L`édition phonographique

Transcription

L`édition phonographique
Synthèse prospe
L’édition
phonographique
c t i v e E m p lo i - C
ompét
e n ce s
............................................
Première partie
Au cœur
du patrimoine
artistique
Vous avez dit phonographique ? ............ 4
Les entreprises et les effectifs . ............. 9
La formation .......................................... 13
.........................................
Deuxième partie
Des changements
majeurs
De nombreux facteurs d’évolution .......17
Une diversification des activités ...........22
… et une réorganisation des métiers ...24
..........................................
Troisième partie
Des défis
pour demain
Pour une mutation réussie . ................. 27
10 actions clés ....................................... 28
Des avancées significatives .................. 30
_ L’édition phonographique
première partie
Au cœur du patrimoine
artistique
«D
e la musique avant toute
chose », écrivait Verlaine.
Il parlait de poésie, certes,
mais la distance n’est-elle pas infime,
parfois, entre une chanson à texte, une œuvre
musicale et un poème ? La production
musicale occupe une place majeure dans
le patrimoine culturel, artistique d’un pays.
Un patrimoine dont l’édition phonographique
est l’artisan majeur. Sans elle, pas de
création artistique de qualité, ni de carrière
durable… Lancez le son !
L’édition phonographique
_
Au cœur du patrimoine artistique
Vous avez dit
DR
phonographique ?
L’
Creadedesigner/Fotolia
édition phonographique… Aux yeux – ou plutôt aux
oreilles – de certains, le mot a peut-être une connotation
un peu désuète. Il évoque en effet le phonographe, cet
appareil devenu rare aujourd’hui, remisé dans les greniers, un bien bel outil qui fut remplacé dans les années
50 par l’électrophone, lequel est lui aussi, désormais, condamné aux étals
des brocantes ! Avec, à ses côtés, alignés en piles, les fameux disques en
vinyle sur lesquels ont chanté et dansé tant de Français et que s’arrachent
aujourd’hui des millions de collectionneurs. S’arrachera-t-on de la même
manière, demain, les supports actuels, physiques ou dématérialisés (CD,
clés USB, MP3…) ?
L’édition phonographique est riche des millions d’œuvres, de chansons,
de courants musicaux qu’elle a gravés et immortalisés, de décennie en
décennie, et qui sont aujourd’hui diffusés dans le monde entier. Riche des
centaines d’artistes qu’elle révèle, jour après jour, contribuant à la découverte et à la promotion des styles, des courants, des tendances dont on
parlera encore demain et après-demain. À l’instar des industries du cinéma et du livre, à l’image de tous les arts en général, elle contribue à
l’élan culturel d’un pays, à son histoire et à son patrimoine artistiques.
Tout simplement, elle fait partie de nos loisirs, de notre vie. Lequel d’entre
nous n’a pas, sur les lèvres ou à l’esprit, à un moment de la journée, un air,
une chanson qu’il aime et qui, parfois, lui rend la vie un peu plus facile ?
Pris dans le tourbillon de toutes ces chansons et musiques, on a sans
doute un peu oublié aujourd’hui le mot phonogramme. Il dit pourtant
bien ce qu’il en est, à savoir « le tracé de l’enregistrement des vibrations
sonores de la voix humaine ». Cette activité constitue le cœur de métier de
l’édition phonographique, répertoriée dans la nomenclature NAF 2008*
sous le code 59.20 Z « Enregistrement sonore et édition musicale ».
_ L’édition phonographique
(*) La nomenclature d’activités françaises a fait l’objet d’un décret commun qui oblige l’ensemble
des organismes publics à utiliser la nomenclature, ou ses dérivés, dans les textes officiels,
décisions, travaux, études, etc. Chaque établissement se voit attribuer un code NAF en fonction
de la nature de son activité principale.
L’édition phonographique
_
Au cœur du patrimoine artistique
Ce code comprend les activités visées par le champ d’application de la
convention collective nationale (CCN) en vigueur dans la profession,
lequel concerne globalement « la production, l’édition ou la distribution
de phonogrammes ou de vidéogrammes musicaux ou d’humour ».
Ainsi que le soulignent les professionnels de l’édition phonographique
– et cela n’est pas une lapalissade –, rien, pour l’artiste, ne remplacera cet
« enregistrement des vibrations sonores de la voix humaine ». Ne seraitce que parce que tous les chanteurs et musiciens ne font pas de la scène
et des tournées. La production d’un CD, d’un album, d’un single, reste
donc en quelque sorte, pour celui qui veut faire connaître son art au public, un passage obligé.
Mais l’édition phonographique, c’est aussi le travail effectué en amont de
l’enregistrement, à savoir la création artistique en tant que telle. La recherche et le repérage de l’artiste – chanteur, musicien, auteur compositeur –,
les conseils, l’aide technique qu’on lui apporte, l’accompagnement dont il
bénéficie pour toucher le plus large public, se faire un nom et gérer sa carrière. L’édition phonographique est ainsi un maillon essentiel de la chaîne
de la création musicale. Tout un univers qui, finalement, reste mal connu,
en comparaison avec celui du showbiz à proprement parler.
LES VENTES PAR RÉPERTOIRE CCN
La convention
collective
nationale de
l’édition
phonographique
a été signée le
30 juin 2008 par
les partenaires
sociaux. Cet
accord, qualifié
d’« historique »
par Christine
Albanel, ministre
de la Culture
et de la
Communication
de l’époque,
comble un vide
de plus de
quinze années.
Il comporte,
entre autres,
des textes
concernant la
formation
professionnelle
et la gestion
prévisionnelle
des emplois et
des compétences
(GPEC), point
traité en
3e partie de
la synthèse.
