Le roman de chevalerie
Transcription
Le roman de chevalerie
p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 61 Séquence 4 Le roman de chevalerie Découvrir l’univers chevaleresque Cette séquence réunit des textes des romans de chevalerie éclairés par des textes historiques et d’autres supports (miniatures, tapisseries…). Elle permet de réinvestir les acquis des séquences précédentes en travaillant entre autres sur la narration, sur l’insertion du dialogue et de la description dans le récit. Elle est d’un intérêt capital dans la mesure où les enjeux culturels sont primordiaux. Cette séquence peut donner lieu à un travail en transdisciplinarité : il est préférable d’aborder le roman de chevalerie dans la deuxième partie de l’année scolaire, quand le professeur d’histoire a commencé à parler de la chevalerie aux élèves. De même, il semble utile de préparer au CDI les exposés oraux afin de pouvoir évaluer l’aptitude des élèves à la recherche documentaire. Image d’ouverture p. 105 1. Qu’est-ce qu’un chevalier ? ◗ La carte présente quelques lieux légendaires comme Brocéliande, Camelot, Tintagel, Cardueil. Elle permet de repérer la grande et la petite Bretagne. ◗ Camelot est une ville légendaire : siège de la cour du roi mythique Arthur, souverain de « Bretagne » (soit l’actuelle Angleterre), le pays de Galles, et la Bretagne continentale au sud du mur d’Hadrien. Quant à la forêt de Brocéliande, elle est la forêt mythique de la légende arthurienne. Elle couvre tout l’Argoat, et si elle n’existe pas réellement, différents lieux cités dans les récits arthuriens sont identifiés dans la forêt de Paimpont, tels que le Val sans détour, le Tombeau de Merlin ou le château de la Dame du lac (Château de Comper). Pour de plus amples précisions, nous vous renvoyons au site http://www.centre-arthurien-broceliande.com Les devoirs du chevalier p. 106-107 LECTURE Pour commencer 1. La qualité principale d’un chevalier est le courage (la prouesse en ancien français). La naissance d’un ordre : la chevalerie 2. Aux lignes 5-6, on relève « quand l’envie et la convoitise s’accrurent dans le monde et que la force prit le dessus sur le droit », et aux lignes 7-8 « quand les faibles ne purent plus accepter ni endurer les vexations des forts ». La création de l’ordre des chevaliers n’est donc pas précisément datée, elle renvoie à un passé éloigné et mythique. Mais elle répond à un besoin des faibles de se « protéger » (l. 9). Les chevaliers seraient « des garants et des défenseurs pour s’assurer paix et justice et pour mettre fin aux torts et aux outrages dont ils [les faibles] étaient l’objet » (l. 9-10) 3. Pour devenir chevalier, il importait d’être parmi ceux qui « avaient le plus de qualités, les grands, Séquence 4 © Magnard, 2006 61 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 62 les forts, les beaux, les agiles, les loyaux, les preux, les hardis, ceux qui étaient riches en ressources morales et physiques » (l. 12-13). Le chevalier n’a pas à être noble dans la mesure où seule la noblesse d’âme est requise. Il obtient le privilège de devenir chevalier par « légitime élection » (l.17). 4. La Dame du lac explique l’origine du mot « chevalier » par l’étymologie dans la mesure où elle affirme que « personne n’avait l’audace de monter sur un cheval sans être chevalier, d’où le nom qui leur fut donné » (l. 33-36). Les qualités et devoirs du chevalier 5. Grammaire Les chevaliers sont désignés comme ceux qui « avaient le plus de qualités, les grands, les forts, les beaux, les agiles, les loyaux, les preux, les hardis, ceux qui étaient riches en ressources morales et physiques » (l. 12-13). Les qualités viriles de force et de courage sont mises en valeur, même si, dans l’énumération, les qualités physiques sont privilégiées ; un chevalier devait donc allier force physique et vertu morale. 6. Le chevalier vient en aide aux nécessiteux, aux miséreux, se bat contre les voleurs et les meurtriers, et rend la justice d’une façon équitable. Les principaux « ennemis » sont intérieurs puisqu’il doit se défier de lui-même, n’être ni faible, ni félon, ni partisan. Son honneur est le garant de sa valeur et de son nom. La honte, la bassesse et la lâcheté ne doivent pas salir sa réputation. 7. Il doit craindre par-dessus tout la honte, qu’il doit redouter plus que la mort. Pour conclure 8. Le récit d’historien éclaire sous un autre jour l’ordre de la Chevalerie. Les chevaliers sont avant tout des guerriers qui restent entre eux et qui exigent, « pour prix de la protection qu’ils assurent » (l. 5-6), d’être « entretenus » (l. 6) par les faibles. Le texte insiste d’autre part sur la sauvagerie de ces hommes, dont les plaisirs sont des plaisirs du corps : chasser, banqueter, combattre… EXPRESSION L’équipement du chevalier p. 108-109 LECTURE Pour commencer 1. Le chevalier est une figure popularisée par des légendes, des films, des bandes dessinées. On pense par exemple aux films Lancelot de Jerry Zucker avec Richard Gere et Sean Connery ou Excalibur de John Boorman. On peut évoquer également le héros de Cervantès, Don Quichotte. En ce qui concerne la parodie, les élèves penseront forcément aux Visiteurs. Le chevalier plaît en principe aux élèves pour ses valeurs héroïques. Une rencontre extraordinaire 2. Grammaire Les personnages du dialogue sont le chef des chevaliers et un valet qui deviendra Perceval le Gallois. Le premier engage la conversation car il est à la recherche de cinq chevaliers et de trois pucelles. Il l’appelle « valet » (l. 3), le tutoie, alors que le jeune garçon l’appelle « beau cher sire » (l. 20), « beau sire » (l. 49) et « Dan chevalier », (l. 65) et le vouvoie en signe de respect. Ces écarts mettent en évidence une différence de statut social. 3. Les paroles du jeune homme insistent sur son ignorance et sa naïveté. Il prend le chevalier d’abord pour Dieu, ne connaît pas les armes (la lance, l’écu ou le haubert). Mais il pose de manière ininterrompue des questions à son interlocuteur, ce qui prouve sa curiosité, son opiniâtreté et son courage : il affirme d’ailleurs ne pas avoir peur. Le chevalier, quant à lui, accepte de lui répondre, étonné de tant d’ignorance mais séduit également par cette soif de connaissance. On pourrait le qualifier de naïf et de curieux. 4. Les chevaliers sont « beau(x) » (l. 11) et « brillant(s) » (l. 13) et sont bien habillés. Ces attributs plaisent au jeune homme qui n’a jamais vu d’hommes habillés de la sorte puisqu’il a vécu jusqu’à présent à l’écart du monde de la chevalerie, et s’est occupé essentiellement de chasse. Équipement et rituel 9. Oral L’élève devra insister sur l’union de qualités physiques et morales : le courage, l’amabilité, la compassion envers les plus démunis. Mais également la force – physique et mentale –, voire la malice. Le héros doit servir d’exemple, de modèle. 