Nina S temme | Bénédicte Haid | Mardi 17 février

Transcription

Nina S temme | Bénédicte Haid | Mardi 17 février
MARDI 17 FÉVRIER – 20H
Coproduction Céleste Productions – Les Grandes Voix, Salle Pleyel.
Fin du concert vers 21h50.
Nina Stemme | Bénédicte Haid | Mardi 17 février
Nina Stemme, soprano
Bénédicte Haid, piano
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mardi 17 février
Edvard Grieg (1843-1907)
Våren op. 33 n° 2
Fra Monte Pincio op. 39 n° 1
En Svane op. 25 n° 2
Hører jeg sangen klinge op. 39 n° 6
Solveigs vuggesang op. 23 n° 26
Med en vandlilje op. 25 n° 4
Richard Wagner (1813-1883)
Wesendonck-Lieder
Der Engel
Stehe still!
Im Treibhaus
Schmerzen
Träume
entracte
Jean Sibelius (1865-1957)
Cinq Mélodies op. 37
Den första kyssen
Lasse liten
Soluppgång
Var det en dröm
Flickan kom ifrån sin älsklings möte
Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
Ne poj, krasavica, pri mne op. 4 n° 4
V molčan’ji nochi tajnoj op. 4 n° 3
Zdes’ khorosho op. 21 n° 7
Aprel’! Vešnyi prazdničnyi den’
Uvjal tsvetok
Vesennije vodv op. 14 n° 11
3
Edvard Grieg (1843-1907)
Våren [Le Printemps] op. 33 n° 2
Extrait des Tolv Melodier til Digte af Aasmund Olavsson Vinje [Douze Mélodies sur des poèmes de Aasmund Olavsson
Vinje] op. 33.
Composition : 1881.
Fra Monte Pincio [Du mont Pincio] op. 39 n° 1
Extrait des Romanser [Romances] op. 39.
Texte : Bjørnstjerne Bjørnson.
Composition : 1870.
En svane [Un cygne] op. 25 n° 2.
Extrait des Seks Digte af Henrik Ibsen [Six Poèmes de Henrik Ibsen] op. 25.
Composition : 1876.
Hører jeg sangen klinge [Quand j’entends cet air] op. 39 n° 6
Extrait des Romanser [Romances] op. 39.
Texte : Heinrich Heine (« Hör’ ich das Liedchen klingen »), traduit en norvégien par Nordahl Rolfsen.
Composition : 1884.
Solveigs Vuggesang [Berceuse de Solveig]
Extrait de Peer Gynt op. 23.
Texte : Henrik Ibsen.
Composition : 1874.
Med en vandlilje [Avec un nénuphar] op. 25 n° 4
Extrait des Seks Digte af Henrik Ibsen [Six Poèmes de Henrik Ibsen] op. 25.
Composition : 1876.
Durée : environ 22 minutes.
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mardi 17 février
« Je ne pense pas être voué à écrire des mélodies plus que tout autre genre. Pourquoi,
alors, jouent-elles un rôle si important dans ma musique ? Tout simplement parce que
j’ai été, tout comme d’autres mortels, une fois dans ma vie touché par le génie […]. Et cet
éclair de génie, c’était l’amour. J’ai aimé une jeune femme à la voix merveilleuse et au don
d’interprète tout aussi merveilleux. Celle-ci est devenue ma femme et est restée ma
compagne jusqu’à aujourd’hui. Elle a été, il faut l’avouer, la seule véritable interprète de
mes mélodies [… Ces dernières] sont venues à la vie tout naturellement, comme portées
par une nécessité, une sorte de loi naturelle, et elles ont toutes été écrites pour elle. »
Cette profession de foi, exprimée par Grieg dans une lettre à son biographe américain
Henry T. Finck en 1900, donne une idée claire de l’importance du corpus pour chant et
piano (ou orchestre) chez le compositeur, tant en quantité qu’en qualité. C’est aussi par
ce biais que le Norvégien contribue à la construction d’une identité nationale, brimée par
les dominations danoise puis, dans une moindre mesure, suédoise : une histoire troublée
dont témoignent les poèmes mis en musique par Grieg, de langue allemande (d’ailleurs,
le court et violent « Hører jeg sangen klinge », bien qu’en norvégien, est en fait une mise
en musique d’un poème de Heine que Schumann avait aussi utilisé dans sa Dichterliebe
op. 48), danoise puis norvégienne.
À cet égard, deux rencontres jouent un rôle d’importance dans la vie de Grieg : celle
de Bjørnstjerne Bjørnson, l’un des plus grands écrivains norvégiens de l’époque, qu’il met
en musique à de nombreuses reprises (Sigurd Jorsalfar, Landkjenning, mais aussi de
nombreuses mélodies), puis celle d’Ibsen, pour qui il écrira la musique de scène de
Peer Gynt (plus tard remaniée sous forme de suites, mais aussi parue en partie dans
le catalogue des mélodies, comme c’est le cas de l’émouvante Berceuse de Solveig).
Les Six Poèmes de Henrik Ibsen, composés à la même époque, rendent hommage
à la poésie du grand dramaturge avec finesse et sensibilité.
La romance Fra Monte Pincio, sur un texte de Bjørnson, témoigne de l’importance de l’Italie
pour ces hommes du Nord ; c’est d’ailleurs là-bas que Grieg rencontra Ibsen, mais aussi
Liszt, dont la mélodie semble par moments se souvenir : il y a quelque chose de la richesse
du lied Der Lorelei dans ce nocturne exaltant la liberté.
Quant à Våren, l’une des mélodies les plus connues du compositeur, notamment dans
sa version orchestrée (en 1894-1895), elle témoigne du don lyrique de Grieg, avec son
discret accompagnement coloré d’harmonies raffinées qui laisse la première place
à un chant souple, porteur d’une émotion dénuée de toute sentimentalité.
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Richard Wagner (1813-1883)
Wesendonck-Lieder
Der Engel [L’ange]
Stehe still [Ne bouge pas !]
Im Treibhaus [Dans la serre]
Schmerzen [Douleurs]
Träume [Rêves]
Texte : Mathilde Wesendonck.
Composition : 30 novembre 1857-1er mai 1858.
Création : privée, le 30 juillet 1862, dans la villa des Schott à Laubenheim près de Mayence, avec Hans von Bülow
au piano.
Publication : 1862, Schott, sous le titre Fünf Gedichte für eine Frauenstimme mit Pianoforte Begleitung.
Durée : environ 22 minutes.
L’on pourrait se croire au milieu du duo d’amour de Tristan et Isolde : « Quand deux regards
ne font qu’un / Quand deux âmes s’épousent / Quand deux êtres se reconnaissent / Le but
de tout espoir est proche / Étonnées, les lèvres se taisent » ; mais il s’agit du deuxième
morceau des Wesendonck-Lieder, qui en sont les contemporains. Sur les deux œuvres plane
la même figure tutélaire, celle de Mathilde Wesendonck, épouse d’un protecteur de Wagner,
avec laquelle le compositeur noue une idylle passionnée au cours de l’hiver 1857-1858.
