec, au final, un surprenant ananas flambé au jus de canne toujours embroché. Il ne vous reste plus qu’à retourner à l’hôtel en taxi, en même temps que les touristes chinois descendant d’un bus silencieux et rangés comme 6 Juin, arrivée à Pantanal les soldats de l’armé en terracota de l’Empereur Ming Xi’an.` La compagnie aérienne TAM nous dépose, via Sao Paulo, dans la Province du On n’oublie pas nos passeports, on traverse le pont du Paraná, fleuve qui s’est Mato Grosso, le Pantanal Norte, «le marais». Le ciel devient couvert, il pleut, la grossie des eaux de l’Iguaçu séparant le Brésil, le Paraguay et l’Argentine. Trois température est fraîche, on est loin des plages de Rio. On quitte Cuiabá, ancienne frontières avec un trait d’union sur la carte: Ciudad del Este, deuxième ville du ville des «bandeiros» et des «garimpeiros», les orpailleurs.100 kilometres de pistes Paraguay, capitale de la crasse et de tous les trafics. Le Paraguay est le centre de bitumées, puis la piste de terre rouge riche en magnésie avec des plateaux inclinés gravité géographique du Cône sud-américain. Juste sur la passerelle les vendeurs et des plaines inondées par des pluies saisonnière s’écoulant vers l’Atlantique à DW • 109 Brésiliens reçoivent depuis trois nouvelles «dreadlocks». C’est notre guide. Il est français originaire de Maubeuge et s’appelle formes d’assistance: Jean-Louis Toussaint. Il a le teint grisâtre, des yeux cernés, les pupilles dilatées et injectées. Au programme de la matinée, visite des églises de la vieille ville avec > La Bolsa Familial s’élève à 2.160 reals par les éternelles recommandations de vigilance au Brésil, risque de vol à l’arraché et an, si leurs enfants sont scolarisés; d’agression physique dans les coins isolés. Les transports en commun sont une option pour une prise d’otage entre deux stations et vous descendez en slip. Visite l’Est à 2.000 km. Le 4X4 s’arrête sur la rive du Bahaiachacororé, un immense thérapeutes comportementalistes et les alcooliques anonymes. marais grand comme deux départements français. Notre guide nous attend. C’est une femme sans âge à casquette, petite, trapue et musclée, pantalon kaki. Elle s’appelle Zaîné. On apprendra plus tard qu’elle est issue d’un père libanais sunnite ayant cultivé le pavot dans la plaine de la Bekaa, chassé par les Israéliens pendant 11 Juin, arrivée à Manaus la guerre du Yom Kippour, et d’une mère afro-brésilienne. Nos bagages sont chargés à bord d’un canot à moteur et nous descendons un marais interminable bordé Enfin, Manaus en Amazonie. En visant le Teatro Amazonas construit par les richis- de mangroves et de nénuphars géants. Il pleut averse, il fait froid, 10° à peine, les simes barons du caoutchouc en 1896, nous assistons à la répétition de l’orchestre crèmes solaires sont restés dans les sacs à dos. Aucun pullover n’avait été prévu symphonique de Tbilissi qui vient d’entamer le «Crépuscule des Dieux» de Richard dans nos bagages. Il est 19 heures, il fait nuit, nous grelottons et le cuisinier, de la Wagner. Nous arrivons à l’embarcadère de l’hôtel Tropical, palace construit sur Poussada Mutu à Barao Demelgado, short de boxeur en tablier court, nous appor- le modèle d’une hacienda dans le quartier huppé de Manaus Punta Negra. La te une soupe brulante et épaisse de piranhas avec un zeste de citrons verts. Il nous croissance économique brésilienne a transformé la rive du fleuve en Miami Beach. déclare avec un sourire carnassier que des Indiens du marais l’ingurgitent pour ses Depuis l’implantation de la zone franche, la ville est devenue le premier producteur propriétés érectiles, équivalent de deux comprimés de viagra. Le lendemain lever mondial de motocycles avec la fabrication de Honda, Kawasaki et Harley Davidson. à 6 heures. Zainé nous réveille pour la découverte du marais à la rame dans les On embarque sur l’Amazone Clipper. Adolf, le capitaine du steamer, est un ancien mangroves et les tunnels de végétations inondés, les igarapés, remplis d’oiseaux légionnaire, la cinquantaine passée, un nez d’alcoolique et quelques balafres faits sortis du musée d’histoire naturelle. Des loutres géantes sur quelques ilots de terre d’armes des fêtes de la bière munichoise. Il avait servi dans l’infanterie le deuxième nous narguent avant de