FORMATION SUR LE FILM FANTASTIC MR FOX de Wes Anderson

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FORMATION SUR LE FILM FANTASTIC MR FOX de Wes Anderson
FORMATION SUR LE FILM
FANTASTIC MR FOX de Wes Anderson
Le mercredi 4 janvier 2012, l’association Collège au Cinéma 37 a invité Florence Maillard, critique aux Cahiers
du cinéma pour parler du film de Wes Anderson Fantastic Mr Fox programmé pour les élèves de 6ème/5ème.
Fantastic Mr Fox est une adaptation du livre publié en 1970 de Roald Dahl, écrivain anglais, dont plusieurs
ouvrages ont été adaptés au cinéma comme James et la Pêche Géante, Charlie et la Chocolaterie… Ce film a été
tourné en « stop motion » ou image par image.
LE REALISATEUR
Lorsqu’il réalise Fantastic Mr Fox, Wes Anderson (né en 1969 au Texas, USA) en est à son septième film dont La
famille Tenembaum, La vie aquatique, Darjeeling limited. Ce réalisateur a imposé au cinéma un style visuel avec
des travellings frontaux. Le spectateur peut ressentir un esprit de famille dans les films de Wes Anderson, qui se
retrouve dans sa façon de travailler.
A noter : ce film est la première collaboration de Wes Anderson avec Georges Clooney et Meryl Streep.
LA GENÈSE
Wes Anderson lit ce livre lorsqu’il est enfant. Ce livre va l’inspirer dans ses jeux d’enfants. Quand il décide
d’adapter ce livre sur grand écran, il rencontre la veuve de Roald Dahl et celle-ci l’invite à écrire le scénario
dans la maison de l’auteur au Pays de Galles et ainsi, l’imprégnation de l’univers de Roald Dahl se retrouve
dans le film.
FILM D’ANIMATION
Fantastic Mr Fox est un film d’animation réalisé en stop motion (définition : il faut représenter chacune des
phases du mouvement réalisées et enregistrées image par image). En temps ordinaire, l’animation est faite en
24 images par seconde mais le réalisateur de Fantastic Mr Fox a opté par une captation à 12 images par
seconde donnant une vision saccadée rendant les animaux étranges. Le trucage ressenti par le spectateur est
voulu par le réalisateur voulant donner un cinéma de suggestion. Le vertige du faux est accentué par un jeu sur
les différentes échelles.
Wes Anderson a choisi le film d’animation car il y a une plus grande souplesse. Il avait déjà utilisé l’animation
dans La vie aquatique. De la même façon dans ces précédents films, Wes Anderson avait fait toutes les coupes
transversales qui se retrouvent dans Fantastic Mr Fox (coupe de l’arbre, du sous-sol, des entreprises des
fermiers).
Le film d’animation de Starewitch, Le Roman de Renard (1929), source d’inspiration pour ce film Fantastic Mr Fox,
est conseillé pour travailler sur le film.
Wes Anderson n’était pas présent sur les plateaux de tournage, il communiquait avec les différentes équipes de
tournage par courriel afin de donner ses directives.
Pour la direction des acteurs, les voix ont été pour la plupart enregistrées avant le tournage dans une ferme du
Connecticut. De ce fait, certains dialogues laissent une part à l’improvisation (exemple : lorsque tous les
personnages parlent en même temps).
LES THEMES DU FILM
Wes Anderson traite de sujets tels que la famille, la tribu, la filiation dans un versant masculin et raconte des
aventures épiques. Le regard des autres est un thème central dans l’œuvre de l’auteur comme l’image de soi qui
se trouve au cœur des personnages du film Fantastic Mr Fox. La clandestinité des animaux est également un
thème du film.
RÉCIT ET PERSONNAGES
Le récit du film peut se résumer à l’histoire d’un renard anthropomorphe. La double appartenance du
personnage principal (sauvage et civilisé) fait l’originalité du film.
En général, le renard se caractérise par la cruauté, la ruse et l’idée de repartir le ventre plein. Au Moyen-Âge,
le renard était considéré comme « domestiqué ». Dans ce film, le renard est un bandit ambigu et le spectateur
peut trouver une descendance du Roman de Renard. Florence Maillard rappelle que le Robin des bois de Walt
Disney était représenté par un renard.
