l`information voyageurs
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l`information voyageurs
L’INFORMATION – VOYAGEUR Où, QUAND, COMMENT, … ? EXISTE – T – IL UNE REPONSE UNIQUE ? Dernièrement nous avons publié une réflexion sur un paradoxe qui pouvait exister entre les TC et le DD appliqué aux TC. Dans ce papier nous avons égratigné certaines pratiques d’opérateurs privés en matière d’information des voyageurs. Il nous parait nécessaire aujourd’hui de présenter une réflexion plus complète sur les problématiques associées : ce que fournit l’exploitant et ce que le voyageur attend. L’information‐voyageur n’est pas un concept récent ; quasiment dès la création du métropolitain, et en dehors des plans de lignes et des horaires1, les exploitants avaient mis en place un embryon de service au travers de l’ardoise qui pouvait être installée en pied de guichet. Grace aux technologies et à leur évolution, ce service a utilisé différents supports dont la modernité apparente rejaillissait sur celle de l’exploitant. Mais en quoi consiste cette information ? En 2001, sous le titre « nouveaux services » (?), la revue des transports intelligents (ITS) définissait l’information‐voyageur de la façon suivante : • • • • Information avant le déplacement Information pendant le déplacement Services individualisés d’information Navigation et guidage Reste à vérifier l’absence de redondance dans les contenus (non définis alors) et les moyens ou supports, pour le voyageur, d’avoir accès à cette information. Mais ces supports, où les positionner ? D’autant plus que certaines des informations classifiées ci‐ dessus sont une réponse à une question du voyageur. Comment celui‐ci peut il poser ses questions ? Dès lors la problématique serait : quelle information, sur quel support, où, et en réponse à quelle question ? Mais jusqu’à présent l’information‐voyageur correspond principalement à ce que l’opérateur veut bien faire savoir et non à ce que veux le voyageur. A l’information des voyageurs telle qu’elle semble vue de l’exploitant Il est vrai qu’en ce début du XXIème siècle, les outils pour distribuer cette information sont largement disponibles. Cela va du plan papier affiché en arrêt ou gare (ou en petit format que 1 Plans de lignes et horaires étaient également disponibles pour l’exploitation des bus et tramway. 1 chacun peut mettre dans sa poche : plan « individualisé »), au terminal de poche personnel type GSM ou smart phone, en passant par le plan lumineux PILI puis PLI et l’écran de TV en station ou la barrette à LED embarquée dans les bus. Peut‐être qu’une dichotomie supplémentaire est à réaliser : distinguer l’information dite en temps réel de celle qui est programmée ? Cela a‐t‐il des conséquences sur les supports ? Dans la classification de l’ITS, les informations sont « techniques », utiles au déplacement. Mais il existe un autre aspect qui a une incidence sur la forme de l’information : l’aspect psychologique de l’information ou de certaines informations. C’est l’information rassurante, qui permet aussi à l’exploitant de montrer qu’il maitrise la situation (typiquement un train à l’arrêt –dans un tunnel ; ou une rame de métro entre deux stations) car le voyageur n’a aucun autre choix possible. Il ne faut pas oublier que les transports – sur le trajet domicile travail sont devenus la 1ère cause de stress des urbains et périurbains (cf. étude Technologia février 2010) Or cette attitude de la part de l’opérateur est rare. Exemples : SNCF le 04/01/10 : TGV Genève Paris. Après 20mn d’arrêt sur le territoire français, une annonce dans le train « problème de gestion de la circulation (des trains), 15mn de retard max à l’arrivée ! » A l’heure théorique d’arrivée en gare de Lyon, nouvelle annonce « nous avons 40mn de retard, des enveloppes vous seront fournies à l’arrivée ». RATP le 03/02/10, correspondance ligne 9 & 7, une annonce en station et pas dans les rames « ligne 7 fermée entre pont neuf et place d’Italie, dans les 2 sens, les voyageurs sont invités à se débrouiller » RATP le 05/02/10, RER B vers ST Rémy (à port royal) aucune annonce, juste sur certains écrans : train retardé, alors qu’un autre écran était bloqué sur trains dans 4mn, le tout pendant plus d’une ½ heure ! Ce cas de la SNCF est symptomatique : comment la SNCF sur des lignes TGV régulières et en l’absence de toute intempérie peut elle annoncer qu’elle n’arrive pas à gérer la circulation de ses trains ? C’est son métier de base ! Une information trop « simpliste » comme l’absence d’information font douter du professionnalisme de l’entreprise. Jusqu’à présent cette information en temps réel est essentiellement vocale, plus ou moins compréhensible (pas du tout pour les étrangers) et dans l’environnement immédiat station, train, rame. Quelles solutions à terme ? (Abstraction faite que les métiers de base sont plus que correctement exercés et que seuls restent les impondérables) Le message vocal doit rester, mais comment et par quoi le compléter ? Mettre dans les trains et les rames des supports dédiés (comme cela existe dans des bus) ? Utiliser des supports plus personnalisés voyageurs, ex portable via Bluetooth, mais quid de la CNIL ? Avoir des contenus plus fiables ? 