10. Écriture Le récit sera à la première personne et chronologique. L’effet visé sur le destinataire est l’amusement ou l’admiration. 5. Le texte mentionne : – la « lance » (l. 25) qui sert à frapper – l’« écu » (l. 30) qui protège des coups, semblable au bouclier – le « haubert » (l. 47) « pesant comme fer » (l. 55), qui préserve le corps du chevalier des coups – le « cheval ». Il n’est pas question de l’épée. 62 © Magnard, 2006 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 63 6. Le chevalier a obtenu son harnois lors de son adoubement par le roi Arthur (l. 77-79), cérémonie dont les étapes sont précisées par le récit d’historien. – son père lui remet « le baudrier et l’épée » (l. 5) – il « lui assène un coup au visage, la “paumée” » (l. 6) – le nouveau chevalier combat à cheval lors d’une démonstration. On trouve également des variantes à cette scène d’adoubement : on évoque ainsi une cérémonie d’habillement lors de laquelle le nouveau chevalier quitte ses anciens habits pour se vêtir de nouveaux vêtements offerts, reçoit l’accolade et un coup appliqué avec le plat de l’épée sur l’épaule. Ces étapes sont précédées par une veillée de prières. Pour conclure 7. Le chevalier plaît à Perceval (voir question). Le jeune homme est habitué aux exercices physiques, est courageux, obstiné et courtois, qualités qui le prédestinent à devenir chevalier. dans le texte, 13 places existent. (On établit parfois un parallèle entre les 12 sièges occupés et les 12 apôtres autour du Christ lors de la Cène). Dans l’encadré, on évoque 150 chevaliers. Ces divergences sont nées du statut de la « matière de Bretagne » que chaque auteur s’approprie, transforme, tout en s’inscrivant dans une tradition ; on voit la même chose pour le personnage de Perceval/Perlesvaus dans le texte bilan (p.130.131 du manuel). La Table ronde comporte 13 sièges dont 12 sont déjà occupés par Arthur, Lancelot, Gauvain, Erec, Sagremor, qui sont cités à la fin du texte. 3. La place restante est destinée au « meilleur chevalier du monde » (l. 6), place que veut occuper Perceval, en témoignage de sa valeur. 4. Arthur et les chevaliers ont transgressé les ordres de Merlin. Il y a donc des manifestations surnaturelles : la terre se fend sous le siège de Perceval, des ténèbres épaisses empêchent les chevaliers de se voir et une voix d’outre-tombe jaillit et les sermonne. EXPRESSION Le secret du Graal 8. Écriture L’élève devra tenir compte du caractère 5. Selon le texte, le Graal est le vase que Jésus donna, dans sa prison, à Joseph d’Arimathie. de Perceval : il est naïf mais courtois, sensible à la hiérarchie. Perceval pourra poser des questions au roi Arthur, mais toujours rester à sa place d’« ancien valet ». Il sera tenu compte de la mise en page du dialogue, de l’insertion de celui-ci dans la narration. Cette dernière relatera brièvement les circonstances de l’arrivée de Perceval à la cour du roi Arthur. L’exercice doit reprendre partiellement les étapes de l’adoubement. La mission des chevaliers de la Table ronde p. 110-113 LECTURE Pour commencer 1. Les chevaliers les plus connus sont Arthur, Perceval, Yvain, le Chevalier au lion, et Gauvain. Sur certaines représentations, les sièges autour de la Table ronde portent le nom des chevaliers (voir illustration p. 111 du manuel). Le mystère de la Table ronde 2. Selon les versions, le nombre de places change : sur l’illustration les chevaliers sont environ 24, 6. Le roi Pêcheur est le gardien du Graal : il est blessé, atteint d’un mal jusqu’à présent incurable, dans un royaume non localisé. Les chevaliers doivent donc accomplir des hauts faits pour que l’un d’entre eux s’élève au-dessus des autres. Pour accomplir cette mission, ce chevalier reconnu comme le meilleur devra bénéficier de l’aide de Dieu. Tous les chevaliers vont devoir affronter « les plus grands tourments du monde » (l. 33-34). 7. On est dans le « merveilleux chrétien » (allusion à « la mort atroce que subit Moyse », l. 36) : les manifestations surnaturelles (miracles, apparition ou songes…) sont donc le fait d’une intervention de Dieu. Dès les romans de Chrétien de Troyes (écrits de 1176 à 1181), les romans arthuriens associent au merveilleux breton un merveilleux chrétien, se proposant ainsi comme des ouvrages de propagande chrétienne. Pour conclure 8. Le Graal devient dès lors un symbole de la perfection divine, objet de la quête perpétuelle de l’homme. Il est également un idéal à atteindre pour les chevaliers en quête de prouesses, une quête sans fin pour réparer la faute commise. On peut penser au film Sacré Graal des Monty Python. Séquence 4 © Magnard, 2006 63 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 64 9. À partir de la chronologie p. 113, on constate que Wace, moine au service d’Henri II, en 1155, invente la Table ronde et fixe définitivement la légende d’Arthur dans Le Roman de Brut, écrit en français. Les romans de Chrétien de Troyes ont été écrits par la suite de 1176 à 1181. L’objectif est de christianiser la Bretagne. Historiquement, en 410, on assiste en Bretagne au début de la christianisation. EXPRESSION 10. Oral Ce travail de récit permet d’élaborer un scénario à plusieurs, mais peut également se réaliser sous forme de « relais » : un élève commence le récit qu’un autre continue en gardant les mêmes caractéristiques du héros, en insistant sur la cohérence interne de la narration. Il peut être l’occasion d’une imitation des œuvres des troubadours ou trouvères de l’époque médiévale et peut s’accompagner d’instruments de musique. 11. Écriture Il s’agit de rédiger le portrait du chevalier digne de s’asseoir sur le siège vide : cela permettra aux élèves de réinvestir les acquis de la séquence sur la description. On leur demandera donc d’organiser leur portrait, de choisir un angle d’attaque (physique, caractère), d’insister sur le vocabulaire appréciatif et sur les comparaisons. Il faudra également donner un nom à ce héros hors du commun, ce qui permettra d’évoquer l’onomastique dans les romans arthuriens (perce-val, lancelot..). Le portrait devra expliciter les raisons pour lesquelles ce chevalier est le meilleur et donc présenter en actions le protagoniste. 