Illustration d`un capteur TEMPRIS positionné dans un flacon
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Illustration d`un capteur TEMPRIS positionné dans un flacon
http://portaildoc.univ-lyon1.fr Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale Pas de Modification 2.0 France (CC BY-NC-ND 2.0) http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) UNIVERSITE CLAUDE BERNARD - LYON 1 FACULTE DE PHARMACIE INSTITUT DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES Année 2015 THESE n° 79 THESE pour le DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE présentée et soutenue publiquement le 11 septembre 2015 par M. GARCIA Maxime Né le 07 septembre 1989 à Lyon 7ème ***** L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation ***** JURY Mme DEGOBERT Ghania, Maître de Conférences des Universités Mme GIRAUD Laure, Docteur en Pharmacie M. BOGDANI Eni, Docteur en Génie des Procédés M. NALLET Romain, Docteur en Pharmacie GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Juin 2015 UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1 Président de l’Université M. François-Noël GILLY Vice-Président du Conseil d’Administration M. Hamda BEN HADID Vice-Président du Conseil Scientifique M. Germain GILLET Vice-Président du Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire M. Philippe LALLE Composantes de l’Université Claude Bernard Lyon 1 SANTE UFR de Médecine Lyon Est Directeur : M. Jérôme ETIENNE UFR de Médecine Lyon Sud Charles Mérieux Directeur : Mme Carole BURILLON Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques Directrice : Mme Christine VINCIGUERRA UFR d'Odontologie Directeur : M. Denis BOURGEOIS Institut des Techniques de Réadaptation Directeur : M. Yves MATILLON Département de formation et centre de recherche en Biologie Humaine Directeur : Anne-Marie SCHOTT SCIENCES ET TECHNOLOGIES Faculté des Sciences et Technologies Directeur : M. Fabien DE MARCHI UFR de Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS) Directeur : M. Yannick VANPOULLE Ecole Polytechnique Universitaire de Lyon (ex ISTIL) Directeur : M. Pascal FOURNIER I.U.T. LYON 1 Directeur : M. Christophe VITON Institut des Sciences Financières et d'Assurance (ISFA) Directeur : M. Nicolas LEBOISNE ESPE Directeur : M. Alain MOUGNIOTTE 3 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Juin 2015 UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1 ISPB - Faculté de Pharmacie Lyon LISTE DES DEPARTEMENTS PEDAGOGIQUES DEPARTEMENT PEDAGOGIQUE DE SCIENCES PHYSICO-CHIMIQUE ET PHARMACIE GALENIQUE CHIMIE ANALYTIQUE, GENERALE, PHYSIQUE ET MINERALE Monsieur Raphaël TERREUX (Pr) Monsieur Pierre TOULHOAT (Pr – PAST) Madame Julie-Anne CHEMELLE (MCU) Monsieur Lars-Petter JORDHEIM (MCU) Madame Christelle MACHON (AHU) PHARMACIE GALENIQUE-COSMETOLOGIE Madame Marie-Alexandrine BOLZINGER (Pr) Madame Stéphanie BRIANCON (Pr) Madame Françoise FALSON (Pr) Monsieur Hatem FESSI (Pr) Monsieur Fabrice PIROT (PU – PH) Monsieur Eyad AL MOUAZEN (MCU) Madame Sandrine BOURGEOIS (MCU) Madame Ghania HAMDI-DEGOBERT (MCU – HDR) Monsieur Plamen KIRILOV (MCU) Monsieur Damien SALMON (AHU) BIOPHYSIQUE Monsieur Richard COHEN (PU – PH) Madame Laurence HEINRICH (MCU) Monsieur David KRYZA (MCU – PH) Madame Sophie LANCELOT (MCU – PH) Monsieur Cyril PAILLER-MATTEI (MCU – HDR) Madame Elise LEVIGOUREUX (AHU) DEPARTEMENT PEDAGOGIQUE PHARMACEUTIQUE DE SANTE PUBLIQUE DROIT DE LA SANTE Monsieur François LOCHER (PU – PH) Madame Valérie SIRANYAN (MCU – HDR) ECONOMIE DE LA SANTE Madame Nora FERDJAOUI MOUMJID (MCU – HDR) Madame Carole SIANI (MCU – HDR) Monsieur Hans-Martin SPÄTH (MCU) INFORMATION ET DOCUMENTATION Monsieur Pascal BADOR (MCU – HDR) HYGIENE, NUTRITION, HYDROLOGIE ET ENVIRONNEMENT Madame Joëlle GOUDABLE (PU – PH) INGENIERIE APPLIQUEE A LA SANTE ET DISPOSITIFS MEDICAUX Monsieur Gilles AULAGNER (PU – PH) Monsieur Daniel HARTMANN (Pr) 4 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Juin 2015 QUALITOLOGIE – MANAGEMENT DE LA QUALITE Madame Alexandra CLAYER-MONTEMBAULT (MCU) Monsieur Vincent GROS (MCU – PAST) Madame Audrey JANOLY-DUMENIL (MCU – PH) Madame Pascale PREYNAT (MCU – PAST) MATHEMATIQUES – STATISTIQUES Madame Claire BARDEL-DANJEAN (MCU) Madame Marie-Aimée DRONNE (MCU) Madame Marie-Paule PAULTRE (MCU – HDR) DEPARTEMENT PEDAGOGIQUE SCIENCES DU MEDICAMENT CHIMIE ORGANIQUE Monsieur Pascal NEBOIS (Pr) Madame Nadia WALCHSHOFER (Pr) Monsieur Zouhair BOUAZIZ (MCU – HDR) Madame Christelle MARMINON (MCU) Madame Sylvie RADIX (MCU – HDR) Monsieur Luc ROCHEBLAVE (MCU – HDR) CHIMIE THERAPEUTIQUE Monsieur Roland BARRET (Pr) Monsieur Marc LEBORGNE (Pr) Monsieur Laurent ETTOUATI (MCU – HDR) Monsieur Thierry LOMBERGET (MCU – HDR) Madame Marie-Emmanuelle MILLION (MCU) BOTANIQUE ET PHARMACOGNOSIE Madame Marie-Geneviève DIJOUX-FRANCA (Pr) Madame Marie-Emmanuelle HAY DE BETTIGNIES (MCU) Madame Isabelle KERZAON (MCU) Monsieur Serge MICHALET (MCU) PHARMACIE CLINIQUE, PHARMACOCINETIQUE ET EVALUATION DU MEDICAMENT Madame Roselyne BOULIEU (PU – PH) Madame Magali BOLON-LARGER (MCU – PH) Madame Christelle CHAUDRAY-MOUCHOUX (MCU – PH) Madame Céline PRUNET-SPANO (MCU) Madame Catherine RIOUFOL (MCU – PH – HDR) DEPARTEMENT PEDAGOGIQUE DE PHARMACOLOGIE, PHYSIOLOGIE ET TOXICOLOGIE TOXICOLOGIE Monsieur Jérôme GUITTON (PU – PH) Madame Léa PAYEN (PU – PH) Monsieur Bruno FOUILLET (MCU) Monsieur Sylvain GOUTELLE (MCU – PH) PHYSIOLOGIE Monsieur Christian BARRES (Pr) Monsieur Daniel BENZONI (Pr) Madame Kiao Ling LIU (MCU) Monsieur Ming LO (MCU – HDR) 5 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Juin 2015 PHARMACOLOGIE Monsieur Michel TOD (PU – PH) Monsieur Luc ZIMMER (PU – PH) Monsieur Roger BESANCON (MCU) Madame Evelyne CHANUT (MCU) Monsieur Nicola KUCZEWSKI (MCU) Monsieur Olivier CATALA (Pr – PAST) Madame Corinne FEUTRIER (MCU – PAST) Madame Mélanie THUDEROZ (MCU – PAST) DEPARTEMENT PEDAGOGIQUE DES SCIENCES BIOMEDICALES A IMMUNOLOGIE Monsieur Jacques BIENVENU (PU – PH) Monsieur Guillaume MONNERET (PU – PH) Madame Cécile BALTER-VEYSSEYRE (MCU – HDR) Monsieur Sébastien VIEL (AHU) HEMATOLOGIE ET CYTOLOGIE Madame Christine TROUILLOT-VINCIGUERRA (PU – PH) Madame Brigitte DURAND (MCU – PH) Monsieur Olivier ROUALDES (AHU) MICROBIOLOGIE ET MYCOLOGIE FONDAMENTALE ET APPLIQUEE AUX BIOTECHNOLOGIE INDUSTRIELLES Monsieur Patrick BOIRON (Pr) Monsieur Jean FRENEY (PU – PH) Madame Florence MORFIN (PU – PH) Monsieur Didier BLAHA (MCU) Madame Ghislaine DESCOURS (MCU – PH) Madame Anne DOLEANS JORDHEIM (MCU – PH) Madame Emilie FROBERT (MCU – PH) Madame Véronica RODRIGUEZ-NAVA (MCU – HDR) PARASITOLOGIE, MYCOLOGIE MEDICALE Monsieur Philippe LAWTON (Pr) Madame Nathalie ALLIOLI (MCU) Madame Samira AZZOUZ-MAACHE (MCU – HDR) DEPARTEMENT PEDAGOGIQUE DES SCIENCES BIOMEDICALES B BIOCHIMIE – BIOLOGIE MOLECULAIRE - BIOTECHNOLOGIE Madame Pascale COHEN (Pr) Monsieur Alain PUISIEUX (PU – PH) Monsieur Karim CHIKH (MCU – PH) Madame Carole FERRARO-PEYRET (MCU – PH – HDR) Monsieur Boyan GRIGOROV (MCU) Monsieur Hubert LINCET (MCU – HDR) Monsieur Olivier MEURETTE (MCU) Madame Caroline MOYRET-LALLE (MCU – HDR) Madame Angélique MULARONI (MCU) Madame Stéphanie SENTIS (MCU) Monsieur Anthony FOURIER (AHU) BIOLOGIE CELLULAIRE Madame Bénédicte COUPAT-GOUTALAND (MCU) Monsieur Michel PELANDAKIS (MCU – HDR) 6 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Juin 2015 INSTITUT DE PHARMACIE INDUSTRIELLE DE LYON Madame Marie-Alexandrine BOLZINGER (Pr) Monsieur Daniel HARTMANN (Pr) Monsieur Philippe LAWTON (Pr) Madame Sandrine BOURGEOIS (MCU) Madame Marie-Emmanuelle MILLION (MCU) Madame Alexandra MONTEMBAULT (MCU) Madame Angélique MULARONI (MCU) Madame Valérie VOIRON (MCU – PAST) Assistants hospitalo-universitaires sur plusieurs départements pédagogiques Madame Emilie BLOND Madame Florence RANCHON Attachés Temporaires d’Enseignement et de Recherche (ATER) Madame Sophie ASSANT 85ème section Monsieur Benoit BESTGEN 85ème section Madame Marine CROZE 86ème section Madame Mylène HONORAT MEYER 85ème section Pr : Professeur PU – PH : Professeur des Universités, Praticien Hospitalier MCU : Maître de Conférences des Universités MCU – PH : Maître de Conférences des Universités, Praticien Hospitalier HDR : Habilitation à Diriger des Recherches AHU : Assistant Hospitalier Universitaire PAST : Personnel Associé Temps Partiel 7 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Remerciements Je tiens à remercier, Madame G. DEGOBERT, Maître de Conférences des Universités, Pour m’avoir fait découvrir le Quality by Design et le Process Analytical Technology dans le cadre de mon exposé de sixième année, pour m’avoir laissé rédiger cette thèse en autonomie et pour m’avoir fait l’honneur de diriger mon travail et de présider ce jury. Madame L. GIRAUD, Docteur en Pharmacie, Pour avoir accepté de faire partie de ce jury. Je vous remercie également pour le temps consacré à la lecture de ce travail ainsi que pour les suggestions de documents m’ayant permis de l’améliorer. Veuillez croire en ma profonde reconnaissance. Monsieur E. BOGDANI, Docteur en Génie des Procédés, Pour avoir accepté de faire partie de ce jury. Veuillez trouver ici l’expression de mes remerciements. Monsieur R. NALLET, Docteur en Pharmacie, Pour avoir accepté de faire partie de ce jury. Veuillez trouver ici l’expression de ma gratitude la plus sincère. 9 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) A mes parents, ma sœur et mon frère, pour avoir toujours fait en sorte que je donne le meilleur de moi-même. A Jonathan Chanut, alias Animal, pour ces belles et souples discussions du 13h qui m’ont bien souvent permis de me changer les idées avant de me remettre sur cette thèse. Merci également pour ta relecture de ma thèse. J’espère que tu seras toujours disponible pour faire des parties de billard, n’oublions pas que je reste sur douze victoires consécutives, série en cours. A mes amis de Pharma, Romain, Animal, Vincent, Berny, Souche, Baffert, Mathieu, Nounours, Erwan, Théia, E-M, Mymy, Maryse et Marina, pour tous ces bons moments passés ensemble tout au long de mes études. C’est grâce à vous si j’en garde un aussi bon souvenir. A mes amis de l’IPIL, Romain, Aurélien, Anne Schiestl, RP, Aurélia, Renaud et Pec, sans qui ma dernière année d’études n’aurait pas été aussi bien. C’est toujours un plaisir de vous retrouver et de parcourir des centaines de kilomètres pour que l’on puisse se revoir. 10 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Aux amis que je me suis fait au cours des années passées à travailler à la Cerp à savoir Mélanie, Nico, Christophe et Morgan. Je ne serais pas allé travailler avec le même entrain si vous n’aviez pas été là. Merci également à Pascale pour avoir régulièrement pris de mes nouvelles. Comment parler de Nico sans évoquer les deux autres zouaves que sont Biochman et Flo. Je vous remercie pour les bons moments passés ensemble à manger des pizzas bien que vous n’ayez aucun honneur, aucune dignité, rien! Aux amis de Pierre-Bénite qui le sont restés malgré les années passées à savoir David, Julien et Vicky. C’est toujours un plaisir de vous voir ou d’avoir de vos nouvelles. Aux docteurs en Pharmacie Françoise Broutin et Florence Cuny, sans qui je ne me serais certainement pas dirigé vers des études de Pharmacie. Merci à vous, ainsi qu’à Audrey et Clotilde, de prendre régulièrement de mes nouvelles. A Mylène, pour son soutien lors de la finalisation de cette thèse. Enfin, merci à tous ceux qui prendront un peu de leur temps pour lire ne serait-ce que quelques pages de ma thèse. 11 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait. » Mark Twain « Victoria Concordia Crescit » (La victoire vient de l’harmonie) Devise de l’Arsenal FC GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Table des matières REMERCIEMENTS ....................................................................................................................... 9 TABLE DES MATIERES ............................................................................................................... 15 LISTE DES FIGURES.................................................................................................................... 19 LISTE DES TABLEAUX ................................................................................................................ 21 LISTE DES ABREVIATIONS ......................................................................................................... 23 INTRODUCTION ........................................................................................................................ 25 PARTIE 1: LA QUALITE DANS L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE............................................... 29 1.1 NOTIONS DE QUALITE ET D’ASSURANCE QUALITE....................................................... 31 1.1.1 LA QUALITE .......................................................................................................................... 31 1.1.2 L’ASSURANCE QUALITE ........................................................................................................ 32 1.1.3 LE CONTROLE QUALITE ........................................................................................................ 33 1.2 LES REFERENTIELS REGLEMENTAIRES .......................................................................... 34 1.2.1 LE CODE DE LA SANTE PUBLIQUE ........................................................................................ 34 1.2.2 LES BONNES PRATIQUES DE FABRICATION ......................................................................... 35 1.2.3 LES CURRENT GOOD MANUFACTURING PRACTICE ............................................................. 38 1.2.4 LES PHARMACOPEES ........................................................................................................... 39 1.2.5 L’INTERNATIONAL CONFERENCE ON HARMONISATION ..................................................... 42 1.3 L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE................................................................. 43 1.3.1 CONSTITUTION DU DOSSIER DE DEMANDE D’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE.. 43 1.3.2 TYPES DE PROCEDURES D’ENREGISTREMENT DES MEDICAMENTS EN EUROPE................. 45 1.3.2.1 LA PROCEDURE NATIONALE ...................................................................................................... 46 1.3.2.2 LES PROCEDURES COMMUNAUTAIRES ..................................................................................... 46 1.3.2.2.1 LA PROCEDURE CENTRALISEE ........................................................................................... 47 1.3.2.2.2 LA PROCEDURE DE RECONNAISSANCE MUTUELLE........................................................... 47 1.3.2.2.3 LA PROCEDURE DECENTRALISEE ...................................................................................... 48 1.3.3 REEVALUATION DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE ........................................ 48 1.3.4 MODIFICATION DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE ......................................... 50 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) PARTIE 2: L’APPROCHE PROCESS ANALYTICAL TECHNOLOGY AU SEIN D’UNE DEMARCHE QUALITY BY DESIGN ................................................................................................................. 53 2.1 HISTORIQUE DU QUALITY BY DESIGN........................................................................... 55 2.1.1 DE LA MAITRISE STATISTIQUE DES PROCESSUS AU QUALITY BY DESIGN............................ 55 2.1.2 LES PHARMACEUTICAL CGMP FOR THE 21ST CENTURY: A RISK-BASED APPROACH ........... 56 2.1.3 LES PREMICES DU QUALITY BY DESIGN ............................................................................... 57 2.1.4 LA GUIDELINE Q8(R2) DE L’INTERNATIONAL CONFERENCE ON HARMONISATION ............ 59 2.2 LE QUALITY BY DESIGN ................................................................................................. 60 2.2.1 PRESENTATION DU QUALITY BY DESIGN ............................................................................. 60 2.2.2 LES ETAPES DE LA DEMARCHE QUALITY BY DESIGN ........................................................... 65 2.2.3 APPROCHE TRADITIONNELLE VERSUS APPROCHE QUALITY BY DESIGN ............................. 66 2.2.4 OBJECTIFS, OPPORTUNITES ET ENJEUX DU QUALITY BY DESIGN ........................................ 68 2.2.5 AVANTAGES DU QUALITY BY DESIGN .................................................................................. 70 2.3 MISE EN PLACE D’UNE DEMARCHE QUALITY BY DESIGN ............................................. 71 2.3.1 DEFINITION DU QUALITY TARGET PRODUCT PROFILE ........................................................ 71 2.3.2 IDENTIFICATION DES ATTRIBUTS QUALITE CRITIQUES ........................................................ 75 2.3.2.1 DEFINITIONS.............................................................................................................................. 75 2.3.2.2 ETABLISSEMENT DE LA LISTE DES ATTRIBUTS QUALITE CRITIQUES .......................................... 75 2.3.2.3 ATTRIBUTS QUALITE CRITIQUES ET MATIERES PREMIERES ...................................................... 80 2.3.3 EVALUATION DES RISQUES QUALITE ................................................................................... 82 2.3.4 DETERMINATION DU DESIGN SPACE ................................................................................... 88 2.3.5 ELABORATION DE LA STRATEGIE DE CONTROLE ................................................................. 90 2.3.5.1 DEFINITION DE LA STRATEGIE DE CONTROLE ........................................................................... 90 2.3.5.2 ELEMENTS COMPOSANT LA STRATEGIE DE CONTROLE ............................................................ 91 2.4 LE PROCESS ANALYTICAL TECHNOLOGY ....................................................................... 92 2.4.1 PRESENTATION DU PROCESS ANALYTICAL TECHNOLOGY ................................................... 92 2.4.2 OBJECTIF DU PROCESS ANALYTICAL TECHNOLOGY ............................................................. 94 2.4.3 MESURES IN-LINE, ON-LINE, AT-LINE ET OFF-LINE .............................................................. 95 2.4.4 L’INITIATIVE PROCESS ANALYTICAL TECHNOLOGY SOUTENUE PAR LA FOOD AND DRUG ADMINISTRATION ......................................................................................................................... 99 2.4.4.1 LA GUIDANCE RELATIVE AU PROCESS ANALYTICAL TECHNOLOGY ........................................... 99 2.4.4.2 FOOD AND DRUG ADMINISTRATION ET INDUSTRIELS............................................................ 100 2.4.5 DIFFERENTES TECHNIQUES................................................................................................ 101 2.4.6 AVANTAGES DE L’INITIATIVE PROCESS ANALYTICAL TECHNOLOGY .................................. 103 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) 2.4.7 DIFFICULTES RENCONTREES LORS DE LA MISE EN PLACE D’UNE INITIATIVE PROCESS ANALYTICAL TECHNOLOGY ......................................................................................................... 105 2.4.8 DISPOSITIONS A PRENDRE POUR LA MISE EN PLACE D’UNE INITIATIVE PROCESS ANALYTICAL TECHNOLOGY ......................................................................................................... 105 2.5 LA LIBERATION PARAMETRIQUE ................................................................................ 107 PARTIE 3: APPLICATION D’UNE DEMARCHE QUALITY BY DESIGN A UNE OPERATION DE LYOPHILISATION ..................................................................................................................... 109 3.1 LA LYOPHILISATION .................................................................................................... 111 3.1.1 DEFINITION ET GENERALITES ............................................................................................ 111 3.1.2 HISTORIQUE ....................................................................................................................... 114 3.1.3 DESCRIPTION D’UN LYOPHILISATEUR ................................................................................ 115 3.1.4 DEROULEMENT DE L’OPERATION DE LYOPHILISATION..................................................... 121 3.1.4.1 LA CONGELATION .................................................................................................................... 122 3.1.4.2 LA DESSICCATION PRIMAIRE ................................................................................................... 126 3.1.4.3 LA DESSICCATION SECONDAIRE .............................................................................................. 132 3.1.5 AVANTAGES DE LA LYOPHILISATION ................................................................................. 134 3.1.6 INCONVENIENTS DE LA LYOPHILISATION .......................................................................... 135 3.1.7 INTERETS DE LA LYOPHILISATION ...................................................................................... 135 3.2 INTEGRATION DE LA DEMARCHE QUALITY BY DESIGN AU COURS DE L’OPERATION DE LYOPHILISATION ................................................................................................................. 136 3.2.1 APPROCHE TRADITIONNELLE DE LA LYOPHILISATION....................................................... 136 3.2.2 QUALITY BY DESIGN ET LYOPHILISATION .......................................................................... 137 3.2.2.1 QUALITY TARGET PRODUCT PROFILE D’UN PRODUIT LYOPHILISE ......................................... 137 3.2.2.2 ATTRIBUTS QUALITE CRITIQUES ET PARAMETRES CRITIQUES DU PROCESSUS DE LYOPHILISATION ................................................................................................................................... 139 3.2.2.3 PLAN D’EXPERIENCES .............................................................................................................. 142 3.2.2.4 DESIGN SPACE ......................................................................................................................... 144 3.2.3 PROCESS ANALYTICAL TECHNOLOGY ET LYOPHILISATION ................................................ 146 3.2.3.1 MESURES INDIVIDUELLES DE FLACONS .................................................................................. 150 3.2.3.1.1 LES SONDES DE TEMPERATURE ...................................................................................... 151 3.2.3.1.2 LE TEMPERATURE REMOTE INTERROGATION SYSTEM .................................................. 153 3.2.3.1.3 LE SYSTEME DE PESEE PAR MICROBALANCE .................................................................. 154 3.2.3.1.4 LA SPECTROSCOPIE PROCHE INFRAROUGE .................................................................... 156 3.2.3.2 MESURES DE LOTS .................................................................................................................. 157 3.2.3.2.1 METHODES BASEES SUR LA PRESSION ........................................................................... 157 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) 3.2.3.2.1.1 LA MESURE DE TEMPERATURE MANOMETRIQUE .................................................... 157 3.2.3.2.1.2 LA JAUGE DE PIRANI .................................................................................................. 159 3.2.3.2.1.3 L’HYGROMETRE A POINT DE ROSEE .......................................................................... 160 3.2.3.2.2 METHODES BASEES SUR LA SPECTROSCOPIE ................................................................. 161 3.2.3.2.2.1 LA GAS PLASMA SPECTROSCOPY .............................................................................. 161 3.2.3.2.2.2 LA SPECTROMETRIE DE MASSE ................................................................................. 162 3.2.3.2.2.3 LA TUNABLE DIODE LASER ABSORPTION SPECTROSCOPY ........................................ 162 CONCLUSION .......................................................................................................................... 167 BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................... 173 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Liste des figures Figure 1: Le triangle du Common Technical Document (22) .................................................... 44 Figure 2: Exemples de listes de paramètres à examiner pour identifier les Attributs Qualité Critiques potentiels (29) ........................................................................................................... 77 Figure 3: Plan type d’une synthèse descriptive d’un paramètre (29) ....................................... 78 Figure 4: Diagramme d’Ishikawa représentant les Attributs Qualité Critiques pour la conception d’un comprimé pelliculé (43) ................................................................................. 85 Figure 5: Cartographie d’un processus de fabrication d’un comprimé pelliculé (1) ................ 86 Figures 6 et 7: Exemples de design space (32) ......................................................................... 88 Figure 8: Design space avec un Edge of Failure et utilisation d’un intervalle de tolérance pour réduire le risque (1) .................................................................................................................. 90 Figure 9: Les différents types d’analyses dans l’industrie pharmaceutique (45) ..................... 96 Figure 10: Représentation de la lyophilisation sur le diagramme d’état de l'eau (46) .......... 111 Figure 11: Illustration d’un lyophilisat dans son flacon en verre (63) .................................... 112 Figure 12: Configuration typique d’un lyophilisateur pour flacons (10) ................................ 115 Figure 13: Chambre de dessiccation d’un lyophilisateur (65) ................................................ 118 Figure 14: Condenseur d’un lyophilisateur (66) ..................................................................... 119 Figure 15: Phases opératoires de la lyophilisation (10) ......................................................... 121 Figure 16: Evolution de la température et de la pression lors des trois phases de la lyophilisation (68) ................................................................................................................... 122 Figure 17: Produits ayant subi un phénomène de collapse durant leur lyophilisation (70) ... 127 Figure 18: Le transfert de chaleur durant la lyophilisation (71) ............................................. 130 Figure 19: Position du bouchon pendant un cycle de lyophilisation (65) ............................... 133 Figure 20: Design space pour une étape de dessiccation primaire (64) ................................. 145 Figure 21: Illustration de thermocouples positionnés dans des flacons (70) ......................... 151 Figure 22: Illustration d’un capteur TEMPRIS positionné dans un flacon (74) ....................... 153 Figure 23: Illustration d’un système de pesée de flacons (69) ............................................... 155 Figure 24: Illustration d’une jauge de Pirani (80) ................................................................... 159 Figure 25: Illustration d’un hygromètre à point de rosée (81) ............................................... 160 Figure 26: Positionnement de la technologie Tunable Diode Laser Absorption Spectroscopy au sein d’un lyophilisateur (82) ................................................................................................... 163 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Liste des tableaux Tableau 1: Analyse comparative des approches classique et améliorée de conception et de contrôle d’un processus de fabrication d’un médicament (32) ................................................ 67 Tableau 2: Quality Target Product Profile d’un produit topique cutané: une crème dosée à N% de principe actif (40)................................................................................................................. 74 Tableau 3: Liste d’Attributs Qualité Critiques potentiels d’un produit topique générique: une crème dosée à N% de principe actif (40) .................................................................................. 79 Tableau 4: Caractéristiques des différents types d’analyses dans l’industrie pharmaceutique (45) ................................................................................................................ 97 Tableau 5: Exemple 1 de Quality Target Product Profile d’un lyophilisat (d’après la référence 1) .......................................................................................................... 138 Tableau 6: Exemple 2 de Quality Target Product Profile d’un lyophilisat (d’après la référence 67) ........................................................................................................ 139 Tableau 7: Exemple de hiérarchisation d’Attributs Qualité Critiques pour un produit final lyophilisé (d’après la référence 67) ........................................................................................ 140 Tableau 9: Avantages et inconvénients d’outils Process Analytical Technology pour le contrôle d’une opération de lyophilisation (72) ................................................................................... 