Traitement et Prévention des Infections Opportunistes Hôpitaux de

Transcription

Traitement et Prévention des Infections Opportunistes Hôpitaux de
Traitement et Prévention des
Infections Opportunistes
Hôpitaux de Référence en Milieux à
Ressources Limitées
IMT 2004
Lut Lynen
Traduction française: Dr Ernest Denerville et Dr Line Arnould
Date d’édition : 27/09/05
124
124
AVANT- PROPOS
A travers le monde, plus de 40 millions de personnes sont infectées par le VIH
dépendent de prestataires de soins informés et bienveillants pour les aider
comprendre une maladie si compliquée, à faire face aux pathologies liées au VIH
pour leur fournir le soutien et le traitement nécessaires à l’amélioration de la qualité
de la durée de leurs vies.
et
à
et
et
Afin d’atteindre ces objectifs, il est essentiel de mobiliser tous les prestataires de soins
et les ressources disponibles pour s’assurer que la charge des soins se distribue dans
une continuité qui s’étend des foyers et structures communautaires jusqu’aux centres de
santé et hôpitaux.
Des soins humains et des références opportunes requièrent un personnel sanitaire
informé travaillant avec les familles aussi bien dans les centres de santé qu’au sein des
communautés. Les travailleurs de santé nécessitent des aptitudes dans la
reconnaissance, le diagnostic et le traitement des conditions liées au VIH, sans oublier
la tuberculose et les infections sexuellement transmises. Les personnes vivant avec le
VIH et leurs familles ont besoin de conseils et d’éducation sur les soins et la prévention
afin de pouvoir faire face à leur diagnostic et vivre positivement.
Afin d’atteindre l’objectif “3x5”, l’OMS a développé des guides de Prise en charge
a
Intégrée des Maladies de l’Adolescent et de l’Adulte (PIMAA) , pour les soins aux
patients atteints du VIH/SIDA au niveau des centres et postes de santé.
Ce manuel présente des informations de base relatives à l’épidémiologie et la
transmission du VIH ainsi qu’une vue d’ensemble des soins du VIH/SIDA et de la
gestion des infections opportunistes au niveau hospitalier. L’importance des soins
palliatifs et du soulagement des symptômes est également mise en relief.
Les soins de l’infection à VIH chronique ainsi que les soins palliatifs et le counseling sont
couverts par les guides IMAAI. Les soins à domicile, le counseling et la formation du
soignant à domicile sont abordés dans le livret destiné aux soignants (OMS 2003).
Le VIH/SIDA est une épidémie dynamique qui requiert des soins stratégiques et des
mécanismes de soutien flexibles afin de s’ajuster à l’évolution des besoins en soins
globaux à travers la continuité. Ce manuel se base donc sur les connaissances et
pratiques existantes, mais sera mis à jour afin de guider le personnel de santé dans ses
rôles importants dans la prévention et les soins du VIH/SIDA
a
http://www.who.int/3by5/publications/documents/en/IMAI_acutecare_fr.pdf
http://www.who.int/3by5/publications/documents/en/imai_chronic_fr.pdf
http://www.who.int/3by5/publications/documents/en/imai_general_fr.pdf
http://www.who.int/3by5/publications/documents/en/imai_palliative_fr.pdf
124
Le but de ce manuel est de fournir aux médecins travaillants dans les hôpitaux de
référence au niveau national ou régional, un outil qui leur permettra de prodiguer des
soins spécialisés aux personnes vivant avec le VIH/SIDA.
Documents de référence utilisés pour rédiger ce manuel :
-
Eritrean HIV/AIDS Care Manual 2001
MSF-B/L 2001: Clinical AIDS Care Guidelines for Resource-poor settings
John Hopkins’ Medical Management of HIV infection, édition 2003
National Guidelines for the use of Antiretroviral Therapy in Adults and
Adolescents. Cambodia, November 2003
National Guidelines for the prophylaxis of opportunistic infections in people living
with HIV/AIDS. Cambodia, September 2003
124
Liste des Abréviations et Acronymes
ABC
ABV
ADN
AFB
Ag
AIDP
AINS
ARC
ARV
AVC
AZT
BAAR
BCG
BID
BP
BUN
BV
Ca
CDC
CDV
CIDP
CLT
CMV
CO
CrAg
CT
CV
D4T
D5W
DDl
DRESS
DSP
EEG
EFV
EGL
ELISA
EPO
EPP
Fe
GB
GI
GR
HAART
Hb
HTLV-1
HVH8
Abacavir
Adriamycine, Bleomycine and Vincristine
Acide desoxyribonucléosidique
Acid Fast Bacilli (acido alcoolo résistant)
antigène
Acute inflammatory demyelinating polyneuropathy
Anti-inflammatoire non stéroïdien
AIDS Related Complex
Antiretroviraux
Accidents vasculaires cérébraux
Zidovudine
Bacilles acido alcoolo résistants
Vaccin contre la TB
2 fois par jour
Blood Pressure
Blood Urea Nitrogen
bleomycine, vincristine
Calcium
Centre for Disease Control
Centre de counseling et dépistage volontaire
Chronic inflammatory demyelinating polyneuropathy
Compte des Lymphocytes Totaux
Cytomegalovirus
Candidose Oesophagienne
Cryptococcal antigen
Computed Tomography Scan
Charge Virale
Stavudine
Dextrose 5% in water
Didanosine
Diarrhoea, Rash, Eosinophilia, Systemic Symptoms
Distal, symmetrical polyneuropathy
Electro Encephalogramme
Efavirenz
Erythème gingival linéaire
Enzyme-Linked Immunosorbent Assay
érythropoïétine
Eruption papulaire prurigneuse
Fer sérique
Globule Blanc
Gastrointestinal
Globule Rouge
Highly Active Antiretroviral Therapy
Hemoglobine
Human T Lymphotropic virus -1
Herpes Virus Humain 8
124
IgG
IGIV
IM
INH
IO
IPT
IR
IRM
IRIS
IRU
IST
IU
IV
IVDU
K
KCL
KOH
KSHV
LBA
LC
LCR
LCT
LDH
LEMP
LN
LPG
MAC
MAI
MEDL
Mg
MM
NA
NHL
NNRTI
NRTI
NVP
O2
OD
OMS
ONUSIDA
ORS
PCIME
PCR
PDS
PED
PEP
PEV
PGL
PI
PIC
PIDC
Immunoglobine
Immunoglobulines intravéneuses
Intra-musculaire
isoniazid
Infection Opportuniste
INH preventive therapy
Intrarectal
Imagerie Resonance Magnétique
Syndrome Inflammatoire de Reconstitution Immunitaire
Immune Recovery Uveitis
Infection Sexuellement Transmissible
International Units
Intravenous
IV Drug Use
Potassium
Chloride Potassium
Hydroxide Potassium
Kaposi’s Sarcoma’s Herpes Virus (= VVH8)
Lavage Broncho-Avéolaire
Leishmaniose Cutanée
Liquide céphalorachidien
Lymphocytes Cytotoxiques
Lactate dehydrogenase
Leuco-encéphalopathie multifocale progressive
Lymph Node
Lymphadénopathie persistante généralisée
Mycobacterium Avium Complex
Mycobacterium Avium Intracellulare
Model Essential Drug List
Magnesium
Mononeuropathy Multiplex
Not Available
Non-Hodgkin’s Lymphoma
Non-nucleoside reverse transcriptase inhibitors
Nucleoside reverse transcriptase inhibitors
Nevirapine
Oxygène
Once Daily: 1 fois par jour
Organisation Mondial de la Santé
Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA
Oral rehydration salts
Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant
Polymerase chain reaction
Polyneuropathie distale symétrique
Pays en Développement
Progressive encephalopathy
Programme Etendu de Vaccination
Persistent Generalized Lymphadenopathy
Protease inhibitors
Pression Intracrânienne
Polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique
124
PIL
PIMAA
PL
PML
PMN
PO
PP
PPC
PRN
PT
PTME
PVH
PVVIH
RNA
RPR
RTV
Rx
SC
SCrAg
SGB
SIDA
SIL
SK
SNC
SRO
TB
TBP
TB DOTS
TCA’s
TDM
TIBC
TME
TMP/SMX
TPHA
TPI
UNICEF
UTI
VCT
VIH
VHS
VS
WBC
Pneumonie Interstitielle Lymphoïde
Prise en charge Intégrée des Maladies de l’Adolescent et
de l’Adulte
Ponction Lombaire
Progressive Multifocal Leukoencephalopathy
Polymorphonucléaires
per os
Polyradiculopathie Progressive
Pneumonie à Pneumocystis Carinii
as needed
Preventive therapy
Prévention de la Transmission de mère à enfant
Papilloma virus humain
Personne vivant avec le VIH
Ribonucleic acid
Rapid Plasma Reagin (test Syphilis)
Ritonavir
Traitement
Sous-cutané
Ag Cryptococcique sérologique
Syndrome de Guillain Barré
Syndrome d’Immunodéficience Acquis
Lésions squameuses intra-épithélial
Sarcome de Kaposi
Système Nerveux Central
Solution de réhydratation orale
Tuberculose
Tuberculose Pulmonaire
Tuberculosis Directly Observed Treatment – Short course
Tricyclic antidepressants
Tomodensitométrie (scan)
Total Iron Binding Capacity
Transmission mère - enfant
Trimetroprim/sulphametoxazole
Treponema Pallidum Hemaglutination (Test Syphillis)
Thrombocytopénie Immune
Les Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
Urinary Tract infections
Voluntary Counseling and Testing
Virus de l’Immunodeficience Humaine
Virus Herpes Simplex
Vitesse de sédimentation
White Blood Cell
124
TABLE DE MATIÈRES
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES ............................................................. 5
LISTE DES TABLEAUX ................................................................................................. 11
LISTE DES FIGURES..................................................................................................... 11
1
INTRODUCTION AU VIH/SIDA ................................................................................ 12
1.1 ÉPIDÉMIOLOGIE DU VIH ........................................................................................... 12
1.2 TRANSMISSION DU VIH ............................................................................................ 12
1.3 IMMUNO-PATHOGENÈSE DE L’INFECTION AU VIH....................................................... 12
1.4 HISTOIRE NATURELLE DE L’INFECTION À VIH (PHASES DE L’INFECTION) ................... 13
1.4.1 INFECTION PRIMAIRE OU SYNDROME RÉTROVIRAL AIGU OU SYNDROME DE
SÉROCONVERSION ............................................................................................................ 13
1.4.2 INFECTION LATENTE (CATÉGORIE CLINIQUE A DU CDC).......................................... 13
1.4.3 SIGNES ET SYMPTÔMES PRÉCOCES DU VIH (CATÉGORIE CLINIQUE B DU CDC)....... 13
1.4.4 SIDA (CATÉGORIE CLINIQUE C DU CDC) ............................................................... 14
1.4.5 SIDA AVANCÉ (CATÉGORIE CLINIQUE C DU CDC) .................................................. 15
1.5 DIAGNOSTIC LABORATOIRE DE L’INFECTION AU VIH.................................................. 16
1.5.1 DIAGNOSTIC CHEZ LES ADULTES ............................................................................ 16
1.5.2 DIAGNOSTIC CHEZ LES ENFANTS ............................................................................ 16
1.6 LE SYSTÈME DE CLASSIFICATION PAR STADES CLINIQUES DE L’OMS ........................ 17
1.6.1 ADULTES .............................................................................................................. 17
1.6.2 ENFANTS .............................................................................................................. 19
1.7 DÉFINITIONS DE CAS DE L’OMS POUR LA SURVEILLANCE DU SIDA DANS LES PAYS À
FAIBLES CAPACITÉS DIAGNOSTIQUES CLINIQUES ET LABORATOIRES .................................. 21
1.7.1 ADULTES ET ADOLESCENTS ................................................................................... 21
1.7.2 ENFANTS NÉS DE MÈRES VIH-POSITIVES ............................................................... 21
2
SUIVI DES PATIENTS APRÈS LE DIAGNOSTIC DE VIH ...................................... 22
2.1 ANAMNÈSE ET EXAMEN PHYSIQUE ............................................................................ 22
2.2 EDUCATION SANITAIRE ............................................................................................ 25
2.2.1 INFORMATIONS SUR LA TRANSMISSION DU VIH ....................................................... 25
2.2.2 HYGIÈNE .............................................................................................................. 26
2.2.3 EXERCICES PHYSIQUES RÉGULIERS ....................................................................... 27
2.2.4 REPOS ADÉQUAT .................................................................................................. 27
2.2.5 BIEN-ÊTRE ÉMOTIONNEL........................................................................................ 27
3
SOINS ET PRISE EN CHARGE CLINIQUE DU VIH/SIDA ...................................... 29
3.1 PRINCIPES GÉNÉRAUX DES SOINS DU SIDA .............................................................. 29
3.1.1 SOINS GLOBAUX OU CONTINUITÉ DES SOINS ......................................................... 29
124
3.1.2 SOINS AUX FEMMES ENCEINTES VIH-POSITIVES ..................................................... 30
3.1.3 SOINS AUX PATIENTS TUBERCULEUX ...................................................................... 31
3.2 PRÉVENTION DES INFECTIONS OPPORTUNISTES ........................................................ 33
3.2.1 PRÉVENTION DES INFECTIONS BACTÉRIENNES, DE LA PCP ET DE LA TOXOPLASMOSE
PAR LE COTRIMOXAZOLE ................................................................................................... 33
3.2.2 PRÉVENTION DE LA TUBERCULOSE ACTIVE PAR L’ISONIAZIDE .................................. 37
3.2.3 PRÉVENTION DES INFECTIONS FONGIQUES ............................................................. 41
3.2.4 HERPES SIMPLEX MUCOCUTANÉ ............................................................................ 42
3.2.5 INFECTIONS HELMINTHIQUES ................................................................................. 42
3.2.6 VACCINATION ........................................................................................................ 42
4
PRISE EN CHARGE DES MALADIES SPÉCIFIQUES LIÉES AU VIH/SIDA ......... 43
4.1 MALADIES GASTRO-INTESTINALES ........................................................................... 43
4.1.1 DIARRHÉE CHRONIQUE .......................................................................................... 43
4.1.2 CANDIDOSE OROPHARYNGÉE (MUGUET) ET CANDIDOSE OESOPHAGIENNE (CO) ...... 46
4.2 MALADIES RESPIRATOIRES ...................................................................................... 48
4.2.1 TUBERCULOSE PULMONAIRE ................................................................................. 48
4.2.2 LA PNEUMONIE BACTÉRIENNE ................................................................................ 51
4.2.3 LA PNEUMONIE À PNEUMOCYSTIS CARINII (PCP) ................................................... 53
4.2.4 INFECTIONS FONGIQUES PROFONDES .................................................................... 56
4.3 COMPLICATIONS NEUROLOGIQUES DE L’INFECTION AU VIH....................................... 56
4.3.1 PATHOGENÈSE DES TROUBLES NEUROLOGIQUES ................................................... 56
4.3.2 ATTEINTE PRIMAIRE DU SNC PAR LE VIH ............................................................... 57
4.3.3 INFECTIONS OPPORTUNISTES AFFECTANT LE CERVEAU........................................... 61
4.3.4 TUMEURS OPPORTUNISTES DU SNC...................................................................... 73
4.3.5 MALADIES CÉRÉBROVASCULAIRES ......................................................................... 74
4.4 MANIFESTATIONS CUTANÉES.................................................................................... 74
4.4.1 INFECTION VIH AIGUË ........................................................................................... 74
4.4.2 INFECTIONS OPPORTUNISTES ET AUTRES AFFECTIONS ........................................... 75
4.4.3 ERUPTIONS CUTANÉES PRURIGINEUSES................................................................. 81
4.4.4 SARCOME DE KAPOSI (SK).................................................................................... 82
4.4.5 PLAIES DE DÉCUBITUS ........................................................................................... 83
4.4.6 RÉACTIONS MÉDICAMENTEUSES ............................................................................ 83
4.4.7 LEISHMANIOSE CUTANÉE ...................................................................................... 84
4.5 MANIFESTATIONS HÉMATOLOGIQUES ET NÉOPLASIQUES .......................................... 84
4.5.1 ANÉMIE ET ANOMALIES DES GLOBULES ROUGES ..................................................... 84
4.5.2 THROMBOCYTOPÉNIE IMMUNE (TPI) ...................................................................... 85
4.5.3 SARCOME DE KAPOSI (SK).................................................................................... 86
4.5.4 LYMPHOME NON-HODGKINIEN ............................................................................... 88
4.5.5 CANCER DU COL UTÉRIN........................................................................................ 88
4.5.6 CANCER DE L’ANUS ............................................................................................... 89
4.6 DOULEURS ABDOMINALES ....................................................................................... 90
4.6.1 MYCOBACTERIUM TUBERCULOSIS ......................................................................... 90
4.6.2 LE MYCOBACTERIUM AVIUM COMPLEX (MAC) ........................................................ 91
4.6.3 INFECTIONS BACTÉRIENNES................................................................................... 92
4.6.4 PARASITES GASTRO-INTESTINAUX ET INFECTIONS À PROTOZOAIRES ....................... 93
4.6.5 INFECTIONS FONGIQUES ........................................................................................ 93
4.6.6 INFECTION À CYTOMÉGALOVIRUS ........................................................................... 94
4.6.7 DOULEURS ABDOMINALES/PROBLÈMES INDUITS PAR LES MÉDICAMENTS.................. 95
124
5
5.1
5.2
5.3
5.4
5.5
5.6
5.7
SOINS PALLIATIFS ET GESTION DES SYMPTÔMES .......................................... 97
LA DOULEUR ........................................................................................................... 97
DOULEUR NEUROPATHIQUE...................................................................................... 98
LA TOUX .................................................................................................................. 99
DYSPNÉE, DÉTRESSE RESPIRATOIRE ........................................................................ 99
DIARRHÉE ............................................................................................................. 100
AFFECTIONS ORALES ............................................................................................. 100
DIFFICULTÉS À LA DÉGLUTITION, HOQUET ............................................................... 100
6 MANIFESTATIONS CLINIQUES ET PRISE EN CHARGE DES AFFECTIONS
LIÉES AU VIH/SIDA CHEZ LES NOURRISSONS ET LES ENFANTS....................... 102
6.1
6.2
INTRODUCTION ...................................................................................................... 102
EN QUOI L’INFECTION AU VIH DE L’ENFANT DIFFÈRE-T-ELLE DE CELLE DE L’ADULTE?
