Perte de confiance et panique sur le secteur
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Perte de confiance et panique sur le secteur
4 Octobre 2008 Jacques Chahine Perte de confiance et panique sur le secteur financier La crise que nous traversons dépasse déjà dans son ampleur la moyenne des 11 crises vécues depuis 1950. Comme elle n’est pas terminée encore, nul ne sait où elle finira par s’arrêter. Elle dure déjà depuis 444 jours ; la plus longue crise est celle liée à l’éclatement de la bulle Internet avec 1082 jours. Un vent de panique souffle sur les marchés financiers avec des renflouements ou des faillites de banques à la cadence de deux par jour. Les actionnaires perdent bien entendu la mise, mais aussi ceux qui détiennent les actions préférentielles. Chaque Etat utilise sa technique au cas par cas, mais l’Irlande a fait sensation en garantissant toutes ses banques. Un chemin que la Grèce a également emprunté. A l’origine de la panique, c’est la perte de confiance dans tout le système qui a suivi la faillite de Lehman avec ses 600Mds $ de bilan. Paulson et Bernanke ont reconnu leur erreur et ont volé au secours immédiat de AIG. Ils sont obligés de mettre sur la table 700Mds de $ pour essayer de rétablir cette confiance, qui s’est traduite par le gel des crédits interbancaires. Des Sicav monétaires exposées à Lehman ont vu des retraits massifs et la Fed a prêté de l’argent à des banques pour qu’ils rachètent le papier commercial de ces Sicav. Une véritable ruée a été observée vers les emprunts d’Etat à court terme, alors que les taux interbancaires s’envolaient. La prochaine crise risque de voir des retraits massifs des Sicav monétaires d’épargnants qui peuvent voir leur argent gelé ou subir des pertes en capital. Le problème n°1 est donc le rétablissement de la confiance et personne ne sait s’il ne faut pas donner la garantie de l’Etat comme l’a fait l’Irlande. La crise financière a fait rentrer en récession plusieurs économies développées et nos prévisions pour 2009 pour la croissance mondiale sont en recul partout, y inclus dans les pays qui avaient le vent en poupe il y a 3 mois (BRIC). Cette croissance va reculer de 4.9% en 2007 à 3.7% en 2008 et 3.3% en 2009. Les principaux indicateurs macro économiques comme le chômage aux Etats-Unis sont résolument dans le rouge vif. Dans cet environnement, il n’est pas surprenant de voir le 5ème trimestre consécutif de baisse des résultats à -5% pour les sociétés américaines. Mais sauf complications majeures, le 4ème trimestre devrait être très bon par un effet de base très favorable. Des deux côtés de l’Atlantique, on verra des résultats en diminution sur l’ensemble 2008 et les chiffres européens risquent d’être révisés fortement en raison des financières. HBOS, Fortis, Dexia affichent des prévisions de profit en 2008 ! Inutile de dire que les marchés n’ont jamais affiché une telle prime de risque, les multiples en Europe sont descendus nettement en dessous de 10. Dans ce vaste champ de bataille où les cadavres ne se comptent plus, quelques lueurs d’espoir se font jour. C’est l’intervention de l’homme d’affaires redoutable Warren Buffet, qui fait tranquillement son marché à coup de milliards. Mais on voit aussi des banques en meilleure santé que leurs collègues faire leurs emplettes à des prix ridicules, La surenchère de Wells Fargo sur Wachovia est de très bon augure. Et si la plan Paulson pouvait enfin ramener la confiance ? 1 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. La crise actuelle dépasse la moyenne des 11 crises précédentes Le vote du plan de sauvetage Paulson de 700Mds $ n’a pas réussi à ramener le calme sur les marchés. Le S&P 500 a clôturé à son plus bas depuis le début de la crise à 1099, ce qui amène la correction à -29.8% depuis le 17/7/2007. La correction est désormais supérieure à la moyenne ou la médiane des 11 crises que nous avons répertoriées depuis le début des années 50. La correction moyenne pour l’indice S&P500 est à -28.9% alors que la médiane est à -27.1%. La durée moyenne des crises recensées est de 422 jours, nous en sommes à 444 jours de crise. Comme nul ne peut dire que le plus bas atteint vendredi dernier ne sera pas à nouveau enfoncé, nous sommes probablement en train de vivre l’une des plus graves crises des 50 dernières années, certains n’hésitant pas à parler d’un deuxième crash de 1929. La crise actuelle dépasse d’ores et déjà la moyenne des précédentes crises Draw donw ending in Size of Draw down Date High Date Low Duration Days Crisis 1 957 -21.5% 02/08/1956 22/10/1957 446 Recession following prior monetary tightening 1 960 -14.0% 03/08/1959 25/10/1960 449 Economic slowdown 1 962 -28.0% 12/12/1961 26/06/1962 196 Cuba Missile crisis 1 966 -22.2% 09/02/1966 07/10/1966 240 End bull Market. Height Vietnam war 1 970 -34.7% 14/05/1969 26/05/1970 377 Stagflation period 1 974 -48.2% 11/01/1973 03/10/1974 630 First Oil Shock 1 982 -27.1% 28/11/1980 12/08/1982 622 Second Oil Shock 1 988 -33.5% 25/08/1987 20/01/1988 148 1987 Market crash 1 990 -17.9% 09/10/1989 11/10/1990 367 3rd Oil shock 1 998 -21.6% 17/07/1998 08/10/1998 2 003 -49.1% 24/03/2000 11/03/2003 2 008 -29.8% 17/07/2007 03/10/2008 Average -28.9% 422 Median -27.1% 377 83 Asian Credit crisis 1 082 Internet Bubble 444 Subprime Credit Crunch. 