Il s’agit d’ailleurs de la seule œuvre de maturité à utiliser un texte qui n’est pas du
compositeur (Wagner compose au fur et à mesure ses lieder sur les poèmes que Mathilde
écrit) – ainsi que d’une des très rares incursions en dehors du monde de l’opéra. L’influence
de Wagner (et, à travers le compositeur, celle de Schopenhauer) se laisse déceler dans
certains des thèmes traités par la jeune femme, tandis que d’autres font appel à des
topoï du romantisme ou de la littérature amoureuse.
La proximité entre le recueil et Tristan et Isolde est musicalement décelable dès
le premier instant dans Im Treibhaus (qui utilise le thème de la solitude de Tristan du début
de l’acte III) et Träume (esquisse de l’hymne à la nuit du deuxième acte, dans le même
la bémol majeur), sous-titrés « Études pour Tristan et Isolde ». Le langage reste cependant
très marqué par les opéras précédents ; certains motifs se trouvent dérivés des pages
déjà composées de la Tétralogie (que Wagner vient de laisser en suspens au milieu de
Siegfried), tandis que la tempête qui ouvre Stehe still se souvient aussi bien de La Walkyrie
que du Vaisseau fantôme.
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mardi 17 février
Jean Sibelius (1865-1957)
Cinq Mélodies op. 37
Den första kyssen [Le Premier Baiser]
Lasse liten [Petit Lasse]
Soluppgång [L’Aube]
Var det en dröm [Ai-je rêvé]
Flickan kom ifrån sin älsklings möte [La fille revient des bras de son amant]
Textes : Johan Ludvig Runeberg (n° 1 et 5), Zacharias Topelius (n° 2), Tor Hedberg (n° 3), Johan Julius Wecksell
(n° 4).
Composition : 1900-1902.
Publication : Breitkopf und Härtel, 1906.
Durée : environ 15 minutes.
La première publication du jeune Sibelius fut une mélodie, Sérénade, d’après Runeberg,
qui joua un rôle absolument central dans le renouveau culturel finlandais, bien qu’il écrivît
en suédois. L’écrivain, qui poursuit dans la voie ouverte par l’épopée Kalevala en 1835,
garda toujours la faveur de Sibelius, comme en témoignent notamment les Sept Mélodies
sur des poèmes de Runeberg op. 13, première œuvre d’envergure du compositeur (1892),
et les Six Mélodies op. 90, qui furent le dernier recueil publié (1917-1918). Il féconde ainsi
les deux mélodies extrêmes de l’Opus 37 : Den första kyssen, adresse de la jeune fille
à l’étoile du soir, qui oscille entre la simplicité de la narration et l’enthousiasme des paroles
des protagonistes, et Flickan kom ifrån sin älsklings möte, ballade tragique qui conte
l’amour trahi.
L’époque de la composition des Cinq Mélodies op. 37 est une époque faste pour le
compositeur, aussi bien d’une manière générale que dans le domaine de la musique
pour voix et piano, puisque le tournant du siècle verra naître pas moins de trois recueils
(Opus 36, 37 et 38 entre 1899 et 1903). Animés du même souffle romantique que les deux
premières symphonies et le Concerto pour violon, qui en sont contemporains, ceux-ci
réunissent la plupart des mélodies les plus connues de Sibelius. Lasse liten, sombre
berceuse qui n’est pas sans points communs avec la navrée Kolybelnaïa op. 79 n° 3
de Chostakovitch, postérieure d’un demi-siècle, et le brumeux Soluppgång précèdent
ainsi un véritable joyau, Var det en dröm, large chant d’amour porté par un flot pianistique
envoûtant.
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Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
Ne poj, krasavica, pri mne [Ne chante pas en ma présence] op. 4 n° 4
V molčan’ji nochi tajnoj [Dans le silence de la nuit secrète] op. 4 n° 3
Extraits des Chest Romansov [Six Romances] op. 4.
Texte : Afanassi Fet pour le n° 3, Alexandre Pouchkine pour le n° 4.
Composition : de 1890 à 1896.
Zdes’ khorosho [C’est beau ici] op. 21 n° 7
Extrait des Dvenadtsat Romansov [Douze Romances] op. 21.
Texte : Glarifa Galina.
Composition : 1902.
Aprel’! Vešnyi prazdničnyi den’ [Avril ! Jour de fête printanier]
Texte : Édouard Pailleron.
Composition : 1891.
Uvyal tsvetok [La fleur mourut]
Texte : Daniel Rathaus.
Composition : 1893.
Vesennije vodv [Eaux printanières] op. 14 n° 11
Extrait des Dvenadtsat Romansov [Douze Romances] op. 14.
Texte : Fiodor Tiouttchev.
Composition : 1896.
Durée : environ 30 minutes.
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mardi 17 février
De Rachmaninov, le grand public s’est contenté bien longtemps de ne retenir que
le pianisme virtuose (représenté par ce fameux Prélude en ut dièse mineur, que
le compositeur, exaspéré, finit par appeler « it », « ça », mais aussi par les concertos pour
piano, et notamment le si populaire « Rach 3 », comme le surnomment les anglo-saxons),
dédaignant sans hésitation aucune des chefs-d’œuvre comme les Variations sur un thème
de Corelli. De même, les mélodies sont inégalement connues, et certains chevaux de
bataille du répertoire, comme la « Chanson géorgienne » (op. 4 n° 4) ou cette Vocalise
de 1912 dont les transcriptions sont légion et que toute bonne compilation se doit de
présenter (pour ne pas dire : de massacrer), ont pu reléguer dans l’oubli d’autres œuvres
tout aussi riches.
Ces quelque quatre-vingts pièces montrent, à l’égal de nombre de pages instrumentales,
la richesse de l’invention mélodique du compositeur nourrissant aussi bien le chant,
qui fait souvent preuve d’un ample lyrisme (contemplatif et ému, le Zdes’ Chorošo,
contemporain du mariage avec Natacha, en est un très bel exemple), que le piano.
L’instrument se voit bien souvent confier une partie développée, tant le compositeur reste
avant tout un pianiste ; si parfois il semble outrepasser son rôle, sa virtuosité, lorsqu’elle
est motivée, est véritablement du plus bel effet : c’est ainsi le cas des bouillonnantes
Eaux printanières, qui chantent avec allégresse le dégel.
Les mélodies fleurissent avec bonheur sous la plume du jeune compositeur (les œuvres
interprétées ce soir furent toutes composées avant les trente ans de Rachmaninov ;
il ne revint d’ailleurs plus au genre après 1916), fortement marqué par l’univers de
Tchaïkovski, dont il interprétait les chants avec sa sœur Elena, musicienne accomplie,
et avec qui il noua par la suite une relation d’amitié – comme en témoigne l’hommage
posthume du Trio élégiaque n° 2. Le choix d’un poème de Daniel Rathaus pour le dépouillé
Uvyal tsvetok, alors que Tchaïkovski compose ses Six Mélodies op. 73 d’après le même
auteur, montre d’ailleurs la proximité spirituelle des deux compositeurs.
