Mise en page 1 - Pierre Actual

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Mise en page 1 - Pierre Actual
marché
Spadaccini
la cuisine reste un
IPEA
étude de marché
bon plan pour l’avenir...
Une fois de plus Marc Spadaccini a pris en
charge personnellement une initiative d’intérêt
collectif. Il a commandé au Cabinet IPEA spécialiste des études de marché et du marketing stratégique dans l’univers du meuble et de la maison,
une étude sur la place du plan de travail dans la
cuisine, la relation avec les cuisinistes et le développement possible de ce marché pour les marbriers.
Christophe Gazel qui dirige le cabinet IPEA a présenté les résultats de ce travail, le 6 février dernier
dans les locaux de Spadaccini à Champigny-surMarne, enrichis par le témoignage de Pascal
Vazard, cuisiniste agenceur, spécialiste de l’aménagement intérieur plutôt haut de gamme, installé
en Normandie.
Moins de visites chez les cuisinistes en 2013
Dans un premier temps, Christophe Gazel a présenté dans ses grandes lignes la structure du
marché français de la cuisine.
720 000 cuisines intégrées, donc accueillant un
plan de travail, ont été vendues en 2013, avec
une baisse notable de la fréquentation dans les
magasins.
Si notre taux d’équipement était du niveau de
certains de nos voisins, notamment les Alle-
“720 000 cuisines intégrées
vendues en 2013”
“le haut de gamme
représente 5 % du marché”
mands, c’est le double qui devrait se vendre.
Le prix moyen d’une cuisine intégrée installée
(hors électroménager), est de 4 549 €, alors que
le prix moyen d’une cuisine intégrée en kit, n’est
que de 1 582 €.
En valeur, les cuisinistes “spécialistes” réalisent
46 % du marché, qui, au total, a atteint 2,38 milliards d’euros en 2012, alors que celui du meuble
en général, dépasse les 9,5 milliards d’euros.
En volume, par contre, les cuisines en kit représentent 62 % et les cuisines “montées”, 32 %.
Christophe Gazel a rappelé que les Français
changeaient de cuisine tous les 23 ans en
moyenne, essentiellement à l’occasion d’un
déménagement, alors que ce rythme est beaucoup plus rapide chez nos voisins (tous les 15
ans en moyenne).
Adapter son discours à la cible
Christophe Gazel a expliqué que “l’élasticité” des
prix était très importante pour les produits qui se
destinent à la décoration de la maison, dès lors
“qu’on avait une histoire à raconter au client”. En
clair, si le cuisiniste argumente sur la qualité, l’unicité du produit, le prix n’était plus le critère de
choix principal. C’est là que Pascal Vazard a
encouragé les marbriers à “éduquer” le cuisiniste
Marc Spadaccini financé l’étude et
accueilli les professionnels lors de la
demi-journée de présentation de ses
résultats.
Christophe Gazel a présenté les
résultats de l’étude IPEA sur le marché de la cuisine et du plan de travail.
sur les qualités des matériaux naturels, leur
caractère unique, les invitant même à réaliser des
fiches techniques qui décrivent l’origine du matériau, ses caractéristiques techniques, etc.
“il faut éduquer le cuisiniste”
Christophe Gazel a aussi rappelé que les distributeurs purs et durs réfléchissaient surtout au chiffre d’affaires réalisé par rapport au mètre carré de
magasin occupé. Une grande différence avec un
artisan cuisiniste qui privilégiera la qualité du produit.
L’élément qui réunit ces deux types de cuisinistes
est que le plan et la crédence sont pour l’un des
éléments de différenciation à mettre en valeur et
pour l’autre, une opportunité d’augmenter “le
panier” de l’acheteur et donc d’optimiser un peu
mieux son mètre carré de magasin.
Peu de culture de l’aménagement de la maison
en France
Christophe Gazel a souligné que les Français
avaient beaucoup d’envies liées à l’aménagement
de la maison, mais sans une véritable culture de
celui-ci. Ils se réfèrent ainsi beaucoup aux magazines de décoration. De même, les catalogues
des magasins et les sites internet sont les principales sources d’information pour les achats de
cuisine.
Ceci explique aussi, sans doute, que le style des
cuisines achetées est sobre, les portes de meubles à surface plane, sans moulure, représentant
plus de 70 % du marché. De même, l’aménagement de la cuisine en forme de “L”, domine toujours le marché.
Au niveau des couleurs, ce sont les claires qui
“on note un retour en force
du minéral...”