149 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Liste des abréviations AFNOR Association Française de NORmalisation AMDE Analyse des Modes de Défaillance et de leurs Effets AMM Autorisation de Mise sur le Marché ANSM Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé AQ Assurance Qualité BPF Bonnes Pratiques de Fabrication CFR Code of Federal Regulations cGMP current Good Manufacturing Practice CHMP Committee for Medicinal Products for Human Use CPAC Center for Process Analytical Chemistry CPP Critical Process Parameter (Paramètre Critique du Processus) CQA Critical Quality Attribute (Attribut Qualité Critique) CSP Code de la Santé Publique CTD Common Technical Document DoE Design of Experiments EDQM European Directorate for the Quality of Medicines and Healthcare EFQM European Foundation for Quality Management EMA European Medicine Agency EoF Edge of Failure FDA Food and Drug Administration FMEA Failure Mode and Effects Analysis FTA Fault Tree Analysis HACCP Hazard Analysis and Critical Control Points HAZOP Hazard Operability Analysis ICH International Conference on Harmonisation ISO International Organization for Standardization LD Ligne Directrice MSP Maîtrise Statistique des Processus MTM Mesure de Température Manométrique NOR Normal Operating Range GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) OOS Out Of Specifications PAT Process Analytical Technology PFD Process Flow Diagram PHA Preliminary Hazard Analysis QbD Quality by Design QTPP Quality Target Product Profile RCP Résumé des Caractéristiques du Produit R&D Recherche et Développement RMN Résonance Magnétique Nucléaire RPN Risk Prioritization Number SPIR Spectroscopie Proche InfraRouge TDLAS Tunable Diode Laser Absorption Spectroscopy TEMPRIS TEMPerature Remote Interrogation System TRG Taux de Rendement Global VIH Virus de l’Immunodéficience Humaine GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Introduction GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Introduction Depuis l’avènement de l’industrialisation des médicaments dans les années 1940 jusqu’à nos jours, l’industrie pharmaceutique est devenue un secteur hautement réglementé. Bien que les médicaments aient grandement amélioré les taux de morbidité et de mortalité des populations, il demeure cependant certains risques pour le patient. Ces risques sont grandement atténués par la délivrance de médicaments à la pureté et à la qualité appropriées. Les autorités de régulation aident indéniablement à protéger les populations en s’assurant de la disponibilité de médicaments efficaces, de bonne qualité et sûrs pour le patient (1, 2). Il existe toutefois une inquiétude quant à un excès de réglementation qui peut être associé à un frein à l’innovation. Celle-ci permettrait pourtant d’améliorer plus encore la qualité des médicaments. Le système réglementaire existant est perçu comme étant rigide et défavorable à l’introduction de systèmes innovants. Les industries pharmaceutiques sont ainsi peu disposées à procéder à des changements significatifs en introduisant des innovations dans leurs processus de production à moins qu’une mise en conformité nécessaire ou des économies indéniables puissent justifier les coûts élevés et la longue durée nécessaires à l’obtention de l’approbation (1, 2). Cela entraîne bien souvent des processus relativement inefficaces et inutilement coûteux qui ne sont finalement pas dans le meilleur intérêt à long terme pour le patient. De ce fait, les autorités de santé sont en train d’adopter un nouveau paradigme pour la réglementation des produits de santé: la production ne doit plus se reposer sur des connaissances empiriques mais sur des connaissances scientifiques, d’ingénierie et basées sur l’analyse de risques (1). 27 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation C’est dans cette optique qu’a été élaborée la démarche Quality by Design dont le Process Analytical Technology est l’un des piliers. Le contrôle continu et en temps réel des processus de production obtenu grâce à cette démarche permet d’améliorer la qualité des médicaments produits ainsi que la sécurité d’emploi pour les patients. Les autorités de santé s’efforcent d’encourager la compréhension des processus basée sur la science et l’analyse de risques en échange de plus de libertés pour introduire des innovations et des améliorations qui entraîneront des gains en termes de qualité, de coûts et de temps (1). Nous ferons tout d’abord un bref tour d’horizon de la qualité dans l’industrie pharmaceutique. Nous nous intéresserons ensuite aux concepts de Quality by Design et de Process Analytical Technology. Enfin, nous verrons l’application de ces deux concepts à une opération de lyophilisation. 28 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 1: La Qualité dans l’industrie pharmaceutique GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 1: La Qualité dans l’industrie pharmaceutique 1.1 1.1.1 Notions de Qualité et d’Assurance Qualité La Qualité La Qualité est définie comme étant « l’aptitude d'un ensemble de caractéristiques intrinsèques à satisfaire des exigences ». Dans le cadre de l’industrie pharmaceutique, les exigences sont essentiellement réglementaires et sont imposées par différents référentiels qui seront détaillés dans cette première partie (3). Le respect de ces référentiels permet de garantir la fabrication de produits de santé à la fois efficaces, de qualité et sûrs pour le patient. Pour pouvoir mettre sur le marché un produit de santé, l’industrie qui souhaite le commercialiser doit établir la preuve que son produit répond bien aux exigences imposées par les référentiels. Si tel est le cas, il bénéficiera d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) permettant sa commercialisation. La qualité d’un médicament est d’ailleurs décrite dans le module 3 du dossier d’AMM (4). Les autorités de santé des pays dans lesquels ce produit est commercialisé effectueront des inspections réglementaires de l’industrie afin de veiller au bon respect des exigences des référentiels. Ceci permet, dans un intérêt de santé publique, d’assurer la sécurité du patient qui aura à sa disposition des produits de santé de qualité. Le but de la Qualité est donc de fournir aux patients des produits de santé adaptés grâce à des procédés maîtrisés (5). 31 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 1.1.2 L’Assurance Qualité L’Assurance Qualité (AQ) est définie par la norme ISO 9001:2008, comme « l’ensemble des activités préétablies et systématiques mises en œuvre dans le cadre du système qualité, et démontrées en tant que de besoin, pour donner la confiance appropriée en ce qu'une entité satisfera aux exigences pour la qualité ». L’Assurance Qualité englobe donc tous les éléments qui ont une influence sur la qualité d’un produit (6). L’AQ concerne l’ensemble des dispositions prises pour s’assurer que la qualité des produits pharmaceutiques correspond à l’usage auquel ils sont destinés. Elle garantit donc la fabrication d’un produit de bonne qualité, efficace et sans danger pour le patient. Il s’agit d’un système d’organisation et de surveillance du processus dans sa totalité, depuis l’acquisition d’une substance pharmaceutique jusqu’à sa transformation en un produit fini mis à la disposition du patient. Son but est d’assurer à l’usager un produit qui satisfait à l’ensemble des spécifications et des normes établies tout au long de sa durée de conservation et à toutes les étapes de l’approvisionnement (5, 7). Les industries pharmaceutiques assurent la qualité de leurs produits en obtenant des certifications quant à leurs locaux et leurs processus. Une certification est une garantie écrite de la qualité d'un produit ou d'un service délivrée par un organisme extérieur à l'entreprise. Ces organismes certificateurs ont pour mission de doter les entreprises d'un outil de référence commun pour les aider à tendre vers des pratiques visant l'excellence. En France, les certifications sont délivrées aux industries pharmaceutiques par l’Association Française de NORmalisation (AFNOR), le distributeur officiel de l'European Foundation for Quality Management (EFQM), sur la base des normes internationales rédigées par l’International Organization for Standardization (ISO) (8). 32 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 1: La Qualité dans l’industrie pharmaceutique 1.1.3 Le contrôle qualité Le contrôle qualité est une étape importante dans la fabrication d’un médicament. En effet, le contrôle qualité permet de vérifier que les caractéristiques du médicament produit sont conformes aux spécifications définies préalablement dans son dossier d’AMM (5). L’introduction du chapitre 6 des Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF) nous informe que « le contrôle de la qualité concerne l’échantillonnage, l’établissement de spécifications et l’analyse, ainsi que l’organisation, l’établissement des documents et des procédures de libération qui garantissent que des essais nécessaires et appropriés ont bien été effectués, que les matières premières et les articles de conditionnement ne sont pas libérés pour la fabrication, ni les produits finis libérés en vue de leur vente ou de leur distribution, avant que leur qualité n’ait été jugée satisfaisante. Le contrôle de la qualité ne se limite donc pas aux activités de laboratoire, mais doit participer à toutes les décisions qui peuvent concerner la qualité du produit. L’indépendance du contrôle de la qualité par rapport à la production est un élément fondamental de son bon fonctionnement » (9). Des locaux adaptés, du personnel formé et qualifié ainsi que des procédés approuvés doivent être mis en place pour l’échantillonnage, le contrôle et l’analyse des matières premières, des articles de conditionnement, des produits intermédiaires et finis afin de se conformer aux BPF (9). 33 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 1.2 Les référentiels réglementaires Dans le but de garantir l’approvisionnement d’un médicament sûr, efficace et de qualité aux patients, de nombreux référentiels ont été mis en place. Ils permettent de définir un cadre auquel les industries pharmaceutiques doivent se conformer lors de la fabrication de leurs médicaments pour pouvoir les libérer sur le marché. Nous verrons dans ce chapitre les différents référentiels réglementaires. Ils sont dits opposables car une industrie pharmaceutique pourra être sanctionnée en cas de manquement à ces référentiels. Ils couvrent toutes les étapes de la vie du médicament dans l’industrie, de la réception des matières premières à la distribution du produit fini. 1.2.1 Le Code de la Santé Publique Le Code de la Santé Publique (CSP) français a été créé en 1953. La partie législative a depuis été modifiée par ordonnance en 2000. La partie réglementaire quant à elle a subi des modifications occasionnées par cinq importants décrets entre 2003 et 2005. Le CSP est composé de plus de 10 000 articles. Il est régulièrement modifié du fait des progrès techniques ainsi que de l’évolution du droit communautaire (5). 34 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 1: La Qualité dans l’industrie pharmaceutique Le CSP est divisé en six grandes parties qui sont elles-mêmes divisées en livres, titres, chapitres et articles. Les différentes parties du Code de la Santé Publique sont: Première partie: Protection générale de la santé. Cette partie traite notamment des droits des personnes malades, des risques sanitaires ainsi que des dons d’organes. Deuxième partie: Santé reproductive, droits de la femme et protection de la santé de l’enfant. L’assistance médicale à la procréation et l’interruption volontaire de grossesse sont abordées dans cette partie. Troisième partie: Lutte contre les maladies et dépendances. La vaccination et les moyens de lutte contre les menaces sanitaires graves font partie des thèmes retrouvés dans cette partie. Quatrième partie: Professions de santé. Cette partie détaille toutes les professions pouvant être retrouvées dans le monde de la santé. Cinquième partie: Produits de santé. Cette partie évoque les médicaments à usage humain, les médicaments vétérinaires et les dispositifs médicaux. Elle définit également les rôles, les prérogatives ainsi que l’organisation de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM). Sixième partie: Etablissements et services de santé. Cette dernière partie précise les missions des divers établissements de santé (5). 1.2.2 Les Bonnes Pratiques de Fabrication Dans le but de produire un médicament de qualité et d’obtenir l’AMM pour le commercialiser, les industries pharmaceutiques se doivent de respecter les Bonnes Pratiques de Fabrication (9). Les Bonnes Pratiques de Fabrication ont été élaborées et mises en place pour la première fois en France en 1978. Elles sont l’équivalent français des current Good Manufacturing Practice (cGMP) américaines et s’appliquent à la fabrication de médicaments, qu’ils soient à usage humain ou vétérinaire. La dernière version des BPF, publiée par l’ANSM, est parue au Journal officiel en janvier 2014 et s’appuie essentiellement sur le texte européen (5, 10). 35 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Les BPF sont destinées à servir de référence lors de l’examen des demandes d’AMM et lors de l’inspection des industries pharmaceutiques par les autorités de santé. Elles s’attachent à limiter les risques de contamination croisée des produits et les risques de confusion notamment au niveau de l’étiquetage des médicaments (5). La partie principale de ce référentiel juridiquement opposable traite de la fabrication des médicaments à usage humain et contient toutes les exigences devant être appliquées par les industries pharmaceutiques. Elle se compose tout d’abord de neuf chapitres: Chapitre 1: Système qualité pharmaceutique Chapitre 2: Personnel Chapitre 3: Locaux et matériel Chapitre 4: Documentation Chapitre 5: Production Chapitre 6: Contrôle de la qualité Chapitre 7: Activités externalisées Chapitre 8: Réclamations et rappels de médicaments Chapitre 9: Auto-inspection (9). 36 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 1: La Qualité dans l’industrie pharmaceutique A la suite de ces chapitres nous retrouvons dix-neuf Lignes Directrices (LD): LD 1: Fabrication des médicaments stériles LD 2: Fabrication des médicaments biologiques à usage humain LD 3: Fabrication des médicaments radiopharmaceutiques LD 4 et LD 5: Sans objet LD 6: Fabrication des gaz médicinaux LD 7: Fabrication des médicaments à base de plantes LD 8: Echantillonnage des matières premières et des articles de conditionnement LD 9: Liquides, crèmes et pommades LD 10: Fabrication de préparations pressurisées en aérosol à inhaler présentées en récipients munis d’une valve doseuse LD 11: Systèmes informatisés LD 12: Utilisation des rayonnements ionisants dans la fabrication des médicaments LD 13: Fabrication des médicaments expérimentaux LD 14: Fabrication des médicaments dérivés du sang ou du plasma humain LD 15: Qualification et validation LD 16: Certification par une personne qualifiée et libération des lots LD 17: Libération paramétrique LD 18: Sans objet LD 19: Echantillon de référence et échantillon modèle (9). 37 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 1.2.3 Les current Good Manufacturing Practice Les current Good Manufacturing Practice (11) sont l’équivalent américain des Bonnes Pratiques de Fabrication. Elles regroupent l’ensemble des recommandations émises par l’autorité de santé américaine, à savoir la Food and Drug Administration (FDA), et sont le référentiel qu’utilise la FDA lors de ses inspections de sites pharmaceutiques. Ces recommandations sont issues du Code of Federal Regulations (CFR) qui est le recueil des règles et règlements en vigueur aux Etats-Unis. Il s’agit d’un vaste ouvrage qui se compose de cinquante titres traitant chacun d’un domaine précis. Le titre 21 du CFR regroupe les règles relatives à la nourriture et aux médicaments. Les parties 210 (current Good Manufacturing Practice in manufacturing, processing, packing, or holding of drugs; general) et 211 (current Good Manufacturing Practice for finished pharmaceuticals) du CFR sont les deux parties qui intéressent l’industrie pharmaceutique. Elles ont valeur de lois et sont donc juridiquement opposables (12). La partie 211 est composée des onze sous-parties suivantes: Subpart A: General provisions Subpart B: Organization and Personnel Subpart C: Buildings and Facilities Subpart D: Equipment Subpart E: Control of Components and Drug Product Containers and Closures Subpart F: Production and Process Controls Subpart G: Packaging and Labeling Control Subpart H: Holding and Distribution Subpart I: Laboratory Controls Subpart J: Records and Reports Subpart K: Returned and Salvaged Drug Products (11) Les cGMP présentent toutes les exigences émises par l’autorité de santé nordaméricaine. Elles permettent ainsi la conception de médicaments dans des conditions appropriées assurant l’obtention d’un produit final sûr, efficace et de qualité. Pour bénéficier de l’agrément en vue de commercialiser un médicament aux EtatsUnis, l’industrie le fabriquant est dans l’obligation de se conformer aux cGMP (13). 38 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 1: La Qualité dans l’industrie pharmaceutique 1.2.4 Les pharmacopées Une pharmacopée est un ouvrage réglementaire destiné aux professionnels de santé qui a pour but de définir: Les critères de pureté des matières premières ou des préparations entrant dans la fabrication des médicaments. Les moyens d’identification des matières premières ou des préparations entrant dans la fabrication des médicaments. Les méthodes d'analyse à utiliser pour en assurer leur contrôle (14). Une pharmacopée recense ainsi l’ensemble des matières premières autorisées à entrer dans la composition de médicaments (5, 14). Une pharmacopée est constituée de différentes monographies. Chaque monographie est un ensemble de spécifications qui définissent les caractéristiques, aussi bien qualitatives que quantitatives, d'une substance dans le but de garantir une qualité optimale compatible avec les exigences de santé publique. Les normes de la pharmacopée font autorité pour toute substance ou monographie y figurant (14). La pharmacopée européenne s’applique à l’ensemble des états membres signataires de la Convention relative à l’élaboration de la pharmacopée européenne, soit 37 états. La version actuelle est la 8ème édition et elle est publiée par l’European Directorate for the Quality of Medicines and Healthcare (EDQM) (15). 39 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Les missions de la pharmacopée européenne sont les suivantes: La participation à la protection de la Santé publique. Ceci est rendu possible grâce à l'élaboration de spécifications communes reconnues, destinées à être utilisées par les professionnels de santé et, plus globalement, par toutes les personnes concernées par la qualité du médicament. L’aide à la libre circulation des médicaments au sein de l'Europe. L’assurance de la qualité des médicaments ainsi que de leurs constituants, qu’ils soient importés en Europe ou exportés hors du continent. L’élaboration des monographies et autres textes de la pharmacopée européenne de façon à répondre aux besoins des autorités réglementaires, des services chargés des contrôles de qualité des médicaments et de leurs constituants, et des fabricants de matières premières et de médicaments (16). La pharmacopée européenne est complétée, pour certains états, par des pharmacopées nationales. C’est le cas en France dont la pharmacopée nationale se base sur la pharmacopée européenne tout en y ajoutant différentes monographies. La pharmacopée actuellement en vigueur en France est la 11ème édition et elle est rendue obligatoire par arrêtés ministériels (article R.5112-2 du Code de la Santé Publique (17)). Elle est régulièrement mise à jour et publiée par l’ANSM. 40 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 1: La Qualité dans l’industrie pharmaceutique Le plan de cette 11ème édition est le suivant: Textes généraux Méthodes analytiques Matériaux-récipients Réactifs Substances, préparations et spectres de référence Formes pharmaceutiques Immunosérum Substances d’origine végétale Préparations homéopathiques – Français Préparations homéopathiques – Anglais Produits allergènes Substances d’origine chimique Autres substances Formulaire national Dénominations communes et scientifiques de médicaments (18) Les pharmacopées américaine, japonaise et européenne sont les trois référentiels intégrés dans le système d’harmonisation internationale des normes. En effet, des accords existent entre ces trois pharmacopées en vue d’une harmonisation de la présentation et du contenu des monographies. Ceci permet aux entreprises pharmaceutiques de ne se baser plus que sur une seule pharmacopée harmonisée (5, 14). Il existe dans le monde de nombreuses autres pharmacopées publiées par différents états (Chine, Inde, Brésil, …). Elles n’ont cependant pas le même statut juridique que les pharmacopées européenne, américaine et japonaise (14). 41 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 1.2.5 L’International Conference on Harmonisation L'International Conference on Harmonisation (ICH) est une organisation internationale créée en 1990 qui regroupe les autorités de santé d’Europe, des Etats-Unis et du Japon ainsi que des représentants de l'industrie pharmaceutique de ces trois territoires (19). L’ICH permet de fixer un cadre international sur la marche à suivre pour l'enregistrement de produits pharmaceutiques. Sa mission est de parvenir à une harmonisation des règlements et des données et de s'assurer ainsi de la qualité, de l’efficacité et de la sûreté des médicaments développés, enregistrés et produits par les différents pays participants (19). Des directives techniques suffisamment complètes et uniformisées relatives à la qualité, à l’efficacité et à l’innocuité des produits pharmaceutiques sont élaborées par l’ICH. Elles permettent d’améliorer la disponibilité des médicaments et de répondre aux différentes pressions du commerce international (19). Dans le cadre de sa mission, l'ICH émet de nombreuses guidelines pour parvenir à une plus grande efficacité dans l’élaboration des médicaments à travers le monde. Ces guidelines traitent des thèmes suivants: Q1: Stability Q2: Analytical Validation Q3: Impurities Q4: Pharmacopoeias Q5: Quality of Biotechnological Products Q6: Specifications Q7: Good Manufacturing Practice Q8: Pharmaceutical Development Q9: Quality Risk Management Q10: Pharmaceutical Quality System Q11: Development and Manufacture of Drug Substances Q12: Lifecycle Management (20) 42 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 1: La Qualité dans l’industrie pharmaceutique 1.3 1.3.1 L’Autorisation de Mise sur le Marché Constitution du dossier de demande d’Autorisation de Mise sur le Marché Afin d’être commercialisé, un médicament produit par une industrie pharmaceutique doit faire l’objet d’une Autorisation de Mise sur le Marché. Celle-ci est délivrée par une autorité compétente selon des standards et des procédures définis (21). A l’aide des études et essais réalisés durant le développement de son médicament, l’industriel constitue son dossier de demande d’AMM. L’autorité compétente en charge d’examiner la demande d’AMM contrôle: La revendication thérapeutique. Les propositions d’indications de traitement. Les posologies recommandées. La qualité chimique, biologique ou microbiologique de la substance active et du produit fini. Les effets indésirables prévisibles liés à l’utilisation du médicament ainsi que leur fréquence de survenue (21). La demande d’enregistrement est transmise aux autorités compétentes au format Common Technical Document (CTD). Le CTD, qui a été élaboré par l’ICH, est un format harmonisé obligatoire dans l’Union européenne et au Japon depuis Juillet 2003 et fortement recommandé par la FDA (22). 43 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Figure 1: Le triangle du Common Technical Document (22) Comme représenté dans la Figure 1, le CTD est divisé en 5 modules: Module 1: Il s’agit d’un module administratif ne faisant pas réellement partie du CTD puisqu’il est spécifique à chaque région du monde. Module 2: Cette partie se compose d’une introduction et d’un résumé des modules 3, 4 et 5. Module 3: C’est le module qualité du CTD. Il comporte les différentes données chimiques, pharmaceutiques et biologiques relatives aux procédés de fabrication de la substance active en 3.2.S et du produit fini en 3.2.P. Module 4: Cette partie comporte toutes les informations pré-cliniques concernant le médicament. Elles ont été collectées durant les études sur l’animal. Module 5: Ce module contient les informations cliniques d’efficacité et de sécurité concernant le médicament et ont été collectées durant les études chez l’être humain (5, 22). 44 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 1: La Qualité dans l’industrie pharmaceutique Le dossier de demande d’AMM comprend également: Le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) qui regroupe des informations sur le médicament qui sont plus particulièrement destinées aux professionnels de santé à savoir: o Sa dénomination. o Sa composition qualitative et quantitative. o Sa forme pharmaceutique. o Ses données cliniques: Indications thérapeutiques, posologie, mode d’administration, contre-indications, mises en garde spéciales et précautions d’emploi, interactions avec d’autres médicaments, effets indésirables. o Ses propriétés pharmacologiques: Propriétés pharmacodynamiques et pharmacocinétiques. o Ses données pharmaceutiques: Liste des excipients, incompatibilités, durée et précautions particulières de conservation. La notice destinée aux patients qui sera glissée dans le conditionnement secondaire. L’étiquetage et le conditionnement du médicament (21). 1.3.2 Types de procédures d’enregistrement des médicaments en Europe Il existe deux types principaux de procédures lors du dépôt de dossier d’AMM pour un nouveau médicament dans un des Etats de l’Union européenne: les procédures nationales et communautaires (21). 45 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 1.3.2.1 La procédure nationale La procédure nationale est utilisée par l’industriel s’il souhaite commercialiser son médicament dans un seul Etat membre de l’Union européenne. C’est donc l’autorité compétente du pays concerné par la demande qui examine le dossier. En France, c’est l’ANSM qui évalue la qualité, l’efficacité et la sécurité d’emploi des médicaments. Afin de recevoir une AMM, le rapport bénéfices/risques du nouveau médicament doit être a minima équivalent à celui des produits déjà commercialisés pour les mêmes indications thérapeutiques (21). Après une évaluation scientifique, le dossier est examiné par les commissions de l’Agence. La décision finale d’autoriser ou non la mise sur le marché du médicament est prise, au nom de l’Etat, par le directeur général de l’ANSM (21). 1.3.2.2 Les procédures communautaires Les procédures communautaires sont utilisées lorsque le médicament est destiné à plusieurs Etats membres de la Communauté européenne. Dans le cadre d’une procédure communautaire, l’industriel peut choisir une procédure centralisée, une procédure décentralisée ou une procédure de reconnaissance mutuelle. Une durée d’environ 300 jours s’écoule entre le dépôt du dossier d’enregistrement et l’obtention de l’AMM (21). 46 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 1: La Qualité dans l’industrie pharmaceutique 1.3.2.2.1 La procédure centralisée La procédure centralisée consiste en la soumission du dossier d’AMM à l’European Medicine Agency (EMA). Cette agence, basée à Londres, se compose de plusieurs comités dont le Committee for Medicinal Products for Human Use (CHMP) qui est chargé d’émettre un avis sur toutes les questions en rapport avec les médicaments destinés à l’Homme. Le CHMP évalue la demande d’AMM et émet un avis auprès de la Commission européenne qui décide ou non d’octroyer l’AMM à l’industriel. Si son avis est favorable, l’AMM sera octroyée pour tous les Etats membres de l’Union européenne (23, 24). La procédure centralisée est obligatoire pour: Les produits issus des biotechnologies. Les nouvelles substances destinées aux traitements des maladies virales, du cancer, du diabète, du Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH), des maladies neurodégénératives, des maladies auto-immunes et autres dysfonctionnements immunitaires. Les médicaments orphelins. Les médicaments innovants à usage vétérinaire (24). 1.3.2.2.2 La procédure de reconnaissance mutuelle La procédure de reconnaissance mutuelle consiste en la reconnaissance de l’évaluation faite par un Etat membre, appelé Etat membre de référence et choisi par l’industriel, par les autres Etats membres dans lesquels le médicament est destiné à être commercialisé. Cette procédure se déroule en deux phases. La première phase est la phase nationale durant laquelle l’autorité compétente de l’Etat membre de référence examine le dossier de demande d’AMM. Elle rend alors un rapport d’évaluation. La seconde phase est la phase européenne durant laquelle les Etats membres concernés soumettent leurs commentaires sur le rapport d’évaluation et décident d’octroyer ou non l’AMM pour ce médicament (24). 47 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 1.3.2.2.3 La procédure décentralisée Le troisième type de procédure communautaire est la procédure décentralisée. Elle ressemble fortement à la procédure de reconnaissance mutuelle mais possède tout de même deux différences majeures. Tout d’abord, dans le cadre d’une procédure décentralisée, le dossier est soumis simultanément aux autorités compétentes de chacun des Etats membres visés par la commercialisation du médicament. De plus, aucune AMM n’aura dû être accordée auparavant dans l’Union européenne pour ce médicament (24). 1.3.3 Réévaluation de l’Autorisation de Mise sur le Marché Le médicament est un produit à utiliser avec précaution. Par conséquent, il reste surveillé par les autorités de santé durant toute sa période de commercialisation. Son rapport bénéfices/risques peut être réévalué pour prendre en compte des effets indésirables nouvellement identifiés. Un plan de pharmacovigilance existe dans le but de détecter des effets indésirables induits par les médicaments mis sur le marché (21). La réévaluation des bénéfices et des risques des médicaments présents sur le marché permet de garantir leur efficacité ainsi que leur sécurité d’emploi dans le temps et pas seulement au moment de leur commercialisation. Cela garantit aux professionnels de santé et aux patients une adaptation de l’arsenal thérapeutique se trouvant à leur disposition (25). 