Le renard de Roald Dahl vole mais est généreux, il joue des tours et est insaisissable. Dans Fantastic Mr Fox, il a
une conscience de lui en tant que renard : il se pose même la question « Pourquoi suis-je né Renard ? » (12 min
02 sec).
LA MUSIQUE
Mister Fox apparaît sur la musique de Davy Crockett, The Wellingtons, près d’un arbre sur un ciel orangé
comme dans les westerns.
Mister Fox fait lui-même le fond musical, il fait sa propre légende. Il a sa propre chanson chantée par Petey,
ouvrier de Bean (40 min). Pour l’intervenante, le fait que les pistes de lecture soient mises en route par Mister
Fox est peut-être un clin d’œil du réalisateur.
En terme d’adaptation, les éléments du livre se retrouvent dans le film mais le réalisateur a effectué beaucoup
d’ajouts ce qui fait du film une autre œuvre.
Livre
- Fox a quatre petits renards
- Sa femme lui dit sans cesse « Tu es fantastique »
Ajout du film
- Evolution de Mr Fox
- Conflit de sa vie d’animal faite d’instinct et de sa vie
de famille
Wes Anderson rend la vie infernale à Mr Fox :
- il ne vit pas dans un terrier
- il est journaliste mais il n’est pas lu
- il veut être un personnage brillant
A la fin du film, à partir du moment où Mister Fox est avec sa famille, il se contente du poulet sous cellophane.
Extraits du début et de la fin du film : évolution de Mister Fox (fin à partir de 1 h 12 min 50 sec)
Début du film
Fin du film
Fox est égoïste et fait la promesse à Felicity d’arrêter
de voler
Lors du vol, il fait les questions et les réponses
Felicity est la seule à s’illuminer
Mister Fox et Felicity s’illuminent
Lors du banquet (42 min 41 sec), Mister Fox est Sa famille lui laisse faire son discours
interrompu
Rien n’est vraiment résolu à la fin du film mais il y a une nouvelle organisation sociale, une organisation humaine.
Tout au long du film, Ash, le fils de Mister Fox, veut ressembler à son père alors que tout le monde dit de lui qu’il
est différent. Il n’est pas le fils rêvé de Mister Fox ; il rêve d’être un athlète et un super héros (il lit le comic
original White Cap). Il se retrouve face à son père et à son cousin Kristofferson qui est un personnage parfait.
En effet, il sait se battre et se défendre, il a une maîtrise parfaite de son corps et a une compétence naturelle. À
la fin du film, Mister Fox accepte son fils tel qu’il est et Ash enclenche la musique à la place de son père.
Dans ce film, les femmes ont l’air d’avoir plus d’assurance que les hommes.
CARACTERISATION DES TROIS FERMIERS
Les trois fermiers sont plus bornés, plus stupides et plus destructeurs que les animaux. Le fermier Bean est le
digne rival de Mister Fox ; Bean va jusqu’à porter la queue de Fox en cravate. Comme Mister Fox, Bean aime
les choses qui brillent (indice sur l’aveuglement).
DECOUPAGE DU FILM
Le découpage se fait visuellement par des titres « Master plan B » …
La bataille finale de la ville (59 min 40 sec) est traitée comme une guérilla. La résistance s’organise sous terre.
Lorsqu’ils se trouvent sous terre, les actions sont répétitives.
Les prises de parole de Mister Fox sont à chaque fois interrompues par les événements extérieurs prouvant qu’il
n’a pas le contrôle de la situation.
Le dynamisme est traduit par une action incroyablement rapide résumée avec une narration schématique.
STYLE VISUEL DU FILM
La scène où les animaux synchronisent leur montre (59 min) est un parallèle avec une scène d’Ocean eleven de
Steven Soderbergh (USA – 2001 – 1 h 57) où joue George Clooney.
Donald Chaffin est la source visuelle du film (page 13 du livret CNC). Wes Anderson a réalisé des coupes du
terrier, des fermes, des sous sols comme l’a fait Donald Chaffin dans l’illustration du livre de Roald Dahl.
Le son est très travaillé dans le film Wes Anderson. Le réalisateur a choisi des morceaux de musique qui
dynamisent le film (pop/rock ou musique de films).
Au niveau visuel, Wes Anderson joue sur les deux ou trois dimensions car il est très friand des représentations en
deux dimensions.