La plupart des mélodies sont plus exigeantes quant à la qualité du texte qu’elles
empruntent, et si le gai Aprel se contente d’un obscur auteur français (que l’éditeur
Muzgiz traduira en russe lors de la publication de 1947), la mélancolie brûlante de Ne poj,
krasavica, pri mne se nourrit du grand Pouchkine, tandis que le chant d’amour V molčan’ji
nochi tajnoj ou les Vesennije vodv si aimées des interprètes se tournent vers des auteurs
romantiques reconnus, tels Fet ou Tiouttchev.
Angèle Leroy
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Edvard Grieg
Våren
Le Printemps
Enno ein Gong fekk eg Vetren å sjå
For Våren at røma;
Heggen med Tre som der Blomar var på
Eg atter såg bløma.
Enno ein Gong fekk eg Isen at sjå
Frå Landet at fljota,
Snoen at bråna og Fossen i Å
At fyssa og brjota.
Graset det grøne eg enno ein Gong
Fekk skoda med Blomar;
Enno eg høyrde at Vårfuglen song
Mot Sol og mot Sumar.
Eingong eg sjølv i den vårlege Eim,
Som mettar mit Auga,
Eingong eg der vil meg finna ein Heim
Og symjande lauga.
Alt det som Våren imøte meg bar
Og Bloman eg plukkad,
Federnes Ånder eg trudde det var,
Som dansad og sukkad.
Derfor eg fann millom Bjørkar og Bar
I Våren ei Gåta;
Derfor det Ljod i den fløyta eg skar,
Meg tyktes at gråta.
Oui une fois encore je revois le printemps
Et l’hiver décliner sous son éclat lentement,
Et l’aubépine alors déploie ses lourdes grappes
Dont l’infinie beauté ne cesse de nous charmer.
Oui cette fois encore, je vois au jour le jour la terre
Qui émerge de la glace à son tour,
Et la neige prompte à fondre agite la rivière
Qui jaillit furieuse et se change en torrent.
Oui cette fois encore, j’ai vu dans les prés verts
Apparaître une à une les fleurs printanières.
Et toujours l’alouette, par son gai gazouillis,
La venue très prochaine de l’été nous prédit.
Oui une fois encore ce vallon m’a appelé
Qu’illumine le printemps et qui m’a apaisé, le soleil,
La quiétude, le refuge rêvé,
Et ce ravissement certes m’a submergé.
Ce que le doux printemps fait renaître à la vie,
Chaque fleur cueillie sur cette terre tiédie,
À l’heure où j’entrevois mon très proche départ
Me semblent être des cieux une très infime part.
J’entends de par la terre
Des chants mystérieux,
Et les notes cristallines de ma flûte autrefois
Comme des soupirs s’épanchent et suscitent l’émoi.
Aasmund Olavsson Vinje
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mardi 17 février
Fra Monte Pincio
Du mont Pincio
Aftenen kommer, Solen står rød,
Farvende Stråler i Rummet henskylle
Lyslængslens Glands i uendelig Fylde,
Fjeldet forklares som Åsyn i Død.
Kuplerne gløde, men længere borte
Tågen langs Markernes blålige Sorte
Vugger opover som Glæmselen før,
Over hin Dal dækker tusind Års Slør.
Aften, hvor rød og varm,
Blusser af Folkelarm,
Glødende Hornmusik,
Blomster og brune Blik.
Tankerne stræber i Farver og Toner
Trofast mot det, som forsoner.
Aften, hvor rød og varm,
Blusser af Folkelarm,
Glødende Hornmusik,
Blomster og brune Blik.
Oh tendre soirée ! Oh flamboyant coucher !
Tout d’une lueur rose est illuminé.
Se dorant au soleil s’éclaire la colline, extasiée et sereine
Comme la mort s’exprime.
Au loin brillent les dômes
Dans l’air aux doux arômes,
Une brume bleue et grise comme l’oubli se répand,
Déroulant sur les prés son habit de mille ans.
Le soir tombe, la foule s’agite,
Les fleurs embaument, l’amour palpite ;
Tout luit, rougeoie, baigne dans la chaleur,
Le cor résonne dans les hauteurs.
Ce que souhaite le cœur tressaille à nos côtés,
Brûlant de nous offrir une infinie beauté.
Le soir tombe, la foule s’agite,
Les fleurs embaument, l’amour palpite ;
Tout luit, rougeoie, baigne dans la chaleur,
Le cor résonne dans les hauteurs.
Stille det bliver, end dunklere Blå,
Himmelen våger og venter opunder
Fortid som blunder og Fremtid som stunder,
Usikre Blus i det rugende Grå.
Men det vil samle sig; Roma fremstige
Lystændt en Nat for Italiens Rige,
Klokkerne kime, Kanonerne slå,
Minderne flamme på Fremtidens Blå.
Yndig om Håb og Tro, op mod Nygifte To
Jubler en Sanger til
Cither og Fløjtespil.
Stærkere længsler få barnesød Hvile,
Mindre tør vågne og smile.
Yndig om Håb og Tro, op mod Nygifte To
Jubler en Sanger til
Cither og Fløjtespil.
La quiétude s’installe, l’ombre se répand,
Et voyant se dresser les fantômes d’antan
Le ciel certes d’un geste déploie tout l’avenir,
Dans la nuit qui s’accroche, vacillant, tâtonnant.
Mais Rome tel un flambeau un jour s’éveillera
Et éclairera l’Italie, à l’ombre, à l’abandon.
Que sonne le tocsin, que gronde le canon !
Et l’esprit d’autrefois avec force soufflera.
Chantez donc nos amours ! Jouez flûtes, cithares !
Puisse l’espoir enfoui dans le livre du temps
À jamais se répandre en nos cœurs si confiants !
Oh ma belle Italie, ne te trouble donc pas,
Un sentiment plus tendre en nous s’éveillera.
Chantez donc nos amours ! Jouez flûtes, cithares !
Puisse l’espoir enfoui dans le livre du temps
À jamais se répandre en nos cœurs si confiants !
Bjørnstjerne Bjørnson
Pour le confort des artistes et du public, merci de manipuler ce document 11
avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page.
En svane
Un cygne
Min hvide svane
Du stumme, du stille,
Hverken slag eller trille
Lod sangrøst ane.
Oh mon cygne, pâle ami,
Si discret, si tranquille,
Tu ne bruis ni ne tressailles
Et point ne nous assailles.
Angst beskyttende
Alfen, som sover,
Altid lyttende
Gled du henover.
Te cachant, apeuré,
Des elfes redoutés,
Aux aguets, tu glissais
Et doucement fuyais.
Men sidste mødet,
Da eder og øjne
Var lønlige løgne,
Ja da, da lød det!
Dans les airs, tu t’éloignes
Comme la mort te gagne
Et rompant le silence,
Enfin ton chant s’élance !
I toners føden
Du slutted din bane.
Du sang i døden;
Du var dog en svane!
Mais ce chant tant aimé,
S’est-il donc envolé ?
Le chantre a péri,
N’es-tu qu’un cygne, ami ?
Henrik Ibsen
Hører jeg sangen klinge
Quand j’entends cet air
Hører jeg sangen klinge,
Der engang klang så varm,
Det er, som vilde den springe,
Min vilde stormende barm.
Quand j’entends cet air qu’autrefois
Chantait sa bouche purpurine,
Je tremble, et mon cœur aux abois
S’agite à briser ma poitrine.