Pascal Vazard, spécialiste de l’aménagement intérieur a témoigné,
notamment, de la nécessité d’éduquer les cuisinistes
sont les plus demandées (beige vanille, bois
clair..). Si on ajoute le blanc, ces teintes représentent environ 60 % des achats.
Ce classicisme représente finalement un atout
pour le plan de travail et la crédence, qui confirment ainsi leur vocation à marquer les différences
entre les cuisines.
Christophe Gazel a aussi fait remarquer qu’une
forte tendance à l’usage de matières minérales
sur les meubles et notamment les tables, se
manifeste actuellement, comme en ont témoigné
de récents salons de décoration en Europe.
Matière minérale intégrant dans son esprit, la
céramique ou les composites.
“le marché des seniors est
à développer. Il faut aider
les cuisinistes à parler
à cette cientèle”
Qualité et prix guident l’achat des ménages
Les critères d’achat d’une cusine sont clairs : la
qualité et le prix, sont largement plébiscités, à
égalité, à près de 70 %. Le “style et la couleur”,
arrive ensuite avec 53 % des réponses. L’objectif
du cuisiniste étant donc de proposer le meilleur
rapport qualité prix possible.
Une segmentation de marché classique, mais
une cible particulière à travailler
Sans surprise, on achète sa cuisine majoritairement entre 20 et 59 ans (85 % du volume des cuisines achetées). Tranche d’âge d’autant plus
importante que le rythme de renouvellement, rappelons-le, est d’une fois tous les 23 ans.
Il est par contre intéressant de noter que les plus
de 60 ans sont des “sous-consommateurs” en
matière de cuisine alors que l’espérance de vie
augmente, que beaucoup ont du pouvoir d’achat
et que leur qualité d’écoute est meilleure.
Mais l’élément peut-être le plus important, est
que nous passons de plus en plus de temps dans
la cuisine, et que faire la cuisine, redevient un élément du lien familial. En effet, et l’engouement
actuel pour les émissions de télé sur la cuisine le
confirme, la grand-mère prendra beaucoup de
plaisir a cuisiner avec ses enfants et encore plus
avec ses petits-enfants.
Un argument qui rejoint la constatation, que
l’aménagement de la cuisine évolue vers l’usage
plus que vers le style. Il n’est pas rare en effet que
les enfants fassent leurs devoirs à la cuisine ou
que les parents pianotent sur leur ordinateur installés sur un “snack”.
Une évolution d’autant plus intéressante que les
enfants et petits-enfants qui jugeraient la cuisine
ringarde, ont une influence sur le remplacement
de celle-ci. Christophe Gazel et Pascal Vazard ont
donc chaudement encouragé les marbriers “à
aider les cusinistes à parler à cette clientèle...”.
“le marché existe, il faut
aller le chercher...”
Quel plan de travail pour le consommateur ?
L’enquête d’IPEA réalisée en exclusivité pour
Spadaccini, indique que le panneau stratifié
représente 59 % des plans de travail, devant le
bois massif (19 %), les autres matières 8 %, les
roches ornementales ne représentant que 7 %
des ventes. Un résultat qui n’est pas étonnant
lorsque l’on interroge les cuisinistes sur les matériaux qu’ils travaillent. Tous répondent le stratifié,
4 sur 10 le granit, mais pierre naturelle, marbre,
verre, métaux et carrelage ne sont même pas
cités.
Spontanément les cuisinistes citent la résistance
à la chaleur (70 %), la résistance aux rayures
(40 %) et la dimension naturelle du matériau
(20 %) comme avantages à utiliser les roches
ornementales. Sont également mentionnés : facilité d’entretien, haute résistance aux agents
acides, résistance à l’humidité, longévité, intemporalité, solidité, robustesse.
Lorsqu’on leur propose des qualités à classer, les
cuisinistes répondent dans l’ordre : résistance à
la chaleur ; dureté ; longévité ; stabilité ; résistance à l’abrasion ; résistance aux tâches ; résistance aux chocs et résistance aux UV.
Les inconvénients cités sont le prix (30 %), la
porosité (30 %), le côté froid au toucher (25 %), la
fragilité, l’entretien et la mise en œuvre (20 %).
Le choix de coloris restreint, la nécessité de l’in-
“le plan de travail est un
élément majeur de la
différenciation et la richesse
est à créer par la
différenciation...”
tervention d’un professionnel, le poids et la non
possibilité de rectifier à la pose, ont également
été évoqués comme inconvénients.