4th oil shock Vent de panique sur tous les marchés L’œil du cyclone se situe au cœur du système financier américain et s’est rapidement propagé à l’ensemble du système financier mondial. Les événements se sont précipités ces deux dernières semaines à la cadence de deux sauvetages d’établissements financiers par jour. La nationalisation gigantesque des deux établissements financiers Fannie Mae et Freddie Mac n’a pas suffi pour ramener le calme. Des mastodontes comme l’assureur AIG ont été sauvés (et quasi nationalisés) in extremis. Les banques, sous la protection du FDIC remettent les clés l’une après l’autre et sont fusionnées in extremis avec des établissements plus grands. En Europe, la crise a pris une tournure tragique avec des grands établissements qui perdaient 60 à 90% de leur valeur. Ils ont été soit nationalisés comme Bradford and Bringley, soit renfloués par leurs Etats comme Fortis et Dexia, soit fusionnés avec des plus grands établissements comme l’absorption de HBOS par Lloyd TSB. Dans tous ces cas de fusion, la main de l’Etat est présente aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe, typiquement en donnant des garanties sur les actifs absorbés ou en injectant du capital. Cela avait commencé par l’absorption de Bear Stearn par JP Morgan où l’Etat garantissait la banque au-delà d’une perte maximum. Dans le cas de HBOS Lloyd, l’accord est « opaque » mais semble résider dans la possibilité offerte à Lloyd de parquer les milliards de crédits hypothécaires à la Banque d’Angleterre et recevoir en contrepartie des bons du trésor hautement liquides, et cela jusqu’à 3 ans. L’absorption de Wachovia 2 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. par Citigroup est extrêmement intéressante ! Le deal comportait une garantie de l’Etat fournie à Citigroup au-delà de 40Mds$ de pertes sur le portefeuille de prêts, mais l’Etat recevait en contrepartie 12Mds $ d’actions préférentielles. Wells Fargo a surgi subitement pour offrir un deal SANS garantie de l’Etat et bien mieux payé. Entre temps, le plan de sauvetage Paulson a été voté et Wells Fargo a calculé qu’il pouvait larguer les titres toxiques avec profit avec ce nouveau plan, voire les conserver. Cela montre à quel point le marché est devenu irrationnel et confus et bien malin celui qui peut séparer le grain de l’ivraie, mais une telle offre d’une banque reconnue pour sa grande prudence a de quoi réconforter. Les établissements financiers les plus secoués de par le monde Msci The World Index /1/ Financials Bench ISO Country GICS Sector Weight 01/01/08 Morning Weight 03/10/08 Evening Perf Contrib Washington Mutual US Thrifts & Mortgage Finance 0.18% 0.00% -99.8% Lehman Brothers Holdings US Investment Banking & Brokerage 0.46% 0.00% -99.7% -0.18% Bankruptcy. JP Morgan -0.50% Bankruptcy. Fannie Mae US Thrifts & Mortgage Finance 0.61% 0.03% -96.6% -0.60% Nationalized Freddie Mac US Thrifts & Mortgage Finance 0.35% 0.02% -95.6% -0.32% Nationalized American Intl Group US Multi-line Insurance 1.98% 0.20% -93.4% -1.89% Nationalized Wachovia Corp. -1.00% Wells Fargo? US Diversified Banks 1.17% 0.29% -83.7% Hypo Real Estate Hldgs (DE Listing) DE Diversified Banks 0.17% 0.04% -80.4% -0.12% 35B€ government rescue National City Corp. US Regional Banks 0.15% 0.05% -78.7% -0.12% Under stress General Growth Properties US Retail REITs 0.14% 0.05% -76.5% -0.11% In liquidity squeeze HBOS Plc (GB Listing) GB Diversified Banks 0.85% 0.42% -75.0% -0.67% Acquired by Lloyds (indirect government aid) Fortis BE Other Diversified Financial Services 0.85% 0.36% -71.6% -0.60% Government Bail out XL Capital Ltd. US Property & Casualty Insurance 0.14% 0.10% -70.2% -0.10% ?? Genworth Financial Inc US Multi-line Insurance 0.18% 0.07% -70.1% -0.12% Still AA? Hartford Financial US Multi-line Insurance 0.43% 0.19% -68.6% -0.28% Struggling NYSE Euronext (US Listing) US Specialized Finance 0.18% 0.10% -61.4% -0.11% Stock markets suffering Banco Comercial Portugues PT Diversified Banks 0.12% 0.08% -59.4% -0.08% ? Old Mutual Plc (GB Listing) GB Life & Health Insurance 0.27% 0.15% -58.8% -0.15% Struggling Hong Kong Exch & Clearing HK -0.26% ? Specialized Finance 0.47% 0.27% -56.9% Royal Bank Of Scotland (Ordinary)GB Diversified Banks 1.38% 1.18% -55.3% -0.88% Struggling Bank Of Ireland EI Diversified Banks 0.23% 0.15% -55.1% -0.12% State Guarantee Morgan Stanley US Investment Banking & Brokerage 0.78% 0.52% -55.0% -0.43% Transformed into Bank. Japanese capital Allied Irish Banks EI Diversified Banks 0.31% 0.20% -54.8% -0.16% State Guarantee Macquarie Group Ltd AU Investment Banking & Brokerage 0.28% 0.18% -54.4% -0.15% Exposure to Infrastructure and finance Dexia BE Diversified Banks 0.21% 0.13% -53.1% -0.10% States Bailout Principal Financial Group US Life & Health Insurance 0.28% 0.18% -52.8% -0.14% Struggling Deutsche Boerse AG (DE Listing) DE Specialized Finance 0.62% 0.40% -52.5% -0.32% Stock markets suffering -0.08% State Guarantee EFG Eurobank Ergasias SA GR Diversified Banks 0.17% 0.12% -50.3% Merrill Lynch & Co US Investment Banking & Brokerage 0.69% 0.90% -50.3% -0.35% Sold to Bank of America SLM Corp. US Consumer Finance 0.16% 0.10% -50.3% -0.07% Nationalized Aegon (Ordinary) NL Life & Health Insurance 0.40% 0.27% -49.4% -0.18% Substantial recent underperformance Bank Of Piraeus GR Diversified Banks 0.19% 0.13% -49.3% -0.09% State Guarantee Commerzbank AG (DE Listing) DE Diversified Banks 0.37% 0.29% -49.0% -0.18% ? Unicredit SpA (Ordinary) IT Diversified Banks 1.21% 1.05% -48.7% -0.65% Close to state bailout? UBS AG (CH Listing) CH Diversified Capital Markets 1.49% 1.35% -48.6% -0.76% Struggling. Discreet Federation intervention? Nous donnons dans ce tableau synthétique les valeurs qui ont le plus souffert depuis le début de l’année dans le secteur MSCI World Finance, qui inclut les banques, l’immobilier et l’assurance ainsi que les bourses. Nous avons retenu les sociétés qui représentaient plus de 0.15% de la capitalisation du secteur en début d’année et les avons classées selon les plus fortes baisses, en commençant pas les faillites de Washington Mutual et Lehman. Les diverses 3 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. remarques montrent comment les divers Etats ont fait face à chaque problème au cas par cas. Ce tableau révèle qu’il existe encore plusieurs établissements sous stress ayant perdu parfois plus de 50% de leur valeur en 2008 (et déjà un bon bout en 2007). Un secteur dont on parle moins qui est sinistré est l’immobilier et ce tableau révèle l’éclatement de la bulle à Hong Kong et par conséquent en Chine et Shanghai en particulier. Ces établissements sont souvent très endettés auprès des banques. Il reste plusieurs banques régionales américaines en détresse mais également des grands noms d’assureurs comme Hartford International qui a presque perdu 70% de sa valeur depuis le début de l’année. Pour la petite histoire, les bourses comme le NYSE ou le LSE ont perdu plus de 50% de leur valeur. La faillite de Lehman a précipité la crise de confiance Si la plupart des établissements en difficulté ont été sauvés jusque là par leurs autorités de tutelle, les américains ont fait l’erreur majeure de laisser faillir Lehman en créant le plus gros imbroglio de l’histoire financière. Paulson et Bernanke l’ont admis en faisant une volte face rapide pour sauver AIG. Hélas, le mal était déjà fait et la confiance, qui se construit sur des décennies dans la finance, se perd en quelques instants au moindre doute. Si un établissement aussi prestigieux que Lehman pouvait faillir, alors en qui peut-on avoir confiance ? D’autant que les pertes subies par les créditeurs sont colossales avec un bilan de la banque de 600Mds $. Des Sicav monétaires détenaient du papier Lehman et ont dû publier des valeurs liquidatives en baisse, un sacrilège pour l’épargnant qui choisit un tel véhicule pour sa sécurité absolue. Si les crédits interbancaires étaient déjà bancals avant la faillite, ils se sont complètement grippés depuis. Les taux Libor interbancaires se sont ENVOLES des deux côtés de l’Atlantique, alors que l’ultime refuge des emprunts d’Etat à court terme a vu ses rendements s’effondrer et par moment devenir négatifs. Le graphique ci-dessous sur le marché américain à 3 mois situe bien le dysfonctionnement juste après la faillite de Lehman. Fuite devant les dépôts bancaires. Ruée vers les emprunts d’Etat Spread between Government bonds and Interbank rates USA 6.0 6.0 5.0 5.0 Date of Lehmann Bankrupcy 4.0 4.0 3.0 3.0 2.0 2.0 1.0 1.0 0.0 Sep 07 0.0 Oct 07 Nov 07 Dec 07 Jan 08 Feb 08 Mar 08 Apr 08 Us Interbank Rates Bba Libor 3 Month May 08 Jun 08 Jul 08 3 Months Government Bond (US) 4 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. Aug 08 Sep 08 Oct 08 Le même constat est fait au niveau du marché de l’Eurozone, peut être même avec une frénésie plus grande pour acheter des emprunts d’Etat. Les salles de marché étaient incapables de répondre à la demande pour trouver du papier court, les épargnants se résignant à prendre du papier à un an quand ils voulaient du 3 mois. Mais la question qu’il faut se poser est la provenance des fonds qui viennent se réfugier dans ces emprunts d’Etat. Une partie vient certes du retrait des actions, mais l’ampleur est limitée car les acheteurs et vendeurs se font plus rares à ces niveaux de cours. La grande majorité des flux vient des Sicav Monétaires qui ont cassé le « buck », c'est-à-dire tombé en dessous du nominal (les Sicav monétaires américaines valent toujours 1$, l’appréciation va