Den hvælvede skov jeg kårer,
Så dunkel og så sval;
Der løser sig i tårer,
Min grændseløse kval.
Vers l’âpre cime des forêts
Je cours, poussé par ma détresse ;
Là, j’exhale en des pleurs secrets
L’immense chagrin qui m’oppresse.
Heinrich Heine, traduit par Nordahl Rolfsen
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mardi 17 février
Solveigs vuggesang
Berceuse de Solveig
Sov, du dyrests Gutten min!
Jeg skal vugge dig, jeg skal våge.
Gutten har siddet på sin Moders Fang,
De to har leget hele Livsdagen lang.
Gutten har hvilet ved sin Moders Bryst
Hele Livsdagen lang.
Grud signe dig, min Lyst!
Gutten har ligget til mit Hjerte tæt
Hele Livsdagen lang.
Nu er han så træt.
Sov, du dyreste Gutten min!
Jeg skal vugge dig, jeg skal våge.
Dors mon trésor, mon petit garçon,
Je te bercerai et te veillerai,
Fredonnant des berceuses de tant de tendresse emplies
Dont tu puisses te souvenir tout au long de ta vie.
Que mon cœur de mère te garde des ennuis,
Tout au long de ta vie.
Ô ciel, que règne la joie !
Sache que dans la détresse, mon cœur t’accueillera,
Tout au long de ta vie.
Dors mon trésor, mon petit garçon,
Je te bercerai et te veillerai, Je te bercerai et te veillerai.
Dors mon trésor, mon petit garçon.
Henrik Ibsen
Med en vandlilje
Avec un nénuphar
Se, Marie, hvad jeg bringer;
Blomsten med de hvide vinger.
På de stille strømme båren,
Svam den drømme-tung i våren.
Regarde, Marie, ce que je t’apporte :
La fleur aux ailes blanches.
Sur les eaux calmes posée,
Elle flottait, lourde de rêves, au printemps.
Vil du den til hjemmet vie,
Faest den på ditt bryst, Marie;
Bag dens blade da sig dølge
Vil en dyb og stille bølge.
Si tu veux la consacrer à ta demeure,
Fixe-la sur ton cœur, Marie ;
Sous ses feuilles alors se cacheront
Des eaux profondes et calmes.
Vogt dig, barn, for tjernets strømme,
Farligt, farligt der at drømme!
Nøkken lader som han sover,
Liljer leger ovenover.
Prends garde, enfant, aux eaux de l’étang.
Il est dangereux, dangereux, d’y rêver !
Le neck feint de dormir ;
Les nénuphars jouent à la surface.
Barn, din barm er tjernets strømme.
Farligt, farligt der at drømme!
Liljer leger ovenover,
Nøkken lader som han sover.
Enfant, ton cœur est l’eau de l’étang.
Il est dangereux, dangereux, d’y rêver ;
Les nénuphars jouent à la surface.
Le neck feint de dormir.
Se, Marie, hvad jeg bringer;
Blomsten med de hvide vinger.
På de stille strømme båren,
Svam den drømme-tung i våren.
Regarde, Marie, ce que je t’apporte :
La fleur aux ailes blanches.
Sur les eaux calmes posée,
Elle flottait, lourde de rêves, au printemps.
Henrik Ibsen
Richard Wagner
Wesendonck-Lieder
Der Engel
L’Ange
In der Kindheit frühen Tagen
Hört’ich oft von Engeln sagen,
Die des Himmels hehre Wonne
Tauschen mit der Erdensonne,
Daß, wo bang ein Herz in Sorgen
Schmachtet vor der Welt verborgen,
Daß, wo still es will verbluten,
Und vergehn in Tränenfluten,
Daß, wo brünstig sein Gebet
Einzig um Erlösung fleht,
Da der Engel niederschwebt
Und es sanft gen Himmel hebt.
Ja, es stieg auch mir ein Engel nieder,
Und auf leuchtendem Gefieder
Führt er, ferne jedem Schmerz,
Meinen Geist nun himmel
Aux premiers jours de l’enfance,
J’ai souvent entendu dire des anges
Qu’ils échangeaient les sublimes félicités célestes
Contre la lumière du soleil terrestre.
Ainsi, quand un cœur en peine
Cache son chagrin au monde,
Quand il saigne en silence
Et se consume en larmes,
Quand il prie avec ferveur,
Ne demandant que sa délivrance,
L’ange descend vers lui
Et le porte doucement au Ciel.
Oui, un ange est aussi descendu vers moi,
Et sur ses ailes étincelantes
Emporte, loin de toute douleur,
Mon esprit vers le Ciel !
Stehe still!
Ne bouge pas !
Sausendes, brausendes Rad der Zeit,
Messer du der Ewigkeit;
Leuchtende Sphären im weiten All,
Die ihr umringt den Weltenball;
Urewige Schöpfung, halte doch ein,
Genug des Werdens, laß mich sein!
Halte an dich, zeugende Kraft,
Urgedanke, der ewig schafft!
Hemmet den Atem, stillet den Drang,
Schweiget nur eine Sekunde lang!
Schwellende Pulse, fesselt den Schlag;
Ende, des Wollens ew’ger Tag!
Daß in selig süßem Vergessen
Ich mög’ alle Wonnen ermessen!
Wenn Aug’in Auge wonnig trinken,
Seele ganz in Seele versinken;
Wesen in Wesen sich wiederfindet,
Und alles Hoffens Ende sich kündet;
Die Lippe verstummt in staunendem Schweigen,
Bourdonnant, bruissant rouet du temps,
Arpenteur de l’éternité,
Sphères étincelantes du vaste univers
Qui encerclez notre globe,
Création originelle, halte !
Cessez votre perpétuel devenir, laissez-moi être !
Halte, force créatrice,
Pensée première qui toujours crée !
Arrêtez, souffles ! Taisez-vous, désirs !
Donnez-moi une seule seconde de silence !
Pouls affolé, calme tes battements !
Cesse, jour éternel de la volonté !
Afin que, dans un heureux et doux oubli,
Je puisse prendre la mesure de ma joie !
Quand les yeux boivent la joie dans d’autres yeux,
Que l’âme entière se noie dans une autre âme,
Que l’être se retrouve dans un autre être,
Et que le but de tous les espoirs est proche,
Les lèvres sont muettes, silencieuses dans leur étonnement,
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mardi 17 février
Keinen Wunsch mehr will das Inn’re zeugen:
Erkennt der Mensch des Ew’gen Spur,
Und löst dein Rätsel, heil’ge Natur!
Et notre cœur secret n’a plus aucun désir.
L’homme reconnaît le sceau de l’éternité
Et résout son énigme, sainte Nature !
Im Treibhaus
Dans la serre
Hochgewölbte Blätterkronen,
Baldachine von Smaragd,
Kinder ihr aus fernen Zonen,
Saget mir, warum ihr klagt?
Schweigend neiget ihr die Zweige,
Malet Zeichen in die Luft,
Und der Leiden stummer Zeuge,
Steiget aufwärts süßer Duft.