Des métiers variés
Richard Dumas
L’édition phonographique regroupe de nombreux métiers appartenant à
différentes catégories socioprofessionnelles. Parmi les salariés permanents,
on peut, schématiquement, distinguer les professions de front office, réunies autour du projet artistique, et celles de back office, qui ­correspondent
_ L’édition phonographique
Classique : 8 %
Variété nationale : 55 %
Variété internationale : 37 %
à retenir
Total 2009 : 588 millions d’euros
à des emplois administratifs semblables à ceux que l’on trouve dans toutes les entreprises (avec toutefois des particularités liées au métier du disque). La première catégorie regroupe notamment le directeur artistique, le
directeur de label, le responsable marketing, les chefs de produits/projet,
des cadres artistiques et assistants artistiques, les webmasters… Mais le
projet ne pourrait voir le jour sans le personnel auquel on fait appel pour
un travail et une période donnés : les techniciens du spectacle (qui exercent une multitude de métiers : ingénieur du son, régisseur, machiniste,
styliste, perchman, et tant d’autres…) et les artistes interprètes (chanteurs,
musiciens, choristes, diseurs, etc.). Ces métiers sont également gérés par
les « tourneurs » de concerts.
La commercialisation occupe bien sûr une place importante avec les
grands comptes, la télévente, les techniciens des supports commerciaux et
les techniciens commerciaux, les chargés de publicité et les promoteurs
terrain. Promotion et communication, assurées notamment par les cadres
des relations publiques et de la communication, sont également le nerf de
la « guerre ».
Côté back office, figurent notamment les cadres de services administratifs et
financiers (contrôle de gestion, comptabilité, royalties…), la partie fabrication et logistique (chefs de projet fabrication, chargés de logistique de stocks,
la gestion du numérique qui devient primordiale), ainsi que les ouvriers du
tri, de l’emballage et de l’expédition des produits… Toute une chaîne, là
encore, qui travaille pour une activité pas tout à fait comme les autres. Chacun, à son niveau, avec savoir-faire et enthousiasme, avec passion.
Le secteur
– qui vient de
se structurer
en branche
professionnelle – assure le cycle
complet de
la production
(découverte
et accompagnement
de l’artiste,
enregistrement
de son œuvre,
pressage,
marketing,
promotion et
distribution).
Ces activités
peuvent être
regroupées
au sein d’une
même structure
ou partagées
entre plusieurs
acteurs (l’un
d’eux exploite
la licence par
exemple).
L’édition phonographique
_
Au cœur du patrimoine artistique
Les résultats sont-ils à la hauteur de cette implication ? Depuis 2002, la
branche traverse une période de crise pour les raisons que l’on analysera
en 2e partie de cette synthèse. Son chiffre d’affaires a ainsi chuté de plus
de 55 % entre 2002 et 2009, passant de 1,302 milliard à 588 millions
d’euros. En 2009, le marché de la musique enregistrée (ventes gros éditeurs hors taxes, nettes de retours et remises) a poursuivi sa baisse
(- 3,2 %), mais de façon plus modérée que les années précédentes (- 15 %
en 2008, - 17 % en 2007). En 2009, la vente de supports physiques (CD,
DVD) représentait 512 millions d’euros, contre 76 millions d’euros pour
la vente de supports dématérialisés (téléchargement Internet, téléphonie
mobile, streaming, abonnements…).
Clive Bardat
D’un éditeur à l’autre
On ne fait pas toujours très bien le distinguo entre éditeur de
musique et éditeur phonographique. S’ils ont des points communs
(côté éditeurs indépendants, il arrive même qu’une seule entité
juridique englobe ces deux activités), ils ont toutefois des rôles
distincts :
l L’éditeur musical (ou graphique) signe des contrats de cession
de droits avec des auteurs et assure aux œuvres de ces derniers
une diffusion et une exploitation commerciale, notamment
et en premier lieu par l’édition de la partition musicale.
l L’éditeur ou producteur phonographique produit l’enregistrement
de l’œuvre. Il choisit donc un artiste-interprète, s’investit pour
développer la carrière de celui-ci ou, simplement, faire fructifier
son œuvre. Le producteur phonographique établit une relation
contractuelle avec l’artiste (contrat d’artiste ou d’enregistrement
exclusif). Ce n’est pas obligatoirement lui qui effectue la fabrication
et la distribution des supports « matériels » que sont les disques ;
il peut demander à une « maison de disques » d’assurer
contractuellement, via une licence, ce processus.
_ L’édition phonographique
est une
technologie qui
permet de lire,
visionner et
écouter des
fichiers sans
les télécharger.
Principe :
une « mise
en mémoiretampon »
(buffering)
des données
téléchargées
vers l’auditeur
par un serveur.
Elle permet
une lecture
en transit d’un
fichier. Les
webradios,
par exemple,
proposent
ainsi une
écoute et une
bibliothèque
de titres en
streaming qui
permettent
d’écouter
à la demande
les artistes
de son choix
et de se créer
des albums
en ligne.
Benoît Peverelli
Le
streaming
Les entreprises
et les effectifs
L
a branche compte environ 600 entreprises employant au
moins un salarié (*), classées selon trois catégories. La
première rassemble quatre majors : Universal Music, Sony
Music, Warner Music et EMI Music. Issues de différentes
fusions depuis ces dernières années, filiales nationales de
groupes français et internationaux, elles représentent 70 % du marché.
Les sociétés indépendantes constituent la seconde catégorie. Plutôt positionnées sur des niches, elles sont aussi plus fragiles en période de crise.
La 3e catégorie est composée des microéditeurs (de 0 à moins de 5 salariés). Ceux-ci forment un tissu dense et atomisé de très petites entreprises (TPE) ou microstructures à la frontière de l’économie, plus ou moins
viables à moyen terme.
(*) Les chiffres diffèrent selon les sources (Sirene, Dads, Afdas, Audiens) mais convergent vers ce chiffre.
L’édition phonographique
_
Au cœur du patrimoine artistique
25,9 %, un CA de moins de 0,5 million). 20,9 % comptabilisent un CA de
1 à moins de 2 millions, 4,1 %, un CA allant de 2 à moins de 5 millions,
3,9 %, un CA de 5 à moins de 10 millions. Seules quatre sociétés enregistraient, en 2006, un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros.
La branche emploie environ 4 000 salariés permanents. 6 % des entreprises concentrent à elles seules 67 % des effectifs, et ceux-ci sont, selon les
sources, entre 54 % et 64 % à travailler dans les structures de plus de
50 salariés. Le nombre d’emplois, qui a connu une relative stabilité entre
1978 et 1999 (avec tout de même un déficit de 4 %), accuse une baisse
sensible depuis 2000. Entre cette date et 2007, le secteur a perdu 603 salariés. C’est surtout vrai dans les établissements de plus de 250 salariés, en
partie au profit des TPE, la décroissance dans les majors se poursuivant
(elles ont encore perdu le quart de leurs effectifs entre 2006 et 2008, soit
322 personnes).
