Nina S temme | Bénédicte Haid | Mardi 17 février
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Nina S temme | Bénédicte Haid | Mardi 17 février
MARDI 17 FÉVRIER – 20H Coproduction Céleste Productions – Les Grandes Voix, Salle Pleyel. Fin du concert vers 21h50. Nina Stemme | Bénédicte Haid | Mardi 17 février Nina Stemme, soprano Bénédicte Haid, piano 2 mardi 17 février Edvard Grieg (1843-1907) Våren op. 33 n° 2 Fra Monte Pincio op. 39 n° 1 En Svane op. 25 n° 2 Hører jeg sangen klinge op. 39 n° 6 Solveigs vuggesang op. 23 n° 26 Med en vandlilje op. 25 n° 4 Richard Wagner (1813-1883) Wesendonck-Lieder Der Engel Stehe still! Im Treibhaus Schmerzen Träume entracte Jean Sibelius (1865-1957) Cinq Mélodies op. 37 Den första kyssen Lasse liten Soluppgång Var det en dröm Flickan kom ifrån sin älsklings möte Sergueï Rachmaninov (1873-1943) Ne poj, krasavica, pri mne op. 4 n° 4 V molčan’ji nochi tajnoj op. 4 n° 3 Zdes’ khorosho op. 21 n° 7 Aprel’! Vešnyi prazdničnyi den’ Uvjal tsvetok Vesennije vodv op. 14 n° 11 3 Edvard Grieg (1843-1907) Våren [Le Printemps] op. 33 n° 2 Extrait des Tolv Melodier til Digte af Aasmund Olavsson Vinje [Douze Mélodies sur des poèmes de Aasmund Olavsson Vinje] op. 33. Composition : 1881. Fra Monte Pincio [Du mont Pincio] op. 39 n° 1 Extrait des Romanser [Romances] op. 39. Texte : Bjørnstjerne Bjørnson. Composition : 1870. En svane [Un cygne] op. 25 n° 2. Extrait des Seks Digte af Henrik Ibsen [Six Poèmes de Henrik Ibsen] op. 25. Composition : 1876. Hører jeg sangen klinge [Quand j’entends cet air] op. 39 n° 6 Extrait des Romanser [Romances] op. 39. Texte : Heinrich Heine (« Hör’ ich das Liedchen klingen »), traduit en norvégien par Nordahl Rolfsen. Composition : 1884. Solveigs Vuggesang [Berceuse de Solveig] Extrait de Peer Gynt op. 23. Texte : Henrik Ibsen. Composition : 1874. Med en vandlilje [Avec un nénuphar] op. 25 n° 4 Extrait des Seks Digte af Henrik Ibsen [Six Poèmes de Henrik Ibsen] op. 25. Composition : 1876. Durée : environ 22 minutes. 4 mardi 17 février « Je ne pense pas être voué à écrire des mélodies plus que tout autre genre. Pourquoi, alors, jouent-elles un rôle si important dans ma musique ? Tout simplement parce que j’ai été, tout comme d’autres mortels, une fois dans ma vie touché par le génie […]. Et cet éclair de génie, c’était l’amour. J’ai aimé une jeune femme à la voix merveilleuse et au don d’interprète tout aussi merveilleux. Celle-ci est devenue ma femme et est restée ma compagne jusqu’à aujourd’hui. Elle a été, il faut l’avouer, la seule véritable interprète de mes mélodies [… Ces dernières] sont venues à la vie tout naturellement, comme portées par une nécessité, une sorte de loi naturelle, et elles ont toutes été écrites pour elle. » Cette profession de foi, exprimée par Grieg dans une lettre à son biographe américain Henry T. Finck en 1900, donne une idée claire de l’importance du corpus pour chant et piano (ou orchestre) chez le compositeur, tant en quantité qu’en qualité. C’est aussi par ce biais que le Norvégien contribue à la construction d’une identité nationale, brimée par les dominations danoise puis, dans une moindre mesure, suédoise : une histoire troublée dont témoignent les poèmes mis en musique par Grieg, de langue allemande (d’ailleurs, le court et violent « Hører jeg sangen klinge », bien qu’en norvégien, est en fait une mise en musique d’un poème de Heine que Schumann avait aussi utilisé dans sa Dichterliebe op. 48), danoise puis norvégienne. À cet égard, deux rencontres jouent un rôle d’importance dans la vie de Grieg : celle de Bjørnstjerne Bjørnson, l’un des plus grands écrivains norvégiens de l’époque, qu’il met en musique à de nombreuses reprises (Sigurd Jorsalfar, Landkjenning, mais aussi de nombreuses mélodies), puis celle d’Ibsen, pour qui il écrira la musique de scène de Peer Gynt (plus tard remaniée sous forme de suites, mais aussi parue en partie dans le catalogue des mélodies, comme c’est le cas de l’émouvante Berceuse de Solveig). Les Six Poèmes de Henrik Ibsen, composés à la même époque, rendent hommage à la poésie du grand dramaturge avec finesse et sensibilité. La romance Fra Monte Pincio, sur un texte de Bjørnson, témoigne de l’importance de l’Italie pour ces hommes du Nord ; c’est d’ailleurs là-bas que Grieg rencontra Ibsen, mais aussi Liszt, dont la mélodie semble par moments se souvenir : il y a quelque chose de la richesse du lied Der Lorelei dans ce nocturne exaltant la liberté. Quant à Våren, l’une des mélodies les plus connues du compositeur, notamment dans sa version orchestrée (en 1894-1895), elle témoigne du don lyrique de Grieg, avec son discret accompagnement coloré d’harmonies raffinées qui laisse la première place à un chant souple, porteur d’une émotion dénuée de toute sentimentalité. 5 Richard Wagner (1813-1883) Wesendonck-Lieder Der Engel [L’ange] Stehe still [Ne bouge pas !] Im Treibhaus [Dans la serre] Schmerzen [Douleurs] Träume [Rêves] Texte : Mathilde Wesendonck. Composition : 30 novembre 1857-1er mai 1858. Création : privée, le 30 juillet 1862, dans la villa des Schott à Laubenheim près de Mayence, avec Hans von Bülow au piano. Publication : 1862, Schott, sous le titre Fünf Gedichte für eine Frauenstimme mit Pianoforte Begleitung. Durée : environ 22 minutes. L’on pourrait se croire au milieu du duo d’amour de Tristan et Isolde : « Quand deux regards ne font qu’un / Quand deux âmes s’épousent / Quand deux êtres se reconnaissent / Le but de tout espoir est proche / Étonnées, les lèvres se taisent » ; mais il s’agit du deuxième morceau des Wesendonck-Lieder, qui en sont les contemporains. Sur les deux œuvres plane la même figure tutélaire, celle de Mathilde Wesendonck, épouse d’un protecteur de Wagner, avec laquelle le compositeur noue une idylle passionnée au cours de l’hiver 