la formation professionnelle des personnes sous main de justice
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la formation professionnelle des personnes sous main de justice
REMERCIEMENTS Le Président de la Commission Formation Professionnelle, Monsieur Pierre GLAMEAU, les Vice-Présidents Madame Michèle MERCADIER et Monsieur JeanMarc URREA ainsi que l'ensemble des conseillers du CESER tiennent à remercier particulièrement l'ensemble des personnes auditionnées et rencontrées qui ont apporté leur contribution à la réalisation de cette étude. • Monsieur Thomas DELOURMEL, Directeur de la formation Professionnelle et de l'Apprentissage au Conseil Régional. • Monsieur Christian GUINET, Adjoint au Directeur de l'AFPA. • Madame Isabelle JANNEZ, référente pénitentiaire à Pôle Emploi. • Monsieur Michel JULITA, Directeur de l'Association Régionale des Missions Locales. • Monsieur Philippe MAZZA, Directeur Régional AGEFOS PME LR. • Madame Lila MERABET, Chef du service Formation et Demandeurs d'Emploi au Conseil Régional. • Monsieur Serge PARAJA, formateur à l' AFPA. • Monsieur Michel RAVITSKY, Délégué Académique de la Formation Continue et Directeur du GIP FORMAVIE. • Monsieur Pierre SAMPIETRO, Adjoint au chef de pôle du Service Emploi et Qualifications de la DIRECCTE. • Monsieur Dominique VALERO, Direction Régionale de Pôle Emploi, Responsable du service Relations institutionnelles et Développement économique. • Monsieur David VIALAT, Direction Régionale de Pôle Emploi, Adjoint à la Directrice des opérations et du pilotage. Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 2 / 31 Ce rapport a été réalisé par les membres de la Commission Formation Professionnelle du Conseil Économique, Social et Environnemental Régional Languedoc-Roussillon. Membres de la Commission : • Membres de la Commission : • Monsieur Marc ADIVEZE Madame Martine AGULHON Monsieur Alain ALPHON-LAYRE Monsieur Richard AMOUROUX Madame Simone BASCOUL Monsieur Lucien BERNARD Monsieur Gilles BESSON Monsieur Laurent BOISSONADE Monsieur Arnauld CARPIER Madame Sylvie CHAMVOUX- • • • • • • • • • MAITRE • • • • • • Madame Jackie DAVID Monsieur Pierre GLAMEAU Madame Christelle JOURNET Monsieur Georges JULES Monsieur Pierre LAFFON Madame Annie LLOVERAS • • • • • • • • • • • • • • • • • • Monsieur Claude LOPEZ Madame Elodie MAGNES Monsieur Richard MAILHE Monsieur Jean-Pierre MELJAC Madame Michèle MERCADIER Madame Sylvie MICHEL Monsieur Frédéric MILLOT Madame Sandrine MINERVA Monsieur Eric OLLIER Monsieur Philippe PATITTUCI Madame Michèle PERRIN Monsieur Jean-Jacques PLANES Madame Elisabeth ROBUSTELLI Madame Josiane ROSIER Monsieur André SYLVESTRE Madame Flore THEROND Monsieur Jean-Marc URREA Monsieur Joseph VIDAL Assistance technique : • Madame Marie-Agnès Lugaz, Chargée de communication et Chargée du suivi de la Commission Emploi - Formation – Gestion des Temps Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 3 / 31 SOMMAIRE INTRODUCTION.............................................................................................6 PARTIE 1 : diagnostic...................................................................................10 1.Les personnes sous main de justice en Languedoc-Roussillon et la formation professionnelle : le cadre général................................................10 1.1.L'organisation de la détention ..................................................................10 1.1.1.Les établissements pénitentiaires.......................................................10 1.1.2. Les Services Pénitentiaires d'Insertion et de Probation (SPIP)...............11 1.2 Les différents acteurs de la formation professionnelle.................................11 2.Les personnes sous main de justice en Languedoc-Roussillon : les caractéristiques...........................................................................................13 2.1.Les détenus et les personnes suivies en milieu ouvert en Languedoc-Roussillon .................................................................................................................13 2.1.1.Les détenus et les conditions de détention...........................................13 2.1.2.Les personnes suivies en milieu ouvert en Languedoc-Roussillon............14 2.1.3.Les détenus bénéficiant d'un aménagement de peine............................15 2.2. La formation professionnelle des personnes sous main de justice.................15 2.2.1. Au niveau national..........................................................................15 2.2.2. En Languedoc-Roussillon..................................................................16 2.2.3.L'enseignement en détention.............................................................17 PARTIE 2 : LA FORMATION PROFESSIONNELLE : UN ENJEU MAJEUR POUR L'INSERTION PROFESSIONNELLE ................................................................19 1. Les conditions de réussite du transfert de compétence aux régions.........19 1.1. Les enseignements de l'expérimentation par deux Régions de la formation des détenus : ...................................................................................................19 1.2. Une condition de réussite du Conseil Régional : la prise en compte de contraintes particulières ...............................................................................20 2. La mise en place d'une offre de formation répondant aux besoins des personnes sous main de justice...................................................................21 2.1. La prise en compte de besoins spécifiques................................................21 2.2.L' aide à l'orientation et l'offre de formation en détention.............................21 2.2.1. Le renforcement de l'aide à l'orientation.............................................21 2.2.2. Le développement d'une offre qualifiante............................................22 2.2.3. Préparer la réinsertion professionnelle de détenus grâce à la VAE (Valorisation des Acquis de l'Expérience).....................................................22 2.2.4. Le renforcement des actions de pré-qualification et de mobilisation........23 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 4 / 31 2.3. L'offre de formation « hors les murs » et les besoins spécifiques..................23 2.4. Les besoins en matière de formation pour les sorties de détention...............24 PARTIE 3 : LES PRECONISATIONS DES CONSEILLERS DU CESER..................25 BIBLIOGRAPHIE...........................................................................................28 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 5 / 31 INTRODUCTION Suite aux lois de 2003 et de 2009, la Formation Professionnelle fait l'objet d'une nouvelle réforme portée par le Ministère du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. La loi n° 2014-288 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale a été promulguée le 5 mars 2014. Son entrée en vigueur est prévue pour le 1er janvier 2015. L'enjeu de la réforme est d'améliorer un système de formation professionnelle dont les faiblesses, pointées dans un rapport de la Cour des Comptes en 2008, restent d'actualité : système « peu efficace, onéreux et inéquitable ». Les objectifs et leviers de la loi sont principalement : • de simplifier en redéfinissant la gouvernance, • la Région devient le seul pilote de la formation professionnelle de tous les publics (salariés, jeunes, chômeurs, personnes avec