Comme on l’a vu, de nombreux métiers et catégories socioprofessionnelles
font vivre la branche de l’édition phonographique. On trouve plus de cadres, de techniciens, d’agents de maîtrise et de professions intermédiaires
que dans les autres secteurs de l’industrie française. Employés, professions
Geofff/Fotolia
Pierre-Eric/Bailly
Des effectifs en baisse
61%
50 % des entreprises ont été créées après 2000, majoritairement entre 2000 et 2004. Le nombre d’entreprises
est à la baisse (- 19 % entre 2007 et 2008). Cette baisse
concerne davantage celles de plus de 10 salariés, la
tendance étant à l’augmentation des TPE. Les strucdes salariés
tures sont généralement mono-établissement ; on
de la branche
compte en moyenne 1,06 établissement par entreprise.
ont moins
On observe toutefois, à l’inverse de ce qu’on note
de 40 ans
pour les entreprises elles-mêmes, une augmentation
du nombre d’établissements depuis ces trente dernières années.
Les entreprises employant des salariés permanents sont situées pour
près de 70 % d’entre elles en Ile-de-France, la région Rhône-Alpes venant en 2e position (4,5 %), la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en 3e
(3,7 %), les Pays de la Loire en 4e avec 2,1 %, suivis de Midi-Pyrénées et
Bretagne avec 1,9 %. Les unités de plus de 10 salariés sont toutes implantées en Ile-de-France et en Rhône-Alpes.
Leur catégorie juridique est variée, mais les sociétés à responsabilité limitée (SARL) l’emportent largement (76 %). On trouve ensuite les SARL
unipersonnelles (8 %), les associations déclarées (6 %), les sociétés par
actions simplifiées – SAS – (5 %), les SA à conseil d’administration (3 %),
les commerçants (2 %) et enfin les sociétés par actions simplifiées à
­associé unique (SASU) avec 1 %. Les entreprises de plus de 10 salariés
sont uniquement des SA et des SAS.
67 % d’entre elles réalisent un chiffre d’affaires annuel inférieur à un
million d’euros (41 % enregistrent un CA de 0,5 à moins de 1 million,
_ 10 L’édition phonographique
la répartition des entreprises par taille
100 %
90 %
80 %
70 %
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
10 %
0 %
Afdas 2009
92 %
5 %
1 %
0,4 %
0,8 %
0,1 %
és
és
és
és
és
és
ari
ari
ari
ari
ari
ari
sal
sal
sal
sal
sal
sal
4
9
9
9
9
0
4
25
à1
à4
1à
5à
à2
de
10
20
De
De
50
us
l
e
De
De
P
D
Dans leur écrasante majorité, les sociétés sont de très petites entreprises (TPE)
(moins de 10 salariés). Et dans cette tranche, la plupart ont des effectifs très faibles :
soit de 1 à 2 salariés, soit de 3 à 5.
L’édition phonographique
11 _
Au cœur du patrimoine artistique
Claude Gassian
La formation
à noter
Parmi les
effectifs
intermittents,
les artistes
sont
majoritaires
(73 % environ).
Le nombre d’emplois diminue
dans les entreprises de plus de 250 salariés,
en partie au profit des TPE
_ 12 L’édition phonographique
Il n’y a pas de formation initiale spécifique, ce qui n’empêche pas les professionnels d’être très diplômés : 8 % des salariés possèdent un diplôme
de 3e cycle universitaire, 9 % ont un niveau licence et plus, 11 % ont suivi
un 2e cycle universitaire, et 8 %, un 1er cycle universitaire. 13 % sont titulaires d’un DUT ou d’un BTS, 15 %, du bac, d’un brevet de technicien… 19 %
ont un niveau CAP, BEP, 9 % ont le brevet des collèges.
Les spécialités de diplômes sont éclectiques. En tête, la comptabilité et la
gestion (19 % des salariés se sont intéressés à ces disciplines), suivies des
lettres et arts pluridisciplinaires (15 %), de l’accueil, hôtellerie, tourisme
(13 %). 11 % des salariés se sont formés à la musique et aux arts du spectacle, 9 % aux spécialités plurivalentes échanges-gestion, 9 % ont suivi
des formations générales, 8 % se sont spécialisés dans les mathématiques et les statistiques, les 7 % restants ayant suivi des itinéraires n’appartenant pas à ces diverses catégories.
Artwork/Yeahh Studio
intermédiaires, cadres administratifs et commerciaux dominent (ils composent à eux seuls 57 % du personnel). Cadres et professions intermédiaires
sont moins représentés dans les entreprises employant moins de 10 personnes. Qu’en est-il de la répartition hommes/femmes ? Les deux sexes sont
presque à égalité. 57 % des salariés sont des hommes. Ils occupent surtout
des postes de cadres dirigeants, de cadres et d’ouvriers, les femmes exerçant des fonctions de cadres, mais également d’employés, de techniciens,
d’agents de maîtrise et des professions intermédiaires. Côté contrats, 27 %
de femmes sont en contrat à durée déterminée (CDD), contre 19 % d’hommes (source Audiens).
La jeunesse du secteur est à remarquer : 61 % des salariés ont moins de
40 ans. L’édition phonographique est, de tous les secteurs industriels,
celui qui compte le plus grand nombre de jeunes salariés. Sur le plan de
l’ancienneté en revanche, la profession est sous la moyenne nationale.
Plus de 50 % des personnes ont peu d’ancienneté ; celle-ci est égale ou
supérieure à cinq ans.
L’effectif des artistes et des techniciens intermittents du spectacle est important. Il représente près de 10 000 personnes, réparties comme suit :
7 463 hommes (589 cadres techniciens, 1 617 non cadres techniciens et
5 257 artistes) et 2 443 femmes (82 cadres techniciens, 431 non cadres techniciens et 1 930 artistes). Là encore, la moyenne d’âge est peu élevée : chez
les hommes, 16 % ont entre 25 et 29 ans, 39 % entre 30 et 39 ans ; chez les
femmes, pour les mêmes tranches d’âge, le taux est, respectivement, de
19 % et 36 % (source Audiens).