1857-1858. Il s’agit d’ailleurs de la seule œuvre de maturité à utiliser un texte qui n’est pas du compositeur (Wagner compose au fur et à mesure ses lieder sur les poèmes que Mathilde écrit) – ainsi que d’une des très rares incursions en dehors du monde de l’opéra. L’influence de Wagner (et, à travers le compositeur, celle de Schopenhauer) se laisse déceler dans certains des thèmes traités par la jeune femme, tandis que d’autres font appel à des topoï du romantisme ou de la littérature amoureuse. La proximité entre le recueil et Tristan et Isolde est musicalement décelable dès le premier instant dans Im Treibhaus (qui utilise le thème de la solitude de Tristan du début de l’acte III) et Träume (esquisse de l’hymne à la nuit du deuxième acte, dans le même la bémol majeur), sous-titrés « Études pour Tristan et Isolde ». Le langage reste cependant très marqué par les opéras précédents ; certains motifs se trouvent dérivés des pages déjà composées de la Tétralogie (que Wagner vient de laisser en suspens au milieu de Siegfried), tandis que la tempête qui ouvre Stehe still se souvient aussi bien de La Walkyrie que du Vaisseau fantôme. 6 mardi 17 février Jean Sibelius (1865-1957) Cinq Mélodies op. 37 Den första kyssen [Le Premier Baiser] Lasse liten [Petit Lasse] Soluppgång [L’Aube] Var det en dröm [Ai-je rêvé] Flickan kom ifrån sin älsklings möte [La fille revient des bras de son amant] Textes : Johan Ludvig Runeberg (n° 1 et 5), Zacharias Topelius (n° 2), Tor Hedberg (n° 3), Johan Julius Wecksell (n° 4). Composition : 1900-1902. Publication : Breitkopf und Härtel, 1906. Durée : environ 15 minutes. La première publication du jeune Sibelius fut une mélodie, Sérénade, d’après Runeberg, qui joua un rôle absolument central dans le renouveau culturel finlandais, bien qu’il écrivît en suédois. L’écrivain, qui poursuit dans la voie ouverte par l’épopée Kalevala en 1835, garda toujours la faveur de Sibelius, comme en témoignent notamment les Sept Mélodies sur des poèmes de Runeberg op. 13, première œuvre d’envergure du compositeur (1892), et les Six Mélodies op. 90, qui furent le dernier recueil publié (1917-1918). Il féconde ainsi les deux mélodies extrêmes de l’Opus 37 : Den första kyssen, adresse de la jeune fille à l’étoile du soir, qui oscille entre la simplicité de la narration et l’enthousiasme des paroles des protagonistes, et Flickan kom ifrån sin älsklings möte, ballade tragique qui conte l’amour trahi. L’époque de la composition des Cinq Mélodies op. 37 est une époque faste pour le compositeur, aussi bien d’une manière générale que dans le domaine de la musique pour voix et piano, puisque le tournant du siècle verra naître pas moins de trois recueils (Opus 36, 37 et 38 entre 1899 et 1903). Animés du même souffle romantique que les deux premières symphonies et le Concerto pour violon, qui en sont contemporains, ceux-ci réunissent la plupart des mélodies les plus connues de Sibelius. Lasse liten, sombre berceuse qui n’est pas sans points communs avec la navrée Kolybelnaïa op. 79 n° 3 de Chostakovitch, postérieure d’un demi-siècle, et le brumeux Soluppgång précèdent ainsi un véritable joyau, Var det en dröm, large chant d’amour porté par un flot pianistique envoûtant. 7 Sergueï Rachmaninov (1873-1943) Ne poj, krasavica, pri mne [Ne chante pas en ma présence] op. 4 n° 4 V molčan’ji nochi tajnoj [Dans le silence de la nuit secrète] op. 4 n° 3 Extraits des Chest Romansov [Six Romances] op. 4. Texte : Afanassi Fet pour le n° 3, Alexandre Pouchkine pour le n° 4. Composition : de 1890 à 1896. Zdes’ khorosho [C’est beau ici] op. 21 n° 7 Extrait des Dvenadtsat Romansov [Douze Romances] op. 21. Texte : Glarifa Galina. Composition : 1902. Aprel’! Vešnyi prazdničnyi den’ [Avril ! Jour de fête printanier] Texte : Édouard Pailleron. Composition : 1891. Uvyal tsvetok [La fleur mourut] Texte : Daniel Rathaus. Composition : 1893. Vesennije vodv [Eaux printanières] op. 14 n° 11 Extrait des Dvenadtsat Romansov [Douze Romances] op. 14. Texte : Fiodor Tiouttchev. Composition : 1896. Durée : environ 30 minutes. 8 mardi 17 février De Rachmaninov, le grand public s’est contenté bien longtemps de ne retenir que le pianisme virtuose (représenté par ce fameux Prélude en ut dièse mineur, que le compositeur, exaspéré, finit par appeler « it », « ça », mais aussi par les concertos pour piano, et notamment le si populaire « Rach 3 », comme le surnomment les anglo-saxons), dédaignant sans hésitation aucune des chefs-d’œuvre comme les Variations sur un thème de Corelli. De même, les mélodies sont inégalement connues, et certains chevaux de bataille du répertoire, comme la « Chanson géorgienne » (op. 4 n° 4) ou cette Vocalise de 1912 dont les transcriptions sont légion et que toute bonne compilation se doit de présenter (pour ne pas dire : de massacrer), ont pu reléguer dans l’oubli d’autres œuvres tout aussi riches. Ces quelque quatre-vingts pièces montrent, à l’égal de nombre de pages instrumentales, la richesse de l’invention mélodique du compositeur nourrissant aussi bien le chant, qui fait souvent preuve d’un ample lyrisme (contemplatif et ému, le Zdes’ Chorošo, contemporain du mariage avec Natacha, en est un très bel exemple), que le piano. L’instrument se voit bien souvent confier une partie développée, tant le compositeur reste avant tout un pianiste ; si parfois il semble outrepasser son rôle, sa virtuosité, lorsqu’elle est motivée, est véritablement du plus bel effet : c’est ainsi le cas des bouillonnantes Eaux printanières, qui chantent avec allégresse le dégel. Les mélodies fleurissent avec bonheur sous la plume du jeune compositeur (les œuvres interprétées ce soir furent toutes composées avant les trente ans de Rachmaninov ; il ne revint d’ailleurs plus au genre après 1916), fortement marqué par l’univers de