2. Un univers de légende Des lieux légendaires p. 114-115 En ce qui concerne La Dame à la licorne, il est intéressant de demander aux élèves de travailler sur la composition de la tapisserie : ils seront sensibles à l’absence de perspective (taille des animaux en arrière-plan semblable à celle des animaux du premier plan), à l’humanisation des animaux. On pourra également les faire travailler sur l’allégorie en mettant en parallèle les titres des différentes « toiles » de cette tapisserie et la représentation de celles-ci. Vous pourrez aussi vous aider des transparents et de leurs fiches d’activités et lire aussi La Dame à la licorne de Tracy Chevalier, un roman relatant la commande de cette tapisserie, la fabrication… LECTURE Pour commencer 1. Les romans de chevalerie empruntent aux légendes celtes des personnages comme le druide, des animaux (le dragon, le serpent) et des lieux magiques (la fontaine, la forêt, le château). Un lieu « merveilleux » 2. Grammaire L’arbre est « le plus beau pin » (l. 3), il abrite complètement grâce à la densité de son feuillage au point qu’« il n’y jamais [eut] de pluie assez forte pour qu’une goutte d’eau le traverse » (l. 4-5). Quant à la fontaine, il s’agit d’un bassin « de l’or le plus fin » (l. 6) avec « quatre rubis, plus flamboyants et plus vermeils que le soleil du matin… » (l. 9-10). L’arbre est remarquable et la fontaine est d’un luxe infini et d’une grande beauté. 3. La fontaine « bouillait comme de l’eau chaude » (l. 7-8). Il s’agit de la « merveille de la tempête et de l’orage » (l. 12) : elle déclenche une terrible tempête de pluie, de neige, de grêle et d’éclairs. Une tempête « prodigieuse » 4. Vocabulaire Les deux champs lexicaux dominants sont celui de l’orage et de la tempête : « se déchirer » (l. 15), « éclairs » (l. 15), « me frapper » (l. 15), « nuées » (l. 16), « foudre » (l. 18)… 5. Calogrenant est surpris par cette tempête qu’il a déclenchée en versant de l’eau sur la pierre mais aussi apeuré car il pensa « périr de la foudre » (l. 18). 64 © Magnard, 2006 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 65 6. C’est Dieu qui fait cesser cette tempête en décidant de le rassurer. Merlin : un personnage de légende Pour conclure rend plus intense la tension dramatique. Elles sont insérées à la narration par le biais de verbes introducteurs du dialogue (« déclara », l. 1 ; « dit » l. 20) et insistent sur le pouvoir de Merlin. 7. Le texte souligne le caractère merveilleux du lieu et des pouvoirs de la fontaine par des comparaisons, des superlatifs, des marqueurs d’intensité (« si violemment », l. 15 ; « si grand », l. 26…), mais aussi par des interpellations du narrateur au lecteur/auditeur qui devancent son incrédulité. 2. Le choix des paroles rapportées directement 3. Le roi Vertigier veut construire une tour haute et fortifiée et demande à Merlin la raison pour laquelle celle-ci ne tient pas debout. 4. On ne connaît rien du physique et du caractère ÉTUDE DE LA LANGUE 8. Grammaire Il importe que le lieu décrit soit un lieu exceptionnel, dont l’aspect merveilleux devra être souligné par l’emploi de superlatifs. de Merlin dans ce récit. On sait seulement qu’il affirme prédire l’avenir et qu’il est entre les mains du roi. Cette absence de détails insiste encore sur son aspect mystérieux et merveilleux. Les dragons : des animaux fabuleux EXPRESSION 9. Oral Cette activité peut être la suite de la précédente : l’élève insistera sur tous les autres procédés utilisés pour mettre en valeur l’aspect merveilleux du site. 10. Écriture Il s’agira d’inventer une suite possible à cette scène : le narrateur Calogrenant raconte sa rencontre avec un personnage doué de pouvoirs magiques dont l’élève devra brosser le portrait. Le narrateur devra raconter cette nouvelle aventure en insistant sur l’antériorité, en proposant également des adresses aux auditeurs comme dans le texte de départ. Il sera possible de prolonger cette activité d’expression écrite par la lecture de la suite de l’épisode proposé puisque la tempête fait intervenir un chevalier ombrageux. Des personnages légendaires p. 116-117 5. La violence du combat est mise en relief par la cruauté des actions des dragons : « se prirent à la gorge, à coups de dents et de griffes » (l. 23)… De plus, le narrateur multiplie les verbes d’action et insiste sur le durée du combat et de l’agonie. 6. Les spectateurs parlent d’un « prodige » (l. 31) car ils éprouvent des sentiments mêlés devant ce combat. La victoire du dragon blanc était de surcroît fort incertaine et prouve l’intervention du surnaturel. 7. Il y a un dragon blanc et un dragon roux. Au niveau de la symbolique des couleurs, on sait que le blanc représente la pureté, le Bien, et que le roux symbolise le Mal (les roux étaient considérés comme des possédés par le diable au Moyen Âge). Pour conclure 8. Merlin est l’archétype du druide qui sait ce qui va advenir. Assez éloigné du personnage du mage bougon des dessins animés, c’est un homme circonspect qui veut être sûr des gens qui l’entourent. ÉTUDE DE LA LANGUE LECTURE Pour commencer 1. Merlin est un personnage populaire : dans le dessin animé de Walt Disney intitulé Merlin l’enchanteur, sorti en 1963 et réalisé par Wolfgang Reitherman, il est un magicien. Il y a également Merlin, film de 1997 réalisé par Steve Baron. Il est aussi, pour certains, le modèle du personnage de Gandalf, le « bon » mage du livre Le Seigneur des anneaux publié par J.R.R. Tolkien en 1954. 9. Grammaire En transposant les paroles de Merlin du discours direct au discours indirect, on doit changer les indices de personne, les temps et les modes et adopter la concordance des temps. « Alors Merlin leur déclara qu’il voulait qu’ils sachent que le dragon blanc occirait le roux. Mais qu’il souffrirait beaucoup avant d’y parvenir ; et le fait qu’il le tue ainsi aurait une grande signification pour qui saurait la déchiffrer. Il ajouta que quant à lui, il ne leur en dirait rien jusqu’à la fin de la bataille. » Séquence 4 © Magnard, 2006 65 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 66 10. Vocabulaire On attendra des élèves qu’ils mettent au point le champ lexical de la magie : baguette, fée… RECHERCHES 3. La quête du chevalier Le combat contre le monstre p. 118-119 11. Le nom même de Merlin n’a pas d’origine clairement définie. « Merddin », « Myrddin », puis « Merlinus » ou encore « Merilun » furent utilisés successivement pour décrire un seul et même personnage. Le nom de « Merlin » sera adopté plus tard, sans doute aux environs du XIIe siècle. La légende de Merlin l’Enchanteur (ou « L’Homme des bois ») est très complexe, même si son existence réelle n’est pas prouvée. Dans la légende arthurienne, Merlin aide à l’accomplissement du destin du royaume de Bretagne : ami et conseiller du roi Uther Pendragon, il organise, à la mort de celui-ci, le défi de l’épée Excalibur qui permet à Arthur, fils illégitime d’Uther, de succéder à son père. Puis il incite Arthur à instituer la Table ronde afin que les chevaliers qui la constituent puissent se lancer dans la fameuse quête du Graal. À la fin de sa vie et malgré toutes ses connaissances, Merlin ne pourra rien contre la destinée du royaume de Bretagne et la fin tragique du roi Arthur. La légende de Merlin n’est pas à l’origine intégrée dans le cycle arthurien : son personnage christianisé