DNA 12.01
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ECONOMIE MARDI 12 JANVIER 2016 P TRAVAUX PUBLICS Acquisitions en Suède et au Luxembourg ENTZHEIM L’équipementier transfère son siège social Le Coq Sportif quitte l’Alsace 15 Lingenheld franchit les frontières Le groupe familial de Dabo étend sa zone d’action et diversifie ses métiers avec des acquisitions en Suède (méthanisation) et au Luxembourg (travaux spéciaux). Le Coq Sportif va fermer son siège d’Entzheim et transférer ses activités à Romilly-sur-Seine. PHOTO DNA - LAURENT RÉA Le Coq Sportif va transférer son siège social d’Entzheim à Romilly-sur-Seine (Aube). Les 28 salariés qui vont perdre leur emploi réclament des conditions de départ « dignes ». baucher sur le site de Romilly. Elle a recruté 30 personnes, nos remplaçants, qu’en plus elle nous demande de former » ce qui occasionne, depuis septembre « une forte augmentation de la charge de travail », constate M. Hoffmann. Ils n’avaient pas prévu de faire des vagues. Ils étaient même d’accord, reconnaît Alain Hoffmann, le secrétaire du comité d’entreprise, pour « faire les choses en interne, à condition » que l’entreprise consente « à bien accompagner les personnes qui acceptent de jouer le jeu ». Pour les salariés du Coq Sportif qui vont perdre leur emploi, le contrat n’a pas été rempli. Avec le soutien de la CGT du Bas-Rhin, ils ont donc décidé hier d’alerter sur leur situation, histoire de mettre la pression sur leur employeur à la veille de l’avant-dernière réunion de négociation du PSE (plan de sauvegarde de l’emploi). Sept mois tout de même après avoir appris que le site où ils travaillent allait fermer. « Nous avons été avertis fin mai, par petits groupes, de l’intention de la direction du Coq Sportif de délocaliser le siège social d’Entzheim à Romilly-sur-Seine », a expliqué M. Hoffmann. Là où le Coq Sportif est né en 1882 et où l’actionnaire de l’entreprise, la société suisse Airesis, a décidé de regrouper les activités de l’équipementier. Elle y a d’ores et déjà installé en 2010 un centre de développement et une petite ligne de production. « Tout le personnel », soit alors 58 personnes, « a ensuite été convoqué individuellement pour savoir qui allait suivre », indique encore le secrétaire du CE. Et « quand la direction a identifié les personnes potentiellement intéressées et celles qui ne le sont pas » (ce qui serait le cas de 28 salariés sur 41, une fois soustraits de l’effectif dix commerciaux et sept personnes qui ont entre-temps quitté l’entreprise), « elle a commencé à em- Décision d’ici la fin de la semaine Pour Jacky Wagner, le secrétaire général de la CGT du Bas-Rhin, la société n’a en fait « pas respecté le code du travail ». « ll n’y a eu, dénonce-t-il, ni information ni consultation préalable du comité d’entreprise et du CHSCT au sujet du projet de transfert du site ». Surtout, souligne-t-il, celui-ci « ne repose sur aucun motif économique », pourtant indispensable pour justifier la fermeture d’un site. La direction (qui n’a pas répondu hier à nos sollicitations NDLR) « invoque uniquement des problèmes d’ordre organisationnel ». Dans ces conditions, indique le dirigeant syndical, les représentants des salariés « pourraient faire annuler le PSE s’ils l’attaquaient devant les prud’hommes et le tribunal administratif ». Le Coq Sportif, qui comptait fermer le site d’Entzheim le 30 juin prochain, serait alors obligé de reprendre toute la procédure depuis le début. Vu les propositions actuelles de la direction, les 28 personnes qui vont être licenciées s’interrogent. « Le PSE qu’on leur propose n’est pas digne de ce nom », estime Jacky Wagner. « On nous propose juste le minimum légal », résume Alain Hoffmann, qui espère que la prochaine réunion de négociation, prévue demain, aboutira à des avancées concrètes. Si « à la fin de la semaine, la direction ne va pas dans notre sens, nous entamerons la procédure », menace-t-il. « Nous ne voulons pas nous opposer à la fermeture du site. Nous voulons simplement que les gens qui se sont investis depuis dix ans puissent partir dignement ». ODILE WEISS DÉCIDEURS