Tchaïkovski, dont il interprétait les chants avec sa sœur Elena, musicienne accomplie, et avec qui il noua par la suite une relation d’amitié – comme en témoigne l’hommage posthume du Trio élégiaque n° 2. Le choix d’un poème de Daniel Rathaus pour le dépouillé Uvyal tsvetok, alors que Tchaïkovski compose ses Six Mélodies op. 73 d’après le même auteur, montre d’ailleurs la proximité spirituelle des deux compositeurs. La plupart des mélodies sont plus exigeantes quant à la qualité du texte qu’elles empruntent, et si le gai Aprel se contente d’un obscur auteur français (que l’éditeur Muzgiz traduira en russe lors de la publication de 1947), la mélancolie brûlante de Ne poj, krasavica, pri mne se nourrit du grand Pouchkine, tandis que le chant d’amour V molčan’ji nochi tajnoj ou les Vesennije vodv si aimées des interprètes se tournent vers des auteurs romantiques reconnus, tels Fet ou Tiouttchev. Angèle Leroy 9 Edvard Grieg Våren Le Printemps Enno ein Gong fekk eg Vetren å sjå For Våren at røma; Heggen med Tre som der Blomar var på Eg atter såg bløma. Enno ein Gong fekk eg Isen at sjå Frå Landet at fljota, Snoen at bråna og Fossen i Å At fyssa og brjota. Graset det grøne eg enno ein Gong Fekk skoda med Blomar; Enno eg høyrde at Vårfuglen song Mot Sol og mot Sumar. Eingong eg sjølv i den vårlege Eim, Som mettar mit Auga, Eingong eg der vil meg finna ein Heim Og symjande lauga. Alt det som Våren imøte meg bar Og Bloman eg plukkad, Federnes Ånder eg trudde det var, Som dansad og sukkad. Derfor eg fann millom Bjørkar og Bar I Våren ei Gåta; Derfor det Ljod i den fløyta eg skar, Meg tyktes at gråta. Oui une fois encore je revois le printemps Et l’hiver décliner sous son éclat lentement, Et l’aubépine alors déploie ses lourdes grappes Dont l’infinie beauté ne cesse de nous charmer. Oui cette fois encore, je vois au jour le jour la terre Qui émerge de la glace à son tour, Et la neige prompte à fondre agite la rivière Qui jaillit furieuse et se change en torrent. Oui cette fois encore, j’ai vu dans les prés verts Apparaître une à une les fleurs printanières. Et toujours l’alouette, par son gai gazouillis, La venue très prochaine de l’été nous prédit. Oui une fois encore ce vallon m’a appelé Qu’illumine le printemps et qui m’a apaisé, le soleil, La quiétude, le refuge rêvé, Et ce ravissement certes m’a submergé. Ce que le doux printemps fait renaître à la vie, Chaque fleur cueillie sur cette terre tiédie, À l’heure où j’entrevois mon très proche départ Me semblent être des cieux une très infime part. J’entends de par la terre Des chants mystérieux, Et les notes cristallines de ma flûte autrefois Comme des soupirs s’épanchent et suscitent l’émoi. Aasmund Olavsson Vinje 10 mardi 17 février Fra Monte Pincio Du mont Pincio Aftenen kommer, Solen står rød, Farvende Stråler i Rummet henskylle Lyslængslens Glands i uendelig Fylde, Fjeldet forklares som Åsyn i Død. Kuplerne gløde, men længere borte Tågen langs Markernes blålige Sorte Vugger opover som Glæmselen før, Over hin Dal dækker tusind Års Slør. Aften, hvor rød og varm, Blusser af Folkelarm, Glødende Hornmusik, Blomster og brune Blik. Tankerne stræber i Farver og Toner Trofast mot det, som forsoner. Aften, hvor rød og varm, Blusser af Folkelarm, Glødende Hornmusik, Blomster og brune Blik. Oh tendre soirée ! Oh flamboyant coucher ! Tout d’une lueur rose est illuminé. Se dorant au soleil s’éclaire la colline, extasiée et sereine Comme la mort s’exprime. Au loin brillent les dômes Dans l’air aux doux arômes, Une brume bleue et grise comme l’oubli se répand, Déroulant sur les prés son habit de mille ans. Le soir tombe, la foule s’agite, Les fleurs embaument, l’amour palpite ; Tout luit, rougeoie, baigne dans la chaleur, Le cor résonne dans les hauteurs. Ce que souhaite le cœur tressaille à nos côtés, Brûlant de nous offrir une infinie beauté. Le soir tombe, la foule s’agite, Les fleurs embaument, l’amour palpite ; Tout luit, rougeoie, baigne dans la chaleur, Le cor résonne dans les hauteurs. Stille det bliver, end dunklere Blå, Himmelen våger og venter opunder Fortid som blunder og Fremtid som stunder, Usikre Blus i det rugende Grå. Men det vil samle sig; Roma fremstige Lystændt en Nat for Italiens Rige, Klokkerne kime, Kanonerne slå, Minderne flamme på Fremtidens Blå. Yndig om Håb og Tro, op mod Nygifte To Jubler en Sanger til Cither og Fløjtespil. Stærkere længsler få barnesød Hvile, Mindre tør vågne og smile. Yndig om Håb og Tro, op mod Nygifte To Jubler en Sanger til Cither og Fløjtespil. La quiétude s’installe, l’ombre se répand, Et voyant se dresser les fantômes d’antan Le ciel certes d’un geste déploie tout l’avenir, Dans la nuit qui s’accroche, vacillant, tâtonnant. Mais Rome tel un flambeau un jour s’éveillera Et éclairera l’Italie, à l’ombre, à l’abandon. Que sonne le tocsin, que gronde le canon ! Et l’esprit d’autrefois avec force soufflera. Chantez donc nos amours ! Jouez flûtes, cithares ! Puisse l’espoir enfoui dans le livre du temps À jamais se répandre en nos cœurs si confiants ! Oh ma belle Italie, ne te trouble donc pas, Un sentiment plus tendre en nous s’éveillera. Chantez donc nos amours ! Jouez flûtes, cithares ! Puisse l’espoir enfoui dans le livre du temps À jamais se répandre en nos cœurs si confiants ! Bjørnstjerne Bjørnson Pour le confort des artistes et du public, merci de manipuler ce document 11 avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page. En svane Un cygne Min hvide svane Du stumme, du stille, Hverken slag eller trille Lod sangrøst ane. Oh mon cygne, pâle ami, Si discret, si tranquille, Tu ne bruis ni ne tressailles Et point ne nous assailles. Angst beskyttende Alfen, som sover, Altid lyttende Gled du henover. Te cachant, apeuré, Des elfes redoutés, Aux aguets, tu glissais Et doucement fuyais. Men sidste mødet, Da