est l’archétype du druide : proximité avec la nature, pouvoirs magiques, connaissance surnaturelle, sagesse, longue vie, rôle de guide et de conseiller des puissants. Devin et magicien, Merlin tomba amoureux de la fée Viviane, à qui il confia le secret de certains sorts, comme celui d’enfermer à jamais un homme : c’est ce que fit la fée Viviane qui enferma Merlin dans les « neuf cercles ». LECTURE Pour commencer 1. Les animaux rencontrés dans les textes médiévaux sont les serpents ou les dragons – associés au mal dans la tradition chrétienne –, mais également le lion, associé à la noblesse. Le chevalier peut être amené à en combattre certains. Pour prolonger la question, on pourra aussi demander aux élèves les lieux mythiques (la forêt, la fontaine…) et les personnages (druides – dont Merlin est l’archétype –, mais également les elfes par exemple) rencontrés dans les textes médiévaux. Un spectacle inattendu 2. La scène se passe « dans une forêt profonde » (l. 2). Yvain est « absorbé dans ses pensées » (l. 12). On peut penser, d’après le chapeau, qu’il pense à la reconquête de sa dame. 3. Un cri de douleur amène Yvain dans une clairière. En entendant ce cri qu’il n’identifie pas, le chevalier se précipite, dans la mesure où il se doit de secourir les faibles. 4. Le spectacle auquel il assiste est extraordinaire puisque sont en présence un serpent-dragon, qui crache du feu, et un lion, dont la présence est étonnante au milieu de cette forêt. Le combat contre le monstre 5. Certains indices présentent Yvain comme un chevalier exemplaire : il est désigné par l’expression « Monseigneur Yvain » (l. 1), il est doté d’une « épée » et d’un « écu » (l. 14), attributs que possèdent les chevaliers (voir les séances précédentes). Il révèle aussi son comportement chevaleresque en venant en aide aux combattants et en décidant d’aider le lion car, « Pitié […] le prie de porter secours à la noble bête » (l. 18), celle-ci étant victime d’un serpent venimeux. En fait, Yvain vole au secours de celui qui a crié et réfléchit avant d’agir avec le plus de justice possible. 6. Yvain choisit de venir en aide au lion car celui-ci est présenté comme la victime d’un serpent, caractérisé comme un « être venimeux et perfide » (l. 11), 66 © Magnard, 2006 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 67 « plein de malignité » (l. 12). Ce serpent rejette des flammes par la gueule, est un animal « maléfique » (l. 19) : il a d’ailleurs attaqué le lion par derrière, lui brûlant le flanc de son poison « comme une flamme ardente » (l. 7). Il ouvre « une gueule plus large qu’une marmite » (l. 15-16). Le lion, quant à lui, est une « noble bête » (l. 18) et incarne « la noblesse et la générosité » (l. 28). On assiste donc au combat du Mal et du Bien. 7. À la fin de l’extrait, le lion, en signe de soumission et de reconnaissance, « tendait vers lui ses pattes jointes, et inclinait à terre son visage […],et s’agenouillait » (l. 29-31). On a d’ailleurs une personnification de cet animal, doté de sentiments et d’un comportement humains, qui en vient à pleurer « humblement » (l. 31-32), joignant les pattes en signe de prière. combattant mais également l’instrument de la répression du peuple. Elle assure sa supériorité sociale et, comme objet chargé de symbole, est entourée de mystère et peut posséder un nom. 13. Oral Durandal est l’épée de Roland, le neveu de Charlemagne : sentant sa fin approcher, Roland tenta de briser son épée afin qu’elle ne tombe pas aux mains des ennemis ; mais la lame resta intacte et fit éclater le rocher. Joyeuse est l’épée de Charlemagne, portant dans son pommeau des reliques, dont celle de la sainte Lance (qui aurait percé le flanc du Christ). Quant à Haute Claire, il s’agit de l’épée d’Olivier, nommée aussi Closamont, avec laquelle ce dernier combattit Roland (voir « Le mariage du Roland », in La Légende des siècles de Victor Hugo). Pour conclure 8. Dans ce texte, Yvain se met au service du Bien et de la justice en défendant le lion contre son assaillant, le serpent : il fait preuve de courage et de loyauté. 9. Le combat du lion et du serpent symbolise allégoriquement la lutte entre le Bien et le Mal : le serpent maléfique et malin incarne le Mal (comme le serpent dans la Bible) face au lion. ÉTUDE DE LA LANGUE 10. Grammaire Dans le premier paragraphe, on a un présent de vérité générale (« on ne peut que chercher à nuire », l. 10 ; « or le serpent est », l. 11) afin d’étayer la démonstration par des idées communes. Dans le second paragraphe, au contraire, on trouve un présent de narration qui rend plus actuelle la scène du combat, plus vivante. 11 Vocabulaire a. On attendra que l’élève soit capable d’expliciter clairement des notions comme la vaillance ou la force et qu’ils puissent illustrer le sens de celles-ci par des actions accomplies par des chevaliers au Moyen Âge ou des chevaliers des temps modernes. La confrontation des sens à donner à ces notions somme toute assez abstraites nourrira un débat entre les participants. b. « Respecter les codes de l’honneur » signifie respecter les règles instaurées par un collectif afin de conserver le Bien moral. Le duel p. 120-121 LECTURE Pour commencer 1. À cette question, il importe que les élèves répondent le plus honnêtement possible en justifiant leurs réponses. Dans nos représentations collectives, le combat des chevaliers magnifie leurs vertus physiques et révèle leur virilité dans la mesure où il apparaît comme un rite de passage, une initiation pour prouver son courage et sa prouesse. Des chevaliers au combat 2. Les deux combattants ne veulent pas abandonner le combat, faisant preuve d’un rare courage et gardant leur sang-froid au cœur du combat : « ils veillent à ne pas gaspiller leurs coups » (l. 29-30), ils agissent « en vrais preux » (l.38). Le premier chevalier attaque, « menant grand bruit, comme s’il chassait un cerf en rut » (l. 6-8). Ils sont comparés à « deux rocs » (l. 28). 3. Le combat est décrit précisément : il s’agit d’abord d’un duel, à cheval, avec les lances. Une fois celles-ci brisées, ils se battent à l’épée, dans un combat rapproché. 4. Les chevaliers sont dotés de vertus physiques, RECHERCHES 12. Oral L’épée au Moyen Âge est l’arme par excellence du chevalier, l’« insigne d’un métier » (l. 7) de de courage, et respectent les règles. Yvain l’emporte à la fin car il réussit à écarteler le heaume de son adversaire et à lui fendre la tête. Séquence 4 © Magnard, 2006 67 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 68 Un récit épique EXPRESSION 5. Le passage accumule les verbes d’action au présent, ce qui accentue la vivacité du combat. De surcroît, le narrateur nous donne des détails scabreux qui insistent sur la violence du combat et la force surhumaine des combattants. 