48 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 1: La Qualité dans l’industrie pharmaceutique Il existe trois situations permettant d’engager un processus de réévaluation de l’AMM d’un médicament: La démarche systématique de réévaluation de tous les anciens médicaments. Tous les médicaments mis sur le marché en France avant l’année 2005 doivent subir une réévaluation de leur AMM. Cette réévaluation est fondée sur une analyse multicritère. Le renouvellement quinquennal de l’AMM. Cinq ans après l’octroi de l’AMM, le rapport bénéfices/risques d’un médicament doit être réévalué. Si ce rapport est toujours positif, l’AMM est alors définitivement renouvelée (article L.5121-8 du CSP (26)). Un nouveau renouvellement pourra être exigé en cas de problèmes liés à la pharmacovigilance. La réévaluation basée sur l’apparition d’un risque ou la présomption de perte de bénéfice. Un signal validé de pharmacovigilance ou un constat d’inefficacité d’un médicament soulève la question d’une modification du rapport bénéfices/risques. Ce rapport peut alors être réévalué (25). Si un médicament présente un risque pour la santé, une décision de police sanitaire peut lui être appliquée. Cette décision peut se matérialiser par une modification des indications, une suspension voire un retrait de l’AMM (21). L’AMM peut être suspendue ou retirée (article R.5139 du CSP (27)) à tout moment si: La spécialité pharmaceutique présente un rapport bénéfices/risques négatif dans ses conditions normales d'emploi. L'effet thérapeutique fait défaut. La spécialité n'a pas la composition qualitative et quantitative déclarée. Les renseignements fournis sont erronés. Les conditions prévues lors de la demande de mise sur le marché ne sont pas ou plus remplies. L'étiquetage ou la notice du médicament n’est pas conforme aux prescriptions générales ou spécifiques prévues (27). 49 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 1.3.4 Modification de l’Autorisation de Mise sur le Marché Des modifications de l’AMM peuvent intervenir à la demande de l’industriel. Elles sont communément appelées variations et sont envoyées aux autorités compétentes. Une demande de variation peut être due à: Un changement du nom et/ou de l’adresse du titulaire de l’AMM ou du site de fabrication ou de conditionnement. Un changement du nom de fantaisie de la spécialité pharmaceutique ou de la dénomination de la substance active. Un changement de sous-traitant ou de fournisseur d’une matière première ou d’un article de conditionnement. Un changement dans le procédé de fabrication ou durant le conditionnement du produit fini. Un changement de la taille du lot de la substance active, de la substance intermédiaire ou du produit fini. Un changement dans les essais en cours de fabrication ou des limites appliquées durant la fabrication de la substance active ou du produit fini. Un changement des paramètres de spécification et/ou des limites d’une substance active, d’une matière première, d’un réactif, d’un produit intermédiaire, d’un produit fini ou de son conditionnement primaire. Un changement dans la procédure d’essai de la substance active, d’une matière première, d’un réactif, d’un produit intermédiaire, d’un produit fini ou de son conditionnement primaire. L’introduction d’un nouvel intervalle de tolérance ou l’extension d’un intervalle de tolérance approuvé pour la substance active ou pour le produit fini. Un changement dans la composition en excipients du produit fini. Un changement au niveau de la forme pharmaceutique (forme, dimensions, gravures, …) ou du conditionnement primaire (forme, dimensions, matériau utilisé, …). Un changement dans les modalités de libération des lots et des essais de contrôle de qualité du produit fini. Une modification liée à l’introduction de la libération en temps réel ou de la libération paramétrique dans la fabrication du produit fini. 50 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 1: La Qualité dans l’industrie pharmaceutique Un changement de la durée de conservation ou des conditions de stockage du produit fini. Un changement au niveau du résumé des caractéristiques du produit, de l’étiquetage ou de la notice. Un changement au niveau des indications thérapeutiques. La suppression d’une forme pharmaceutique ou d’un dosage (28). Si le médicament a obtenu son AMM dans le cadre d’une procédure communautaire alors le CHMP effectuera l’analyse de la demande de variation. A contrario, si la procédure était nationale alors c’est l’autorité compétente du pays commercialisant le médicament qui effectuera l’analyse de la demande de variation (23). 51 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design 2.1 2.1.1 Historique du Quality by Design De la Maîtrise Statistique des Processus au Quality by Design La Maîtrise Statistique des Processus (MSP) est une méthode de contrôle des processus qui a vu le jour à la fin des années 1990. Elle est basée sur l’utilisation de cartes de contrôle et permet une meilleure réactivité vis-à-vis des processus et de leurs éventuelles dérives. Le choix de la carte de contrôle sur le papier l’a cependant majoritairement emporté, restreignant ainsi l’esprit de la démarche (29). L’idée de centraliser l’information en un point de l’entreprise est ensuite apparue. Les plus grandes industries pharmaceutiques ont déployé des systèmes centralisés de conduite des processus. Ces systèmes ont permis de faciliter la gestion de production en ligne. Toutefois, la gestion des alarmes cascadées, en plus du système de conduite, s’est révélée difficile à gérer au niveau de l’atelier. C’est pourquoi les systèmes de contrôle n’ont jamais été intégrés dans ces systèmes informatiques (29). Seule une bonne connaissance du processus et du produit permet de ne retenir que les paramètres les plus pertinents à suivre impérativement durant la production. Pour améliorer cette connaissance, il est nécessaire de savoir et de pouvoir mesurer les caractéristiques des matières et des paramètres du processus en temps réel. Les techniques d’analyse industrielles ont évolué dans cet esprit en permettant des mesures de plus en plus fiables. C’est ainsi que le Quality by Design (QbD) a vu le jour (29). 55 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 2.1.2 Les Pharmaceutical cGMP for the 21st Century: A Risk-Based Approach En août 2002, la FDA a lancé une nouvelle initiative intitulée “Pharmaceutical cGMP for the 21st Century: A Risk-Based Approach” (30). Cette initiative répond à plusieurs objectifs importants pour permettre l’amélioration de la qualité des services de santé. Elle vise à assurer que: La responsabilité est donnée aux industries quant à la qualité des produits en continu et la modernisation de la réglementation de la production pharmaceutique. Les concepts les plus récents de management du risque et les dernières approches de systèmes qualité sont intégrés à la production de médicaments tout en maintenant la qualité du produit final. Les producteurs sont encouragés à utiliser les dernières avancées scientifiques concernant les technologies et la production pharmaceutique. L’examen des dossiers de demande d’AMM par la FDA et son programme d’inspections fonctionnent de manière coordonnée et synergique. Les réglementations et normes de fabrication sont appliquées de manière cohérente par la FDA et les producteurs. L’innovation, dont l’approche est basée sur le risque, est encouragée dans le secteur de la production pharmaceutique (2, 31). La production pharmaceutique continue à évoluer en raison de l’importance accrue des connaissances et principes scientifiques et d’ingénierie. Le bon usage de ces connaissances et de ces principes les plus récents, tout au long du cycle de vie du produit, peut améliorer les rendements à la fois de la production mais aussi des processus réglementaires. Cette initiative FDA est conçue pour faire exactement cela en utilisant une approche de systèmes intégrés pour réglementer la qualité des produits pharmaceutiques. L’approche est basée sur la science et les principes d’ingénierie pour évaluer et atténuer les risques de mauvaise qualité relatifs aux produits et processus (2). 56 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design Par exemple, la situation de production et de réglementation pharmaceutiques souhaitée peut-être caractérisée comme suit: La qualité et la performance du produit sont assurées à travers la conception de processus de fabrication efficaces. Les spécifications du produit et du processus sont basées sur une compréhension mécanique sur la façon dont la formulation et les paramètres du processus affectent la qualité du produit final. L’assurance qualité devient une activité continue en temps réel. Des stratégies réglementaires pertinentes et des procédures sont adaptées pour prendre en considération les connaissances scientifiques les plus récentes. Une approche réglementaire basée sur le risque qui reconnaît la capacité des stratégies de contrôle du processus à prévenir ou à atténuer le risque de fabriquer un produit de mauvaise qualité (2). 2.1.3 Les prémices du Quality by Design En 2000, le processus de révision dépassé de la FDA avait quelques conséquences indésirables sur la régulation des médicaments. En ce qui concernait les industries, bien que la qualité des produits fût adéquate, il y avait une certaine réticence pour mettre en place de nouvelles technologies parce que les industriels ne savaient pas comment les autorités régulatrices percevraient de telles innovations. De nombreuses industries pharmaceutiques semblaient mettre peu l’accent sur la production et ses problèmes, bien que les taux de gaspillage des produits résultant d’erreurs lors de la production fussent élevés: dans certains cas, le taux de rejets de produits s’élevait à 50% de la production totale (31). De plus, beaucoup d’informations recueillies, ou tout du moins partagées avec la FDA, étaient empiriques. Il semble que les industries n’avaient pas la capacité de prévoir les effets d’une mise à l’échelle industrielle sur le produit final de même qu’elles n’avaient pas la capacité d’analyser ou de comprendre les causes racines des défaillances d’un processus de fabrication (31). 57 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Par ailleurs, les industries devenaient plus globales et les différences d’une région à l’autre dans la façon dont les produits étaient soumis à la réglementation allongeaient le temps de préparation et créaient des formalités administratives supplémentaires dans le but de répondre aux exigences réglementaires. Tout ceci mène à des coûts associés à la production de médicaments plus élevés. Dans de nombreux cas, ceci était dû aux faibles rendements de production, tels que déterminés par la surveillance de la FDA, sur les processus de fabrication et à la difficulté d’apporter des modifications aux processus de production. Dans certains cas, il y avait aussi des pénuries de produits essentiels et des délais dans le développement de nouveaux médicaments. L’encadrement rigoureux de la FDA pouvait être ressenti comme exacerbant les problèmes (31). Au même moment, la FDA reconnaissait que plus de contrôles étaient nécessaires sur les processus de fabrication de médicaments pour assurer l’efficacité et mieux se concentrer sur la prise de décisions réglementaires. En raison des préoccupations liées aux services de production, la surveillance de la FDA a augmenté; à un moment donné, il semblait qu’il y avait une tendance à exiger une demande supplémentaire pour chaque changement concernant la production. Un des résultats de cet environnement réglementaire plus strict fut une augmentation spectaculaire du nombre de demandes supplémentaires pour la production (31). Pour s’assurer que les industries comprennent les modifications de processus et sont capables de soumettre des propositions acceptables, de nombreuses guidances normatives ont été émises, notamment par la FDA, ce qui a eu pour effet de réduire la flexibilité scientifique sur les produits et les processus de fabrication associés (31). 58 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design 2.1.4 La guideline Q8(R2) de l’International Conference on Harmonisation La guideline Q8(R2) de l’ICH concernant le développement pharmaceutique introduit l’approche Quality by Design et en décrit les principes fondamentaux. Cette guideline est une annexe de l’ICH Q8 « Développement pharmaceutique » et fournit quelques éclaircissements des concepts clés abordés dans la guideline principale. Elle n’a pas la prétention d’établir de nouveaux standards ou d’introduire de nouvelles exigences réglementaires; elle montre cependant la façon dont les concepts et outils abordés dans le document parent ICH Q8 peuvent être mis en œuvre par les industriels (32). En utilisant cette perspective d’intégration de la qualité dès la conception du produit, la guideline Q8(R2) met en lumière la nécessité de la compréhension des processus et l’opportunité d’améliorer l’efficacité de la production grâce à l’innovation et à une communication scientifique renforcée entre les industriels et les autorités de santé. L’attention accrue sur l’intégration de la qualité dès la conception du produit permettra de se concentrer davantage sur les relations pertinentes existant entre les matières, le processus de production, les variables de l’environnement de production, ainsi que leurs effets sur la qualité du produit final. Le fait de se concentrer sur ces relations multifactorielles fournit une base pour identifier et mieux comprendre les relations parmi les divers paramètres critiques concernant la formulation et le processus et pour le développement efficace d’une stratégie de gestion des risques. Les données et informations aidant à la compréhension de ces relations peuvent influencer le développement du produit, les études de mise à l’échelle industrielle, aussi bien que l’amélioration des analyses des données de production collectées tout au long de la vie du produit. Une meilleure compréhension du produit et de son processus de fabrication peut créer une base pour des approches réglementaires plus flexibles (2, 32). 59 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 2.2 2.2.1 Le Quality by Design Présentation du Quality by Design Le Quality by Design est une approche systématique pour le développement d’un produit et le contrôle d’un processus. Il met l’accent sur la compréhension du produit et du processus et permet la mise en place d’un contrôle du processus basé sur des données scientifiques et une gestion des risques qualité. Des contrôles adéquats du processus de production pharmaceutique sont requis pour s’assurer que le processus délivre un produit de la qualité exigée (33). L’initiative QbD est une nouvelle philosophie réglementaire basée sur des objectifs qualité prédéfinis et une compréhension approfondie de la façon dont la formulation et le processus interagissent pour influer sur les Critical Quality Attributes (CQA), ou Attributs Qualité Critiques, des produits pharmaceutiques. Cette compréhension est basée sur: Les connaissances préalables sur le processus de fabrication et le produit. Les données expérimentales provenant du travail de développement. La littérature scientifique (34). Le concept de QbD a été résumé par un expert en qualité réputé: Joseph Moses Juran. Il considérait que la qualité pouvait être planifiée et que la plupart des problèmes associés à la qualité trouvaient leurs origines dans la façon dont la qualité avait été planifiée en premier lieu. Les principes du QbD ont été mis en place pour améliorer la qualité des produits et des processus dans chaque industrie. Les informations provenant des études de développement pharmaceutique peuvent être une base pour une gestion des risques qualité. Les caractéristiques des matières et les paramètres du processus jugés critiques sont généralement identifiés et contrôlés permettant de construire un design space. Ce design space est proposé par l’industriel et approuvé par l’autorité régulatrice en charge d’analyser la demande d’AMM. Travailler à l’intérieur du design space n’est pas considéré comme un changement. A l’inverse, une opération qui se trouve en dehors du design space est considérée comme étant un changement et requiert une demande d’autorisation de changement préalable (35). 60 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design Le QbD comprend tous les éléments du développement pharmaceutique mentionnés dans la guideline ICH Q8. Concevoir un produit de qualité et son processus de fabrication permettant d’obtenir constamment la qualité souhaitée pour le produit est le but du développement pharmaceutique. Les informations et connaissances obtenues durant les études de développement et l’expérience préalable de l’industrie sur ce type de fabrication fournissent la compréhension scientifique à la base des contrôles effectués tout au long du processus (35). Dans le concept QbD, la qualité fait partie intégrante des produits pharmaceutiques grâce à la compréhension des éléments suivants: Les objectifs thérapeutiques prévus, la population de patients définie, la voie d’administration, les caractéristiques pharmacologiques, toxicologiques et pharmacocinétiques du produit final. Les caractéristiques chimiques, physiques et biopharmaceutiques du médicament. La conception du produit ainsi que la sélection, basée sur les attributs du médicament énumérés ci-dessus, des matières premières et du conditionnement primaire. La conception du processus de fabrication en utilisant les principes d’ingénierie, de sciences des matériaux et d’assurance de la qualité pour assurer l’obtention, de façon reproductible, d’un produit acceptable et de bonne qualité tout au long de sa durée de conservation (2). Une innovation efficace en développement, en production et en assurance qualité doit permettre de mieux répondre à certaines questions telles que: Quels sont les mécanismes de dégradation, de libération et d’absorption du médicament? Quels sont les effets des variations des matières premières sur la qualité du produit final? Quelles sources de variabilité sont critiques? Comment le processus gère-t-il ces variabilités (2)? 61 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Un processus est généralement considéré comme bien compris quand: Toutes les sources de variabilité sont identifiées et expliquées. La variabilité des paramètres est gérée par le processus. Les attributs qualité du produit peuvent être prédits précisément et de façon fiable à l’aide du design space établi pour les matières utilisées, les paramètres du processus et les conditions de l’environnement de production (2, 33). La capacité à prédire la qualité finale du produit reflète un haut degré de connaissances du processus. Dans un système qualité établi et pour un processus de production spécifique, il existe généralement une proportionnalité inversée entre le niveau de compréhension du processus et le risque de fabriquer un produit de mauvaise qualité. Pour les processus qui sont bien compris, il existe une possibilité de développer des approches réglementaires moins restrictives pour gérer le changement (par exemple, pas besoin d’autorisation de la part de l’autorité de santé). Se concentrer sur la compréhension du processus peut notamment faciliter les décisions et l’innovation (2, 36). Dans tous les cas, le produit doit être conçu pour répondre aux besoins des patients et pour correspondre aux critères de qualité exigés. Les stratégies pour le développement de produits varient d’une industrie à une autre et d’un produit à l’autre. Une industrie peut choisir soit une approche empirique soit une approche plus méthodique pour le développement du produit et du processus de fabrication, voire une combinaison de ces deux approches. Dans l’approche traditionnelle, beaucoup de demandes d’AMM sont basées sur une détermination empirique des critères de performance à partir des analyses et des données expérimentales. Une approche plus méthodique pour le développement, telle qu’elle est retrouvée dans le Quality by Design, peut inclure par exemple l’intégration de connaissances préalables, les résultats des études utilisant un plan d’expériences, une gestion des risques qualité ainsi qu’une gestion des connaissances tout au long du cycle de vie du produit. Une telle approche méthodique peut améliorer la qualité du produit final et aider les régulateurs à mieux comprendre la stratégie d’une industrie. La compréhension du produit et du processus peut être mise à jour en fonction des nouvelles connaissances obtenues durant le cycle de vie du produit (32, 37). 62 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design Le QbD est devenu la réponse pour aider à la fois la FDA mais aussi les industries à se diriger vers une approche de développement pharmaceutique plus scientifique, holistique, proactive et basée sur le risque. Ce concept a favorisé la compréhension du produit et du processus de fabrication par les industries. Cette compréhension commence dès le développement du produit, essentiellement en intégrant la qualité au produit a priori, et non en la testant sur le produit a posteriori. Sous le concept de QbD, quand elle conçoit et développe un produit, une industrie a besoin de définir les performances désirées pour ce produit et d’identifier les attributs qualité critiques de ce produit. Sur la base de ces informations, l’industrie conçoit ensuite la formulation du produit et le processus de fabrication pour correspondre aux attributs du produit. Ceci amène à comprendre l’impact des attributs des matières premières et des paramètres du processus sur la qualité finale du produit et à identifier et contrôler les sources de variabilité. Partant de toutes ces connaissances, une industrie peut contrôler en continu son processus de fabrication et le mettre à jour pour assurer une uniformité de la qualité du produit. Cette approche systématique du développement d’un produit et de sa fabrication varie fortement par rapport à l’approche traditionnelle qui est extrêmement empirique (31). Dans le paradigme QbD, un produit est conçu pour correspondre aux performances cliniques désirées et le processus est conçu pour délivrer de manière constante un produit qui répond aux attributs qualité nécessaires pour atteindre ces performances cliniques. La qualité pharmaceutique est alors assurée par la compréhension et le contrôle des variables présentes lors de la formulation et de la fabrication (31, 33). Le QbD requiert une compréhension complète du produit et de son processus de fabrication et nécessite un investissement initial important en temps et en ressources. Dans l’approche QbD, les connaissances sur le produit et le processus doivent inclure une compréhension de la variabilité des matières premières, la définition de la relation entre les paramètres du processus et des matières et les CQA du produit final. Une mise en œuvre réussie du concept QbD requiert une coopération entre les différents services de l’industrie: du département de Recherche et Développement (R&D) à la Production en passant par le Contrôle Qualité et les Affaires Réglementaires (31). 63 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Il est nécessaire de s’assurer que les concepts du QbD ne sont pas intégrés uniquement quand les premières activités sont initiées autour de la conception du produit; ils le sont également durant la conception du processus de fabrication du produit et les autres activités associées au cycle de vie du produit (31). Les caractéristiques d’un programme QbD réussi sont les suivantes: Il entre en jeu dès la conception du produit et le développement du processus. Il est basé sur le risque et sur la science. Une attention particulière est portée sur la sécurité du patient et l’efficacité du produit. Il améliore la compréhension des processus. Il améliore la robustesse des processus. Son développement doit être méthodique. Les interactions entre les caractéristiques des matières, les paramètres du processus et la qualité du produit final doivent être modélisées. Il réduit de façon significative la surveillance réglementaire après l’octroi de l’AMM (1). Une mise en œuvre réussie du QbD dans l’industrie pharmaceutique requiert un effort commun entre les autorités régulatrices et les industries (38). En bref, La qualité et la performance du produit peuvent être assurées par une conception efficace du processus de fabrication. Les caractéristiques du produit et du processus sont basées sur une compréhension scientifique de la façon dont les paramètres du processus affectent la performance du produit. Une approche réglementaire basée sur le risque aide à la compréhension et au contrôle du processus assurant ainsi la qualité finale du produit. L’assurance qualité devient une activité continue (35). 64 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design 2.2.2 Les étapes de la démarche Quality by Design Selon la démarche QbD et d’après la guideline Q8(R2), le développement pharmaceutique devrait au moins inclure les éléments suivants: La définition du Quality Target Product Profile (QTPP) puisqu’il concerne la qualité, la sécurité et l’efficacité du produit en incluant des éléments tels que la voie d’administration, la forme galénique, la biodisponibilité et la stabilité du médicament. L’identification des Attributs Qualité Critiques potentiels du médicament afin que les caractéristiques du produit et du processus qui ont un impact sur la qualité finale du produit puissent être étudiées et contrôlées tout au long de la fabrication du produit. La sélection du type et de la quantité d’excipients en fonction des CQA potentiels. Ils permettront d’obtenir un produit final de la qualité désirée. La sélection du processus de fabrication approprié. La définition d’une stratégie de contrôle (32). Une approche Quality by Design améliorée pour le développement d’un produit pharmaceutique devrait en plus inclure les éléments suivants: Une évaluation systématique permettant une meilleure compréhension et un perfectionnement de la formulation et du processus de fabrication incluant: o L’identification des attributs des matières premières et des paramètres du processus qui peuvent avoir un effet sur la qualité du produit, grâce notamment aux connaissances préalables, aux expérimentations et à des évaluations des risques. o La détermination des relations fonctionnelles liant les attributs des matières premières et les paramètres du processus aux CQA du produit. L’utilisation de meilleures connaissances sur le produit et le processus de fabrication combinée à une gestion des risques qualité permet d’établir une stratégie de contrôle appropriée qui peut, par exemple, inclure une suggestion de design space et des tests permettant une libération temps réel (32). 65 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Par conséquent, cette approche plus méthodique que l’approche traditionnelle peut faciliter l’amélioration continue et l’innovation tout au long du cycle de vie du produit (32). En pratique, le QbD consiste en la démarche suivante: Etablir le Quality Target Product Profile. Déterminer les CQA potentiels. Réaliser une évaluation des risques pour identifier les paramètres qu’il sera impératif de contrôler durant la fabrication. Développer un design space pour le processus. Concevoir et mettre en œuvre une stratégie de contrôle du processus pour s’assurer que le produit final correspond aux exigences fixées par le QTPP. Gérer le cycle de vie du produit en incluant une amélioration continue (33, 35, 39). 2.2.3 Approche traditionnelle versus approche Quality by Design Le Tableau 1 suivant a été développé pour illustrer certains contrastes entre ce qui peut être considéré comme une approche minimaliste et une approche plus méthodique en utilisant le Quality by Design. Différents aspects du développement et de la production du médicament y sont abordés. Ce tableau n’a pas pour vocation à définir la seule et unique approche qu’une industrie pharmaceutique puisse choisir pour développer et produire un médicament. Par exemple, dans le cadre d’une approche améliorée, libérer le produit en temps réel n’est pas nécessairement attendu (32). 66 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Tableau 1: Analyse comparative des approches classique et améliorée de conception et de contrôle d’un processus de fabrication d’un médicament (32) Aspects Approche classique Approche améliorée Quality by Design Surtout empirique Les recherches durant le développement sont souvent conduites sur une variable à la fois Systématique, relatif à la compréhension mécanique des interactions entre les attributs des matières premières, les paramètres du processus et la qualité finale du produit Des expériences multivariées pour accroître les connaissances sur le produit et le processus Etablissement d’un design space Recours au Process Analytical Technology Processus de fabrication Fixe Validation principalement basée sur les premiers lots à échelle industrielle Focus sur l’optimisation et la reproductibilité Ajustable à l’intérieur du design space Méthode basée sur le cycle de vie pour la validation et, idéalement, la vérification du processus en continu Focus sur la stratégie de contrôle et la robustesse du processus Contrôle du processus Les tests in-process sont principalement pour les décisions de go/no go Analyses off-line Les outils du Process Analytical Technology sont utilisés à des fins de contrôles et de feedback Les processus sont suivis pour permettre leur amélioration continue Analyses in-line, on-line et at-line Moyen de contrôle principal Basées sur les données du lot disponibles au moment de la libération Qu’une partie de la stratégie globale de contrôle de la qualité Basées sur les performances désirées pour le produit avec les données pertinentes collectées La qualité du médicament est contrôlée principalement par des tests sur les produits intermédiaires et sur le produit final La qualité du médicament est assurée par une stratégie de contrôle basée sur le risque pour des produits et processus bien compris Les contrôles qualité sont déplacés en amont, avec la possibilité de faire des tests de libération en temps réel ou des tests sur le produit final réduits Réactive (c’est-à-dire résolution de problèmes et actions correctives) Actions préventives Amélioration continue facilitée Développement pharmaceutique global Caractéristiques du produit Stratégie de contrôle Gestion du cycle de vie du produit GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Traditionnellement, les processus de production sont fixés tôt dans le développement avec l’objectif que le produit obtenu à la fin de ce processus sera de qualité constante et que cette qualité sera mesurée par des tests sur le produit final pour savoir s’il répond aux spécifications attendues. Durant la phase III du développement pharmaceutique, l’approche QbD peut d’ores et déjà être utilisée pour optimiser et finaliser la formulation et le processus de fabrication. Comparé à l’approche conventionnelle de développement, le QbD est principalement dédié à améliorer la compréhension mécanique de la formulation et du processus de fabrication, leur relation avec la qualité du produit final et enfin leur impact sur la sécurité et l’efficacité du produit. Quand une approche QbD est choisie, une formulation et un processus de fabrication robustes doivent être conçus pour parvenir à la qualité désirée pour le produit final (33). 