102
6.2.1 VOIE ET MOMENT DE TRANSMISSION (TRANSMISSION PÉRINATALE) ....................... 102
6.2.2 HISTOIRE NATURELLE / PROGRESSION DE LA MALADIE .......................................... 102
6.2.3 DIFFÉRENCE DANS LES MANIFESTATIONS CLINIQUES ............................................ 103
6.2.4 LES INFECTIONS OPPORTUNISTES ........................................................................ 103
6.2.5 MALADIES ORGANIQUES DES ENFANTS INFECTÉS AU VIH...................................... 103
6.2.6 DIFFÉRENCE AU NIVEAU DES MARQUEURS IMMUNOLOGIQUES ............................... 104
6.2.7 DIAGNOSTIC ....................................................................................................... 104
6.3 SOINS AUX NOURRISSONS ET ENFANTS................................................................... 106
6.3.1 SOINS PÉRINATAUX ............................................................................................. 106
6.3.2 VACCINATION ...................................................................................................... 107
6.3.3 PRISE EN CHARGE DES AFFECTIONS LIÉES AU VIH CHEZ LES ENFANTS .................. 107
6.3.4 PRISE EN CHARGE DE PATHOLOGIES SPÉCIFIQUES ............................................... 108
6.3.5 SUIVI DES ENFANTS AVEC VIH/SIDA.................................................................... 121
6.3.6 SOINS PALLIATIFS ET GESTION DE LA DOULEUR .................................................... 121
124
Liste des tableaux
Tableau 1: Les diagnostics qui définissent le SIDA ........................................................ 14
Tableau 2: Examens de laboratoire de base et radiographie du thorax ......................... 23
Tableau 3: Signes et symptômes suggérant l’infection à VIH chez l’enfant.................... 24
Tableau 4: Notions de base sur le VIH ........................................................................... 25
Tableau 5: Quand commencer et quand arrêter la prophylaxie au cotrimoxazole chez les
adultes ?.......................................................................................................................... 34
Tableau 6: Quand commencer et quand arrêter la prophylaxie au cotrimoxazole chez les
enfants ? ......................................................................................................................... 35
Tableau 7: Caractéristiques de la TB à différents stades d’immunodéficience............... 49
Tableau 8: Médicaments recommandés, doses et réactions courantes dans le traitement
initial de la tuberculose chez les adultes......................................................................... 51
Tableau 9: Dose de cotrimoxazole pour PCP ................................................................. 55
Tableau 10: Dosage de prednisone en cas d’hypoxie dans la PCP ............................... 55
Tableau 11: Les principaux syndromes de neuropathie périphérique chez les personnes
infectées par le VIH......................................................................................................... 59
Tableau 12: Une supervision médicale stricte est requise tout au long du cours d’un
traitement à l’Amphotéricine B. ....................................................................................... 64
Tableau 13: Trois drogues, Ganciclovir, Foscarnet et Cidofovir sont actuellement
autorisées (licence) pour le traitement systémique de l’infection à CMV........................ 71
Tableau 14: classification du Sarcome de Kaposi .......................................................... 87
Tableau 15: Interventions recommandées selon les résultats du Pap smear................. 89
Tableau 16: Approche antalgique par paliers ................................................................. 98
Tableau 17: Taux approximatif de CD4 et % CD4 selon l’âge et la catégorie
d’immunosuppression. .................................................................................................. 104
Tableau 18: Système de scores pour le diagnostic de TB chez les enfants................. 111
Tableau 19: Valeur de l’examen du LCR chez un enfant VIH+ avec troubles
neurologiques................................................................................................................ 114
Tableau 20: Traitement empirique de la méningite pyogénique chez l’enfant infecté par
le VIH ............................................................................................................................ 117
Tableau 21: Traitement antibiotique de la méningite pyogénique pédiatrique selon
l’organisme identifié ...................................................................................................... 118
Liste des figures
Figure 1: Cours naturel de l’infection au VIH .................................................................. 15
Figure 2: Continuité globale ou modèle de soins ............................................................ 30
Figure 3: Liens opérationnels entre services VCT et services TB (PROTEST initiative) 32
124
1 Introduction au VIH/SIDA
1.1
Épidémiologie du VIH
A la fin de 2003, le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde est estimé à
40 millions. Cette année là, il y eut environ 5 Millions de nouveaux infectés et 3 Millions
de décès dus au SIDA. Alors qu’en Afrique sub-Saharienne, où la population infectée
par le VIH atteint les 28 Millions, l’épidémie prend des proportions encore plus
dévastatrices, plus récemment on la voit gagner du terrain en Asie et en Europe de l’Est.
1.2
Transmission du VIH
Les modes de transmission du VIH dans le monde sont principalement la voie sexuelle
suivie par la transmission mère - enfant (TME) et enfin la transfusion sanguine, devenue
rare en raison du lancement des programmes de dépistage du VIH chez les donneurs.
Dans la plupart des nations de l’Afrique sub-Saharienne, le nombre de femmes et
d'hommes infectés est le même. D’autres maladies transmises sexuellement, en
particulier celles qui provoquent les ulcérations génitales, augmentent fortement le
risque de transmission du VIH. Le risque de transmission du VIH au cours d’un coït
vaginal réceptif est de 8 à 20 sur 10.000 expositions tandis qu’il est de 3 à 9 sur 10.000
dans le cas de coït vaginal insertif. Cependant, en présence d’ulcérations génitales ou
de menstruations, le risque est encore plus élevé. La transmission du VIH par voie
sanguine a généralement lieu par l’intermédiaire de transfusions sanguines, d’injections
avec aiguilles et seringues contaminées et par l’utilisation d’instruments non stériles
pour le ‘piercing’. Environ 25-35% des enfants nés de mères VIH+ seront infectés si rien
n’est fait pour prévenir la transmission. Ce pourcentage augmente pour atteindre les
50% si la mère allaite l’enfant au sein, comme c’est recommandé dans la plupart des
pays en développement.
Il n’existe aucune évidence de transmission du VIH à travers les contacts de la vie
quotidienne tels qu’accolades, baisers sur la joue, repas pris ensemble ou piqûres de
moustiques et d’autres insectes.
1.3
Immuno-pathogenèse de l’infection au VIH
Le VIH s’attaque aux cellules CD4. Les cellules-T CD4 constituent le sous-groupe
"helper” des lymphocytes T (globules blancs) et jouent un rôle central dans l’immunité
cellulaire. Ces cellules portent l’antigène CD4 à leur surface (lymphocytes CD4+). Le
VIH reconnaît l’antigène CD4 puis pénètre dans les lymphocytes CD4 + qu’il infecte. Il
en résulte la destruction de nombreux lymphocytes CD4+ qui induit une déficience
immunitaire progressive et par conséquent la survenue d’infections opportunistes,
entraînant la mort.
124
1.4
Histoire Naturelle de l’Infection à VIH (Phases de
l’Infection)
1.4.1 Infection Primaire ou Syndrome rétroviral aigu ou syndrome de
séroconversion
L’événement initial survenant après la transmission du VIH est le syndrome rétroviral
aigu. Les signes et symptômes du syndrome rétroviral aigu comprennent fièvre, myalgie
(douleurs musculaires), céphalées, vomissements, diarrhée, sueurs nocturnes, perte de
poids et éruptions cutanées. Ces signes et symptômes surviennent généralement deux
à trois semaines après l’infection, disparaissent après quelques jours et sont souvent
diagnostiqués comme grippe ou mononucléose infectieuse. A ce stade, l’infection est
caractérisée par une charge virale très élevée et donc un risque accru de transmission
du VIH dû également à l’ignorance du statut sérologique. En effet, les tests sérologiques
peuvent se révéler négatifs jusqu’à trois mois après, alors que l’individu infecté s’avère
hautement contagieux.
1.4.2 Infection latente (Catégorie clinique A du CDC)
Par la suite, la plupart des personnes infectées par le VIH demeurent asymptomatiques
durant des mois ou des années. Cette période d’infection silencieuse est appelée
période de latence. La période de latence peut s’étendre de 4 mois jusqu’à plus de 10
ans, mais sa durée moyenne est de 5 ans sans symptômes. Le test des anticorps antiVIH est alors positif. Il survient ensuite une réplication virale continue et une diminution
progressive des CD4. C’est pendant cette période que le VIH est transmis sans que
personne ne le sache, sauf si le statut sérologique est connu et si un changement de
comportement est accepté dans le cadre d’un counseling et dépistage volontaire (VCT).
Durant l’infection latente précoce, les CD4 sont généralement supérieurs à 500. Dans
cette phase, l’individu infecté par le VIH ne présentera pas de signes ni de symptômes.
Le rythme auquel le nombre de CD4 diminue est principalement influencé par la charge
virale initiale = la charge virale corporelle totale établie dès les premières phases de
l’infection après le déclin de la charge virale résultant de la réponse immunitaire. Une
charge virale basse <1000 copies/ml) permet de prédire une évolution favorable. Ce
type de patient peut devenir un ‘Long term non-progressor’, généralement défini comme
un patient dont le compte CD4 se maintient au-dessus de 200 pendant 10 à 20 ans sans
aucun traitement. En moyenne, la charge virale initiale se situe aux environs de 30.000
à 80.000 copies/ml et les CD4 diminuent de 30 à 70 cellules/mm3 par an.
1.4.3 Signes et symptômes précoces du VIH (Catégorie clinique B du
CDC)
La personne infectée par le VIH peut paraître en bonne santé pendant des années avant
de présenter les premiers symptômes et signes mineurs. Elle peut présenter candidose,
lymphadénopathie, cancer du col, zona et/ou neuropathie périphérique. Une fois que la
personne infectée a développé une affection de catégorie B, elle restera dans la
catégorie B. Elle ne pourra être classée en catégorie C que si elle présente des
124
conditions de cette catégorie. Pourtant, elle ne pourra plus être reclassée dans la
catégorie A, même si elle est asymptomatique. Le compte CD4 s’est abaissé et se situe
entre 200 et 500.
1.4.4 SIDA (Catégorie clinique C du CDC)
La charge virale continue d’augmenter et les CD4 descendent à moins de 200. L’individu
répond alors à la définition du SIDA en présentant des complications et une immunodéficience significative. (CD4 <200). La personne infectée développe alors des
infections et cancers? qui menacent sa vie. Il est commun d’avoir des infections
opportunistes comme la pneumonie à pneumocystis carinii, la toxoplasmose, la
cryptosporidiose, etc. Il y a également une perte de poids importante. En l’absence de
traitement, la durée médiane de survie après une chute des CD4 à moins de 200, est de
3.7 ans. La médiane des CD4 au moment de la survenue de la première maladie
définissant le SIDA est de 60 à 70. La survie médiane après cet épisode est de 1.3 ans.
Une fois que survient une affection de catégorie C, la personne demeure dans cette
catégorie même si le problème disparaît.
Tableau 1: Les diagnostics qui définissent le SIDA
Candidose œsophagienne
Cancer invasif du col utérin*
Cryptococcose extra-pulmonaire
Cryptosporidiose avec diarrhée > 1 mois
Cytomégalovirus (CMV): au niveau de tout organe autre que la rate, le foie et les
ganglions lymphatiques
Herpes simplex avec ulcérations muco-cutanées > 1 mois ou avec bronchite,
pneumonie, oesophagite
Histoplasmose extra-pulmonaire*
Démence liée au VIH
Syndrome Cachectique dû au VIH avec perte de poids involontaire > 10% du poids du
corps + diarrhée chronique (>1 mois) ou fièvre chronique
Isosporose avec diarrhée > 1 mois
Sarcome de Kaposi chez les < 60 ans ou > 60 ans*
Lymphome cérébral chez les < 60 ans ou les > 60 ans*
Lymphome non-Hodgkinien
M. avium ou M. kansasii disséminés
M. tuberculosis disséminé* ou pulmonaire*
Nocardiose*
Pneumonie à P. carinii*
Pneumonie récurrente*
Encéphalopathie multifocale progressive
Septicémie à Salmonella*
Strongyloidose extra-intestinale
Toxoplasmose d’un organe interne*
* requiert un test sérologique positif pour le VIH
124
1.4.5 SIDA avancé (Catégorie clinique C du CDC)
Il n’y a pas de définition officielle pour le SIDA avancé. Cependant les médecins
expérimentés en matière de prise en charge du VIH/SIDA considèrent le SIDA comme
avancé quand un individu VIH positif continue à présenter de nouvelles infections
opportunistes telles que l’infection par le cytomégalovirus, le Mycobacterium avium
complex (MAC), la méningite à cryptocoques, la leuco-encéphalopathie multifocale
progressive et d’autres infections qui surviennent communément sur fond de dépression
immunitaire sévère. La charge virale est très élevée et le nombre de CD4 est inférieur à
50 cellules/mm3. Le décès est imminent.
La charge virale et le nombre absolu des CD4 sont des indicateurs clés en termes de
prédiction sur l’évolution de la maladie. En plus, un antécédent d’infection opportuniste
qui aurait pu être évitée est un facteur de risque indépendant pour la mortalité
chronique.
Figure 1: Cours naturel de l’infection au VIH
Cours naturel de l’infection au VIH et complications communes
1000
CV
900
CD4+ cellules T
Compte CD4+
800
700
600
500
400
300
200
100
0
0 1 2 3 4 5
Mois
Syndrôme
de
séro-conversion
aiguë
Test VIH peut
être négatif
Période de
latence
Asymptomatique
Test VIH positif
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
Anné
Années apré
aprés Infection par HIV
Maladie
liée au VIH
précoce
Test
VIH
positif
Maladies qui définissent
le SIDA
CD4 bas et charge virale
élevée (le test
sérologique peut devenir
négatif = rare)
124
1.5
Diagnostic laboratoire de l’infection au VIH
L’établissement du diagnostic est une composante essentielle des soins pour VIH/SIDA.
Il doit être précédé d’un counseling approprié et il est très important que les résultats
des tests soient bien gérés. Chez les enfants, il est particulièrement compliqué de
diagnostiquer l’infection à VIH. Il est important de comprendre la signification d’un test
positif ou négatif afin de pouvoir fournir des informations adéquates à nos patients.
Un diagnostic de VIH doit être basé sur un test VIH positif.
1.5.1 Diagnostic chez les adultes
Auparavant, des définitions de cas ont été développées pour la surveillance
épidémiologique du SIDA dans les pays à faible capacité de diagnostic clinique et
paraclinique. Ces définitions prenaient en compte le fait que dans certaines situations
les tests de dépistage du VIH n’étaient pas disponibles. Avec l’introduction de tests
simples et rapides, il est devenu possible, au moins chez les adultes, de se baser sur un
test VIH positif pour poser un diagnostic de SIDA.
Le diagnostic de SIDA doit reposer sur la combinaison d’un test VIH positif et de certains
signes ou autres diagnostics cliniques. Les tests aux anticorps anti-VIH ne deviennent
positifs que 3 à 12 semaines après l’infection.
Le nombre de tests à effectuer varie en fonction des objectifs du dépistage:
- Dépistage sur les dons de sang;
- Surveillance de la prévalence du VIH ou des tendances dans le temps pour une
population donnée;
- Diagnostic de l’infection chez les individus.
Pour les besoins de ce document, nous nous focaliserons sur un système de dépistage
orienté vers le diagnostic de l’infection chez les individus. Les normes d’aujourd’hui
exigent que les tests VIH aient une sensibilité > 99% et une spécificité > 98%.
Le test ELISA présente à la fois une spécificité et une sensibilité élevées. Toutefois il
nécessite un personnel qualifié et du courant électrique stable. L’entretien régulier de
l’équipement Elisa est essentiel à l’obtention de résultats fiables. Actuellement la
procédure de recherche de cas comprend dans un premier temps un screening par test
simple/rapide qui est confirmé ensuite par un second test rapide.
C’est seulement en cas de résultats discordants entre les deux tests rapides que
l’échantillon sera envoyé pour confirmation dans un laboratoire adéquatement équipé.
Le diagnostic de certitude pour le VIH n’est autre que l’isolement du virus à partir d’un
liquide corporel ou d’un tissu (ceci n’est pas disponible dans la plupart des milieux à
ressources limitées). D’autres tests généralement non disponibles sont le Western Blot
(immunoblot assay) et la PCR virale.
1.5.2 Diagnostic chez les enfants
Le diagnostic de certitude du VIH est la détection des anticorps anti-VIH (test
sérologique).
Pour les enfants de moins de 18 mois, il est impossible d’utiliser un test sérologique en
raison de la persistance possible d’anticorps maternels jusqu’à 18 mois. Les anticorps
de la mère disparaissent progressivement et ne sont généralement plus mesurables à
partir de 7 à 10 mois. Les tests sérologiques peuvent donc être positifs que l’enfant soit
infecté ou non. La méthode diagnostique indiquée pour le diagnostic du VIH dépend de
l’âge.
124
Enfants < 18 mois:
Ici le diagnostic est possible par la détection directe du virus par PCR, ADN et culture du
VIH. La PCR HIV DNA est la méthode préférée; la culture du VIH est acceptable mais
techniquement exigeante et prend beaucoup de temps. La détection de l’Agp24 (heat
denaturated, Schüpbach) est un test sensible fiable. Un enfant est considéré séropositif
si des résultats positifs sont obtenus à partir de 2 prélèvements différents (dont l’un
effectué à l’âge de 4 mois minimum).
Cependant l’enfant peut aussi être infecté après le test diagnostic à cause de
l’allaitement maternel.
Enfants > 18 mois:
A cet âge, les mêmes stratégies de dépistage que chez les adultes peuvent être
utilisées. Un enfant est considéré VIH positif si deux tests simples/rapides différents sont
positifs.
1.6
Le système de classification par stades cliniques de
l’OMS
Le système de classification par stades cliniques de l’OMSb nous fournit un indicateur de
pronostic et a des conséquences thérapeutiques. Une échelle de performance a
également été incorporée au système.
1.6.1 Adultes
Stade clinique 1
1. Infection asymptomatique
2. Lymphadénopathie persistante généralisée (LPG)
Stade clinique 2
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
Perte de poids inexpliquée, <10% du poids corporel présumé
Eruption papulaire prurigineuse (PPE = papular pruritic éruption)
Dermatite séborrhéique
Perlèche (angular cheilitis)
Ulcérations orales récurrentes (2 épisodes ou plus en 6 mois)
Zona (2 épisodes ou plus en 6 mois)
Infections récurrentes des voies respiratoires supérieures (au moins 2 épisodes de
sinusite, bronchite, otite moyenne, trachéite, pharyngite, en 6 mois)
10. Infections fongiques des ongles (onychomycose)
Stade clinique 3
11. Perte de poids inexpliquée, >10% du poids corporel présumé
12. Diarrhée chronique inexpliquée, >1 mois
13. Fièvre prolongée inexpliquée (intermittente ou continue >1 mois)
b
La nouvelle classification OMS comme proposé en Octobre 2004, par un groupe de travail
124
14. Candidose orale
15. Leucoplasie orale chevelue
16. Tuberculose pulmonaire (y compris atteintes pleurales)
17. Tuberculose ganglionnaire (axillaire, inguinale ou cervicale)
18. Infections présumées bactériennes sévères (p.e. pneumonie, pyomyosite, empyème,
infections des os et articulations, méningite, bactériémie)
19. Stomatite ulcérative nécrosante aiguë, gingivite ou périodontite
Stade clinique 4
20. Syndrôme cachectique du VIHc
21. Pneumonie à Pneumocystis carinii
22. Pneumonie bactérienne récurrente sévère (2 épisodes ou plus au cours d’une
année)
23. Infection herpétique chronique oro-labiale, génitale ou ano-rectale pendant plus d’un
mois
24. Candidose œsophagienne
25. Tuberculose extra-pulmonaire (TB ganglionnaire exclue)
26. Sarcome de Kaposi
27. Rétinite à cytomégalovirus
28. Toxoplasmose du SNC
29. Méningite cryptococcique
Affections pour lesquelles un diagnostic de confirmation est recommandé
30. Encéphalopathie à VIHd
31. Leuco-encéphalopathie multifocale progressive (LEMP)
32. Candidose de la trachée, des bronches et des poumons
33. Cryptosporidiose, isosporose avec diarrhée, >1 mois
34. Cytomégalovirose affectant un organe autre que le foie, la rate ou les ganglions
lymphatiques
35. Toute mycose endémique disséminée (p.e. histoplasmose, coccidioido-mycose,
cryptococcose, pénicillinose)
36. Mycobactériose atypique disséminée
37. Septicémie récurrente à Salmonelles non typhiques
38. Lymphome (cérébral ou à cellules B non-Hodgkinien)
39. Cancer invasif du col de l’utérus
40. Leishmaniose viscérale
41. Réactivation de trypanosomiase américaine
Une version avancée plus raffinée du système classification de l’OMS comporte un volet
laboratoire. Dans ce volet chaque catégorie est subdivisée en 3 sections (A, B, C) en
fonction du nombre de cellules CD4. Si le comptage des CD4 n’est pas disponible, le
compte des lymphocytes totaux (CLT) peut être utilisé comme marqueur alternatif.
c
Perte de > 10% du poids corporel plus diarrhée chronique inexpliquée (> 1 mois) ou faiblesse
chronique et fièvre prolongée inexpliquée (> 1 mois).
d
Encéphalopathie au VIH: cliniques détérioration cognitive ou troubles moteurs interférant avec
la vie de tous les jours et évoluant sur des semaines ou des mois en l’absence de maladies
concourantes ou d’affection autre que l’infection au VIH pouvant expliquer les découvertes.