La formation initiale
L’édition phonographique
13 _
Au cœur du patrimoine artistique
JB Mondino
ments sonores et la production de films pour le cinéma). On observe une
tendance à l’augmentation de l’âge des bénéficiaires, lesquels sont majoritairement des commerciaux, des assistants de gestion, des attachés de
clientèle et des assistants marketing. Spécialités de formation qui ont le
vent en poupe : le commerce, la vente, le marketing, la comptabilité, la
publicité, les fonctions administratives, puis l’audiovisuel et le cinéma. Ces
formations, dont le niveau augmente, sont plus qualifiantes et certifiantes
et moins diplômantes. De fait, leur durée est plus courte : 61 % de CP de 6
à 12 mois en 2008, contre 64 % de 19 à 24 mois en 2006. Ce qui représente
en équivalent heures 35 % de contrats de moins de 500 heures, 33 % de 800
à 999 heures et 31 % de 1 000 à 1 200 heures (contre 58 % en 2006).
La formation continue
Il existe plusieurs dispositifs :
< Le plan de formation mis en place dans les entreprises de moins
de 10 salariés. 101 personnes l’ont suivi en 2008. C’est moins qu’en
2007 (110 personnes) et beaucoup moins qu’en 2006 (169 bénéficiaires).
Le taux d’accès de 12,25 % est légèrement inférieur à la moyenne nationale (13,8 % en 2006). Ce plan concerne à 78 % le secteur édition d’enregistrements sonores. 53 % des stagiaires sont des femmes et 47 % des
hommes, les 25-34 ans et les 40-44 ans étant les plus nombreux. Formations préférées : langues et PAO, puis commerce-vente-marketing. Durée
des sessions : entre 21 et 59 heures pour 62 % d’entre elles.
< Le plan de formation destiné aux entreprises de 10 salariés et
plus. 675 personnes en ont bénéficié en 2008 (contre 772 en 2007 et 696
en 2006), soit un taux d’accès de 33 %, légèrement inférieur à la moyenne
nationale (36 % en 2006). Il est en vigueur quasi intégralement dans le
secteur édition d’enregistrements sonores. Là encore, les femmes sont plus
nombreuses que les hommes à en bénéficier (51 % contre 49 %) et, parmi
les stagiaires, ce sont les 40-44 ans qui sont les plus représentés, « talonnés » par les 35-39 ans et les 30-34 ans. Les ingénieurs et les cadres sont les
plus nombreux. Là encore, les langues, puis la bureautique sont les formations les plus prisées. 33 % des sessions s’échelonnent de 21 à 59 heures,
29 % de 10 à 20 heures, 30 % durent moins de 10 heures.
< Le contrat de professionnalisation (CP). 49 ont été signés en
2008, contre 36 en 2006 (+ 36 %). Le taux de recours a augmenté, lui, de
1,4 % pendant cette même période (il est supérieur à la moyenne nationale). Le nombre de CP est supérieur dans les entreprises de 10 salariés. À
l’inverse, le taux de recours est plus important dans les structures comptant
moins de 10 salariés. Les CP bénéficient en grande majorité aux salariés
(dont 61 % de femmes) travaillant dans l’édition d’enregistrements sonores (très loin derrière, les activités artistiques, la reproduction d’enregistre_ 14 L’édition phonographique
à noter
Comme on
le verra en
3e partie de
cette synthèse,
des accords
ont été signés
récemment
en faveur
de la formation
professionnelle
et d’une
politique
de ressources
humaines
et de gestion
prévisionnelle
des emplois
optimisée.
< Le congé bilan de compétences (CBC). 39 CBC ont été accordés
en 2008 (contre 25 en 2007), le taux de demandes augmentant de 1,02 %
entre 2006 et 2008 (moyenne nationale : 0,2 %). Comme pour les CIF, c’est
dans les entreprises de plus de 10 salariés qu’on trouve le plus grand nombre de CBC, le taux de congés étant plus important dans celles employant
10 personnes et plus. Davantage de femmes (61 % contre 39 % pour les
hommes) en bénéficient. Âge : une majorité de 30-39 ans, et surtout de
30-34 ans. La catégorie socioprofessionnelle la plus représentée est celle des
cadres ingénieurs travaillant dans l’édition d’enregistrements sonores.
< Le congé individuel de formation (CIF). Le nombre de CIF a
chuté par rapport à 2007 (8 en 2008, 15 en 2007 et 7 en 2006), mais le taux
d’accès – 0,31 % – reste supérieur à la moyenne nationale (0,2 % en 2006).
Le nombre de CIF est supérieur dans les entreprises de plus de 10 salariés.
Ils concernent les salariés (les 2/3 étant des hommes) des deux secteurs
d’activité fondamentaux : l’édition d’enregistrements sonores, et la reproduction d’enregistrements sonores. Tranche d’âge la plus représentée :
40-44 ans. Les stagiaires – en majorité des conducteurs régleurs et des magasiniers caristes – optent pour les formations « transport-permis de conduire », « bâtiment-travaux publics » et « commerce-vente-marketing ». À la
différence des contrats de professionnalisation, les CIF ont une finalité diplômante (50 % de diplômes d’État d’enseignement technique ou professionnel, suivis de 30 % de certificats de qualification professionnelle).
à retenir
Agréé par l’État,
l’Afdas est
l’organisme
collecteur des
contributions
formation
des entreprises
de la branche
professionnelle
de l’édition
phonographique.
Son rôle est
déterminant
dans la prise en
charge des besoins
de financement
des entreprises,
des salariés et
intermittents
du spectacle.
Les salariés peuvent
contacter
directement un
conseiller de l’Afdas
dans la rubrique
« contact
personnalisé »
du portail
www.afdas.com
DIF : d’abord les langues
34 salariés ont fait valoir en 2008 leur droit individuel à la formation (DIF), et cela,
très largement dans le secteur édition d’enregistrements sonores. Bénéficiaires :
d’abord des ingénieurs et des cadres, des employés et des techniciens, les stagiaires
femmes étant – contrairement aux moyennes nationales – plus nombreuses que les
hommes. Les 30-34 ans l’emportent sur les autres tranches d’âge. Les spécialités
de formation les plus prisées sont : les langues, la PAO et le multimédia. 66 % des
actions de formation durent entre 21 et 59 heures, 25 %, plus de 60 heures.