2.2.4 Objectifs, opportunités et enjeux du Quality by Design L’objectif du QbD est d’utiliser de façon plus efficace les connaissances et les principes les plus récents concernant l’ingénierie et les sciences pharmaceutiques tout au long du cycle de vie du produit. Ceci permet des approches réglementaires plus flexibles où, par exemple, les changements après l’approbation peuvent être mis en œuvre sans autorisation préalable et les tests sur le produit fini peuvent être remplacés par la libération en temps réel. Fort de ces connaissances, le processus et le produit peuvent être conçus pour assurer la qualité de ce dernier. Le rôle des tests sur le produit fini est ainsi réduit (33). 68 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design Tous les changements apportent des opportunités et des enjeux. Les opportunités du QbD sont les suivantes: Améliorer l’ensemble du processus en s’assurant que celui-ci est efficace et flexible. Augmenter l’efficacité de la production. Diminuer les coûts associés à la production en diminuant le taux de rejets et donc le gaspillage. Construire une base de connaissances scientifiques renforcée. Développer une meilleure interaction entre les autorités régulatrices et les industries concernant les problèmes scientifiques. Intégrer une approche de management du risque au processus réglementaire (31). Le plus gros challenge est la façon de gérer les produits qui n’ont pas intégré les principes du QbD. Pour de tels produits, la FDA aura encore besoin de maintenir deux systèmes pour permettre une flexibilité (31). Les industriels et les autorités régulatrices ont besoin de travailler ensemble pour explorer les opportunités, faire face aux défis et tirer profits des avantages que l’implémentation QbD a à offrir. Toutefois, les industries et la FDA sont d’accord pour dire qu’une implémentation complète de l’approche QbD doit être un processus en plusieurs étapes impliquant des discussions entres les industriels et les autorités régulatrices (31). 69 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 2.2.5 Avantages du Quality by Design Les bénéfices pour la FDA de l’implémentation du QbD sont énormes. Ceci inclue, sans s’y limiter: L’amélioration de la base scientifique de l’analyse des produits. Une meilleure coordination à travers la revue, la compliance et les inspections. L’amélioration de l’information dans les demandes d’AMM. Une meilleure uniformité dans la prise de décisions réglementaires. Plus de flexibilité dans la prise de décisions. L’assurance que les décisions sont prises sur des bases scientifiques et pas sur des informations empiriques. L’implication de diverses disciplines dans la prise de décisions. L’utilisation de ressources pour gérer les risques les plus élevés (31). Il est important pour la FDA de mettre à profit le QbD pour améliorer l’efficacité de ses activités permettant d’assurer la qualité des produits sur le marché (31). De même, le QbD fournit de nombreux avantages à l’industrie: Il améliore la robustesse des processus en assurant une meilleure conception des produits avec moins de problèmes durant leur fabrication. Il permet un assouplissement réglementaire tout au long du cycle de vie du produit puisque certains changements ne requièrent pas de nouvelles autorisations. Il permet de plus se fier aux processus. Il permet d’effectuer la bonne analyse au bon moment. Il permet une atténuation des risques due à la compréhension plus grande sur les produits et les processus. Il autorise l’implémentation de nouvelles technologies pour améliorer la production sans un contrôle réglementaire relativement contraignant. Il autorise une possible réduction globale des coûts de production résultant de la diminution du taux de rejets. Il autorise l’amélioration continue des produits et des processus. Il fournit une meilleure compréhension dans la façon dont les caractéristiques des matières ont un effet sur la production. 70 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design Il permet d’avoir un meilleur modèle économique. Il permet une diminution potentielle du volume de données envoyées aux autorités régulatrices; les données empiriques étant remplacées par des données basées sur la compréhension du processus et du produit. Il offre une meilleure conformité avec les exigences des autorités régulatrices (31, 35, 37). Le QbD est également avantageux pour le patient. En effet, l’accent est mis sur l’efficacité et la qualité du produit qui sont intégrées dès la conception de celui-ci, permettant au patient une prise du médicament en toute sécurité (35). Malgré les nombreux bénéfices potentiels, les industries ne sont pas rapides à mettre en place la démarche QbD. En effet, la mise en place de cette démarche demande des investissements en temps significatifs et des efforts pour coordonner les informations assez tôt dans le développement (33). 2.3 2.3.1 Mise en place d’une démarche Quality by Design Définition du Quality Target Product Profile La première étape de la démarche Quality by Design consiste à définir le Quality Target Product Profile (QTPP) du produit dans le but de connaître les objectifs qui devront être atteints lors de la production. D’après la guideline Q8(R2) émise par l’ICH, le QTPP englobe l’ensemble des caractéristiques concernant la qualité du médicament à fabriquer qui doivent être idéalement atteintes pour assurer la qualité finale souhaitée, tout en tenant compte de la sécurité du patient et de l'efficacité du produit pharmaceutique (32). 71 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Les principales caractéristiques devant être considérées pour établir le QTPP d’un médicament sont les suivantes: L’indication thérapeutique. La voie d’administration. La forme galénique. Le mode d’action. La teneur en principe actif. Les caractéristiques pharmacocinétiques de la fraction thérapeutique. Les exigences qualité appropriées au produit pharmaceutique destiné à être commercialisé. Elles peuvent concerner la stérilité, la pureté ainsi que la stabilité du médicament. Le conditionnement primaire y compris son système de fermeture. En effet, les systèmes de conditionnement pour les matières premières, les produits intermédiaires et les produits finis doivent être parfaitement inertes. Le conditionnement doit protéger le produit durant les phases de transport et de manutention sans introduire de contaminants, tels que des substances extractibles ou relargables. Les modalités de conservation du produit (1, 32, 35). Le QTPP est un élément clé qui constitue le fondement de la conception et du développement du produit et du processus de fabrication. L’approche scientifique débute par l’identification des exigences que le produit fini doit posséder afin de répondre aux besoins des patients. Les exigences concernent en premier lieu les aspects cliniques, de l’efficacité du médicament et de la sécurité du patient. Elles se rapportent ensuite aux exigences opérationnelles pour l’industriel (35). 72 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design Afin de concevoir la qualité à l’intérieur même du médicament, les exigences pour la conception et la performance du produit doivent être bien comprises dès les premières étapes du développement du médicament. Le QTPP est toutefois prospectif et dynamique puisqu’il peut être amené à évoluer au gré des connaissances accumulées durant le développement du produit. Il sera réexaminé et mis à jour tout au long du développement du produit et du processus de fabrication à mesure que des connaissances seront acquises sur ceux-ci. Le QTPP est finalisé au dernier stade du développement du processus de fabrication, avant de débuter la qualification du processus (1, 32). Le Tableau 2 présente le Quality Target Product Profile d’une crème. 73 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Tableau 2: Quality Target Product Profile d’un produit topique cutané: une crème dosée à N% de principe actif (40) Eléments du QTPP Exigences Forme pharmaceutique Crème Voie d’administration Topique Dosage N% Au moins 24 mois à température Stabilité ambiante Attributs physiques: comportement rhéologique, taille des particules, … Identification Conformité aux tests Attributs qualité du médicament Homogénéité et uniformité dans le tube Produits de dégradation, solvant résiduel Teneur en conservateurs Limites microbiennes Conditionnement primaire identique à Système de fermeture du celui présent dans le dossier de conditionnement demande d’AMM Intégrité du conditionnement Aucun défaut Une fois que le QTPP a été défini, l’étape suivante consiste à identifier les potentiels Attributs Qualité Critiques (31). 74 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design 2.3.2 Identification des Attributs Qualité Critiques 2.3.2.1 Définitions Un Attribut Qualité Critique est une propriété ou caractéristique physique, chimique, biologique, microbiologique ou thermodynamique qui doit être comprise dans une limite, une gamme ou une distribution pour assurer une qualité de produit désirée. Un CQA doit rester dans les limites définies pour s’assurer que le produit répondra aux objectifs exigés en termes de sécurité, d’efficacité, de stabilité, de qualité et de performance. Ces exigences peuvent ainsi être atteintes en démontrant que les attributs qualité critiques du produit et les paramètres du processus peuvent être contrôlés et mesurés tout au long de la production (4, 32, 35). Les CQA peuvent être associés à un principe actif, à un excipient, à un produit intermédiaire ou à un produit fini. Les CQA des principes actifs, des excipients et des produits intermédiaires incluent certaines propriétés (distribution granulométrique, masse volumique) qui vont affecter les CQA du produit fini (35). L’équivalent d’un CQA à l’échelle des processus est un Critical Process Parameter (CPP), ou Paramètre Critique du Processus. Il s’agit d’un paramètre du processus dont la variabilité a un impact sur un attribut qualité critique du produit intermédiaire ou final. Il doit par conséquent être contrôlé pour s’assurer de l’obtention du produit fini possédant la qualité désirée. De plus, ceci permettra l’obtention d’un processus robuste s’adaptant facilement aux besoins de l’industriel (35, 41). 2.3.2.2 Etablissement de la liste des Attributs Qualité Critiques Les facteurs qui affectent directement la qualité du produit et la sécurité du patient doivent être identifiés et leurs possibles effets sur le développement du processus doivent être étudiés. L’amélioration des connaissances sur le produit et sur le processus de fabrication aidera à lister les CQA (35). 75 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation La liste des CQA potentiels peut être modifiée durant le développement du produit ou du processus de fabrication, l’ajout ou le retrait d’un CQA potentiel pouvant se faire en fonction de l’amélioration des connaissances sur le produit et de la compréhension du processus de fabrication. A l’instar du QTPP, les CQA sont finalisés au dernier stade du développement du processus de fabrication, avant de débuter la qualification du processus (1, 32, 35). Les CQA potentiels du produit fini proviennent essentiellement du QTPP. En effet, l’ensemble des informations présentes dans le QTPP offre une base de réflexion pour établir la liste des CQA potentiels ayant une influence sur la qualité et l’efficacité du produit final. Les éventuelles connaissances préalables sur le produit peuvent également être utilisées pour établir la liste des CQA et ainsi guider le développement du produit et du processus de fabrication (31, 32, 35). Une approche rationnelle permet d’effectuer un inventaire exhaustif des données dans le but d’obtenir une liste complète des CQA potentiels. Il peut être judicieux d’établir des listes de paramètres ou de familles de paramètres à examiner afin de s’assurer de l’exhaustivité de l’inventaire des données. Un exemple de liste est présenté en Figure 2. Pour chaque liste, il s’agit de vérifier la pertinence et la capacité de la mesure à restituer un résultat exploitable (29). 76 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design Figure 2: Exemples de listes de paramètres à examiner pour identifier les Attributs Qualité Critiques potentiels (29) 77 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Chaque élément de cette liste peut aboutir à un ou plusieurs paramètres sur le produit ou le processus. Tous ces paramètres sont autant de CQA potentiels. Il convient donc de recueillir un maximum d’informations sur chacun de ces paramètres en vue de la prochaine étape: l’évaluation des risques. La Figure 3 présente un modèle de fiche d’identification de ces paramètres (29). Figure 3: Plan type d’une synthèse descriptive d’un paramètre (29) Le Tableau 3 présente quant à lui une liste succincte de CQA relatifs à une crème. 78 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design Tableau 3: Liste d’Attributs Qualité Critiques potentiels d’un produit topique générique: une crème dosée à N% de principe actif (40) CQA Exigences Identification Positive Teneur en principe actif Entre 90 et 110% de la quantité N attendue Impuretés Impureté A: pas plus de 0.2% Impureté B: pas plus de 0.2% Homogénéité et uniformité dans le tube Des prélèvements sont faits dans trois contenants à trois hauteurs différentes. Les neuf résultats doivent être compris entre 90 et 110% de teneur en principe actif. Attributs physiques: comportement rhéologique, taille des particules, … Tels qu’exigés dans le dossier de demande d’AMM Tests de libération in vitro Tels qu’exigés dans le dossier de demande d’AMM Limites microbiennes Telles qu’exigées dans la pharmacopée Solvants résiduels Tels qu’exigés dans la pharmacopée 79 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Les CQA diffèrent selon la forme galénique du produit, le processus de fabrication et la méthode de développement. Les principaux CQA des formes orales solides sont typiquement les aspects affectant la pureté du produit, la teneur en principe actif, la libération du principe actif dans l’organisme ainsi que la stabilité du médicament. Les CQA peuvent inclure des caractéristiques plus spécifiques selon la forme galénique du médicament, telles que les propriétés aérodynamiques pour les produits à inhaler, la stérilité pour les produits injectables et les collyres, les propriétés adhésives pour les dispositifs transdermiques (32, 35). 2.3.2.3 Attributs Qualité Critiques et matières premières Les CQA du produit fini sont le reflet direct des CQA des matières premières qui le composent. Pour obtenir un produit final de qualité, ce qui est l’objectif premier du Quality by Design, il convient donc d’avoir une bonne connaissance des matières premières qui entreront dans la composition du produit (35). Les impuretés sont une classe importante de CQA potentiels pour les matières premières. Si le médicament contient des impuretés qui peuvent avoir un effet direct sur la qualité et la sécurité du médicament alors elles peuvent être considérées comme un attribut qualité critique de ce produit (35). 80 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design Pour s’assurer que les variations de leurs paramètres restent acceptables, les attributs qualité des matières premières doivent être surveillés, tout comme leur aptitude à être transformées à chaque opération du processus de fabrication. Durant les trente dernières années, des progrès significatifs ont été faits dans le développement de méthodes analytiques de mesures de caractéristiques chimiques telles que l’identification d’une molécule et la mesure de la pureté d’un échantillon. Cependant, certains attributs physiques et mécaniques des matières premières pharmaceutiques ne sont pas forcément bien compris à l’heure actuelle. Par conséquent, la variabilité inhérente et indétectée des matières premières peut se manifester dans le produit final. La mise en place de procédés efficaces pour gérer au mieux les attributs physiques des matières premières et des produits intermédiaires requiert une compréhension fondamentale des attributs qui ont une influence sur la qualité finale du produit. Ces attributs des matières premières et des produits intermédiaires, tels que la variation de la taille ou de la forme des particules au sein même d’un échantillon, peuvent poser un difficile problème du fait de la complexité à collecter des échantillons réellement représentatifs (2). Actuellement, la majorité des opérations pharmaceutiques est basée sur un concept de durée définie. En effet, une opération pharmaceutique possède en général une limite temporelle au bout de laquelle le produit intermédiaire est censé être prêt à passer à l’étape suivante. C’est le cas par exemple d’une opération de mélange ou d’une granulation. Cependant, dans certains cas, cette durée définie ne prend pas en compte les effets que peuvent avoir des matières premières possédant des caractéristiques physiques légèrement différentes. Des problèmes durant le processus de fabrication peuvent provenir du fait que le produit final ne répond pas à ses exigences de qualité, même si les matières premières sont conformes aux spécifications établies dans la pharmacopée qui abordent seulement leur identité chimique et leur pureté (2). 81 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Dans certains cas, il peut être nécessaire d’introduire des tests supplémentaires sur les matières premières qui sont plus pertinents pour connaître la façon dont les excipients ont un impact sur la qualité du produit final. Le principe actif doit également être conçu dans un but de qualité. La forme solide (amorphe ou polymorphe), la taille des particules, leur morphologie et leur degré d’agrégation sont autant d’éléments qui auront un impact sur des CQA du produit fini tels que la solubilité, le taux de dissolution, la stabilité physique ou chimique et la faisabilité de la production (indice de liaison, viscosité, écoulement, filtrabilité). Les progrès effectués dans le domaine de la cristallographie permettent un meilleur contrôle et une meilleure compréhension sur la façon d’obtenir les propriétés particulaires souhaitées pour un principe actif (1). 2.3.3 Evaluation des risques qualité Dans l’idéal, tous les facteurs qui affectent la qualité du produit et la sécurité du patient devraient être contrôlés durant la fabrication d’un médicament. Il est cependant impossible de contrôler l’ensemble des paramètres des matières premières et du processus. C’est pourquoi une étape de gestion des risques qualité, ou quality risk management, intervient après l’identification des CQA afin de les hiérarchiser et de savoir lesquels ont une réelle influence sur la qualité finale du produit et devront par conséquent être suivis tout au long de la fabrication du médicament (31, 32, 35). L’évaluation des risques, ou risk assessment, est un processus scientifique qui se révèle être précieux dans le cadre d’une gestion des risques qualité. Elle permet de déterminer les CQA pertinents, c’est-à-dire les paramètres du processus ou les caractéristiques des matières qui auront un réel impact sur le produit fini. Une fois que les paramètres les plus critiques ont été identifiés, des expérimentations permettront d’évaluer dans quelles mesures les variations de ces paramètres pourront avoir un impact sur la qualité finale du médicament, fournissant ainsi un meilleur niveau de compréhension du processus (32). 82 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design La compréhension du processus est terminée quand les relations entre la qualité du produit fini, notée y, et toutes les sources de variation des paramètres durant le processus de production, notées x, sont comprises. Cela peut être représenté par la formule suivante: y=f(x). Le but de la compréhension du processus est d’être capable de prédire comment les sources de variation des paramètres impacteront le produit fini afin d’être capable de contrôler ces paramètres tout au long du processus de production qui débouchera sur un produit final répondant aux exigences qualité désirées (1). L’évaluation des risques est généralement effectuée tôt lors du développement du processus pharmaceutique et est répétée dès que plus d’informations et de meilleures connaissances sont obtenues sur le produit et sur le processus de production. Les connaissances préalables sur le produit, accumulées au laboratoire durant les études, cliniques ou non, sont un élément clé pour réaliser l’évaluation des risques. Des connaissances pertinentes provenant d’autres molécules ou produits similaires ainsi que des données extraites de la littérature scientifique peuvent également être un bon support pour l’évaluation des risques (31, 32). Des outils d’évaluation des risques existent et peuvent être utilisés dans le but d’identifier et de classer les paramètres (du processus, des équipements, des matières) selon l’impact qu’ils ont sur la qualité du produit (32). Les principaux outils d’évaluation des risques sont décrits dans l’ICH Q9. On retrouve notamment les méthodes suivantes: Failure Mode and Effects Analysis (FMEA) ou Analyse des Modes de Défaillance et de leurs Effets (AMDE). Fault Tree Analysis (FTA) ou analyse de l’arbre de défaillance. Hazard Analysis Critical Control Points (HACCP) ou analyse des dangers et des points critiques pour leur maîtrise. Hazard Operability Analysis (HAZOP). Preliminary Hazard Analysis (PHA). Design of Experiments (DoE) ou plan d’expériences. Diagramme d’Ishikawa. Diagramme de Pareto (42). 83 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Bien que tous ces outils permettent une évaluation des risques et aient une même finalité d’amélioration de la qualité du produit, ils n’ont cependant pas le même fonctionnement. Ils débouchent ainsi sur des types de résultats différents. Il peut être judicieux de combiner des méthodes dont la complémentarité permettra une meilleure évaluation des risques qualité. Le diagramme d’Ishikawa, aussi appelé diagramme en arêtes de poisson, peut être utilisé dans le cadre du QbD pour identifier toutes les variables concernant par exemple les matières, le processus de production ou les facteurs environnementaux, qui peuvent potentiellement avoir un impact sur la qualité du produit fini. Il s’agit d’un outil efficace pour saisir une liste de CQA potentiels lors d’un brainstorming. Comme le montre la Figure 4, les CQA potentiels sont regroupés en familles de paramètres (matières premières, environnement, opérations pharmaceutiques, …) (1, 35). 84 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design Figure 4: Diagramme d’Ishikawa représentant les Attributs Qualité Critiques pour la conception d’un comprimé pelliculé (43) Un Process Flow Diagram (PFD) peut aider à définir le scope de l’analyse de risques et à identifier d’éventuels CQA en décomposant le processus de fabrication étape par étape. Un exemple de PFD représentant une cartographie du processus de fabrication d’un comprimé pelliculé est présenté en Figure 5 (1). 85 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Figure 5: Cartographie d’un processus de fabrication d’un comprimé pelliculé (1) 86 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design L’Analyse des Modes de Défaillance et de leurs Effets est un outil d’analyse de risques qui est utilisé pour hiérarchiser les variables selon leur criticité. Il permet de sélectionner les paramètres du processus ou les caractéristiques des matières ou de l’environnement qui ont le risque le plus élevé pour se focaliser plus particulièrement sur ceux-ci lors des expériences qui suivront. Le fait de se concentrer sur les paramètres les plus critiques permettra d’améliorer grandement les connaissances sur le processus, ce qui aura pour effet une amélioration sur la qualité du produit final (35). Le principe global de cette méthode consiste à calculer le Risk Prioritization Number (RPN) pour chacun des paramètres identifiés préalablement. Un score est attribué à chaque paramètre selon ces trois critères: La sévérité qui se définit comme l’impact potentiel des variations de ce paramètre sur la qualité du produit final. La probabilité d’occurrence qui est la probabilité de voir apparaître une variation du paramètre. La détectabilité qui est la faculté à déceler les variations de ce paramètre durant le processus (44). Le RPN est obtenu en multipliant les scores de ces trois facteurs. Plus le RPN d’un paramètre est élevé, plus ce paramètre sera jugé critique et devra être surveillé lors de la fabrication du produit (44). Une étape de Design of Experiments, ou plan d’expériences, permet enfin d’évaluer le réel impact des paramètres les plus critiques, d’obtenir une meilleure compréhension du processus et de commencer à développer un design space et une stratégie de contrôle qui sera déployée durant le processus (32). 87 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 2.3.4 Détermination du design space Un plan d’expériences concernant le processus de fabrication mène à une compréhension des liens et des effets existant entre les paramètres du processus ou les caractéristiques des matières et la qualité finale du produit. Il permet aussi de connaître les valeurs limites que chaque CQA peut atteindre tout en fournissant l’assurance de la qualité pour le produit fini. Ces résultats permettent de construire le design space du produit (31, 32). Le design space est représenté sous la forme d’un espace graphique multidimensionnel, chaque dimension étant représentée par un CQA, au sein duquel les CQA du produit doivent se trouver tout au long de la production pour atteindre la qualité finale du produit désirée. Le design space est délimité par les valeurs seuils des différents CQA qui le composent; il définit par conséquent la variabilité acceptable lors de la production pour chaque CQA (31, 32). Des exemples de design space sont fournis dans les Figures 6 et 7. Figures 6 et 7: Exemples de design space (32) 88 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design Il n’existe plus de valeur cible dans le cadre d’une démarche Quality by Design mais une plage de valeurs dans laquelle les paramètres du processus et les caractéristiques des matières premières peuvent varier sans compromettre la qualité finale du produit. Les interactions pouvant survenir entre différents paramètres doivent être prises en compte durant les expériences préalables, réalisées pour améliorer les connaissances sur le procédé, afin d’obtenir un design space conforme et exploitable lors de la production (31, 32, 45). Le design space est proposé par l’industrie lors du dépôt du dossier d’AMM et est validé par l’autorité compétente en charge d’évaluer la demande d’AMM. Les informations concernant les raisons pour lesquelles certaines variables ont été incluses et d’autres exclues du design space doivent être mentionnées dans le dossier. Une fois l’AMM obtenue, un changement de valeurs des paramètres du processus ou des caractéristiques des matières situé à l’intérieur du design space n’est pas considéré comme un réel changement. Les paramètres peuvent ainsi varier au sein du design space sans nécessiter une approbation préalable des autorités régulatrices. Le design space pourra toutefois être élargi en fonction des nouvelles données acquises et en accord avec les organismes de contrôle (35, 37, 46, 47). La possibilité donnée aux entreprises de travailler à l’intérieur d’un design space leur apporte une plus grande flexibilité au niveau de leurs processus puisqu’une variation d’un paramètre au sein de cet espace n’est pas considérée comme un changement. En revanche, si l’une des variables se trouve en dehors du design space, la qualité finale du produit n’est plus garantie (32). Cela est notamment le cas en présence d’un « Edge of Failure » (EoF), qui est une limite critique qu’un CQA ne doit absolument pas dépasser pour ne pas compromettre la qualité finale du produit. Un intervalle de tolérance est ainsi mis en place à l’intérieur même du design space pour délimiter cet EoF de la zone appelée Normal Operating Range (NOR). La Figure 8 suivante schématise cette situation. Le NOR est la plage de fonctionnement normal du processus où les modifications opératoires n’ont pas d’influence sur la qualité du produit. La mise en place d’un intervalle de tolérance n’est généralement pas nécessaire lorsqu’un EoF n’intervient pas à la frontière du design space (1, 47). 89 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Figure 8: Design space avec un Edge of Failure et utilisation d’un intervalle de tolérance pour réduire le risque (1) 2.3.5 Elaboration de la stratégie de contrôle 2.3.5.1 Définition de la stratégie de contrôle Une fois que le design space a été construit, une stratégie de contrôle doit être développée pour s’assurer que les variations des différents paramètres resteront à l’intérieur du design space et qu’un produit de la qualité désirée sera systématiquement produit (1, 32). La stratégie de contrôle est le fondement d’un système qualité moderne. Elle consiste en un ensemble de contrôles planifiés, dérivés des connaissances à un instant T sur le produit et le processus, qui assure la performance du processus et la qualité du produit final. L’objectif de cette vérification continue du processus est de s’assurer que le processus reste sous contrôle. La compréhension du processus permettra d’identifier dans le processus de fabrication les points de contrôle appropriés. Généralement, ces points de contrôle sont situés aux endroits permettant de mesurer les variations qui peuvent être les plus importantes (1, 32). Un facteur identifié comme ayant un risque doit être contrôlé; c’est pourquoi ces contrôles doivent inclure au minimum le contrôle des CQA. Une plus grande attention doit notamment être apportée pour les facteurs possédant les plus grands risques (32, 35). 