Sur ce thème de la pérennité et de l’entretien des
plans de travail, un débat s’est engagé avec les
marbriers, beaucoup de matériaux, certains granits compris, nécessitant un traitement avant la
pose et un entretien régulier ensuite.
C’est là, une fois de plus, que le dialogue avec le
cuisiniste est important, pour l’informer de la réalité des matériaux. Cela rejoint l’idée émise par
Pascal Vazard de réaliser des fiches techniques
qui détailleraient la nature des matériaux et leurs
caractéristiques.
Travailler avec un marbrier local ?
peu d’intérêt pour les cuisinistes...
Une question extrêmement pertinente a ensuite
été posée aux cuisinistes, sur l’intérêt de collaborer avec un marbrier proche, plutôt que de se
fournir à l’étranger. Pour 40 % d’entre eux la
réponse a été “aucun” !
Heureusement, 25 % ont cité la rapidité et la réactivité et 50 % l’assurance de disposer d’un S.A.V..
La possibilité de choisir sur place une tranche par
rapport à une autre, la précision d’exécution, la
qualité, le sérieux ont également été donnés
comme atout en faveur de l’artisan local.
Beaucoup d’échanges ont émaillé cette demijournée, qui, parfois, ont confirmé le hiatus qui
existe encore entre marbriers et cuisinistes : “les
cuisinistes nous demandent des plans en exposition, mais vont ensuite les commander ailleurs...”.
Le niveau de la marge appliquée sur le plan a
aussi été source de discussions.
Néanmoins, il ressort de cette étude que le
potentiel de développement reste très important
pour les marbriers.
Le marché du plan de travail existe, dans tous ses
segments. La problématique pour les marbriers
est clairement de se donner les moyens d’aller en
conquérir une partie.
Plusieurs d’entre eux témoignaient à la sortie de
la réunion, du fait qu’ils n’ont jamais eu d’action
commerciale en direction des cuisinistes, quels
qu’ils soient et qu’il était donc normal de ne pas
faire plus que la demande naturelle.
Il est aussi apparu clairement qu’il est important
de cibler les cuisinistes les plus ouverts à la promotion des roches ornementales dans la cuisine,
sans doute plus les artisans indépendants que
ceux installés sous une enseigne nationale.
En même temps, tous les cuisinistes, qu’ils s’intéressent au chiffre d’affaires par mètre carré de
magasin ou à la nature et à la qualité des matériaux et produits, ont un interêt à valoriser le plan,
qui est un élément majeur de différenciation de la
cuisine et donc d’augmentation potentielle de la
valeur de l’aménagement, qu’elle soit esthétique
ou économique.
Beaucoup d’arguments avancés par les cuisinistes, qu’ils soient d’ailleurs favorables ou défavorables à l’utilisation des roches ornementales,
montrent l’extrême nécessité pour les marbriers
de les informer pour ne pas dire de les former aux
spécificités des roches ornementales.
En clair, il est urgent de faire du marketing et du
commercial, ce qui n’est pas à proprement parler
une surprise, mais qui, dans notre culture professionnelle, reste le plus difficile à mettre en œuvre.
Nous l’avons déjà souvent évoquée dans nos
colonnes, mais une mutualisation de moyens
serait sûrement une solution dans ce domaine.
Rappelons-nous, il y a quelques années, Spadaccini, déjà, militait pour une action collective en
faveur de l’image de la pierre.
Dommage... même si tout n’est pas encore perdu
et qu’il est encore temps de se mettre en ordre de
bataille.
A l’occasion de cette demi-journée, la société Degami
présentait quelques outils et produits aux marbriers
présents chez Spadaccini, dont beaucoup étaient
venus de Province.
prospective marchés
A Milan, même les poufs imitent les cailloux...
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décoration
cuisine
le marbre plus
salle de bains
tendance que jamais
mobilier
Claude Gargi
A l’initiative des Capeb régionale (Rhône-Alpes) et
départementale (Ain), de l’association Pierre
Marbre Granit Plus, et de la revue Pierre Actual,
une journée professionnelle a été organisée près
de Lyon le 31 mars dernier, dont la matinée était
exclusivement consacrée au secteur de la cuisine.
En appui de celle-ci, une intervention de
Christophe Gazel et Marc Spadaccini, qui ont
présenté aux marbriers régionaux, l’étude sur le
marché du plan de travail, réalisée par l’Institut
IPEA, pour le distributeur de tranches de
Champigny-sur-Marne.