L’édition phonographique
15 _
De nombreux facteurs d’évolution
Des changements
majeurs
L’
édition phonographique
est confrontée à des changements
profonds qui ont un impact sur
ses activités, ses revenus et ses emplois.
Depuis ces dernières années, elle tente
de s’adapter au nouveau contexte et
de se positionner sur un marché bouleversé.
Cela passe notamment par
une diversification de ses activités et une
réorganisation de ses métiers,
mais aussi une évolution des compétences
des équipes.
_ 16 L’édition phonographique
De nombreux facteurs
d’évolution
Les facteurs liés aux nouvelles
technologies qui ont déclenché la crise
Chaque nouveau cycle technologique dans l’histoire de l’industrie du
disque a provoqué des bouleversements (variations d’activités, de revenus). Au début des années 1980, le passage du disque vinyle au CD avait
provoqué une chute des ventes de 15 %. Depuis 2002, c’est le passage du
support physique (CD, DVD) au support dématérialisé qui a des répercutions sur les revenus des éditeurs. Les ventes de supports physiques ont
chuté de 64 % entre 2002 et 2008. Dans le même temps, la croissance du
chiffre d’affaires réalisé sur la vente de supports dématérialisés n’a absolument pas permis de combler la perte subie sur la vente de supports
physiques : le chiffre d’affaires global des éditeurs phonographiques a
baissé de 53 % entre 2002 et 2008.
Le téléchargement illégal, le développement des logiciels peer to peer
(qui permettent aux internautes d’échanger des fichiers) ont considérablement accentué les difficultés de la transition. En 2008, 8 millions de
John Londono, Artwork/Rud’pixelz
Deuxième partie
L’édition phonographique
17 _
De nombreux facteurs d’évolution
Les facteurs liés à la diffusion
de la musique enregistrée
DR
La crise de la diffusion des supports physiques entraîne mécaniquement
une crise de la distribution aux détaillants, qui touche les majors – lesquelles intègrent la distribution à leurs activités de production –, mais
aussi quelques indépendants (Wagram, Naïve ou Pias sont également
distributeurs). La crise affecte également les détaillants eux-mêmes. Les
grandes surfaces spécialisées (FNAC, Virgin, espaces culturels Leclerc,
etc.) représentent désormais 54 % de la commercialisation des supports
physiques. Les grandes surfaces généralistes, qui réduisent les linéaires
de façon encore plus drastique que les grandes surfaces spécialisées, ont,
elles, perdu des parts de marché. La concentration en centrales d’achat
de ces détaillants rend plus difficiles la tâche des commerciaux et les
actions de promotion ciblées en magasins sur un territoire. Beaucoup de
disquaires indépendants ont disparu. Certains producteurs, généralement positionnés sur des niches, possèdent leurs propres magasins, mais
_ 18 L’édition phonographique
à retenir
à noter
Il existe trois
nouveaux
circuits de
diffusion.
1- La location de
musique par
abonnement.
Développé sur
téléphonie
mobile et
certaines
plateformes
Internet, le
principe permet,
moyennant un
abonnement,
d’écouter ou
de télécharger
en illimité
de la musique.
2- L’achat à l’acte
au prix unitaire.
Pour que ce
système soit
rentable, les
sites de vente
à l’acte
multiplient
les modes
de diffusion
au-delà du seul
téléchargement
unitaire :
streaming,
transfert vers
un lecteur
portable, etc.
3- L’accès gratuit
grâce à la
publicité,
un modèle qui
n’a toutefois
pas encore
démontré
sa viabilité
économique.
Une dizaine
d’opérateurs
se sont
positionnés sur
ces marchés
de la diffusion,
dominés
par iTunes
(développé par
Apple afin de
« booster » ses
ventes d’iPod),
pour l’achat
à l’acte. Mais
il est probable
que ces
diffuseurs
se concentrent
et, dans
ce cas, ne
survivraient
que ceux ayant
acquis une
dimension
internationale.
DR
personnes auraient téléchargé des contenus illégaux équivalant à un volume de 778 millions de titres (un titre téléchargé légalement pour quatorze illégalement). La musique est devenue le produit culturel le plus
« piraté », devant les films, les séries télé et les jeux vidéo. Les autres
contenus culturels (cinéma, audiovisuel), la presse, la télévision et surtout
la radio doivent faire face eux aussi à leur propre mutation du fait du
développement numérique ; dans certains cas, cela se répercute fortement sur le secteur de la musique (côté radio notamment).
le recul des ventes pourrait réduire leurs parts de marché. En termes de
chiffre d’affaires, les circuits traditionnels dominent encore. Toutefois, les
nouveaux circuits de diffusion des supports numériques se développent.
Les distributeurs numériques ou agrégateurs proposent des services de
numérisation, d’encodage, etc. et permettent de mettre en ligne des catalogues sur les principales plateformes de téléchargement (Apple,
FNAC, Virgin, Amazon…). Les opérateurs de téléphonie offrent des services tels que les plateformes mobiles de téléchargement ; les fournisseurs d’accès à Internet passent des contrats avec des éditeurs phonographiques afin d’avoir accès aux catalogues ; les sites d’écoute et le streaming
sont désormais accessibles sur les téléphones mobiles et les sites communautaires (MySpace, YouTube, Dailymotion…). Les éditeurs phonographiques concluent avec ces nouveaux acteurs des contrats qui leur
permettent de devenir partenaires plutôt que de simples négociateurs de
licences (c’est le cas d’Universal et de la téléphonie mobile avec Universal Mobile).
L’édition phonographique
19 _
De nombreux facteurs d’évolution
Les facteurs sociétaux
Les nouveaux supports génèrent chez le consommateur de nouveaux
comportements et pratiques culturelles. Le téléchargement illégal y est
pour beaucoup : le concept de la gratuité de la musique gagne l’opinion
publique ; la musique est un bien partageable, d’où une mutualisation et
des échanges de pair à pair importants. Certains consommateurs deviennent des prescripteurs, notamment via les blogs. Cette évolution affecte
durement l’industrie musicale. La faible rémunération de l’écoute et le
fait qu’une majorité des consommateurs opte pour le titre et non plus
pour l’album entraînent une dévalorisation du travail des éditeurs (et
bien sûr une baisse de revenus). La mobilité du public, l’abolition du
temps et de l’espace dans l’écoute de musique enregistrée contraignent
les éditeurs à plus de réactivité. Le cycle de vie des produits est plus court,
la consommation de nouveautés plus rapide.