handicap, personnes sous main de justice), • de remplacer le Droit Individuel à la Formation (DIF) par le Compte Personnel de Formation, • de mettre en œuvre un conseil en formation professionnelle. En se saisissant du sujet de la réforme 2014 de la Formation Professionnelle, le CESER Languedoc-Roussillon et plus particulièrement la Commission Emploi – Formation – Gestion des temps souhaite proposer une vision prospective et apporter l'éclairage de la société civile organisée sur la mise en œuvre de la loi. La commission a souhaité étudier les perspectives de deux des nouvelles missions spécifiques transférées à la Région, dans le cadre du service public régional de la formation professionnelle en Languedoc-Roussillon. Il s'agit de la lutte contre l’illettrisme sur le territoire à travers la formation professionnelle et du financement et l’organisation de la formation professionnelle des personnes sous main de justice, sous conventionnement avec l’État. Chacune de ces deux nouvelles compétences fera l'objet par la commission d'un rapport. Le présent rapport porte sur la formation professionnelle des personnes sous main de justice. En effet, la loi du 5 mars 2014 prévoit que « la région finance et organise la formation professionnelle des personnes sous main de justice. Une convention conclue avec l'Etat précise les conditions de fonctionnement du service public régional de la formation professionnelle au sein des établissements pénitentiaires »1. Aujourd'hui, ce sont les Ministères de la Justice, et le Ministère du Travail, de l'Emploi de la Formation et du Dialogue social qui organisent et financent la formation des personnes sous main de justice. Bien que les Régions disposent d'une compétence de 1 Article 11 de la loi n° 2014-288 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 6 / 31 droit commun en matière de formation professionnelle, la formation des détenus leur a échappé jusqu'au vote de la loi relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale. L'enjeu est de taille d'un point de vue financier. En 2010, environ 43 millions d'euros, à l'échelon national, ont été consacrés à ce pan de la formation professionnelle en établissements pénitentiaires. En 20122, 28 144 personnes détenues ont été inscrites dans différents types de formation. Cependant, traiter de la question de la formation des personnes sous main de justice n'est pas aisé pour plusieurs raisons. En premier lieu, la notion de personnes sous main de justice est complexe et recouvre différentes réalités. Le public sous main de justice est composé à la fois de détenus- condamnés ou en attente de jugement- et de personnes suivies en milieu ouvert. Les personnes en milieu ouvert font l'objet de mesures exécutées en dehors de l'établissement pénitentiaire du type sursis avec mise à l'épreuve, travail d'intérêt général, libération conditionnelle, contrôle judiciaire et sont placées sous le contrôle du juge de l'application des peines et suivies à sa demande par les Services Pénitentiaires d'Insertion et de Probation (SPIP). La juridiction de l'application des peines peut aussi aménager les peines d'emprisonnement ferme en prononçant l'une des mesures suivantes : semi-liberté, placement à l'extérieur dans le cadre d'une formation ou d'un traitement médical ou placement sous surveillance électronique. Les aménagements de peine visent à préparer la réinsertion, lutter contre la récidive ou à suivre une formation. En second lieu, une des difficultés rencontrées par les conseillers pour étudier cette question réside dans le fait que les établissements pénitentiaires du LanguedocRoussillon relèvent de la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires (DISP), basée à Toulouse. Les données de l'administration étant agrégées en interrégion, il n'existe pas véritablement au niveau régional une analyse, d'une part, de la population détenue, et d'autre part, des conditions d'exercice de la formation professionnelle. De manière générale, l'institution pénitentiaire est mal connue du grand public et des acteurs institutionnels. Elle est souvent appréhendée par les médias sous l'angle d'événements spectaculaires de type évasions, surpopulation, mouvements de protestation des gardiens de prison. Cependant, la réflexion dans ce domaine devrait être facilitée par l'expérimentation qui a été menée par deux Régions à compter de 2011. En effet, la loi pénitentiaire de 24 novembre 2009 a prévu l'expérimentation du transfert de l'organisation et du financement de la formation professionnelle des détenus vers les Régions. Les Régions Pays-de-la-Loire et Aquitaine se sont portées 2 Source : portail du ministère de la Justice – mars 2014 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 7 / 31 volontaires, à partir du 1er janvier 2011, pour gérer et piloter des actions de formation professionnelle des personnes détenues dans les établissements en gestion publique sur la base des orientations de l'administration pénitentiaire. L'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et l'Inspection Générale des Services Judiciaires (IGSJ) ont mené une mission d'évaluation de l'expérimentation de la décentralisation de la formation professionnelle des personnes détenues et de conseil sur les conditions de succès et de généralisation. Ce rapport, rendu public en novembre 2013, a produit un état des lieux et des préconisations qui devraient contribuer à faciliter le transfert de compétence de l'Etat vers les Régions. Le travail des conseillers s'inscrit aussi dans le cadre de la loi pénale adoptée le 17 juillet 2014 qui a pour objectif de réduire le nombre de sorties sèches et qui a instauré une nouvelle peine, la contrainte pénale. L'objectif de ce rapport synthétique est d'amorcer une réflexion sur les conditions de réussite du transfert de la formation des personnes sous main de justice à la Région Languedoc-Roussillon. Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 8 / 31 Le champs d'étude Le présent rapport porte sur la formation professionnelle des personnes sous main de justice. La loi du 5 mars 2014 prévoit en effet que la « la région finance et organise la formation professionnelle des personnes sous main de justice. Une convention conclue avec l'Etat précise les conditions de fonctionnement du service public régional de la formation professionnelle au sein des établissements pénitentiaires ». La méthode Pour élaborer ce rapport d'autosaisine, les membres du CESER ont construit leur réflexion sur la base de : ● Des données fournies par la ministère de la Justice et plus spécifiquement par la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires (DISP), ● Des expérimentations menées par les Régions Pays-de-la-Loire et d' Aquitaine, ● Du rapport de l'évaluation de l'Inspection générale de affaires sociales (IGAS) et de l'Inspection générale des services judiciaires (IGSJ) , ● Des auditions des acteurs rencontrés par les conseillers (voir la liste des personnes auditionnées en début de rapport). La première partie du présent rapport est consacrée caractéristiques des populations sous main de justice. à un diagnostic des La seconde partie porte sur la formation professionnelle en tant qu'outil majeur pour l'insertion professionnelle des personnes sous main de justice. Enfin, les conseillers du CESER proposent quelques préconisations à l'attention des élus régionaux pour favoriser le transfert de compétences entre l'Etat et la Région. Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 9 / 31 PARTIE 1 : diagnostic 1. Les personnes sous main de justice en Languedoc-Roussillon et la formation professionnelle : le cadre général 1.1. L'organisation de la détention La Direction de l'administration pénitentiaire constitue l'une des cinq grandes directions du ministère de la Justice. Neuf Directions Interrégionales des Services Pénitentiaires (DISP) contrôlent et coordonnent l'activité des établissements pénitentiaires et des Services Pénitentiaires d'Insertion et de Probation (SPIP) placés sous leur autorité. 1.1.1. Les établissements pénitentiaires Les établissements pénitentiaires du Languedoc-Roussillon dépendent de la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires (DISP) de Toulouse. L'institution pénitentiaire étant méconnue, il est habituel de désigner l'univers carcéral sous le vocable «la PRISON ». Or, les établissements pénitentiaires recouvrent une grande diversité : ● Les maisons d'arrêt recevant les prévenus et les condamnés dont le reliquat de peine est inférieur ou égal à 1 an. Elles sont au nombre de quatre en Languedoc-Roussillon : Nîmes, Carcassonne, Mende, Villeneuve-lèsMaguelone ● Les centres pénitentiaires, établissements mixtes comportant à la fois un quartier « maison d'arrêt » et un quartier « centre de détention ». Le quartier « centre de détention » reçoit des condamnés à des peines dépassant deux ans et qui sont considérés comme présentant les meilleures perspectives de réinsertion : Perpignan, Béziers. ● Les centres de semi-liberté autonomes recevant les condamnés admis au régime de semi-liberté, leur permettant d'exercer une activité : travailler, recevoir un enseignement ou une formation professionnelle, participer à la vie de leur famille ou suivre un traitement médical. Les condamnés sont astreints à rejoindre l'établissement pénitentiaire dès la cessation de cette activité : Montpellier Seuls, le centre pénitentiaire de Perpignan et la maison d'arrêt de Nîmes accueillent des femmes. Il n'y a pas en Languedoc-Roussillon de maisons centrales qui sont des établissements recevant les condamnés les plus sensibles et dont le régime de détention est essentiellement axé sur la sécurité. En terme de mode de gestion, la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone et le centre pénitentiaire de Béziers sont en gestion déléguée. Dans ces établissements, certaines missions sont confiées à des groupements privés, notamment la gestion courante (restauration, nettoyage..), la formation professionnelle et le travail. L'administration pénitentiaire et son personnel conservent la responsabilité de la direction de l'établissement, de la garde et de l'insertion. Les autres établissements sont gérés directement par l'administration pénitentiaire. Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 10 / 31 Le CESER de Basse Normandie 3 dans un avis sur l'univers carcéral en BasseNormandie constatait que les réalités et les besoins en milieu carcéral sont difficiles à appréhender et échappent au regard des « non-initiés ». Cette observation vaut aussi pour le Languedoc-Roussillon. En effet, il est difficile de recueillir des statistiques sur l'évolution et le profil des publics incarcérés que ce soit l'évolution des effectifs de la population pénale ou le profil des personnes détenues (type d'infractions commises, profil sociologique). Or, il est essentiel de disposer de telles données pour élaborer une offre de formation en phase avec les besoins des détenus. 1.1.2. Les Services Pénitentiaires d'Insertion et de Probation (SPIP) Les Services Pénitentiaires d'Insertion et de Probation (SPIP) ont vocation à réaliser nombre d'actions d'insertion ou d'accompagnement auprès des personnes placées sous main de Justice. Ces services de l'administration pénitentiaire à vocation départementale sont placés sous l'autorité d'un directeur. En prison, ils favorisent le maintien des liens familiaux des détenus, leur facilitent l’accès aux dispositifs de droit commun (aide sociale, soins, formation, emploi) et les aident à préparer leur sortie. Ils pilotent, par ailleurs, la mise en place d’activités d’insertion sociale et professionnelle destinées à ces publics. Hors les murs, ils accompagnent les personnes condamnées à une mesure restrictive de liberté (travail d’intérêt général, placement sous surveillance électronique…) dans leur démarche de réintégration socioprofessionnelle. Les SPIP détiennent des données importantes quant au profil des détenus. 1.2 Les différents acteurs de la formation professionnelle Le rapport de l'IGAS4 précité sur l'évaluation de la prise en charge par les régions de la formation professionnelle des personnes détenues rappelle que la formation des détenus fait intervenir de multiples acteurs. Cette organisation est difficilement compréhensible par les partenaires de l'administration pénitentiaire. Dans chaque établissement, un Responsable Local de la Formation Professionnelle (RLPF) est nommé par le chef d'établissement et a pour mission de coordonner et d'assurer le suivi des actions de formation. Au niveau régional, le Chef d'Unité de Formation Professionnelle (CUFP) a pour mission de décliner les orientations nationales de l'administration pénitentiaire, notamment avec les partenaires régionaux. Il valide les plans prévisionnels de formation. Le rapport de l'IGAS fait le constat que les champs d'intervention au sein de l'administration pénitentiaire ne sont pas clairement définis, « introduisant parfois des confusions pour ses partenaires ». 3 4 Avis du Conseil Economique et Social Régional de Basse Normandie , « l'Univers carcéral en BasseNormandie : de la privation de liberté à l'insertion sociale et professionnelle, octobre 2003 Rapport de L'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et de l'Inspection Générale des Services Judiciaires (IGSJ), « évaluation de la « prise en charge de la formation professionnelle des personnes détenues », novembre 2013 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 11 / 31 Il préconise donc de clarifier les rôles au sein de l'administration pénitentiaire entre le responsable local de formation au sein de l'établissement, le référent formation au sein du SPIP et le chef d'unité de formation au sein de la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires. Le chef d'établissement a un rôle essentiel en ce qu'il nomme le responsable local de la formation professionnelle (RLPF), qui assure le suivi des actions de formation. Le chef d'établissement assure la présidence de la commission pluridisciplinaire unique (CPU) qui propose, à l'issue de la période d'accueil des arrivants, une offre de travail ou de formation. Le rapport souligne qu'un des enjeux porte sur la participation d'acteurs externes et en particulier des représentants des conseillers régionaux. Aussi le rapport de l'IGAS recommande-t-il de modifier l'article 90 du code de procédure pénale pour mentionner la présence d'un représentant du Conseil Régional au sein de la commission pluridisciplinaire unique (CPU). Autre acteur : le Conseiller Pénitentiaire d'Insertion et de Probation (CPIP) chargé de coordonner les parcours des personnes détenues. Professionnel du travail social au service de la justice, il aide les détenus et les condamnés à se réinsérer dans la société. Au sein des établissements pénitentiaires, il est chargé d'une mission d'aide à la réinsertion sociale par un suivi collectif