plonger pour refaire surface quelques dizaines de mètres REI pendant la guerre du Golfe manipulant le bazooka mieux qu’un couteau suisse plus loin, un poisson du marais dans la gueule. Plus tard nous montons à cheval à dix lames. On est dimanche, impossible d’aller à la pêche sur le Rio Negro en traversant les terres inondées avec quelques frayeurs, quand l’animal craintif et crue, 17 mètres au-dessus de son niveau le plus bas. Adolf nous conduit en canot pataugeant dans l’eau nous avertit d’un anaconda invincible. Dans la soirée nous à l’église flottante cernée par les eaux, l’Eglise du Troupeau du Très Pur Amour du ferons une pèche miraculeuse aux piranhas avec un simple bout de viande et un Christ. L’édifice en bois est bondé, chaque fidèle bardé d’un gilet de sauvetage primitif fil de fer recourbé, pendant que Zainé prie dans le canoë orienté à l’Est implore la Sainte Vierge et les divinités Orixas du Candomblé, reliquat des croyan- vers La Mecque. ces africaines. 9 Juin, arrivée à Brasilia Le lendemain matin 5h30, la cloche du steamer sonne sortant des cabines pas plus grandes qu’une cellule du bagne de Cayenne. Une nouvelle fois nous montons dans un canot à moteur et naviguons à la hauteur des sommets de la canopée le > Ils bénéficient de la Bolsa Foresta, soit de l’Iglesia e Convento Sao Francisco, la plus belle des églises baroque du Brésil un montant de 600 reals, s’ils respectent aux entrailles aurifères qui ferait pâlir un roi du pétrole. Les esclaves africains, le pacte d’environnement de non-abattage contraints de participer à l’édification de ce bijou, s’exprimèrent en contournant de la forêt; les canons baroques par des sculptures de moins en moins catholiques avec des chérubins déformés démesurément sexués et des figurines féminines négroïdes au > Une subvention: la Bolsa Pescador, soit 1.200 reals par an, s’ils s’engagent à ventre bombé plus très vierges. Nous découvrons d’autres églises, cathédrales et pêcher pour leur usage personnel durant la période de reproduction des poissons couvents avec, toujours sur le perron de ces édifices, des grappes de mendiants et sur le fleuve. des enfants des rues, un chiffon dans leurs mains noires et huileuses sniffant des dissolvants. Jean-Louis, notre guide devenant de plus en plus nerveux avec quel- Ces trois aides s’élèvent à 1.900 US$ par an complétées par la vente du surplus de ques tics prémonitoires, nous entraine à la dernière visite de couvent vers un esca- la culture du manioc et de la pêche. Depuis, ils sont entrés dans le XXIème siècle lier sombre, peu éclairé, un ancien dortoir de moines dominicains. Nous apprenons avec l’électrification de leur habitations et la possession d’un téléviseur satellite. qu’il existait, durant l’occupation portugaise de Bahia, un réseau de tunnels entre Retour à Manaus après quatre jours de croisière, et nous retrouvons notre chauf- ces édifices débouchant sur le port et servant de passage clandestin pour la contre- feur Nazaretho. Nous visitons les anciens palais des barons du caoutchouc et in- bande et le trafic de prostituées. Très vite nous comprenons que cette cachette est vitons notre guide au déjeuner. Sous une chaleur torride et bien imprégné de squattée par l’internationale des toxicomanes de tous les continents. Jean-Louis ne plusieurs verres de cachaça, on a droit à sa biographie colorée. Après une carrière se prive pas pour sniffer un rail de cocaïne planqué derrière une brique. Au cours dans la Force Aérienne Brésilienne, pilote de chasse, il négocie sa conversion dans de son «trip» nous apprenons qu’il est un prêtre défroqué et pratique le «Speed- le civil pour devenir pilote d’un Learjet pour le compte des contrebandiers du Ball», une bombe atomique, mélange de cocaïne et d’héroïne en respectant le Minais Gérais, trafiquants d’or et de diamants. Son avion plaqué sous le fuselage calendrier de chaque grande fête religieuse. Avant de nous quitter, en remontant d’un gros porteur de ligne comme un bébé baleine et faisant cap vers l’Amérique les catacombes des drogués, il nous propose quelques plaquettes de «shit» pour du Nord, devenait invisible et indétectable aux radars et aux tours de contrôle de le restant de notre voyage. la zone. Nazaretho a quitté l’emploi très rémunérateur quand un jour