eder og øjne Var lønlige løgne, Ja da, da lød det! Dans les airs, tu t’éloignes Comme la mort te gagne Et rompant le silence, Enfin ton chant s’élance ! I toners føden Du slutted din bane. Du sang i døden; Du var dog en svane! Mais ce chant tant aimé, S’est-il donc envolé ? Le chantre a péri, N’es-tu qu’un cygne, ami ? Henrik Ibsen Hører jeg sangen klinge Quand j’entends cet air Hører jeg sangen klinge, Der engang klang så varm, Det er, som vilde den springe, Min vilde stormende barm. Quand j’entends cet air qu’autrefois Chantait sa bouche purpurine, Je tremble, et mon cœur aux abois S’agite à briser ma poitrine. Den hvælvede skov jeg kårer, Så dunkel og så sval; Der løser sig i tårer, Min grændseløse kval. Vers l’âpre cime des forêts Je cours, poussé par ma détresse ; Là, j’exhale en des pleurs secrets L’immense chagrin qui m’oppresse. Heinrich Heine, traduit par Nordahl Rolfsen 12 mardi 17 février Solveigs vuggesang Berceuse de Solveig Sov, du dyrests Gutten min! Jeg skal vugge dig, jeg skal våge. Gutten har siddet på sin Moders Fang, De to har leget hele Livsdagen lang. Gutten har hvilet ved sin Moders Bryst Hele Livsdagen lang. Grud signe dig, min Lyst! Gutten har ligget til mit Hjerte tæt Hele Livsdagen lang. Nu er han så træt. Sov, du dyreste Gutten min! Jeg skal vugge dig, jeg skal våge. Dors mon trésor, mon petit garçon, Je te bercerai et te veillerai, Fredonnant des berceuses de tant de tendresse emplies Dont tu puisses te souvenir tout au long de ta vie. Que mon cœur de mère te garde des ennuis, Tout au long de ta vie. Ô ciel, que règne la joie ! Sache que dans la détresse, mon cœur t’accueillera, Tout au long de ta vie. Dors mon trésor, mon petit garçon, Je te bercerai et te veillerai, Je te bercerai et te veillerai. Dors mon trésor, mon petit garçon. Henrik Ibsen Med en vandlilje Avec un nénuphar Se, Marie, hvad jeg bringer; Blomsten med de hvide vinger. På de stille strømme båren, Svam den drømme-tung i våren. Regarde, Marie, ce que je t’apporte : La fleur aux ailes blanches. Sur les eaux calmes posée, Elle flottait, lourde de rêves, au printemps. Vil du den til hjemmet vie, Faest den på ditt bryst, Marie; Bag dens blade da sig dølge Vil en dyb og stille bølge. Si tu veux la consacrer à ta demeure, Fixe-la sur ton cœur, Marie ; Sous ses feuilles alors se cacheront Des eaux profondes et calmes. Vogt dig, barn, for tjernets strømme, Farligt, farligt der at drømme! Nøkken lader som han sover, Liljer leger ovenover. Prends garde, enfant, aux eaux de l’étang. Il est dangereux, dangereux, d’y rêver ! Le neck feint de dormir ; Les nénuphars jouent à la surface. Barn, din barm er tjernets strømme. Farligt, farligt der at drømme! Liljer leger ovenover, Nøkken lader som han sover. Enfant, ton cœur est l’eau de l’étang. Il est dangereux, dangereux, d’y rêver ; Les nénuphars jouent à la surface. Le neck feint de dormir. Se, Marie, hvad jeg bringer; Blomsten med de hvide vinger. På de stille strømme båren, Svam den drømme-tung i våren. Regarde, Marie, ce que je t’apporte : La fleur aux ailes blanches. Sur les eaux calmes posée, Elle flottait, lourde de rêves, au printemps. Henrik Ibsen Richard Wagner Wesendonck-Lieder Der Engel L’Ange In der Kindheit frühen Tagen Hört’ich oft von Engeln sagen, Die des Himmels hehre Wonne Tauschen mit der Erdensonne, Daß, wo bang ein Herz in Sorgen Schmachtet vor der Welt verborgen, Daß, wo still es will verbluten, Und vergehn in Tränenfluten, Daß, wo brünstig sein Gebet Einzig um Erlösung fleht, Da der Engel niederschwebt Und es sanft gen Himmel hebt. Ja, es stieg auch mir ein Engel nieder, Und auf leuchtendem Gefieder Führt er, ferne jedem Schmerz, Meinen Geist nun himmel Aux premiers jours de l’enfance, J’ai souvent entendu dire des anges Qu’ils échangeaient les sublimes félicités célestes Contre la lumière du soleil terrestre. Ainsi, quand un cœur en peine Cache son chagrin au monde, Quand il saigne en silence Et se consume en larmes, Quand il prie avec ferveur, Ne demandant que sa délivrance, L’ange descend vers lui Et le porte doucement au Ciel. Oui, un ange est aussi descendu vers moi, Et sur ses ailes étincelantes Emporte, loin de toute douleur, Mon esprit vers le Ciel ! Stehe still! Ne bouge pas ! Sausendes, brausendes Rad der Zeit, Messer du der Ewigkeit; Leuchtende Sphären im weiten All, Die ihr umringt den Weltenball; Urewige Schöpfung, halte doch ein, Genug des Werdens, laß mich sein! Halte an dich, zeugende Kraft, Urgedanke, der ewig schafft! Hemmet den Atem, stillet den Drang, Schweiget nur eine Sekunde lang! Schwellende Pulse, fesselt den Schlag; Ende, des Wollens ew’ger Tag! Daß in selig süßem Vergessen Ich mög’ alle Wonnen ermessen! Wenn Aug’in Auge wonnig trinken, Seele ganz in Seele versinken; Wesen in Wesen sich wiederfindet, Und alles Hoffens Ende sich kündet; Die Lippe verstummt in staunendem Schweigen, Bourdonnant, bruissant rouet du temps, Arpenteur de l’éternité, Sphères étincelantes du vaste univers Qui encerclez notre globe, Création originelle, halte ! Cessez votre perpétuel devenir, laissez-moi être ! Halte, force créatrice, Pensée première qui toujours crée ! Arrêtez, souffles ! Taisez-vous, désirs ! Donnez-moi une seule seconde de silence ! Pouls affolé, calme tes battements ! Cesse, jour éternel de la volonté ! Afin que, dans un heureux et doux oubli, Je puisse prendre la mesure de ma joie ! Quand les yeux boivent la joie dans d’autres yeux, Que l’âme entière se noie dans une autre âme, Que l’être se retrouve dans un autre être, Et que le but de tous les espoirs est proche, Les lèvres sont muettes, silencieuses dans leur étonnement, 14 mardi 17 février Keinen Wunsch mehr will das Inn’re zeugen: Erkennt der Mensch des Ew’gen Spur, Und löst dein Rätsel, heil’ge Natur! Et notre cœur secret n’a plus aucun désir. L’homme