FINANCE Patrick François, Caisse des dépôts Patrick François vient d’être nommé directeur régional de la Caisse des dépôts pour le Grand Est. Né en Meurthe-et-Moselle, marié et père de six enfants, Patrick François, 62 ans, ancien élève de l’IEP de Paris, est titulaire d’une maîtrise et d’un DEA en droit ainsi que d’un DEA de relations internationales. Il débute sa carrière en 1975 à la direction de la Documentation française. En 1989, il est nommé au cabinet du maire de Nancy, André Rossinot, puis, en 1993, conseiller technique auprès du ministre de l’Industrie, des Postes, des Télécommunications et du Commerce extérieur. En 1995, il devient directeur de cabinet du président du Conseil régional de Lorraine, Gérard Longuet. En 2004, il devient chef de cabinet du ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy. En 2005, il intègre la Caisse des dépôts et devient directeur interrégional Est et directeur régional Alsace. En 2009, il est TTE-RTE 05 nommé directeur interrégional Ile-de-France puis, en 2013, directeur interrégional Centre Est et directeur régional Rhône-Alpes. Il était, depuis septembre 2015, directeur régional Alsace, directeur interrégional Est, préfigurateur pour la région ACAL. AGRICULTURE Jean-Marie Sander, FARM Jean-Marie Sander vient d’être élu président de FARM, la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde qui a pour mission de « promouvoir dans le monde des agricultures et des filières agroalimentaires performantes et respectueuses des producteurs ». Il succède à René Carron qui a présidé FARM depuis sa création en 2006. Exploitant agricole à Ohlungen, commune dont il est le maire, M. Sander a assuré de 2010 à 2015 la présidence de Crédit Agricole SA. Il est aujourd’hui toujours président de la caisse régionale de Crédit Agricole Alsace Vosges et administrateur des DNA ; Parmi les grands chantiers du moment, le groupe Lingenheld a participé à la mise en œuvre du pont spectaculaire permettant l’extension du réseau de tram de Strasbourg à Kehl, vu ici depuis la rive française. DR A u sein du groupe familial Lingenheld, les mécaniciens, on en compte une vingtaine, sont appréciés autant que les chefs de projet ou les assistantes d’administration. En une boutade qui traduit cet état de fait, le président du groupe familial, Franck Lingenheld, a rappelé vendredi que les entreprises rassemblées sous sa houlette, comptent autant de moteurs que de salariés : 500 ! Soit 11 % de plus que fin 2014. L’effectif du groupe a doublé au cours des dix dernières années. « La stabilité de l’actionnariat rime avec la stabilité de l’emploi » Car, en dépit de la mauvaise conjoncture touchant les travaux publics en général, et malgré l’échec de la candidature du groupement auquel il s’était associé pour réaliser le contournement autoroutier ouest de Stras- bourg, finalement attribué à Vinci pour la seconde fois, Lingenheld ne s’en est pas trop mal sorti en 2015. Il accroît ses effectifs et élargit sa diversification par des rachats. L’entreprise espère bien, du reste, obtenir une part en soustraitance dans le grand chantier routier qui s’annonce, son tracé passant à moins d’un km à l’ouest de sa grande base d’Oberschaeffolsheim, près de Strasbourg : il n’y aura pas de base travaux de haute compétence mieux située que celle-ci. Georges Lingenheld et son fils Franck ont rappelé ces éléments la semaine dernière au personnel, au terme d’une semaine de remue-méninges interne, une tradition qui permet de resserrer les rangs après les fêtes. Et les travaux se sont terminés vendredi matin par la traditionnelle remise de médailles du travail. Aux salariés, qu’il connaît quasiment tous – on se tutoie dans les deux sens chez les Lingenheld — le père, sans être contredit par le fils, a promis qu’il n’y aurait pas de licenciement ou de chômage partiel cette année, alors que ces mesures étaient envisagées l’an dernier. « Nous voulons garder nos emplois et les maintenir. Il n’y aura aucun licenciement au sein de notre groupe : soyez confiants ! » Un engagement sur ce terrain assez rare pour être noté, alors que les employeurs font généralement preuve d’une grande retenue sur ce terrain. 