Décoration métisse en piquants de porc

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Décoration métisse en piquants de porc
Décoration métisse en piquants de porc-épic
Les Premières nations faisaient de la décoration en piquants de porcépic depuis des siècles avant l’arrivée des Européens en Amérique du Nord.
Les superbes motifs géométriques et plus tard les motifs floraux avaient été
remarqués par les premiers explorateurs et représentés par les artistes lors
de leurs voyages à travers le pays. Les talents de décoration en piquants de
porc-épic n’ont pas disparu immédiatement avec l’intrusion des Européens et
la remontée des Métis.
Les mères des Premières nations ont enseigné à
leurs enfants qui avaient un double héritage les techniques et les méthodes
requises pour produire des décorations très détaillées faites avec des
piquants de porc-épic.
Peu après, les Métis ont commencé à adapter les décorations en
piquants
de
porc-épic
expressions artistiques.
pour
qu’elles
correspondent
à
leurs
propres
Leur utilisation de couleurs vives et d’expressions
fortes reflétaient leur attitude envers qui la vie qui était dynamique. Le bleu,
le rouge et le jaune étaient parmi leurs couleurs préférées de piquants de
porc-épic teints, comme l’ont remarqué les écrivains qui séjournaient dans
l’ouest et le nord-ouest canadien de l’époque.
Grâce au contact avec les
soeurs dans les pensionnats, les filles et les femmes métisses ont adapté
leurs talents de décoration en piquants de porc-épic aux nouvelles techniques
européennes, comme la broderie avec de la soie et les motifs floraux.
Contrairement aux perles de commerce ou aux fils de soie, qui sont
prêts à utiliser dès l’achat, les piquants de porc-épic doivent être ramassés et
travaillés avant de les manipuler pour la décoration artisanale.
Les porcs-
épics, quant à eux, sont relativement faciles à attraper car ils se déplacent
lentement.
Comme ce sont des animaux nocturnes, on les trouve qui
somnolent sur des branches d’arbre ou dans des terriers pendant la journée.
Une fois tués, on enlève les piquants avant que la peau du porc-épic sèche
pour les empêcher de casser. Les piquants sont alors triés selon la taille de
2,5 cm à 12,5 cm et ils sont teints en les plaçant dans un liquide coloré
pendant deux à trois heures.
On prépare les teintures en utilisant de la
matière végétale comme de la mousse, des racines et des écorces mélangées
avec de l’eau et l’acide de certaines baies, de l’urine ou de la cendre de bois.
La combinaison de matière végétale avec une solution légèrement acide rend
la teinture insoluble. Une fois teints, les piquants gardent leur couleur très
longtemps avant qu’elle pâlisse. Les longs piquants de porc-épic sont mis de
côté et utilisés pour faire les fonds et les plus courts pour le travail plus
précis.
Pour fixer les piquants sur un morceau de cuir ou de toile, une femme
avait besoin d’une alêne, qui perçait des petits trous dans le tissu. L’alêne
pouvait être faite avec un os travaillé ou un éclis d’os. Le motif désiré était
ensuite tracé sur l’article avant de percer les trous, et on faisait tremper les
piquants pour les assouplir et permettre à l’artisane de les aplatir avec ses
dents ou ses ongles. Pour coudre les piquants sur le cuir ou la toile dans les
trous percés avec l’alêne, on se servait de babiche, un matériau fibreux et
solide qui vient de l’épine dorsale du bison, ou bien on utilisait du fil de
coton. Une fois que les piquants étaient cousus sur le motif sur la surface du
vêtement, on utilisait un outil pour les aplatir uniformément.
Même si les piquants de porc-épic étaient durs et longs, les artisanes
métisses pouvaient les manipuler pour faire des motifs floraux très délicats.
En fait, comme elles étaient capables de créer des articles si richement
décorés et détaillés, les Métisses pouvaient échanger de grandes quantités
de leurs œuvres avec les Premières nations des plaines du nord et du centre.
On trouvait de la décoration en piquants de porc-épic sur les chemises, les
mitasses, les vestes, les mocassins, les gilets, les chapeaux et aussi sur des
articles non vestimentaires.
L’influence métisse dans la décoration en
piquants de porc-épic a été très forte, surtout chez les Cris des environs.