Les facteurs d’évolution
juridiques et fiscaux
à noter
La loi IPRED,
adoptée en
Suède, en 2009,
qui permet
de repérer
l’adresse IP des
contrevenants,
semble avoir
des résultats
positifs. Au
1er semestre
2009, les ventes
de musique
en ligne ont
augmenté
de 57 % et celles
des albums,
de 9 %.
Une production nationale importante
La France est le 3e pays en termes de poids de la production nationale,
derrière les États-Unis et le Japon. Ailleurs en Europe, on note une baisse
importante de la production nationale (c’est le cas notamment en Belgique).
_ 20 L’édition phonographique
DR
Plusieurs de ces nouveaux acteurs élargissent leurs activités. Les distributeurs numériques ou agrégateurs s’investissent, par exemple, dans le
marketing et la promotion et demain, peut-être, dans le merchandising
et la gestion des droits. Des opérateurs de téléphonie mobile comme
SFR jeunes talents publient des titres sur le Web, s’associent avec des
festivals pour l’enregistrement et la représentation, soutiennent le
spectacle vivant (retransmission de concert sur mobile, partenariat avec
des salles, etc.).
Si les médias (télé, radios) diffusent moins de musique qu’avant, ils se
positionnent sur les contenus et, eux aussi, sur le spectacle vivant. Une
orientation prise également par les plateformes de téléchargement dont
certaines, en outre, se lancent dans la production d’artistes (MySpace par
exemple). Les éditeurs doivent aussi compter avec la concurrence des
tourneurs et des organisateurs de spectacles dont certains contrats incluent la production. Enfin, les blogs (même si certains professionnels
relativisent l’impact de cet outil de communication) réalisent un véritable
travail éditorial et de promotion.
DR
Les facteurs concurrentiels
Depuis 2001, époque où est apparu le téléchargement illégal, la branche
a réagi : dépôts de plaintes contre les éditeurs de logiciels peer to peer et
les internautes pirates, poursuite de certaines plateformes pour violation
du droit d’auteur. Pour protéger la profession et s’adapter à l’économie
numérique, la réglementation nationale et européenne a évolué.
>Mesures juridiques. Une loi Droit d’auteur et droits voisins dans la
société de l’information (DADVSI) a été adoptée en 2006, suivie de la loi
Création & Internet créant la Haute autorité de diffusion des œuvres et
de protection des droits sur Internet (Hadopi) et instituant un mécanisme de « riposte graduée ». Celui-ci prévoit deux messages d’avertissement aux internautes dans l’illégalité avant une éventuelle sanction. Mais
l’application de ces textes est parfois difficile. On a observé que les DRM
(Digital Right Management) ou MTP (mesures techniques de protection)
mis en place par la loi DADVSI dans le but de limiter le nombre de copies, empêchaient une interopérabilité dans la lecture des contenus.
­Résultat : ces moyens se sont révélés faiblement pertinents pour la vente
à l’unité.
>Mesures fiscales. L’idée de faire passer la TVA à 5,5 % n’a pas encore abouti. En revanche, le crédit d’impôt phonographique, en vigueur
depuis juillet 2007 et prorogé en 2009, permet aux entreprises de récupérer une part de leurs dépenses de production et de développement à
hauteur de 20 %. Un levier pour maintenir la production et l’emploi, tant
pour les artistes et les techniciens intermittents que pour les effectifs permanents. La branche souhaite cependant que ce dispositif, complexe
dans sa mise en œuvre, soit amélioré afin d’en tirer le meilleur parti.
Interopérabilité
Possibilité
d’écouter
un fichier
musical acquis
légalement
sur tout type
de lecteur.
L’édition phonographique
21 _
De nombreux facteurs d’évolution
Une diversification
des activités…
P
Un label
est une unité
créatrice au
sein d’une
maison de
disques,
chargée de
découvrir des
artistes ou
dédiée à un
genre musical.
Sorte d’unité
de recherche
et de développement, le
label regroupe
les postes
stratégiques
(directeur de
label, directeur
artistique,
directeur
marketing…).
_ 22 L’édition phonographique
Tania et Vincent
Gilles Parnalland/Fotolia
ChloÉ Sadoun
DR
our faire face à ces évolutions, la branche se réorganise. On
observe une diminution des entreprises de plus de 20 salariés (- 44 % entre 2000 et 2007), et ces dernières font l’objet
d’une concentration croissante. Des majors achètent des
indépendants (ainsi, en 2007, Universal Music a racheté V2
Music Group) et, la possession de catalogues importants devenant essentielle du fait du développement de la musique en ligne, les rachats de catalogues sont légion (Universal Music Group a racheté BMG Publishing).
Autre évolution : l’augmentation du nombre de très petites structures.
Les entreprises diversifient leurs activités. Certaines investissent dans le
spectacle vivant en produisant ou coproduisant des spectacles (pour ce
faire, Warner Music France a pris le contrôle de la société de concerts
Jean-Claude Camus). D’autres, afin d’augmenter leurs rémunérations,
créent des partenariats avec des fabricants de produits dérivés ou des
sociétés spécialisées dans le merchandising. D’autres pistes sont explorées, comme l’insertion de musique dans un film, une publicité ou des
jeux vidéo (publishing et synchronisation), qui rapportent également des
revenus complémentaires aux éditeurs. Ces activités de l’édition musicale sont développées par les majors et les indépendants les plus importants. La création de plateformes portant le nom du label et permettant
une vente directe au consommateur, l’édition de livres, la distribution de
vidéos pour le compte de chaînes de télévision font également partie des
« orientations ». Cette diversification concourt à une stratégie du « 360 ° »,
initiée par les majors. Il s’agit pour l’éditeur d’être présent sur la totalité
de la filière de la production musicale. Pour cela, il multiplie les modes
d’exploitation et les sources de revenus à partir d’un artiste, qui devient
le centre de gravité du processus de production et d’exploitation, une
« marque » en quelque sorte. « Ingrédients » : le licensing, l’élaboration
de contenus vidéo et de supports numériques, le merchandising et l’investissement dans le spectacle vivant…
L’édition phonographique
23 _
De nombreux facteurs d’évolution
… et une réorganisation
Philippe Delacroix
des métiers
L
es mutations que connaît l’édition phonographique ont
bien évidemment des conséquences sur l’emploi et les
fonctions au sein des entreprises. Ces dernières années, la
branche a dû mettre en place plusieurs plans sociaux et,
comme on l’a dit, a perdu 13 % de ses effectifs globaux
depuis 2000. La perte a même atteint 25 % chez les majors, principal
bassin d’emplois de la branche, entre 2006 et 2008. Cette baisse devrait
hélas se poursuivre, les supports numériques générant moins d’emplois
que les supports physiques.