124
Le remplacement du compte CD4 par celui des lymphocytes totaux n’a été évalué
que chez les adultes! Pour les enfants jusqu’à l’âge de 6 ans, l’unique test
immunologique validé est le % des CD4.
Axe paraclinique
Lymphocytes
CD4
A
B
C
>2000
10002000
<1000
Axe clinique
Stade 1
Stade 2
Asympt.
VIH
LPG
précoce
>500
1A
2A
200-500 1B
2B
Stade 3
Intermédiaire
(ARC)
3A
3B
Stade 4
SIDA avancé
<200
3C
4C
1C
2C
4A
4B
La zone grise représente le stade SIDA.
1.6.2 Enfants
Stade clinique 1
1. Asymptomatique
2. Lymphadénopathie généralisée
3. Hépatosplénomégalie
Stade clinique 2
4.
5.
6.
7.
8.
9.
Eruption papulaire prurigineuse
Dermatite séborrhéique
Infection fongique des ongles (onychomycose)
Perlèche
Erythème gingival linéaire (EGL)
Infections étendues à Papilloma virus ou à Molluscum contagiosum (> 5% de la
surface corporelle)
10. Ulcérations orales récurrentes (2 épisodes ou plus en 6 mois)
11. Augmentation de volume des parotides
12. Zona (2 épisodes ou plus en 6 mois)
13. Infections récurrentes ou chroniques des voies respiratoires supérieures (otite
moyenne, sinusite, 2 épisodes ou plus en 6 mois
Stade clinique 3
Affections pour lesquelles un diagnostic présomptif est accepté
14. Faibles rapports poids/âge, taille/âge, poids/taille inexpliqués
15. Diarrhée persistante inexpliquée (> 14 jours)
16. Fièvre persistante inexpliquée (intermittente ou continue, pendant > 1 mois)
17. Candidose orale (en dehors de la période néonatale)
18. Leucoplasie orale chevelue
19. Tuberculose pulmonaire
20. Tuberculose ganglionnaire
124
21. Pneumonie présumée bactérienne sévère récurrente (2 épisodes ou plus en 6 mois)
22. Gingivite/périodontite ulcérative nécrosante aiguë
Affections pour lesquelles on recommande une confirmation du diagnostic
23. PIL (Pneumonie Interstitielle Lymphoïde)
24. Anémie (< 8 g/dl), neutropénie (< 1000/mm3) ou thrombocytopénie (< 30,000/mm3)
inexpliquée pendant plus d’un mois
25. Cardiomyopathie liée au VIH
26. Néphropathie liée au VIH
Stade clinique 4
Affections pour lesquelles un diagnostic présomptif est accepté
27. Syndrome cachectique ou malnutrition sévère inexpliqués
28. Pneumonie à Pneumocystis carinii
29. Infections présumées bactériennes sévères (p.e. pneumonie, pyomyosite, empyème,
infections des os et articulations, méningite, bactériémie, 2 épisodes ou plus en une
année)
30. Infections herpétiques oro-labiales ou cutanées > 1 mois
31. Tuberculose extra-pulmonaire
32. Sarcome de Kaposi
33. Candidose œsophagienne
34. Rétinite à CMV
35. Toxoplasmose du SNC
36. Méningite cryptococcique
Affections pour lesquelles on recommande une confirmation du diagnostic
37. Toute mycose endémique disséminée (cryptococcose extra-pulmonaire,
histoplasmose, pénicilliniose, coccidiomycose)
38. Cryptosporidiose ou isosporose (avec diarrhée > 1 mois)
39. Infection à cytomégalovirus d’un organe autre que foie, rate ou ganglions
lymphatiques (débutant à plus d’un an d’âge)
40. Mycobactériose atypique disséminée
41. Candidose de la trachée, des bronches et des poumons
42. Septicémie à salmonelles non typhiques
43. Lymphome cérébral ou non-Hodgkinien à cellules B
44. Leuco-encéphalopathie multifocale progressive (LEMP)
45. Encéphalopathie au VIH
124
1.7
Définitions de cas de l’OMS pour la surveillance du SIDA
dans les pays à faibles capacités diagnostiques cliniques
et laboratoires
1.7.1 Adultes et adolescents
La définition de SIDA est correcte si un test de dépistage du VIH est positif et une ou
plusieurs des affections suivantes sont relevées:
-
Perte de poids >10 % de la masse corporelle, ou cachexie avec diarrhée ou
fièvre ou les deux pendant un mois au moins et non due à une affection autre
que l’infection au VIH.
Méningite cryptococcique
Tuberculose (pulmonaire ou extra-pulmonaire)
Sarcome de Kaposi
Encéphalopathie du VIH: troubles neurologiques qui empêchent les activités
quotidiennes indépendantes, non dus à une affection non reliée au VIH
Candidose œsophagienne
épisodes récurrents de pneumonie mettant en péril la vie du patient, pneumonie
potentiellement mortelle ou épisodes récurrents
Cancer invasif (cervical) du (col utérin)
1.7.2 Enfants nés de mères VIH-positives
Le diagnostic de SIDA chez les enfants varie en fonction de l’âge.
Enfants ≥ 18 mois:
anticorps anti VIH positifs et Maladie du stade 3 (indépendamment du % des CD4)
ou
anticorps anti VIH positifs et Maladie de stade 1 ou 2 et % de CD4 < 15%
Enfants < 18 mois:
Quelle que soit l’infection toute infection opportuniste définissant le stade SIDA
(indépendamment du % des CD4)
ou
Toute autre maladie de stade 3 et % de CD4 < 20%
ou
une maladie de stade 1 ou 2 et % de CD4 < 20% et une PCR positive
124
2
Suivi des patients après le diagnostic de VIH
Il est important que les patients bénéficient d’un suivi médical après le diagnostic de
VIH. Ils ont besoin d’être rassurés et de recevoir des informations correctes sur le VIH,
le pronostic et les interventions éventuelles qui peuvent leur être offertes. Le stade
évolutif de la maladie ainsi que le compte des CD4 détermineront le besoin de
prophylaxie et/ou d’antirétroviraux.
Le suivi médical régulier de patients asymptomatiques fournira au travailleur de santé
l’occasion d’aborder diverses questions telles que la prévention de la transmission, le
maintien d’un bon statut nutritionnel, les moyens de prévenir les problèmes liés aux
soins et les infections opportunistes.
2.1
Anamnèse et examen physique
En tant que médecin, vous devez vous informer sur:
-
-
-
Diagnostic de VIH: où et quand l’infection par le VIH a-t-elle été diagnostiquée?
Y avait-il des tests négatifs auparavant? Cela peut vous donner une idée de la
durée de l’infection, du mode de transmission probable ou de comportement à
risque.
Soins antérieurs pour VIH y compris compte CD4 et utilisation d’antirétroviraux
Antécédents médicaux et symptômes actuels (Voir Tableau 3 Signes et
symptômes suggérant l’infection à VIH chez l’enfant)
Médicaments (ou traitement en cours)
Situation sociale et financière
Faites un examen clinique complet en recherchant des signes évocateurs de VIH (Voir
Tableau 3, page 24).
Déterminez le stade clinique de l’infection au VIH (Voir page 17).
Demandez des tests de laboratoire complémentaires ainsi qu’une radiographie du
thorax (comme examens de base et pour exclure une tuberculose active; voir Tableau 2,
page 23).
124
Tableau 2: Examens de laboratoire de base et radiographie du thorax
Examen
Hémogramme complet
CD4 ou Lymphocytes
Totaux
VS
VDRL/TPHA
Sérologie Hépatite B
Sérologie Hépatite C
Sérologie pour
toxoplasmose
radio du thorax
Raison
Pour détecter anémie ou thrombocytopénie
Pour évaluer le stade d’évolution et le besoin d’ARV; A
répéter tous les 3-6 mois
Généralement élevée chez les patients VIH, mais suspecter
TB quand > 100
Rechercher autres IST; si VDRL (+) confirmez avec TPHA.
Traitez si (+)
L’hépatite B active chronique peut causer des problèmes
au cours du traitement ARV; si négatif, considérez la
vaccination
L’hépatite C chronique peut causer des problèmes au cours
du traitement s ARV; la progression de l’hépatite C est
accélérée par le VIH
Identifie les patients à risque pour encéphalite ou abcès à
toxoplasma
Utile à la première consultation car il servira de
comparaison pour les clichés ultérieurs quand apparaîtront
les problèmes pulmonaires. Il permet parfois une détection
précoce de la TB. Quand la prophylaxie à l’INH est
disponible et avant de la débuter, la radiographie est
recommandée pour éliminer une TB
Fournissez de l’éducation sur le VIH (Voir Tableau 4, page 25).
Evaluez la compréhension: le patient aurait dû déjà recevoir le counseling post-test,
mais vous devez vous assurer qu’il a bien compris les messages (Voir Education
Sanitaire, page 25). Faites du counseling de support/appui: le patient aura beaucoup de
questions et sera anxieux. Un support psychologique est nécessaire. En fonction du
stade évolutif de la maladie, l’équipe médicale en collaboration avec d’autres institutions
devra se pencher sur les problèmes sociaux et financiers. Il est important d’offrir la
possibilité aux personnes vivant avec le VIH/SIDA de faire partie de groupes de support
du VIH/SIDA.
124
Tableau 3: Signes et symptômes suggérant l’infection à VIH chez l’enfant
Stades de l’infection VIH
demandez… (anamnèse)
Recherchez…(Examen
clinique)
Pas de symptômes
Pas de symptômes
Rien
Rien
Symptômes modérés
Perte de poids modérée (< 5 kg)
Perte de poids
Perte de poids
Maladies de la peau, de la bouche
Problèmes de la peau, de la
Problèmes de la peau, de
et des ongles*
bouche et des ongles
la bouche et des ongles
Zona
Eruptions vésiculaires
Zona
douloureuses unilatérales
Infections des voies respiratoires
Grippe rhume, pharyngite,
supérieures répétées
sinusite
Symptômes graves
Perte de poids importante (plus de 5 Perte de poids
Perte de poids
kg)
Diarrhée de plus d’un mois
Diarrhée
Fièvre de plus d’un mois
Fièvre et/ou sueurs
Fièvre
Excoriations, mauvais goût,
Plaques blanchâtres dans
Muguet†
tâches blanches dans la
la bouche
bouche
Leucorrhée chronique
Démangeaisons vaginales
Sécrétions vaginales
chroniques, pertes blanches
blanchâtres
Tuberculose pulmonaire
Toux chronique, perte de
Perte de poids, signes de
poids, fièvre, sueurs
pneumonie
Pneumonie
Toux aiguë, fièvre, dyspnée
Signes de pneumonie
Symptômes très graves‡
Perte de poids importante plus
Perte de poids, diarrhée,
Perte de poids et fièvre
diarrhée ou fièvre de plus d’un mois fièvre, sueurs
Candidose de l’œsophage
Douleur à la déglutition
Dyspnée à court d’haleine et
Dyspnée et fièvre
Pneumonie à Pneumocystis carinii
(PCP)
fièvre s’aggravant sur des
semaines
Tuberculose extra-pulmonaire
Douleurs abdominales,
Défense abdominale,
adénopathies, perte de poids adénopathies ggl
lymphatiques gonflés
Méningite cryptococcique
Céphalée, fièvre
Fièvre
Toxoplasmose
Faiblesse localisée,
Altération de conscience,
céphalées, convulsions,
signes neurologiques
fièvre
focaux, fièvre
Encéphalopathie à VIH§
Détérioration des fonctions
Fonctions mentales
mentales
diminuées
Rétinite à CMV
“Corps flottants”
Vision diminuée
Baisse de l’acuité visuelle
Lésions rétiniennes
Ulcérations génitales chroniques
Ulcère génital
ulcère génital
herpétiques
* Dermatite séborrhéique, prurigo (PPE), infections fongiques des ongles, ulcérations orales récurrentes, perlèches
† Également leucoplasie orale chevelue.
‡ Autres maladies non mentionnées comprenant la pénicilliose, les mycobactéries atypiques, la septicémie à
salmonellose non typhique, les lymphomes et le sarcome de Kaposi.
§ Également leuco-encéphalopathie multifocale progressive
124
Tableau 4: Notions de base sur le VIH
Le VIH est un virus qui diminue la capacité du corps à se défendre contre les autres
maladies.
Le SIDA est un syndrome qui survient quand les défenses du corps ont été affaiblies
par le VIH.
Le VIH peut être propagé au cours des contacts sexuels par l’intermédiaire du sang, du
sperme ou de sécrétions vaginales.
Le VIH peut également être transmis par transfusion sanguine, par réutilisation des
aiguilles et de la mère à l’enfant pendant la grossesse, le travail ou l’allaitement au
sein.
Le VIH ne peut être transmis par contact social normal, baiser sur la joue, partage de
nourriture ou insectes.
Une personne peut être infectée par le VIH et se porter bien pendant plusieurs années.
Le traitement peut contrôler l’infection au VIH, mais ne peut pas le guérir.
2.2
Education Sanitaire
2.2.1 Informations sur la transmission du VIH
Comment éviter de transmettre le VIH aux autres?
2.2.1.1
Informez sur les modes de transmission du VIH et les comportements à risque. Discutez
de points tels que les rapports sexuels protégés (utilisation du condom) et la prévention
de la transmission.
Rassurez le patient, il ne constitue pas de risque pour les autres membres de sa famille
lors de la vie journalière.
Les liquides corporels pouvant transmettre le VIH à travers une peau avec des lésions
abrasives, sont le sperme, les sécrétions vaginales et le sang. D’autres fluides à risque
sont les liquides péritonéal, pleural, péricardique, amniotique, céphalo-rachidien et
synovial. Toutefois, le contact avec ces derniers fluides est peu probable au niveau de
l’environnement des ménages.
L’urine, les selles, la salive, les larmes, les vomissures et les sécrétions nasales ne
transmettent pas le VIH à moins qu’elles ne soient contaminées par du sang.
On recommande aux soignants de se protéger les mains, lors de la manipulation des
liquides corporels (y compris les draps et vêtements souillés, ou pendant le nettoyage
de vomissures) ou lors de contact avec des plaies ouvertes. Si des gants ne sont pas
disponibles, des sachets en plastique peuvent être utilisés.
124
Prévention de la transmission verticale
2.2.1.2
L’usage de méthode contraceptive par les femmes si une grossesse est désirée, il faut
discuter des risques pour la progéniture (30%) et des possibles interventions pour
réduire ce risque (selon le contexte).
Prévention de la transmission par exposition au sang
2.2.1.3
Les aiguilles, lames de rasoir et préservatifs usagés doivent être jetés de telle façon que
leur réutilisation soit impossible. Il ne faut pas partager de seringues ou de matériel de
tatouage
Pour l’exposition au sang acquise professionnellement, référez vous à la section PEP
dans le guide des ARV.
2.2.1.4
Transfusion sanguine
Les patients VIH doivent savoir qu’ils ne peuvent pas donner de sang.
2.2.2
Hygiène
Une bonne hygiène est nécessaire à tout le monde, pas seulement aux patients VIH. Il
faut insister sur l’importance d’une bonne hygiène personnelle
2.2.2.1
Environnement
Les plaies et lésions cutanées doivent être gardées propres et sèches. Le contact avec
des personnes contagieuses ou des lieux comme les hôpitaux doit être évité quand c’est
possible et en prenant garde à ne pas augmenter la stigmatisation.
Certaines professions comportent certains risques d’infection opportuniste. Le problème
des travailleurs de santé VIH-positifs est d’une pertinence toute particulière dans les
hôpitaux, car ils sont à risque pour l’exposition à des infections telles que la TB, les
entéro-pathogènes etc. Il est donc recommandé d’offrir la prophylaxie à l’INH et au
cotrimoxazole aux travailleurs de la santé quand c’est possible.
Eviter les baignades dans les lacs et rivières.
Le lavage des mains est la méthode la plus efficace pour prévenir la transmission des
infections. le nettoyage des draps et des vêtements souillés doit se faire à l’eau chaude.
Le linge souillé de sang ou de liquides corporels doit être lavé avec une solution d’eau
de javel (une part d’eau de javel (70%) pour dix parts d’eau).
2.2.2.2
Animaux
Les animaux constituent des réservoirs pour Salmonella, Cryptosporidium, et
Campylobacter. Evitez tout contact avec des excréments d’animaux; utilisez des gants
pour nettoyer l’entourage de la maison si nécessaire.
124
Conseils nutritionnels
2.2.2.3
L’eau à consommer doit être bouillie sinon il est préférable d’utiliser de l’eau en bouteille.
Une nutrition adéquate suppose une alimentation équilibrée (céréales, fruits, légumes,
huile, viande/poisson), préparés de manière hygiénique). Evitez les aliments crus le plus
que possible. La viande et les œufs doivent être bien cuits. Les fruits et légumes doivent
être lavés à l’eau propre. Les légumes doivent être cuits avant la consommation. Quand
on réchauffe la nourriture déjà cuite, il faut s’assurer d’obtenir une température très
élevée durant tout le processus. Ne réchauffez pas plus d’une fois.
Conseils médicaux
2.2.2.4
Expliquez aux patients qu’ils doivent consulter un médecin ou travailleur de santé dès
qu’apparaissent des signes d’infection.
2.2.3
Exercices physiques réguliers
Ils favorisent la digestion et l’appétit, aident à maintenir une bonne condition physique et
améliorent le bien-être émotionnel.
2.2.4
Repos adéquat
2.2.5
Bien-être émotionnel
Le prestataire de soins médicaux doit tenir compte du bien-être émotionnel du patient.
Les personnes tristes ou déprimées ne se soucieront pas de leur bien-être physique.
Il est nécessaire de posséder des aptitudes en matière de communication;
malheureusement ceci est souvent négligé par manque de temps. C’est une erreur car
les patients qui ne se sentent pas compris, resteront à l’écart même quand ils souffrent
de problèmes médicaux. Il est donc difficile d’imaginer les soins du SIDA sans une
équipe pluridisciplinaire qui appuie le prestataire de soins médicaux.
Il est essentiel:
- d’écouter attentivement les patients.
- d’essayer de comprendre leurs sentiments.
- de poser des questions de manière empathique.
- de respecter leurs sentiments.
- de leur prodiguer des encouragements quand ils expriment leurs sentiments.
- de fournir des soins qui aident au maintien de l’amour-propre et de la confiance
en soi.