Nous ne reviendrons pas ici sur les résultats d’ensemble de cette étude, que vous retrouvez dans le
n°924 de Pierre Actual (2/2014), mais plutôt sur les
grandes tendances qui ont été évoquées.
Hasard du calendrier, quelques jours après cette
journée d’échanges, Milan a été le cadre d’une
grande semaine dédiée à la décoration intérieure
et au design : salons du meuble, de la cuisine
(Eurocucina), de la salle de bains et du design.
Une véritable Mecque pour le secteur, là où se
dessinent les futures tendances, et en particulier,
pour ce qui peut intéresser la marbrerie de décoration, celle des matériaux utilisés.
Le retour du minéral
Ce que l’on a pu voir dans les allées de la Fiera
Milano a pleinement confirmé l’analyse de
Christophe Gazel sur les évolutions du secteur.
Ainsi, pour l’institut IPEA, l’une des grandes tendances actuelles, est le retour en force du minéral, naturel et composite.
A Milan, même si tous les styles de cuisine sont
présentés, les plans de travail sont l’objet d’un
soin tout particulier et font très largement appel
aux matériaux naturels. Un peu de granit bien sûr,
de la pierre bleue aussi, mais surtout du marbre.
Les composites de tous types et “solid surface”,
connus et nouveaux, étaient présents, mais pas
omni-présents.
Dans les aménagements de plus haut de gamme, qu’ils soient classiques ou contemporains,
l’utilisation des matériaux naturels pour mettre en
valeur les meubles, est quasi générale.
Dans les cuisines, même si l’on n’oublie pas que
l’on est en Italie, on peut juger surprenant l’usage
très répandu des marbres, blancs, noirs et, élément de tendance actuel évident, marrons, veinés
et fleuris.
Au sein du salon du meuble, pour présenter du
mobilier ou des canapés, on retrouvait d’ailleurs
cette même utilisation du marbre marron, pour
des tables, tables basses ou en décor de stand.
Ce nouveau goût ressenti pour le minéral a été
parfaitement illustré sur le stand du grand marbrier italien Antolini, qui proposait un aménagement dans une pierre baptisée Nérinea, composé
de multiples obélisques. Le message de puissance patrimoniale et historique est clair, et définitivement entériné par le discours qui, immédiatement faisait référence à l’âge du matériau : “150
millions d’années...”. Chez Antolini, on ne vend
pas que de la pierre, mais aussi de l’histoire, de la
solidité, de l’éternité...
Le plan pour créer la différence
L’autre grande conclusion de l’étude du cabinet
IPEA était que le plan de travail est un élément
majeur de différenciation dans une cuisine, dont
Page précédente, Bora présentait des systèmes d’aspiration intégrés au plan de travail. Ce fabricant autrichien avait choisi de réaliser ses meubles/plans en
marbre rouge de Vérone massif.
Le marbre marron s’accorde parfaitement avec la tendance “léopard”.
pierreactual 5/2014 -
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l’architecture générale et le type de mobilier sont
relativement uniformisés.
Différenciation par la nature du matériau, on l’a
vu, mais aussi par la qualité du travail. En clair, on
veut bien mettre de la pierre naturelle dans la cuisine, mais elle induit automatiquement une parfaite qualité de façonnage et d’ajustement, d’autant
plus que, de plus en plus, la pierre habille des éléments mobiles (portes, tiroirs) et d’autres qui
deviennent mobiles. Par exemple, le mouvement
du plan libère ou cache les fonctionnalités techniques d’un îlot central (plaque de cuisson,
évier...).
Si Milan oriente la tendance, la pierre naturelle a
de belles opportunités dans la décoration de la
maison, mais celle-ci n’acceptera aucune
approximation qualitative.
Plans de cuisine et tables basses en marbre, un grand
classique des salons milanais en 2014.
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5/2014
La qualité pour se démarquer du prix...
La barre est donc placée assez haute, suffisamment sans doute pour assurer une “sélection”
entre les professionnels. Car dans la réunion du
31 mars à Lyon, Marc Spadaccini et les marbriers
ont notamment débattu de la place jugée inquiétante occupée aujourd’hui par les plans de cuisine façonnés à l’étranger, au Portugal en particulier. Ce phénomène n’est peut-être pas aussi sensible partout en France, mais le marché parisien,
par exemple, semble particulièrement poreux à
ce flux. Ce que l’étude IPEA a également traduit,
puisque beaucoup de cuisinistes ne voient pas
d’avantage à travailler avec un marbrier situé près
de chez eux.