Weit in sehnendem Verlangen
Breitet ihr die Arme aus,
Und umschlinget wahnbefangen
Öde Leere nicht’gen Graus.
Wohl, ich weiß es, arme Pflanze:
Ein Geschicke teilen wir,
Ob umstrahlt von Licht und Glanze,
Unsre Heimat ist nicht hier!
Und wie froh die Sonne scheidet
Von des Tages leerem Schein,
Hüllet der, der wahrhaft leidet,
Sich in Schweigens Dunkel ein.
Stille wird’s, ein säuselnd Weben
Füllet bang den dunken Raum:
Schwere Tropfen seh’ich schweben
An der Blätter grünem Saum.
Couronnes de feuillage, en hautes arches,
Baldaquins d’émeraude,
Vous, enfants des régions lointaines,
Dites-moi pourquoi vous vous lamentez.
En silence, vous inclinez vos branches,
Tracez des signes dans l’air,
Et, témoin muet de vos peines,
S’exhale un doux parfum.
Tout grand, dans votre désir ardent,
Vous ouvrez vos bras,
Et étreignez vainement
L’horreur du vide affreux.
Je sais bien, pauvres plantes,
Que nous partageons le même destin.
Même si nous vivons dans une lumière éclatante,
Notre foyer n’est pas ici !
Comme le soleil quitte heureux
L’éclat vide du jour,
Celui qui souffre vraiment
Se drape dans l’obscur manteau du silence.
Tout devient calme. Un bruissement
Remplit d’effroi l’obscurité :
Je vois de lourdes gouttes suspendues
À la lisière verte des feuilles.
Pour le confort des artistes et du public, merci de manipuler ce document 15
avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page.
Schmerzen
Douleurs
Sonne, weinest jeden Abend
Dir die schönen Augen rot,
Wenn im Meeresspiegel badend
Dich erreicht der frühe Tod;
Doch erstehst in alter Pracht,
Glorie der düstern Welt,
Du am Morgen neu erwacht,
Wie ein stolzer Siegesheld!
Ach, wie sollte ich da klagen,
Wie, mein Herz, so schwer dich sehn,
Muß die Sonne selbst verzagen,
Muß die Sonne untergehn?
Und gebieret Tod nur Leben,
Geben Schmerzen Wonnen nur:
O wie dank’ ich, daß gegeben
Solche Schmerzen mir Natur.
Soleil, tu pleures tous les soirs
De tes beaux yeux rougissants,
En te baignant dans le miroir de la mer,
Terrassé par une mort prématurée.
Mais tu reviens dans ton ancienne splendeur,
Gloire du monde obscur,
Réveillé au petit matin,
Comme un fier héros vainqueur !
Pourquoi devrais-je donc me lamenter,
Pourquoi mon cœur devrait-il être si lourd,
Puisque le soleil lui-même doit désespérer,
Puisque le soleil doit disparaître ?
Et si la mort donne naissance à la vie,
Si les douleurs apportent la joie,
Oh, comme je te remercie
Des douleurs que tu m’as données, Nature !
Träume
Rêves
Sag, welch’ wunderbare Träume
Halten meinen Sinn umfangen,
Daß sie nicht wie leere Schäume
Sind in ödes Nichts vergangen?
Traüme, die in jeder Stunde,
Jedem Tage schöner blühn,
Und mit ihrer Himmelskunde
Selig durchs Gemüte ziehn?
Traüme, die wie hehre Strahlen
In die Seele sich versenken,
Dort ein ewig Bild zu malen:
Allvergessen, Eingedenken!
Traüme, wie wenn Frühlingssonne
Aus dem Schnee die Blüten küßt,
Daß zu nie geahnter Wonne
Sie der neue Tag begrüßt,
Daß sie wachsen, daß sie blühen,
Traümend spenden ihren Duft,
Sanft an deiner Brust verglühen,
Und dann sinken in die Gruft.
Dis, quels rêves merveilleux
Gardent mon âme prisonnière
Et ne sont pas, comme bulles de savon,
Évanouis dans un néant désolé ?
Rêves qui, à chaque heure
De chaque jour, fleurissent, plus beaux,
Et qui, préfigurant le ciel,
Traversent bienfaisants mon esprit.
Rêves qui, comme des rayons de gloire,
S’enfoncent dans l’âme
Pour y peindre une éternelle image :
Oubli de tout, souvenir unique !
Rêves semblables au soleil de printemps,
Dont les baisers font sortir des fleurs de la neige,
Qui, avec une félicité inimaginable,
Accueillent le jour nouveau.
Et croissent, et fleurissent,
Et, rêvant, exhalent leur parfum,
Et se fanent, doucement, sur ta poitrine,
Puis descendent au tombeau.
Mathilde Wesendonck
16
mardi 17 février
Jean Sibelius
Cinq Mélodies op. 37
Den första kyssen
Le Premier Baiser
På silvermolnets kant satt aftonstjärnan,
från lundens skymning frågte henne tärnan:
Säg, aftonstjärna, vad i himlen tänkes,
när första kyssen åt en älskling skänkes?
Och himlens blyga dotter hördes svara:
På jorden blickar ljusets änglaskara,
och ser sin egen sällhet speglad åter;
blott döden vänder ögat bort och gråter.
À l’astre d’or qui verse sa lumière,
La jeune fille adresse sa prière :
« Dis, belle étoile, ce qu’on pense au ciel,
Quand le premier baiser déclôt nos lèvres ? »
Et l’astre scintillant répond dans l’ombre :
« Les anges purs se penchent vers la terre,
Et croient y voir fleurir la joie céleste ;
La Mort détourne alors les yeux et pleure ! »
Johan Ludvig Runeberg
Lasse liten
Petit Lasse
Världen är så stor, så stor,
Lasse, Lasse liten!
Större än du nånsin tror,
Lasse, Lasse liten!
Le monde est si vaste, si vaste,
Lasse, petit Lasse !
Plus grand que tu ne pourrais jamais le croire,
Lasse, petit Lasse !
Det är hett och det är kallt,
Lasse, Lasse liten!
Men Gud råder överallt,
Lasse, Lasse liten!
Il est brûlant et il est froid,
Lasse, petit Lasse !
Mais Dieu nous guide partout,
Lasse, petit Lasse !
Många mänskor leva där,
Lasse, Lasse liten!
Lycklig den som Gud harkär,
Lasse, Lasse liten!
Mais beaucoup d’hommes vivent là,
Lasse, petit Lasse !
Heureux celui que Dieu chérit,
Lasse, petit Lasse !
När Guds angel med dig går,
Lasse, Lasse liten!
Ingen orm dig bita få,
Lasse, Lasse liten!
Quand l’ange de Dieu t’accompagne,
Lasse, petit Lasse !
Aucun serpent ne peut te mordre,
Lasse, petit Lasse !
Säg, var trives du nu mest,
Lasse, Lasse liten!
Borta bra men hemma bäst,
Lasse, Lasse liten!
Où te plais-tu le mieux,
Lasse, petit Lasse !
En voyage c’est bien, chez soi c’est mieux,
Lasse, petit Lasse !
Zacharias Topelius
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avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page.
Soluppgång
L’Aube
Under himlens purpurbrand
Ligga tysta sjö och land,
Det är gryningsstunden.