- de fournir des informations correctes sans donner de faux espoirs.
- d’aider la famille à faire face aux émotions (les leurs et celles du patient).
Les patients devraient poursuivre leur travail journalier et continuer à prendre part aux
activités religieuses et communautaires.
Les familles doivent être encouragées à prendre une part active dans les soins du
patient. Certaines pratiques traditionnelles ou rituels religieux peuvent être utiles. Des
guérisseurs traditionnels ou des prêtres peuvent jouer un rôle d’accompagnement de la
famille lors de toutes les étapes du processus de choc, déni, colère, peur, tristesse,
espoir et acceptation.
124
Il faut les encourager à penser à la mort et à exprimer leurs sentiments.
En confrontant leurs problèmes de santé les patients doivent autant que possible
participer à la prise de décision. Cela leur permettra de mieux comprendre les
problèmes médicaux et de renforcer leur estime de soi.
124
3 SOINS ET PRISE EN CHARGE CLINIQUE DU VIH/SIDA
3.1
Principes généraux des soins du SIDA
3.1.1 Soins Globaux ou Continuité des Soins
Le SIDA, à l’instar d’autres pathologies telles que le cancer, la tuberculose,
l’hypertension artérielle et la décompensation cardiaque, est une maladie au long cours
nécessitant un plan de prise en charge à long terme pour répondre aux besoins
cliniques, émotionnels et sociaux des patients. La plupart des personnes atteintes de
maladies chroniques vivent à domicile entourées de leurs familles. La consultation à une
clinique, au centre de santé ou à l’hôpital peut conduire à l’admission en vue de
stabilisation ou de soins intensifs quand c’est indiqué. Cependant, aussitôt que l’état se
stabilise et en fonction du jugement du médecin et de l’équipe de soins, le patient est
renvoyé à la maison où la famille poursuit les soins infirmiers et où des soins palliatifs et
de support peuvent être fournis par des personnes de la communauté (community
based home care person). Il existe divers types d’arrangements en matière de soins à
domicile, mais il faut reconnaître que les familles y jouent le rôle principal quel qu'en soit
le type.
Le plan de sortie du patient préparé par l’hôpital, doit clairement définir les
responsabilités de toutes les parties impliquées dans le suivi de prise en charge du
patient. Une approche globale des soins à long terme donne de meilleurs résultats. Elle
implique généralement beaucoup de partenaires dont les interventions résultent en un
ensemble de soins globaux et de support social, à travers une continuité qui s’étend de
l’hôpital à la communauté et au domicile du patient. Les soins du SIDA devraient suivre
ce schéma pour être plus efficaces et résulter en une meilleure qualité de vie des
personnes affectées (Voir Figure 2, page 30).
Les prestataires de service de quelque secteur que ce soit, doivent être reliés dans le la
planification de la sortie du patient et dans les réseaux de références afin que n’importe
lequel d’entre eux puisse servir de porte d’entrée dans le schéma de la continuité des
soins du patient. Les besoins des personnes souffrant de SIDA sont multiples et ne se
limitent pas uniquement aux médicaments. Très souvent les personnes souffrant de
maladies chroniques incurables expriment des besoins relatifs à l’alimentation, au
logement, à l’emploi, aux finances, à l’estime de soi, aux moyens d’éviter stigmatisation
et discrimination, ainsi qu’aux rapports familiaux et sociaux. L’hospitalisation de patients
VIH doit donc être considérée comme étant seulement une partie du vaste ensemble de
soins et d’activités de support nécessaires à la prise en charge du patient.
124
Figure 2: Continuité globale ou modèle de soins
Soins médicaux
• Informations sur le traitement
• Traitement symptomatique
• Prophylaxie des OI
• Traitement des OI
• Antirétroviraux
Soins infirmiers
• Éducation sanitaire
• Amélioration des conditions
d’hygiène
• Conseils sur les soins
• Conseils nutritionnelles
*Personnes Vivant avec le VIH
Support psychologique
• Counseling
• Support par les PVVIH*
• Support spirituel
Personnes
affectées par
le VIH/SIDA et
leurs familles
Support légal
• Protection contre violence,
discrimination
• Conseils juridiques
• Sensibilisation communautaire
Support socio-économique
• Planification de budget
• Support financier
• Support nutritionnel
• Support aux orphelins
3.1.2 Soins aux femmes enceintes VIH-positives
Dès que le diagnostic d’infection au VIH est posé chez une femme enceinte, cette
dernière doit être référée à un conseiller ou un travailleur social qualifié pour des soins
et des conseils. Le conseiller devrait inviter la femme enceinte à amener son partenaire
afin de partager les informations y compris les messages sur la façon de réduire les
risques de transmission au nouveau-né.
Les femmes enceintes peuvent apprendre le diagnostic de VIH tôt dans la grossesse,
certaines, peuvent l’avoir su bien avant. Il y en a qui auront besoin de traitement
antirétroviral hautement actif (HAART) alors que d’autres qui ne nécessitent pas encore
de traitement nécessiteront des informations sur comment réduire la transmission du
VIH au nouveau-né.
Une bonne coordination entre les gynécologues et sages-femmes s’occupant des soins
prénataux, et les médecins et autres travailleurs de santé s’occupant des soins du SIDA,
est essentielle.
124
3.1.3 Soins aux patients tuberculeux
50% des patients VIH développeront une tuberculose active. La tuberculose peut
survenir à un stade précoce de la maladie quand l’immunité est encore préservée. Les
patients souffrant de co-infection TB/VIH présentant une tuberculose active peuvent
bénéficier de la prophylaxie au cotrimoxazole. Il est important de fournir un service VCT
aux patients tuberculeux afin de leur prodiguer les soins adéquats pour le VIH. Cela peut
entraîner une augmentation de l’utilisation des services de VTC et contribuer à la
prévention du VIH.
D’autre part, les patients diagnostiqués au VCT peuvent présenter une tuberculose non
diagnostiquée. Il est important qu’ils soient examinés par un médecin et qu’en cas de
symptômes, un examen des crachats, un cliché du thorax ou une échographie
abdominale soient effectués en vue de diagnostiquer et traiter la tuberculose. Les
patients asymptomatiques peuvent être mis sous prophylaxie à l’INH (voir le chapitre de
prévention des IO). Cela devrait diminuer le nombre de nouveaux cas de tuberculose
active. Ici encore, un lien opérationnel entre les services de TB et de VIH est essentiel
pour les soins des patients VIH (voir Figure 3, page 32).
124
Figure 3: Liens opérationnels entre services VCT et services TB (PROTEST initiative)
Potentiel de la synergie
soins/prévention en cas de
VIH/TB
Diagnostic de TB
↑ Utilisation
VCT
VCT
Dépistage d’une TB
active
Prophylaxie au
cotrimoxazole
Trait. des IST
O Diagnostic TB
Trait.
N Trait. TB préventif
↓ Infections liées
au VIH
Condoms
Un point d’entrée
donnant accès à
un ensemble
d’interventions
dans le cadre des
soins et de la
prévention
VIH/TB
Comportement
sexuel
responsable
↓ VIH
↓ TB
HAART
PTME
↓ TB
Toxico IV prudent
ARV
Support psychosocial
124
3.2
Prévention des infections opportunistes
3.2.1 Prévention des infections bactériennes, de la PCP et de la
toxoplasmose par le cotrimoxazole
3.2.1.1 Eléments de base sur la prophylaxie au cotrimoxazole
Le cotrimoxazole est une combinaison de deux antibiotiques, le triméthoprime et le
sulphaméthoxazole, qui a été largement utilisée dans le monde pendant plus de deux
décennies. Il est présenté sous forme de tablettes à concentration “simple” ou “double”,
de 80 mg et 400 mg ou de 160 mg et 800 mg de triméthoprime et de sulphaméthoxazole
respectivement. Il existe de nombreuses indications pour son utilisation, particulièrement
le traitement d’infections courantes comme les infections des voies urinaire, des voies
respiratoires supérieures ou inférieures, des entérites ou de la dysenterie. Il est
également utile à la prévention et au traitement des infections chez les individus
immuno-déprimés, particulièrement la pneumonie à Pneumocystis carinii et l’encéphalite
à Toxoplasma gondii. L’utilisation du cotrimoxazole et ses taux de résistance sont
largement variables à travers le monde.
Chez les personnes vivant avec le VIH/SIDA, le cotrimoxazole est potentiellement utile à
la prévention et au traitement d’une grande variété d’infections dont la pneumonie à
Pneumocystis carinii et la toxoplasmose mais également les causes les plus importantes
d’infections bactériennes graves comme le Streptococcus pneumoniae, Salmonella,
Shigella, Eschericia coli, Staphylococcus aureus et lHaemophilus influenzae. Le
cotrimoxazole est également actif contre le Plasmodium (malaria), Isospora belli (cause
de diarrhée) et Nocardia astéroïdes (infections respiratoires et généralisées).
Les avantages de la prophylaxie au cotrimoxazole dans les pays à revenus élevés
ont été démontrés depuis la fin des années 1980, d’abord pour la prévention et le
traitement de la pneumonie à Pneumocystis carinii. Certaines études et méta-analyses
ont démontré que la prophylaxie réduit le risque de PCP et que le cotrimoxazole en est
l’agent prophylactique le plus efficace avec pratiquement aucun échec. Il diminue aussi
le risque de toxoplasmose.
Les bénéfices de la prophylaxie au cotrimoxazole dans les pays en
développement sont démontrés par une étude randomisée réalisée à Abidjan en Cote
d’Ivoire. Cette étude a comparé l’efficacité d’une dose journalière de cotrimoxazole “fort”
à celle d’un placebo chez des personnes vivant avec le VIH de stades cliniques OMS 2
et 3. On observa une réduction significative des événements graves comme le décès ou
l’hospitalisation, mais pas de réduction significative de la mortalité seule. Dans une
deuxième étude randomisée effectuée également à Abidjan, on investigua l’usage de la
prophylaxie au cotrimoxazole dans un sous-groupe de personnes vivant avec le VIH et
présentant une tuberculose pulmonaire BK positif. Cela démontra des bénéfices plus
importants avec une réduction significative des infections opportunistes et des
admissions à l’hôpital, ainsi qu’une réduction de 50% de la mortalité.
124
Risques de la prophylaxie au cotrimoxazole
Les effets secondaires de la prophylaxie au cotrimoxazole chez les personnes vivant
avec le VIH sont très communs et surviennent jusque dans 50 % des cas. L’éruption
cutanée est l’effet secondaire le plus fréquent, souvent modéré, mais peut être sévère
ou potentiellement mortel. D’autres effets secondaires majeurs sont l’hépatite, l’anémie
et la neutropénie.
Recommandations pour la prophylaxie au cotrimoxazole
3.2.1.2
Quand donner la prophylaxie au cotrimoxazole? Voir Tableau 5, page 34 et
Tableau 6, page 35.
La prophylaxie au cotrimoxazole doit être offerte comme partie intégrante des soins
globaux fournis aux personnes vivant avec le VIH. L’objectif premier de la prophylaxie,
est de prévenir d’importantes maladies bactériennes et la PCP, avec comme objectif
secondaire, la prévention de la toxoplasmose. La prophylaxie peut être initiée soit
comme prophylaxie primaire (pour les PVVIH qui n’ont jamais eu ces infections), soit
comme prophylaxie secondaire (pour les PVVIH qui ont déjà présenter une infection
de ce type afin d’éviter des rechutes) en utilisant les critères expliqués ci-dessous.
Tableau 5: Quand commencer et quand arrêter la prophylaxie au cotrimoxazole chez les
adultes ?
DOSE
A
D
U
L
T
E
S
‡
800 mg
SMX/160 TMP
(1 tablette forte)
une fois par jour
1DS‫ ٭‬OD
QUAND COMMENCER ?
QUAND ARRÊTER ?
PROPHYLAXIE PRIMAIRE
VIH symptomatique (stades Patient sous HAART pendant
au moins 6 mois avec une
cliniques 2, 3 ou 4 de
augmentation maintenue des
l’OMS)
ou
CD4 >200/mm³ †
CD4 < 200/mm³ ou
CLT < 1200/mm³
PROPHYLAXIE SECONDAIRE
Tous les patients après un
Patient sous HAART depuis
épisode de PCP, Isospora
au moins 6 mois avec
belli, toxoplasmose
succès thérapeutique
démontré par une
augmentation maintenue des
CD4 > 200/mm³
‫ ٭‬Tablette à dose “forte” contenant 800 mg de sulphaméthoxazole et 60 mg trimétroprime une fois par jour
† Si le compte des CD4 chute au-dessous de 200, on doit recommencer la prophylaxie au cotrimoxazole
jusqu’à ce que les CD4 se maintiennent au-dessus de 200 pendant 6 mois au moins. Si les antirétroviraux
sont arrêtés pendant plus de quelques semaines, il faut reprendre le cotrimoxazole.
‡ Pour les femmes enceintes, commencez seulement après le premier trimestre de la grossesse.
124
Tableau 6: Quand commencer et quand arrêter la prophylaxie au cotrimoxazole chez les
enfants ?
DOSE
E
N
F
A
N
T
S
< 5 kg
2.5 ml une fois par jour
‡
5 - 9 kg:
½ tab* ou 5 ml une
fois/jour
10 -14 kg:
1 tab ou 10 ml une
fois/jour
15 - 24 kg:
1 tab ou 15 ml une
fois/jour
>25 kg :
2 tab, 6 mg? une
fois/jour
QUAND DÉBUTER ? QUAND ARRÊTER ?
PROPHYLAXIE PRIMAIRE
Tous les enfants nés A 12 mois si le test VIH est
négatif ou si l’enfant est
de mères infectées
par le VIH à partir de asymptomatique
6 semaines de vie
A 18 mois si VIH négatif
Enfant VIH (+) et
A 18 mois chez enfant VIH
symptomatique
positif si CD4 > 15% et
asymptomatique
Enfant VIH (+),
asymptomatique,
Après le début du HAART et
mais CD4 < 15%
une augmentation soutenue
des CD4 > 15% pendant 6
mois†
PROPHYLAXIE SECONDAIRE
Même que ci-dessus
Tous les enfants ayant
été traités pour
pneumonie à
Pneumocystis carinii
Pas de données sur
l’innocuité de l’interruption
du cotrimoxazole en
prophylaxie secondaire chez
les enfants
Î Poursuivre à vie
* Tablette “simple” contenant 400 mg de sulphaméthoxazole et 80 mg de trimétroprime
† Si le pourcentage des CD4 chute en dessous de 15 %, il faut reprendre le cotrimoxazole jusqu’à ce qu’il se maintienne
à nouveau au-dessus de 15 pendant au moins 6 mois. Si on arrête les antirétroviraux pendant plusieurs semaines, il faut
recommencer avec le cotrimoxazole
‡ Ou divisés en deux doses; chaque jour ou tous les trois jours (consécutif ou alterné).
Pour tous les enfants exposés au VIH, La prophylaxie de la PCP est recommandée
durant leur première année de vie, dès la sixième semaine. A partir d’un an (12 mois), la
prophylaxie peut être interrompue si le test VIH est négatif ou si l’enfant ne présente pas
du tout de symptômes. A partir de 18 mois, quand un diagnostic définitif du VIH est
posé, la prophylaxie est réservée aux enfants symptomatiques et aux enfants
asymptomatiques avec CD4 < 15%. Elle peut être interrompue chez les enfants sous
HAART, avec CD4>15% pendant 3 mois.
Gestion des effets secondaires
Les effets secondaires principaux du cotrimoxazole sont les éruptions cutanées,
l’aplasie médullaire et l’hépatite. Ils sont susceptibles de se produire dès le début du
traitement. Des éruptions mineures peuvent apparaître, mais elles sont facilement
gérées par l’observation attentive et en poursuivant le cotrimoxazole. des éruptions plus
35
graves telles que le Syndrome de Steven Johnson et des hépatites cliniques sont
possibles et nécessitent un arrêt immédiat du cotrimoxazole. Les diminutions non
sévères du taux d’hémoglobine ou du nombre de globules blancs, peuvent être gérées
par la réduction des doses.
Si le cotrimoxazole a été interrompu pour des effets secondaires non graves, il peut être
recommencé après une ‘désensibilisation’, en utilisant par exemple une suspension de
cotrimoxazole à 40 mg de TMP + 200 mg SMX par 5 ml de la manière suivantee:
• Patient hospitalisé: En 6 heures, administrez des doses horaires (TMP/SXT en mg):
0.004/0.02, 0.04/0.2, 0.4/2.0, 4.0/20, 40/200 et 160/800.
• Patient en ambulatoire: donnez 1 ml par jour pendant 3 jours; 2 ml pendant 3 jours et
continuez jusqu’à ce que la dose puisse être donnée sous forme d’une tablette
‘simple’ par jour et suivie le jour suivant d’une tablette forte par jour.
• Si la désensibilisation échoue, le dapsone à 100 mg par jour peut être utilisée pour
prévenir la PCP (enfants 2 mg/kg/jour).f
• NE JAMAIS tentez la désensibilisation chez un patient qui a eu des effets
secondaires graves (hépatite ou syndrome de Stevens Johnson).
Initiation et surveillance
La prophylaxie au cotrimoxazole devrait être débutée par des travailleurs de santé à
tous les niveaux. Les équipes de soins à domicile et les membres des associations de
personnes vivant avec le VIH en apportant leur support aux malades, devraient inclure
les bienfaits du cotrimoxazole dans leur counseling. Toutes les personnes vivant avec le
VIH qui commencent le cotrimoxazole devraient recevoir des informations sur le
cotrimoxazole et être conseillés sur ses possibles bienfaits, ses effets secondaires et
l’importance de l’administration régulière. L’emploi du cotrimoxazole doit être monitoré à
tous les niveaux de soins. Le support continu, les explications, les encouragements ainsi
que la surveillance des effets secondaires et la fourniture de médicaments devraient être
coordonnés entre les différents services de soins
Mise en œuvre du programme
L’intégration de la prophylaxie au cotrimoxazole dans les programmes de soins globaux
du SIDA doit comprendre la formation de toutes les personnes impliquées. Une
approche de marketing social devrait être utilisée pour augmenter rapidement la
sensibilisation et la compréhension des personnes vivant avec le VIH.
e
Ne pas commencer de désensibilisation avant la disparition de l’éruption. Dans 70% des cas,
cela réussit, et le cotrimoxazole peut être à nouveau utilisé.
f
La Dapsone seule ne suffit pas à prévenir la toxoplasmose. Si un patient a des CD4<100 et une
sérologie de toxoplasma positive, il faudra ajouter de la pyriméthamine (voir p 65).
36
3.2.2 Prévention de la tuberculose active par l’isoniazide
3.2.2.1
Données de base sur la prophylaxie à l’INH
Interaction TB/VIH
La tuberculose (TB) est l’infection opportuniste et la cause de décès la plus fréquente
chez les personnes vivant avec le VIH/SIDA. On estimé que dans les pays en
développement, la moitié des personnes vivant avec le VIH/SIDA développeront une
tuberculose active. Quand la tuberculose devient active, il y a une augmentation de la
réplication du VIH résultant en une élévation de la charge virale et une possible
accélération de la progression de l’infection à VIH. Les PVVIH ayant une TB active,
peuvent être traités avec des régimes standards mais leur espérance de vie est plus
petite que celle des autres patients TB en raison de l’apparition d’autres infections
opportunistes. Les cas de rechute ou de surinfection sont plus fréquents chez les PVVIH
que chez les autres patients souffrant de TB.