reconnaît le sceau de l’éternité Et résout son énigme, sainte Nature ! Im Treibhaus Dans la serre Hochgewölbte Blätterkronen, Baldachine von Smaragd, Kinder ihr aus fernen Zonen, Saget mir, warum ihr klagt? Schweigend neiget ihr die Zweige, Malet Zeichen in die Luft, Und der Leiden stummer Zeuge, Steiget aufwärts süßer Duft. Weit in sehnendem Verlangen Breitet ihr die Arme aus, Und umschlinget wahnbefangen Öde Leere nicht’gen Graus. Wohl, ich weiß es, arme Pflanze: Ein Geschicke teilen wir, Ob umstrahlt von Licht und Glanze, Unsre Heimat ist nicht hier! Und wie froh die Sonne scheidet Von des Tages leerem Schein, Hüllet der, der wahrhaft leidet, Sich in Schweigens Dunkel ein. Stille wird’s, ein säuselnd Weben Füllet bang den dunken Raum: Schwere Tropfen seh’ich schweben An der Blätter grünem Saum. Couronnes de feuillage, en hautes arches, Baldaquins d’émeraude, Vous, enfants des régions lointaines, Dites-moi pourquoi vous vous lamentez. En silence, vous inclinez vos branches, Tracez des signes dans l’air, Et, témoin muet de vos peines, S’exhale un doux parfum. Tout grand, dans votre désir ardent, Vous ouvrez vos bras, Et étreignez vainement L’horreur du vide affreux. Je sais bien, pauvres plantes, Que nous partageons le même destin. Même si nous vivons dans une lumière éclatante, Notre foyer n’est pas ici ! Comme le soleil quitte heureux L’éclat vide du jour, Celui qui souffre vraiment Se drape dans l’obscur manteau du silence. Tout devient calme. Un bruissement Remplit d’effroi l’obscurité : Je vois de lourdes gouttes suspendues À la lisière verte des feuilles. Pour le confort des artistes et du public, merci de manipuler ce document 15 avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page. Schmerzen Douleurs Sonne, weinest jeden Abend Dir die schönen Augen rot, Wenn im Meeresspiegel badend Dich erreicht der frühe Tod; Doch erstehst in alter Pracht, Glorie der düstern Welt, Du am Morgen neu erwacht, Wie ein stolzer Siegesheld! Ach, wie sollte ich da klagen, Wie, mein Herz, so schwer dich sehn, Muß die Sonne selbst verzagen, Muß die Sonne untergehn? Und gebieret Tod nur Leben, Geben Schmerzen Wonnen nur: O wie dank’ ich, daß gegeben Solche Schmerzen mir Natur. Soleil, tu pleures tous les soirs De tes beaux yeux rougissants, En te baignant dans le miroir de la mer, Terrassé par une mort prématurée. Mais tu reviens dans ton ancienne splendeur, Gloire du monde obscur, Réveillé au petit matin, Comme un fier héros vainqueur ! Pourquoi devrais-je donc me lamenter, Pourquoi mon cœur devrait-il être si lourd, Puisque le soleil lui-même doit désespérer, Puisque le soleil doit disparaître ? Et si la mort donne naissance à la vie, Si les douleurs apportent la joie, Oh, comme je te remercie Des douleurs que tu m’as données, Nature ! Träume Rêves Sag, welch’ wunderbare Träume Halten meinen Sinn umfangen, Daß sie nicht wie leere Schäume Sind in ödes Nichts vergangen? Traüme, die in jeder Stunde, Jedem Tage schöner blühn, Und mit ihrer Himmelskunde Selig durchs Gemüte ziehn? Traüme, die wie hehre Strahlen In die Seele sich versenken, Dort ein ewig Bild zu malen: Allvergessen, Eingedenken! Traüme, wie wenn Frühlingssonne Aus dem Schnee die Blüten küßt, Daß zu nie geahnter Wonne Sie der neue Tag begrüßt, Daß sie wachsen, daß sie blühen, Traümend spenden ihren Duft, Sanft an deiner Brust verglühen, Und dann sinken in die Gruft. Dis, quels rêves merveilleux Gardent mon âme prisonnière Et ne sont pas, comme bulles de savon, Évanouis dans un néant désolé ? Rêves qui, à chaque heure De chaque jour, fleurissent, plus beaux, Et qui, préfigurant le ciel, Traversent bienfaisants mon esprit. Rêves qui, comme des rayons de gloire, S’enfoncent dans l’âme Pour y peindre une éternelle image : Oubli de tout, souvenir unique ! Rêves semblables au soleil de printemps, Dont les baisers font sortir des fleurs de la neige, Qui, avec une félicité inimaginable, Accueillent le jour nouveau. Et croissent, et fleurissent, Et, rêvant, exhalent leur parfum, Et se fanent, doucement, sur ta poitrine, Puis descendent au tombeau. Mathilde Wesendonck 16 mardi 17 février Jean Sibelius Cinq Mélodies op. 37 Den första kyssen Le Premier Baiser På silvermolnets kant satt aftonstjärnan, från lundens skymning frågte henne tärnan: Säg, aftonstjärna, vad i himlen tänkes, när första kyssen åt en älskling skänkes? Och himlens blyga dotter hördes svara: På jorden blickar ljusets änglaskara, och ser sin egen sällhet speglad åter; blott döden vänder ögat bort och gråter. À l’astre d’or qui verse sa lumière, La jeune fille adresse sa prière : « Dis, belle étoile, ce qu’on pense au ciel, Quand le premier baiser déclôt nos lèvres ? » Et l’astre scintillant répond dans l’ombre : « Les anges purs se penchent vers la terre, Et croient y voir fleurir la joie céleste ; La Mort détourne alors les yeux et pleure ! » Johan Ludvig Runeberg Lasse liten Petit Lasse Världen är så stor, så stor, Lasse, Lasse liten! Större än du nånsin tror, Lasse, Lasse liten! Le monde est si vaste, si vaste, Lasse, petit Lasse ! Plus grand que tu ne pourrais jamais le croire, Lasse, petit Lasse ! Det är hett och det är kallt, Lasse, Lasse liten! Men Gud råder överallt, Lasse, Lasse liten! Il est brûlant et il est froid, Lasse, petit Lasse ! Mais Dieu nous guide partout, Lasse, petit Lasse ! Många mänskor leva där, Lasse, Lasse liten! Lycklig den som Gud harkär, Lasse, Lasse liten! Mais beaucoup d’hommes vivent là, Lasse, petit Lasse ! Heureux celui que Dieu chérit, Lasse, petit Lasse ! När Guds angel med dig går, Lasse, Lasse liten! Ingen orm dig bita få, Lasse, Lasse liten! Quand l’ange de Dieu t’accompagne, Lasse, petit Lasse ! Aucun serpent ne peut te mordre, Lasse, petit Lasse ! Säg, var trives du nu mest, Lasse, Lasse liten! Borta bra men hemma bäst, Lasse, Lasse liten! Où