Snöig gren och frostvit kvit
Tecka dig så segervist
Mot den röda grunden.
Sous le feu pourpre du ciel
S’étendent silencieux lacs et terres ;
C’est l’aurore qui vient.
Les branches enneigées
Se détachent
Du fond incarnat
Riddarn står vid fönsterkärm,
Lyssnar efter stridens larm,
Trampar golvets trilja.
Men en smal och snövit hand
Kyler milt hans pannas brand,
Böjer mjukt hans vilja.
Le chevalier regarde par la fenêtre.
Il écoute le bruit de la bataille
Et arpente la demeure.
Mais une main blanche comme la neige
Tiédit son front brûlant
Et fléchit sa volonté.
Riddarn sätter horn till mun,
Bläser vilt I gryningsstund,
Over nejd som tiger.
Tonen klingar, klar och spröd,
Branden slockner, gyllenröd,
Solen sakta stiger.
Le chevalier porte la trompe à sa bouche,
Et couvre d’un vibrant appel
La terre et le ciel alentour.
La note sonne claire et distincte,
Le foyer rougeoyant s’éteint,
Tandis que le soleil se lève lentement.
Tor Hedberg
18
mardi 17 février
Var det en dröm
Ai-je rêvé Var det en dröm att ljuvt engång
Jag var ditt hjärtas vän?
Jag minns det som en tystnad sång,
Då strängen darrar än.
Ai-je rêvé qu’en un temps merveilleux
J’étais l’ami de ton cœur ?
Je m’en souviens comme d’un chant lointain
Dont les sons vibrent encore.
Jag minns en törnros av dig skänkt,
En blick så blyg och öm;
Jag minns en avskedstår, som blänkt,
Var allt, var allt en dröm?
Je me souviens de la rose que tu m’as lancée,
De ton regard limpide et tendre,
D’une larme lorsque je suis parti,
Cela n’est-il qu’un rêve ?
En dröm lik sippans liv så kort
Uti en vårgrön ängd,
Vars fägring hastigt vissnar bort
För nya blommors mängd.
Un rêve aussi fugitif qu’une primevère
Dans un pré vert de printemps,
Dont la beauté s’affadit bientôt
Devant les fleurs nouvelles.
Men mången natt jag hör en röst
Vid bittra tårars ström:
Göm djupt dess minne i ditt bröst,
Det var din bästa dröm!
Mais souvent à la nuit, j’entends
Parmi mes larmes, une voix qui me dit :
Enfouis ce souvenir dans ton cœur
Car c’est ton rêve le plus cher !
Johan Julius Wecksell
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avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page.
Flickan kom ifrån sin älsklings möte
La fille revient des bras de son amant
Flickan kom ifrån sin älsklings möte,
Un jour encore, la fille revient des bras de son amant,
Kom med röda händer. Modern sade :
Varav rodna dina händer, flicka ?
Flickan sade: jag har plockat rosor,
Och på törnen stungit mina händer.
Les mains toutes rougies. Sa mère lui demande :
Pourquoi tes mains sont-elles rouges, ma fille ?
La fille lui répond : J’ai cueilli des roses
Et leurs épines m’ont piquée.
Åter kom hon från sin älsklings möte,
Un autre jour, la fille revient des bras de son amant,
Kom med röda läppar. Modern sade :
Varav rodna dina läppar, flicka ?
Flickan sade: jag har ätit hallon,
Och med saften målat mina läppar.
Les lèvres toutes rougies. Sa mère lui demande :
Pourquoi tes lèvres sont-elles rouges, ma fille ?
La fille lui répond : J’ai mangé des framboises
Et leur jus m’a tachée.
Åter kom hon från sin älsklings möte,
Un jour encore, la fille revient des bras de son amant,
Kom med bleka kinder. Modern sade :
Varav blekna dina kinder, flicka ?
Flickan sade: red en grav, o Moder !
Göm mig där, och ställ et kors däröver,
Och på korset rista, som jag säger :
En gång kom hon hem med röda händer ;
Ty de rodnat mellan älskarns händer.
Les joues toutes pâlies. Sa mère lui demande :
Pourquoi tes joues sont-elles pâles, ma fille ?
La fille lui répond : Prépare une tombe, ma mère,
Jettes-y-moi, plante une croix
Et sur cette croix écris ces mots :
Un jour elle revint les mains rougies,
Rougies d’avoir enlacé les mains de son amant.
En gång kom hon hem med röda läppar ;
Ty de rodnat under älskarns läppar.
Un autre jour elle revint les lèvres rougies,
Rougies d’avoir serré les lèvres de son amant.
Senast kom hon hem med bleka kinder ;
Ty de bleknat genom älskarns otro.
Le dernier jour elle revint les joues pâlies,
Pâlies de l’infidélité de son amant.
Johan Ludvig Runeberg
Traduction : Michel Pruvot
20
mardi 17 février
Sergueï Rachmaninov
Ne poj, krasavica, pri mne
Ne chante pas en ma présence
Ne poj, krasavica, pri mne
Ty pesen Gruziji pechal’noj;
Napominajut mne oni
Druguju zhizn’ i bereg dal’nij.
Ne chante pas en ma présence, ô charmante femme,
Tes mélodies venues de la douloureuse Géorgie.
Elles me rappellent
Une autre existence et une rive lointaine.
Uvy, napominajut mne
Tvoji zhestokije napevy
I step’, i noch’, i pri lune
Cherty dalekoj, bednoj devy!
Hélas, ton chant cruel
Me rappelle
La steppe, la nuit et, au clair de lune,
Les traits d’une jeune fille, triste et lointaine !
Ja prizrak milyj, rokovoj,
Tebja uvidev, zabyvaju;
No ty pojosh’, i predo mnoj
Jego ja vnov’ voobrazhaju.
Je te vois et j’oublie
Cette vision chère et fatale
Mais tu chantes
Et elle me revient en mémoire.
Ne poj, krasavica, pri mne
Ty pesen Gruziji pechal’noj;
Napominajut mne oni
Druguju zhizn’ i bereg dal’nij.
Ne chante pas en ma présence, ô charmante femme,
Tes mélodies venues de la douloureuse Géorgie.
Elles me rappellent
Une autre existence et une rive lointaine.
Alexandre Pouchkine
V molčan’ji nochi tajnoj
Dans le silence de la nuit secrète
O, dolgo budu ja, v molchan’ji nochi tajnoj,
Kovarnyj lepet tvoj, ulybku, vzor, vzor sluchajnyj,
Perstam poslushnuju [volos]1 gustuju prjad’,
Iz myslej izgonjat’, i snova prizyvat’;
Oh, longtemps encore, dans le silence de la nuit secrète,
J’effacerai de mon esprit et je me remémorerai
Ton sourire, tes paroles charmantes et ton regard,
Ton regard désinvolte, tes tresses, si douces sous la main…
Sheptat’ i popravljat’ bylyje vyrazhen’ja
Rechej mojikh s toboj, ispolnennykh smushchen’ja,
I v op’janenii, naperekor umu,
Zavetnym imenem budit’ nochnuju t’mu.