en dividende). Or suite à la faillite de Lehman, des grandes Sicav ont dévissé, obligeant le gouvernement à donner des garanties aux épargnants. Même fuite des épargnants européens devant le risque de contrepartie Spread between Government bonds and Interbank rates Germany 5.5 5.5 5.0 5.0 4.5 4.5 4.0 4.0 3.5 3.5 3.0 Sep 07 3.0 Oct 07 Nov 07 Dec 07 Jan 08 Feb 08 Mar 08 Apr 08 3 Months Government Bond (DE) May 08 Jun 08 Jul 08 Aug 08 Sep 08 Oct 08 De Interbank Rates Bba Libor 3 Month Les Sicav monétaires représentent 3.500Mds $ aux US et plus de 1000Mds € en Europe. Or elles détiennent essentiellement de la dette corporate ou de la dette émise par les banques, comme celle de la défunte Lehman et souvent aux Etats-Unis des MBS. Elles ont aussi des obligations à taux variables d’une duration plus longue qui en temps normal ne présentent aucun danger. Des retraits massifs de ces Sicav ou du marché du papier commercial met en grand danger le fonctionnement de l’économie. Un rush irraisonné sur ces Sicav les rendrait vite illiquides, car même du papier corporate triple A ne pourra plus être vendu sur le marché. C’est le prochain casse tête qui attend les autorités monétaires. La Fed a d’ailleurs commencé à prêter à des banques commerciales pour qu’elles achètent le papier que les Sicav monétaires n’arrivaient pas à vendre pour faire face aux retraits. C’est l’illustration flagrante de la perte de confiance quand on laisse faillir un établissement de la taille de Lehman. D’ailleurs, les effets de cette faillite vont continuer à se faire sentir pour longtemps, la litanie des institutions impactées ne cesse de s’allonger de jour en jour. 5 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. Les 700 Mds du plan Paulson vont-ils ramener le calme ? Est-ce que le plan Paulson réussira à stabiliser la situation ? La réaction de la bourse après le vote vendredi dernier montre un certain scepticisme, mais il faut clairement lui donner la chance d’entrer en action. Paulson est un grand financier, ancien président de Goldman Sachs et connaît bien la complexité de Wall Street. Il faudra donc agir vite, créer la surprise et surtout ramener la confiance. La faillite de Washington Mutual laisse encore des plaies avec un total de bilan de 319Mds $. Les actionnaires ont perdu la mise, les détenteurs d’actions préférentielles aussi, mais surtout tous ceux qui détiennent de la dette de la banque. Le rachat par JP Morgan n’arrange pas les créanciers, ce dernier prenant les joyaux de la couronne et laissant les autres créanciers se débattre. Il faut espérer que des établissements similaires pourront éviter de déposer le bilan en cédant leurs actifs toxiques dans le cadre du plan Paulson. En Europe, il faut observer que jusque-là, aucune faillite retentissante n’est venue léser les épargnants ou les investisseurs. Tous les établissements ébranlés ont été sauvés, et seuls les actionnaires ont perdu la mise en entier (nationalisation de Northern Rock) ou beaucoup d’argent comme pour Fortis ou Dexia. On voit bien le gouvernement allemand éviter à tout prix la moindre faillite en venant au secours de Hypo Real. La garantie de l’Etat utilisée déjà par l’Irlande et la Grèce est une mesure très forte, mais aux conséquences difficiles à prévoir. Dans ce vaste champ de bataille où les cadavres ne se comptent plus, quelques lueurs d’espoir se font jour. C’est l’intervention de l’homme d’affaires redoutable Warren Buffet, qui fait tranquillement son marché à coup de milliards. Mais on voit surtout des banques en meilleure santé que leurs collègues faire leurs emplettes à des prix ridicules, en prenant garde en plus d’acheter les « beaux morceaux » et laisser le reste au contribuable. La bataille autour de Wachovia est de très bon augure. Par ailleurs, la possibilité laissée aux banques d’utiliser leur « jugement » pour valoriser des actifs peu liquides plutôt que d’utiliser des prix à la casse deème vrait impacter positivement les résultats du secteur financier dès le 4 trimestre. De la planète financière vers l’économie réelle Les soubresauts de la crise financière n’ont pas manqué de se propager à l’économie réelle. Les indicateurs macro économiques sont tous dans le rouge, et notamment l’ensemble des statistiques sur le chômage qui ont un impact sérieux sur le pouvoir d’achat. Le prix des maisons continue de chuter et il faut espérer que l’un des effets du plan Paulson sera d’arrêter ce cycle infernal de saisies immobilières et de ventes forcées. Tout le monde s’accorde à dire que les principaux pays occidentaux sont entrés en récession, l’Eurozone ayant affiché un deuxième ème trimestre négatif, le 3 ne sera sûrement pas meilleur avec les remous qu’on a connu. Comme nous le craignions, la crise se propage graduellement vers l’Asie et les pays émergents, y compris les pays ayant le plus profité de la bulle sur l’énergie et les matières premières. La bulle sur le secteur continue de se dégonfler