Témoignage de John McKenna Président et chef de la
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Témoignage de John McKenna Président et chef de la
Témoignage de John McKenna Président et chef de la direction Association du transport aérien du Canada Présenté devant le Comité sénatorial permanent des transports des Communications Le 16 octobre 2012 Mesdames et Messieurs membres du Comité, bonjour. Mon nom est John McKenna et je suis le président et chef de la direction de l’Association du transport aérien du Canada. Je suis accompagné de MM. Les Aalders, vice-président principal, et Wayne Gouveia, vice-président, Aviation générale commercial et vice-président, région des prairies et du nord. L’ATAC représente l’industrie du transport aérien commercial depuis plus de 75 ans. Nous comptons environ 175 membres, œuvrant dans le secteur du transport aérien commercial dans toutes les régions du Canada et offrant des services dans la majorité des plus de 600 aéroports canadiens. De nos 86 Membres exploitants, Air North, Canadian North, First Air, Buffalo Airways, Calm Air, Nolinor Aviation et Air Labrador concentrent leurs activités dans le Nord canadien. D’autres membres de notre association incluent Sunwing Airlines, Porter Airline, Air Georgian, Bearskin Airlines, Harbour Air, Calm Air, Pacific Coastal Airlines, Flair Airlines, Transwest Air, Kelowna Flightcraft, London Air Services, and Pascan Aviation, pour ne nommer que ceux-là. Notre membership compte également plus de 50 unités de formation au pilotage et autres instituts de formation reliée à l’aviation formant des pilotes partout au Canada et ayant un rayonnement international puisque 45% des licences au Canada sont émises à des étrangers faisant leur formation ici. Nous comptons aussi environ 90 membres associés et affiliés, provenant en grande partie du secteur des services à l’industrie du transport aérien. Nous apprécions l’occasion que vous nous présentez de témoigner ce matin et de vous faire part de nos préoccupations sur les questions reliées au Nord canadien et aux régions. Nous avons été très impressionnés par le rapport que vous avez rendu public au mois de juin sur l’avenir des déplacements aériens au Canada. Votre rapport a très bien cerné la problématique entourant notre industrie et plus particulièrement les aéroports. Malheureusement, les gouvernements actuel et passés n’ont jamais reconnu l’aviation canadienne en tant que bougie d’allumage mais bien comme vache à lait. Les recommandations du Rapport sont à la fois pertinentes et audacieuses. Nous voulons vous entretenir aujourd’hui sur trois aspects qui distinguent le transport aérien dans le Nord du transport aérien ailleurs au Canada et qui justifient pourquoi le Nord mérite considération spéciale. Le transport aérien est un portail vers le Nord, une ligne de sauvetage à ces collectivités, leur donnant accès à des soins de santé, des denrées alimentaires, la poste, certains carburants, et autres périssables vitaux. L’accès quasi inexistant aux routes et aux chemins de fer vont de l’aviation un service essentiel à ces communautés. Nous désirons aborder les trois thèmes suivants: 1. Le concept de l’utilisateur-payeur ne peut s’appliquer dans le Nord canadien; 2. De meilleures infrastructure sont requises; a. L’absence de pistes d’atterrissage pavées et ses conséquences b. Un besoin criant pour de meilleures aides à la navigation et aux communications; et, 3. Le besoin d’une politique Encourageons le Nord. 1. Le concept de l’utilisateur-payer ne fonctionne dans les Nord canadien Tel que le disait très bien votre rapport, l’aviation au Canada ne peut compter sur un soutien financier gouvernemental. Elle doit assumer le coût de son infrastructure et elle doit défrayer des coûts des services de sûreté nationale. Les améliorations immobilières, l’ACSTA, la navigation aérienne, et plusieurs autres coûts sont entièrement assumés par les exploitants et leurs clients. Les nombreux coûts transférés à utilisateur-payeur réduit la compétitivité des grands aéroports canadien vis-à-vis les aéroports américains avoisinants mais le volume de passagers permet de subvenir aux besoins financiers. La situation est très différente dans les Nord canadien. Le plus grand facteur est que la population combinée des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon et du Nunavut s’élève à peine à 112,000 âmes, soit la population d’une ville canadienne moyenne. En outre, cette population est répartie sur plus de 3,9 millions de kilomètre carrés. Autrement dit, 0.3 % de la population du Canada est répartie sur 39,3% de la superficie totale du Canada. Aussi, il ne faut pas oublier que le transport aérien dans le Nord canadien désert également l'industrie des ressources naturelles, clé au développement économique du Canada et son commerce international. Bien que le transport aérien soit essentiel aux communautés nordiques, son importance va bien au delà d’une ligne de vie à ces citoyens. Les communautés nordiques canadiennes ont besoin d’un engagement financier gouvernemental soutenu si leur système de transport est pour respecter les normes et les standards canadiens. 2. De meilleures infrastructures sont requises Le Nord canadien a un besoin terrible d’améliorations à ses infrastructures en transport aérien. Le gouvernement a maintes fois promis d’y voir mais n’a pas encore livré sur ses promesses. Les projets dans le Nord sont à la fois plus dispendieux et plus long à réaliser. En fait, le prix de n'importe quel projet d'infrastructure dans le Nord est au moins deux fois plus élevé qu’ailleurs au Canada. L'équipement et les matériaux doivent y être transportés par avion, sur routes de glace, ou par bateau, les conditions le permettant, et ce, à très grand coût. La main d’œuvre spécialisée doit être importée, logée et nourrie. a. L’absence de pistes d’atterrissage pavées et ses conséquences Le service aérien commercial est offert dans environ 50 aéroports du Nord et seulement 10 d'entre ceux-ci ont des pistes payées, les autres ont des pistes recouvertes de gravier. Le manque de pistes pavées limite le type