te plais-tu le mieux, Lasse, petit Lasse ! En voyage c’est bien, chez soi c’est mieux, Lasse, petit Lasse ! Zacharias Topelius Pour le confort des artistes et du public, merci de manipuler ce document 17 avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page. Soluppgång L’Aube Under himlens purpurbrand Ligga tysta sjö och land, Det är gryningsstunden. Snöig gren och frostvit kvit Tecka dig så segervist Mot den röda grunden. Sous le feu pourpre du ciel S’étendent silencieux lacs et terres ; C’est l’aurore qui vient. Les branches enneigées Se détachent Du fond incarnat Riddarn står vid fönsterkärm, Lyssnar efter stridens larm, Trampar golvets trilja. Men en smal och snövit hand Kyler milt hans pannas brand, Böjer mjukt hans vilja. Le chevalier regarde par la fenêtre. Il écoute le bruit de la bataille Et arpente la demeure. Mais une main blanche comme la neige Tiédit son front brûlant Et fléchit sa volonté. Riddarn sätter horn till mun, Bläser vilt I gryningsstund, Over nejd som tiger. Tonen klingar, klar och spröd, Branden slockner, gyllenröd, Solen sakta stiger. Le chevalier porte la trompe à sa bouche, Et couvre d’un vibrant appel La terre et le ciel alentour. La note sonne claire et distincte, Le foyer rougeoyant s’éteint, Tandis que le soleil se lève lentement. Tor Hedberg 18 mardi 17 février Var det en dröm Ai-je rêvé Var det en dröm att ljuvt engång Jag var ditt hjärtas vän? Jag minns det som en tystnad sång, Då strängen darrar än. Ai-je rêvé qu’en un temps merveilleux J’étais l’ami de ton cœur ? Je m’en souviens comme d’un chant lointain Dont les sons vibrent encore. Jag minns en törnros av dig skänkt, En blick så blyg och öm; Jag minns en avskedstår, som blänkt, Var allt, var allt en dröm? Je me souviens de la rose que tu m’as lancée, De ton regard limpide et tendre, D’une larme lorsque je suis parti, Cela n’est-il qu’un rêve ? En dröm lik sippans liv så kort Uti en vårgrön ängd, Vars fägring hastigt vissnar bort För nya blommors mängd. Un rêve aussi fugitif qu’une primevère Dans un pré vert de printemps, Dont la beauté s’affadit bientôt Devant les fleurs nouvelles. Men mången natt jag hör en röst Vid bittra tårars ström: Göm djupt dess minne i ditt bröst, Det var din bästa dröm! Mais souvent à la nuit, j’entends Parmi mes larmes, une voix qui me dit : Enfouis ce souvenir dans ton cœur Car c’est ton rêve le plus cher ! Johan Julius Wecksell Pour le confort des artistes et du public, merci de manipuler ce document 19 avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page. Flickan kom ifrån sin älsklings möte La fille revient des bras de son amant Flickan kom ifrån sin älsklings möte, Un jour encore, la fille revient des bras de son amant, Kom med röda händer. Modern sade : Varav rodna dina händer, flicka ? Flickan sade: jag har plockat rosor, Och på törnen stungit mina händer. Les mains toutes rougies. Sa mère lui demande : Pourquoi tes mains sont-elles rouges, ma fille ? La fille lui répond : J’ai cueilli des roses Et leurs épines m’ont piquée. Åter kom hon från sin älsklings möte, Un autre jour, la fille revient des bras de son amant, Kom med röda läppar. Modern sade : Varav rodna dina läppar, flicka ? Flickan sade: jag har ätit hallon, Och med saften målat mina läppar. Les lèvres toutes rougies. Sa mère lui demande : Pourquoi tes lèvres sont-elles rouges, ma fille ? La fille lui répond : J’ai mangé des framboises Et leur jus m’a tachée. Åter kom hon från sin älsklings möte, Un jour encore, la fille revient des bras de son amant, Kom med bleka kinder. Modern sade : Varav blekna dina kinder, flicka ? Flickan sade: red en grav, o Moder ! Göm mig där, och ställ et kors däröver, Och på korset rista, som jag säger : En gång kom hon hem med röda händer ; Ty de rodnat mellan älskarns händer. Les joues toutes pâlies. Sa mère lui demande : Pourquoi tes joues sont-elles pâles, ma fille ? La fille lui répond : Prépare une tombe, ma mère, Jettes-y-moi, plante une croix Et sur cette croix écris ces mots : Un jour elle revint les mains rougies, Rougies d’avoir enlacé les mains de son amant. En gång kom hon hem med röda läppar ; Ty de rodnat under älskarns läppar. Un autre jour elle revint les lèvres rougies, Rougies d’avoir serré les lèvres de son amant. Senast kom hon hem med bleka kinder ; Ty de bleknat genom älskarns otro. Le dernier jour elle revint les joues pâlies, Pâlies de l’infidélité de son amant. Johan Ludvig Runeberg Traduction : Michel Pruvot 20 mardi 17 février Sergueï Rachmaninov Ne poj, krasavica, pri mne Ne chante pas en ma présence Ne poj, krasavica, pri mne Ty pesen Gruziji pechal’noj; Napominajut mne oni Druguju zhizn’ i bereg dal’nij. Ne chante pas en ma présence, ô charmante femme, Tes mélodies venues de la douloureuse Géorgie. Elles me rappellent Une autre existence et une rive lointaine. Uvy, napominajut mne Tvoji zhestokije napevy I step’, i noch’, i pri lune Cherty dalekoj, bednoj devy! Hélas, ton chant cruel Me rappelle La steppe, la nuit et, au clair de lune, Les traits d’une jeune fille, triste et lointaine ! Ja prizrak milyj, rokovoj, Tebja uvidev, zabyvaju; No ty pojosh’, i predo mnoj Jego ja vnov’ voobrazhaju. Je te vois et j’oublie Cette vision chère et fatale Mais tu chantes Et elle me revient en mémoire. Ne poj, krasavica, pri mne Ty pesen Gruziji pechal’noj; Napominajut mne oni Druguju zhizn’ i bereg dal’nij. Ne chante pas en ma présence, ô charmante femme, Tes mélodies venues de la douloureuse Géorgie. Elles me rappellent Une autre existence et une rive lointaine. Alexandre Pouchkine V molčan’ji nochi tajnoj Dans le silence de la nuit secrète O, dolgo budu ja, v molchan’ji nochi tajnoj, Kovarnyj lepet tvoj, ulybku, vzor, vzor sluchajnyj, Perstam poslushnuju [volos]1 gustuju prjad’, Iz myslej izgonjat’, i snova prizyvat’; Oh, longtemps encore, dans