8 millions d’euros d’investissements programmés Georges Lingenheld explique ce niveau de confiance élevé par les nombreux projets de l’entreprise qui investit 8 millions d’euros dans son outil de travail. Ainsi par exemple à Oberschaeffolsheim, 2,5 millions d’euros seront engagés dans une nouvelle unité de concassage : « Nous restons confiants en l’avenir, même si certains moments ou certains caps sont difficiles », indique le chef d’entreprise. Il estime aussi que si les investissements publics sont freinés par les difficultés budgétaires nationales ou locales, les chantiers privés devraient prendre le relais. Georges Lingenheld place aussi son engagement pour la durabilité de l’emploi dans le cadre des entreprises familiales de taille moyenne, un projet pour la France qu’il défend avec ténacité : « Cette culture des entreprises de taille intermédiaire, les ETI, amène au développement économique des territoires. La stabilité de l’actionnariat rime avec la stabilité de l’emploi. Entre 2009 et 2014 en France, les ETI ont créé 90 000 emplois directs alors que les grands groupes en ont détruit près de 60 000 », rappelle le chef d’entreprise qui souhaite regrouper les entreprises du « Mittelstand » de l’Est pour qu’elles se fassent mieux entendre. L’année est aussi à marquer d’une pierre blanche du fait des acquisitions, deux à l’étranger et une en France, à Strasbourg (lire ci-dessous). Les Lingenheld sont particulièrement fiers d’avoir réussi à prendre pied au Luxembourg, petit État difficile à pénétrer mais particulièrement dynamique pour les travaux : « Au Luxembourg, il y a énormément de grues et de chantiers : c’est une autre planète, avec une grande rigueur et une envie de travailler », salue Georges Lingenheld. ANTOINE LATHAM R Poursuite tenace de la diversification Les travaux et la clientèle publics pèsent aujourd’hui moins lourd dans l’éventail des activités de Lingenheld qui a entamé sa diversification depuis plusieurs années. LE GROUPE LINGENHELD est bien connu du grand public par ses nombreux véhicules jaunes jalonnant les chantiers visibles. Mais le groupe de Dabo a engagé depuis plusieurs années une active politique de diversification, aujourd’hui étendue à l’international, dans des domaines moins spectaculaires. En 2015, sur 120 millions d’euros de chiffre d’affaires, 64 millions (300 personnes) naissent des travaux publics et de la production associée (centrales à béton et postes d’enrobés). L’autre petite moitié se répartit de façon assez équilibrée entre les travaux spéciaux (16 millions), dont le désamiantage, l’environnement (20 millions), avec la dépollution des sols et la valorisation minérale et organique, et l’aménagement et la promotion immobilière (20 millions). Les trois acquisitions de l’année dernière renforcent, en fait ces divisions. Au Luxembourg, Lingenheld a mis la main, non sans effort, sur LTS, spécialisée dans les travaux spéciaux, les terrassements et les fondations, avec 60 salariés. Franck Lingenheld qui s’est particulièrement engagé sur ce dossier veut porter rapidement son chiffre d’affaires à 20 millions d’euros. En Suède, en partenariat avec une société d’économie mixte lorraine, Lngenheld prend le contrôle de Methavos, à Stockholm, qui emploie une vingtaine de salariés dans la méthanisation par voie sèche. Un pre- mier méthaniseur de 25 000 tonnes est en construction à Sarreguemines. Le groupe prévoit d’équiper sa plateforme d’Oberschaeffolsheim dès 2017 et caresse d’autres projets dans l’Est. Enfin, à Strasbourg, le groupe met la main sur Manutention Transport Service, actionnaire majoritaire associé à Europorte et au Port autonome. MTS, avec une vingtaine de salariés, exerce une activité portuaire (stockage, manutention, entretien de wagons) nouvelle pour Lingenheld : « Ainsi le groupe compense actuellement le recul des travaux publics grâce aux métiers de l’environnement, de la promotion et en se déployant à l’international ». Cette stratégie va se poursuivre. Elle a apporté, en 2015, la responsabilité de 100 emplois supplémentaires. A.L. R