Prêts à débrancher - ECO

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Prêts à débrancher - ECO
Haguenau Avant le défi « Dix jours pour voir autrement »
Prêts à débrancher ?
À partir de mardi, à Haguenau, les élèves des écoles Vieille-Île, SaintGeorges et Bildstoeckel essaieront de se passer de télévision, d’ordinateurs
et de jeux vidéo. Pendant dix jours, la famille de Lucie et Cassandra fera de
son mieux pour les soutenir dans leur match contre les écrans. Même si ça
promet d’être parfois difficile… pour les parents.
Dans la famille recomposée Schneider-Lickel-Pennuen, je demande le père Yannick Schneider,
chef de chantier de 39 ans, son fils Yves, 15 ans et sa fille Cassandra, 11 ans. J’appelle aussi
la mère, Sandrine Lickel, 39 ans, « à la maison pour le moment », et ses trois filles : Johanna
17 ans, Mégane 14 ans et Lucie 8 ans. À partir de mardi et pendant dix jours, ils seront plus
qu’une famille : une équipe, motivée pour amasser le plus de points et battre les TOC.
« Les quoi ? », grimace Mégane. « Ben la télévision, l’ordinateur et les consoles de jeu ! », lui
crient à l’unisson Lucie et Cassandra. Ce sont les deux benjamines qui ont ramené le match à
la maison. Lucie est élève de CE 2 à l’école Vieille-Île et Cassandra est en CM 1 à l’école SaintGeorges. Et les deux établissements haguenoviens participent, avec l’école maternelle
Bildstoeckel, à l’opération « Dix jours pour voir autrement » (lire ci-contre).
Des jeux et des émissions de téléréalité
Représentante des parents d’élèves, Sandrine avait eu la primeur de l’information fin mars,
mais avait gardé le secret. Les parents avaient ainsi eu le temps de se « préparer
psychologiquement » avant que les filles ne leur présentent l’opération au retour de l’école, miavril. Par solidarité avec Lucie et Cassandra, toute la famille a décidé de relever le défi et de se
passer le plus possible d’écrans. Avec plus ou moins d’enthousiasme : Cassandra se réjouit,
Lucie fait un peu la moue (« C’est chouette, on va pouvoir dormir, s’ennuyer… ») et le reste de
la famille « participera à fond quand tout le monde sera réuni », résume Sandrine.
Chez les Schneider-Lickel-Pennuen, la télévision s’allume à chaque déjeuner et dîner — depuis
la longue table à manger, on ne peut ignorer le (très) grand écran du salon. « On regarde les
jeux. Ça ne nous empêche pas de discuter, au contraire, on s’amuse à participer, décrit
Sandrine. Sinon on ne regarde jamais le matin — on n’aurait pas le temps de toute façon ! —,
le week-end un peu plus… On aime bien les émissions de téléréalité. » Certes, la maison
compte six télévisions (une dans chaque chambre, une dans le salon et une réservée aux jeux
vidéo), mais la famille se défend d’être accro au petit écran. Yannick insiste : « On n’abuse pas,
on a des règles : pour les plus petites, pas d’ordinateur et pas de télé le soir. » « Elles arrivent
bien à s’occuper sans la télé, renchérit Sandrine. Elles jouent à la maîtresse ou aux poupées,
elles vont dehors s’il fait beau… » Bref, pas de stress du côté des plus jeunes.
Et en cas de tentation vraiment forte (un épisode de Koh-Lanta, une subite envie d’allumer la
Xbox, une « bimbo » virtuelle à habiller ou un animal genre tamagotchi à nourrir…), les filles ont
un agenda bien rempli, grâce aux activités proposées par les écoles, les parents, et un peu
partout en ville. Lucie s’est inscrite à l’atelier danse western et au bricolage ; Cassandra fera
des crêpes et du roller. « Super, vous aurez aussi le temps de nettoyer la cage des rats (les
trois petites mascottes de compagnie de la famille, NDLR) ! », les taquine Yannick. Pendant le
défi, les repas se feront en musique, c’est déjà prévu. Et le mardi, par quoi sera remplacée la
soirée jeux vidéo que s’octroient Mégane et Yannick pendant que Sandrine est à son cours de
Zumba ? « On va ressortir les jeux de société, se résigne le père de famille qui fait rire tout le
monde en ajoutant : Mais si on joue trop ensemble on va finir par s’entre-tuer ! »
De la triche dans l’air ?
Car si les filles sont « assez excitées par le défi », les parents avouent l’être un peu moins.
Yannick ne cache d’ailleurs pas qu’il va tricher : « L’ordi ça m’est égal, mais me passer de télé
le soir ? Des infos ? Impossible. » Pour le couple, « se poser enfin dans le canapé » est un vrai
moment détente de la journée : le zapper serait une punition… voire « un cas de divorce »,
plaisante Yannick. Bien sûr, il n’allumera pas en présence de Lucie et Cassandra, mais on ne
peut pas non plus dire qu’il soutienne l’expérience : « Je ne vois pas l’intérêt. Après tout, la télé
fait partie de nos vies aujourd’hui, et elle permet quand même de voir ce qui se passe dans le
monde ! » Son épouse hoche la tête : « Notre truc, c’est plus de laisser tomber la télé et les
téléphones portables pendant quinze jours, quand on part au camping ou en camping-car. Chez
nous, c’est différent. »
Depuis le canapé, Cassandra glisse un regard vers Mégane : « Ça va être dur aussi pour les
jeunes, avec leur téléphone… » Contre toute attente, la collégienne hausse les sourcils et
déclare tranquillement qu’elle relèvera le défi : « Mais Yves c’est moins sûr… Enfin, il n’aura
pas le choix pendant les moments en commun. » Quant à Johanna, l’aînée, elle ne sera pas là
pendant le défi. « La veinarde », souffle Lucie.
Article de Céline Rousseau, publié le 27/05/2012 dans les DNA – Edition de Haguenau


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