et pèse sur les indices boursiers. Ainsi, le secteur des produits de base affiche LA PLUS FORTE BAISSE du MSCI World, devant les financières avec une chute de 37.2% depuis le début de l’année contre 32.6% pour les financières qui arrivent en 3ème derrière le secteur industriel. Le secteur de l’énergie est dans la moyenne avec -27.7%. Notre modèle de prévision de la croissance mondiale établi à partir du Consensus Macroeconomics affiche une prévision de 3.7% en 2008 contre 4.4% en début d’année. Mais c’est surtout 2009 qui risque d’être le point bas, avec une prévision de 3.3%. Aucun pays ne semble maintenant à l’abri des révisions à la baisse selon le consensus macroéconomique. Les fameuses économies des « BRIC » sont « cassées », prises entre le ralentissement de leurs clients (Chine ou Inde) et l’effondrement des cours des matières premières (Brésil et Russie). Il n’y a qu’à écouter les nouvelles du marché boursier russe pour comprendre l’impact de la crise. Les Etats-Unis 6 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. devraient mieux résister que l’Europe et le Japon selon le consensus. Il faut savoir que selon nos modèles, 1 point de croissance mondiale ampute les profits de 9% en Europe et 5.5% aux Etats-Unis. Le modèle Top Down donnerait dans ce cas un taux de croissance de 4.5% des profits deux côtés de l’Atlantique et une dégradation beaucoup plus sévère en Europe si l’économie continue d’être revue à la baisse. Poursuite de la décélération l’économie mondiale en 2009 World GDP growth at Purchasing Power Parity 8% 7% 6% 5% 5.0% 4.9% 4.6% 4.9% 4.6% 4.3% 4.1% 3.8% 4% 3.6% 3.7% 3.7% 3.7% 3.5% 3.5% 3.3% 3.1% 3% 2.6% 2.4% 2.0% 2.2% 2.1% 2% 1.4% 1% 0% 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 F 2009 F Source: EIU/Consensus Macroeconomics/Factset Les pays développés ET les pays émergents vont ressentir la crise en 2009 2009 GDP Forecasts and Revisions for main contries % GDP Growth 12 10 China 8 India Russia 6 4 Brazil 2 US Eurozone Japan 0 Jan/08 Feb/08 Mar/08 Apr/08 May/08 Source: Consensus Macroeconomics 7 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. Jun/08 Jul/08 Aug/08 Sep/08 Le point sur les parutions du 3ème trimestre ème Les regards vont se tourner bientôt sur les parutions du 3 trimestre qui permettront de voir l’impact de la crise financière sur les résultats des entreprises. Le consensus FactSet affiche une baisse des résultats de 5% par rapport au 3ème trimestre de l’année dernière et a été constamment raboté ces derniers mois. Excluant le secteur financier, l’attente est une hausse de 12% (!) ce qui reste tout à fait remarquable. On aura vu 5 trimestres consécutifs de baisse mais la recovery sur le 4ème trimestre semble importante, même si elle a eu tendance à se réduire. On attend 43% de hausse, expliqué par le retour à des profits des financières prévu deux fois ème moindre que celui des belles années. Il se compare à une perte au 4 trimestre de l’année dernière. Ce n’est pas impossible si le plan Paulson finit par produire ses effets. L’assouplissement des normes comptables GAAP ou IFRS pour valoriser les actifs peu liquides ème ème pourra réserver quelques bonnes surprises au 3 et 4 trimestre. Le 3ème trimestre encore impacté par les provisions sur les financières Quarterly EPS Growth for S&P 500 50% 50% 43% 40% 40% 37% 30% 28% 30% 25% 19% 20% 30% 25% 21% 18% 17% 19% 18% 20% 17% 15% 12% 14% 13% 12% 11% 10% 10% 12% 11% 10% 5% 5% 0% 0% -5% -6% -10% -10% -15% -20% -20% -22% -25% -30% -30% 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 S&P 500 Bench (US) Les financières vont afficher une perte de plus de 70% par rapport à leurs profits très maigres de l’année dernière. Le deuxième secteur dans le rouge sont les biens de consommation cyclième trimesques, automobile en tête. General Motors et Ford vont encore perdre de l’argent au 3 tre, et peut être beaucoup plus que le consensus à l’examen des chiffres dramatiques de chute des ventes en Septembre. General Motors est en quasi faillite avec ses 5Mds de capitalisation et ses dettes conséquentes difficiles à chiffrer sans connaître ses engagements dans GMAC, cédé à 51% à Cerebrus en 2006. Il a perdu 80% de sa valeur dans la crise. Ford n’est pas en meilleur état. Après le chantier des banques, Paulson ou son successeur devront s’acharner à sauver l’industrie automobile et les millions d’emplois avec. La performance du 3ème trimestre est encore impactée positivement par les profits dans le secteur de l’énergie qui sont vraiment en très haut de cycle et ont peu de chance de rééditer leur exploit en 2009. A remarquer que les secteurs défensifs reprennent l’avantage avec des croissances à un chiffre, mais rassurantes dans le climat actuel. 