90 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design 2.3.5.2 Eléments composant la stratégie de contrôle Les éléments de la stratégie de contrôle abordés dans le dossier de demande d’AMM doivent décrire et justifier en quoi les contrôles effectués contribuent à l’obtention d’un produit final de qualité (32). Une stratégie de contrôle peut inclure notamment, mais pas exclusivement, les éléments suivants: Le contrôle des caractéristiques des matières premières basé sur la compréhension de leurs impacts sur le processus et sur la qualité du produit fini. Les contrôles des opérations pharmaceutiques qui ont un impact sur les opérations en aval ou sur la qualité du produit (par exemple: l’impact du séchage sur la dégradation, l’impact de la distribution de tailles des particules lors d’une granulation sur la dissolution du comprimé final). Des contrôles concernant l’environnement de production. Des contrôles concernant les équipements de production. Des contrôles sur le produit en cours de fabrication. Le contrôle des caractéristiques des produits intermédiaires. Le contrôle des caractéristiques du produit fini. Le contrôle des caractéristiques du conditionnement primaire. Un plan d’échantillonnage. Des études de stabilité. Un programme de contrôle (par exemple des tests complets sur le produit à des intervalles de temps réguliers) pour vérifier que les différents paramètres restent bien à l’intérieur du design space. Un contrôle sur les méthodes de mesure peut également s’avérer nécessaire car il est important que la méthode choisie fonctionne comme prévu et fournisse des résultats systématiquement exacts (31, 32, 35, 48). Un espace de contrôle doit se trouver à l’intérieur du design space. Il s’agit d’une limite supérieure et inférieure entre lesquelles chaque mesure de CQA doit se trouver pour assurer la qualité du produit final. L’espace de contrôle doit être plus petit que le design space pour que la méthode de mesure puisse être considérée comme robuste (35). 91 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Connaître les sources de variation des paramètres de production et leurs impacts sur les processus en aval, sur les produits intermédiaires et sur la qualité du produit final peut fournir une opportunité d’effectuer les contrôles en amont adéquats et de minimiser le besoin de tests sur le produit fini. Généralement, le contrôle du procédé en temps réel est préféré aux tests effectués sur le produit fini (1, 31, 32). La compréhension du produit et du processus permet de mettre en place un contrôle du processus tel que la variabilité des CQA peut être compensée par un procédé modulable permettant d’obtenir un produit final de la qualité exigée. En effet, il peut être possible de concevoir un processus évolutif, dont les paramètres peuvent s’ajuster pour s’adapter aux variations des CQA, avec un contrôle du processus approprié pour assurer un produit final de qualité constante. Cette stratégie nécessite d’avoir des systèmes de mesures qui pourront suivre les variations des CQA durant le processus, ce qui permettra d’ajuster en temps réel les paramètres du processus afin de maintenir les variations des CQA dans le design space et obtenir ainsi un produit final de la qualité désirée. C’est pourquoi l’approche Process Analytical Technology (PAT) se trouve au cœur de la stratégie de contrôle de la démarche QbD (1, 32). 2.4 2.4.1 Le Process Analytical Technology Présentation du Process Analytical Technology Le Process Analytical Technology est un élément incontournable de la démarche QbD puisque cette initiative s’appuie sur le contrôle en temps réel du processus de fabrication d’un médicament dans le cadre d’une stratégie de contrôle globale. Ceci est cohérent avec la conviction suivante de la FDA: “quality cannot be tested into products; it should be built-in or should be by design”, c’est-à-dire que la qualité ne doit pas être testée a posteriori sur les produits, elle doit faire partie intégrante de ceux-ci et leur être liée dès leur conception (2, 37, 49). 92 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design La FDA définit le PAT comme étant un système pour concevoir, analyser et contrôler la production à l’aide de mesures précises aux moments opportuns - c’est-à-dire durant le processus - des CQA relatifs aux matières premières, aux produits en cours de fabrication et au processus dans le but d’assurer la qualité du produit final. Il est important de noter que le terme « analytique » dans l’acronyme PAT a un sens large pour inclure de manière intégrée la chimie, la physique, la microbiologie, les mathématiques, et l’analyse de risques (2, 32). La mise en œuvre efficace de l’initiative PAT est fondée sur des connaissances scientifiques détaillées des propriétés mécaniques et chimiques de tous les éléments du médicament et du processus dont il est question. Dans le but de concevoir un processus qui fournit un produit de bonne qualité, et ce de manière reproductible, les caractéristiques chimiques, physiques et biopharmaceutiques du produit et de ses composants doivent être déterminées. Idéalement, le PAT devrait être introduit durant la phase de développement du processus (2, 49). Le PAT est la technique de collecte d’informations analytiques en temps réel au plus près de la production. Cette initiative met l’accent sur le suivi du processus plutôt que sur le contrôle du produit final en incluant une relation entre les spécifications du produit final et les variables critiques durant le processus de fabrication du médicament. Le PAT permet la caractérisation, l’analyse et le contrôle de la constitution chimique des produits en temps réel dans le but d’obtenir les caractéristiques désirées pour le produit final. Les évaluations PAT en temps réel peuvent fournir les bases pour un feedback en continu, ce qui entraînera l’amélioration de la robustesse du processus. Le PAT est par conséquent un vecteur du concept de Quality by Design (2, 38, 41, 50). 93 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation La réussite permanente de l’industrie pharmaceutique requiert de l’innovation et de l’efficacité. Le PAT est un cadre de travail capable de faciliter l’innovation et l’efficacité et ainsi de garantir le succès pour l’industrie pharmaceutique. Comme les principes du QbD sont cohérents avec la méthode PAT, mettre en place le PAT favorise la mise en place du QbD. Cela réduira le risque de problèmes d’ordre réglementaire et de qualité tout en augmentant l’efficacité d’un processus de production. Finalement, l’utilisation efficace du PAT fournit non seulement des données qui peuvent grandement améliorer les connaissances sur un processus mais elles peuvent également faciliter la procédure réglementaire de demande d’AMM (39). 2.4.2 Objectif du Process Analytical Technology L’objectif principal du PAT est de fournir des processus générant systématiquement des produits de la qualité exigée. L’initiative PAT permet d’améliorer le contrôle en temps réel du processus dans le but de permettre une meilleure conception, une meilleure analyse et un meilleur contrôle de la production des médicaments grâce à des mesures précises effectuées tout au long du processus de production. Ce nouveau paradigme d’assurance qualité continue, qui a pour vocation à remplacer l’ancien paradigme de « tester pour connaître la qualité », devrait faciliter la compréhension du processus et du produit, améliorer le rendement du processus, permettre de développer des stratégies de production en diminuant les risques de survenue d’une défaillance et assurer la qualité du produit final (47, 49, 51). L’initiative PAT dans l’industrie pharmaceutique aide à comprendre et à mieux contrôler l’ensemble des processus de fabrication. Les processus sont gérés activement afin d’atteindre un haut niveau d’efficacité et de répétabilité. L’assurance qualité prend ainsi une dimension continue en devenant une activité en temps réel. Une telle initiative est en adéquation avec le principe de base du Quality by Design et permet de réduire les risques de problèmes d’ordre réglementaire et de qualité tout en améliorant l’efficacité des processus de fabrication (2, 49). 94 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design En principe, les évaluations PAT en temps réel peuvent fournir les bases pour un feedback continu et avoir pour effet une amélioration du processus. Hormis l’utilité évidente du PAT pour garantir que les opérations du processus se déroulent à l’intérieur du design space approuvé, le PAT peut aussi être utile pour obtenir un design space plus étendu. En fournissant aux industriels le moyen d’avoir un meilleur aperçu et de meilleures connaissances sur leurs processus, le PAT leur permet de réduire significativement la durée de leurs cycles de développement et de production et de minimiser les risques d’obtenir un produit final ne répondant pas aux exigences qualité fixées (31, 49). L’apprentissage permanent durant tout le cycle de vie du produit est important puisque de meilleures connaissances sur le processus et le produit sont utiles non seulement pour le développement du processus, sa mise à l’échelle industrielle et son contrôle en temps réel mais également pour son optimisation et pour un éventuel transfert de technologie (2). 2.4.3 Mesures in-line, on-line, at-line et off-line La Figure 9 présente les différents types d’analyses retrouvées dans l’industrie pharmaceutique tandis que le Tableau 4 compare leurs caractéristiques (45). 95 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Figure 9: Les différents types d’analyses dans l’industrie pharmaceutique (45) 96 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Tableau 4: Caractéristiques des différents types d’analyses dans l’industrie pharmaceutique (45) 1 In-line 2 On-line 3 At-line 4 Off-line Prélèvement Aucun, les capteurs étant situés directement dans l’appareil Contournement au niveau de l’appareil (voir Figure 9) Par un opérateur durant le processus Par un opérateur durant le processus puis transport de l’échantillon au laboratoire de contrôle Analyse Entièrement automatisée Entièrement automatisée Automatique et directement au niveau du processus de production Au laboratoire de contrôle Résultats En temps réel En temps réel Sur place Différés Temps de réponse Rapide Rapide Rapide Lent Fréquence des analyses Grande Grande Faible à moyenne Faible Modification des paramètres du processus d’après les résultats obtenus? Oui Oui Oui Non GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Les méthodes conventionnelles d’analyse, comme celles utilisées pour mesurer l’uniformité d’un mélange de poudres par exemple, sont principalement basées sur des échantillonnages invasifs et des analyses off-line destructives comme l’HPLC ou la spectroscopie UV. Ces méthodes sont toutefois souvent chronophages, sujettes à erreur et peuvent inclure des artefacts puisqu’une ségrégation ainsi qu’une contamination peuvent être introduites. En raison des progrès effectués en matière de technologies efficaces et à détection rapide, des méthodes de contrôle in-line, on-line et at-line ont été récemment développées. Elles visent à acquérir rapidement des données fiables grâce à des mesures non invasives et représentatives permettant ainsi de collecter des données pertinentes en temps réel. En outre, ceci facilite la prise de décisions et les ajustements en temps réel durant le processus par la mise en œuvre d’analyses de données appropriées et d’une stratégie de modélisation à l’aide du design space. En effet, la mesure des CQA formant le design space est la priorité première des applications PAT in-line, on-line et at-line. Le rôle de ces méthodes d’analyse au plus près du produit est essentiel pour tirer profit des avantages du PAT (31, 49, 51, 52). Bien que l’approche et les instruments dont il est question dans l’initiative PAT soient considérés comme étant nouveaux, les mesures en temps réel existent depuis un certain temps. C’est le cas par exemple de la mesure de la température des récipients durant la synthèse d’un principe actif. Un partenariat industrie-université, le Center for Process Analytical Chemistry (CPAC) à l’Université de Washington, existe notamment depuis au moins 1986. Le partenariat entre la FDA et les industries est quant à lui relativement récent puisqu’il date de 2001 (50). 98 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design 2.4.4 L’initiative Process Analytical Technology soutenue par la Food and Drug Administration 2.4.4.1 La guidance relative au Process Analytical Technology Le PAT fait partie d’une initiative plus globale de la FDA appelée « Pharmaceutical cGMPs for the 21st Century: A Risk-Based Approach ». La FDA cherche grâce à cette initiative à améliorer la réglementation de la production pharmaceutique en utilisant une approche scientifique basée sur la gestion du risque et la qualité des produits puisqu’elle incorpore une approche de système qualité intégrée (50). Généralement, durant une opération pharmaceutique, les opérateurs peuvent suivre des informations basiques telles que la température et la pression relative de la zone et certains paramètres de l’appareil utilisé. Cependant, dans bien des cas, il n’y a pas assez d’informations fournies concernant les caractéristiques des produits et leur stabilité durant les différentes étapes du processus. C’est dans ce contexte que la FDA a publié en 2004 une guidance sur le PAT pour un développement pharmaceutique innovant intitulée « Guidance for Industry PAT - A Framework for Innovative Pharmaceutical Development, Manufacturing, and Quality Assurance ». De plus, de nombreuses investigations sur le PAT ont été menées durant la dernière décennie (41). La guidance émise par la FDA permet de faciliter l’innovation en termes de développement, de production et d’assurance qualité en se concentrant sur la compréhension du processus. Elle met en lumière l’importance de la compréhension et du contrôle du processus pour l’amélioration de l’efficacité de la production et pour la réduction du nombre de produits de mauvaise qualité fabriqués. Elle fournit une perspective globale de l’approche réglementaire du PAT dont les concepts sont applicables à toutes les situations de production. Les outils et principes qui y sont décrits doivent être utilisés pour obtenir des connaissances sur les processus; ils peuvent aussi être utilisés pour répondre aux exigences réglementaires pour la validation et le contrôle des processus de fabrication. De plus, les recommandations fournies dans cette guidance sont destinées à répondre aux préoccupations exprimées par les industriels concernant les demandes d’AMM et les inspections après une adoption de l’initiative PAT (2, 36). 99 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation La FDA indique dans sa guidance que le PAT implique: L’application optimale des outils d’analyse du processus. Un feedback au niveau de la stratégie de contrôle du processus. Des outils de gestion de l’information et/ou des stratégies d’optimisation du produit et du processus pour la production de médicaments (50). Pour la FDA, cette guidance fut une première historique pour les trois raisons suivantes: Il ne s’agit pas d’un document normatif. Elle offre l’opportunité aux industriels de réévaluer leurs opérations et leurs connaissances sur leurs processus de production. Elle offre l’opportunité aux autorités régulatrices dans le monde entier, aussi bien qu’aux industriels, de mettre fin aux fonctionnements en silo et de collaborer avec les autres départements et fonctions (39). La guidance sur le PAT était un jalon pour un changement plus utile pour l’industrie pharmaceutique. Elle était le point culminant de la collaboration entre les autorités de santé et les industriels, et le fruit de connaissances et d’expériences de nombreuses années (39). 2.4.4.2 Food and Drug Administration et industriels Depuis 2001, la FDA a organisé et a participé à des séries de réunions sur le PAT. Ces réunions ne comptaient pas seulement des membres de la FDA mais également des représentants de l’industrie pharmaceutique, des membres du milieu universitaire, des ingénieurs et des consultants. Il est à noter que l’initiative PAT est soutenue par un grand nombre d’industries pharmaceutiques et d’éminents experts universitaires (50). Une étroite collaboration, sous la forme de réunions, de téléconférences ou d’une correspondance écrite, entre les industriels et la FDA est une composante clé d’une bonne mise en œuvre de l’initiative PAT. La FDA a compris très tôt que pour favoriser une bonne mise en place du PAT, la flexibilité, la coordination et la communication avec les industriels est critique (2). 100 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design La FDA soutient l’innovation et fait appel aux industriels pour prendre un rôle plus actif dans la compréhension de leurs processus de production. De plus, elle recherche des résolutions, rapides, efficaces et associées aux cGMP, de problèmes qui provoquent des rejets de lots, des défauts de stabilité, des alertes sur le terrain et des rappels de produits (50). Les changements demandent parfois du temps, nous devrions donc voir le potentiel futur du PAT pour l’amélioration des processus pharmaceutiques et féliciter la FDA pour encourager l’utilisation de nouvelles technologies et pour sa volonté de travailler main dans la main avec les industries sur cette importante initiative (50). 2.4.5 Différentes techniques Pour atteindre les objectifs du PAT, il est nécessaire d’avoir des outils appropriés pour le contrôle in situ des paramètres clés du processus (47). La liste suivante est une liste non exhaustive des divers instruments et capteurs utilisés pour le contrôle d’un processus de production dans le cadre du PAT: La Spectroscopie Proche InfraRouge (SPIR). La spectroscopie Raman. La spectroscopie aux rayons X. La spectroscopie de Résonance Magnétique Nucléaire (RMN). La spectroscopie ultraviolet-visible. La spectroscopie photoacoustique. L’imagerie térahertz. La fluorescence. Les fréquences radio. Les micro-ondes. Les ultrasons. La fluorescence aux rayons X (41, 50). 101 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Afin d’obtenir un résultat exploitable, la plupart des mesures prises par ces différentes techniques doivent faire l’objet d’un traitement informatique. C’est le cas par exemple de la Spectroscopie Proche InfraRouge. La SPIR n’est pas une méthode de mesure directe puisque les spectres obtenus doivent être préalablement analysés de manière informatique pour donner des résultats offrant des informations pertinentes sur le produit. C’est là qu’intervient la chimiométrie. La chimiométrie se définit comme l’utilisation d’outils mathématiques, statistiques et informatiques dont le but est de faire ressortir des informations obtenues à partir de données analytiques (51, 53). Etant donné que la plupart de ces techniques sont extrêmement sophistiquées, il faut comprendre que l’intérêt du PAT n’est pas tant de savoir comment collecter des données ou quel type d’instruments devrait être utilisé, mais plutôt quelles données doivent être collectées, que faire avec ces données, et quelles conclusions correspondantes seront atteintes. Par conséquent, une connaissance complète et approfondie du processus de production est primordiale (50). 102 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design 2.4.6 Avantages de l’initiative Process Analytical Technology L’initiative PAT apporte de nombreux avantages pour l’industrie qui décide de la mettre en place. Voici quelques exemples des bénéfices qu’elle peut apporter: Une meilleure compréhension du processus. Les processus physiques et chimiques impliqués dans la production de produits pharmaceutiques sont complexes et souvent pas très bien compris. Cependant, durant les étapes de développement et de production, le PAT permet de fournir des données riches en informations, et ce en temps réel. Ces données collectées permettent à travers des analyses multivariées d’en connaître plus sur les paramètres des matières et des processus jugés critiques pour la qualité du produit final. Cela facilitera l’établissement d’une stratégie de contrôle précise pour les paramètres pertinents à surveiller lors de la production. Le processus gagnera ainsi en robustesse et délivrera un bon produit du premier coup (right first time). Une répétabilité de la qualité des lots. Les solutions PAT détectent et gèrent les variations des CQA au cours du processus afin qu’elles demeurent en permanence à l’intérieur du design space pour permettre l’obtention d’un produit final possédant la qualité souhaitée. Une réduction de la durée totale du cycle. Un élément clé de l’initiative PAT est de mettre fin à une opération pharmaceutique dès lors que le produit intermédiaire de la qualité désirée est obtenu. Le fait de ne pas avoir à attendre l’atteinte d’une limite temporelle lors des différentes opérations du processus de fabrication permet de gagner du temps sur la durée totale du cycle de production. Ce gain de temps, qui inclut également les éventuels retraitements ultérieurs du produit, offre un flux à travers les zones de production optimisé. Une réduction des coûts d’assurance qualité. L’initiative PAT permet une réduction des Out Of Specifications (OOS), ainsi que des investigations qui en résultent, menant à une réduction des coûts significative. Une amélioration du Taux de Rendement Global (TRG). Le TRG est un outil utilisé dans l’industrie pour mesurer et contrôler la performance de la production. Un TRG amélioré est donc la conséquence directe d’un processus plus performant et d’une réduction des durées totales des cycles de production (49). 103 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation La plupart des représentants de l’industrie pharmaceutique qui ont été impliqués dans des discussions concernant la faisabilité du PAT ou qui ont conduit avec succès une démarche PAT ont plus de commentaires positifs que négatifs concernant les avantages de l’adoption des principes PAT. Les bénéfices positifs du PAT ressentis par ces industriels sont: La diminution des durées de cycle. Des coûts de production plus bas. Ils sont réduits de près de 30% alors que la qualité du produit est maintenue. Une efficacité augmentée. La reproductibilité d’un lot à l’autre. L’identification complète du processus qui serait utile pour la validation, la production à grande échelle et la confirmation d’une maniabilité acceptable des changements. Une amélioration de la compréhension des processus. Une diminution de la variabilité, des rejets et des défaillances lors de la production. La possibilité d’un processus continu et la capacité d’ajuster le processus sur la base du contrôle des données en temps réel (49, 50). Des gains en termes de qualité, de sécurité et/ou d’efficacité varient en fonction du processus et du produit et sont susceptibles de provenir: De la réduction des durées de cycles de production en utilisant des méthodes de contrôle et de mesure in-line, on-line et/ou at-line. De la prévention des rejets, des rebuts et des retraitements. De la libération en temps réel. Du recours à l’automatisation pour améliorer la sécurité des opérateurs et réduire le nombre d’erreurs humaines. De l’amélioration des flux de matières et d’énergie. De l’augmentation de la capacité de production. De la simplification de la production en continu pour améliorer l’efficacité et la gestion des variabilités (2). 104 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design 2.4.7 Difficultés rencontrées lors de la mise en place d’une initiative Process Analytical Technology A l’inverse, les difficultés les plus communément rencontrées sont: Les délais d’approbation des produits dus à l’inclusion des méthodologies PAT dans le développement et les activités de validation relativement traditionnels des produits. Une augmentation de la quantité de données générées, incluant non seulement ce qu’il faut faire de ces données supplémentaires mais également des implications possibles avec le 21 CFR Part 11 relatif aux enregistrements électroniques de toutes les données. Une augmentation des contraintes pour respecter les délais serrés. Des coûts supplémentaires pour faire des changements. Des contraintes au niveau des ressources (50). Près d’une décennie après, la mise en application du PAT n’est pas universelle pour plusieurs raisons telles que: Les bénéfices du contrôle en temps réel ne sont ni appréciés ni compris. La procédure réglementaire n’a pas été étudiée suffisamment pour faciliter et permettre le changement. Il y a toujours un manque d’informations sur ce qu’est le PAT et comment le mettre en œuvre (39). 2.4.8 Dispositions à prendre pour la mise en place d’une initiative Process Analytical Technology Malgré la diminution des marges bénéficiaires des industries, moins de nouveaux produits dans les pipelines et un marché de plus en plus compétitif, certaines industries ont déjà reconnu les aspects positifs d’une implémentation de l’initiative PAT. Les exemples suivants sont quelques dispositions qu’une industrie pourrait prendre dès maintenant: 105 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Développer un plan pour l’avenir. Analyser les gammes de produits existants et déterminer celui qui bénéficierait le plus de l’initiative PAT. Par exemple, le mélange et le remplissage d’un produit bien connu qui est une solution composée à 98% d’eau n’est probablement pas le meilleur candidat pour le PAT. La production de formes galéniques complexes comme les comprimés, qui inclue également un contrôle en continu utilisant une carte de contrôle pour le suivi du processus, serait probablement un meilleur choix. Les produits possédant des problèmes récurrents de qualité sont également de bons candidats parce que les écarts dans un processus sont parfois le résultat d’une compréhension incomplète du processus plutôt qu’un facteur de causalité plus évident. Dialoguer avec ses partenaires industriels et universitaires. Recueillir des informations sur le sujet. Assister à des ateliers, des séminaires et des symposiums sur le PAT. Envoyer des commentaires à la FDA. S’assurer que la qualité est conçue à l’intérieur des produits et des processus: o Confirmer la conformité avec les cGMP. Des processus de production mal développés, des employés sans formation, ou des équipements qui n’ont pas été convenablement qualifiés peuvent nuire à la mise en place d’une initiative PAT. o Développer de façon approfondie et complète le produit et le processus pour s’assurer que le processus est suffisamment défini. o Confirmer que les matières premières sont bien caractérisées. o Utiliser la validation pour démontrer l’uniformité et la reproductibilité du processus. o Optimiser le processus et améliorer le rendement après le bon déroulement de la validation. o Examiner avec soin tout changement au niveau du processus ou d’un équipement, spécialement après l’obtention de l’AMM, parce que cela entraînera généralement beaucoup de travail imprévu et indéniablement plus d’activités de développement et plus de données à analyser. o Effectuer une évaluation des risques ou des impacts sur la base de données et pas sur la base d’opinions ou de théories (50). 106 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 2: L’approche Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design 2.5 La libération paramétrique La ligne directrice 16 des BPF nous informe que chaque lot de produit fini doit être certifié par une personne qualifiée avant d’être libéré pour la vente ou la distribution. L’objectif de la certification des lots est de s’assurer de la conformité de la fabrication et du contrôle du lot aux exigences de l’AMM, aux principes des textes réglementaires et de toute autre exigence légale pertinente avant sa mise sur le marché (9). Traditionnellement, le contrôle qualité est effectué sur des échantillons prélevés tout au long de la production. Des tests coûteux en temps sont réalisés sur ces échantillons dans des laboratoires en-dehors de la zone de production. Les lots peuvent ainsi rester en quarantaine pendant plusieurs semaines jusqu’à ce que les résultats d’analyse soient prêts et permettent de libérer ou non le médicament sur le marché. Secondairement, en analysant un petit nombre d’échantillons, il y a un risque accru que des défauts de qualité ne soient pas détectés (54). La libération paramétrique propose d’éviter tous ces inconvénients. La ligne directrice 17 des BPF définit la libération paramétrique, aussi appelée libération en temps réel, comme étant un « système de libération propre à assurer que le produit est de la qualité requise, sur la base des informations recueillies en cours de fabrication et de la conformité aux exigences spécifiques des BPF en matière de libération paramétrique ». Il est reconnu qu’un ensemble exhaustif d’essais et de contrôles en cours de fabrication peut constituer un moyen plus efficace de garantir le respect des spécifications du produit fini que les tests pratiqués sur le seul produit fini (9). Les tests de libération en temps réel donnent la capacité d’évaluer et d’assurer la qualité des produits intermédiaires et finis. Les conclusions sont basées sur les données recueillies durant le processus. Ces données incluent généralement une combinaison pertinente de caractéristiques des matières et de paramètres du processus (32). 107 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation A la fin d’un cycle de production, une revue des données recueillies en temps réel durant toutes les opérations pharmaceutiques peut établir la conformité du produit et vérifier qu’il répond bien aux exigences qualité attendues. Si le profil du produit est cohérent avec l’historique des données, la libération paramétrique du produit peut alors être considérée. Seuls les lots dont des données seraient en-dehors du domaine connu nécessitent des tests off-line additionnels ou sont rejetés (2, 38, 55). Des tests réalisés tout au long du processus de fabrication peuvent fournir un meilleur niveau d’assurance qualité que les traditionnels tests sur le produit fini. Les tests de libération en temps réel peuvent remplacer les tests sur le produit fini mais ne peuvent pas remplacer la revue et les étapes de contrôle exigées dans les cGMP pour la libération du lot (32). Trois questions basiques doivent être posées pour pouvoir mettre en place une libération paramétrique: Capacité de surveillance: Y a-t-il un système d’alarme pour prévenir de l’apparition d’un problème lors de la production? Capacité de contrôle: Est-il possible d’ajuster le processus en cas d’apparition d’une défaillance durant le processus? Capacité de libération en temps réel: Si les processus sont suivis et contrôlés, le produit final répondra-t-il aux exigences qualité fixées (54)? Envisager une libération paramétrique d'un produit nécessite une connaissance approfondie ainsi qu'une maîtrise du procédé de fabrication concerné qui permettra d'aboutir à une maîtrise totale de la qualité du médicament fabriqué. La libération paramétrique est donc le passage du procédé de fabrication sous le contrôle total de l'Assurance Qualité (56). 