Le VIH est le facteur de risque le plus important de la progression de la TB latente à la
TB active. Le risque est estimé à 5-10% pendant toute la durée de vie des personnes
VIH négatives comparé à un risque de 2.4% à 7.5% par an pour les personnes VIH
positives dans les pays à prévalence TB élevée. Cela a résulté en une augmentation
très importante de la prévalence de la TB dans les zones avec une haute prévalence de
VIH, plus particulièrement en Afrique sub-Saharienne.
Efficacité de la prophylaxie à l’INH chez les personnes vivant avec le VIH/SIDA
Un grand nombre d’essais randomisés ont démontré l’efficacité de la chimiothérapie
préventive contre la tuberculose active chez les personnes vivant avec le VIH/SIDA. Des
études randomisées démontrent une diminution significative de l’incidence de la TB
chez les personnes avec un test de Mantoux positif ayant pris de l’INH pendant 6 et 12
mois par rapport à celles qui ont reçu un placebo. La prophylaxie à l’INH réduirait de 60
% le risque à court terme de TB chez les PVVIH avec un test de Mantoux positif dans
les zones à haute prévalence de TB.
Chez les PVVIH qui ont un test de Mantoux négatif, anergiques inclus, aucun effet
statistiquement significatif du traitement préventif n’a été trouvé, ni par étude
randomisée, ni par méta-analyse. Dans une méta-analyse d’études incluant des PVVIH
avec des tests à la tuberculine négatifs et positifs, la prophylaxie à l’INH réduisait de
40% le risque de TB active. A partir de ces données, on peut estimer qu’il serait
nécessaire de traiter approximativement 36 PVVIH afin de prévenir un cas de TB active
en 3 ans.
Effet sur la mortalité
L’effet de la prophylaxie à l’INH sur la mortalité n’a été démontré dans aucune étude
(aucune n’avait été réalisée dans ce but). Des méta-analyses ont montré des réductions
de mortalité non statistiquement significatives, chez les PVVIH avec test tuberculinique
positif allant jusqu’à 68-77% de ce que l’on aurait du observer. Aucune étude ou métaanalyse n’a démontré d’effet sur la mortalité des PVVIH avec un test de Mantoux négatif
ou sur l’ensemble des PVVIH avec un test de Mantoux positif ou négatif. On ne sait
donc pas si la prophylaxie donnée à des populations de PVVIH à statut tuberculinique
inconnu, aurait un effet sur leur survie.
37
Efficacité chez les PVVIH en stade avancé
Des rapports anecdotiques suggèrent que l’efficacité de la prophylaxie est réduite chez
les PVVIH en stade avancé de la maladie, mais ceci n’a pas été prouvé. la prise en
charge de ce groupe s’avère certainement plus compliquée. En effet, la TB active est
plus difficile à exclure car la TB à crachats négatifs et les formes extra-pulmonaires ainsi
que d’autres infections opportunistes qui ressemblent à la TB active sont plus
fréquentes. De plus, la tolérance à la chimiothérapie est également réduite dans ce
groupe.
Choix du régime
D’autres régimes que l’INH qui ont été investigués comprennent rifampicine plus
isoniazide ou pyrazinamide ou les deux, donnés pendant deux à quatre mois. Dans ces
études, la tendance allait vers une plus grande efficacité de l’isoniazide seule, peut-être
en raison de la plus longue durée du traitement.
On ne sait pas combien de temps exactement doit durer la prophylaxie à l’isoniazide.
Une extrapolation à partir de l’utilisation de l’INH chez des patients VIH négatifs
suggérerait 9 mois.
Durée d’efficacité
La durée de l’efficacité du traitement préventif pour la tuberculose varie en fonction du
régime utilisé. L’INH seule a une efficacité pendant 18 mois, tandis que l’efficacité d’un
régime combiné de rifampicine et de pyrazinamide administré pendant deux mois, dure
3 ans. Cependant avec ce dernier régime, des toxicités hépatiques fatales ont été
rapportés chez des patients VIH-négatifs traités pour une TB latente.
La durée de l’efficacité est en partie liée au risque de réinfection. Ceci est indiqué par
les résultats de certaines études sur les rechutes consécutives à un traitement pour
tuberculose active. A ce jour, les études démontreraient que la réinfection est la cause
majeure de rechute chez les PVVIH vivant dans les zones à haute prévalence de TB,
étayant ainsi l’hypothèse que l’efficacité du traitement préventif ne serait pas de longue
durée.
Résistance à l’isoniazide
On suggère que les taux de résistance à l’isoniazide pourraient augmenter dans le cadre
de l’extension des programmes de traitements préventifs à l’isoniazide. Des études chez
des PVVIH ayant développé une tuberculose active en dépit de l’isionazide, n’ont
démontré aucune augmentation de la résistance à l’INH, mais cela pourrait changer une
fois que des programmes à grande échelle seront implantés. L’efficacité de la
prophylaxie à l’isoniazide dépend également du taux d’infection TB résistante à
l’isoniazide.
Prophylaxie secondaire
Pour explorer les façons de réduire les taux de rechutes consécutives au traitement de
la tuberculose active, la prophylaxie secondaire a été investiguée. Dans une étude
réalisée en Haïti, on a trouvé que le taux de rechute après traitement de TB active était
approximativement dix fois plus élevé chez les PVVIH que chez les participants VIH
négatifs. L’administration d’isoniazide pendant douze mois débuté à la fin du traitement
antituberculeux a réduit le risque de rechute de TB chez les PVVIH de 80%, par rapport
à 20% si l’isoniazide n’avait pas été donné. Toutes les rechutes ont été observées chez
des PVVIH qui avaient présenté des symptômes de VIH/SIDA avant la tuberculose
active.
38
D’autres moyens de prévenir la TB active
Les PVVIH devraient être conscients des risques associés aux contacts avec des
personnes souffrant d’une tuberculose pulmonaire, dans les formations sanitaires par
exemple. La restauration de la fonction immunitaire par l’emploi des antirétroviraux est
une puissante intervention en matière de réduction du risque de tuberculose active
particulièrement chez les PVVIH ayant une immunodépression avancée.
3.2.2.2
Recommandations pour la prévention de la tuberculose active par
l’isionazide
Prophylaxie à l’isoniazide
L’administration d’isoniazide peut être une partie intégrante d’un paquet de soins
globaux aux PVVIH. Tous les PVVIH doivent avoir accès à l’information et aux matériels
éducatifs relatifs à la TB et au traitement préventif. La prophylaxie à l’isoniazide peut
être offerte aux PVVIH qui l’acceptent, qui ne présentent pas de tuberculose active au
moment du dépistage et qui peuvent être facilement suivis pour les effets secondaires
de l’INH et la TB active.
Régime recommandé
L’isoniazide devrait être utilisée à la dose de 5 mg/kg avec un maximum de 300 mg/jour.
La pyridoxine (vitamine B6) 50 mg/jour doit être administrée concomitamment pour
réduire le risque de neuropathie périphérique. La durée de la prophylaxie à l’INH doit
être de 9 mois, et à condition d’avoir des systèmes adéquats de contrôle et de soutien à
l’adhérence. La pratique de traitement d’entretien chronique ou de la prophylaxie
secondaire n’est pas très repandue.
Quand débuter?
Il faudrait proposer la prophylaxie à l’INH aux PVVIH le plus tôt possible car la TB active
peut survenir à n’importe quel taux de CD4 et une fois présente, entraîner un
affaiblissement du système immunitaire et une augmentation des risques d’autres
infections opportunistes. Les PVVIH présentant des symptômes de TB tels que toux et
fièvre ne devraient pas commencer l’isoniazide avant que la cause de ces symptômes
ne soit identifiée. La prophylaxie à l’INH ne doit pas être administrée aux PVVIH qui ont
une hépatite active connue. En cas de grossesse, il ne devrait être initié qu’après le
premier trimestre.
Dépistage de la TB active
Des systèmes appropriés doivent être mis en place pour le dépistage de la TB active
avant le lancement de tout programme de prophylaxie à l’isoniazide. Ils devraient inclure
la capacité de diagnostiquer toutes les formes de TB, y compris la TB à crachats
négatifs et les formes extra pulmonaires, au moyen de l’anamnèse, l’examen physique
soigneux, des radiographies thoraciques, de échographie abdominale et de l’examen
des crachats. Dans le cas de VIH/SIDA avancé, il est très difficile d’éliminer une
tuberculose active.
Dans ces cas, la décision d’entamer la prophylaxie à l’isoniazide devrait être prise au
niveau des hôpitaux de référence.
39
Le “monitoring”
Les PVVIH sous prophylaxie à l’isoniazide devraient rencontrer un travailleur de santé
spécifiquement formé au moins tous les mois et recevoir leurs médicaments
mensuellement. Ceci peut avoir lieu en clinique externe ou au centre de santé.
Toute indice clinique de toxicité à l’isoniazide devrait être recherché. Les principaux
effets secondaires de l’INH sont des troubles gastro-intestinaux incluant nausées et
vomissements, l’hépatite et la neuropathie périphérique. Le risque d’hépatite est
approximativement de 0.3 % chez les jeunes adultes sains et s’élève à 2.6% chez les
vieillards. Le risque de neuropathie périphérique est fortement réduit par l’utilisation de
pyridoxine. Les PVVIH sous isoniazide devraient être avertis des symptômes d’hépatite
comme nausée, vomissements, douleurs abdominales, léthargie, ictère et urines
foncées. Les patients doivent savoir qu’il faut arrêter l’isoniazide et consulter leur
médecins ou infirmières si ces symptômes apparaissent. Aucun examen de laboratoire
de routine ou de suivi n’est recommandé pour les effets secondaires. Les tests de
fonction hépatique doivent être considérés pour ceux qui présentent des signes ou des
symptômes d’hépatite. S’il y a évidence d’une hépatite sévère, le traitement préventif à
l’isoniazide doit être arrêté.
Mise en oeuvre du programme
En dépit de l’évidence de l’efficacité de la prophylaxie à l’INH, un bon nombre de
problèmes opérationnels doivent être résolus si l’on désire mener à bien sa mise en
oeuvre sur grande échelle. Des étapes nécessaires à la fourniture d’un traitement
préventif à l’isoniazide sont:
o identification des PVVIH, à travers les services de VCT par exemple;
o screening pour éliminer la TB active;
o approvisionnement régulier en médicaments et suivi des effets secondaires
o support à l’adhérence du traitement.
o surveillance des symptômes évoquants une TB active
Pour minimiser le risque d’effets négatifs des programmes de prophylaxie à l’isoniazide
sur les programmes de lutte contre la TB, les critères minimums de base suivants
devraient être remplis:
o
o
o
o
L’engagement de la part des décideurs au niveau district/province ainsi que des
responsables des programmes TB et VIH à établir le programme de prophylaxie
Un programme TB “DOTS” efficace p.e. un taux d’échec et d’abandon
combinés inférieur à 10%. La prophylaxie à l’isoniazide n’est pas un substitut au
DOTS et sa mise en oeuvre ne doit en aucune façon compromettre la détection
et le traitement des cas de tuberculose active.
Des infrastructures adéquates et la capacité d’éliminer la TB active. L’un
des plus grands risques de la prophylaxie à l’isoniazide est que la monothérapie
soit donnée à des PVVIH avec une TB active. Il s’agit d’un risque réel sérieux
étant donné que beaucoup de PVVIH sont diagnostiqués à un stade tardif du
VIH/SIDA et sont par conséquent plus susceptibles de présenter une tuberculose
pulmonaire à crachats négatifs ou une forme extra-pulmonaire.
L’intégration dans un cadre de soins globaux des PVVIH. Ceci est essentiel
au coût-efficacité car cela permet d’assurer que les patients qui adhèrent aux
programmes peuvent en tirer des bénéfices, sans tenir compte de leur éligibilité
ou de leur capacité à achever la prophylaxie. C’est particulièrement vrai pour les
services de santé qui développent à la fois des activités TB/VIH et des soins
continus du VIH/SIDA.
40
o
Systèmes de référence, de contrôle et de rapportage. Des systèmes de
gestion du flux des PVVIH entre les services et d’évaluation adéquate de
l’efficacité du programme de prophylaxie sont essentiels.
Des systèmes rigoureux d’évaluation des programmes de prophylaxie à l’isoniazide sont
essentiels pour évaluer la capacité de chaque programme à limiter les abandons du
suivi et à assurer une prise en charge globale des soins, et ainsi démontrer le coûtefficacité.
Chez les enfants, la prophylaxie à l’INH ne devrait être fournie qu’au niveau de centres
spécialisés qui disposent du test de Mantoux et capables d’exclure la TB active chez les
enfants.
La dose varie en fonction du poids de l’enfant:
Prophylaxie de la tuberculose chez les enfants VIH+
Poids
5-10 kg
11-20 kg
21-30 kg
Dose d’INH
50 mg
100 mg
200 mg
La prophylaxie à l’INH ne devrait pas être donnée aux enfants symptomatiques en
raison des difficultés d’exclure un diagnostic de TB chez les nourrissons et les enfants.
La pyridoxine à 25 mg par jour devrait être ajoutée au traitement à cause de la
fréquence élevée de neuropathies périphériques liée à l’INH chez des personnes VIH+.
3.2.3 Prévention des infections fongiques
Les infections fongiques sont d’importantes causes de morbidité et de mortalité chez les
PVVIH à travers le monde. Elles comprennent les candidoses orales, oesophagiennes
et vulvo-vaginales, la cryptococcose en particulier la méningite et certaines mycoses
endémiques du genre de la pénicilliose en Asie du Sud-Est. La candidose orale est un
facteur contribuant à la cachexie des PVVIH.
Dans certaines régions à prévalence élevée de méningite à cryptocoque ou de P.
marneffei, la prophylaxie primaire au fluconazole ou à l’itraconazole peut être
considérée. Le fluconazole n’est pas recommandé pour la prophylaxie primaire des
infections fongiques en général, en raison de la rareté relative des infections fongiques
profondes, du risque de développement de résistance médicamenteuse et du coût
élevé.
Les patients ayant été traités pour une méningite cryptococcique doivent bénéficier
d’une prophylaxie secondaire avec du fluconazole 200 mg par jour.
L’arrêt du fluconazole en prophylaxie secondaire de la méningite cryptococcique après
reconstitution immunitaire par les ARV, a fait l’objet de plusieurs études. Ces études
supportent de plus en plus l’arrêt de la prophylaxie secondaire par le fluconazole chez
les PVVIH en l’absence de symptômes de maladie cryptococcique et s’ils présentent
une augmentation maintenue du taux de CD4 >100 /mm3 pendant au moins 6 mois.
41
3.2.4 Herpes simplex mucocutané
S’il y a des rechutes sévères et fréquentes d’herpes génital ou mucocutané, on peut
administrer des doses prophylactiques d’Acyclovir (200 mg 3 x jour ou 400 mg 2 x jour).
3.2.5 Infections helminthiques
Le traitement des infections helminthiques par l’albendazole ou le mébendazole une fois
par an, a un effet positif sur la progression du VIH/SIDA en raison de la diminution de
l’activation immunitaire.
3.2.6 Vaccination
Comparée à celle des témoins sains, la réponse immunitaire humorale chez les patients
VIH positifs est suboptimale en comparaison avec des contrôles sains, surtout quand le
taux de CD4 est < 100. Cette réponse s’améliore de nouveau après administration de
HAART.
3.2.6.1
Vaccin pneumococcique 23-valent
Ce vaccin, bien qu’efficace aux Etats-Unis, a eu un effet négatif sur l’incidence de la
maladie pneumococcique au Kenya. Il n’est donc pas recommandé en Afrique.
La vaccination contre l’hépatite B
3.2.6.2
Les patients infectés par le VIH ont un risque plus élevé de développer l’hépatite B en
raison de facteurs de risques communs. Ils sont susceptibles de présenter une hépatite
chronique. Dans le monde industrialisé, la vaccination contre l’hépatite B est
recommandée pour certains groupes à risque tels que les utilisateurs de drogues
intraveineuses, les homosexuels, les contacts des porteurs du virus de l’hépatite B, les
travailleurs de santé et les prostituées.
Dans les pays en développement, quoique certains PEV comprennent la vaccination
contre l’hépatite B, elle n’est habituellement pas recommandée en routine pour les
patients VIH car très peu de pays sont en mesure de se procurer le vaccin.
3.2.6.3
Vaccination des enfants
A la naissance, tous les vaccins doivent être administrés selon le calendrier vaccinal en
vigueur. Les enfants asymptomatiques recevront tous les vaccins recommandés par les
normes nationales. On propose d’administrer une dose additionnelle de vaccin antirougeoleux à 6 mois suivie d’une seconde dose à 9 mois pour les enfants infectés par le
VIH. Seul le BCG ne doit pas être administré chez les enfants VIH+ symptomatiques
Fièvre Jaune
3.2.6.4
Le vaccin contre la fièvre jaune est contre-indiqué chez les personnes VIH+
symptomatiques, ou avec un taux de CD4 < 200.
42
4 Prise en charge des maladies spécifiques liées au
VIH/SIDA
4.1
Maladies gastro-intestinales
4.1.1 Diarrhée chronique
Epidémiologie
La diarrhée chronique est définie comme l’émission de selles liquides au moins trois fois
par jour de manière continue ou épisodique pendant plus d’un mois. Il s’agit d’un
problème courant affectant jusqu’à 60% des individus VIH+ à un moment quelconque de
leur maladie.
La diarrhée chronique a un impact significatif sur la qualité de la vie. Elle s’accompagne
souvent de nausée, perte de poids, crampes abdominales et déshydratation. Il y a
souvent une diarrhée intermittente aqueuse sans sang ni mucus. Dans un à deux tiers
des cas, aucune cause n’est identifiée.
Un agent infectieux peut être identifié dans environ 50% des patients présentant une
diarrhée associée au SIDA.
D’autres causes non infectieuses sont les tumeurs malignes et les médicaments,
particulièrement les antibiotiques et les traitements antiviraux.
Causes infectieuses
Cryptosporidiose
Isospora belli
Giardia Lamblia
Salmonella spp
Shigella flexneri
TB or MAC enteritis
Campylobacter spp
Entamoeba histolytica
Strongyloides stercoralis
Colite à Cytomégalovirus
Diarrhée d’origine toxique
(Clostridium difficile)
Causes non infectieuses
Processus malin
Sarcome de Kaposi
Lymphome
Médicaments
Microsporidiose
Présentation clinique
Elle dépend de l’organisme en cause. Des bactéries pathogènes invasives du genre
Campylobacter, Shigella et Salmonella peuvent être à l’origine de maladies graves et
prolongées chez les PVVIH. Elles ne sont cependant pas des causes fréquentes de
diarrhée chronique. Elles se manifestent généralement par de la fièvre et de la diarrhée.
43
Il est cliniquement impossible de distinguer ces différents agents pathogènes sans faire
de coproculture.
Les infections à protozoaires comme Cryptosporidium, Isospora belli et Microsporidium
causent une diarrhée aqueuse affaiblissante et une perte de poids chez les patients
infectés par le VIH.
Ces infections surviennent généralement chez les patients avec un faible taux de CD4
(CD4 <100). L’entérite à Mycobactérium avium (MAC) et l’entérite tuberculeuse se
présentent généralement avec une fièvre élevée, des douleurs abdominales et de la
diarrhée; la présence d’adénopathies abdominales à l’échographie est très suggestive.