Une redistribution des fonctions et une évolution des métiers se dessinent. Certaines fonctions support (comptabilité, informatique, contrôle
de gestion et des royalties) sont de plus en plus externalisées, parfois
hors de nos frontières (en Inde, en République tchèque…). Les fonctions de distribution et de commercialisation, très touchées par la baisse des ventes des supports physiques, connaissent une baisse significative du nombre de salariés. Les effectifs des fonctions artistiques et de
marketing-promotion devraient, eux, se maintenir, car ces activités sont
rattachées à ce qui constitue le cœur de métier de la branche et qu’elles
sont très concernées par la diversification « 360 ° ». Cette « refondation » n’est pas sans créer des problèmes de ressources humaines aux
entreprises : reconversion de certains salariés, amélioration des compétences, recrutement.
Outre les évolutions attendues (voir tableau), les phénomènes concomitants de diminution du nombre de salariés et d’un élargissement des
activités entraînent un besoin fort de polycompétence. Les équipes devront avoir des compétences transversales dans des domaines clés :
maîtrise de l’anglais, recherche de financements créés par l’État, de partenariats, etc., connaissance des nouvelles technologies (supports d’écoute,
outils et acteurs de la diffusion), capacité à s’adapter aux évolutions du
secteur, créativité marketing aboutissant à des projets originaux.
La formation des salariés, le recrutement de nouveaux profils constituent
donc des priorités pour la branche. D’où la nécessité d’une politique
forte de ressources humaines et de gestion prévisionnelle des emplois et
des compétences.
L’évolution des métiers
FonctionsMétiersProblématique
pour les entreprises
Métiers Distribution physiqueLogisticienReconversion
en déclin
Magasinier
Commercialisation
VRP
Support
Finance, comptabilité, royaltiesExternalisation
_ 24 L’édition phonographique
Yann Orhan
DR
Métiers en ArtistiqueDirecteur artistiqueÉvolution
mutationAssistant artistique
des compétences et/ou Marketing/promotionDirecteur marketing
de recrutement
Chef de projet
Attaché de presse
Support
Juriste
Métiers enCommercialisationCommercial sur support WebRecrutement
émergence
ou nouveaux supports
Distribution numériqueDéveloppeur informatique
Ingénieur informatique
Production son et image Webmaster
L’édition phonographique
25 _
pour une mutation réussie
L
a profession prépare résolument
l’avenir, lequel demeure incertain.
Pour réussir son adaptation
aux nouvelles donnes, elle a arrêté, sur les
propositions du contrat d’étude prospective,
une dizaine d’actions qui constituent autant
de défis pour demain. Certaines sont déjà
des réalités et d’autres, bien engagées.
Au cœur des priorités : la formation,
une politique forte de ressources humaines
et de gestion prévisionnelle des emplois
et des compétences.
_ 26 L’édition phonographique
D
Artwork/Autrement le design
pour demain
réussie
DR
Des défis
Pour une mutation
DR
troisième partie
’après le contrat d’étude prospective réalisé, la situation
de la branche peut évoluer selon trois scénarios. Le scénario A, « perte de valeur de la musique enregistrée », a
été d’emblée écarté par la profession. Elle privilégie le
scénario B, celui de « la mutation réussie ». C’est à partir
de ce scénario qu’ont été élaborées les recommandations que l’on verra
plus loin. Le scénario C est celui du « déplacement de la valeur ajoutée
de la musique enregistrée », sorte d’intermédiaire entre les deux autres.
Certains l’estiment « probable ». Mais, nous l’avons dit, c’est le scénario
B qui est privilégié, même s’il ne constitue pas un « scénario miracle » et
si la bataille est loin d’être gagnée.
Quels en sont les postulats ?
< L’environnement économique et la réglementation évoluent
favorablement. Grâce à l’application de la loi Création & Internet Hadopi, le
nombre de téléchargements illégaux diminue. Des outils définis conjointement par la profession et les fournisseurs d’accès à Internet permettent de
mieux les contrôler. Les technologies « de contournement » sont limitées.
< L’État, défendant la création française, intervient plus largement et aide à la régulation.
< Les nouveaux canaux de diffusion et de consommation se
concentrent sur des modèles viables et rémunérateurs pour les producteurs. Les modes de diversification et/ou d’accompagnement de l’œuvre
musicale (merchandising, synchronisation…) permettent une croissance
du chiffre d’affaires.
< Les entreprises traditionnelles parviennent à s’adapter aux
mutations du marché. Elles maîtrisent les catalogues, confirment leur
savoir-faire en matière de production, renforcent leur politique de diversification et leur stratégie du « 360 ° ». Elles anticipent et innovent
(prospection efficace des tendances sociétales et des modes de consommation, offre enrichie de supports de consommation répondant à une
diversification des marchés…). Elles sont moins nombreuses et reconfigurent leurs équipes.