et individuel des personnes détenues. Il aide à la préparation à la sortie de prison en facilitant l'accès des personnes incarcérées aux dispositifs d'insertion et de droit commun. Les experts rencontrés par la commission ont insisté sur le nombre insuffisant de CPIP compte tenu des difficultés rencontrées par les détenus. Ainsi, la Maison d'arrêt de Villeneuve-les-Maguelone compte huit Conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation (dont 4 à mi-temps) pour 780 détenus (au 1er janvier 2014). Les conseillers pôle emploi justice (CPEJ) de pôle emploi interviennent également dans les établissements pénitentiaires. Depuis 2013, les détenus peuvent être classés en demandeurs d'emploi de catégorie 4 (catégorie justice), ce qui leur donne droit à des prestations. Une convention régionale de collaboration, couvrant les 4 maisons d’arrêt et les 2 centres pénitentiaires de la région, prévoit l’intervention de conseillers en milieu carcéral. Le public : les personnes sous main de justice à 6 mois de leur fin de peine ou pouvant bénéficier d’un aménagement de peine à 6 mois. Les objectifs : ● Faciliter la préparation des projets de réinsertion en inscrivant ces leur sortie publics en amont de ● Aider à la présentation d’un dossier d’aménagement de peine ayant un volet emploi/formation Pour y répondre, Pôle Emploi mobilise son offre de service (accompagnement, prestations…) et l’offre de formation en région. En 2013, Pôle Emploi a permis à 31 détenus de la région de suivre une formation dès leur sortie de de prison. Réforme 2014 la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 12 / 31 2. Les personnes sous main de justice en Languedoc-Roussillon : les caractéristiques A l'échelon national, 67 075 personnes sont détenues et 174 108 personnes sont suivies en milieu ouvert5. 2.1. Les détenus et les personnes suivies en milieu ouvert en Languedoc-Roussillon 2.1.1. Les détenus et les conditions de détention Au 1er janvier 2014, 2 895 personnes sont détenues dans les établissements pénitentiaires de la région, soit 4,3 % de la population détenue française. Il s'agit des établissements suivants : – Les maisons d'arrêt de Nîmes, Carcassonne, Mende, Villeneuve-lès-Maguelone – Les centres pénitentiaires, établissements mixtes de Perpignan, Béziers – Un centre de semi-liberté à Montpellier Statistiques de la population écrouée et détenue au 1er janvier 2014 en Languedoc-Roussillon (source – ministère de la Justice) Capacité nombre Capacité Densité Etablissements norme de opérationnelle (%) circulaire détenus MA Carcassonne 66 66 104 157,6 MA Mende 45 45 58 128,9 MA Nîmes 192 192 401 208,9 MA Villeneuvelès-Maguelone 593 543 780 143,6 qMA Béziers 416 385 494 128,3 qMA Perpignan 204 204 332 162,7 Total Maison 1516 1435 2169 155 d'arrêt et qMA qCD Béziers 393 393 393 100 qCD Perpignan 333 333 322 96,7 CSL Montpellier 24 24 11 45,8 Total des 2242 2161 2895 130 établissements 58 583 57 516 67 075 Total France 117 MA = maison d'arrêt q = quartier qma = quartier maison d'arrêt cd = centre de détention CSL = centre de semi-liberté Capacité norme circulaire : le mode de calcul des établissements pénitentiaires 5 Source ministère de la Justice : séries statistiques des personnes placées sous main de justice 1980 – 2014, uu 1 janvier 2014 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 13 / 31 Capacité opérationnelle : correspond au nombre de places disponibles dans les établissements pénitentiaires Densité de population : ce ration s'obtient en rapportant le nombre de détenus présents à la capacité opérationnelle La densité de population carcérale régionale est, au 1 janvier 2014, de 130 % de la capacité opérationnelle des établissements. Elle est particulièrement importante dans les maisons d'arrêt de Carcassonne, Nîmes et au quartier « maison d'arrêt » de Perpignan. Elle est supérieure à la moyenne nationale qui est de 117 %. Il est à noter que le taux de détention en France est de 101 pour 100 000 habitants (voir annexe n°2). Dans un rapport de 2011, l'Observatoire International des Prisons dénonçait la surpopulation dans les établissements pénitentiaires : entre 2005 et 2011, le nombre moyen de personnes incarcérées est passé en France de 58 288 à 60 761, soit un accroissement de 4 %. Ce rapport dresse un tableau assez sombre de la détention et s'alarme notamment du taux de suicides, qui reste l'un des plus élevés d'Europe. L'observatoire met l'accent sur le manque de réinsertion, la détention offrant « un système infantilisant » offrant peu d'autonomie aux détenus. Le rapport souligne aussi le manque d'activités dans les établissements pénitentiaires, moins « d'une personne sur 10 » bénéficiant d'une formation professionnelle et moins « d'un quart des détenus exerçant un emploi ». S'agissant du type d'infractions commises, de plus en plus de personnes sont condamnées pour des délits routiers. Aussi, en 2011, 300 000 condamnations pénales liées à la sécurité routière ont été prononcées, ce qui constitue près de 45 % de l'ensemble des condamnations prononcées 6. Si des sessions de code sont organisées dans les centre pénitentiaires, leur nombre ne permet pas de répondre à la demande de formation dans ce domaine. 2.1.2. Les personnes suivies en milieu ouvert en Languedoc-Roussillon Au 01/07/2014, 8 0137 personnes sont suivies en milieu ouvert par les Services Pénitentiaires d'Insertion et de Probation (SPIP) : Nombre de personnes Languedocsuivies en Roussillon milieu ouvert Aude 1232 Gard 1600 Hérault 3703 Lozére 140 Pyrénées1338 Orientales TOTAL 8013 6 Source : ministère de la Justice, Bulletin d'information statistique – septembre 2013 7 Source : Direction Interrégional des Services Pénitentiaires Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 14 / 31 Il faut préciser que ces personnes sont suivies majoritairement (70 % en moyenne) au titre d’une mesure de Sursis avec Mise à l’Epreuve (SME), 15 % en moyenne au titre d’une mesure de Travail d’Intérêt Général (TIG), 8 % en moyenne au titre d’une mesure de Placement sous Surveillance Electronique (PSE). Contrairement à ce qui se passe en milieu fermé où sont développées des actions ciblées pour la population pénale, les personnes suivies en milieu ouvert sont orientées vers les dispositifs et organismes de droit commun. Il n'existe pas de données statistiques concernant leur situation au regard de la formation professionnelle. Il est à noter que la réforme pénale adoptée le 17 juillet 2014 a créé une nouvelle peine : la contrainte pénale. Exécutée en dehors de la prison, cette nouvelle peine 8 s'adresse aux personnes ayant commis des délits passibles d'une peine de moins de cinq ans. Elle concerne en priorité les personnes les plus instables, celles qui rencontrent souvent de multiples difficultés sociales, professionnelles, familiales, médicales, administratives. Il s’agit des personnes actuellement condamnées à un sursis avec mise à l’épreuve ou à de courtes peines d’emprisonnement. Le condamné est soumis à un certain nombre d'obligations comme la réparation de dommages causés par l’infraction, l’obligation de suivre un enseignement ou une formation professionnelle, des traitements médicaux ou des soins, ou encore un stage de citoyenneté. 