6. On relève « lancèrent » (l. 10), « échangent » (l. 15), « transpercent » (l. 17), « s’affrontent » (l. 22), « frappent » (l. 34), « écartèle » (l. 41) qui accumulés, produisent un effet de rapidité et d’intensité. 7. À la ligne 15, le passage au présent permet de renforcer l’effet de rapidité et d’intensité cité à la réponse précédente. 8. Le combat est d’une violence extrême : « ils transpercent à la fois leurs écus ; les hauberts se démaillent, les lances se fendent et éclatent » (l. 16-20). Les blessures sont nombreuses desquelles coulent « des flots de sang » (l. 32). Le coup d’Yvain fend la tête de son adversaire jusqu’à sa cervelle, « si bien que des fragments ensanglantés en rougissaient les mailles du brillant haubert » (l. 44-45). Leurs coups sont si violents que leurs armes défensives ne sont d’aucun effet : « en plein visage ils se frappent d’estoc » (l. 34). 13. Écriture Ce sujet, qui consiste à inventer la suite immédiate du texte de départ, exige des élèves qu’ils respectent certains critères d’écriture : leur texte doit être écrit au passé avec des passages au présent de narration, à la 3e personne malgré certaines interventions du narrateur à la 1re personne. Le style épique doit, si possible, être conservé dans les passages de combat. Le récit doit présenter au moins une scène de combat, duquel Yvain sort victorieux grâce à l’intervention d’un adjuvant, et un passage où la dame soigne le héros avec un philtre d’amour. On sera sensible, dans l’évaluation, à la présence d’éléments propres à la « tonalité » médiévale (vocabulaire des armes, du château fort…). Les élèves pourront mettre à profit les recherches effectuées en vue des exposés oraux (voir le Parcours méthodes, p. 128). La quête de l’amour p. 122-123 LECTURE Pour commencer Pour conclure 1. « Politesse », « galanterie », « amabilité », « élé- 9. Le combat est beau car terrible, violent et pro- gance » sont des mots équivalents de « courtoisie » qui dérive du « court » = cour princière. « Faire sa cour » (qui s’écrit « cour » par confusion entre curia et cohors-cohortis) signifie au sens large « chercher à s’attirer les faveurs du roi » et au sens restreint « les faveurs de l’aimé(e) ». Courtiser a le même sens. longé : le duel incarne les valeurs guerrières qui font des chevaliers des combattants d’élite. 10. Ce passage est épique car le combat met en présence des chevaliers hors du commun, prêts à tout pour se mesurer loyalement. Le rythme de la phrase est rapide grâce à l’accumulation des verbes d’action au présent… Des personnages amoureux 2. Les personnages principaux sont des barons, qui appartiennent donc à la noblesse. Ce sont de jeunes chevaliers, « pleins de beauté et de vaillance, de générosité et de courtoisie » (l. 2-3). ÉTUDE DE LA LANGUE 11. Grammaire « Quel trouble s’empare de lui ! Jamais encore il n’a essuyé un coup aussi effroyable ; le fer lui a, sous la coiffe, fendu la tête jusqu’à sa cervelle, si bien que des fragments ensanglantés en rougissent les mailles du brillant haubert ; si grande est la souffrance qu’il éprouve que le cœur faillit lui manquer. » 12. Vocabulaire La colère : « courroux » (l. 4), « rage » (l. 29)… On pourrait ajouter : fureur, se déchaîner… La haine : « se vouer une haine mortelle (l. 12-13), « farouchement » (l. 27). On pourrait ajouter : aversion, hostilité… 3. Ils aiment tous les quatre la dame et s’efforcent de lui plaire en se mettant en valeur. La dame ne peut pas choisir puisqu’ils sont tous d’égale valeur : elle refuse « d’en perdre trois pour l’amour d’un seul » (l. 11-12). Les codes de l’amour 4. Les chevaliers arborent « le gage d’amour qu’elle leur avait donné, anneau, manche ou banderole » (l. 18-19) et prennent « son nom comme cri de ralliement » (l. 19-20). En échange, les chevaliers s’efforcent d’être dignes de la dame : ils « s’appliquaient » (l. 5-6). C’est la dame qui mène le jeu 68 © Magnard, 2006 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 69 dans la mesure où chaque prétendant « voulait être le premier » (l. 17). Une miniature 5. Le tournoi permet aux quatre combattants de se tant en duel sous les yeux de cinq dames. mettre en valeur les uns par rapport aux autres, d’être reconnus pour leurs prouesses physiques. Mais ils se mettent en danger et le texte insiste sur le vocabulaire de l’exagération : « avec trop d’imprudence » (l. 26), « bien cher » (l. 26). La violence du combat s’exprime par l’accumulation de verbes d’action au présent. De plus, on remarque que les chevaliers subissent les actions exprimées par les verbes : « la lance le transperce. Ils sont atteints » (l. 28). Ces tournois sont de véritables batailles où deux camps s’affrontent. 6. À l’issue du tournoi, les quatre chevaliers ont trouvé la mort et on transporte leurs corps « jusqu’à la dame qui les avait aimés » (36). Pour conclure 7. On est sensible à la fidélité des chevaliers à la dame qu’ils aiment, prêts à tout pour être remarqués. La dame encourage, accorde des gages, choisit : les chevaliers doivent prouver leur valeur, multiplier les exploits. 8. Le récit d’historien donne une autre vision des chevaliers qui ne connaissent que violence, appétits mal réprimés. Ce texte met à mal la représentation idyllique du chevalier amoureux. LIRE L’IMAGE Une miniature p. 124-125 Cette image est l’illustration d’un manuscrit. Elle appartient à un codex de l’université de Heidelberg (Allemagne) et représente Walther von Klingen, seigneur de Wehr et trouvère connu, combattant un autre chevalier lors d’une joute (défi codifié et gratuit, combat individuel à la lance) et non pas d’un tournoi (combat guerrier collectif qui n’existe pratiquement plus au XIVe siècle). L’historien Jean Fiori cite l’exemple d’un chevalier de Thuringe qui, dès 1227, « annonce qu’il mènera à une assemblée de ce genre […] une très belle jeune fille et qu’il soutiendra trois assauts contre quiconque voudrait la lui disputer ». Comme la plupart des œuvres de cette période, cette miniature a été exécutée pour un riche commanditaire, le seigneur chevalier von Klingen, et conçue pour répondre à ses aspirations de puissance et de prestige. 1. Cette image représente deux chevaliers se bat2. Sur une miniature, il n’y a ni le nom, ni la signature de l’artiste. Au Moyen Âge, beaucoup d’œuvres d’art sont anonymes, surtout celles des livres enluminés : l’identité de leurs auteurs nous échappe. Seuls, parfois, le nom du commanditaire et ceux des propriétaires successifs sont connus. On qualifie donc ce genre d’œuvre d’anonyme. Les chevaliers 3. D’après le titre, Victoire du poète W. von Klingen, von Kligen est le chevalier de droite. Les éléments qui permettent de distinguer les deux hommes sont les armoiries (visibles sur les costumes, les écus et les housses des chevaux), la robe des chevaux et la forme des heaumes. 