L’artisan marbrier est donc clairement menacé
par un phénomène qui n’est pas nouveau, mais
qui semble s’amplifier. Une des solutions est clairement de proposer une prestation irréprochable,
en fourniture, pose et service, qui assurera la
satisfaction totale du client final.
La qualité pour lutter contre le prix... Facile à
décréter, pas toujours évident à mettre en œuvre
dans des environnements concurrentiels différents.
Si les manifestations milanaises apportent beaucoup de motifs d’espoir sur l’avenir de la pierre
naturelle dans la décoration, elles posent aussi
beaucoup de questions sur la possibilité, pour les
professionnels, de se positionner sur ce marché.
Entre une tendance perçue sur un salon et son
application sur un marché, le gap est majeur.
Qu’en est-il alors du marché traditionnel du plan de
travail en granit ? Doit-il être réservé aux “planistes” spécialistes ? Les marbriers sont-ils condamnés à ne travailler que sur le haut de gamme ?
Et pourront-ils tous en vivre ? Un marbrier funéraire qui fabrique aussi des plans pour la cuisine
ou la salle de bains, sera-t-il identifié comme un
professionnel ressource, par le monde de la
décoration haut de gamme ?
Les professionnels auront des réponses à apporter à toutes ces questions, et sans doute à bien
d’autres, mais cela nécessitera forcément,
d’abord un peu de temps, mais aussi un gros
effort de positionnement marketing, individuel et,
forcément aussi, collectif...
l’œil de l’expert
Daniel Derudet, marbrier
Daniel Derudet exposait
au salon du design de
Milan (cf p.12). Il en a
évidemment profité
pour visiter les autres
manifestations. Il nous
livre à chaud son analyse sur l’utilisation des
matériaux.
- surpris de trouver du
matériau naturel sur presque tous les stands,
(cuisines et salles de bains). Beaucoup de
marbre, donc de veinages, aspect assez marqué (marron du Brésil), Arabescato, marbre
blanc, Calacata, ainsi que de la pierre.
- utilisation du granit dans des finitions soignées, assemblages précis, avec motifs texturés même sur des plans de cuisine.
Habillage des façades de portes en matériau
naturel, utilisation du matériau en fine épaisseur ou du chant en finition type Knoll.
- vu de belles réalisations de texturage : vive le
numérique... il a de l'avenir... la pierre avec !
- Ilot évolutif avec translation du plan, uniquement en matériau naturel,
- en mobilier, guéridons et tables basses avec
dessus en marbre. Mais rien de très nouveau,
plutôt du basique en piètement mais avec du
naturel !
- encourageant et positif car retour au bois,
aux couleurs tendres et naturelles donc retour
à la pierre (même si présence du Dekton ou
autre Fenix), avec des finitions "douces" cuir
ou waterjet adouci.
Il y a encore beaucoup de choses à faire pour
démontrer notre savoir-faire, notre technicité
de marbrier.
Impressionné par le stand d'Antolini Luigi tout
en pierre Jurassic ! et par l'histoire de cette
pierre !
Le blanc ou le noir ont été souvent utilisés pour les
cuisines contemporaines.
Cuisines “classiques” en marbre et contemporaines en
granit. A noter que souvent, les fabricants proposaient
des plans mobiles.
pierreactual 5/2014 -
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Cuisine très
contemporaine
conçue par
Alberto Minotti,
en trois blocs
habillés en
pierre bleue de
Belgique chez
Steininger. Les
ajustements
entre les éléments horizontaux, verticaux
et les tiroirs,
sont réalisés
par des coupes
d’onglet très
précises.
l’œil de l’expert
Christophe Gazel et Catherine Rouyer Durand, institut IPEA
Christophe Gazel et
Catherine Rouyer
Durand, spécialistes de
l’univers de la maison,
nous livrent leur vision
des salons de Milan et
les tendances qu’ils y ont
dénichées. Les illustrations de cette double
page sont extraites du
cahier de tendances qu’ils ont réalisé après les
salons milanais.
Les aléas de la mondialisation, les conséquences de la crise, couplés à l’incertitude sur
le futur et la perte de repères, semblent avoir
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fragilisé la société.