108 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation 3.1 3.1.1 La lyophilisation Définition et généralités La lyophilisation, ou cryodessiccation, est une opération pharmaceutique visant à éliminer le solvant, généralement l’eau, d’un produit. Malgré sa complexité technique, elle est la méthode de choix pour stabiliser des principes actifs labiles tels que les peptides, les protéines et de nombreuses petites molécules qui ne sont pas suffisamment stables en solution ou en suspension. Son nom est dérivé du terme « lyophile ». Ce terme, provenant du Grec et signifiant « qui aime le solvant », décrit la capacité du produit à s’hydrater de nouveau (10, 57, 58, 59, 60, 61). La lyophilisation se distingue des autres méthodes de dessiccation par le fait que l’eau est d’abord cristallisée à basse température avant de subir une sublimation sous vide. L’eau sous forme solide passe ainsi directement à l’état gazeux sans passer par l’état liquide (10, 57, 58, 61, 62). Ces changements d’état sont représentés dans la Figure 10. Figure 10: Représentation de la lyophilisation sur le diagramme d’état de l'eau (46) 111 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation L’objectif de la lyophilisation est d’obtenir une substance, appelée lyophilisat, ayant une bonne stabilité, une bonne durée de conservation et retrouvant ses caractéristiques initiales après reconstitution avec de l’eau, bien que cela dépende aussi beaucoup de son conditionnement et de ses conditions de stockage. Le lyophilisat, tel qu’observé en Figure 11, est un produit sec, friable, possédant une texture poreuse avec une aire de surface interne élevée lui conférant ainsi un caractère lyophile et plus particulièrement une avidité pour l’eau permettant une reconstitution rapide et intégrale du produit initial, la lyophilisation étant un processus réversible. Dans le cas d’un produit injectable, en reconstituant le lyophilisat avec de l’eau pour préparation injectable, il est facile d’obtenir une préparation stérile, isotonique, dosée avec précision et pouvant être directement administrée par voie parentérale (10, 57, 61, 62). Figure 11: Illustration d’un lyophilisat dans son flacon en verre (63) 112 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Les produits lyophilisés doivent: Etre modifiés au minimum par le processus. Avoir un taux d’humidité résiduelle acceptable. Etre actifs. Etre stables et posséder des conditions de stockage acceptables. Etre propres et stériles le cas échéant. Etre pharmaceutiquement acceptables sur le plan éthique. Etre rapides et simples à reconstituer. Avoir un processus de production économiquement viable. Pouvoir être fabriqués à des rendements élevés (58, 59). Alors que pour la majorité des médicaments, la sélection des excipients est principalement centrée sur l’amélioration de la stabilité du produit, pour un produit lyophilisé, une considération supplémentaire est portée sur la compatibilité de la formulation au processus de lyophilisation. Les conditions du processus, à savoir les basses températures, la pression réduite et l’absence de phase liquide intermédiaire, éliminent en grande partie les facteurs d’altération ou de dénaturation qui peuvent être retrouvés dans d’autres méthodes de dessiccation (10, 64). Les objectifs clés durant le développement d’un processus de lyophilisation sont: L’obtention d’un produit stable et convenable avec une hétérogénéité intra- et inter-lots minimum. Le développement d’un processus qui est adaptable et facilement transférable entres différents lyophilisateurs. Des coûts de production minimisés (64). 113 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 3.1.2 Historique La cryoconservation, qui est à la base du principe de la lyophilisation, existe depuis des temps immémoriaux puisqu’elle était utilisée par les Aztèques et les peuples de l’Arctique pour conserver les denrées alimentaires. Vers la fin des années 1880, la lyophilisation était utilisée à l’échelle du laboratoire et à cette date ses principes de base étaient compris. La méthode est pratiquement restée une technique de laboratoire jusqu’aux années 1930-1940 quand il y eut la nécessité de produire des antibiotiques sensibles à la chaleur et des produits sanguins. A cette époque, la réfrigération et les technologies de traitement sous vide étaient suffisamment évoluées pour permettre le développement de lyophilisateurs (59). La lyophilisation a d’abord été utilisée à des fins commerciales au début des années 1940 pour couvrir la demande croissante de plasma sanguin humain. La production d’antibiotiques lyophilisés, principalement la pénicilline, avec une stabilité améliorée fut accomplie durant les années 1950. C’est durant ces mêmes années que la lyophilisation a commencé à être utilisée en routine par les industries pharmaceutiques et agroalimentaires. 1982 marqua le début du développement de la production de médicaments biotechnologiques, nombre d’entre eux étant stabilisés grâce à la lyophilisation. La révolution des biotechnologies dans les années 1990 a donné lieu non seulement à une augmentation de la demande en produits lyophilisés mais également à des analyses approfondies et des optimisations du processus de lyophilisation (57, 58, 59). Le développement rapide de cette technologie ne peut être mieux jugé que par le nombre de publications scientifiques dans ce domaine, qui est passé d’une dizaine avant 1930, à 350 durant la période 1930-1945 et environ 600 en l’an 2000. Le premier brevet a été délivré en 1934, et le nombre de brevets délivrés aux Etats-Unis sur la période 1945-2003 s’est élevée à plus de 400 (58). 114 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation 3.1.3 Description d’un lyophilisateur Les lyophilisateurs peuvent être différents selon la nature et la quantité du produit devant subir la lyophilisation. Une configuration typique de nombreux lyophilisateurs utilisés par les industries pharmaceutiques est illustrée dans la Figure 12 (10). Figure 12: Configuration typique d’un lyophilisateur pour flacons (10) 115 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Un lyophilisateur comprend: Une chambre de dessiccation composée d’étagères. Un condenseur qui est nécessaire pour éliminer la vapeur d’eau présente dans la chambre de dessiccation et la condenser. Un conduit reliant l’enceinte de sublimation et celle du condenseur qui doit être aussi large que possible pour assurer une évacuation rapide de la vapeur d’eau sans constituer un obstacle sur le trajet de celle-ci. Une pompe à vide qui permet d’évacuer l’air du lyophilisateur et la vapeur d’eau de la chambre de dessiccation. Un système de réfrigération dans lequel une solution peut être refroidie à la température requise et qui peut être évacuée à basse pression. Un équipement électrique de chauffage permettant de: o Chauffer le fluide caloporteur circulant dans les étagères pour chauffer le produit congelé afin de sublimer la glace. o Dégivrer le condenseur en fin de lyophilisation. Un système interne de bouchage pour fermer les flacons à la fin du cycle. Des systèmes de nettoyage en place et de stérilisation en place pour assurer un nettoyage et une stérilisation du lyophilisateur entre des cycles successifs de production et prévenir ainsi tout risque de contamination croisée entre des lots successifs. Un programmateur à commandes électroniques assurant automatiquement la régulation de la température et de la pression et grâce auquel le programme de lyophilisation désiré pourra être prédéfini. Des appareils de contrôle de pression et de température (10, 57, 58, 59). 116 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation De nos jours, le chargement des contenants dans le lyophilisateur se fait très souvent de manière automatique pour diminuer l’interaction du personnel avec le produit et réduire ainsi les risques de contamination du produit. Les contenants sont introduits dans le lyophilisateur à travers une porte qui, à l’instar des murs de la chambre de dessiccation et du condenseur, est en acier inoxydable électropoli. L’acier inoxydable est généralement utilisé pour fabriquer les lyophilisateurs parce que cet alliage peut être nettoyé par un large éventail de désinfectants, y compris la vapeur. Pour être conforme aux cGMP, le lyophilisateur doit invariablement être désinfecté par de la vapeur pressurisée. Cela s’ajoute à la complexité et au coût d’un lyophilisateur puisqu’il doit être opérationnel à la fois dans des conditions de pressions sub-atmosphériques, lors de la sublimation, mais également dans des conditions de surpression, lors de la désinfection (57, 59). L’équipement doit être totalement fiable et destiné à un objectif final précis, qu’il s’agisse de la production de masse de médicaments stériles ou non, d’une recherche expérimentale ou d’une étude de développement technique (60). La chambre de dessiccation, telle que représentée dans la Figure 13, consiste en une chambre étanche au vide, dotée d’étagères dont la température peut être contrôlée par la circulation d’un fluide caloporteur permettant de refroidir ou de chauffer le produit. Le système de transfert de chaleur est fourni par une pompe, qui fait circuler le fluide à travers les étagères. Le système de circulation doit être capable de maintenir la température des étagères à la valeur désirée. Les produits à sécher, disposés sur les étagères, sont généralement contenus dans des flacons ou des ampoules, voire occasionnellement dans des seringues (57, 58, 59). 117 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Figure 13: Chambre de dessiccation d’un lyophilisateur (65) Le choix de la pompe s’effectuera en fonction de son débit qui doit être proportionnel à la puissance du lyophilisateur. Elle doit être capable de maintenir une pression dans la chambre inférieure à la pression de vapeur saturante de la glace pour la température choisie lors du processus (58). Le vide absolu ne doit pas être atteint car ce sont essentiellement les molécules de gaz présentes qui permettent le transfert des calories émises par la surface chauffante vers les flacons. Il doit donc en rester suffisamment pour que la sublimation puisse s’effectuer. Le vide nécessaire, à déterminer en fonction de la température, est de l’ordre de 10 mmHg, soit 0.0133 bar ou 1333 Pa. Dans la plupart des lyophilisateurs, la pression désirée dans la chambre est maintenue grâce à l’injection d’un gaz incondensable, tel que l’azote, qui sert de gaz de régulation (10, 57). 118 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Bien qu’une pompe à vide adaptée soit essentielle pour évacuer au préalable l’air de la chambre et éliminer l’air pouvant fuiter dans le lyophilisateur durant le processus, les pompes à vide ne sont pas capables de déplacer continuellement la vapeur d’eau produite. C’est pourquoi un piège pour la vapeur d’eau doit être positionné entre le produit et la pompe pour condenser l’humidité provenant du produit. Le condenseur peut être incorporé directement dans la chambre de dessiccation (condenseur interne) ou localisé dans une chambre séparée entre la chambre contenant les produits et la pompe (condenseur externe). Chacune de ces deux possibilités a ses avantages et ses inconvénients (59). Le système de condenseur, doté de ses propres compresseur et système de transfert de chaleur, sert à éliminer la vapeur d’eau libérée par la sublimation du produit et présente dans la chambre de dessiccation. La condensation par le froid est le moyen habituel utilisé pour éliminer la vapeur d’eau. Dans les installations à haut rendement, une machine frigorifique refroidit une saumure ou de l’alcool qui circule ensuite dans le condenseur du lyophilisateur. La Figure 14 est un exemple de condenseur d’un lyophilisateur (10, 58, 66). Figure 14: Condenseur d’un lyophilisateur (66) 119 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Le système doit être capable d’opérer aussi bien sous les faibles températures choisies pour la sublimation que sous des températures plus élevées utilisées pour éliminer efficacement, à la fin de la dessiccation secondaire, la glace qui s’est accumulée à la surface des boucles du condenseur au cours de la lyophilisation (58). Le condenseur possède deux paramètres importants: Sa température qui doit rester en-dessous d’une certaine valeur, dépendante du vide présent dans la chambre de dessiccation, afin d’éviter que la glace déposée à la surface des boucles du condenseur ne subisse une nouvelle sublimation. Sa surface de condensation qui doit être suffisante pour éviter qu’une couche de glace trop importante ne se forme, réduisant de manière néfaste les échanges thermiques entre le condenseur et la vapeur d’eau (10). Des appareils de contrôle permettent de s’assurer du bon déroulement de la lyophilisation en contrôlant la pression et la température à différents niveaux de l’appareil. La Figure 15 donne un exemple d’enregistrement des pressions et des températures au cours d’une opération de lyophilisation (10). 120 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Figure 15: Phases opératoires de la lyophilisation (10) 3.1.4 Déroulement de l’opération de lyophilisation Les flacons, remplis de la solution médicamenteuse à lyophiliser et partiellement bouchés (afin de laisser passer la vapeur d’eau), sont transférés dans le lyophilisateur (59, 67, 68). L’opération de lyophilisation qu’ils subissent se déroule selon les trois étapes successives représentées en Figure 16: Une congélation. Une dessiccation primaire ou sublimation. Une dessiccation secondaire (59). 121 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Figure 16: Evolution de la température et de la pression lors des trois phases de la lyophilisation (68) 3.1.4.1 La congélation La congélation est la première étape de la lyophilisation. Elle consiste en la solidification de l’eau du produit et en la création d’une matrice solide adéquate pour le séchage. L’eau libre du produit sera congelée à basse température lors de cette étape, contrairement à l’eau liée qui ne peut pas être congelée (59). 122 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation La congélation permet: D’immobiliser les différents composants de la préparation. D’induire la formation d’une structure spécifique composée de cristaux de glace à l’intérieur de la masse congelée. Selon la configuration de cette structure, la porosité du produit ayant subi la sublimation, c’est-à-dire la zone au-dessus du front de sublimation, sera différente. Ceci aura pour effet de faciliter ou d’inhiber la migration de la vapeur vers l’extérieur du flacon. En clair, la structure de glace formée dictera le comportement du produit dans les étapes suivant la congélation ainsi que la morphologie finale du lyophilisat (59). Les flacons sont disposés sur les étagères du lyophilisateur. La température des étagères est ensuite réduite jusqu’à atteindre une valeur généralement comprise entre -30 et -50°C, entraînant la formation puis la croissance de centres de cristallisation. La nucléation de la glace se produit habituellement sur des surfaces telles que la paroi du flacon, les particules étrangères en solution ou les sondes de températures. Il s’agit d’un phénomène aléatoire qui entraîne une hétérogénéité de la congélation, non seulement entre les lots mais également entre les produits au sein d’un même lot (57, 59, 64). Pour faciliter la sublimation de la vapeur d’eau, les cristaux de glace doivent être larges et contigus, s’étendant de la base du produit jusqu’à sa surface, fournissant ainsi une structure optimisée pour la migration de la vapeur. La structure cristalline communément observée quand la solution est congelée dans le flacon est de forme dendritique (59). La vitesse de refroidissement durant l’étape de congélation détermine le nombre et la taille des centres de cristallisation dans le produit lyophilisé. La vitesse de refroidissement généralement utilisée se situe entre 0,2 et 1,0°C/min (59). Une congélation rapide mène à un grand nombre de petits centres de cristallisation incorporés dans la matrice formée par le soluté, provoquant une grande résistance au flux de la vapeur et entraînant donc une sublimation plus longue et difficile (57, 59, 62). 123 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation A l’inverse, une plus faible vitesse de refroidissement des étagères entraîne la formation d’un plus petit nombre de centres de cristallisation de plus grande taille et par conséquent une plus faible résistance du produit quant au flux de vapeur et ainsi une plus courte durée de sublimation. Dans le cas d’un produit biologique, les gros cristaux formés par une vitesse trop lente risquent cependant de déchirer les parois cellulaires. En outre, une vitesse de refroidissement des étagères trop basse peut exacerber le développement d’un film à la surface du produit, ce qui inhibera la sublimation (10, 59). La vitesse de congélation peut varier entre différents flacons d’un même lot pour différentes raisons: Le potentiel de formation de la glace qui est différent pour chaque flacon. La position relative des flacons sur l’étagère. L’effet de bord pour les flacons se trouvant sur un des bords des étagères. Ces flacons sont sujets à une transmission de chaleur supplémentaire dû à un phénomène de rayonnement provoqué par les parois et la porte de la chambre de dessiccation. L’insertion d’une sonde de température dans un flacon qui induit la formation de centres de cristallisation. Les infimes variations de la géométrie de la base de chaque flacon qui peut gêner le contact thermique entre le produit et l’étagère (59). La nucléation contrôlée permet de réduire le caractère aléatoire de la température à laquelle se produit la cristallisation, affectant la durée de la sublimation ainsi que la porosité du produit final. Trois paramètres doivent être directement suivis dans le cadre d’une nucléation contrôlée: la température de nucléation, la durée de consolidation isotherme post-nucléation et la vitesse de refroidissement post-nucléation des étagères (59). 124 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation La nucléation contrôlée peut contribuer à: Réduire la durée de l’étape de sublimation. Réduire la durée de l’opération de lyophilisation. Réduire les risques d’avarie durant le refroidissement et la congélation. Contrôler la porosité du produit. Améliorer l’apparence, la morphologie et l’homogénéité du produit final. Réduire le temps de reconstitution du lyophilisat (59). Au contraire de la nucléation, la prolifération de la glace, représentée par la croissance des centres de cristallisation, est encouragée par l’augmentation de la température, diminuant ainsi la viscosité de la solution. La nucléation et la prolifération de la glace sont inhibées à des températures en-dessous de la température de transition vitreuse tandis qu’au-dessus de la température de fusion, la solution congelée fondra. Les conséquences et la mesure de ces paramètres sont des éléments importants dans le processus de lyophilisation (59). A la fin de l’étape de congélation, la préparation est complètement solidifiée, c’est-àdire que la majorité de l’eau a été séparée dans la préparation pour former des cristaux d’eau pure. Une période de consolidation est toutefois nécessaire pour s’assurer que tous les flacons du lot ont été suffisamment congelés, bien qu’une durée excessive de consolidation augmente la durée de l’étape de congélation et ait un impact sur la durée totale de l’opération de lyophilisation (57, 59). 125 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation La résistance de la structure poreuse au flux de vapeur peut être au moins partiellement compensée en effectuant un traitement thermique appelé « annealing » juste avant la sublimation. Le produit congelé est chauffé à une température inférieure à son point de fusion eutectique mais supérieure à sa température de transition vitreuse, provoquant ainsi la croissance des cristaux de glace et la formation d’une structure plus poreuse. L’annealing est communément effectué à la fin de l’étape de congélation, non seulement pour cristalliser les excipients dans la matrice du produit, mais également pour supprimer l’hétérogénéité de la répartition des centres de cristallisation et réduire la durée de la sublimation. Il a également été montré que l’annealing réduisait la formation de bulles d’air lors de la reconstitution du produit. Cependant, la sélection de la température et de la durée de l’annealing est critique puisqu’elle peut potentiellement mener à l’instabilité du produit. Elle doit donc être effectuée avec précaution (57, 59, 64, 69). 3.1.4.2 La dessiccation primaire La deuxième étape de la lyophilisation est la dessiccation primaire. Durant cette étape, l’eau libre congelée, qui constitue entre 70 et 95% de l’humidité du produit, est convertie en vapeur d’eau par sublimation. L’eau est éliminée à l’interface de sublimation qui est une frontière limitée qui baisse tout au long du produit durant le processus, de la surface du produit jusqu’à sa base (59). La sublimation est un processus relativement efficace bien que sa durée précise puisse varier selon différents facteurs tels que la formulation du produit et le volume de chaque flacon. Elle entraîne la formation d’une structure sèche et poreuse où les solutés sont spatialement disposés comme dans la préparation initiale. Au contraire de l’évaporation, où les composants sont concentrés durant le processus de séchage, la sublimation sous vide minimise les effets de la concentration fournissant un produit sec, actif et facilement soluble ou redispersible (59). 126 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation La glace au niveau du front de sublimation présente une pression de vapeur qui est directement corrélée à la température du produit. Une fois que la pression de la chambre est inférieure à la pression de vapeur de la glace du produit, la sublimation peut commencer. La glace est alors éliminée à partir du haut de la couche gelée et est directement convertie en vapeur d’eau. La vapeur d’eau est transportée jusqu’au condenseur et se dépose sur les boucles du condenseur. Ces boucles sont constamment refroidies à une température associée à la très faible pression de vapeur de la glace condensée (57). Une durée de sublimation insuffisante entraîne un phénomène de collapse du produit ou la fonte de la glace due à une progression prématurée à la dessiccation secondaire, tandis qu’une dessiccation primaire prolongée entraîne une durée de lyophilisation inutilement longue (64). La Figure 17 présente deux produits collapsés. Figure 17: Produits ayant subi un phénomène de collapse durant leur lyophilisation (70) 127 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation L’uniformité de la vitesse de sublimation entre tous les flacons dépend de: La protection des flacons sur les bords des étagères de l’influence des parois et de la porte du lyophilisateur. L’uniformité de la congélation et du traitement thermique pour tous les flacons (62). La sublimation est contrôlée par deux variables: la pression dans la chambre et la température des étagères. Ces deux paramètres influent sur la température de la glace à l’interface de sublimation pour un produit donné et une installation donnée (62). Au début de la dessiccation primaire, la pression à l’intérieur du lyophilisateur est réduite au moyen d’une pompe à vide. La pression dans la chambre nécessite d’être inférieure à la pression de vapeur saturante de la glace pour faciliter la sublimation de la glace et le transport de la vapeur d’eau jusqu’au condenseur. La pression dans la chambre durant la lyophilisation de produits pharmaceutiques, qui dépend de la température de produit désirée et des caractéristiques du contenant, est généralement de l’ordre de 10 à 100 μbar (57, 59). La diminution de la pression de la chambre augmente la vitesse de sublimation en réduisant la concentration en gaz au-dessus des produits pour fournir le minimum de résistance aux molécules d’eau qui migrent à partir du produit. Cependant, une trop faible pression est contre-productive. Ce paradoxe apparent peut être expliqué par le fait que ce sont les molécules de gaz présentes dans l’enceinte de dessiccation qui transportent la chaleur des étagères au produit. Si la pression est trop faible, le transfert de chaleur est alors limité et la sublimation est ralentie (57, 59). Pour maintenir la sublimation, il est nécessaire d’établir un gradient de pression du produit (plus haute pression) à la pompe à vide (plus basse pression) en passant par le condenseur pour que la vapeur d’eau puisse migrer jusqu’à celui-ci durant le processus de séchage. Bien que la température du produit doive être supérieure à celle du condenseur pour assurer une nette migration de l’eau, le moteur du système est la différence de pressions de vapeur entre le produit et le condenseur (59). 128 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation La sublimation de la glace du produit nécessite de l’énergie. Une chaleur suffisante doit être fournie au produit pour créer un équilibre avec l’énergie absorbée par la sublimation de la glace. Durant cette période critique, la balance correcte doit être ajustée entre l’apport de chaleur et la sublimation de l’eau pour que le séchage s’effectue sans induire d’évènements indésirables tels que le phénomène de collapse ou la fonte du produit. Au début de la sublimation, l’équilibre est simple à maintenir car la structure sèche n’offre qu’une faible résistance au flux de vapeur. Cependant à mesure que l’interface de sublimation s’abaisse le long du produit, la résistance au flux de vapeur par la masse sèche augmente et le produit risque de recevoir assez d’énergie pour fondre ou perdre sa structure poreuse. La conséquence directe d’une baisse de l’énergie apportée est l’augmentation de la durée de la lyophilisation, mais elle peut s’avérer inéluctable pour préserver la qualité du produit (57, 58, 59, 60). L’énergie est apportée par les étagères qui sont chauffées progressivement durant la dessiccation (57, 60). Comme le représente la Figure 18, le transfert de chaleur se produit par la combinaison de trois mécanismes: La conduction par le contact direct entre l’étagère et le flacon. La convection à l’aide de la phase gazeuse. La radiation, principalement des parois et de la porte du lyophilisateur (58, 71). 129 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Figure 18: Le transfert de chaleur durant la lyophilisation (71) La chaleur est ensuite transmise à l’interface de sublimation où la glace est convertie en vapeur d’eau (59). Durant la dessiccation primaire, les flacons sur les bords des étagères reçoivent de la chaleur supplémentaire via les radiations des parois et de la porte du lyophilisateur qui sont à une température plus élevée que les étagères. Ce différentiel de température entraîne une température de produit plus élevée et une durée de sublimation plus faible pour les produits se trouvant sur les bords des étagères comparés au reste du lot. Durant la sublimation, il est critique de s’assurer que la température du produit reste en-dessous de la limite maximale autorisée, pas seulement pour les flacons du centre mais également pour les flacons se trouvant sur les bords des étagères, pour assurer la qualité de tous les produits du lot (64). 130 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation La température est en général le paramètre du produit le plus important durant un processus de lyophilisation, en particulier la température à l’interface de sublimation. En effet, il s’agit de la région où se produit la sublimation, le contrôle de la température à cette interface est donc d’une importance capitale pour le contrôle du produit. Cependant, étant donné que cette frontière est perpétuellement en mouvement tout au long du processus, la température de l’interface ne peut pas être contrôlée efficacement en utilisant les sondes de température traditionnelles (59). Une basse température de produit et la faible pression de vapeur correspondante de la glace entraînent un temps de sublimation plus long. Il a été reporté qu’une élévation de température du produit d’1°C peut réduire la durée de la sublimation de 13%, ce qui offre d’énormes opportunités en termes de gains de temps et de coûts de production. Cependant, une élévation de la température au-dessus d’une température critique peut mener à la perte de la structure poreuse du lyophilisat. Si cette température critique est dépassée, la structure poreuse à l’interface de sublimation contiendra encore de l’eau, ce qui augmentera l’humidité et la viscosité du produit, entraînant la fusion des pores et la formation de trous dans la structure du lyophilisat. Ce phénomène est associé à une diminution de la surface interne avec des conséquences potentielles sur le temps de reconstitution et la stabilité du produit (57, 64). Pour avoir une étape de dessiccation primaire la plus efficace possible, il faut une pression dans la chambre de dessiccation la plus faible possible et une température d’étagères la plus élevée possible, sans que la température du produit ne dépasse sa température critique. Pour améliorer la sublimation, il vaut mieux augmenter la température du produit que de baisser la température du condenseur. De plus, la sélection d’excipients appropriés, qui permettent l’utilisation de plus hautes températures durant le processus sans compromettre la qualité du produit, joue un rôle important dans le développement de la formulation du produit et du processus de lyophilisation (46, 59). 