2.1.3. Les détenus bénéficiant d'un aménagement de peine La juridiction de l'application des peines peut aménager les peines d'emprisonnement ferme en prononçant l'une des mesures suivantes : semi-liberté, placement à l'extérieur dans le cadre d'une formation ou d'un traitement médical ou placement sous surveillance électronique. Une action de formation dans un centre de formation de droit commun peut être prescrite dans le cadre d'un aménagement de peine. En 2013, 71 détenus9 ont bénéficié en Languedoc-Roussillon d'un aménagement de peine pour suivre une formation. 2.2. La formation professionnelle des personnes sous main de justice 2.2.1. Au niveau national D'après le ministère de la Justice, près de la moitié des personnes détenues, à l'échelle nationale, se situent au mieux à un niveau de fin d'études primaires et ne disposent pas de réelle qualification professionnelle 10. Le taux d'illettrisme de la population pénitentiaire est de 10,9 %. Il est supérieur à la moyenne nationale11 (7 % des adultes en France rencontrent des difficultés pour accéder aux compétences de base, d'après une étude de l'INSEE de 2011). Ce taux s'élève à 14 % en ce qui concerne les établissements pénitentiaires couverts par la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires (Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées). 8 9 10 11 Source : Source : Source : Source : portail du ministère de la Justice – réforme pénale – non datée Pôle Emploi portail du ministère de la Justice – mars 2014 portail du ministère de la Justice – mars 2014 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 15 / 31 Selon le ministère de la Justice, « 80 %12 des condamnés quittent la prison sans aucun accompagnement ni projet de réinsertion » augmentant ainsi les risques de récidive. Ce taux monte à 98 % pour les personnes qui avaient une peine de six mois d'emprisonnement. En 2012, 3 474 821 heures stagiaires 13 ont été délivrées, dont 78 % dans le cadre de formations rémunérées (la rémunération des détenues stagiaires de la formation professionnelle s'élève à 2,26 euros de l'heure). 28 144 personnes détenues stagiaires ont été inscrites dans différents types de formation. 2.2.2. En Languedoc-Roussillon En 2013, 1 371 stagiaires14, soit un taux d'entrée de 16 % sur l'ensemble des détenus hébergés au sein des établissements de la région Languedoc-Roussillon, ont bénéficié d'une action de formation pour 130 600 heures. Le budget s'est élevé à 1 million d'euros répartis entre la DIRECCTE, la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires et le Fonds Social Européen, soit un coût moyen de 750 €/ stagiaires. Le bilan de la formation professionnelle pour 2013 est le suivant : 15 ● 31 actions ont été inscrites sur la région, découpées en 112 sessions et conduites par 9 organismes de formation, ● Le volume horaire moyen est de 95h/stagiaire, ● 89% des heures de formation ont été rémunérées, ● 58% des stagiaires ont un niveau inférieur au niveau V (niveau CAP), ● 65 % des détenus présentés à une validation ou une certification ont été reçus, ● 52 % des stagiaires ont arrêté la formation avant la fin de la session, ● 4 % des stagiaires sont des femmes (deux Languedoc-Roussillon sont ouverts aux femmes). centres pénitentiaires du La Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires met l'accent sur l'insuffisance des locaux consacrés à la formation, les salles étant partagées, les espaces de stockage limités et les publics n'étant pas mixtes. actions de formation 2013 en Languedoc-Roussillon Typologie des actions de formation 2013 en Languedoc-Roussillon 374 détenus ont bénéficié d'une action de qualification 179 détenus ont bénéficié d'une action pré-qualifiante 209 détenus ont bénéficié d'une formation de base 100 détenus ont été reçus pour un bilan de compétences 476 détenus ont participé à une action de préparation à la sortie 43 détenus ont participé à une action d'adaptation à l'emploi Source : Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires 12 13 14 15 Source Source Source Source : : : : portail du ministère de la Justice – mars 2014 portail du ministère de la Justice – mars 2014 Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 16 / 31 Les formations, proposées en 2013, couvrent essentiellement les domaines suivants : BTP et mécanique, services à la personne, hôtellerie-restauration, agriculture, art et façonnage d'art, transport et logistique. Elles sont « en lien avec les métiers en tension, de bas niveau et de courte durée voire modulaire, valorisantes et permettant de délivrer des certifications ».16 Quelques exemples de formations mises en place en 2013 ● ● ● ● ● ● Titre professionnel d'Agent de maintenance des locaux, CAP Cuisinier, Attestation Ouvrier qualifié en entretien de l'espace rural, Titre professionnel d'Agent de propreté et d'hygiène des locaux, CAP Maintenance des véhicules légers, CAP Maintenance Bâtiment D'après les données de la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires, le nombre de stagiaires entrés en formation a augmenté entre 2011 et 2013, puisqu'on est passé de 1 006 à 1371 stagiaires. En revanche, le nombre d'heures de formation réalisées sur la même période a chuté et est tombé à 130 600 contre 143 951 en 2011. Le budget est également en baisse : 1 028 134 en 2013 contre 1 855 505 en 2011. Selon l'observatoire International des Prisons 17, alors que la population détenue a augmenté de 5,4 % entre 2006 et 2010, l'offre de formation professionnelle, au niveau national, a été réduite et le temps moyen de formation est tombé à 144 heures en 2010, contre 191 heures 10 ans auparavant. 2.2.3.L'enseignement en détention A côté de la formation professionnelle, il existe, au sein de chaque Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires, des Unités Pédagogiques Régionales chargées de dispenser l'ensemble des formations initiales aux personnes détenues et de les préparer aux diplômes de l'Education Nationale. A la rentrée scolaire 2012, plus de 24 %18 des personnes détenues ont bénéficié, à l'échelon national, d'une formation générale délivrée par les services d'enseignement. Il a semblé important aux conseillers de souligner l'initiative de la Région Ile-deFrance qui a mis en place en, 2013, un dispositif régional pour les étudiants incarcérés. La volonté de cette Région d'aider les personnes détenues est partie du constat que le milieu carcéral est peu propice à la poursuite d'études supérieures, alors même que toutes les analyses montrent que la détention d'un diplôme de l'enseignement supérieur est un facteur déterminant pour obtenir un emploi. 16 Source : Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires 17 Source : Observatoire International des prisons - Les conditions de détention en France – décembre 2011 18 Source : portail du ministère de la Justice – mars 2014 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 17 / 31 La Région Ile-de-France a également observé que le coût élevé des études en détention est un obstacle à la poursuite d'étude. En effet, le détenu doit faire face à de nombreuses obligations financières comme l'indemnisation des victimes et le « cantinage » (les dépenses auxquelles le détenu est confronté). Aussi, les personnes détenues, préfèrent-elles, lorsque c'est possible exercer un travail rémunéré. Le dispositif mis en place par la Région Ile-de-France repose sur l'octroi d'une bourse d'un montant de 200 € par mois pour une année universitaire et la gratuité des frais d'inscription. Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 18 / 31 PARTIE 2 : LA FORMATION PROFESSIONNELLE : UN ENJEU MAJEUR POUR L'INSERTION PROFESSIONNELLE La formation professionnelle peut contribuer à limiter les sorties sèches de prison et permettre aux détenus d'entamer un parcours de formation qualifiante. L'enjeu est de taille : il s'agit de préparer la sortie. Il convient de rappeler que 80 % des condamnés quittent la prison sans aucun accompagnement ni projet de réinsertion. Le rapport de l'Observatoire International des Prisons met également l'accent sur le fait « que la violence peut diminuer de façon spectaculaire en détention et la récidive baisser de façon significative si la prison est conçue comme un lieu de reconstruction des personnes »19 au travers de la mise en place de formations ou d'activités. 1. Les conditions de réussite du transfert de compétence aux régions 1.1. Les enseignements de l'expérimentation par deux Régions de la formation des détenus : Depuis 2011, deux Régions expérimentent avec succès la formation des personnes sous main de justice : la Région Pays-de- la-Loire et la Région Aquitaine. La région Pays-de-la-Loire Le montant total financier de l’expérimentation est de 1 571 309 € par an assuré par : • DGEFP (Direction Générale de l'Emploi et de la Formation Professionnelle) : 708 559 € (dont 450 000 € pour les rémunérations) • FSE (Fonds Social Européen): 500 000 € • DISP (Direction Interrégionale des Services pénitentiaires) : 252 750 € (dont financement de 0,5 ETP) • Région : 110 000 € Pour l'ARF (Association des Régions de France) qui a organisé un séminaire de travail sur la formation des personnes sous main de justice, le 24 juin 2014, cette expérimentation a démontré l'intérêt de confier aux Régions la formation des détenus et vient confirmer que la prévention de la récidive passe par la formation et la préparation de la réinsertion20. L'ARF a notamment souligné la qualité des échanges avec le ministère de la Justice depuis 3 ans : « Tous les acteurs, au sein de l'administration centrale et sur le terrain, se sont largement impliqués dans la mise en place et le suivi des expérimentations. Il est donc possible d'envisager ce transfert de compétence aux autres régions dans de bonnes conditions ». L'étude de l'IGAS a également montré que la « décentralisation a eu un effet levier, déjà repéré dans d'autres domaines, tels que les transports ou les lycées. » 19 Source : Observatoire International des Prisons – les conditions de détention en France - décembre 2011 20 Source : Portail de l'ARF – La formation des détenus : un enjeu majeur de lutte contre la récidive - juin 2014 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 19 / 31 L'IGAS a mis l'accent sur la fin de « l'extra-territorialité » des établissements pénitentiaires qui constitue un progrès. La présence du logo de la Région dans les ateliers de formation, et aussi l'organisation de remise de diplômes par le Conseil Régional, bien qu'étant des actions éloignées de la culture pénitentiaire, valorisent la formation en détention. Par ailleurs, « La mission a pu observer les enrichissements qualificatifs liés aux stratégies régionales de formation : le développement d'une offre qualifiante en Aquitaine et le renforcement des actions de préqualification et de mobilisation en Pays de Loire ». Cette expérimentation a, en effet, permis d'augmenter le nombre de détenus stagiaires de la formation professionnelle et de formations proposées. Aussi, en Aquitaine, l'expérimentation a contribué à la création de huit nouvelles formations et à l'enrichissement de onze autres. La Région Aquitaine a également veillé à une meilleure articulation avec les formations menées à l'extérieur. Il est donc possible à un stagiaire détenu d'achever une formation commencée en détention. Cela a nécessité de développer la modularité des formations. C'est la raison pour laquelle cette Région met l'accent sur le recours aux titres professionnels plutôt qu'aux CAP (un titre étant en effet composé de 1 à 4 modules distincts). 1.2. Une condition de réussite du Conseil Régional : la prise en compte de contraintes particulières L'organisation de la formation professionnelle en détention est soumise à des conditions et contraintes particulières (autorisations d'accès nécessaires à l'approvisionnement en équipements de formation, contrôles applicables à tout colis provenant de l'extérieur, plages horaires plus restreintes qu'en milieu ouvert). Les deux Régions, qui ont expérimenté le transfert de compétence, ont pris en compte les contraintes liées à la formation des détenus et ont fait un état des lieux avec les directeurs d'établissements, des locaux et des équipements destinés à la formation professionnelle. Pour le Conseil Régional d'Aquitaine, cet état des lieux figure dans l'appel d'offres à destination des organismes de formation. L'IGAS rappelle que les Régions doivent veiller à ce que les organismes de formation soient à même de répondre aux contraintes spécifiques des établissements pénitentiaires en termes d'expérience d'intervention auprès des publics en difficulté et de capacité de gestion des conflits. En raison de ces contraintes, l'IGAS recommande aux Conseils Régionaux d' assimiler les contraintes spécifiques à chaque établissement et de ne pas bouleverser, dans un premier temps, l'offre de formation pré-existante. Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 20 / 31 2. La mise en place d'une offre de formation répondant aux besoins des personnes sous main de justice 2.1. La prise en compte de besoins spécifiques Plus de la moitié des personnes détenues se situent à un niveau d'études primaires et ne disposent pas de réelle qualification professionnelle. Le taux d'illettrisme est de 10,9 %21 au niveau national. L'offre de formation proposée doit bien évidemment prendre en compte les caractéristiques de la détention. La formation des détenus, compte tenu de leur enfermement, dépend de l'offre de formation qui est proposée en détention. L' organisme de formation rencontré22 par les membres du CESER et l'audition d'un représentant de Pôle Emploi ont fait état d'un nombre de places de formation limité et de listes d'attente longues. En effet, la formation est très sollicitée car elle permet d'obtenir une rémunération. Aussi, la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires (DISP) souligne-t-elle que les détenus, pour la plupart, sont dans une stratégie d'opportunité dans la mesure où ils recherchent avant tout la rémunération pour indemniser les parties civiles, subvenir aux besoins de leur famille, « cantiner » ou préparer la sortie. En effet, une personne incarcérée est confrontée à des obligations financières : l'indemnisation des victimes, la constitution d'un pécule disponible au moment de la sortie et le « cantinage » c'est-à-dire les dépenses auxquelles la personne détenue doit faire face. Elle doit, par exemple, acheter ses produits d'hygiène et de première nécessité et louer son téléviseur. 2.2. L' aide à l'orientation et l'offre de formation en détention 2.2.1. Le renforcement de l'aide à l'orientation Dans la perspective de la préparation à la sortie et de l'accompagnement vers l'emploi, l'aide à l'orientation est indispensable. En Région Pays-de-la-Loire, région expérimentatrice du transfert de compétence, il est proposé aux personnes identifiées par le conseiller pôle emploi justice ou le conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation, une prestation d'aide à la construction d'un parcours professionnel. Cet accompagnement est effectué par deux psychologues de Pôle Emploi dont les emplois sont financés par le Conseil Régional. Il s'adresse à des personnes qui souhaitent élaborer un projet professionnel et qui, par leur profil, ne sont pas adaptées à un cadre collectif. C'est un dispositif qui se caractérise par la souplesse et qui ne donne pas droit à rémunération. Enfin, permettre aux détenus d'avoir accès à l'information sur les métiers qui recrutent et les formations correspondantes paraît important dans une perspective d'élaboration d'un projet professionnel ou d'un aménagement de peine pour suivre une formation. 