8 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. Est-ce le dernier trimestre de calvaire pour les financières ? Les pétrolières engrangent des gros profits EPS Growth by Sector for S&P 500 companies. Q3 2008 30% 20% 10% 12% 5% 47% 8% 6% 5% 4% 2% 0% 0% -5% -5% -7% -78% Telecom Serv Cons Discr Financials -10% -20% -30% -40% S&P 500 S&P 500 ex Financials Nasdaq 100 Energy Cons Staples Info Tech HealthCare Materials Utilities Industrials La correction sur les actions dépasse désormais les 25% depuis le début de l’année Peu de secteurs résistent à la crise actuelle, à l’exception de la santé et des produits de première nécessité. Les matières premières ont subi une correction énorme, supérieure à celle des financières. Le secteur des télécoms n’a montré aucun caractère défensif, comme par le passé où il figurait parmi les utilities. Il est clair que ce secteur se compare beaucoup plus volontiers à la technologie qu’au bon vieux monopole du téléphone. L’effondrement des matières premières, importantes surtout en Europe, est à la hauteur de la chute des cours mondiaux des divers denrées. On trouvera ci-dessous les principales corrections par rapport au plus haut atteint il y a quelques mois. Le coût du fret pondéreux, comme le charbon, s’est écroulé de 75% par rapport à un prix de folie. Les valeurs cotées comme Golden Ocean ont vu leur cours suivre le même chemin. On peut maintenant offrir à sa petite amie un bijou en platine, le prix de ce métal précieux a rejoint celui de l’or. Le blé a entamé une baisse de plus de 50% de son plus haut et le maïs, soja et le riz sont en fort repli. Le gaz naturel est devenu très accessible, son cours ayant baissé de moitié, ce qui explique la campagne de Shell pour vendre du GTL sous l’emblème environnemental. Et puis le pétrole est à 90$ le baril et est au plus bas récent comme d’ailleurs les autres matières premières. Sa folie a creusé sa propre tombe en entraînant le monde dans la récession, seule manière de réduire la demande face à une offre raréfiée. Le charbon est l’un des rares combustibles à afficher des cours très élevés, ce qui pénalisera la Chine si cela perdure. Nous avons calculé qu’aux cours actuels, un baril de pétrole vaut 90$, son équivalent calorifique en gaz est à 43$ et celui du charbon à 24$. On peut penser que le gaz remplacera certaines utilisations du pétrole dans le transport routier notamment. 9 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. Performance sectorielles : les défensives jouent leur rôle Price Performance YTD by Sector US vs Europe in local ccy 8.0% 4.0% 0.0% -4.0% -6% -8.0% -8% -12.0% -14% -16.0% -20.0% -19% -24.0% -24% -25% -25% -25% -28.0% -27% -28% -28% -29% -32.0% -31% -32% -30% -32% -33% -33% -36.0% -33% -36% -37% -40.0% Total Consumer Consumer Staples Discretionary Energy Financials Healthcare MSCI USA Industrials Information Technology -37% Materials Telecommunication Svc Utilities MSCI Europe Très fortes corrections sur des matières premières importantes Minibase in USD as of 03/10/08 Description Freight Baltic Dry Platinium Spot Lead Spot Nickel 1 Pos Wheat Kansas Silver Spot Natural Gas 1 Pos Price High Price YTD Low Price 6 % Change Year % Change Year Months YTD 2007 3 002 11 793 2 990 -67.2% 107.9% -74.6% -74.5% 950 2 240 950 -37.5% 34.3% -57.6% -57.6% HI to Lo Distance from Hi 1 680 3 460 1 546 -33.6% 43.0% -55.3% -51.4% 14 965 33 230 14 965 -42.6% -23.4% -55.0% -55.0% 6 13 6 -29.8% 84.9% -52.3% -52.1% 11 21 10 -24.9% 14.8% -49.7% -46.6% -45.8% 7 14 7 -1.7% 18.8% -46.8% Zinc 1 Pos 1 583 2 815 1 564 -32.8% -45.1% -44.4% -43.8% Coal 1 Pos 117 143 86 109.3% 40.9% -39.9% -18.4% Corn 1 Pos 454 755 454 -0.3% 16.7% -39.8% -39.8% 93 103 63 8.2% -7.5% -39.3% -10.2% Brent 1 Pos 90 146 89 -3.8% 54.2% -38.9% -38.2% Cotton 1 Pos 56 89 55 -18.2% 21.0% -38.1% -37.5% -35.9% Pork Bellies 2 Pos Soybeans Brazil 1 Pos LME Rice 1 Pos Copper 1 Pos 391 610 391 -8.7% 67.0% -35.9% 2 906 4 400 2 846 -14.4% -8.3% -35.3% -34.0% 18 24 16 35.4% 33.8% -35.1% -25.0% 271 408 265 -10.7% 6.2% -34.9% -33.7% 10 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. Les profits 2008 seront en baisse des deux côtés de l’Atlantique Les perspectives bénéficiaires pour 2008 sont globalement très proches des deux côtés de l’Atlantique, c'est-à-dire à l’équilibre ou dans le rouge. Nous accorderons néanmoins une meilleure qualité de prévisions aux USA en ce qui concerne les financières notamment. Fortis, sauvée de la faillite a un consensus très positif, sauf un analyste récent qui a basculé dans le rouge. Dexia est « largement » positif alors que pour Hypo Real Estate les pertes ne sont prises en compte que par quelques bureaux d’étude. HBOS en faillite et repris par Lloyd affiche des prévisions de 2Mds £ de bénéfices pour 2008 ! Nous attendons une « grande lessive » sur le secteur financier d’ici la fin de l’année en matière de prévisions et de provisions sur les résultats. Financières européennes peu crédibles. Energie et matières premières en haut de cycle Comparative EPS Growth 2008 US Europe Japan 40% 35% 34% 29% 30% 20% 16% 11% 10% 12% 10% 9% 8% 11% 9% 7% 8% 7% 4% 2% 1% 6% 1% 0% 0% 0% -1% -2% -3% 