Clostridium difficile est probablement sous-estimé comme cause de diarrhée chez les
patients VIH en milieu tropical en raison de la difficulté à faire le diagnostic. Des
hospitalisations fréquentes et l’exposition aux antibiotiques augmentent chez les PVVIH
le risque d’infection par C.difficile. Dans ce cas, cela se présente par de la fièvre
accompagnée de diarrhée sanglante.
S. stercoralis peut compléter tout son cycle de vie chez l’homme. Par conséquent, la
quantité de vers adultes peut augmenter substantiellement par le cycle d’auto-infection
chez les personnes infectées. Chez les patients immunodéprimés, il peut causer une
infestation massive, surtout quand l’immunité à médiation cellulaire est compromise.
Cette complication grave dénommée « syndrome d’hyperinfection strongyloide », a un
taux de létalité élevé. Les patients affectés présentent diarrhée, douleurs abdominales,
lésions cutanées, toux et fièvre. Le syndrome d’hyperinfection massive à proprement
parler n’est pas courant dans les cas de VIH. La colite à CMV donne lieu à rectorragies,
des ténesmes et de la fièvre. La diarrhée associée au MAC (mycobacterium avium
complex) est habituellement accompagnée de fièvre et d’anémie.
La diarrhée due aux médicaments peut être suggérée par l’anamnèse. Les antibiotiques
et les antiviraux, surtout le DDI, le lopinavir/rtv et le nelfinavir, peuvent causer de la
diarrhée.
Diagnostic
La culture des selles est l’unique moyen de différentier les infections à Campylobacter,
Shigella et Salmonella. Chez les patients qui ont pris des antibiotiques, le résultat sera
souvent négatif. En milieux à pauvres ressources, il est difficile de réaliser les diagnostic
et traitement du MAC. Pour le MAC, des hémocultures sont nécessaires mais ne se
révéleront positives que 3 à 4 semaines après et ne pourront donc pas aider à la prise
en charge immédiate. Les découvertes les plus courantes lors du diagnostic sont la
fièvre et l’anémie sévère (hématocrite inférieure à 26%).
La cryptosporidiose peut être aisément détectée dans les selles au moyen d’une
coloration par acide-alcool modifiée (Kinyoun). L’isospora belli peut être identifié dans les
selles par les techniques développées pour détecter le Cryptosporidium. Les oocystes
d’isospora belli sont relativement volumineux (20-30 µm) et peuvent être facilement
identifiés dans des préparations humides non colorées. Le Clostridium difficile produit
une toxine qui induit la diarrhée. Des tests spéciaux existent pour détecter cette toxine,
mais ils ne sont généralement pas disponibles. La présence dans les selles de
leucocytes et de sang appuie ce diagnostic.
Le diagnostic de microsporidiose est réalisé à partir d’une coloration trichromique modifiée
(modified trichrome stain) mettant les spores en évidence dans les échantillons de selles.
Dans la stronyloidose disséminée, des larves filariformes peuvent être retrouvées dans les
selles, dans les crachats, dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire, dans le liquide
pleural, dans le liquide péritonéal et dans le liquide de drainage chirurgical.
La colite à CMV peut être suspectée par une sigmoidoscopie révélant des ulcérations.
Souvent ces patients présentent aussi une rétinite à CMV.
44
Traitement
Généralement les patients sont placés de manière empirique sous cotrimoxazole, deux
tablettes de 480 mg deux fois par jour pendant 5 jours. Dans les pays où il y a un taux
élevé de résistance au cotrimoxazole pour Salmonella ou Shigella, on peut considérer
un traitement initial avec les fluoroquinolones. En raison de la fréquence élevée des
diarrhées associées aux antibiotiques et du Clostridium difficile, on recommande de
donner du métronidazole 500 mg trois fois par jour pendant 7 jours en même temps. Si
cela ne donne pas de bons résultats, on devrait effectuer un examen des selles (à frais
et Kinyoun) pour exclure la strongyloidose, la cryptosporidiose ou l’isosporiose. Si
l’examen ne démontre que beaucoup de globules blancs et globules rouges, traitez le
patient pour dysenterie bactérienne résistante au cotrimoxazole, avec des
fluoroquinolones. Si cette dernière approche échoue, essayez l’érythromycine si la
diarrhée sanguinolente persiste pour couvrir le Campylobacter résistant aux
quinolones. Si on observe les oocystes d’isospora belli, on traitera avec une forte dose
de cotrimoxazole, deux tablettes de 480 mg 4 fois par jour pendant 10 jours, suivis de 2
tablettes 2 fois par jour pendant 3 semaines, puis de suppression chronique avec la
même dose de cotrimoxazole que pour la prophylaxie de la PCP (deux tablettes par jour
ou deux tablettes 3 fois par semaine selon la tolérance). Si l’examen des selles révèle
les oocystes de cryptosporidium, on ne dispose d’aucun traitement prouvé efficace.
Les ARV constituent le traitement le plus efficace de cette infection à protozoaires. La
strongyloidose peut être efficacement traitée avec l’ivermectine à 12 mg par jour
pendant 3 jours, et ce médicament est également considéré par certains comme
traitement de la strongyloidose systémique. L’albendazole 400 mg 2 fois par jour
pendant 5 jours est une alternative. Un traitement de maintien une fois par mois est
nécessaire pour supprimer l’infection symptomatique (albendazole 400 mg ou ivermectin
6 mg une fois par mois).
La diarrhée due à la Microsporidiose, l’entéropathie du SIDA et à la cryptosporidiase
répondent favorablement aux antirétroviraux.
Le traitement du MAC consiste en Clarithromycine 500 mg 2 fois par jour ou
Azithromycin 500 mg par jour et éthambutol 15 mg/kg/jour avec ou sans rifabutin 300
mg par jour. Le rifabutin n’est pas disponible en milieux à ressources limitées. Certains
experts préconisent en cas de doute entre TB et MAC, d’ajouter la clarithromycine au
traitement anti-TB, en attendant les résultats de la culture. Cependant le MAC est plutôt
rare comparé à la TB. Dans les milieux où l’on ne dispose pas de culture, le choix
devrait se porter sur le traitement de la tuberculose car cela a un impact significatif sur la
survie.
En cas de diarrhée sévère induite par les antirétroviraux, il faut considérer un
changement de régime thérapeutique. Des études ont montré des bénéfices avec
l’utilisation de Oat Bran 1500 mg deux fois par jour, l’augmentation de la consommation
journalière de fibres et la prise de CaCO3 500 mg trois fois par jour en cas de diarrhée
induite par les IP.
45
Autres mesures:
- Corriger l’hydratation avec des sels de réhydratation orale ou des fluides
parentéraux (eau physiologique NaCl 0,9%).
- Considérez des suppléments alimentaires si toléré.
- Considérez des suppléments en potassium.
- Lopéramide (Imodium®): première dose de 4 mg PO suivie de 2 mg - 4 mg après
chaque selle liquide (max 16 mg par jour).
- Codéine 30-60 mg 3 à 6 fois par jour. Dose maximale = 200 à 300 mg par jour.
- Evitez les agents constipants en cas de diarrhée sanglante en raison du risque
de mégacôlon toxique.
4.1.2 Candidose oropharyngée
oesophagienne (CO)
(muguet)
et
candidose
La cause la plus fréquente de lésions orales et oesophagiennes chez les PVVIH est la
candidose.
Définition: présence de plaques blanchâtres sur la muqueuse orale (muguet) ou sur la
muqueuse oesophagienne (CO).
Manifestations cliniques
Ces plaques généralement situées sur la muqueuse palatine ou buccale peuvent être
retirées et révèlent souvent une surface saignante. Elles sont causées par Candida
albicans.
Les facteurs de risque de candidose invasive comprennent l’immunodéficience
cellulaire, la neutropénie prolongée, le diabète sucré et l’antibiothérapie à large spectre.
Quand aucune cause sous-jacente n’est trouvée, la candidose oropharyngienne
persistante devrait faire penser à l’infection au VIH.
La candidose oesophagienne se présente avec dysphagie et odynophagie (douleur
rétrosternale à la déglutition).
Diagnostic
-
Histoire clinique et examen physique révélant la candidose buccale
Microscopie de frottis oropharyngés démontrant des pseudohyphae et/ou des
blastospores de Candida albicans.
La radiographie ou l’endoscopie ne sont pas nécessaires au diagnostic de CO.
C’est la cause la plus courante de dysphagie chez les PVVIH et un traitement
antifongique empirique est justifié, en particulier car la plupart des patients VIH
se présentent avec une candidose orale.
Diagnostic différentiel
Leucoplasie orale chevelue
Oesophagite à Herpes ou à CMV
Stomatite aphteuse
Traitement
Pour la candidose oesophagienne, toujours utiliser un traitement systémique!
46
4.1.2.1
Traitement antifongique local
Nystatin: Une tablette de 500,000 UI 4 fois par jour; les tablettes doivent être sucées et
gardées en bouche le plus longtemps possible. Le traitement doit être poursuivi pendant au
moins 48 heures après la résolution des symptômes. Les suspensions sont moins
efficaces en raison de la durée de contact avec la muqueuse buccale plus brève.
Enfants: Nystatin 100,000 unités /ml suspension. Donnez 1 à 2 ml dans la bouche 4 à 6
fois par jour pendant 7 jours. Ou mieux, utilisez de l’ouate ou un morceau de tissu pour
badigeonner la bouche avec la nystatine.
Violet de Gentiane: l’application locale de Violet de Gentiane en solution aqueuse à 1%,
2 fois par jour pendant une semaine, est efficace. Cependant ce traitement est peu
acceptable chez les adultes. Si les traitements précédents ne sont pas efficaces, on aura
recours à ceux qui suivent quand ils sont disponibles.
4.1.2.2
Traitement systémique
Si après 7 jours de traitement local, aucune amélioration n’est observée, il faudra passer à
un traitement antifongique systémique. En cas de suspicion de candidose oesophagienne,
le traitement systémique doit être effectué en première ligne.
Traitement de premier choix:
Fluconazole: 100 à 200 mg par jour pendant 14 jours. Des doses allant jusqu’à 400 mg
par jour ont été utilisées dans les cas de résistance. Le fluconazole est préféré au
kétoconazole et à l’itraconazole car ceux-ci sont hépato-toxiques et ont des interactions
avec certains ARV. D’ailleurs l’itraconazole est très onéreux dans plusieurs pays.
Kétoconazole et itraconazole sont tous deux contre-indiqués chez les patients sous
traitement antituberculeux (INH, rifampicine).
Enfants: Fluconazole, 3 mg/kg per os par jour pendant 7 jours.
Si le fluconazole n’est pas disponible:
Ketoconazoleg: 200 mg à 400 mg par jour pendant 14 jours. L’administration
concomitante de rifampicine doit être évitée: la rifampicine accélère le métabolisme du
kétoconazole, et le ketoconazole inhiberait l’absorption de la rifampicine. Le traitement doit
être interrompu en cas d’atteinte hépatocellulaire sévère.
Enfants: Kétoconazole 3-6 mg/kg par jour pendant 7 jours
g
En 1999 sur la liste officielle des médicaments essentiels de l’OMS, le kétoconazole fut
remplacé par le fluconazole qui présente un meilleur profil thérapeutique et moins de toxicité.
47
4.2
Maladies respiratoires
Il existe diverses maladies respiratoires liées au VIH. La persistance ou l’aggravation de
la toux, les douleurs thoraciques ou la dyspnée peuvent être causées par:
Les infections:
• à bactéries pyogéniques
• à Mycobacterium tuberculosis
• à Pneumocystis carinii (pneumonie)
• à Cryptocoque
• à bactéries atypiques
• Autres: infection au Cytomégalovirus, Toxoplasmose
Processus malin:
• Sarcome de Kaposi
• Lymphome
Autres:
•
Pneumonie interstitielle lymphoïde (surtout chez les enfants).
4.2.1 Tuberculose pulmonaire
Le VIH augmente le risque d’une personne d’être infectée par M. tuberculosis. Environ
un tiers des personnes infectées par le VIH dans le monde sont également co-infectées
par le Mycobactérium. tuberculosis. Le VIH est le plus important facteur de risque de
progression de la forme latente à la forme active de la tuberculose. Ce risque est estimé
à approximativement 5-10% pour toute la durée de vie des personnes VIH négatives
tandis qu’il avoisine 2.4% à 7.5% par an chez les PVVIH dans les pays où la prévalence
TB est élevée. Un PVVIH a dix fois plus de risque de développer une tuberculose. Ceci
a entraîné une augmentation dramatique de la prévalence de la tuberculose en zones à
haute prévalence de VIH, particulièrement en Afrique sub-saharienne. Des études
montrent que dans certaines parties d’Afrique sub-saharienne, la séroprévalence du VIH
parmi les patients tuberculeux est de 70%.
Présentation clinique
La présentation de
d’immunosuppression.
la
Tuberculose
pulmonaire
(TBP)
dépend
du
degré
48
Tableau 7: Caractéristiques de la TB à différents stades d’immunodéficience
Stade de l’infection au VIH
Caractéristiques de la TBP
Précoce
Tableau clinique
Examens de crachats
Cliché radiologique
thorax
Ressemble souvent à la TB
pulmonaire post-primaire
Souvent positif
du Cavernes fréquentes
Tardif
Ressemble souvent à la
TBP primaire
Souvent négatif
Infiltrats fréquents sans
cavernes
La TB peut faire son apparition à un niveau d’immunité encore relativement bon. Dans
ce cas, elle se présentera comme une tuberculose cavitaire typique ou consolidation aux
lobes supérieurs (tableau post-primaire). Quand les CD4 sont plus bas, des formes plus
atypiques sont plus vraisemblables: TB extra-pulmonaire, TB disséminée, formes
pulmonaires diffuses ou miliaires avec des tests de Mantoux généralement négatifs. Le
diagnostic de ces cas est plus difficile.
Les signes de primo-infection (infection récente) sont évidents jusque chez 35% des
patients: infiltrats des lobes inférieurs, épanchement pleural et adénopathie intrathoracique. Les patients suspects de TB intra-thoracique ont souvent des ganglions
lymphatiques cervicaux et axillaires palpables.
Les symptômes les plus importants dans le diagnostic de la tuberculose pulmonaire
sont: toux de plus de trois semaines, perte de poids, hémoptysie, douleurs thoraciques,
dyspnée, fièvre avec sueurs nocturnes et perte d’appétit. La perte de poids et la fièvre
sont plus fréquentes chez les patients TB VIH positifs que chez ceux qui sont VIH
négatifs. Au contraire, la toux et l’hémoptysie sont moins fréquentes chez les
tuberculeux VIH positifs que chez les VIH négatifs. Cette différence est probablement
due au fait qu’il y a moins de cavités, d’inflammation et d’irritation endobronchique chez
les patients VIH positifs. Les signes physiques sont non spécifiques et n’aident pas à
distinguer la TBP des autres maladies pulmonaires.
Note: TB extra-pulmonaire
Chez les PVVIH la proportion de tuberculose extra-pulmonaire et de tuberculose
pulmonaire a crachats négatifs est accrue, rendant plus difficile le diagnostic. Les
patients peuvent se présenter avec des lymphadénopathies (cervicale, intra-thoracique,
abdominale), épanchement pleural, épanchement péricardique, tuberculose miliaire et
méningite. Les patients présentent généralement des caractéristiques constitutionnelles
et des symptômes locaux liés au site de la maladie.
Diagnostic
Histoire clinique et examen physique: symptômes suggestifs.
Examen microscopique des crachats: c’est le meilleur test initial. La coloration BAAR
(bacille acido alcoolo résistant) des expectorations est positive chez environ 50% des
patients souffrant de TB pulmonaire. Les personnes suspectées de TBP doivent
soumettre trois spécimens de crachats pour la coloration BAAR. L’induction des
49
crachats n’est utile que dans le cas de patients qui ne peuvent expectorer lors des
efforts de toux.
Les taux de crachats positifs chez les patients VIH dépendent du statut immunitaire.
Pour les patients sévèrement immuno-déprimés, la probabilité d’obtenir des crachats
positifs est faible.
Radiographie: Les changements radiologiques reflètent le degré d’immuno-suppression
(voir Tableau 7, page 49).
Ponction à l’aiguille fine des ganglions lymphatiques extra-thoraciques et
coloration BAAR de l’aspirât peut confirmer le diagnostic de tuberculose pulmonaire à
crachats négatifs et de TB pleurale péricardique.
L’aspiration de liquide pleural ou péricardique n’est pas nécessaire, sauf si
indiquée pour des raisons cliniques (tamponnade cardiaque ou dyspnée). Un
épanchement pleural ou péricardique chez une PVVIH est dans 90% des cas dus à la
tuberculose.
La bronchoscopie est utile dans la collecte de spécimens: aspirât bronchique pour TB,
lavage broncho-alvéolaire (LBA) pour la PCP.
Traitement
Le traitement standard de la tuberculose est généralement aussi efficace chez les
personnes infectées par le VIH que chez les VIH-négatifs. Le protocole national doit être
suivi comme pour les patients non infectés au VIH. Etant donnée la pléthore de troubles
gastro-intestinaux chez les patients VIH+, la malabsorption doit être considérée chez
tout patient chez lequel la TB persiste en dépit d’un traitement adéquat. Pour s’assurer
des meilleurs résultats possibles, le traitement journalier devrait être directement
observé par un professionnel de la santé. En raison de problèmes de malabsorption, les
régimes DOTS trois fois par semaine ne sont pas recommandés chez les PVVIH.
50
Tableau 8: Médicaments recommandés, doses et réactions courantes dans le traitement
initial de la tuberculose chez les adultes
AGENT
Isoniazide
DOSE
JOURNALIÈRE
5 mg/kg PO
Rifampicine
10 mg/kg max Urines décolorées,
600 mg PO
nausée,
vomissements,
fièvre, hépatite
Pyrazinamide
15-30 mg/kg
max-2mg PO
Ethambutol
15-25 mg/ kg
max-2.5 g PO
Hépatite
hyperuricémie,
arthralgies, rash,
hyperglycemia
Névrite optique,
éruption cutanée
COMMENTAIRES
La neuropathie
périphérique est
courante, mais la
pyridoxine à 25-50
mg par jour est
suggérée pour
patients SIDA ou
avec le VIH.
Le risque est plus
élevé quand
combiné au D4T
Baisse d’activité à
cause d’induction
du cytochrome
P450 de la
méthadone et
autres drogues. Ne
pas utiliser avec la
névirapine
Hyperuricémie,
mais la goutte
clinique est rare
25 mg/kg /jour
pendant 1 à 2 mois
ou si suspicion de
souches
résistantes au
traitement TB
Médicaments anti-TB de première ligne recommandés
EFFET
INDESIRABLE
Enzymes hépatiques
élevées, neuropathie
périphérique,
Hépatite,
hypersensibilité
Dépistage du VIH chez un PATIENT TUBERCULEUX:
La tuberculose est la maladie opportuniste la plus fréquente ches les PVVIH dans les
PED. Il faudrait proposer un test de VIH à tous les patients TB. De même, tous les
patients VIH positifs tuberculeux devraient bénéficier d’une prophylaxie au
cotrimoxazole afin d’accroître leur durée de survie.
4.2.2 La pneumonie bactérienne
Les infections pulmonaires bactériennes sont fréquentes et graves dans le VIH/SIDA.