Avant 1800, les Cris faisaient de la décoration en piquants de porc-épic avec
des motifs géométriques. Toutefois, vers les années 1820, ils ont adopté de
nombreux motifs floraux utilisés par les Métis.
Les techniques utilisées pour faire de la décoration en piquants de
porc-épic comprenaient l’enroulage, la couture, le tressage et le tissage,
chacune ayant ses propres variations.
L’enroulage consistait à enrouler un
piquant autour d’un objet long, qu’on pouvait plier sans casser, comme un
cheveu ou une lanière de cuir.
commun chez les Métis.
Le «réseau» était une forme d’enroulage
En se servant de plusieurs fines lanières de cuir
horizontales, l’artisane enroulait deux lanières à la fois avec un piquant de
porc-épic, alternant entre les lanières de temps en temps. Cette technique
produisait un motif qui ressemblait à un filet. L’enroulage était aussi utilisé
pour faire des rosettes ou des disques en piquants de porc-épic, que les
Indiens des Premières nations portaient au départ ou pour décorer les étuis
de fusils, les selles et les tipis.
La couture était aussi populaire. L’artisane pliait un piquant de porcépic aplati par-dessus et par-dessous les points en cousant le piquant sur le
cuir. La variété de technique de couture et la souplesse de la babiche ou du
fil de coton permettaient à l’artisane de créer un grand assortiment de motifs
qui n’étaient pas possibles avec d’autres techniques de fixation. Le point sur
place, quand on enroulait un piquant autour du fil et qu’on le cousait sur un
endroit, était populaire chez les Métis parce que ça servait à produire un
travail de lignes délicates comme des motifs floraux.
Pour le tressage, les
piquants de porc-épic étaient passés par devant et par derrière entre deux
lanières de babiche qui étaient ensuite enroulées autour d’un objet. Chez les
Métis, cette forme de décoration en piquants de porc-épic était utilisée pour
décorer des articles fonctionnels comme des fouets et des manches plutôt
que des vêtements.
Le tissage était aussi utilisé pour faire de la décoration en piquants de
porc-épic. Les piquants de porc-épic étaient entrelacés avec des fils
horizontaux sur un métier en archet. Les piquants de porc-épic étaient
disposés entre des chaînes ou des fils verticaux, qui allaient d’un bout à
l’autre de l’archet et qui étaient serrés par la tension de l’archet. Ils étaient
fait avec de la babiche ou de la fibre végétale. Les trames ou fils horizontaux
alternaient par-dessous et par-dessus les piquants de porc-épic pour les tenir
en place le long des chaînes. Une longueur désirée de tissage était terminée
et elle servait de doublure ou d’appliqué sur une autre surface. En utilisant
des piquants de porc-épic teints de diverses couleurs, la tisserande pouvait
produire des motifs géométriques assortis sur le métier, un prolongement de
la préférence des motifs des Cris.
Au fil du temps, cependant, avec les
perles du commerce qui devenaient plus communes, les femmes se rendirent
compte qu’elles pouvaient également produire des motifs compliqués en
cousant des perles sur les vêtements ou en utilisant de la broderie avec de la
soie. La décoration en piquants de porc-épic exigeait que les gens tuent ou
effraient les porcs-épics, ramassent les piquants, les préparent et les
teignent avant de les utiliser pour la décoration. Si les porcs-épics n’étaient
pas disponibles, ils devaient en échanger avec d’autres groupes pour obtenir
ces piquants. Les perles, le fil de coton et le fil de soie sont devenus de plus
en plus communs au début et au milieu du dix-neuvième siècle dans tout le
centre du Canada, et les femmes se rendirent vite compte des avantages du
travail avec ces fournitures.
Si la décoration en piquants de porc-épic a connu un déclin de
popularité chez les artisanes métisses au milieu et à la fin du dix-neuvième
siècle, de nombreux motifs produits utilisaient des perles et de la broderie
avec de la soie assorties de broderie avec des piquants de porc-épic. Les
motifs floraux avec de la soie brodée et perlés étaient, à un certain degré,
des copies de motifs avec des piquants de porc-épic.
Les fournitures
européens étaient beaucoup plus faciles à travailler que les piquants de porcépic autochtones et permettaient aux femmes d’élaborer encore plus leurs
motifs déjà compliqués.
Adapté de:
Young, Patrick. «Métis Beadwork, Quillwork and Embroidery».
http://www.metismuseum.com/media/document.php/00715.pdf

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