L’édition phonographique
27 _
pour une mutation réussie
2-
Toutes ces conditions réunies devraient permettre une stabilisation de
la baisse des emplois (la branche reste toutefois inquiète à ce sujet) et
créer « une dynamique des compétences ». Des compétences renouvelées et des profils plus pointus sont indispensables afin de répondre aux
besoins dans plusieurs domaines : commercial (pour la distribution numérique), marketing et promotion (pour accompagner l’enrichissement
de l’offre et répondre à la diversification des entreprises – nouvelles
technologies, stratégie marketing globale, nouveaux outils…). Autres
« ingrédients » : une bonne gestion des compétences, un transfert des
connaissances et des savoir-faire, une polycompétence permettant de
s’adapter aux évolutions du marché et de bâtir des projets originaux…
10 actions clés
La profession a retenu
10 actions clés à mener pour réussir son
adaptation
1- Sensibiliser les entreprises à la nécessité d’avoir une politique
de gestion des ressources humaines (GRH). Moins d’une dizaine d’entreprises disposent d’un service RH car la branche comprend beaucoup
de petites structures. En outre, la passion du métier fait qu’on est moins
sensible à cette question que dans d’autres secteurs. Longtemps, on ne
s’est pas préoccupé du recrutement, de la mobilité, de la gestion des
départs, etc. Ainsi, le recrutement pour les postes artistiques, ceux liés à
la promotion et à la communication, ­s’effectue par cooptation ou par le
réseau, ou en faisant appel à des personnes travaillant déjà dans la profession. La mobilité professionnelle est limitée par la taille des entreprises et la spécialisation des compétences. La mobilité externe existe,
mais elle n’est pas généralisée.
_ 28 L’édition phonographique
3-
Outiller les entreprises en matière de gestion prévisionnelle
des emplois et des compétences (GPEC). Il est important qu’elles anticipent les besoins pour pouvoir accompagner les projets stratégiques.
Des moyens simples peuvent être mis en place (fiches méthodologiques, formation, conseil, etc.).
4-
Photos Gilles Parnalland/Fotolia
Vers de nouveaux profils
et de nouvelles compétences
Mobiliser et professionnaliser les dirigeants de TPE et PME
et les responsables RH à la GRH, en mettant à leur disposition une
boîte à outils, des conseillers, en favorisant l’échange de pratiques…
Élaborer, à l’échelle de la branche, un dispositif de formation continue permettant de répondre aux défis d’adaptation des salariés aux nouvelles
exigences. Cela suppose une analyse de l’offre actuelle et son adéquation aux
besoins des entreprises, la mise en place de formations spécifiques, etc.
5-
S’investir plus significativement dans l’orientation de la formation initiale, ce qui permettrait de faire évoluer, ou de mettre en
place, des certifications spécifiques.
6-
Mobiliser les salariés pour qu’ils développent leurs atouts
d’employabilité, en les rendant davantage acteurs de leur parcours et
en les aidant à élaborer des projets professionnels. Il est indispensable
de valoriser leurs compétences (en recourant notamment à la validation des acquis de l’expérience – VAE –) et, par ailleurs, de leur proposer en priorité les nouveaux postes avant de recourir aux recrutements
externes…
7-
Préparer les mobilités externes en favorisant les passerelles
entre la branche et les secteurs qui recrutent. Analyser pour cela les
possibilités de « passage » existantes, échanger entre organisations
professionnelles, faire intervenir des cabinets de reclassement…
à noter
Un observatoire
prospectif des
métiers et des
qualifications
de l’édition
phonographique
a été créé, placé
sous la tutelle
de la CPNEF/EP
et géré par
l’Afdas. Son
rôle : « assurer
une veille sur
les métiers et
les évolutions
du secteur,
identifier les
changements
susceptibles
d’affecter
le niveau et
le contenu des
qualifications
et fournir
toutes
informations
permettant
d’éclairer
les partenaires
sociaux sur
les orientations
à donner
prioritairement
à la formation.
8-
Étudier les possibilités de mise en commun de postes pointus à temps partagé via des rapprochements d’entreprises, des échanges d’expériences…
9-
Mettre en place un outil de veille et d’alerte sur la situation
des entreprises et de l’emploi.
10 - Ajouter plus explicitement le volet emploi dans les sollicitations adressées aux pouvoirs publics afin d’obtenir d’eux un soutien
économique et de régulation.
L’édition phonographique
29 _
pour une mutation réussie
Des avancées
significatives
O
Mon regard/Fotolia
utre la convention collective nationale de l’édition phonographique signée, on l’a vu dans la 1re partie, le 30
juin 2008, par les partenaires sociaux, la branche s’est
déjà significativement engagée en matière de gestion
des ressources humaines et de formation.
Ainsi, l’accord de branche relatif à la formation professionnelle du
15 avril 2006 a été étendu le 9 février 2007. L’objet principal est de définir
les objectifs et les moyens de la formation professionnelle continue. Cet
accord de branche donne toute leur place aux divers dispositifs et actions
de formation (DIF, CIF, entretien professionnel, contrat de professionnalisation…) ainsi qu’au bilan de compétences et à la validation des acquis
de l’expérience (VAE). Des accords sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) et sur la place des seniors dans l’entreprise ont également été mis en place.
L’avenant n° 3 à l’accord de formation prévoit le relèvement du niveau
des cotisations de la formation professionnelle continue pour les entreprises de 10 à moins de 20 salariés.
En outre, dès avant la conclusion de ces accords, la branche a mis en
place une commission paritaire nationale emploi formation/édition phonographique (CPNEF/EP) aux termes d’un accord conclu le 13 avril 2005.
Cette commission participe à l’élaboration et au suivi de la mise en œuvre de la politique de l’emploi et de la formation et dispose d’une attribution générale de promotion de la formation professionnelle, en liaison
avec l’évolution de l’emploi.
_ 30 L’édition phonographique
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SYNTHÈSE N°
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-Hymans, 7574
1 Paris Cedex
15.
Conception et
réalisation :
Bayard Presse
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18, rue Barbès,
92128 Montrou
ge.
Rédaction : Pa
trick Coudreau
.
Mise en pages
: Richard Giller
y et Eric Merki
Secrétariat de
.
rédaction : Mar
tine Kanters.
Couverture : Ph
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Date de public
ation : 2010.
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L’étude dont est tirée cette synthèse
a été réalisée par le consortium Ambroise Bouteille et Associés.
Cette synthèse n° 51 est publiée par la Délégation générale
à l’emploi et à la formation professionnelle,
7, square Max-Hymans, 75741 Paris Cedex 15.
Elle est disponible sur le site
www.emploi.gouv.fr
du ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi.

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