21 Source : ministère de la Justice 22 Source : audition de l'AFPA en date du 18 juillet 2014 et de Pôle Emploi le 10 avril 2014 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 21 / 31 La maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone et le centre pénitentiaire de Béziers mettent en place régulièrement des forums de l'emploi et de la formation, en partenariat avec Pôle Emploi. Les détenus y trouvent notamment de l'information auprès d'organismes de formation sur les formations qui peuvent être suivies en dehors de l'établissement pénitentiaire. S'ils parviennent à trouver une formation, ils peuvent bénéficier d'un aménagement de peine sur décision du juge de l'application des peines. Ce type d'initiative pourrait être généralisée et multipliée, en lien avec le Conseil Régional, dans le cadre notamment de son action en matière d'organisation de salons (les salons TAF – Travail Avenir Formation) et du futur Service Public Régional d'Orientation. 2.2.2. Le développement d'une offre qualifiante Un des objectifs de la Direction Régionale des Services Pénitentiaires (DISP) est d'amener les détenus vers des formations qualifiantes 23. Il s'agit de préparer la sortie et donc d'acquérir des compétences transposables au moment de la libération. Le Conseil Régional des Pays-de-la-Loire a privilégié, dans les établissements pénitentiaires dont les peines sont plus longues, les formations qualifiantes qui s'inscrivent dans le cadre d'un projet professionnel à moyen terme avec l'objectif de préparer la réinsertion par un projet de sortie cohérent. Les experts auditionnés par les conseillers ont fait part de la nécessité de mettre en place des formations débouchant sur des activités porteuses d'emploi (travaux publics, formations de cariste, formations en cuisine, hôtellerie-restauration). La Région Pays-de-la-Loire a également mis en place une formation préparant au DAEU (Diplôme d'Accès aux Etudes Universitaires). Le DAEU est un diplôme qui donne les mêmes droits que le baccalauréat notamment en termes d'accès aux études supérieures. Cette formation, plutôt valorisante, contribue à inciter des détenus à poursuivre des études. L'idée a par ailleurs été émise par un expert d'utiliser les cuisines collectives des centres pénitentiaires pour assurer des formations en restauration. 2.2.3. Préparer la réinsertion professionnelle (Valorisation des Acquis de l'Expérience) de détenus grâce à la VAE La DIRECCTE Centre a mis un place un dispositif expérimental de VAE 24 dans deux prisons dont l'objectif est de préparer la réinsertion professionnelle des détenus grâce à la VAE et de démarrer un parcours en VAE (la VAE permet à toute personne d'obtenir tout ou partie d'un diplôme, titre ou Certificat de Qualification Professionnelle par la reconnaissance de leur expérience professionnelle). En effet, la VAE peut être un tremplin après la prison et permettre de sortir avec un projet professionnel. 23 Source : audition de la DIRECCTE en date du 17 septembre 24 Source : la lettre du Centre de Ressources illettrisme de l'Hérault, automne 2014 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 22 / 31 Le bilan de cette expérimentation est le suivant : 150 personnes rencontrées, 75 inscrits, 23 dossiers de recevabilité déposées et 20 recevabilités positives. 2.2.4. Le renforcement des actions de pré-qualification et de mobilisation Compte tenu du profil des détenus (population ne bénéficiant pas d'une réelle qualification), l'IGAS, dans son étude, insiste sur le fait que la nécessité de mettre en œuvre des formations qualifiantes « ne doit pas conduire à négliger les dispositifs essentiels de mobilisation et de pré-qualification qui permettent d'engager un travail sur les comportements, le respect des règles de vie, d'amorcer une projection dans l'avenir et un travail d'appropriation ou de réappropriation des savoirs de base ». En effet, il semble souhaitable de porter une attention particulière aux prisonniers en situation d'illettrisme, la détention pouvant être une opportunité pour une acquisition des savoirs de base. L' étude de l'IGAS fait le constat que l'Education Nationale est impliquée en détention dans la lutte contre l'illettrisme mais que les enseignements proposés ne sont pas toujours intégrés dans les parcours professionnels des détenus. En effet, les Unités Pédagogiques Régionales en milieu pénitentiaire ont pour vocation de dispenser l'ensemble des formations initiales et de préparer aux diplômes de l'Education Nationale. Le dispositif de formation comprend les formations de base : remise à niveau, formation générale et lutte contre l'illettrisme. L'étude de l'IGAS souligne que l'absence de rémunération pour les détenus qui suivent des enseignements ou des actions de lutte contre l'illettrisme est l'une des principales difficultés relayée par les enseignants et les directeurs d'établissement. Il convient de noter que la Région AQUITAINE envisage d'obliger les stagiaires de la formation professionnelle en détention, qui ne maîtrisent pas les savoirs de base, à suivre les enseignements des Unités Pédagogiques Régionales et ce sans rémunération. 2.3. L'offre de formation « hors les murs » et les besoins spécifiques Une action de formation dans un centre de formation à l'extérieur peut être prescrite à un détenu dans le cadre d'un aménagement de peine. Si 63 % des personnes libérées en fin de peine sans contrôle extérieur ont été recondamnées dans les cinq ans, ce taux chute de 8 ou 24 points lorsque les personnes sont suivies après leur sortie dans le cadre d'un aménagement de peine 25. En 2013, 71 détenus du Languedoc-Roussillon ont bénéficié d'un aménagement de peine pour suivre une formation26. Les personnes auditionnées au cours de l'étude ont insisté sur le fait que le passage du milieu fermé au milieu ouvert peut être difficile. Certains détenus abandonnent. Elles mettent l'accent sur la nécessité d'un accompagnement spécifique, notamment 25 Source : ministère de la Justice, 2013 26 Source : Pôle Emploi Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 23 / 31 pour le montage de dossiers de rémunération et pour l'hébergement. Il est à noter que le SPIP de l'Hérault a un conventionnement avec deux associations d'insertion pour un accompagnement des personnes suivies en milieu ouvert. L'accompagnement des personnes suivies en milieu ouvert est en effet particulièrement utile. Il convient de rappeler qu'au 01/07/2014, 8 013 personnes sont suivies en milieu ouvert par les Services Pénitentiaires d'Insertion et de Probation (SPIP). Le rôle des Services Pénitentiaires d'Insertion et de Probation (SPIP) est alors primordial puisqu'ils doivent faciliter l'accès aux dispositifs de droit commun afin de proposer une orientation et des actions favorisant une insertion. Ils inscrivent donc leur action dans les politiques publiques mises en œuvre et notamment en matière de formation professionnelle. Actuellement les personnes suivies en milieu ouvert relèvent du droit commun. 