d’avril 2007, les forces aériennes brésiliennes décident d’une nouvelle tactique d’interception: tir à vue sur le Learjet après deux sommations. Il a pu, toutefois, devenir propriétaire d’une grosse Mercedes avec toutes les options pour véhiculer les touristes dans les quartiers de Manaus. Avant de quitter l’Amazonie, nous faisons une brève visite au Centro de Biotechnologica da Amazonia (CBA), l’Institut de recherche Recife, plus au Nord, une nouvelle ville côtière. Arrivés toujours à l’aube à l’aéro- biomédicale, avec la découverte de la fabrication de médicaments tel que l’anti-hy- port Gararares, nous sommes pris en charge par un chauffeur de taxi souriant, pertenseur le plus vendu dans le monde dans les années 1990 à partir du venin de aimable malgré l’heure matinale; il est âgé et s’excuse de nous parler anglais. Il serpent Jaracara, l’utilisation du venin de mygales actuellement vendu au marché est professeur retraité de droit pénal. Après le dépôt de nos bagages à l’hôtel, noir aux propriétés analgésiques, et le poison des glandes sébacées du crapaud nous filons visiter le patio de Sao Pedro, le Santo Antonio et le Recife Antiguo, épipedolates tricolore, batracien mortel transformable en puissant anesthésique. trois quartiers de la vieille ville. Dans ce dernier fût édifiée la première synagogue au XVIIème siècle sur le continent américain. La communauté hébraïque s’instal- long de la berge avant de nous enfoncer dans un simulacre de paradis, comme le Toujours avec la TAM, escale d’une nuit à Brasilia avant l’Amazonie. Depuis Cuiaba décrivait Percy Harrison Fawcet, explorateur et aventurier dans les années 1920, nous débarquons à l’aéroport de la ville du troisième millénaire. C’est une nouvelle ayant inspirer le personnage d’Indiana Jones. C’est une véritable volière, les ja- réplique de la désorganisation d’un aérogare où la collecte et la récupération des canas côtoient les piru-pirus, les trogons, les toucans, les joa-bobos et autres es- bagages ressemble à la distribution de la FAO. Brasilia, construite sur le plan d’un pèces exotiques, sans oublier les cris des singes hurleurs et des capucins prêts à avion par l’architecte centenaire Oscar Niemeyer, est une ville vidée de tout ces nous bombarder de projectiles inconsommables pour la préparation d’un cocktail passagers–habitants. Les WE, toutes les avenues à 6 voies, ressemblent à des pistes de fruits exotiques. Un couple d’Irlandais en voyage de noces nous accompagne. d’atterrissage pour soucou- L’homme à la casquette verte et jaune mitraille en rafale la forêt amazonienne, pes volantes, où le piéton son téléobjectif priapique ayant sans doute remplacé sa virilité défaillante de la est une espèce en voie de nuit. Il est commissaire de police dans un quartier de Belfast et sa nouvelle et disparition. À un feu rouge troisième épouse, un coup de soleil sur le nez et deux canettes de bière dans les passe un bolide, peut-être, mains, gardienne de prison dans le secteur des femmes de cette même ville. Le Nelson Piquet? Le chauf- soir, Adolf les découvrira complètement ivres ou sous l’effet du ayahuavca, breu- feur de taxi, dépressif et ré- vage indien hallucinogène, copulant sur le pont supérieur du bateau dans le canot sidant dans cette ville, qui de sauvetage. Au troisième jour de croisière nous débarquons chez une famille de n’a jamais décollé, nous caboclos, les riverains du fleuve. Nous sommes accueillis par Pequinho, Maria et avoue que Brasilia est un leurs deux filles dans leur baraque sur pilotis. Ils ont bénéficié de la réforme so- Eldorado pour les psycho- cialisante du Président Lulla en 2002. Ignorés avant cette politique, 40 millions de Christian Villeval et Michel Clerin 16 Juin, arrivée à Recife lera un siècle plus tard à New York, chassée par une nouvelle inquisition. Nous 14 Juin, arrivée à Salvador de Bahla interrogeons Pessoa, notre chauffeur et guide, sur l’organisation du marché de la cocaïne en Amérique du Sud. Etonnés, nous apprenons qu’il existe une organisation officielle basée au Pérou, l’Empressa Nacional de Coca (ENACO). Cette Une nouvelle étape après des vols répétitifs sur la TAM; elle sera courte, mal- société achète officiellement 10% de la production de la cocaïne du Pérou, de la heureusement. Nous débarquons