0% -4% -5% -10% -10% -20% -11% -18% -21% -30% -40% Total Consumer discretionary Consumer staples Energy Financials S&P 500 Healthcare MSCI Europe Industrials Information technology Materials Telecom services Utilities MSCI Japan Valorisation des marchés : des multiples de capitalisation en dessous de 10x Le marché européen est valorisé à 8.9x les profits attendus sur les 12 prochains mois, tandis que le S&P 500 est à 11.3x. Pour retrouver un PE plus normal de 13x, compte tenu du niveau des taux longs, il faut que les profits soient révisés de 32%. Tout est possible dans les conditions folles de marché que nous vivons, mais cela ne s’est jamais vu, même lors de l’éclatement violent de la bulle Internet. Les primes de risque sont évidemment au plus haut, et le potentiel d’appréciation du marché considérable. 11 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. Le scénario à la casse donne un marché américain encore sous évalué S&P 500 Valuation 10 Years Gvt bonds CAGR Compounded Annual growth rate from 2008 3.00% 3.25% 3.64% 4.00% 4.50% Slowdown 2008-2009 Earnings to -5% and 5%. Normative 10% in 2010. CAGR = 6.09% 1 899 1 784 1 628 1 501 1 350 Implied Scénario CAGR -0.07% over 8 years 1 289 1 215 1 114 1 032 934 Consensus Scenario =14.7% in 2010 (CAGR 12.38% over 8 yrs) 3 057 2 870 2 615 2 406 2 160 Current Index Standard and Poors 1 114 Le scénario à la casse avec une chute de 5% des profits alors que le consensus est à -1% et une hausse modeste des profits de 5% en 2009, contre 24% attendus par le consensus donne un marché à 1628 points et 1350 si les taux longs grimpent à 4.5%. Quant au marché européen, les PE sont tellement déprimés que la Prime de Risque s’avère encore plus élevée qu’aux Etats-Unis. Des cascades de baisse de profit ne remettent pas en cause la sous évaluation notoire. Le scénario implicite dans les cours est une baisse moyenne des profits de 2.5% par an sur 8 ans. C’est ce qu’on appelle un marché irrationnel, dans une époque irrationnelle. Même un CAGR de 3.5% montre que l’Europe est sous évaluée DJ Stoxx 600 Valuation 10 Years Gvt bonds CAGR Compounded Annual growth rate from 2008 3.75% 4.00% 4.12% 4.50% 5.00% Slowdown 2008-2009 Earnings to -5% and -5%. Normative 10% in 2010. CAGR = 3.45% 446 423 413 383 349 Implied Scénario CAGR -2.46% over 8 years 272 260 254 238 219 Consensus Scenario =9.7% in 2010 (CAGR 5.48% over 8 yrs) 538 511 499 462 421 Current Index DJ Stoxx 600 254 En conclusion, la crise que nous traversons dépasse déjà dans son ampleur la moyenne des 11 crises vécues depuis 1950. Comme elle n’est pas terminée encore, nul ne sait où elle finira par s’arrêter. Elle dure déjà depuis 444 jours ; la plus longue crise est celle liée à l’éclatement de la bulle Internet avec 1082 jours. Un vent de panique souffle sur les marchés financiers avec des renflouements ou des faillites de banques à la cadence de deux par jour. Les actionnaires perdent bien entendu la mise, mais aussi ceux qui détiennent les actions préférentielles. Chaque Etat utilise sa technique au cas par cas, mais l’Irlande a fait sensation en garantissant toutes ses banques. Un chemin que la Grèce a également emprunté. A l’origine de la panique, c’est la perte de confiance dans tout le système qui a suivi la faillite de Lehman avec ses 1600Mds $ de bilan. Paulson et Bernanke ont reconnu leur erreur et ont volé au secours immédiat de AIG. Ils 12 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. sont obligés de mettre sur la table 700Mds de $ pour essayer de rétablir cette confiance, qui s’est traduite par le gel des crédits interbancaires. Des Sicav monétaires exposées à Lehman ont vu des retraits massifs et la Fed a prêté de l’argent à des banques pour qu’elles rachètent le papier commercial de ces Sicav. Une véritable ruée a été observée vers les emprunts d’état à court terme, alors que les taux interbancaires s’envolaient. La prochaine crise risque de voir des retraits massifs des Sicav monétaires d’épargnants qui peuvent voir leur argent gelé ou subir des pertes en capital. Le problème n°1 est donc le rétablissement de la confiance et personne ne sait s’il ne faut pas donner la garantie de l’Etat comme l’a fait l’Irlande. La crise financière a fait rentrer en récession plusieurs économies développées et nos prévisions pour 2009 pour la croissance mondiale sont en recul partout y inclus dans les pays qui avaient le vent en poupe il y a 3 mois (BRIC). Cette croissance va reculer de 4.9% en 2007 à 3.7% en 2008 et 3.3% en 2009. Les principaux indicateurs macro économiques comme le chômage aux Etats-Unis sont résolument dans le rouge vif. ème trimestre consécutif de baisse Dans cet environnement, il n’est pas surprenant de voir le 5 ème des résultats à -5% pour le sociétés américaines. Mais sauf complications majeures, le 4 trimestre devrait être très bon par un effet de base très favorable. Des deux côtés de l’Atlantique, on verra des résultats en diminution sur l’ensemble 