2.4. Les besoins en matière de formation pour les sorties de détention Les personnes qui sortent de prison bénéficient pendant douze mois de l'Allocation Temporaire d'Attente qui est de 300 € par mois. Lorsqu'elles ont trouvé un stage de formation dans le cadre d'un programme de la Région, elles ne peuvent cumuler cette allocation avec la rémunération de la Région. C'est un problème récurrent qui est régulièrement souligné par les organismes de formation. Il est à noter que certains Conseils Régionaux permettent le cumul des deux allocations. La complémentarité entre les offres de formation en détention doit être recherchée avec l'offre de formation de la Région « hors les murs ». Il s'agit de permettre aux détenus d'achever une formation qui a été débutée en établissement pénitentiaire. Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 24 / 31 PARTIE 3 : LES PRECONISATIONS DES CONSEILLERS DU CESER Axe 1 : Développer un partenariat avancé entre l'administration pénitentiaire et l'ensemble des acteurs de la formation professionnelle Préconisation n°1 Intégrer l'institution pénitentiaire parmi les réseaux institutionnels (notamment en ce qui concerne la Direction de la Formation Professionnelle et de l'apprentissage, la Direction de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche du Conseil Régional et Atout Métiers LR). Développer un partenariat entre les Services Pénitentiaires d'Insertion et de Probation (SPIP) départementaux et la Région pour faciliter l'accès des personnes suivies en milieu ouvert à l'offre de formation. Les SPIP pourraient, par exemple, assister aux comités de suivi qui sont mis en place tous les mois par le Conseil Régional dans les territoires et qui examinent les demandes de formation pour les formations pré-qualifiantes. Inscrire l'aide à l'orientation des détenus dans le cadre du Contrat de Plan Régional de Développement de l'Orientation et de la Formation Professionnelle et du futur Service Public Régional d'Orientation. En effet, la Région est désormais chargée d'organiser le Service Public Régional d'Orientation en assurant notamment la mise en réseau des services et structures chargés de l'orientation. Préconisation n°2 Etablir un diagnostic précis et régulier sur le public des détenus pour mieux connaître les besoins en formation professionnelle à travers un partenariat entre la Région et la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires par le biais d'Atout Métiers. Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 25 / 31 Axe 2 : renforcer l'aide à l'orientation Préconisation n°3 Mettre en place une prestation d'aide à la construction d'un parcours professionnel auprès des détenus. Cet accompagnement pourra être effectué par des professionnels de l'orientation et prescrit par le conseiller pôle emploi justice ou le conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation. Préconisation n°4 Mettre en place dans les établissements pénitentiaires en gestion directe des Forums Emploi/Formation, en lien avec le Conseil Régional, afin de donner la possibilité aux détenus de connaître les opportunités d'emploi et de formation en vue de préparer leur sortie. Leur permettre aussi de bénéficier d'une formation en dehors de l'établissement pénitentiaire dans le cadre d'un aménagement de peine et avec l'accord du juge de l'application des peines. Axe 3 : le développement d'une offre de formation qui réponde aux besoins des personnes sous main de justice Préconisation n°5 Augmenter le nombre de places de formation en détention et proposer, à côté de l'offre de formation existante, de nouvelles formations en adéquation avec l'environnement économique, les besoins des individus et développer des usages pédagogiques numériques en prison. Rémunérer l'ensemble des stagiaires de la formation professionnelle. Offrir aux détenus la possibilité de bénéficier d'une VAE en s'appuyant sur les Points Information Conseils en Validation et Acquis de l'Expérience (PIC VAE). En effet, les PIC VAE, en tant que service de la Région Languedoc-Roussillon, permettent d'informer et de conseiller sur la démarche VAE mais aussi d'aider à identifier les diplômes pouvant être validés. . Préconisation n°6 Sensibiliser et former les acteurs de la détention au repérage des personnes en situation d'illettrisme en s'appuyant sur les centres de ressource illettrisme départementaux. Ces centres, qui existent dans chaque département, offrent des supports pédagogiques spécifiques et des formations de formateurs. Proposer aux détenus des stages compétences clés rémunérés. Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 26 / 31 Préconisation n°7 Développer des passerelles, comme en Aquitaine, entre les formations menées en détention et les formations menées à l'extérieur après la sortie. Préconisation n°8 Entamer une réflexion, en lien avec la Direction de l'Enseignement Supérieur et de la recherche du Conseil Régional sur la possibilité de mettre en place un dispositif pour les étudiants incarcérés en s'appuyant sur le dispositif mis en place en Région Ile-deFrance (bourse de 200€ par mois pour une année universitaire et gratuité des frais d'inscription). Axe 4 : un meilleur accompagnement des personnes sous main de justice Préconisation n°9 Pour les personnes qui bénéficient d'un aménagement de peine, développer un accompagnement social spécifique notamment pour le montage de dossiers de rémunération de la formation et pour l'hébergement (compétence Etat). Il s'agit notamment de leur proposer un hébergement pour entamer leur parcours de formation professionnelle sur des bases nouvelles. Préconisation n°10 Permettre aux personnes qui sortent de détention et qui vont suivre un stage de formation de cumuler l'allocation temporaire d'attente avec la rémunération de la Région. Le coût d'une telle mesure, sur la base de 100 détenus, serait d'environ 180 000 € par an (calcul effectué sur la base d'un coût moyen de 450 € par mois et d'une durée moyenne de stage de 4 mois). Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 27 / 31 BIBLIOGRAPHIE • Statistiques mensuelles de la population écrouée et détenue en France, Ministère de la justice, janvier 2014. • Séries statistiques de personnes placées sous main de justice, 1980 – 2014, Ministère de la justice, mai 2014. • Rapport du Conseil Régional d'Ile-de-France, « dispositif régional pour les étudiants incarcérés », avril 2013. • Rapport de L'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et l'Inspection Générale des Services Judiciaires (IGSJ), « évaluation de la prise en charge de la formation professionnelle des personnes détenues », novembre 2013. • Rapport du l'Observatoire International des Prisons, « les conditions de détention en France », 2011. • Avis du Conseil Economique et Social Régional de Basse Normandie, « l'Univers carcéral en Basse-Normandie : de la privation de liberté à l'insertion sociale et professionnelle, octobre 2003 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 28 / 31 ANNEXES Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 29 / 31 Annexe 1 : Ministère de la justice, 2014 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 30 / 31 Annexe 2 : Ministère de la Justice, 2014 Réforme 2014 de la formation professionnelle : les personnes sous main de justice - décembre 2014 31 / 31