à Salvador de Bahia, sur la côte Atlantique; fini Colombie et de la Bolivie. Cet achat est destiné à l’industrie pharmaceutique. Le la Rain Forest, les piqures d’insectes et la cacophonie nocturne sur les rives de solde, soit 90%, est acheté par les narcotrafiquants. Aux dires de Pessoa, le prix l’Amazone et du Rio Negro. «Toute la richesse de l’homme de Bahia en grâce et de vente de la tonne de cocaïne est plus élevé que le prix de vente de la pomme en civilisation et toute sa pauvreté infinie, tout son drame et sa magie naissent de terre, du mais et du manioc. Pessoa n’a jamais pu comprendre que les USA, et se retrouvent dans la vieille ville» ( Jorge Amado). On nous dépose en pleine le plus grand consommateur mondial de la cocaïne, ne légalisent pas l’utilisation nuit à la Casa do Amarelido, quartier de la Cidade Alta dans le Pelourinho. C’est de cette drogue qui entrainerait un effondrement des prix du marché, comme fût une poussada restaurée à grand frais par un couple belge homosexuel, demeure éliminé le trafic des alcools au moment de la prohibition dans les années 1930. palaciale édifiée au XVIIème siècle par un richissime seigneur portugais Engenhos, Le bénéfice de cette légalisation aurait de multiples avantages avec la diminution planteur de cannes à sucre. De notre balcon en fer il assistait autrefois au supplice du coût de santé pour la prise en charge des toxicomanes, la réduction drastique des esclaves fouettés à mort sur la place centrale. À 6h du matin nous sommes du commerce illégal et parallèle des armes, de la prostitution et de la guerre des réveillés par le clairon de la caserne des troupes de choc de l’armée brésilienne cartels avec ces milliers de mort sur le continent sud-américain. On est dimanche dans la ville basse de l’autre côté de la chambre. À10 heures, arrive dans le hall de matin, Pessoa nous rejoint pour une courte visite à Olinda (Oh, la Belle), à quel- la poussada une ombre filiforme, un air de musicien rasta avec des ébauches de ques kilomètres au Nord de Recife. Quelle déception! C’est une colline remplie de DW • 110 artistes du monde entier ouvrant leurs galeries sur les trottoirs. Les ruelles alignant un style baroque décadent, inspirées du courant maniériste. Toutes les chapelles des maisons à deux étages et des balcons pourraient servir de décor pour un film sont ouvertes, c’est l’heure de la messe avec célébration en latin! Les marchands de Zorro sur une musique d’Enrico Morricone. Sur la route des églises nous croi- du Temple nous attendent avec tout un artisanat «made in Brazil». Cela suffit, on sons d’innombrables motels Sexy Love, Cadiz Provocante, Sensation Night club, file avec Pessoa sur le Boa Viagem, les plus belles plages du Brésil, concurrentes halte routière des nombreux chauffeurs de poids lourds donnant un syncrétisme de la ville Carioca, où les kiosques à boissons sont remplacés par des panneaux «sexe et religion», sans oublier les panneaux pour les alcolicos anonymos et les avertissant les baigneurs des attaques de requins. narticos anonymos . 22 Juin, arrivée à Rio de Janeiro Dernier vol domestica. Nous arrivons à Belo Horizonte. Plus de guide, nous trou- Rio de Janeiro, nous sommes le 22 juin, veille de notre départ. Nous avons rendu vons un garage pour une location de voiture, l’Agence Localiza. Ce sera une notre grosse Chevrolet Pickup de bétail complètement essoufflée à l’agence locale Chevrolet Pickup noir année 1990, équipé d’un pare-buffle: véhicule utilitaire des Localiza après des tractations de frais supplémentaires à payer, suite à des décou- Les Journées des Plantes Référence en la matière, les Journées de Beervelde (près de Gand) rassemblent deux fois par an plus de 200 exposants et plus de 20.000 visiteurs dans une splendide propriété située au coeur d'une région connue pour son horticulture. Les Journées des plantes The Garden The Garden Days Days Foto: Lut Laureys 18 Juin, arrivée à Belo Horizonte 12 - 13 - 14 octobre 2012 (10 - 17 h) On the 12th, 13th and 14th of October 2012 casieros, fermiers des haciendas du Minas Geiras. Au décours des formalités de vertes totalement erronées de «coups et blessures» occasionnées sur la carrosserie la location du véhicule déboule une belle jeune femme brune, un jean et des déjà