Les étiologies les plus fréquentes sont Streptococcus pneumoniae ou Haemophilus
influenzae. La durée des symptômes plus courte permet de différencier la pneumonie de
la TB. La pneumonie chez les PVVIH est plus fréquemment associée aux infections
hématogènes et représente une cause de décès précoce assez fréquente chez les
51
PVVIH en pays en développement. Une maladie respiratoire aiguë chez un patient VIH
positif connu, accompagnée de fièvre et de frissons, doit être traitée comme une
urgence.
D’autres causes d’infections pulmonaires bactériennes sont les infections à
staphylocoques, la nocardiose et la pneumonie à Mycoplasma pneumoniae.
Présentation clinique
Le début est fréquemment brutal: une apparition brusque de frisson dans 80% des cas
ainsi qu’une élévation de température accompagnée de tachycardie et une accélération
du rythme respiratoire. Environ 75% des patients développent des douleurs pleurales
sévères et de la toux. Les patients non traités peuvent avoir une fièvre continue jusqu’à
40°C. L’herpes labial est une complication commune. Chez certains patients, le décès
est associé à un empyème ou des complications suppuratives telles que la méningite ou
l’endocardite.
La nocardiose est d’habitude associée à des abcès multiples (cerveau, poumons, peau)
L’examen physique révèle une limitation des mouvements de l’hémithorax affecté et une
diminution du fremitus vocal. Des signes de consolidation peuvent apparaître plus
tardivement. Dans les cas compliqués, des signes d’épanchement pleural ou
d’empyème peuvent être détectés.
Diagnostic
Histoire clinique et examen physique
Examen des crachats
Coloration de Gram: La coloration de Gram et la culture des crachats conduisent au
diagnostic dans 75% des cas. On observe des leucocytes polymorphonucleaires et
selon l’agent pathogène en cause, des cocci Gram positif en grappes (staphylocoque)
ou en pairs (streptocoque), des bâtonnets Gram négatifs (Haemophilus influenza) ou
dans le cas de nocardiose, des fins filaments ramifiés Gram positifs (type mycélium).
Coloration BAAR: si le patient tousse depuis 3 semaines ou plus
Examen à frais: (10x) peut montrer des larves de strongyloides stercoralis en cas
d’hyperinfection.
Hématologie
Le comptage des globules blancs montre généralement une leucocytose à
polymorphonucléaires (PMN). Chez certains patients avec infection massive et
bactériémie, on observe parfois compte normal de globules blancs ou une leucopénie.
La radiographie du thorax révèle en général une opacité homogène dans la zone
affectée du poumon. Des tableaux atypiques de consolidation peuvent être observés
chez les patients hospitalisés ayant une pneumopathie chronique sous-jacente.
Des infiltrats localisés dans un seul lobe, spécialement en présence d’un bronchogramme
aérien, suggèrent une pneumonie bactérienne, plus probablement à S.Pneumoniae. Des
inflitrats plus diffus sont plus souvent dus à H.Influenza.
Des consolidations bilatérales hétérogènes chez un patient gravement malade
suggèrent une pneumonie à staphylocoque. Les patients qui en souffrent ont souvent
d’autres signes d’infection staphylococcique: pyomyosite, abcès. Une coloration de
Gram du pus aspiré (Cocci Gram-positifs en grappe) peut aider au diagnostic. La
52
consolidation lobaire supérieure avec cavité a été observée dans la nocardiose
pulmonaire, qui peut imiter la tuberculose.
Traitement
Indépendamment du statut VIH, la pneumonie bactérienne aiguë répond généralement
bien au traitement standard à la pénicilline, au cotrimoxazole ou à l’ampicilline.
Les céphalosporines de seconde génération (cefuroxime, cefaclor) et l’amoxycilline+
acide clavulanique (Augmentin®) ont une très bonne couverture respiratoire car elles
sont actives contre S.pneumoniae, Moraxella cattharalis et H.influenzae.
L’antibiotique de choix pour les infections staphylococciques est la (flu)cloxacilline à
raison de 1 à 2 g 4 fois par jour IV ou 500 mg 4 fois par jour per os.
Le traitement recommandé de la nocardiose est le cotrimoxazole 10 à 50 mg/kg 2 fois
par jour. Ceci correspond d’habitude à 4 à 6 tablettes de 480 mg 2 fois par jour. La
durée du traitement varie de 6 semaines (pour infection localisée) à 6 mois (pour
infection disséminée). Les patients gravement malades avec une infection respiratoire
devraient recevoir une combinaison contenant une quinolone ou du chloramphénicol (ou
ceftriaxone si disponible) afin de couvrir les infections à Gram négatifs.
4.2.3 La Pneumonie à Pneumocystis carinii (PCP)
Epidémiologie
Le Pneumocystis carinii (ou P. Jirovecii) est un agent pathogène opportuniste dont
l’habitat naturel est le poumon. Cet organisme est une importante cause de pneumonie
chez l’hôte immunodéprimé. La PCP survient chez les hôtes suivants: les prématurés,
les enfants malnutris, les enfants avec une immunodéficience primaire, patients sous
traitement immunosuppressif et les patients atteints de SIDA. Le SIDA est actuellement
la cause sous-jacente la plus fréquente de PCP.
Caractéristiques cliniques
Les patients souffrant de PCP se plaignent de dyspnée, fièvre et de toux non productive
qui empire progressivement. La durée de maladie jusqu’au moment du diagnostic est
habituellement de 1 à 2 semaines bien qu’il existe des variations considérables.
Diagnostic
En général le diagnostic repose sur l’anamnèse et l’examen physique combinés à une
radiographie thoracique suggestive et à la présence d’hypoxie.
Il est bon de confirmer le diagnostic en laboratoire quand c’est possible.
Histoire clinique et examen physique
Une apparition subaiguë des symptômes avec aggravation progressive. Les signes à
l’examen physique incluent tachypnée, tachycardie et cyanose. La dyspnée à l’effort est
toujours présente. L’auscultation des poumons révèle des râles crépitants secs, mais
peut être normale. S’il est possible de mesurer la saturation en oxygène, cela démontre
toujours une diminution en saturation d’O2 au cours des efforts physiques chez les
patients souffrant de PCP.
53
Hématologie
Numération et formule sanguine complète – le taux de globules blancs est variable et
dépend de la maladie sous-jacente du patient. Les gaz artériels montrent une
hypoxémie, un gradient artério-alvéolaire en O2 accru et une alcalose respiratoire.
Un niveau de lactate déshydrogénase (LDH) >1000 U/l suggère la PCP.
Radiographie du thorax
Les images classiques de la radiographie du thorax consistent en des infiltrats bilatéraux
débutant dans les régions para-hilaires. Parfois on observe des nodules ou des cavités,
mais les clichés peuvent à première vue sembler normaux, de manière trompeuse
(25%). Plus de 80% des cas de pneumothorax chez les patients VIH sont dus à la PCP.
C’est pourquoi tous les patients présentant un pneumothorax devrait recevoir un
traitement empirique pour la PCP.
Diagnostic de laboratoire
Les oocystes de P. Carinii sont rarement retrouvés dans les crachats. Ils peuvent être
mis en évidence dans des frottis de crachats induits spécialement préparés (sens. 60%)
ou de lavage broncho-alveolaire (LBA: sens. 90%). Chez les patients ne prenant pas la
prophylaxie PCP, la sensibilité des crachats induits peut être aussi élevée que 90%. Deux
méthodes peuvent être utilisées pour identifier le parasite: l’une se base sur la coloration
classique des parois cellulaires (p.e. coloration au bleu de toluidine ou coloration de
Gram-Weigert) et une coloration du parasite (p.e. May-Grünwald-Giemsa ou méthanol
Giemsa). L’autre est basée sur des techniques immuno-chimiques employant un
microscope à immuno-fluorescence. h
Il peut être utile de mesurer le niveau de lactate déshydrogenase (LDH). Un niveau LDH
normal rend la PCP improbable. Un niveau de LDH fortement élevé (>2 fois la valeur
normale) suggère une PCP.
Traitement
Symptomatique Les mesures générales comprennent:
Le maintien d’une oxygénation adéquate.
Le maintien de l’équilibre hydro-éléctrolytique.
Support nutritionnel.
Traitement médicamenteux
Les deux principaux médicaments utilisées dans le traitement de la PCP sont le
cotrimoxazole et la pentamidine. Ces médicaments sont aussi efficaces l’un que l’autre
avec un taux de réussite de 50 à 80%. La pentamidine cause plus d’effets secondaires
(insuffisance rénale, hypoglycémie, hypotension), c’est pourquoi le traitement de premier
choix est:
1. Cotrimoxazole (TMP/SMX) IV ou per os: TMP 20 mg/kg/jour et SMX 100 mg/kg/jour
divisés en quatre doses pendant 21 jours.
h
Dans certains laboratoires, un microscope à fluorescence est utilisé pour le diagnostic de la TB.
Ce même microscope peut être utilisé pour le diagnostic de PCP par immunofluorescence.
54
Tableau 9: Dose de cotrimoxazole pour PCP
Poids
30-45 kg
45-60 kg
> 60 kg
Dose en mg
800/160 mg x 4/jour
1600/320 mg x 3/jour
1600/320 mg x 4/jour
Doses en tab. de 400/80 mg
2 tablettes 4 fois par jour
4 tablettes 3 fois par jour
4 tablettes 4 fois par jour
Tout patient hypoxique (pO2<70 mmHg, saturation < 90%) devrait recevoir de la
prednisone.
Les premiers jours de traitement antimicrobien sont critiques car la décomposition de
nombreux parasites morts exacerbe le processus inflammatoire préexistant et aggrave
l’hypoxie. Cependant, le risque de décès à ce stade peut être substantiellement réduit,
particulièrement chez les patients dont la pression en oxygène artérielle est inférieure à
70 mmHg, à condition qu’une corticothérapie (prednisone orale ou méthylprednisolone
intraveineuse) soit administré aussitôt que commence le traitement antimicrobien.
Tableau 10: Dosage de prednisone en cas d’hypoxie dans la PCP
Jours 1-5
Jours 6-10
Jours 11-21
ADULTES
40 mg x 2/jour
40 mg x 1/jour
20 mg x 1/jour
ENFANTS
1 mg/kg
0.5 mg/kg
0.25 mg/kg
Si après 7 à 10 jours, il n’y a aucune réponse au traitement, il faut faire une
bronchoscopie et effectuer une biopsie transbronchique. Le patient pourrait aussi avoir
une tuberculose.
Quand la bronchoscopie n’est pas disponible et aucune amélioration n’est observée
après 7 à 10 jours, les cliniciens passent généralement à un autre régime thérapeutique.
La toxicité sévère de la pentamidine (insuffisance rénale, hypotension, hypoglycémie)
par rapport aux autres médicaments a limité son usage et n’est maintenant plus utilisée
qu’en dernier recours. Si un changement vers la pentamidine est considéré, il faut un
chevauchement avec le traitement précédent de 2 à 3 jours pour permettre à la
pentamidine de s’accumuler dans l’organisme.
2. Pentamidine administrée en perfusion intraveineuse lente 4 mg/kg par jour pendant
14 à 21 jours. La perfusion doit être donnée sur une durée de 2 heures, patient couché.
Si ce dernier perd connaissance au cours de la perfusion, penser à l’hypoglycémie et
administrer du glucose 30 % IV. Il ne faut pas donner la pentamidine par voie
intramusculaire à cause du risque d’abcès stériles.
3. Triméthoprime, 15 mg/kg/jour + dapsone, 100 mg/jour une fois par jour pendant 14 à
21 jours
4. Primaquine, 15 à 30 mg par jour et clindamycine 300 à 900 mg toutes les 6 heures
pendant 14 à 21 jours
55
Prophylaxie (voir également : Prévention des infections bactériennes, de la PCP et de
la toxoplasmose par le cotrimoxazole p 33)
Tout patient ayant été traité avec succès pour une pneumonie à Pneumocystis carinii doit
être mis sous prophylaxie secondaire. Diverses estimations évaluent le taux de rechute à 3
mois à 10% à 40% chez les patients ne recevant pas de prophylaxie après un traitement
pour une PCP. Environ 1/5 de ces rechutes sont fatals.
Premier choix:
Second choix:
Troisième choix:
Quatrième choix:
TMP/SMX 1 tablette à dose forte par jour (960 mg)
dapsone 100 mg par jour
dapsone 100 mg par jour et pyriméthamine 50 mg/semaine + acide
folinique 25 mg/semaine i
pentamidine (nébulisée) 300 mg une fois par mois
sulfadoxine/pyrimethamine (Fansidar ®) 1 à 2 tablettes/semaine
4.2.4 Infections fongiques profondes
Diverses infections fongiques profondes peuvent causer des symptômes pulmonaires
chez les PVVIH, mais elles sont moins fréquentes. Histoplasmose, coccidioidomycose et
aspergillose: rares chez les PVVIH dans les pays en développement. Elles surviennent
uniquement en cas de dépression immunitaire profonde et de neutropénie sévère.
Le diagnostic est donné par hémoculture et culture des crachats.
Le traitement consiste en amphotéricine B à raison de 0.7 mg/kg pendant 14 jours suivi
d’un traitement d’entretien par itraconazole 200 mg x 2/jour pendant 10 semaines suivi
par une prophylaxie secondaire avec itraconazole 200 mg/jour.
4.3 Complications neurologiques de l’infection au VIH
Les patients infectés par le VIH présentent une augmentation de risque marquée des
troubles neurologiques. Jusqu’à 2/3 des PVVIH développent des complications
neurologiques. Cela est du soit à l’infection primaire au VIH, car le VIH est lui-même un
virus neurotrope soit secondaire aux infections opportunistes ou néoplasies malignes
affectant le SNC. A l’autopsie des patients au stade SIDA, des anomalies du SNC sont
relevées dans 70 à 80% des cas.
4.3.1 Pathogenèse des troubles neurologiques
Les anomalies d’ordre neurologique sont communément relevées chez les individus
infectés par le VIH. Il est bien établi que le VIH est présent dans le cerveau et dans le
liquide céphalo-rachidien des PVVIH à tous les stades de l’infection.
i
La pyriméthamine doit être ajoutée chez les patients avec des CD4 <100 et des anticorps antiToxoplasma gondii positifs, s’il ne tolèrent pas le TMP/SMX.
56
A.
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Infection directe par VIH
Méningo-encéphalite aiguë
Méningite aseptique
Complexe démentiel associé au SIDA (AIDS Dementia complex)
Encéphalite au VIH
Myélopathie vacuolaire
Neuropathie périphérique
Polyneuropathie démyélinisante aiguë
Myéloradiculite
Polyneuropathie symétrique distale
Myopathie
B.
•
•
•
•
•
•
Infections opportunistes
Méningite cryptococcique
Toxoplasmose cérébrale
Méningite tuberculeuse
Encéphalite à Cytomégalovirus
Leuco-encephalopathie multifocale progressive (LMP)
Neuro-syphilis
C. Néoplasies opportunistes
• Lymphome cérébral primaire
• Lymphome métastatique
4.3.2 Atteinte primaire du SNC par le VIH
4.3.2.1 Complexe Démentiel associé au SIDA
L’infection par le VIH se complique fréquemment dans les stades tardifs par le “AIDS
dementia complex”, syndrome neurologique qui se caractérise par des anomalies
cognitives, motrices et comportementales. Approximativement 7-9% des malades du
SIDA deviennent déments.
Cette démence du SIDA qui évolue progressivement peut survenir avant l’apparition des
infections opportunistes. Il débute insidieusement et progresse pendant des mois ou
années. De temps en temps, le début du syndrome peut être aigu ou subaigu. Le AIDS
Dementia Complex se caractérise par des troubles de la concentration ou de la
mémoire, un ralentissement de la pensée, des anomalies du comportement, un retrait
social et de l’apathie. Quelques patients deviennent agités, confus, paranoïdes ou
présentent des hallucinations. Des anomalies motrices incluant troubles des
mouvements alternés rapides, altération de la motilité oculaire et ataxie proprioceptive
sont communément observées. La maladie évoluant, l’état démentiel des patients
s’aggrave et peut s’accompagner d’une myélopathie caractérisée par une parésie
spastique des membres inférieures et incontinence. Parfois, la myélopathie précède les
signes d’atteintes intellectuelles. Le patient devient finalement complètement replié sur
lui-même et alité avant de mourir d’une tumeur ou d’une infection opportuniste. La
tomodensitométrie cérébrale (CT scan ou l’IRM célébrale) montre généralement une
atrophie cortico-sous-corticale et des anomalies de la substance blanche. Le LCR est
généralement normal, bien que 20% des cas peuvent démontrer une pléocytose
57
mononucléaire modérée (<50 globules blancs/mm³) avec un contenu en protéines
légèrement accru (<200 mg/dl).
NOTE:
Le “AIDS dementia complex” est un diagnostic d’exclusion. Il est important d’éliminer
d’abord les infections opportunistes du cerveau. La dépression nerveuse sévère peut
également ressembler à un état démentiel.
Quand il est disponible, le régime HAART contenant l’AZT ou le D4T, est un traitement
efficace du syndrome démentiel lié au VIH. Il n’y a pas suffisamment d’évidence pour
promouvoir l’addition aux deux NRTI, d’un inhibiteur de protéase à la place d’un NNRTI.
4.3.2.2 La Méningo-encéphalite liée au VIH
La méningite symptomatique survient chez une minorité de patients à un stade précoce,
mais sa présence indique un risque accru de progression plus rapide de la maladie. La
méningite aseptique aiguë est associée à une charge virale élevée dans le LCR. Les
résultats de l’examen du LCR se révèlent généralement normaux. Cette affection se
résout spontanément et ne nécessite aucun traitement. La polyneuropathie
inflammatoire aigue démyélinisante peut être observée durant la séroconversion aigue
et ressemble au syndrome de Guillain Barré (SGB). Dans ce cas, on observe une
pléocytose lymphocytaire dans le LCR contrairement au SGB non lié au VIH. Les
stéroïdes peuvent être utiles.
4.3.2.3 Myélopathie vacuolaire
L’atteinte de la moelle épinière par le VIH est rare. Cela se présente comme une parésie
spastique avec des troubles du transit digestif et du fonctionnement vésical, ataxie
proprioceptive et déficit sensoriel variable. Le tableau clinique comprend faiblesse des
jambes, signes neurologiques moteurs centraux, incontinence, marche ataxique. 90%
des cas présentent également un état démentiel.
La myélopathie peut répondre favorablement au HAART. Le diagnostic différentiel doit
être fait avec la compression de la moelle (abcès épidural, tumeur), la déficience en
vitamine B12 ou d’autres infections virales (varicelle, CMV, HTLV-1).
4.3.2.4 Multinévrite et polyneuropathie
Les neuropathies qui surviennent chez jusqu’à 30% des patients, font partie des
manifestations les plus courantes chez les patients SIDA. Des anomalies ont été
décrites à tous les niveaux du système nerveux périphérique en cas d’infection par le
VIH. Presque tous les patients présentent un des quatre syndromes facilement
identifiables: mononeuropathie multiple, neuropathie périphérique symétrique distale,
Polyradiculo-neuropathies
chroniques
inflammatoires
démyélinisantes
et
polyradiculoneuropathie progressive (voir Tableau 11, page 59).