131 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 3.1.4.3 La dessiccation secondaire La troisième étape de la lyophilisation est la dessiccation secondaire, aussi appelée désorption, durant laquelle l’eau liée est éliminée du produit jusqu’à ce que le taux d’humidité résiduelle atteigne sa valeur cible. Cette valeur est généralement de l’ordre de 1 à 5% d’humidité résiduelle selon le produit à lyophiliser. Pour la plupart des produits, la stabilité augmente avec une réduction de l’humidité, il est donc avantageux de réduire le taux d’humidité autant que possible (57, 59, 60). Une fois que toute la glace a été éliminée des flacons, la température des étagères est augmentée et maintenue à une température généralement comprise entre 20 et 40°C pendant plusieurs heures. La vitesse d’augmentation de la température durant la dessiccation secondaire est de l’ordre de 0,1 à 0,3°C/min (57). Au contraire de la dessiccation primaire, qui est un processus dynamique associé à des débits de vapeur d’eau élevés, la dessiccation secondaire est nettement moins efficace puisque la durée de cette étape représente approximativement 20 à 40% de la durée totale du cycle de lyophilisation mais elle élimine seulement 5 à 10% de l’humidité totale du produit. La désorption est favorisée en augmentant la température des étagères tout en restant sous des conditions de vide dans l’enceinte. Bien que le phénomène de collapse soit moins fréquent durant la dessiccation secondaire que durant la sublimation, il est tout de même possible d’induire ce phénomène dans la matrice sèche en exposant le produit à des températures trop élevées (59). 132 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Un produit lyophilisé est hygroscopique et possède une grande surface d’exposition. Par conséquent, exposer le produit sec à l’atmosphère entraînerait la réabsorption d’air humide par le produit et une perte de sa stabilité. Il est par conséquent plus prudent de boucher les flacons à l’intérieur du lyophilisateur à la fin de la dessiccation secondaire, dans des conditions de vide ou avec une atmosphère composée d’un gaz inerte tel que l’azote. La Figure 19 nous montre la position du bouchon durant la lyophilisation. Les bouchons sont simplement posés sur les flacons à la fin du remplissage pour permettre l’évacuation de la vapeur d’eau durant la lyophilisation. Les flacons sont définitivement bouchés à la fin du cycle (59, 61, 65). Figure 19: Position du bouchon pendant un cycle de lyophilisation (65) A la fin du cycle de lyophilisation, des contrôles doivent être effectués sur des échantillons de produits finis. Le taux d’humidité résiduelle dont dépend la bonne conservation du lyophilisat doit notamment être vérifié. Les trois méthodes suivantes sont parmi les plus utilisées pour contrôler le taux d’humidité résiduelle: la méthode par perte à la dessiccation, la méthode volumétrique et la méthode chimique. Il est également important de s’assurer que le produit peut être reconstitué en ajoutant le volume d’eau adéquat (10). 133 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 3.1.5 Avantages de la lyophilisation Les avantages de la lyophilisation sont nombreux: La conservation de produits instables en solution ou en suspension est rendue possible. Les produits dont le point de fusion est très bas peuvent être desséchés, sans être fondus. L’eau peut être éliminée d’un produit sans détruire ou réduire l’activité d’un principe actif thermosensible. Un produit poreux facile à remettre en solution grâce à son importante surface interne est obtenu. L’effet dû à la concentration des solutés lors d’un séchage est évité. Le produit est à l’abri de l’action oxydante de l’air puisqu’il est fermé sous vide ou dans une atmosphère contenant un gaz inerte. Des gains significatifs relatifs aux coûts de transports peuvent être effectués puisqu’une perte d’eau équivaut à une perte de masse. Un produit liquide peut être dosé plus précisément qu’un produit solide. Le lyophilisat est une forme galénique attractive. Il s’agit d’une méthode de séchage se faisant sans bouillonnement, projection ou formation de mousse. La lyophilisation est le meilleur moyen de conservation du plasma humain puisqu’elle permet de s’affranchir de la conservation en chambre froide nécessaire pour le plasma congelé (10, 57, 59, 61, 62, 64). 134 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation 3.1.6 Inconvénients de la lyophilisation Malgré tous ces avantages, la lyophilisation présente également des inconvénients: Il s’agit d’un processus long et coûteux. Probablement plus que pour n’importe quel autre produit, la mise à l’échelle industrielle d’un processus de lyophilisation est très difficile. La quantité limitée de flacons lyophilisés durant chaque cycle réduit la capacité de production totale. La lyophilisation nécessite d’importants besoins en énergie dus au chauffage ou au refroidissement constant. L’acquisition d’un lyophilisateur représente un important investissement. Les coûts de maintenance sont élevés. La complexité du processus et de l’équipement nécessite des collaborateurs compétents et formés régulièrement. Le lyophilisat est certes plus stable que le produit initial mais il reste un produit sensible à la température, à l’humidité et à la lumière; il y a donc des précautions à respecter lors de sa conservation (57, 58, 59, 61, 62). 3.1.7 Intérêts de la lyophilisation Voici les réponses obtenues quand la question suivante « Pourquoi lyophiliser? » a été posée à des managers dans l’industrie pharmaceutique: Les basses températures protègent le principe actif durant le processus. La lyophilisation est un processus qui est approuvé par les autorités régulatrices. La lyophilisation peut être effectuée dans des conditions stériles. Le produit sec peut être facilement réhydraté. Le format du produit final est reconnu et accepté par les patients. La lyophilisation est associée à la qualité. La lyophilisation a la réputation d’être simple à réaliser. Elle est utilisée avec succès par d’autres industries et/ou pour d’autres produits. Ce type de produit a toujours été lyophilisé (58). 135 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation La raison la plus importante de l’utilisation de la lyophilisation semble être que les produits lyophilisés ont été acceptés aussi bien par les patients que par les autorités régulatrices qui délivrent l’AMM pour le produit (58). Les facteurs en faveur de la lyophilisation sont indubitablement la capacité à réaliser l’opération dans des conditions de stérilité ainsi que la reconstitution rapide du produit au moment de son utilisation (58). 3.2 Intégration de la démarche Quality by Design au cours de l’opération de lyophilisation 3.2.1 Approche traditionnelle de la lyophilisation Pour assurer un produit acceptable, les cycles de lyophilisation sont conçus très prudemment, ce qui mène à des processus longs, coûteux et dont la performance peut être améliorée. L’amélioration continue et l’optimisation des conditions du processus ou de la formulation sont difficilement possibles, les déviations provenant des paramètres établis mènent souvent à un rejet du lot et les changements permanents du processus ou de la formulation requièrent un consentement préalable des autorités régulatrices et d’éventuelles analyses complémentaires de grande envergure (57). Il existe des sources inhérentes de variabilité dans les processus de fabrication. Elles sont particulièrement dues aux différentes caractéristiques des matières premières et du conditionnement primaire (flacons, seringues, …), qui ne sont pas prises en compte dans l’approche traditionnelle (57). De plus, la lyophilisation est l’une des opérations les plus complexes, si ce n’est la plus complexe, de l’industrie pharmaceutique. Sa durée est par exemple comprise entre plusieurs heures à plusieurs jours. C’est pourquoi il peut s’avérer judicieux d’associer une démarche Quality by Design à l’opération de lyophilisation. Bien que certains scientifiques se soient penchés sur l’application de la démarche Quality by Design à l’opération de lyophilisation, il n’existe actuellement que peu de travaux dans ce domaine. 136 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation 3.2.2 Quality by Design et lyophilisation La démarche Quality by Design permet d’améliorer la qualité des produits lyophilisés en créant un processus de lyophilisation robuste et fiable, et ce dès sa conception. Les points qui pourront s’avérer critiques sont détectés à l’avance et suivis tout au long du processus, ce qui garantit l’obtention d’un produit de qualité (72, 73). Pour prendre un exemple concret, la phase de sublimation est la plus longue, la plus onéreuse mais également la plus critique de la lyophilisation. Il est à la fois primordial de ne pas passer trop vite à la dessiccation secondaire mais coûteux de laisser se dérouler inutilement la dessiccation primaire alors que toute la glace a été éliminée. La détermination avec précision de la fin de la dessiccation primaire est donc avantageuse pour l’industriel. Elle est rendue possible par le Quality by Design, via l’initiative Process Analytical Technology qui lui est associée, permettant de réduire la durée de l’étape de sublimation tout en assurant la qualité du produit final (46). 3.2.2.1 Quality Target Product Profile d’un produit lyophilisé La démarche QbD débute par une réflexion sur le Quality Target Product Profile, afin d’avoir en ligne de mire les principales caractéristiques attendues pour le produit final. Les Tableau 5 et Tableau 6 sont des exemples de QTPP pour des flacons stériles lyophilisés. 137 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Tableau 5: Exemple 1 de Quality Target Product Profile d’un lyophilisat (d’après la référence 1) Eléments du QTPP Indication Exigences Maladie chronique (traitement de la dépression nerveuse) Forme galénique Lyophilisat de solution injectable Dosage Dose nominale de 20mg/flacon Voie d’administration Sous-cutanée (0,8mL) Durée de reconstitution Pas plus de 2 minutes Solution pour reconstitution 1mL de chlorure de sodium 0,9% Flacon Conditionnement primaire en verre 2R, bouchon en caoutchouc, doit répondre aux exigences de la pharmacopée concernant les formes à usage parentéral Durée de conservation 2 ans entre 2 et 8°C Doit répondre aux exigences de la Exigences qualité du médicament pharmacopée concernant les formes à usage parentéral ainsi qu’aux exigences spécifiques au produit Stabilité durant l’administration La solution reconstituée doit être stable 24h à une température ≤ 30°C 138 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Tableau 6: Exemple 2 de Quality Target Product Profile d’un lyophilisat (d’après la référence 67) Eléments du QTPP Forme galénique Dosage Voie d’administration Volume injecté Conditionnement primaire Durée de conservation Tolérance Exigences Poudre stérile pour reconstitution 50mg par flacon Intraveineuse Pas plus de 10mL Flacon monodose avec bouchon en élastomère ≥ 2 ans à température ambiante Acceptable lors de l’injection Stérile, apyrogène, doit répondre aux Exigences qualité du médicament exigences de la pharmacopée sur les particules visibles et microscopiques On retrouve des caractéristiques communes entre ces deux exemples, notamment la durée de conservation et les exigences de qualité du produit final. 3.2.2.2 Attributs Qualité Critiques et Paramètres Critiques du Processus de lyophilisation L’évaluation des risques commence en identifiant, en listant puis en hiérarchisant les attributs qualité critiques attendus pour le produit final. Certains de ces attributs sont communs à tous les produits injectables, comme la stérilité et l’apyrogénicité. D’autres CQA sont plus spécifiques du produit et peuvent notamment être dérivés du QTPP. Les différents CQA n’ont pas tous la même importance en termes de sécurité pour le patient et d’efficacité du produit, c’est pourquoi il convient de les hiérarchiser. L’étape suivante est de déterminer l’impact de chaque paramètre sur la qualité finale du produit pour que les paramètres les plus critiques puissent être suivis en temps réel durant la fabrication (67, 72). 139 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Le Tableau 7 présente une liste non exhaustive de CQA d’un produit final lyophilisé, ainsi que le score attribué à chacun d’entre eux qui permettra de les hiérarchiser. La liste exhaustive des CQA est développée lors d’une séance de brainstorming parmi les membres du projet de mise en place de la démarche QbD, permettant de maximiser la probabilité que toutes les caractéristiques pertinentes seront répertoriées (67). Voici la description associée aux différents scores du Tableau 7: 10: Impact direct établi ou attendu sur la sécurité et/ou l’efficacité. 7: Impact indirect ou inconnu sur la sécurité et/ou l’efficacité. 5: Peu probable qu’il affecte la sécurité et/ou l’efficacité. 1: Pas d’impact sur la sécurité et/ou l’efficacité (67). Tableau 7: Exemple de hiérarchisation d’Attributs Qualité Critiques pour un produit final lyophilisé (d’après la référence 67) 10 Activité du produit après reconstitution X Produits de dégradation à un niveau acceptable X 7 Temps de reconstitution X Apparence du lyophilisat X Apparence de la solution reconstituée X Stérilité X Taux d’endotoxines à un niveau acceptable X Taux de particules à un niveau acceptable X Isotonicité 5 1 X Caractéristiques du conditionnement primaire X 140 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Pour satisfaire aux CQA du produit final, certains paramètres seront considérés comme des paramètres critiques du processus et devront être particulièrement suivis lors de la lyophilisation. C’est notamment le cas de: La température des étagères et du produit. Le produit doit être séché endessous de sa température de transition vitreuse ou de sa température de fusion eutectique, c’est-à-dire en-dessous de la température maximale autorisée pour éviter le phénomène de collapse ou la fonte de la glace du produit. La pression dans la chambre de dessiccation. Cela permet notamment de s’assurer que le vide est bien maintenu tout au long de la dessiccation du produit. Le débit massique de vapeur d’eau. Il doit être maintenu sous un certain seuil et est dépendant de la capacité de capture de vapeur d’eau du condenseur. Le contrôle de ce débit, à travers la température des étagères et le contrôle de la pression, évitera une surcharge du condenseur. Une éventuelle surcharge du condenseur entraînerait une perte de contrôle de la pression de la chambre. De plus, le point d’engorgement du conduit reliant la chambre au condenseur peut être atteint pour une valeur de débit massique de vapeur d’eau élevée. Il en résulte un décrochage brutal de la pression de la chambre de dessiccation. Il sera donc intéressant de déterminer la valeur de débit massique de vapeur d’eau associée au point d’engorgement du conduit, pour une pression de la chambre et une température des étagères données, lors d’un plan d’expériences pour assurer le bon déroulement de la dessiccation primaire. La vitesse de refroidissement lors de la congélation. Un paradigme fondamental de la lyophilisation est de comprendre que, dans pratiquement tous les cas, il n’y pas de corrélation directe entre la structure du produit congelé et sa température. En effet, toutes les caractéristiques structurelles du produit lyophilisé dépendent essentiellement de son « histoire thermique ». En d’autres termes, la connaissance de la température d’une solution congelée n’est pas suffisante pour permettre à l’opérateur de connaître sa structure puisque celleci dépend essentiellement de la manière dont cette température a été atteinte, c’est-à-dire de la manière dont le cycle s’est déroulé. Par exemple, il a été démontré qu’une solution aqueuse de chlorure de sodium à -20°C pouvait être: 141 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation o Un réseau de glace de forme spongieuse si la température est descendue progressivement de 20 à -25°C. o Un solide totalement congelé si le produit a été refroidi dans un premier temps à -40°C avant d’être réchauffé pour atteindre -25°C. La détermination de la fin de la dessiccation primaire. La durée de la dessiccation primaire est directement reliée au taux de sublimation de la glace. Une méthode qui détermine précisément quand toute la glace est sublimée est importante non seulement pour maximiser le rendement du processus, mais également dans la perspective d’obtenir un produit de qualité. Le passage à la dessiccation secondaire sans la sublimation complète de la glace comporte le risque de phénomène de collapse du produit. Le taux d’humidité résiduelle. Il possède un lien direct sur la bonne conservation du lyophilisat (10, 46, 57, 60, 69, 72). 3.2.2.3 Plan d’expériences La conception d’un processus de lyophilisation requiert une compréhension approfondie des effets qu’ont les paramètres variables du processus sur le produit. Une compréhension globale de la formulation, du processus, de l’équipement et du conditionnement primaire est essentielle pour aborder quatre enjeux importants et fréquemment rencontrés lors d’une opération de lyophilisation: la congélation, l’effet de bord des flacons, la détermination de la fin de la dessiccation primaire et l’effet du chargement (64, 72). Plusieurs modèles mathématiques sont disponibles pour modéliser le processus de lyophilisation. Avec ces modèles, le nombre d’expériences nécessaires pour évaluer l’impact des variables du processus sur la qualité du produit peut être significativement réduit. Cependant ces modèles théoriques ne sont valables que pour les paramètres du lyophilisateur. Une caractérisation préalable de la formulation et du conditionnement primaire est requise pour obtenir les paramètres nécessaires aux modèles mathématiques (64). 142 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Il existe des interactions considérables entre le produit et le processus de lyophilisation. Une approche expérimentale prenant en compte ces deux domaines est la plus efficace. Le plan d’expériences devrait ainsi inclure: La caractérisation du système congelé pour déterminer la température maximum autorisée pour le produit durant la dessiccation primaire et pour en déduire l’état physique des molécules dans la formulation congelée (cristallin ou amorphe). La caractérisation du système congelé devrait inclure des expériences où la composition de la formulation ainsi que le pH varient systématiquement dans le but de déterminer la robustesse de la formulation. Cela permet de déterminer si d’infimes variations d’un paramètre de la formulation ont une influence importante sur le comportement du produit durant la lyophilisation et sur la qualité du produit final. La détermination de l’importance de l’influence de la composition de la formulation sur la capacité du produit à cristalliser, soit durant l’étape de congélation elle-même soit durant l’étape d’annealing. La détermination de l’importance de l’historique thermique du produit sur le comportement de ce dernier lors de la lyophilisation et l’influence qu’il peut avoir sur la qualité du produit final. Elle peut être examinée par exemple en faisant varier la vitesse de refroidissement des étagères. L’exploration de l’utilité de l’étape d’annealing pour favoriser la cristallisation. Des mesures de la résistance de la couche de produit séché sur le transport de la vapeur d’eau pour établir la température des étagères et la pression de la chambre durant la dessiccation primaire. L’examen des paramètres cinétiques de la dessiccation secondaire pour établir la relation entre le taux d’humidité résiduelle et la stabilité du produit final. La caractérisation du lyophilisat obtenu sous différentes conditions opératoires qui est relativement importante et qui est pourtant souvent négligée. Des mesures de la capacité de l’équipement sont une partie importante pour la construction du design space de la lyophilisation. Cela peut être effectué en utilisant des plaques de glace pour déterminer, à une pression fixée, le taux de sublimation maximum pouvant être supporté par le lyophilisateur avant d’atteindre le point d’engorgement du conduit reliant la chambre au condenseur (67). 143 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation L’utilisation de connaissances préalables rend les expérimentations plus efficaces. C’est particulièrement important dans le cas de la lyophilisation puisqu’énormément d’informations ont été publiées dans ce domaine durant les trente dernières années (67). Une fois que le processus initial a été conçu, l’étape suivante est la caractérisation de ce processus pour comprendre sa robustesse et pour établir le design space (72). 3.2.2.4 Design space Le design space du processus doit prendre en compte les limites imposées par la formulation du produit ainsi que celles imposées par le lyophilisateur. Pour représenter le design space de la dessiccation primaire, correspondant à l’étape la plus critique de la lyophilisation et tel qu’observé dans la Figure 20, il convient tout d’abord de tracer un graphique avec le débit massique de vapeur d’eau (ou le taux de sublimation) en ordonnée et la pression de la chambre en abscisse. Les isothermes pour la température des étagères et la température du produit sont ensuite tracées sur ce graphique. Le design space est la zone graphique délimitée par les valeurs seuil du débit massique de vapeur d’eau, de la pression de la chambre et des températures des étagères et du produit (37, 46, 67). 144 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Figure 20: Design space pour une étape de dessiccation primaire (64) Le design space est établi en calculant, à une température d’étagères et une pression de la chambre fixées, la valeur de la température du produit et du débit massique de vapeur d’eau correspondant. Ce calcul est ensuite répété en utilisant de nouvelles valeurs pour la pression de la chambre permettant d’obtenir une table du débit massique de la vapeur d’eau en fonction de la pression de la chambre à une température d’étagère constante. La courbe qui passe par ces différents points est l’isotherme de la température des étagères. Cette méthode est ensuite répétée avec de nouvelles valeurs de température d’étagères pour pouvoir tracer de nouvelles isothermes (67). 145 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Pour tracer les isothermes de la température du produit, il convient de choisir une valeur de température de produit, de calculer la pression de vapeur de la glace à l’interface de sublimation correspondante via l’équation de Clausius-Clapeyron, de choisir une pression de la chambre puis de calculer le débit massique de vapeur d’eau correspondant. Contrairement aux isothermes de température des étagères, les isothermes de la température du produit sont linéaires, donc seulement deux points sont nécessaires pour les tracer (67). Dans la Figure 20, l’isotherme du produit à -21°C représente la température de collapse du produit. Cette température ne doit pas être dépassée au risque de détériorer le produit, c’est pourquoi elle constitue une limite du design space (46). 3.2.3 Process Analytical Technology et lyophilisation En l’absence de PAT, les processus sont généralement conçus de manière empirique, sans une compréhension complète des relations entre les attributs qualités critiques du produit et les paramètres du processus. La valeur d’un lot de produits lyophilisés peut atteindre plusieurs millions d’euros. Par conséquent, une approche n’utilisant pas le PAT implique le risque de rejets de lots dus à des écarts inattendus durant le processus et un manque de connaissances sur la façon dont ces écarts peuvent affecter la qualité du produit. L’application du PAT permet la conception d’un processus basé sur la science et le contrôle de ce processus en continu afin d’obtenir un produit dont la qualité finale sera uniforme et attendue (72). 146 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Il existe de nombreux outils analytiques qui peuvent être utilisés pour contrôler les paramètres critiques d’un processus de lyophilisation. Ces outils peuvent être séparés en deux catégories: les technologies de contrôle d’un seul flacon et les technologies de contrôle du lot. Les technologies de contrôle du lot ont l’avantage de fournir des informations relatives à tous les flacons compris dans le lyophilisateur. Elles sont aussi préférables car les flacons choisis pour le contrôle individuel peuvent ne pas être représentatifs du lot entier, voire dans certains cas la technique de mesure elle-même peut influencer le profil de séchage du flacon sélectionné. Un outil PAT individuel ne fournira pas toutes les informations sur le processus requises pour un contrôle et une compréhension du processus adéquats. Les outils individuels seront généralement limités à un usage en développement. Le choix de la technique utilisée est dépendant non seulement des paramètres ciblés mais également des ressources disponibles (72). Les outils utilisés dans le cadre d’une mise en place de l’initiative PAT dans un environnement de production industrielle doivent posséder certaines caractéristiques: Etre disponibles pour des lyophilisateurs à l’échelle du laboratoire, d’une petite production de lots pilotes et d’une production industrielle. Fournir une mesure représentative du lot entier et pas d’un seul flacon. Fournir une mesure absolue et quantitative. Etre dans la capacité de mesurer les produits qui sèchent le plus lentement. Etre compatibles avec les procédures et les flux du processus (par exemple, le chargement et le déchargement des flacons). Etre compatibles avec le nettoyage et la stérilisation à la vapeur. Ne pas compromettre le vide et la stérilité dans le lyophilisateur. S’adapter à l’utilisation et l’intégration dans un lyophilisateur industriel en entraînant le minimum de modifications possibles. Posséder une bonne reproductibilité et une bonne sensibilité (69, 72). L’application continue des outils du PAT, de par un meilleur aperçu du processus qu’ils offrent, entraînera une amélioration de l’efficacité du processus et de la qualité des produits ainsi qu’une réduction des coûts de production, via une diminution du risque de rejets de lots et une diminution de la durée des cycles de lyophilisation. Les résultats des mesures obtenus en temps réel sont utiles pour une optimisation directe des conditions de cycle en veillant qu’ils restent bien compris dans le design space (57, 72). 147 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Plusieurs techniques sont largement employées pour contrôler les paramètres critiques du processus. Beaucoup de ces techniques sont utilisées depuis des décennies, mais quelques techniques de mesures ont été récemment introduites telles que la gas plasma spectroscopy et la technologie Tunable Diode Laser Absorption Spectroscopy (TDLAS) (64, 72). Le Tableau 8 récapitule les caractéristiques des principales techniques PAT pouvant être mises en œuvre pour contrôler une opération de lyophilisation. 148 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Tableau 8: Avantages et inconvénients d’outils Process Analytical Technology pour le contrôle d’une opération de lyophilisation (72) Contrôle Contrôle Viable Température Taux de Indicateur de la fin de la du lot individuel commercialement du produit sublimation dessiccation primaire Non Oui Oui Oui Non Oui Sondes de température Non Oui Oui Oui Non Oui Jauge de Pirani Oui Non Oui Non Non Oui Oui Non Oui Oui Oui Oui Oui Non Oui, possible Non Non Oui Gas plasma spectroscopy Oui Non Oui Non Non Oui Spectrométrie de masse Oui Non Non Non Oui Oui Non Oui Oui Oui Techniques TEMPerature Remote Interrogation System (TEMPRIS) Mesure de Température Manométrique (MTM) Hygromètre à point de rosée Oui mais ne peut pas être stérilisé à la vapeur Tunable Diode Laser Absorption Spectroscopy Oui (TDLAS) GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Durant la lyophilisation, l’historique de la température du produit est la caractéristique du produit la plus importante mais sa mesure se révèle problématique. La méthode standard en laboratoire implique de placer des sondes de température directement dans quelques flacons. La température de produit déterminée par ces sondes représente la température en bas du flacon et pas la température du produit à l’interface de sublimation qui est en perpétuel mouvement. La température à l’interface de sublimation gouverne cependant la qualité du produit. Si elle excède une température critique, le produit pourra subir un phénomène de collapse, compromettant ainsi la qualité du produit. La température du produit durant le séchage affecte directement l’apparence du lyophilisat, le taux d’humidité résiduelle, le temps de reconstitution, la stabilité du produit et sa durée de conservation. Par conséquent, le développement d’une méthode de mesure de la température du produit qui serait robuste est un objectif industriel important. En effet, la mesure de la température durant une anomalie du processus par exemple peut éviter la perte de lots valant plusieurs millions d’euros (69, 72). 3.2.3.1 Mesures individuelles de flacons Les méthodes de mesure individuelle de flacons ne sont pas représentatives du lot entier et sont principalement utilisées pour obtenir des informations durant le développement du processus au laboratoire. Elles ont un rôle limité dans le cadre de la production de lots destinés à être commercialisés du fait de leurs incompatibilités avec l’équipement et/ou leur incapacité à fournir des informations représentatives du lot entier. La section suivante passe en revue certaines des méthodes individuelles qui sont actuellement disponibles pour obtenir des informations sur le processus et le produit à lyophiliser (72). 150 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation 3.2.3.1.1 Les sondes de température La température du produit est un paramètre critique qui nécessite des mesures précises régulières pour s’assurer qu’elle ne dépasse pas sa température de collapse. Des capteurs de température, sous la forme de thermocouples ou de détecteurs de température à résistance, sont placés manuellement dans les flacons à des emplacements sélectionnés et sont utilisés pour suivre la température du produit tout au long de la lyophilisation (69, 72). La Figure 21 montre le positionnement de thermocouples dans des flacons. Figure 21: Illustration de thermocouples positionnés dans des flacons (70) La mesure de la température du produit est une méthode qui permet de déterminer précisément quand toute la glace a été sublimée dans un flacon. En effet, quand la sublimation est terminée, le refroidissement par sublimation cesse et la température du produit se rapproche de la température des étagères. La mesure de la température du produit est donc importante pour maximiser la cadence du processus et pour assurer la qualité du produit final puisqu’un passage trop précoce à la dessiccation secondaire comporte le risque de collapse du produit (69, 72). 