VUES EN COUPE / TRAVELLING LATERAUX
Le film présente des plans en étage comme des plans géologiques. Il y a un mouvement de caméra sur les
humains puis la caméra descend en mouvement vertical pour voir le découpage géologique. Il y a une
exploration perpétuelle de l’espace.
Il joue sur les échelles avec des zooms avant et arrière. Les scènes dialoguées entre les personnages sont
traitées différemment (champ contre champ, plongées). Le réalisateur insiste sur les petites tailles avec des fortes
contre plongées.
Extrait des trois vols (de 16 min 22 à 27 min)
Ces trois vols constituent des répétitions mais ils sont traités de trois manières différentes (investissement du
cadre) tout comme les séquences où les animaux vont chercher de quoi manger avec une danse à chaque fois
(38 min).
1er
2ème : on suit la scène à travers les écrans de surveillance
3ème : ils se retrouvent dans la cave avec insistance de la couleur dorée. Cette séquence fait l’introduction du
personnage du Rat « Bean security » et le spectateur peut ressentir qu’il est un vieil ennemi de Mister Fox avec
un esprit de western. Ce vol est plus dense et plus riche que les deux premiers.
COULEURS ET LUMIÈRES
Wes Anderson a utilisé une quantité incroyable de sources de lumière ce qui montre que l’éclairage fut
constamment pensé. Il y a souvent une source lumineuse dans le champ où il y a des clairs obscurs. Les
enseignants peuvent demander aux élèves de recherches toutes les sources de lumière (cidres…).
La lumière a une importance dramatique très forte entre Mister Fox et Felicity :
- « Tu es lumineuse »
- La grotte de silex
- Devant la chute d’eau
A chaque fois, Mister Fox se situe dans une situation d’humilité.
La couleur dominante est le orange qui prend différents tons (du jaune au orange). Dans cette esthétique
générale, les humains sont liés au ton blafard.
A la fin du film, le néon du supermarché, lumière artificielle, éclaire les animaux ce qui peut démontrer que les
animaux ont quitté en quelque sorte le monde sauvage.
La brillance et le scintillement sont travaillés tout autant que les costumes.
Il y a un travail sur la gestuelle des personnages qui tendent à aller vers des personnages cartoons avec
l’accélération des mouvements ce qui provoque un comique gestuel.
A 12 minutes du film, les marionnettes Ash et Kristofferson agissent en humain : le regard des renards suit le
train électrique suivi d’un raccord sur un vrai train dans le plan suivant. Il y a beaucoup de véhicules dans le film
(train, pelleteuse, side-car).
On ne trouve pas de second degré dans les références de Wes Anderson : ça se joue avec des représentations
collectives.
L’association Collège au Cinéma 37 remercie Florence Maillard pour sa venue à Tours et pour son analyse du
film Fantastic Mr Fox.
Bibliographie / Filmographie
-
Dossier pédagogique n°189 du CNC
Fantastique Maître Renard de Roald Dahl – Edition Folio cadet
Cahiers du cinéma, n°653, février 2010
DVD Le Roman de Renard de Ladislas Starewitch
Quelques sites utiles
http://www.abc-lefrance.com/fiches/FantastiqueMrFox.pdf
Fiche technique sur le film
http://www.site-image.eu/?page=film&id=413
Fiche sur le film avec des pistes de travail du CRAC (Centre de Recherche et d’Action Culturelle de Valence)
http://www.zerodeconduite.net/fantasticmisterfox/
Dossier pédagogique français et anglais réalisé par Sarah Bisson et Vital Philippot pour Zerodeconduite.net
http://www.e-media.ch/dyn/bin/1168-9716-1-fantastique_maitre_renard.pdf
Fiche pédagogique suisse réalisée par Sylvie Jean, enseignante à Lausanne
http://television.telerama.fr/tele/films/fantastic-mr-fox,13937571.php
Critique du film par Aurélien Ferenczi
http://www.cahiersducinema.com/Repliques-Fantastic-Mr-Fox-Une.html
Article de Vincent Malausa, critique aux Cahiers du cinéma
http://www.lintermede.com/cinema-fantastic-mr-fox-wes-anderson.php
Article de Claire Cornillon
http://www.findeseance.com/De-ruses-enchantements
Critique du film de Othman El Maanouni