Les consommateurs angoissés réagissent différemment face à la crise, certains aspirent à
une vie simple, naturelle, écologique, d’autres
imaginent des univers technologiques et futuristes. Des lieux industriels, innovants, et professionnels.
- Pour les adeptes du retour aux origines, se
dessine une nette volonté de ralentir, de retrouver la vie des campagnes d’autrefois, d’utiliser
des matériaux nobles, façonnés par la main de
l’homme.
C’est le retour du bois brut, de la terre cuite, du
rotin, de la pierre et du marbre.
Les cuisinistes sur Eurocucina l’utilisent en le
laissant brut, rude,
presque sauvage. Ils
jouent sur les épaisseurs, les aspérités…
Les plaques de marbre
deviennent sculptures.
Les bruns, les marrons
chauds rivalisent avec
les chocolats. On voit
apparaître des îlots centraux véritables abreuvoirs d’autrefois. Certaines “solid surfaces”
(résine, Corian..) vont
jusqu’à imiter le marbre
ou la pierre…
- Dans les univers HighTech, le marbre est
épuré, élégant. Sa fines-
Cuisine en granit noir finitions cuir et polie chez
Steininger. Tous les éléments en pierre de ce stand
ont été fabriqués par l’entreprise italienne Nikolaus
Bagnara.
se le rend fragile et précieux. Il se décline en
dégradés de noir et gris :
blanc, gris soie, gris
béton, anthracite, noir
d’encre…
Recouvert d’un film il
alterne le mat et le
brillant. Mais le marbre
ne se cantonne pas à
l’univers cuisine, on le
retrouve sur les plans de
toilette, d’une finesse
extrême, il leur apporte
une touche de luxe.
Les tables basses, les
rangements, les accotoirs… le marbre est
dans l’air du temps…
L’époque n’est plus aux
marbres "premiers prix"
recouvrant les blocs de
salles de bains espagnols !
Silestone et Dekton présentés sur le stand de la
marque italienne Rifra. Le producteur espagnol exposait également ses matériaux dans des show-rooms
milanais et a participé à l’évènement “Interni : susciter
de nouvelles idées pour la ville" à l'Université des
Etudes de Milan où était présenté le projet intitulé
L'exception Lunaire, dont le design a été imaginé et
réalisé par l’architecte Italo Rota.
A Milan, le marbre a
retrouvé sa noblesse,
son élégance, son
luxe, son prestige.
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l’œil de l’expert
Marc Spadaccini, distributeur
Toujours à l’affût des
tendances et des évolutions du marché, Marc
Spadaccini nous livre
son analyse
d’Eurocucina.
L’utilisation des matériaux dans le domaine
de la cuisine montre que
les cuisines de style
classique employaient surtout des matériaux
naturels, et notamment du marbre, travaillé
avec des formes (bec de corbin).
Les cuisines plus modernes proposaient des
couleurs uniformes (noir, blanc, taupe, marron), mais aussi du mélaminé, de la céramique
et du composite.
Au niveau des finitions, la tendance est au
brossé ou au satiné.
Sur un plan plus général, j’ai noté la faible présence des fabricants français, et l’absence
des leaders internationaux (Poggenpohl,
Siematic, Allmilmö, Nolte, Bulthaup).
S’il y avait plus de cuisines en marbre qu'en
granit, il faut rappeler qu’en Italie, en Espagne,
au Portugal, ou en Grèce, à la différence de la
France, on utilise fréquemment les marbres et
les pierres calcaires dans la cuisine, généralement en finition satinée.
C’est un phénomène “culturel” et il ne faut pas
oublier que si les marbres et la pierre sont plus
sensibles aux acides que le granit, ils sont
toujours plus résistants que le mélaminé...
Les obélisques en pierre Nerinea chez Antolini.
Dans l’espace réservé à la salle de bain, la présentation
du producteur italien Freri e Brignoli.
Aménagements de salle de bains ou mobilier pour salle
de séjour, en marbre.
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Le marbre comme écrin pour présenter des canapés.
Le marbrier italien Budri avait axé sa présentation sur
du mobilier de salle de bains en granit bleu type Azul
Macauba, et en marbre rose texturés.
Stand Lithos Design, haut en couleurs.
Stand entièrement réalisé en
albâtre par
l’atelier français
Alain Ellouz.
Les effets de la
décohésion
granulaire du
marbre de
Carrare, repris
comme un élément décoratif
par un fabricant de céramique.
Ambiance “jungle” chez un fournisseur de mobilier de
salle de bains.
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