151 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Les données de température de produit obtenues peuvent être utilisées comme un indicateur de la fin de la dessiccation primaire. Cependant, l’utilisation de telles sondes présente quelques inconvénients. Tout d’abord, les flacons qui ont une sonde ont un comportement différent de ceux qui n’en ont pas, ils ne sont donc pas représentatifs du lot entier. La présence d’une sonde augmente le nombre de centres de cristallisation et entraîne une congélation plus rapide. La température de formation des centres de cristallisation dans un environnement de production peut être augmentée de 10°C en présence de ce type de sondes. Cela modifie la structure de la glace qui sera composée de pores plus larges, réduisant la résistance du produit à la vapeur, augmentant le taux de sublimation de la glace et résultant en des mesures de température de produit qui ne sont pas représentatives du lot entier. C’est pour ces raisons que dans un environnement de production, il peut être trompeur d’utiliser des thermocouples ou des détecteurs de température à résistance comme indicateur de la fin de la dessiccation primaire sans l’utilisation d’une période supplémentaire de 10 à 15% de la durée de la sublimation pour s’assurer que tous les flacons ont achevé la dessiccation primaire (69, 72). De plus, les thermocouples sont communément placés sur la première rangée de l’étagère pour éviter le risque d’une contamination. Cependant, ces flacons qui font face à la porte du lyophilisateur sont exposés à un transfert de chaleur élevé, ce qui augmente la température du produit. Enfin, ces sondes mesurent la température du produit en bas du flacon plutôt qu’à l’interface de sublimation. Il s’agit pourtant de la température au niveau de l’interface de sublimation qui doit être inférieure à la température de collapse pour garantir la qualité du produit final. Par conséquent, l’utilisation de ces sondes n’est pas appropriée pour un lyophilisateur affecté à la production de lots destinés à la commercialisation. L’utilisation de ces sondes est donc limitée aux expériences en laboratoire (69, 72). 152 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation 3.2.3.1.2 Le TEMPerature Remote Interrogation System Le TEMPerature Remote Interrogation System (TEMPRIS) est un nouveau capteur invasif conçu pour mesurer la température du produit dans le flacon durant la lyophilisation. La température est contrôlée en temps réel par une sonde qui fournit approximativement 25 mesures de température par minute. Les capteurs TEMPRIS, dont un exemple est représenté en Figure 22, montrent une bonne précision pour la mesure de température et sont fiables pour la détermination de la fin de la dessiccation primaire (57, 69, 72). Figure 22: Illustration d’un capteur TEMPRIS positionné dans un flacon (74) 153 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation Bien que ces capteurs aient l’avantage d’être sans fil et qu’ils ne nécessitent pas de batterie, ils ne sont pas propices aux contraintes associées aux environnements aseptiques. Ils requièrent un placement manuel et leurs mesures ne sont pas représentatives du lot entier. TEMPRIS est une technologie invasive qui influence donc la nucléation de la glace et le comportement de la congélation (57, 69, 72). Il s’agit cependant d’un outil utile pour les études de cartographie des étagères et pour déterminer l’impact de l’effet de bord sur le produit (69, 72). Des études utilisant notamment cette technique sur des solutions de saccharose, de tréhalose et de mannitol sont disponibles dans la littérature (57). 3.2.3.1.3 Le système de pesée par microbalance Le système de pesée consiste en une technique de mesure gravimétrique pour contrôler le taux de séchage lors de la lyophilisation en effectuant des pesées périodiques sur un flacon à l’intérieur du lyophilisateur. La microbalance, telle que représentée en Figure 23, est programmée pour soulever, à l’aide de son bras mécanique, le flacon choisi et le peser à des intervalles de temps définis par l’utilisateur. Elle détermine la perte de poids de l’échantillon durant la dessiccation primaire par des pesées intermittentes et répétées. Une phase de pesée requiert approximativement 10 secondes et les données peuvent être analysées en temps réel (57, 69, 72). 154 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Figure 23: Illustration d’un système de pesée de flacons (69) Bien que cette technique puisse être utile pour la détermination du transfert de chaleur et du taux de séchage, son usage est limité par son incapacité à fournir des données représentatives sur les flacons qui sont entourés par d’autres flacons, par l’effet de la localisation des flacons sur l’étagère et par le fait qu’une pesée interrompt le transfert de chaleur de l’étagère au flacon. Cette microbalance est peu compatible avec des systèmes de nettoyage en place et de stérilisation en place mais également au bouchage des flacons dans le lyophilisateur. L’application de cette technologie est donc limitée à un usage en laboratoire (57, 69, 72). 155 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 3.2.3.1.4 La Spectroscopie Proche InfraRouge La Spectroscopie Proche InfraRouge (SPIR) est employée avec succès dans l’industrie pharmaceutique depuis le milieu des années 1980. Il s’agit d’une technique non destructive et non invasive qui peut être utilisée dans le cadre du PAT pour déterminer le taux d’humidité dans le flacon et prédire ainsi le taux de sublimation et/ou la fin de la phase de dessiccation primaire ou secondaire en ciblant directement le taux d’humidité désiré (57, 69, 72). La SPIR exploite le fait que les molécules peuvent être excitées par des radiations infrarouges de fréquence spécifique. Elle s’appuie sur les vibrations caractéristiques des molécules. La fréquence vibrationnelle d’un groupe moléculaire dépend de la masse des atomes qui vibrent et des interactions intra et intermoléculaires. Un faisceau lumineux d’une longueur d’onde comprise entre 1100 et 2500nm est envoyé sur l’échantillon et les changements au niveau de la réflectance du rayon sont mesurés et permettent de déterminer le taux d’humidité du produit. La déshydratation ou les changements de température affectent les interactions intra et intermoléculaires des molécules, ce qui peut résulter en des changements conformationnels. Ceci modifie la quantité d’énergie nécessaire au groupe moléculaire pour vibrer, ce qui est visible comme un changement de position ou de forme de la bande d’absorption sur le spectre infrarouge (57, 59, 69). La SPIR requiert le développement de courbes de calibration spécifiques à chaque produit pour établir une corrélation entre le spectre obtenu et le taux d’humidité du produit. En effet, le spectre proche infrarouge est très dépendant de la formulation, la méthode doit ainsi s’adapter à chaque formulation en incluant un effort majeur de calibration. La technique de mesure et la calibration doivent être assez robustes pour s’adapter aux variations résultant de la formulation et du processus de fabrication (57, 69, 72). 156 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation La SPIR est une technique individuelle de mesure, non représentative de l’ensemble du lot et pas particulièrement utile pour le suivi de la lyophilisation car elle requiert une visibilité directe des flacons à l’intérieur du lyophilisateur. Cependant, elle peut être utilisée à la sortie du lyophilisateur comme une technique on-line pour déterminer rapidement le taux d’humidité résiduelle de chaque flacon à la fin de l’opération de lyophilisation dans le cadre d’un test de libération (69, 72). Des études ont montré l’applicabilité de sondes SPIR lors de la lyophilisation de produits aussi variés qu’une solution de polyvinylpyrrolidone (75), de protéines pharmaceutiques (76), de thrombine (77) ou encore de mannitol et de saccharose (69, 78). 3.2.3.2 Mesures de lots Les outils analytiques fournissant des informations sur le lot entier sont préférables pour un contrôle du processus de production en temps réel (72). Ils peuvent être classés en deux catégories: les méthodes basées sur la pression et celles basées sur la spectroscopie. 3.2.3.2.1 Méthodes basées sur la pression 3.2.3.2.1.1 La Mesure de Température Manométrique La Mesure de Température Manométrique (MTM) est une technique durant laquelle une valve entre la chambre de dessiccation et le condenseur est momentanément fermée pendant 25 à 30 secondes et les données d’augmentation de la pression dans la chambre de dessiccation sont collectées. Un traitement informatique permet ensuite d’en déduire la pression de vapeur de la glace à la température de sublimation ainsi que la température du produit à l’interface de sublimation (57, 69, 72). 157 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation La technique MTM permet d’obtenir des informations pertinentes relatives à la température du produit, au taux de sublimation, au taux de désorption lors de la dessiccation secondaire et au coefficient de transfert de chaleur des flacons. Etant donné que la MTM détermine la pression de vapeur de la glace à l’interface de sublimation et qu’il n’y a plus de glace à la fin de la dessiccation primaire, une forte baisse de la pression de vapeur de la glace sera une bonne indication de la fin de la dessiccation primaire (57, 69, 72). Un des avantages de la technique MTM est qu’elle permet des mesures non invasives de la température moyenne des produits du lot. Celle-ci correspond à la valeur à l’interface de sublimation; contrairement aux thermosondes qui donnent la température au fond du flacon, ce qui peut correspondre à une différence de 2°C (57, 69, 72). Toutefois, la technologie MTM ne présente pas que des avantages. Les mesures d’augmentation de la pression interrompent le processus et mènent à de brèves augmentations de la température du produit à l’intérieur des flacons qui peuvent être préjudiciables pour la qualité des produits si des conditions de cycle très agressives sont employées. De plus, la technique MTM n’est précise que durant les deux premiers tiers de la sublimation, ceci étant dû à la plus faible augmentation de la pression à la fin de la sublimation. La plus faible température pouvant être mesurée est -35°C donc cette technique ne peut pas être utilisée pour la lyophilisation d’un produit possédant une faible température de collapse (57, 69, 72). La littérature scientifique contient notamment des études traitant du contrôle de la lyophilisation de solutions de saccharose et de tréhalose par la technologie MTM (57, 79). 158 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation 3.2.3.2.1.2 La jauge de Pirani La jauge de Pirani, représentée en Figure 24, est un appareil de mesure de la pression qui est basé sur le transfert de chaleur d’un fil chaud, localisé dans la sonde, aux gaz environnants. La valeur de sortie de la jauge dépend de la conductivité thermique des gaz aussi bien que de leur pression. Les jauges de Pirani traditionnelles fournissent des valeurs entre 10-3 et 10 Torr (soit 1,33.10-6 et 0.01 bar ou encore 0,13 et 1333 Pa). Elles sont généralement étalonnées par rapport à l’air ou à l’azote. La conductivité thermique de la vapeur d’eau est environ 1,5 fois plus élevée que celle de l’air ou de l’azote. Durant la dessiccation primaire quand la vapeur d’eau est majoritaire dans l’enceinte de la chambre, la jauge fournit donc une valeur de pression plus élevée que la valeur réelle. Quand toute la glace a été sublimée et que le gaz présent dans la chambre est principalement de l’azote, la valeur de la jauge de Pirani se rapproche de la pression réelle de l’enceinte fournie par un manomètre, indiquant la fin de la dessiccation primaire. A la fin de la lyophilisation, la jauge peut être stérilisée à la vapeur puisqu’elle y résiste sans perte de performance (69, 72). Figure 24: Illustration d’une jauge de Pirani (80) 159 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 3.2.3.2.1.3 L’hygromètre à point de rosée L’hygromètre à point de rosée, représenté en Figure 25, peut être utilisé pour déterminer la fin des dessiccations primaire et secondaire. Cet outil est basé sur le principe des changements de capacitance d’un film mince d’oxyde d’aluminium dus à l’absorption d’eau à une pression partielle donnée. Durant les dessiccations primaire et secondaire, l’eau des produits est éliminée sous forme de vapeur d’eau. Cela se traduit par une valeur de point de rosée constante, généralement entre -35 et -65°C. La fin de la dessiccation primaire ou secondaire est indiquée quand le point de rosée chute puisque toute la vapeur d’eau a été éliminée de l’enceinte de dessiccation (69, 72). Figure 25: Illustration d’un hygromètre à point de rosée (81) 160 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Le challenge associé à l’utilisation de ces sondes est leur incapacité à résister à la stérilisation à la vapeur durant l’opération de stérilisation en place. Cependant, les nouveaux modèles incorporent une méthode d’isolation de la sonde avec un dispositif spécial pouvant être stérilisé. Ces améliorations peuvent permettre un certain essor de ces capteurs relativement peu chers (69, 72). 3.2.3.2.2 Méthodes basées sur la spectroscopie 3.2.3.2.2.1 La gas plasma spectroscopy La gas plasma spectroscopy peut être utilisée comme un outil de contrôle on-line pour mesurer la composition et la concentration des gaz à l’intérieur de la chambre de dessiccation et déterminer ainsi la fin des dessiccations primaire et secondaire. L’appareil consiste en un générateur de plasma et un spectromètre optique. Le générateur de plasma ionise les gaz présents dans la chambre, tandis que le spectromètre identifie les espèces gazeuses selon la longueur d’onde des photons émis (57, 69, 72). En plus d’être un appareil de mesures on-line, il offre une grande sensibilité de mesure et est compatible avec la stérilisation à la vapeur. Il peut être facilement calibré et aisément installé dans un lyophilisateur. Le système est robuste et a une bonne sensibilité (57, 69, 72). Cependant, son application est restreinte à cause de la création de radicaux libres qui peuvent avoir un impact négatif sur la stabilité du produit en risquant de l’oxyder. Ce risque, qui interdit l’usage de cet appareil en production dans un environnement GMP, peut être modéré ou éliminé en installant l’appareil dans le conduit reliant la chambre au condenseur au lieu de le placer dans la chambre de dessiccation. L’appareillage associé à cette technique est également nettement plus onéreux qu’une jauge de Pirani (57, 69, 72). 161 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation 3.2.3.2.2.2 La spectrométrie de masse La spectrométrie de masse peut être utilisée pour le contrôle on-line de la composition des gaz présents dans la chambre de dessiccation et déterminer la fin des dessiccations primaire et secondaire. Elle peut également servir pour la détection de fuite ou de pénétration dans l’enceinte d’autres gaz ou solvants provenant de l’huile de la pompe à vide, du fluide caloporteur et des solvants utilisés pour le nettoyage. Cet appareil analyse les résidus de gaz en se basant sur leur rapport masse sur charge et quantifie ses mesures en pressions partielles. Ceci permet la détermination on-line du taux d’humidité. Les valeurs obtenues sont équivalentes à celles d’une jauge de Pirani, l’utilisation d’un appareil plus coûteux est discutable étant donné que les mêmes informations peuvent être obtenues en utilisant une jauge de Pirani, nettement moins onéreuse (72). 3.2.3.2.2.3 La Tunable Diode Laser Absorption Spectroscopy La technologie Tunable Diode Laser Absorption Spectroscopy (TDLAS) est disponible pour le contrôle des lyophilisateurs depuis plusieurs années. Il s’agit d’une méthode utilisant les principes fondamentaux de la spectroscopie d’absorption proche infrarouge qui permet la détection et la quantification de gaz même à des concentrations infimes. La mesure est basée sur l’absorption d’énergie électromagnétique par les molécules de gaz à une longueur d’onde spécifique dans le spectre électromagnétique (57, 69). L’appareil est installé au niveau du conduit reliant la chambre de dessiccation au condenseur. Son positionnement dans le lyophilisateur est présenté en Figure 26. Deux faisceaux infrarouges, traversant une fenêtre recouverte d’un revêtement antireflet de part et d’autre du conduit, sont envoyés à travers le conduit à un angle de 45° par rapport au flux de la vapeur d’eau, l’un étant dirigé dans le sens du flux de vapeur et l’autre dans le sens opposé au flux. En mesurant l’intensité des faisceaux lumineux absorbée par l’échantillon, le nombre de molécules du gaz ciblé présentes dans l’échantillon peut être directement calculé. La longueur d’onde des faisceaux peut être réglée très rapidement, rendant l’appareil capable de mesurer plusieurs spectres par seconde (57, 69). 162 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Figure 26: Positionnement de la technologie Tunable Diode Laser Absorption Spectroscopy au sein d’un lyophilisateur (82) La technique TDLAS permet un contrôle on-line en temps réel, grâce à des mesures non intrusives et continues, de ces différents paramètres: La température de la vapeur d’eau. La concentration de la vapeur d’eau dans le lyophilisateur. La vitesse du flux de vapeur à l’intérieur du conduit reliant la chambre au condenseur. Le débit massique de la vapeur d’eau lors de la lyophilisation qui peut être calculé en connaissant l’aire de la section transversale du conduit. La quantité totale d’eau éliminée qui peut être déterminée en intégrant le débit massique par rapport au temps. Le taux de sublimation. La température moyenne des produits du lot et la résistance à la vapeur de la couche séchée des produits qui peuvent être déterminées en combinant le débit massique de vapeur d’eau aux modèles de transfert de chaleur et de masse du lyophilisateur et aux mesures additionnelles du processus, telle que la température des étagères (57, 69, 72). 163 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation La technologie TDLAS est une technologie prometteuse qui peut être appliquée à une large variété de contrôles de la lyophilisation: La qualification opérationnelle du lyophilisateur. Elle peut être réalisée en quelques jours plutôt qu’en plusieurs semaines habituellement, l’industrie réalisant ainsi de considérables économies en termes de temps et d’argent. La détermination de la fin des dessiccations primaire et secondaire. Elles sont indiquées par un changement d’atmosphère et une forte baisse dans le suivi de la concentration en eau. La détermination du coefficient de transfert de chaleur des flacons qui peut être déterminé à différentes pressions en une seule expérience en utilisant la technologie TDLAS contre toute une série d’expériences sans cette technologie. Le contrôle de la température moyenne des produits du lot. Le contrôle de l’humidité résiduelle des produits (57, 69, 72). La technologie TDLAS est un excellent outil PAT pour le suivi de la lyophilisation puisqu’elle possède de nombreux avantages: Cette technique peut être utilisée aussi bien en laboratoire qu’en production industrielle. Elle possède une grande sensibilité pour la molécule ciblée et permet l’obtention de mesures exactes de la concentration en vapeur d’eau. Elle est non invasive, il n’y a donc aucune interférence ni aucun contact direct avec le produit. Elle peut ainsi être utilisée dans des conditions aseptiques. Elle permet de collecter en temps réel des données relatives à différents paramètres critiques concernant le lot entier (57, 69, 72). 164 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Partie 3: Application d’une démarche Quality by Design à une opération de lyophilisation Certaines de ses caractéristiques lui permettent de se détacher des autres outils PAT appliqués à la lyophilisation: Sa capacité à fournir des mesures directes de la vitesse du flux de gaz dans le conduit, qui peut être utilisée pour déterminer le débit massique de vapeur d’eau. L’appareil ne requiert seulement qu’un accès optique au trajet de la vapeur, le transmetteur et la photodiode réceptrice se trouvant à l’extérieur du lyophilisateur. Ce principe de mesures non invasives qui exclue toute interaction avec le produit en fait une méthode particulièrement attractive pour l’usage dans un environnement de production aseptique. L’implémentation dans des lyophilisateurs pour la production est possible sans aucun risque pour la stérilité et la qualité pharmaceutique du produit. Le processus n’est pas interrompu pour les mesures; la température des produits ainsi que les autres paramètres critiques du produit ne risquent pas d’être altérés. Cette simple intégration dans un environnement GMP n’est pas possible pour la plupart des autres outils PAT (57, 72). L’appareil doit être placé au niveau du conduit reliant la chambre au condenseur. Cette technologie ne peut donc pas être utilisée dans un lyophilisateur conçu avec un condenseur interne, c’est-à-dire avec un condenseur se trouvant dans la chambre de dessiccation. De plus, le conduit doit être d’une longueur suffisante pour permettre aux faisceaux lumineux de le traverser avec un angle de 45° par rapport au flux de vapeur. Enfin, les conditions durant la dessiccation secondaire sont moins favorables que lors de la dessiccation primaire pour cette technologie puisque les vitesses de flux et les débits massiques sont plus faibles. Il est toutefois possible d’effectuer des mesures continues et de quantifier la désorption de l’eau mais le faible débit massique rendra les mesures moins précises (37, 57, 69). Des études traitant du contrôle d’opération de lyophilisation par la technologie TDLAS ont été réalisées. Dans ces recherches, les flacons contiennent des solutions de saccharose, de mannitol, de glycine (57), de lactose (83), voire uniquement de l’eau pure (84). 165 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Conclusion GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Conclusion Les médicaments fabriqués par les industries pharmaceutiques ont un rôle de plus en plus prépondérant dans notre système de santé. Par conséquent, la production pharmaceutique a besoin de faire preuve d’innovation en ayant accès à des connaissances scientifiques et d’ingénierie de pointe, tout en mettant en œuvre les meilleurs principes de management de la qualité pour répondre aux challenges liés à la découverte des nouvelles molécules et des nanotechnologies (2). Comme nous venons de le voir dans cette thèse, les démarches Quality by Design (QbD) et Process Analytical Technology (PAT) permettent d’améliorer la qualité des médicaments et donc la sécurité d’emploi pour les patients, tout en diminuant la charge réglementaire pour les industriels. Cela est rendu possible grâce à une meilleure compréhension du processus et de son interaction avec le produit. Le QbD est en train de gagner de l’importance dans le secteur de l’industrie pharmaceutique, aussi bien au stade du développement que durant les phases de production du médicament. L’approche QbD permet l’obtention de produits de qualité avec des processus rentables, cela étant un besoin élémentaire pour les industriels. Des modifications restant à l’intérieur du design space validé par les autorités régulatrices ne requièrent pas une approbation préalable, ceci permettant une réduction en termes de coûts et de délais de production (35). Le PAT quant à lui devient un élément important du développement et de la production dans le secteur pharmaceutique. Sans être une révolution technique, le PAT s’inscrit comme une démarche innovante dans le secteur pharmaceutique avec l’utilisation proactive des résultats analytiques issus du procédé. La motivation première pour le PAT est d’améliorer la compréhension sur le produit à l’aide d’un contrôle en temps réel de ses caractéristiques. Cela entraîne une production plus efficace et fiable et l’assurance de l’obtention d’un produit pharmaceutique de qualité optimale, atténuant ainsi les risques pour le patient. La recherche conduite dans ce domaine se concentre sur le développement de nouvelles applications pour des outils PAT plus performants (51, 57). 169 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) L’initiative Process Analytical Technology au sein d’une démarche Quality by Design: Application à une opération de lyophilisation La lyophilisation est un procédé complexe et coûteux, réservée aux produits à forte valeur ajoutée. Son utilisation se développe fortement depuis l’avènement des produits issus de la biotechnologie. Les démarches QbD et PAT se justifient pleinement dans le cas de la lyophilisation par les bénéfices qu’elles peuvent apporter aux contrôles et à l’optimisation de ce procédé et par la qualité des produits qui en sont issus. Les autorités de santé, la Food and Drug Administration (FDA) en tête, soutiennent l’innovation. La FDA appelle les industries à prendre un rôle plus actif dans la compréhension de leurs processus de production et dans la recherche de résolutions rapides et efficaces de problèmes entraînant des rejets de lots, des défauts de stabilité et des rappels de produits. Les autorités de santé se doivent d’accompagner les industries pour leur permettre de relever ce type de défis. Malgré la diminution des marges bénéficiaires des industries, le faible nombre de produits en développement et un marché de plus en plus concurrentiel, les industries ont déjà reconnu les aspects positifs de l’implémentation du QbD et du PAT qui ont de grandes chances de révolutionner la façon dont les médicaments sont fabriqués et de changer pour toujours le visage de l’industrie pharmaceutique. En plus de l’amélioration de la qualité de ses produits, l’industrie pharmaceutique réduira aussi bien ses cycles de développement et de production que le coût de ses processus (1, 2, 49, 50). A ce jour, la démarche QbD n’a aucun caractère obligatoire. Cependant, certaines industries pharmaceutiques, telles que Pfizer qui a publié des articles sur ce sujet, l’ont déjà adoptée. La démarche QbD pourrait constituer une nouvelle référence réglementaire de l’industrie pharmaceutique dans les années à venir. L’approche QbD pour les médicaments génériques est notamment recommandée depuis le mois de janvier 2013. Il n’est ainsi pas utopique de supposer que le QbD et le PAT gagneront en importance dans tous les aspects de la recherche pharmaceutique, du développement et de la production de produits de santé. Le QbD est une évolution en réponse à l’augmentation des coûts, aussi bien pour les autorités régulatrices que pour les industries, pour maîtriser l’élévation du prix des médicaments. Le QbD et le PAT doivent continuer à évoluer pendant les prochaines années avec les avancées technologiques et les nouveaux outils pour améliorer la façon d’atténuer les risques et augmenter la compréhension et le contrôle des processus pharmaceutiques (1, 35, 51, 57). 170 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Conclusion 171 GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Bibliographie GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0) Bibliographie (1) McCurdy V. Quality by Design. In: Houson I. Process understanding for scale-up and manufacture of active ingredients. 1ère éd. Wiley; 2011. p.1-16. (2) Food and Drug Administration. Guidance for industry PAT – A framework for innovative pharmaceutical development, manufacturing, and quality assurance. 2004. (3) International Organization of Standardization. ISO 9000:2005 : Systèmes de management de la qualité - Principes essentiels et vocabulaire. 2005. (4) International Conference on Harmonisation. 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RESUME Les médicaments fabriqués par les industries pharmaceutiques ont un rôle de plus en plus prépondérant dans notre système de santé. Par conséquent, la production pharmaceutique a besoin de faire preuve d’innovation en ayant accès à des connaissances scientifiques et d’ingénierie de pointe. C’est dans cette optique qu’a été élaborée la démarche Quality by Design dont le Process Analytical Technology est l’un des piliers. Cette démarche repose sur un nouveau paradigme pour la réglementation des produits de santé: la production ne doit plus se reposer sur des connaissances empiriques mais sur des connaissances scientifiques, d’ingénierie et basées sur l’analyse de risques. Elle permet par conséquent une meilleure compréhension du produit et du processus ainsi qu’un meilleur contrôle durant la fabrication du médicament grâce à l’établissement d’un Quality Target Product Profile et d’une liste exhaustive des Attributs Qualité Critiques du produit, à l’élaboration d’un design space et au suivi des différents paramètres tout au long de la production. Le contrôle continu et en temps réel des processus de production obtenu grâce à cette démarche permet d’améliorer la qualité des médicaments produits ainsi que la sécurité d’emploi pour les patients. Les autorités de santé s’efforcent d’encourager la compréhension des processus basée sur la science et l’analyse de risques en échange de plus de libertés pour introduire des innovations et des améliorations qui entraîneront des gains en termes de qualité, de coûts et de temps. Ceci est particulièrement vrai pour le précédé de lyophilisation qui est un procédé assez complexe et coûteux, réservée aux produits à forte valeur ajoutée. Son utilisation se développe fortement depuis l’avènement des produits issus de la biotechnologie. Les démarches QbD et PAT se justifient pleinement dans le cas de la lyophilisation par les bénéfices qu’elles peuvent apporter aux contrôles et à l’optimisation de ce procédé et à la qualité des produits qui en sont issus. MOTS CLES Contrôle – PAT – Processus – QbD – Qualité JURY Mme DEGOBERT Ghania, Maître de Conférences des Universités Mme GIRAUD Laure, Docteur en Pharmacie M. BOGDANI Eni, Docteur en Génie des Procédés M. NALLET Romain, Docteur en Pharmacie DATE DE SOUTENANCE 11 septembre 2015 ADRESSE DE L’AUTEUR 11 allée des Jeux 69310 Pierre-Bénite GARCIA (CC BY-NC-ND 2.0)