2 Jusqu’à présent, à part le PILI / PLI2 et le site internet de la RATP, toutes les informations sont diffusées à partir d’un émetteur (+/‐ « actif3 ») vers des récepteurs – voyageurs « passifs » qui n’ont posé aucune question. L’opérateur transport informe tous les voyageurs d’un événement qui peut n’avoir d’intérêt que pour certains d’entre eux. Si l’on revient à la liste ITS, l’information avant le déplacement semble en toute logique devoir répondre à une question telle que, origine et destination étant connues, quel est le trajet le plus court ou le plus simple ? De même, navigation et guidage supposent la connaissance par le système de l’origine et la destination. B l’information – voyageur telle qu’elle semble attendue par le voyageur C’est une réponse à une question explicite ou implicite : que faire pour que ce voyage se passe le mieux possible ? Avec comme sous questions : quel est le moyen de transport le plus adapté (entre origine et destination) ? Où est le point d’entrée le plus près ? Idem point de sortie ? Quel est le chemin le plus court avec ce moyen de transport ? A quel coût ? en cas de problèmes durant le trajet quelles sont les solutions possibles ? … Comment le voyageur peut il entrer ces données, avant et pendant le déplacement ? Mais cela a‐t‐il une véritable influence sur le contenu et le support ? Quelle est l’attente du voyageur en termes de réponse et d’équipement sur lequel apparait cette réponse ? On peut supposer que la réponse doive arriver à proximité du voyageur, qu’il puisse y avoir accès sans (trop) se déplacer ; de préférence sur le même équipement qu’il a utilisé pour formuler sa question et dans les délais les plus brefs. Cette réponse n’a d’intérêt que si elle permet dans la majorité des cas, un choix. Dans les attentes du voyageur il y a la multimodalité [en termes de moyens de transport] qui peut garantir une solution et donc une disponibilité d’un moyen de transport; cette multimodalité peut se traduire de deux façons non exclusives : plusieurs opérateurs se partagent des lignes, des tronçons, des gares, des pôles « multimodaux ». Un même opérateur qui exploite plusieurs moyens de transport avec ou sans pôles d’interconnexion. Or il existe un 3ème cas qui fait apparaitre un nouvel acteur : quand un opérateur transport exploite un réseau dont la « voirie » appartient à un autre. Ex : SNCF et RFF, RATP et RFF pour le tramway T2, RATP et collectivité territoriale pour les bus, nouvel acteur que l’on symbolisera par « 3ème opérateur ou O3 ». Jusqu’à présent l’information‐ voyageur (dans les TC) se limite aux informations fournies par les opérateurs ou exploitants directs. Il conviendra d’y ajouter celles issues de O3 et donc de l’environnement extérieur immédiat au moyen de transport. 2 PLI : Plan lumineux interactif est installé dans certaines stations. A l’aide s’un bouton accolé à un nom de station dans une liste, le voyageur peut visualiser le trajet à suivre pour rejoindre cette station (destination) à partir de celle où est installé ce plan. 3 Un plan papier comme un cahier des horaires ne sont pas des équipements actifs 3 Implicitement, il ya dans les attentes des voyageurs une unicité du point d’accès à l’information ; le fait qu’il y ait multimodalité ne doit surtout pas impliquer autant de « serveurs d’information » que de modalités de transport. Cela suppose que pour un environnement donné (l’ile de France par exemple) un point central qui puisse diffuser sous toutes les formes connues (V, D, I), de façon générale ou personnalisée, automatiquement ou à la demande ou en réponse à une question, des informations, homogènes, cohérentes et utiles. Il y a également la gratuité de l’information. C’est un service qui accompagne le déplacement. La gratuité est donc implicite lors du trajet, mais qu’en est‐il avant le trajet ? La réception de sms suppose que le voyageur soit titulaire d’un téléphone portable et d’un abonnement auprès d’opérateurs ad‐hoc ; donc payant ! De même si cette information est accessible via internet : besoin d’un pc et d’un accès internet (tous deux payant). Autant ce genre d’accès – et de terminaux – au travers de bornes publiques plus ou moins spécialisées, peut devenir gratuit à très court terme, les informations par sms nécessiteront pour l’instant toujours un téléphone portable et un abonnement … Enfin, Il ya explicitement l’attente d’une information exploitable et fiable, lisible, compréhensible. D’où un langage avec son vocabulaire et une sémantique4 qui soient communs à tous les opérateurs et aux voyageurs et adaptés à tous les supports. L’information‐voyageur est là pour permettre au voyageur de se déplacer au mieux sur les réseaux empruntés. Il y a pour conclure une donnée qui n’apparait pas, mais qui existe sur les routes et autoroutes : le trafic (‐voyageur). Pourquoi dans les transports en commun cette information n’apparait elle pas ? Pourquoi par exemple le temps d’attente pour avoir accès à un train (ou une rame) ne serait il pas annoncé, aux heures de pointe à St Lazare (métro) soit sous la forme M minutes ou P rames ? Cette information également permettrait au voyageur de (ré) organiser ses déplacements en termes d’horaires et de trajets. Et peut être de modifier les flux et de favoriser un étalement en modifiant les comportements « horaires » des voyageurs ; ce qui pourrait éviter de nouvelles lignes qui à court terme seront tout autant saturées. Information‐voyageur et trafic‐voyageurs sont en fait deux éléments indissociables d’un même ensemble. Une réflexion systémique ne peut être omise. 4 Syntaxe : règles permettant de construire des phrases ou des formules correctes en combinant des symboles élémentaires ; sémantique : interprétation de ces formules et mise en correspondance avec la réalité (ou avec d’autres formules) ; vocabulaire : ensemble des mots, signes et formules ayant un signifiant. 4