Par des chuchotements j’améliorerai les pensées
Dont nous avons parlé, pensées timides,
Puis avec ravissement, contre toute raison,
Avec ton nom bien-aimé j’éveillerai les ténèbres de la nuit.
O, dolgo budu ja, v molchan’ji nochi tajnoj,
Zavetnym imenem budit’ nochnuju t’mu.
Oh, longtemps encore, dans le silence de la nuit secrète,
Je réveillerai avec ton nom bien-aimé, les ténèbres de la nuit.
Afanassi Fet
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avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page.
Zdes’ khorosho
C’est beau ici
Zdes’ khorosho…
Vzgljani, vdali
Ognjom gorit reka;
Cvetnym kovrom luga legli,
Belejut oblaka.
Zdes’ net ljudej…
Zdes’ tishina…
Zdes’ tol’ko Bog da ja.
Cvety, da staraja sosna,
Da ty, mechta moja!
C’est beau ici !
Vois donc au loin
Le fleuve qu’illumine le couchant,
Les tapis de fleurs dans les prés,
Et la fuite des nuages blancs.
Nous sommes seuls,
C’est le silence…
Dieu seul est là !
Et puis ces fleurs, ce vieux sapin
– Et toi, mon rêve !
Glarifa Galina
Aprel’! Vešnyi prazdničnyi den’
Avril ! Jour de fête printanier
Aprel’! Vešnyi prazdničnyi den’
Da, vešnyi den’! Luga v rose.
Ti prishla v belom plat’ye svoyom
I dva podsnezhnika v kose.
Da, dva tsvetka, dva tsvetka v tyomnoy kose.
I bez slov mï selï na mokh,
barkhatnïy mokh; v bleske luchey
ves’ mir zelznzl, kazhdïy listok
vlagoy blestel, v legkoy teni,
gde-to u nog zhurchal ruchey.
A v kustakh zvenel golosok
Ptichki lesnoy.
Ruki tvoi v svoikh ya tak berezhno qzhal
V to yasnoye utro, vesnoy,
Svetloy vesnoy…
Pomnish’, pomnish’?
Avril ! Jour de fête printanier,
Oui, journée printanière !... La rosée sur le pré.
Tu es venue, habillée de blanc,
Deux perce-neige dans tes nattes.
Oui, deux fleurs, deux fleurs dans tes nattes sombres.
Nous nous assîmes sans bruit sous la mousse,
Une mousse veloutée.
Sous le soleil resplendissant, la terre entière était verdoyante,
À l’ombre, en contrebas,
Un ruisseau murmurait…
Le chant d’un oiseau de la forêt
Retentit dans les fourrés.
Je serrai gentiment tes mains entre les miennes
Par cette belle matinée de printemps,
De printemps radieux…
T’en souviens-tu, t’en souviens-tu ?
Édouard Pailleron, traduit par Veronika Tushnova
22
mardi 17 février
Uvyal tsvetok
La fleur mourut
Uvyal tsvetok!
Lazurnïm utrim maya nashla groza
Slomilsya stebelyok…
I, slovno slyozï, lepestki ronyaya,
Uvyal tsvetok!
Tebya lyubil on s nezmnoyu siloy,
Kak tol’ko zhrets lyubit’boginyu mog,
No tï vzyata bezzhalostnoy mogiloy…
Uvyal! tsvetok!
Chuzhoy mechtam, chuzhoy zhelan’yam yasnïm,
Tvoy bednïy drug dushoyu iznemog.
Vozvrata net k ugasshim dnyam prekrasnïm…
Uvyal tsvetok! Uvyal tsvetok!
La fleur mourut !
Par un beau matin de mai.
Un orage éclata et la tige si fragile se rompit…
Les pétales tombèrent comme des larmes
Et la fleur mourut !
Tu étais aimée avec une passion inouïe,
Comme seul un prêtre pourrait aimer une déesse,
Mais tu fus emportée par une tombe impitoyable…
La fleur mourut !
Étranger aux rêves, étranger aux désirs bien définis,
Ton ami accablé a le cœur brisé.
Nul ne retrouve les jours passés, les beaux jours…
La fleur mourut !
Daniel Rathaus
Vesennije vodv
Eaux printanières
Jeshchjo v poljakh belejet sneg,
A vody uzh vesnoj shumjat,
Begut i budjat sonnyj breg,
Begut i bleshchut, i glasjat.
Oni glasjat vo vse koncy:
«Vesna idet,
Vesna idet!
My molodoj vesny goncy,
Ona nas vyslala vperjod.
Vesna idet,
Vesna idet!»
I tikhikh, teplykh majskikh dnej
Rumjanyj, svetlyj khorovod
Tolpitsja veselo za nej.
Les champs sont encore
Blancs de neige,
Mais déjà les eaux font entendre
Les bruits du printemps.
Elles courent le long de la rive ensoleillée ;
Elles courent, brillent, miroitent,
Étincellent çà et là.
Le printemps approche, le printemps approche.
« Nous sommes les messagères du jeune printemps !
Il nous a envoyées le devancer ! »
Le printemps approche.
À sa suite se presse joyeusement
Le cortège lumineux et rose
Des chaudes journées paisibles de mai.
Fiodor Tiouttchev
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avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page.
Nina Stemme
La soprano suédoise Nina Stemme
est régulièrement sollicitée par les plus
grands opéras au monde. Après avoir
fait ses débuts en Italie avec le rôle de
Cherubino, elle a été à l’affiche de
l’Opéra de Stockholm, de la Staatsoper
de Vienne, de la Semperoper de Dresde,
de l’Opéra de Genève, de l’Opéra de
Zurich, du Teatro San Carlo de Naples,
du Liceu de Barcelone, du Metropolitan
Opera de New York, de l’Opéra de San
Francisco et des festivals de Bayreuth,
de Salzbourg, de Savonlinna, de
Glyndebourne et de Bregenz. Elle a été
applaudie dans les rôles de Rosalinde
(La Chauve-Souris), Mimi (La Bohème),
Cio-Cio-San (Madame Butterfly), Tosca
(Tosca), Manon Lescaut (Manon Lescaut),
Tatiana (Eugène Onéguine), Katerina
(La Passion grecque), Sœur Angelica
(Triptyque de Puccini), Eurydice (Orphée
et Eurydice), Katerina Lvovna Ismailova
(Lady Macbeth de Mtsensk), la Comtesse
Almaviva (Les Noces de Figaro),
Marguerite (Faust), Agathe
(Der Freischütz), Marie (Wozzeck), Nyssia
(Le Roi Candaule), Jenufa (Jenufa),
la Maréchale (Le Chevalier à la rose),
Eva (Les Maîtres Chanteurs de
Nuremberg), Elisabeth (Tannhäuser),
Elsa (Lohengrin), Senta (Le Vaisseau
fantôme), Sieglinde (La Walkyrie),
Amelia (Un bal masqué) et Aïda (Aïda).