le silence de la nuit secrète, J’effacerai de mon esprit et je me remémorerai Ton sourire, tes paroles charmantes et ton regard, Ton regard désinvolte, tes tresses, si douces sous la main… Sheptat’ i popravljat’ bylyje vyrazhen’ja Rechej mojikh s toboj, ispolnennykh smushchen’ja, I v op’janenii, naperekor umu, Zavetnym imenem budit’ nochnuju t’mu. Par des chuchotements j’améliorerai les pensées Dont nous avons parlé, pensées timides, Puis avec ravissement, contre toute raison, Avec ton nom bien-aimé j’éveillerai les ténèbres de la nuit. O, dolgo budu ja, v molchan’ji nochi tajnoj, Zavetnym imenem budit’ nochnuju t’mu. Oh, longtemps encore, dans le silence de la nuit secrète, Je réveillerai avec ton nom bien-aimé, les ténèbres de la nuit. Afanassi Fet Pour le confort des artistes et du public, merci de manipuler ce document 21 avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page. Zdes’ khorosho C’est beau ici Zdes’ khorosho… Vzgljani, vdali Ognjom gorit reka; Cvetnym kovrom luga legli, Belejut oblaka. Zdes’ net ljudej… Zdes’ tishina… Zdes’ tol’ko Bog da ja. Cvety, da staraja sosna, Da ty, mechta moja! C’est beau ici ! Vois donc au loin Le fleuve qu’illumine le couchant, Les tapis de fleurs dans les prés, Et la fuite des nuages blancs. Nous sommes seuls, C’est le silence… Dieu seul est là ! Et puis ces fleurs, ce vieux sapin – Et toi, mon rêve ! Glarifa Galina Aprel’! Vešnyi prazdničnyi den’ Avril ! Jour de fête printanier Aprel’! Vešnyi prazdničnyi den’ Da, vešnyi den’! Luga v rose. Ti prishla v belom plat’ye svoyom I dva podsnezhnika v kose. Da, dva tsvetka, dva tsvetka v tyomnoy kose. I bez slov mï selï na mokh, barkhatnïy mokh; v bleske luchey ves’ mir zelznzl, kazhdïy listok vlagoy blestel, v legkoy teni, gde-to u nog zhurchal ruchey. A v kustakh zvenel golosok Ptichki lesnoy. Ruki tvoi v svoikh ya tak berezhno qzhal V to yasnoye utro, vesnoy, Svetloy vesnoy… Pomnish’, pomnish’? Avril ! Jour de fête printanier, Oui, journée printanière !... La rosée sur le pré. Tu es venue, habillée de blanc, Deux perce-neige dans tes nattes. Oui, deux fleurs, deux fleurs dans tes nattes sombres. Nous nous assîmes sans bruit sous la mousse, Une mousse veloutée. Sous le soleil resplendissant, la terre entière était verdoyante, À l’ombre, en contrebas, Un ruisseau murmurait… Le chant d’un oiseau de la forêt Retentit dans les fourrés. Je serrai gentiment tes mains entre les miennes Par cette belle matinée de printemps, De printemps radieux… T’en souviens-tu, t’en souviens-tu ? Édouard Pailleron, traduit par Veronika Tushnova 22 mardi 17 février Uvyal tsvetok La fleur mourut Uvyal tsvetok! Lazurnïm utrim maya nashla groza Slomilsya stebelyok… I, slovno slyozï, lepestki ronyaya, Uvyal tsvetok! Tebya lyubil on s nezmnoyu siloy, Kak tol’ko zhrets lyubit’boginyu mog, No tï vzyata bezzhalostnoy mogiloy… Uvyal! tsvetok! Chuzhoy mechtam, chuzhoy zhelan’yam yasnïm, Tvoy bednïy drug dushoyu iznemog. Vozvrata net k ugasshim dnyam prekrasnïm… Uvyal tsvetok! Uvyal tsvetok! La fleur mourut ! Par un beau matin de mai. Un orage éclata et la tige si fragile se rompit… Les pétales tombèrent comme des larmes Et la fleur mourut ! Tu étais aimée avec une passion inouïe, Comme seul un prêtre pourrait aimer une déesse, Mais tu fus emportée par une tombe impitoyable… La fleur mourut ! Étranger aux rêves, étranger aux désirs bien définis, Ton ami accablé a le cœur brisé. Nul ne retrouve les jours passés, les beaux jours… La fleur mourut ! Daniel Rathaus Vesennije vodv Eaux printanières Jeshchjo v poljakh belejet sneg, A vody uzh vesnoj shumjat, Begut i budjat sonnyj breg, Begut i bleshchut, i glasjat. Oni glasjat vo vse koncy: «Vesna idet, Vesna idet! My molodoj vesny goncy, Ona nas vyslala vperjod. Vesna idet, Vesna idet!» I tikhikh, teplykh majskikh dnej Rumjanyj, svetlyj khorovod Tolpitsja veselo za nej. Les champs sont encore Blancs de neige, Mais déjà les eaux font entendre Les bruits du printemps. Elles courent le long de la rive ensoleillée ; Elles courent, brillent, miroitent, Étincellent çà et là. Le printemps approche, le printemps approche. « Nous sommes les messagères du jeune printemps ! Il nous a envoyées le devancer ! » Le printemps approche. À sa suite se presse joyeusement Le cortège lumineux et rose Des chaudes journées paisibles de mai. Fiodor Tiouttchev Pour le confort des artistes et du public, merci de manipuler ce document 23 avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page. Nina Stemme La soprano suédoise Nina Stemme est régulièrement sollicitée par les plus grands opéras au monde. Après avoir fait ses débuts en Italie avec le rôle de Cherubino, elle a été à l’affiche de l’Opéra de Stockholm, de la Staatsoper de Vienne, de la Semperoper de Dresde, de l’Opéra de Genève, de l’Opéra de Zurich, du Teatro San Carlo de Naples, du Liceu de Barcelone, du Metropolitan Opera de New York, de l’Opéra de San Francisco et des festivals de Bayreuth, de Salzbourg, de Savonlinna, de Glyndebourne et de Bregenz. Elle a été applaudie dans les rôles de Rosalinde (La Chauve-Souris), Mimi (La Bohème), Cio-Cio-San (Madame Butterfly), Tosca (Tosca), Manon Lescaut (Manon Lescaut), Tatiana (Eugène Onéguine), Katerina (La Passion grecque), Sœur Angelica (Triptyque de Puccini), Eurydice (Orphée et Eurydice), Katerina Lvovna Ismailova (Lady Macbeth de Mtsensk), la Comtesse Almaviva (Les Noces de Figaro), Marguerite (Faust), Agathe (Der Freischütz), Marie (Wozzeck), Nyssia (Le Roi Candaule), Jenufa (Jenufa), la Maréchale (Le Chevalier à la rose), Eva (Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg), Elisabeth (Tannhäuser), Elsa (Lohengrin), Senta (Le Vaisseau fantôme), Sieglinde (La Walkyrie), Amelia (Un bal masqué) et Aïda (Aïda). Elle a par ailleurs fait des débuts remarqués dans le rôle d’Isolde à