4. La couleur du costume (ou de la livrée) de chaque chevalier est identique à celle de la housse de son cheval. Les chevaliers considéraient leurs chevaux comme un prolongement d’eux-mêmes. 5. Les heaumes empêchent de voir les visages des deux hommes. En revanche, les yeux des chevaux semblent presque humains. Ils expriment des sentiments (peur, détermination…) que l’artiste ne peut pas prêter aux cavaliers puisque leur visage est caché. Cette habitude s’explique également par le rôle des chevaux à cette époque. Georges Duby explique dans La Chevalerie que les « destriers » des chevaliers (c’est-à-dire leurs chevaux de combat) étaient des chevaux arabes d’Andalousie très souvent connus par leurs noms propres. Ils revêtaient en fait beaucoup plus d’importance aux yeux de leurs propriétaires que la masse des paysans asservis par eux. La composition 6. Les éléments du paysage représentés sont la terre, une courtine crénelée et un décor gothique. La place du paysage « naturel » est très réduite dans les miniatures, il n’est pas représenté pour lui-même : quand il apparaît, il n’est que symbolique et les proportions ne sont jamais respectées. Jusqu’à la Renaissance italienne, il n’est pas encore un objet artistique. La peinture allemande du XIVe siècle est encore très « archaïque » par rapport à la peinture flamande et italienne. 7. Les hommes sont beaucoup plus grands que leur cheval. L’artiste ne respecte pas les proportions des uns et des autres car les chevaliers doivent, de toute façon, occuper la plus grande place dans l’image. Séquence 4 © Magnard, 2006 69 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 70 Les femmes 8. a. Les femmes sont situées en haut de l’image. Leur dimension est comparable à celle des hommes. On peut donc en déduire qu’elles se trouvent juste au-dessus des chevaliers. Notre œil est habitué à associer la taille d’un objet à sa proximité ou à son éloignement. b. Pour montrer que les femmes sont plus loin, derrière les hommes, il aurait fallu que l’artiste représente celles-ci, ainsi que la courtine crénelée, en plus petit. Mais au début du XIVe siècle, en terre germanique, la perspective n’était pas encore connue et les miniatures étaient composées d’une succession d’aplats de couleur sans recherche d’illusion de la profondeur. 9. Pendant que les chevaliers se battent, les femmes les regardent en parlant et en minaudant. Cela illustre leur place dans la société médiévale telle que Georges Duby la décrit dans le récit d’historien situé à la page 125 du manuel. 10. Les aspects « documentaires » sont importants (armes, costumes décors, personnages, absence de paysage « naturel », de perspective…), même s’il n’y a pas d’intention documentaire de la part des artistes du Moyen Âge. Une œuvre d’art nous apprend autant sur une époque par ce qu’elle montre et représente que par ce qu’elle cache ou ne sait pas montrer. 11. Les élèves feront facilement le parallèle entre les caractéristiques qu’ils ont dégagées sur le chevalier et sa dame. VOCABULAIRE L’évolution du français, du Moyen Âge à aujourd’hui p. 126-127 Cette étude de la langue peut initier un travail sur l’étymologie du sens des mots et donner quelques notions d’histoire de la langue. 1. Certains mots n’ont pas changé : dira, si, non, ai, amis, honte, ces, pris. D’autres sont identifiables phonétiquement : nuls, oms, reson, com, chançon, deus, yvers… Le texte le plus proche de notre langue est celui en langue d’oil, dialecte dont le français actuel est issu, comme le montre homs contre om ; fere chançon contre faire canso, honte contre ancta. 2. a. De hibernum à hiver, on trouve l’étape intermédiaire yver qui indique qu’au moment de la fixa- tion de l’orthographe le recours à l’étymologie a joué, ce qui explique la réapparition du « h » initial. L’emploi du « y » rend lisible le « v » qui le suit : en écriture manuscrite, la graphie « iver » peut être confondue avec mer, par exemple. L’ajout du « h » étymologique joue également ce rôle d’aide à la lecture. On trouve la même évolution pour (h)ostel (lat. hospitale, auquel est emprunté la forme ospital). b. Dans puet il fere chançon, l’article indéfini n’existe pas (comme en latin) alors qu’on trouve des déterminants possessifs comme sa reson, ma rëençon et un article défini pluriel li don. L’ordre des mots n’est pas le même qu’en français moderne mais il s’agit d’un texte poétique. Quoi qu’il en soit, compte tenu de l’existence de cas en ancien français – cas sujet nus homs / cas régime sa reson – la syntaxe de l’ancien français est plus souple. 3. Le mot confort est traduit par consolation : en français moderne, ce sens se retrouve dans réconfort. Confort signifie actuellement « tout ce qui contribue au bien-être ». 1. Au temps que les bêtes parlaient (il n’y a pas trois jours), un pauvre lion, par la forêt se promenant, passa par dessous un arbre auquel était monté un vilain pour abattre du bois, lequel voyant le lion, lui jeta sa cognée et le blessa énormément en une cuisse. Le texte du XVIe siècle porte des traces étymologiques comme villain < villanus. Le groupe de lettres « es » s’est résolu en ê ou é. 2. a. robe – b. éléphant – c. bécane 3. La traduction est la suivante : Le vilain ânier Il advint un jour à Montpellier qu’un vilain avait l’habitude (était coutumier) de ramasser et de charger du fumier avec deux ânes pour fumer sa terre. Un jour, après avoir chargé ses ânes, il ne s’est pas attardé, il entra dans le bourg, menant ses ânes. Devant lui, il chassait la foule à grand-peine, souvent il était obligé de dire : Hue ! La suite du fabliau raconte qu’en sentant les épices dont Montpellier faisait commerce le vilain s’évanouit. Pour le ranimer, on lui fait sentir une pelletée de fumier, odeur familière, sentant pour lui comme un parfum. a. vilain vient de villanum, dérivé de villa qui signifie « domaine rural ». On peut le traduire par « paysan » ou « serf ». b. Asne donne « âne » ; on trouve la même chose dans hôpital/hospice ou castel/château. c. jam donne « jamais » mais on trouve ja dans le texte. 70 © Magnard, 2006 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 71 d. À la place de jor, nous écririons « jour » : le « o » s’est transformé en ou. « Costumier » devient « coutumier », « borc » est devenu « bourg ». 