Elle a par ailleurs fait des débuts
remarqués dans le rôle d’Isolde
à Glyndebourne (la représentation est
à présent disponible en DVD) avant de
le reprendre au Festival de Bayreuth et
sur le fameux enregistrement de Tristan
et Isolde avec Plácido Domingo (EMI),
incarné Sieglinde dans une nouvelle
production de la Tétralogie à la
Staatsoper de Vienne et fait ses débuts
dans les rôles d’Arabella (Arabella)
à Göteborg et d’Ariane (Ariane à Naxos)
à l’Opéra de Genève. Nina Stemme est
aujourd’hui sous contrat d’exclusivité
avec EMI Classics. Sa discographie
comprend Tristan et Isolde (EMI),
La Passion grecque (Koch Schwann),
Le Roi Candaule (Andante), Le Vaisseau
fantôme en version anglaise (Chandos),
les dernières scènes de Salomé,
Capriccio et les Quatre Derniers Lieder
de Strauss (EMI), un album de lieder et
de mélodies (Nina Stemme singt Lieder),
un volume de la série In Flanders’ Fields
(Phaedra) ainsi que plusieurs DVD
(Le Chevalier à la rose, Aïda, Jenufa,
Tristan et Isolde). Ses engagements
récents ou à venir permettent de
l’entendre dans Tristan und Isolde
à la Bayerische Staatsoper de Munich,
au Grand Opéra de Houston et au Royal
Opera House Covent Garden de Londres,
dans le rôle-titre de Salomé au Liceu de
Barcelone et au Teatro Real de Madrid,
et dans ceux d’Ariane (Ariane à Naxos)
au Metropolitan Opera de New York et
de Brünnhilde (L’Anneau du Nibelung
à San Francisco, La Walkyrie et Siegfried
à La Scala de Milan, Le Crépuscule des
dieux à Athènes), dans Le Vaisseau
fantôme et Rusalka à la Bayerische
Staatsoper de Munich, Tannhäuser
à l’Opéra de Paris, Fidelio à Covent
Garden et en version de concert avec
Claudio Abbado au Festival de Lucerne,
et Un bal masqué à l’Opéra Royal de
Stockholm. Elle donne également des
récitals à Strasbourg, Paris, Milan
et Rome, ainsi que des concerts
à Stockholm, Copenhague, Madrid,
Hambourg, Ferrara, Lucerne et Carlstad.
Nina Stemme, qui a été nommée
Chanteuse de la Cour Royale Suédoise
en 2006, est membre de l’Académie
24
Royale de Musique Suédoise. En juin
2008, le roi de Suède lui a remis
la médaille « Litteris et Artibus ».
Bénédicte Haid
Née à Paris, Bénédicte Haid fait ses
études au Conservatoire de Paris
(CNSMDP), où elle remporte ses prix
de piano et de musique de chambre,
avant d’obtenir son diplôme de soliste à
l’Université du Mozarteum de Salzbourg.
Depuis 1979, elle vit en Suède, où elle
donne de nombreux concerts dont une
grande partie sont enregistrés et
diffusés en direct à la radio suédoise.
Récitals de lieder, récitals en solo et
musique de chambre font également
partie de ses activités. Son
enregistrement des œuvres de la
compositrice polonaise Gracyna
Bacewicz (1909-1969) a été très bien
accueilli par les critiques scandinaves
et européens. Elle se produit en duo avec
des chanteuses célèbres comme
Katarina Karnéus et Nina Stemme.
Bénédicte Haid a joué, entre autres,
dans la série « Philharmonischer Salon »
dans le cadre de la Fondation Berliner
Philharmoniker, à l’Opéra des Margraves
à Bayreuth, aux opéras de Stockholm,
Zurich et Helsinki, au Wigmore Hall et
au Queen Elisabeth Center à Londres,
au château Mirabell à Salzbourg…
Bénédicte Haid est présidente de
l’Association Christina-Nilsson en Suède.
Salle Pleyel
Président : Laurent Bayle
Notes de programme
Éditeur : Hugues de Saint Simon
Rédacteur en chef : Pascal Huynh
Rédactrice : Gaëlle Plasseraud
Maquettiste : Ariane Fermont
Stagiaires : Marie Laviéville, Romain Pangaud
Salle Pleyel | Prochains concerts
DU mercredi 18 février aU mardi 3 mars 2009
Gustav Mahler
Symphonie n° 9
VENDREDI 27 FÉVRIER, 20H
L’art de la voix
Michel Legrand back in Paris : le cinéma
MARDI 5 MAI, 20H
Avec la participation de l’Orchestre National
d’ïle-de-France
Rolando Villazón
Orchestre de Paris
Christoph Eschenbach, direction
SAMEDI 28 FÉVRIER, 20H
Gabrieli Consort & Players
Paul McCreesh, direction
Rolando Villazón, ténor
VENDREDI 20 FÉVRIER, 20H
Michel Legrand back in Paris : le grand jazz
Arnold Schönberg
La Nuit transfigurée
Concerto pour piano
Variations pour orchestre
Avec la participation du Michel Legrand
Orchestra
Céleste Productions - Les Grandes Voix.
LUNDI 2 MARS, 20H
mercredi 13 MAI, 20H
Gioachino Rossini
Ouverture de L’Échelle de soie
Felix Mendelssohn
Symphonie n° 4 « Italienne »
Dmitri Chostakovitch
Symphonie n° 5
Jessye Norman
Orchestre Philharmonique de Radio France
Pierre Boulez, direction
Mitsuko Uchida, piano
MARDI 24 FÉVRIER, 20H
Maria Bethânia
Jayme Alem, alto, violon, direction
João Carlos Coutinho, piano, accordéon
Rômulo Gomes, contrebasse
Carlos Cesar, percussion
Reginaldo Vargas, percussion
Marcio Mallard, violoncelle
MERCREDI 25 FÉVRIER, 20H
Georg Friedrich Haendel
Airs et extraits d’opéras
Jessye Norman, soprano
Mark Markham, piano
Airs de Michael Rogers, Scott Joplin,
Leonard Bernstein, George Gershwin…
Orchestra dell’ Accademia Nazionale
di Santa Cecilia-Rome
Antonio Pappano, direction
Coproduction Céleste Productions - Les Grandes Voix,
MARDI 3 MARS, 20H
MERCREDI 24 JUIN, 20H
Anton Dvořák
Concerto pour violoncelle
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Manfred-Symphonie
Deborah Voigt
John Zorn et Tzadik présentent la musique
de Serge Gainsbourg
Orchestre Symphonique Tchaïkovski
de Moscou
Avec Sean Lennon, Elysian Fields, Marc Ribot Vladimir Fedosseyev, direction
et Ceramic dogs/Esther Balint, Cyro Baptista Alexandre Kniaziev, violoncelle
et Banquet of the Spirits, John Zorn…
Production Productions Internationales
Albert Sarfati
Salle Pleyel.
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin
Ingo Metzmacher, direction
Deborah Voigt, soprano
Claude Debussy
La Mer
Richard Wagner
Prélude et Mort d’Isolde
Gustav Mahler
Adagio de la Symphonie n° 10
Richard Strauss
Quatre Derniers Lieder
Mécène de l’art de la voix
Les partenaires média de la Salle Pleyel
Imprimeur SIC | Imprimeur FRANCE REPRO | Licences 7503078, 7503079, 7503080
MERCREDI 18 FÉVRIER, 20H
JEUDI 19 FÉVRIER, 20H

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