cabossée depuis notre départ de Belo Horizonte. Coup de fil de Katia, notre bottes de cowboys aux pieds. Nous apprenons qu’elle est sénatrice, propriétaire copine sénatrice. Elle nous invite à la grand messe de l’Environnement Rio 20+. d’une fazienda, ferme privée de 5.000 hectares de soya et de 4.000 hectares Nous n’avons pas accès aux délégations gouvernementales avec les chefs d’État d’eucalyptus, et se déplace habituellement avec son avion, un beechcraft, sur ces et à la salle du Congrès au Palais Itamaraty. À Praia do Botafogo, sous la tente des terres dans l’ Etat du Tocatin à 1.000 km de Brasilia. Elle nous apprend qu’elle se VIP issus de la société civile, nous recevons nos badges en qualité d’économiste et destinait à une carrière de psychanalyste freudienne, mais que jeune veuve elle a de médecin. Nous appartenons, après ce baptême, aux membres de la Société des dû reprendre l’exploitation agricole de son mari dont le rendement pourrait rendre «Amis de la Terre». On devrait se rappeler de cette vieille réflexion de Nietszche il y jaloux le trader londonien le mieux payé. Elle nous laisse sa carte de visite et nous a 150 ans: «La terre a une peau et cette peau a des maladies: une de ces maladies découvrons que la sénatrice est également présidente de la surpuissante Fédé- s’appelle l’homme». On se promène dans les ateliers au bord de la Praia remplie ration de l’Agriculture (CNA), devenant la porte parole de l’agrobusiness dans le par une foule bigarrée, désertée par les maillots de bains et les bikinis. En écoutant gouvernement. Elle nous proposera de nous revoir à Rio lors du sommet Rio 20+ l’incohérence des discours des 130 langues des pays présents et le déballage acro- le 20 juin. Une nouvelle fois, nous attaquons l’ère coloniale avec les églises sur le nymique des organismes concernés (CMUMAD, UNCSD, CNUEH…), un autiste camino real (le chemin royal), où transitaient l’or et les pierres précieuses à desti- mondialiste pourrait présenter sa candidature pour la présidence du prochain Rio nation du Portugal. Lisez Lonely Planet, le guide du routard et d’évasion, et vous 40+! En ramassant sous le sable une page du quotidien de Rio «O GLOBO», nous n’aurez plus besoin d’un guide brésilien qui ne sert qu’à celui qui possède les bases apprenons qu’un escadron de Black Box en provenance de Rostock associé à une lusophones, puisqu’il ne vous parlera pas la langue de Racine et à peine celle de harde de Grünen de Leipzig, avait affrété un Airbus de la Lufthansa. Tous ses pas- Shakespeare. Alors, «on the road again» sur la BR-040, l’autoroute Nord – Sud, et sagers complètement ivres avant le décollage, n’avaient jamais pris les airs pour nous visitons les églises du baroque mineiro dans les montagnes du Minas Geiras Rio. On pouvait également lire que le programme du concert de fermeture du Rio avec l’introduction de nouveaux matériaux, tel la pierre de savon et la signature 20+ avait été modifié après l’annulation de la venue des Pussy Riot. Il est 22h30; mulâtre dans l’ornementation intérieure des édifices. Tout cela pour finir dans un nous arrivons en salle d’embarquement à l’airport international Galeao de Rio de rococo dégénéré depuis longtemps dépassé en Europe à cette même période. Janeiro. Christian Villeval et Michel Clerin Entrée 10€ - Enfants de moins de 15 ans gratuit – info: +32(0)9 356 81 82 – www.parcdebeervelde.be Le parc de Beervelde se trouve à deux kilomètres de la sortie 11 sur l'autoroute E17 Entrance: 10 Euro per person (free of charge for childeren under the age of 15). Dogs on a leash are admitted. Beervelde Park is located at 2 km from exit number 11 off the E 17 motorway Antwerp-Ghent, in the middle of the village. XENO DESIGN Ouro Preto et Tirradentes sont devenus des Saint Paul de Vence sans les églises. Les Foto: Sey (from 10am till 5pm) Twice a year, Spring and Autumn, the delightful Park of Beervelde opens its gates. Over 220 exhibitors fill the Park and bring their own excitement and magic to one of the most vibrant garden shows in Northern Europe. Plants, accessories and original works of art combine with a perfect setting to produce a stunning celebration of horticulture. Foto: Lut Laureys maisons de marionnettes repeintes, les rues pentues pavetées et 22 églises dans