Glyndebourne (la représentation est à présent disponible en DVD) avant de le reprendre au Festival de Bayreuth et sur le fameux enregistrement de Tristan et Isolde avec Plácido Domingo (EMI), incarné Sieglinde dans une nouvelle production de la Tétralogie à la Staatsoper de Vienne et fait ses débuts dans les rôles d’Arabella (Arabella) à Göteborg et d’Ariane (Ariane à Naxos) à l’Opéra de Genève. Nina Stemme est aujourd’hui sous contrat d’exclusivité avec EMI Classics. Sa discographie comprend Tristan et Isolde (EMI), La Passion grecque (Koch Schwann), Le Roi Candaule (Andante), Le Vaisseau fantôme en version anglaise (Chandos), les dernières scènes de Salomé, Capriccio et les Quatre Derniers Lieder de Strauss (EMI), un album de lieder et de mélodies (Nina Stemme singt Lieder), un volume de la série In Flanders’ Fields (Phaedra) ainsi que plusieurs DVD (Le Chevalier à la rose, Aïda, Jenufa, Tristan et Isolde). Ses engagements récents ou à venir permettent de l’entendre dans Tristan und Isolde à la Bayerische Staatsoper de Munich, au Grand Opéra de Houston et au Royal Opera House Covent Garden de Londres, dans le rôle-titre de Salomé au Liceu de Barcelone et au Teatro Real de Madrid, et dans ceux d’Ariane (Ariane à Naxos) au Metropolitan Opera de New York et de Brünnhilde (L’Anneau du Nibelung à San Francisco, La Walkyrie et Siegfried à La Scala de Milan, Le Crépuscule des dieux à Athènes), dans Le Vaisseau fantôme et Rusalka à la Bayerische Staatsoper de Munich, Tannhäuser à l’Opéra de Paris, Fidelio à Covent Garden et en version de concert avec Claudio Abbado au Festival de Lucerne, et Un bal masqué à l’Opéra Royal de Stockholm. Elle donne également des récitals à Strasbourg, Paris, Milan et Rome, ainsi que des concerts à Stockholm, Copenhague, Madrid, Hambourg, Ferrara, Lucerne et Carlstad. Nina Stemme, qui a été nommée Chanteuse de la Cour Royale Suédoise en 2006, est membre de l’Académie 24 Royale de Musique Suédoise. En juin 2008, le roi de Suède lui a remis la médaille « Litteris et Artibus ». Bénédicte Haid Née à Paris, Bénédicte Haid fait ses études au Conservatoire de Paris (CNSMDP), où elle remporte ses prix de piano et de musique de chambre, avant d’obtenir son diplôme de soliste à l’Université du Mozarteum de Salzbourg. Depuis 1979, elle vit en Suède, où elle donne de nombreux concerts dont une grande partie sont enregistrés et diffusés en direct à la radio suédoise. Récitals de lieder, récitals en solo et musique de chambre font également partie de ses activités. Son enregistrement des œuvres de la compositrice polonaise Gracyna Bacewicz (1909-1969) a été très bien accueilli par les critiques scandinaves et européens. Elle se produit en duo avec des chanteuses célèbres comme Katarina Karnéus et Nina Stemme. Bénédicte Haid a joué, entre autres, dans la série « Philharmonischer Salon » dans le cadre de la Fondation Berliner Philharmoniker, à l’Opéra des Margraves à Bayreuth, aux opéras de Stockholm, Zurich et Helsinki, au Wigmore Hall et au Queen Elisabeth Center à Londres, au château Mirabell à Salzbourg… Bénédicte Haid est présidente de l’Association Christina-Nilsson en Suède. Salle Pleyel Président : Laurent Bayle Notes de programme Éditeur : Hugues de Saint Simon Rédacteur en chef : Pascal Huynh Rédactrice : Gaëlle Plasseraud Maquettiste : Ariane Fermont Stagiaires : Marie Laviéville, Romain Pangaud Salle Pleyel | Prochains concerts DU mercredi 18 février aU mardi 3 mars 2009 Gustav Mahler Symphonie n° 9 VENDREDI 27 FÉVRIER, 20H L’art de la voix Michel Legrand back in Paris : le cinéma MARDI 5 MAI, 20H Avec la participation de l’Orchestre National d’ïle-de-France Rolando Villazón Orchestre de Paris Christoph Eschenbach, direction SAMEDI 28 FÉVRIER, 20H Gabrieli Consort & Players Paul McCreesh, direction Rolando Villazón, ténor VENDREDI 20 FÉVRIER, 20H Michel Legrand back in Paris : le grand jazz Arnold Schönberg La Nuit transfigurée Concerto pour piano Variations pour orchestre Avec la participation du Michel Legrand Orchestra Céleste Productions - Les Grandes Voix. LUNDI 2 MARS, 20H mercredi 13 MAI, 20H Gioachino Rossini Ouverture de L’Échelle de soie Felix Mendelssohn Symphonie n° 4 « Italienne » Dmitri Chostakovitch Symphonie n° 5 Jessye Norman Orchestre Philharmonique de Radio France Pierre Boulez, direction Mitsuko Uchida, piano MARDI 24 FÉVRIER, 20H Maria Bethânia Jayme Alem, alto, violon, direction João Carlos Coutinho, piano, accordéon Rômulo Gomes, contrebasse Carlos Cesar, percussion Reginaldo Vargas, percussion Marcio Mallard, violoncelle MERCREDI 25 FÉVRIER, 20H Georg Friedrich Haendel Airs et extraits d’opéras Jessye Norman, soprano Mark Markham, piano Airs de Michael Rogers, Scott Joplin, Leonard Bernstein, George Gershwin… Orchestra dell’ Accademia Nazionale di Santa Cecilia-Rome Antonio Pappano, direction Coproduction Céleste Productions - Les Grandes Voix, MARDI 3 MARS, 20H MERCREDI 24 JUIN, 20H Anton Dvořák Concerto pour violoncelle Piotr Ilitch Tchaïkovski Manfred-Symphonie Deborah Voigt John Zorn et Tzadik présentent la musique de Serge Gainsbourg Orchestre Symphonique Tchaïkovski de Moscou Avec Sean Lennon, Elysian Fields, Marc Ribot Vladimir Fedosseyev, direction et Ceramic dogs/Esther Balint, Cyro Baptista Alexandre Kniaziev, violoncelle et Banquet of the Spirits, John Zorn… Production Productions Internationales Albert Sarfati Salle Pleyel. Deutsches Symphonie-Orchester Berlin Ingo Metzmacher, direction Deborah Voigt, soprano Claude Debussy La Mer Richard Wagner Prélude et Mort d’Isolde Gustav Mahler Adagio de la Symphonie n° 10 Richard Strauss Quatre Derniers Lieder Mécène de l’art de la voix Les partenaires média de la Salle Pleyel Imprimeur SIC | Imprimeur FRANCE REPRO | Licences 7503078, 7503079, 7503080 MERCREDI 18 FÉVRIER, 20H JEUDI 19 FÉVRIER, 20H