4. Auscultare = écouter, ausculter Claviculum = cheville (et clé), clavicule Capitalem = cheptel, capitale Tractatum = traité, tract Pedestrem = pitre, piéton (et pédestre) Ministerium = métier, ministre Singularis = sanglier, singulier. PARCOURS MÉTHODES Préparer et présenter un exposé p. 128 Ce parcours s’effectuera en partenariat avec le documentaliste et le professeur d’histoire dans la mesure où les sources des élèves peuvent être des œuvres littéraires ou des textes d’historiens. On pourra ainsi évaluer les compétences des élèves en recherche documentaire (autonomie, références précises de leurs sources), mais également leur prestation orale pour présenter le résultat de leurs recherches. Il est tout à fait possible de faire rédiger une affiche par thème afin de mettre au point une exposition sur le Moyen Âge au CDI. Nous proposons une grille d’évaluation de l’exposé oral : il s’agit bien évidemment d’une proposition, à adapter à la classe, au moment de l’année… On peut exiger d’un élève présentant un exposé oral qu’il propose une introduction, un plan clair de son travail et une conclusion. Les critères de réussite seront : – un exposé fait dans le temps imparti – un exposé non lu – une expression claire et audible – le respect de la méthode Pour l’évaluation, il importera de distinguer la méthode (présence et qualité de l’introduction, de la conclusion, du plan des informations, d’illustrations) et l’expression (la qualité mais également la faculté de l’élève à se détacher de ses notes). Dans le cadre d’une exposition sur le Moyen Âge, il importera d’illustrer les panneaux par des objets plus concrets : le panneau « la nourriture » sera accompagné par exemple de plats confectionnés à l’aide de recettes médiévales… PARCOURS D’ÉCRIT Écrire un récit ayant pour cadre le Moyen Âge p. 129 Ce parcours d’écrit permet de réinvestir les connaissances acquises dans la séquence et ne trouve sa place qu’au terme de celle-ci. Il permet d’autre part d’insérer à la narration un dialogue (étape 4) et une description spatiale (étape 3), compétences vues lors des séquences précédentes. La difficulté du sujet réside dans le choix d’éléments susceptibles de « créer une atmosphère médiévale », afin de viser à l’effet de réel : mots en ancien français, vocabulaire des armes et de l’habillement du chevalier… On pourrait par exemple proposer une évaluation par objectifs et le présenter sous forme de tableau : – Le devoir est un récit chronologique, au passé ou/et au présent de narration, à la 3e personne, et suit une logique interne – Le texte présente un portrait précis du héros – Le récit présente une description spatiale et organisée du lieu merveilleux où se passe l’action – Un dialogue est inséré au récit, avec des verbes introducteurs variés; il met en évidence les rapports de hiérarchie entre les interlocuteurs – L’intrigue se passe au Moyen Âge : « effet de réel » – Correction de la langue On sera sensible dans la correction de la langue à l’emploi des mots de reprise pour éviter les répétitions : le chevalier, le jeune homme, le preux… -131 BILAN Anonyme, Perlesvaus p. 130-131 QUESTIONS Les personnages 1. Les trois personnages en présence dans le texte sont : Perlesvaus (le héros), la dame chauve (l’aide ou adjuvant) et l’Ermite noir (l’opposant). Perlesvaus est un autre nom de Perceval, ce qui révèle les transformations que les auteurs ont pu apporter à la matière de Bretagne (Parcifal en serait un autre). La Demoiselle au char prévient le protagoniste des dangers qui le guettent, remplissant donc le rôle d’adjuvant. Quant au héros, sa vue détourne les habitants de leur intention première de le tuer, et c’est lui qui vient à bout de l’Ermite noir, l’opposant qui veut l’affronter. Séquence 4 © Magnard, 2006 71 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 72 2. Les deux combattants sont représentés. Perlesvaus est doté d’un bouclier blanc, faisant tomber son ennemi d’un coup de lance. L’Ermite noir, quant à lui, est monté sur un cheval noir, et très prompt au combat également. Les deux combattants sont en totale opposition quant aux couleurs qui les caractérisent : on retrouve l’opposition du blanc, symbole de la vérité, du bien, et du noir, symbole du mal et de Satan. De même, Perlesvaus frappe son ennemi du côté gauche – on sait que « gauche » vient du latin sinister qui signifie aussi « méchant, perfide, mauvais ». LECTURE PERSONNELLE L’Hiver des loups p. 132 3. Perlesvaus réussit son combat contre l’Ermite noir et arrive à l’anéantir : c’est donc une quête du château et une volonté de suspendre l’emprise de l’Ermite noir sur le château, voire de la possession diabolique. Il fait preuve de courage et de noblesse de cœur et livre un combat contre les forces du mal, étant au service de la justice et de Dieu. Le personnage principal de la série des Garin Troussebœuf est un jeune scribe que sa profession mène de région en région et met en contact avec des métiers, des villes, des événements historiques du Moyen Âge. En plus de L’Hiver des loups, trois autres volumes sont présentés page 133 du manuel. L’ensemble des aventures est présenté page 2 de la bibliographie d’Évelyne Brisou-Pellen sur le site officiel : http://brisou-pellen.club.fr/index.html Elles font l’objet d’une étude sur Télémaque, le site de littérature jeunesse de l’académie de Créteil : http://www.crdp.ac-creteil.fr/telemaque/document/histoire-garin.htm avec la carte d’identité du personnage, son métier. La quête Étape 1 • Choisir le livre 4. Perlesvaus veut tuer L’Ermite noir dans le double but de délivrer les habitants du château et de les convertir à la foi chrétienne. ◆ Les réponses se construisent à partir du croisement des deux sources d’informations.Sur la couverture, l’oriflamme porte le nom de Garin Troussebœuf, personnage récurrent de la série. En gros plan, un loup hurle. Le chapitre 3 évoque « La fille aux loups », qui est peut-être la « Sorcière ». Un chapitre porte le titre « Un meunier ». Enfin les loups sont partout : « La fille aux loups », « La marque du loup », « Loup-garou ». La sorcière et le loup-garou évoquent un univers mystérieux de croyances. On peut supposer que la fille aux loups (pourquoi porte-t-elle ce nom ?) est accusée d’attirer et de mener les loups, d’être une sorcière, et que Garin va intervenir pour la défendre. Qui sont ses accusateurs ? Le meunier ? Les rapaces ? 