d'avion qui peut être utilisé pour desservir ces communautés. Très peu de gros porteurs aujourd’hui peuvent atterrir sur des pistes de gravier. Le Boeing 737 Classic est à peu près le dernier gros porteur pouvant être équipé de kits de gravier, dont le prix est environ un million de $ par aéronef. Les avions à turbines sont la seule autre option mais ils n'ont ni porté, la vitesse ou la capacité. Le problème du vieillissement des appareils rend la desserte du Nord très dispendieuse et pourrait mener à une diminution du service dans certaines communautés. Un exemple éloquent qui justifie que le Nord canadien mérite une considération spéciale est l'intention de Transports Canada de se conformer à la recommandation de l’OACI pour doter des Aires de sécurité d’extrémité de piste à la plupart des aéroports offrant le service aérien commercial. Cela implique d'ajouter des extensions de 90 à 120 mètres à la piste qui ralentirait et arrêterait un avion faisant une sortie de piste. Cette attitude du one size fits all envers l'aviation est complètement incompatible avec les conditions du Nord et n'est pas soutenue par des analyses du risque et de coûts applicables à ce territoire. b. Un besoin criant pour de meilleures aides à la navigation et aux communications Le vol est le Nord est radicalement différent que le vol au-dessous du 60ème parallèle. Le terrain et les conditions météorologiques sont très hostiles, la région est énorme, les distances longues et les services limités. En plus, les mois d'hiver apportent des longues période d'obscurité, limitant sérieusement les fenêtres opérationnelles. Les aides à la navigation sont des facteurs-clés pour la sécurité et elles sont insuffisantes dans le Nord canadien rendant le vol encore plus hasardeux. Les vols sont souvent longs et assujettis aux conditions météorologiques changeantes en cours de route. Les aides à la navigation actuelles sont insuffisantes. Plus d’aides à la navigation pour les approches sont nécessaires, incluant des approches utilisant la technologie GPS, WAAS ou de Larges systèmes d'augmentation de la région, un meilleur éclairage d'intensité, pour n’en nommer que quelques-uns. Le prix de développer les approches est important et les délais dans leur livraison sont longs. Les renseignements météorologiques sont aussi déficients. Beaucoup de bureaux météorologiques ont été fermés et les pilotes doivent compter sur des rapports météo transmis par des gens à des centaines de kilomètres. Les équipements sur place de rapport météo à distance ne sont pas disponibles partout, ce qui oblige les pilotes à faire appel à des gens non formés pour obtenir des informations complémentaires sur place. Aussi, le système Unicom n’est disponible qu’à des heures limitées dans la plupart des aéroports. Le manque d’aides à la navigation et à la communication, incluant les rapports météo, contribue à augmenter le risque dans ces régions. 3. Le besoin d’une politique Encourageons le Nord Très peu de transporteurs aériens offrent un service régulier à environ 50 destinations au Nord. Ceux-ci incluent Air North, Canadian North, First Air, Calm Air et Air Inuit. Ils offrent ces services utilisant une variété d'aéronefs, selon la demande et les conditions des destinations différentes. Certains de ces trajets sont rentables, d'autres beaucoup moins. La clé du problème est que ces transporteurs font face à la compétition féroce sur les trajets plus rentables, ce qui les rend rapidement moins rentables. En réalité, les trajets plus payants supportent le service sur les trajets moins rentables, mais tout aussi essentiels. Les porteurs nationaux ne s'intéressent aucunement au trafic régional du Nord, donc ils n'offrent aucun service aux collectivités éloignées. Ils s'intéressent, cependant, aux passagers en destination des grands centres du sud canadien. Ils s’y intéressent tellement qu’ils sont tout-à-fait disposés à accepter des retours marginaux ou même des pertes sur les trajets vers le Nord pour protéger ou accéder aux revenus des trajets vers le Sud. Conséquemment, une politique Encourageons le Nord est grandement nécessaire. Cette politique serait composée de deux éléments. Le premier élément établirait que les transporteurs voulant offrir un service régulier vers les Portails du Nord devraient : 1) Offrir des services au-delà des villes-portails; ou 2) Développer des accords de partage de codes avec des transporteurs œuvrant au-delà des villes portails. Une telle politique nivèlerait le terrain de jeu commercial et aiderait au développement du Nord. Les communautés locales seraient les bénéficiaires d'un service plus durable. Le deuxième élément de la politique Encourageons le Nord serait une politique d’achat nordique. Selon cette politique, les agences fédérales œuvrant dans le Nord adopteraient une politique d’achat qui exigerait, qu’à prix égal, leurs achats soient faits auprès de fournisseurs nordiques. Conclusion La politique aérienne fédérale devrait reconnaître le rôle des transporteurs aériens du Nord, non seulement dans l'établissement du service aux communautés lointaines, mais aussi dans la croissance et le développement de l'économie du Nord. Cette politique devrait encourager les transporteurs nationaux à augmenter leur offre de service vers le nord par des partenariats avec des transporteurs aériens du Nord et devrait encourager tous les transporteurs aériens canadiens à fournir des transferts de bagage passagers fluides entre transporteurs. En conclusion, il est évident qu’il est difficile de décrire des barrières au transport aérien dans le Nord canadien dans juste quelques minutes. L'aviation partout dans le Canada est défiée par des conditions socio-économiques et géographiques souvent difficiles. Le Nord, avec son énorme territoire, ses conditions de vol hostiles et sa faible population rend ce défi encore plus grand. Le vaisseau sanguin que représente l'aviation dans ces communautés mérite que le gouvernement lui consacre toute son attention. Nous vous félicitons de l’avoir inclus dans votre étude. Je vous remercie. Il ne fera plaisir de répondre à vos questions.