2008 et les chiffres européens risquent d’être révisés fortement en raison des financières. HBOS, Fortis, Dexia affichent des prévisions de profit en 2008 ! Inutile de dire que les marchés n’ont jamais affiché une telle prime de risque, les multiples en Europe sont descendus nettement en dessous de 10. Dans ce vaste champ de bataille où les cadavres ne se comptent plus, quelques lueurs d’espoir se font jour. C’est l’intervention de l’homme d’affaires redoutable Warren Buffet, qui fait tranquillement son marché à coup de milliards. Mais on voit aussi des banques en meilleure santé que leurs collègues faire leurs emplettes à des prix ridicules, La surenchère de Wells Fargo sur Wachovia est de très bon augure. Et si la plan Paulson pouvait enfin ramener la confiance ? 13 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. Main ratios for markets and sectors as of 3/10/08 (in local currency) Capi Weight Perf Weighted Per % Wted EPS Chge 2008 2007 2009 2008 2009 2008 2 008 2007 Div Yield Revision vs M-3% Fiscal 09 Fiscal 08 DJGI 370.9% -29.3% 8.3% 10.0 x 11.8 x 18% -2% 7% 3.3% -8.6% -9.6% S&P 500 (US) 141.8% -25.2% 3.4% 10.8 x 13.4 x 24% -1% -5% 2.6% -4.4% -5.6% DJ Euro Stoxx 50 33.0% -29.2% 6.8% 8.3 x 9.2 x 11% 0% 6% 5.2% -2.4% -2.8% DJ Euro Stoxx 50.9% -30.9% 4.9% 8.5 x 9.5 x 11% 1% 8% 5.0% -3.1% -2.8% 0.0% -28.8% -12.8% 12.6 x 13.5 x 7% -1% 10% 2.0% -4.1% -3.2% Nikkei 225 AEX (NL) 0.0% -33.3% 4.1% 6.9 x 7.2 x 4% 15% 2% 5.2% 1.0% 0.3% ATX (AT) 0.8% -37.6% 1.0% 6.9 x 7.6 x 11% 15% 3% 4.1% -3.1% -1.3% Bel 20 (BE) 0.0% -33.7% -6.0% 9.3 x 10.3 x 11% -14% -3% 4.7% -12.3% -12.7% CAC 40 (FR) 15.2% -27.3% 1.3% 8.4 x 9.1 x 9% 11% 0% 4.6% -0.5% -1.4% DAX Price (DE) 11.2% -30.6% 19.2% 8.9 x 10.7 x 21% -10% 17% 4.5% -3.2% -6.3% FTSE 100 (GB) 31.2% -22.8% 3.7% 8.2 x 9.0 x 9% 9% 7% 4.8% 0.7% 1.8% Ibex 35 (ES) 7.9% -24.8% 7.2% 9.3 x 10.1 x 9% 2% 18% 5.3% -2.3% -2.1% Iseq (EI) 1.1% -42.8% -25.3% 8.1 x 7.0 x -14% -13% 13% 4.8% -14.0% -4.5% OMXC20 (DK) 2.1% -24.3% 5.8% 9.8 x 11.0 x 13% 10% 11% 2.3% -0.9% 2.0% Mib 30 (IT) 8.0% -32.5% -6.6% 7.8 x 8.4 x 8% 8% 1% 6.5% -3.3% -1.8% OBX (NO) 1.3% -38.2% 17.6% 6.4 x 7.3 x 15% 18% 1% 6.1% -1.3% -1.9% OMXS30 (SE) 3.9% -28.3% -5.7% 9.4 x 10.2 x 8% -8% -2% 5.4% -4.1% -5.8% OMXH25 (FI) 1.2% -34.5% 3.7% 8.8 x 10.1 x 15% -3% 8% 6.6% -2.4% -3.0% PSI 20 (PT) 0.5% -40.8% 16.3% 11.0 x 13.1 x 19% -24% -1% 4.8% -7.7% -13.5% 10.9% -18.6% -3.5% 11.1 x 16.7 x 51% -12% -17% 3.0% -1.6% -4.3% 100.0% -28.3% -0.2% 8.8 x 9.9 x 13% -1% 2% 4.7% -1.2% -1.5% 72.1% -31.5% 18.9% 9.3 x 10.1 x 8% 5% 17% 4.2% -11.4% -10.6% SMI (CH) DJ Stoxx 600 600 ex financials Automobiles 2.3% -32.9% 24.4% 8.1 x 8.2 x 1% 1% 21% 4.2% -8.9% -5.0% 18.6% -31.4% -16.9% 7.7 x 10.0 x 30% -22% -11% 5.9% -5.0% -5.6% Basic Resources 4.1% -40.3% 28.0% 4.9 x 5.6 x 14% 47% 0% 3.6% 4.7% 5.3% Chemicals 3.3% -24.8% 25.7% 9.2 x 9.9 x 8% 22% 19% 3.9% 0.5% 2.2% Construction 2.2% -39.8% -1.4% 7.8 x 8.1 x 3% -3% 19% 5.2% -3.4% -1.5% Financial Service 1.7% -35.7% -12.7% 9.8 x 16.6 x 69% -40% -7% 4.7% 7.0% -29.7% Food & Beverage 6.3% -18.5% 10.9% 13.3 x 14.8 x 11% 7% 7% 3.2% 2.1% 2.4% Healthcare 9.5% -7.2% -10.9% 12.6 x 13.7 x 8% 9% 0% 3.2% 2.5% 3.2% Banks Industrial G&S 7.2% -33.2% 9.5% 9.0 x 10.1 x 12% 11% 16% 3.9% 1.4% 1.2% Insurance 6.5% -26.6% -11.9% 6.5 x 7.5 x 15% -15% 7% 6.1% -1.8% -5.4% Media 2.1% -31.4% -5.9% 9.9 x 10.6 x 7% -2% 5% 5.0% -5.7% -1.6% Oil & Gas 9.7% -28.1% 7.3% 6.7 x 6.6 x 0% 33% -9% 5.1% -0.4% 1.2% Personal & Household Goods 4.1% -25.2% 6.0% 12.5 x 13.8 x 10% -4% 8% 3.2% 0.8% 0.0% Retail 3.0% -29.6% -1.3% 11.8 x 12.6 x 7% -1% 6% 3.9% -3.1% -2.0% Technology 3.0% -36.2% -1.1% 10.5 x 12.7 x 21% -2% 4% 3.1% -6.2% -4.1% Telecom 6.8% -28.8% 14.6% 9.8 x 10.6 x 8% -3% 12% 6.4% -0.9% 0.0% Travel & Leisure 1.2% -33.3% -16.5% 10.7 x 10.5 x -1% -13% 19% 4.6% -4.1% -1.0% Utilities 7.3% -25.4% 17.9% 11.3 x 12.9 x 14% 2% 10% 4.7% 1.3% 0.4% 14 Copyright © 2008 FactSet Research Systems inc. All rights reserved. 10/7/2008 Disclaimer We do not warrant, endorse or guarantee the completeness, accuracy, integrity, or timeliness of the information provided in this publication. You must evaluate, and bear all risks associated with, the use of any information provided here, including any reliance on the accuracy, completeness, safety or usefulness of such information. This information is published solely for information purposes, and is not to be construed as financial or other advice or as an offer to sell or the solicitation of an offer to buy any security in any jurisdiction where such an offer or solicitation would be illegal. Any information expressed herein on this date is subject to change without notice. Any opinions or assertions contained in this information do not represent the opinions or beliefs of the publisher. The publisher or one or more of its employees or writers may have a position in any of the securities discussed herein. 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