5. Le personnage principal est doté de qualités surhumaines, gagnant son combat contre le mal : des interventions merveilleuses interviennent à la fin du texte et insistent sur la caractéristique diabolique de l’opposant (« une grande fosse », l. 35 dont il sortit « une puanteur atroce », l. 36). De même, le passage met en valeur les vertus physiques et morales du héros en misant sur les marques de l’hyperbole (une « telle violence que toute la salle en retentit », l. 29-30 ; « le choc fut si rude que », l. 30-31). ÉCRITURE 6. Il s’agit pour l’élève d’imaginer la première rencontre de Perlesvaus avec la Demoiselle au char, alors chauve : il faudra donc donner les raisons de sa calvitie (dans certains textes médiévaux, la calvitie involontaire de certaines femmes était une punition infligée pour un adultère présumé). Dans ce nouvel épisode, Perlesvaus vient en aide à la jeune femme en détresse et combat contre l’ennemi de celle-ci. Le héros devra posséder les vertus physiques et morales mises en évidence dans le texte de départ et sa lutte devra être une étape dans sa quête mystique. ◆ L’histoire se passe l’hiver (L’hiver des loups, « Un hiver menaçant ») dans un village que les titres ne permettent pas de situer. À moins que le biniou ne conduise sur la piste de la Bretagne. Quant à la période historique, la lettrine de Garin, l’oriflamme, les histoires de loups qui menacent un village mènent tout droit au Moyen Âge. ◆ Pratiquement tous les titres évoquent un danger ou une péripétie possible : l’hiver est menaçant, le village se protège derrière des palissades, la maison à l’extérieur du village est une drôle de maison. « Une visite très bizarre », « Vieilles histoires », « Des nouvelles accablantes », « Un drame », « Une nuit épouvantable » laissent supposer des histoires de village, des morts. Les loups semblent un danger pour les villageois et des amis pour la fille aux loups. 72 © Magnard, 2006 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 73 ◆ « La pleine lune », « Loup-garou », « Sorcière », « Une nuit épouvantable », « Une image de l’enfer » font pencher l’atmosphère vers le fantastique. Résumé de l’histoire La jeune fille s’appelle Jordane. Perdue dans la forêt, enfant, elle a vécu quelque temps avec les loups et reste capable de communiquer avec eux. En tout cas, elle les comprend bien. Son père, absent, lui a confié la garde de ses sœurs et la maison, mais ses terres sont convoitées. Lorsque l’hiver pousse les loups à se rapprocher, Jordane est accusée et elle serait brûlée pour sorcellerie si Garin Trousseloup n’intervenait pour lui venir en aide. Étape 2 • Pour accompagner votre lecture Des hommes et des loups ◆ Les villageois reprochent à Jordane d’attirer les loups car, à quatre ans, elle a vécu avec eux. Les croyances sur les loups se contredisent : certains pensent qu’il s’agit des soldats réincarnés, mais l’ancien curé ne croit pas à ces balivernes (p. 9). Les loups sont tout proches de la maison de Jordane (p. 14) ; les villageois, et Garin lui-même, pensent que les loups attaquent les hommes, en particulier les jeunes enfants. Jordane affirme le contraire (p. 15). On reproche aussi à Jordane de ne pas vouloir éloigner les loups (chapitre 2). L’affaire s’envenime lorsque deux bergers sont attaqués par des loups, même si Garin, en examinant les griffures, remarque que les marques sont anormalement écartées (p. 47). Quand les loups laissent passer Jordane, elle se retrouve soupçonnée de sorcellerie (p. 57) puis d’être possédée de Satan (p. 118). ◆ Certains attribuent la présence des loups à la rigueur de l’hiver. Garin a remarqué qu’ils étaient partout. Le père de Jordane expliquait que les loups prennent en temps de guerre l’habitude de suivre les armées pour se nourrir des cadavres. Les autres, poussés par la peur, reportent toute leur impuissance sur Jordane. Quant au seigneur, il pense que les loups qui attaquent sont atteints de la rage (p. 148). Un village au Moyen Âge ◆ Le seigneur et le curé ont de l’autorité sur les villageois. Le seigneur est celui qui donne du travail. Les bûcherons travaillent pour lui. L’oncle Macé a obtenu sa place de meunier du seigneur. Les femmes font cuire le pain dans le four du seigneur (p. 61). Garin estime que le seigneur est aisé mais point fortuné (p. 101) : il ressemble à un pay- san huppé point trop sot. Au cours de sa visite au « château », Garin apprend que les terres de Jordane Prigent constituent une enclave qui gêne le seigneur. On se réfère au curé pour les mesures de protection : il réclame à chacun des fagots pour entretenir du feu. Garin apprend également que les terres de l’abbaye jouxtent celles de Jordane. Le curé interdit à Jordane de paraître à la messe et il conduit la procession qui veut savoir si Jordane est possédée par Satan. Les villageois doivent la taillée au curé (p. 124) ; s’ils ne paient pas, ils sont excommuniés. Le seigneur rend la justice, sauf pour les cas de sorcellerie, qui regardent le curé (p. 152). Quant au maréchal-ferrant, il semble constamment violent et menaçant mais, ancien bourreau et assassin, il a été attaqué une fois par des loups et éprouve une sorte de remords devant son sort (p. 54). ◆ Le village n’est pas riche. La maison du seigneur est modeste, l’église aussi (chandelier de cuivre, calice de plomb, p. 126). En dehors du métier de maréchal-ferrant, de meunier, de bûcheron et de charbonnier, on mentionne l’élevage des moutons. Tout le monde cultive son potager, fabrique son pain. Garin enquêteur justicier ◆ Garin est scribe. Il rédige des lettres, des testaments, des inventaires, des registres de baptêmes ou mariages. Son métier lui permet d’entrer dans toutes les maisons, de surprendre des confidences, de connaître les biens et les petites histoires. C’est ainsi qu’il apprend que les terres des Prigent sont convoitées par le seigneur, l’abbaye et le meunier. ◆ Garin est un personnage plein de fantaisie qui modifie son nom au gré de ses inventions : Trousseloup, Troussepaille… On sait qu’il vient d’une famille nombreuse, qu’il a beaucoup voyagé, qu’il est très observateur. Son expérience du monde lui permet de douter, de remettre en cause les superstitions. Cependant, lui-même se signe sur Saint-Garin. Son geste protecteur est de se mettre le pouce dans l’oreille et le petit doigt sur la narine. Enfin, il a un don de conteur d’histoires : celle de Merlin, celle des trois pets de l’âne, celle de son faux père useur de chaussures à la cour de Bourgogne. ◆ Garin remarque que les empreintes ne sont pas celles d’un loup. Il devine que des intérêts financiers sont en jeu. Une vieille lui dit qu’un coffret doit être remis à Jordane en cas de malheur. Au moment où Jordane va être brûlée, il affirme qu’elle est victime d’une machination. Il réfléchit et se Séquence 4 © Magnard, 2006 73 p061_074_S4 18/07/06 14:34 Page 74 souvient du seigneur enterrant les peaux de loup, de la fausse lettre qui mettait Conques sur le chemin de Rome. Ses suspects sont le seigneur, qui ne paraît nullement troublé par les questions de Garin, puis le meunier. Or le meunier a fait semblant de savoir lire et, surtout, il a fait croire à son frère que sa femme et ses trois filles étaient mortes pour le tenir éloigné et récupérer l’héritage. Enfin, le père qui a rencontré l’ancien curé et appris la vérité revient miraculeusement à temps. ◆ Garin est un personnage sympathique, plein d’astuce et de bonne humeur, qui met ses qualités au service de la justice. Présenter un livre pour donner envie de le lire Cette présentation ludique plaît fort aux élèves, autant à celui qui anime qu’aux enquêteurs. 74 © Magnard, 2006