58
Tableau 11: Les principaux syndromes de neuropathie périphérique chez les personnes
infectées par le VIH
Neuropathie
inflammatoire
démyélinisante
Multinévrite
Polyradiculoneuropathie
progressive
SIDA
+
+++
-
Stade précoce
et intermédiaire
+++
+
+
Stade
intermédiaire
++
++
++
SIDA
+++
+
Tardive
-
-
-
+++
Normal
élevé
-
Mononucléaires
élevé
normal
Mononucléaires
élevé
normal
PMN
élevé
bas
Neuropathie
périphérique
symétrique
distale
Moteur
Sensitif
Neuropathie
crânienne
Rétention
urinaire
LCR
GB
Protéines
Glucose
PMN = polymorphonucléaires
4.3.2.4.1
Mononeuropathies multiples (MM) ou multinévrites
Cette neuropathie peut survenir pendant la phase de latence ou aux stades
symptomatiques précoces. La paralysie faciale (paralysie de Bell) en est une
manifestation commune. Cliniquement on observe des déficits moteurs et sensoriels
multifocales. Elle peut être due à un dysfonctionnement immunitaire ou à une vasculite.
Dans ce dernier cas, le premier symptôme est généralement la douleur, et le recours
aux stéroïdes peut être utile.
4.3.2.4.2
Polyneuropathie distale symétrique (PDS)
Il s’agit du type le plus fréquent de neuropathie observée. Elle est associée à des taux
de CD4 bas et une charge virale élevée. Elle donne lieu à des paresthésies
douloureuses et un engourdissement des doigts et des orteils, qui progresse de façon
proximale. Les symptômes empirent généralement la nuit et sont exacerbés par le
contact avec les draps ou le port de chaussures. Dans les formes sévères, les
paresthésies douloureuses et les sensations de brûlure peuvent empêcher le patient de
marcher malgré une fonction motrice intacte. A l’examen physique, on observe une
sensibilité diminuée aux piqûres d’aiguille, au toucher léger et aux vibrations. Il y a une
hypo-réflectivité ostéotendineuse. Généralement, la fonction sensorielle est plus affectée
que la fonction motrice. Il y a un dysfonctionnement du système autonome dans environ
10% des cas de SIDA.
Cette neuropathie peut être causée par le VIH lui-même ou par d’autres infections
virales comme Herpes zoster et CMV. Si la vision et l’examen du fond d’œil sont
normaux, le CMV est peu probable. Les déficiences nutritionnelles (vitB6, vitB12) ainsi
que la syphilis peuvent aussi causer une PSD. La neurotoxicité médicamenteuse
59
comme avec l’isoniazide (INH) est un phénomène bien connu et plus fréquent chez les
personnes infectées par le VIH. L’INH devrait toujours être associé à la pyridoxine pour
prévenir la neuropathie (10-50 mg par jour). En cas de neuropathie induite par l’INH, la
dose de pyridoxine doit être augmentée à 100-200 mg par jour.
En cas d’un VDRL positif, les patients doivent être traités pour neurosyphilis (voir cidessous).
Les antirétroviraux, spécialement les analogues nucléosidiques sont fréquemment
responsables de neuropathies périphériques (D4T 23%, ddI 13%). La neuropathie peut
apparaître dès la première semaine qui suit le début du traitement. Le Ritonavir peut
occasionner des paresthésies péri-buccales et dans de rares cas une neuropathie
sensorielle distale. Les patients doivent être surveillés attentivement et il faut considérer
le passage à un médicament non neurotoxique quand la neuropathie s’étend au-dessus
du niveau des mains et/ou des chevilles ou quand elle empêche le patient de dormir.
Attendre trop longtemps pour procéder au changement du médicament peut causer des
dommages irréversibles. Les symptômes continuent de s’aggraver après l’interruption
du médicament en cause mais s’améliorent généralement en quelques mois.
Le traitement est symptomatique et inclut l’amitriptyline et des agents non stéroïdiens
contre la douleur.
4.3.2.4.3
Polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique
(PIDC)
La PIDC est un autre type de neuropathie qui peut être la 1ère pathologie observée en
cas de VIH. Elle survient à un taux de CD4 entre 200-500. Elle est considérée comme
un syndrome de Guillain-Barré chronique (SGB). Elle produit souvent des symptômes
plus sévères au niveau moteur que sensitif. Les réflexes tendineux sont généralement
absents ou très hypo-réflectifs avec une perte de sensation progressive symétrique ou
des douleurs au niveau des doigts et mains et/ou aux pieds et jambes. Contrairement au
SGB, les symptômes au niveau du système autonome sont généralement absents. Le
traitement par stéroïdes peut aider, mais est potentiellement problématique dans le
cadre de l’immunodépression due au VIH. Quand ces patients commencent l’HAART, il
est préférable d’éviter tout médicament potentiellement neurotoxique.
4.3.2.4.4
Polyradiculopathie Progressive (PP)
La PP survient généralement chez les patients avec des CD4 bas (<50). Ils se
présentent avec une douleur subaiguë dans le bas du dos et une douleur radiculaire
pendant quelques jours, évoluant en une paralysie flasque, des troubles sphinctériens et
aréflexie. Le plus souvent, seuls les membres inférieurs sont affectés. La cause la plus
courante est le CMV. En l’absence de traitement anti-CMV, on a recours à un traitement
symptomatique.
60
4.3.2.4.5
Syndrome de neuromyopathie aiguë
Ce syndrome se caractérise par une parésie ascendante, une aréflexie et des lésions
des nerfs crâniens, compatibles avec le syndrome de Guillain-Barré, parfois
accompagnés de douleurs neuropathiques sévères et de faiblesse musculaire. Le
diagnostic différentiel doit être fait avec la myélite et le botulisme. Cela survient souvent
en association avec l’acidose lactique chez des patients ayant pris de la stavudine
longtemps.
4.3.2.4.6
Faiblesse motrice généralisée
Une extrême faiblesse musculaire rendant le malade incapable de marcher peut être
due à une hypokaliémie sévère. Un potassium bas est souvent observé chez les
patients au stade SIDA, souffrant de diarrhée chronique ou avec le traitement à
l’amphotéricine B. Une myopathie due au VIH est possible. Certains médicaments
peuvent causer une myopathie (AZT 8-17% des patients).
4.3.2.4.7
Traitement des neuropathies dans le VIH/SIDA
Le traitement des neuropathies sensorielles est largement symptomatique:
l’amytriptyline au coucher, à faible dose (25 mg), en augmentant progressivement
jusqu’à 75 mg si nécessaire. En cas de douleur lancinante, la carbamazépine semble
plus efficace (100 mg deux fois par jour, à augmenter jusque maximum 400 mg deux
fois par jour) (voir douleur neuropathique p 98).
Les médicaments responsables de toxicité devraient être arrêtés. Des complexes de
vitamine B doivent être administrés pour pallier aux possibles déficits nutritionnels.
4.3.3 Infections opportunistes affectant le cerveau
Le diagnostic différentiel comprend les agents pathogènes suivants:
- Infection à protozoaires: Toxoplasma gondii
- Infection mycobactérienne: M. tuberculosis, M. Avium (syndrome de reconstitution
immunitaire)
- Infection fongique: Cryptococcus neoformans, Histoplasmosis, Coccidiodomycosis,
Candida species (rare)
- Infection virale: Cytomégalovirus, virus herpes simplex (HSV), virus varicelle-zona
(VZV), JC virus (virus lent causant la leuco-encéphalopathie multifocale progressive LMP).
Etant donné que les troubles neurologiques chez les patients SIDA peuvent se
présenter de diverses façons et qu’ils peuvent être traités, il est important de les
diagnostiquer tôt. C’est vrai pour la méningite TB, la toxoplasmose cérébrale et la
méningite fongique. Le seuil d’indication de ponction lombaire (PL) devrait être maintenu
très bas pour les patients SIDA qui se plaignent de céphalées.
Même en présence de papilloedème, une PL ne semble pas comporter de risque
excessif dans les cas de méningite TB ou de toxoplasmose. Elle est même
indiquée pour soulager l’hypertension intracrânienne en cas de méningite
cryptococcique.
61
4.3.3.1
Méningite cryptococcique
L’infection à Cryptococcus neoformans constitue l’atteinte fongique potentiellement
mortelle la plus fréquente chez les patients SIDA. La méningo-encéphalite due à C.
Neoformans survient chez environ 6 à 12% de patients SIDA. Typiquement, il s’agit
d’une maladie subaiguë dont les symptômes sont: céphalées, troubles de la conscience
ou cognitifs, fièvre, nausée, vomissements, raideur de nuque et parfois convulsions. Des
troubles focales autres que neuropathie crânienne, sont peu communs. La raideur de
nuque peut être absente! Donc chez les PVVIH, les céphalées et la fièvre prolongées,
changement de comportement et confusion justifient une ponction lombaire.
Diagnostic
La ponction lombaire est la procédure diagnostique de choix. Le comptage des cellules
du LCR et le taux de glucose et de protéines peuvent être seulement légèrement
anormaux. L’examen par coloration à l’encre de Chine est fréquemment positif, 70% à
80% des cas. L’antigène cryptococcique (CrAg) est presque toujours détecté dans le
sérum et le liquide céphalo-rachidien (95-100% des cas).
Note: Une coloration à l’encre de chine positive chez un patient qui a terminé son
traitement et qui ne présente plus de symptômes, ne prouve pas une infection active ou
un échec thérapeutique. Une culture positive indique toujours une infection active.
Traitement
Les options thérapeutiques recommandées en cas de méningite cryptococcique
comprennent :
1er choix
Amphotéricine B (IV) (0.7 mg/kg/jour en perfusion IV pendant 2 semaines) suivi de
fluconazole 400 mg par jour pendant 8 semaines, suivi de fluconazole 200 mg par jour
en prophylaxie secondaire.
Enfants: Amphitéricine B, 0.7-1mg/kg/j IV diluée dans du glucose à 5% en perfusion
lente sur 4 heures, pendant 2 semaines, suivi d’un traitement d’entretien avec le
fluconazole 10-12 mg/kg/j pendant 8 semaines.
Prophylaxie secondaire: fluconazole 5 mg/kg/jour à vie ou jusqu’à restauration
immunitaire après HAART (CD4 > 100 pendant 3 à 6 mois).
2nd choix
Chez les patients moins gravement malades, le traitement par fluconazole oral seul (400
mg une fois par jour pendant 10 semaines, après une dose initiale de 800 mg/j pendant
3 jours) peut suffire. Ceci pourrait être utilisé pour les patients ayant des céphalées
moins sévères avec un examen du LCR négatif mais un antigène cryptococcique positif
dans le LCR.
Pour les enfants: fluconazole 10-12/mg/kg une fois par jour pendant 10 semaines
toujours suivi de prophylaxie secondaire.
62
4.3.3.1.1
Comment administrer l’amphotéricine B en toute
sécurité?
Administrer Amphotéricine B sur une durée de 4 à 6 heures. La perfusion rapide est
associée à l’hypotension, hypokaliémie, choc, arythmies et doit donc être évitée.
Avec la perfusion d’amphotéricine B, des nausées et des vomissements sont courants.
Cela survient généralement entre 15 minutes et 3 heures après le début de la perfusion.
On peut également observer une fièvre, des frissons et des céphalées induits par
l’administration du médicament. On peut prévenir ces symptômes grâce à une
prémédication de 1 g de paracétamol et de 25 mg de prométhazine. Pour les frissons
graves, la péthidine 25 mg IM ou IV est souvent prescrite. La gravité des réactions tend
à diminuer avec les doses ultérieures d’Amphotéricine B. Certains cliniciens préfèrent
commencer avec une plus faible dose le premier jour (0,3 mg/kg). L’hypokaliémie sévère
peut survenir en cours de traitement par Amphotéricine B en raison d’une déplétion
potassique d’origine rénale. Chez certains patients, cela entraîne une faiblesse
musculaire grave, des crampes musculaires, des douleurs thoraciques, des palpitations,
de la somnolence et une altération de l’état mental.
Le remplacement avec du potassium oral et des suppléments de magnésium est
indiqué. La pré-hydratation avec 1 litre de NaCl 0,9% peut réduire l’incidence de la
néphrotoxicité. Une supervision médicale stricte est recommandée durant tout le
traitement. Il faut vérifier la fonction rénale une fois par semaine si c’est possible ou
contrôler la diurèse. En cas de développement d’une insuffisance rénale, il faut arrêter le
traitement ou augmenter l’espacement des doses d’ampho B. La thrombocytopénie et
l’hypoglycémie sont d’autres effets secondaires possibles. Les patients peuvent
présenter de l’hypotension ou de l’hypertension, dans ces cas il faut diminuer la vitesse
de la perfusion après une interruption temporaire de 30 minutes.
63
Tableau 12: Une supervision médicale stricte est requise tout au long du cours d’un
traitement à l’Amphotéricine B.
Exemple de protocole de traitement
Procédure journalière
1. Anamnèse:
Nausée, vomissements, diarrhée, anorexie, crampes musculaires sévères, faiblesse, douleurs
thoraciques, palpitations, troubles du SNC (léthargie, somnolence), miction diminuée, selles
noirâtres ou des ecchymoses, des hémorragies, douleur au dernier site d’injection IV.
2. Laboratoire si disponible indiqué:
• Contrôle de routine: K, créatinine, azote uréique du sang (BUN), hemogramme, glucose
(jours 1, 7, 14). Si vous ne disposez pas de ces moyens, le plus important est d’observer
soigneusement votre patient. Donnez-lui suffisamment de nourriture ainsi que des
suppléments de potassium et de magnésium.
• Plus fréquemment quand il faut évaluer les symptômes évoqués dans l’histoire clinique (en
cas de saignements, de miction diminuée ou d’altération de l’état mental).
3. Pré-médication 30-60 minutes avant la perfusion:
• Paracétamol 1 g PO, Prométhazine 25 mg PO.
• hydrocortisone 50 mg IV s’il y a eu frissons/rigidité graves au cours de la précédente
perfusion).
4. Enregistrez les signes vitaux:
• Température, pouls, fréquence respiratoire et tension artérielle au début et puis toutes les 30
minutes durant la perfusion.
5. Hydratez NaCl 0,9% 500 -1000 ml IV (sur 2 heures) pour éviter la néphrotoxicité
6. Perfusez Amphotericine B sur 4-6 heures
• Dose de début: Jour 1: 0.3 mg/kg dans 250 ml Dextrose 5%.
• Dose maximale: Jour 2-14: 0.7 mg/kg dans 250 ml D5W.
• Dose ajustée: Si on observe une détérioration de la fonction rénale durant le traitement ou
des effets indésirables significatifs, on peut diminuer la dose de moitié.
• La dose cumulative totale doit demeurer inchangée après ajustement.
• Si les frissons ou de la rigidité se développent, donner Péthidine 25 mg IV, hydrocortisone
50 mg IV.
7. PL si le patient a une augmentation de pression intracrânienne connue ou suspectée
(>25 cm de H20)
• Mesurer et noter la pression d’ouverture (PO) à chaque ponction lombaire.
• Si > 25 cm H2O drainer 30 cc de LCR.
• Répéter tous les jours jusqu'à ce que PO <25 cm H2O
• Répéter plus tard si les céphalées augmentent à nouveau
8. Révisez les instructions au patient:
• Boire 2-3 litres de liquides par jour
• Petits repas fréquents
• Prendre du magnésium, une tablette par jour per os et du KCL 600 mg deux fois par jour
(Attention avec le K, s’il y a insuffisance rénale préexistante significative).
9. Pour les convulsions :
• Benzodiazépines IV ou IR, puis phénytoïne. Si les crises ne surviennent plus, la phénytoïne
peut être arrêtée pendant la phase d’entretien.
10.Après les 14 jours d’ampho B, commencez le fluconazole 400 mg par jour pendant 8
semaines.
64
4.3.3.1.2
Traitement de l’augmentation de pression du LCR
La prise en charge de l’hypertension intracrânienne est considérée comme l’un des
facteurs qui influencent la mortalité précoce les plus importants. On retrouve une
pression intracrânienne élevée dans plus de 50% des patients souffrant de méningite
cryptococcique.
Même aux Etats-Unis, avec les régimes thérapeutiques actuels, il y avait un taux élevé
de mortalité durant la phase de traitement initial (10% à 25%). On observe souvent une
détérioration brutale avec perte de la vue chez des patients avec pression
intracrânienne (PIC) élevée. Le seul moyen efficace de soulager les maux de tête
sévères est de diminuer la pression intracrânienne par des ponctions lombaires
répétées. La plupart des patients signalent une amélioration importante des céphalées
dans les minutes suivant la procédure. Il n’y a pas de place pour les corticostéroïdesj
comme traitement adjuvant de la méningite cryptococcique.
Si la pression initiale était normale, on effectuera une PL de suivi à une et à deux
semaines ou s’il y aggravation des céphalées ou des problèmes visuels ou auditifs.
Si la pression initiale était >25 cm H20, on effectuera une PL suffisante pour atteindre
une pression < 20 cm H20 ou égale à 50% de la pression d’ouverture initiale. On peut
évacuer jusqu’à 30 ml de liquide à chaque fois.
Des PL journalières doivent être pratiquées jusqu’à ce que la pression soit au-dessous
de 25 cm H20.
Pour la première PL à caractère diagnostic, utilisez une aiguille spinale de calibre 20-22
G. Pour la ponction thérapeutique, une aiguille 18G peut être employée.
4.3.3.2 Toxoplasmose cérébrale
La toxoplasmose cérébrale est une infection opportuniste non virale du SNC courante
des patients SIDA. Elle survient chez 5% à 47% des personnes VIH positives ayant une
évidence sérologique d’infection par le Toxoplasma gondii. Dans certains pays, elle n’est
pas fréquente. Ce serait intéressant d’avoir la séroprévalence de la toxoplasmose dans
la population générale par pays. Hémiparésie, troubles cognitifs, fièvre, convulsions et
autres signes suggérant une lésion occupant l’espace intracérébral, se développent de
manière subaiguë sur plusieurs semaines, et sont parfois accompagnés de symptômes
d’une encéphalopathie diffuse. Des manifestations moins fréquentes sont: Ataxie,
incontinence, déficit hémisensoriel, parésie des nerfs crâniens, aphasie, anisocorie,
hémi-anopsie, diplopie, dysarthrie et photophobie. Contrairement au syndrome
démentiel lié au SIDA, la perte de conscience apparaît tôt dans l’évolution de la maladie.
Pathogenèse
La réactivation des bradyzoïtes latents produit des signes neurologiques focaux surtout
chez les patients avec CD4<100. L’infection primaire peut donner lieu à une encéphalite
focale nécrosante et occasionnellement à une chorio-rétinite ou à une pneumonie.
Symptômes
Les symptômes sont variables mais typiquement subaigus pendant plusieurs semaines.
La fièvre est présente chez environ 50% des patients et les céphalées qui peuvent aussi
être importantes s’observent chez 50%-70% des patients. 50% des patients ont une
hémiplégie ou une hémiparésie. 30% présentent des convulsions. L’irritation méningée
est peu fréquente.
j
Sauf en IRIS?
65
Diagnostic
Le test diagnostic le plus utile est le CT scan. Les lésions sont généralement multiples,
localisées dans les noyaux gris centraux et en régions sous-corticales, prenant le
contraste en anneau, assosciées à un œdème périlésionnel important, l’ensemble
réalisant un aspect en cocarde.
Les découvertes au niveau du LCR sont non spécifiques ou normales. Dans beaucoup
de pays, Toxoplasma gondii est la cause la plus fréquente de maladie cérébrale focale
chez les PVVIH. Cela vaut donc la peine de traiter pour la toxoplasmose, tout patient VIH
positif se plaignant de céphalées, fièvre, et signes neurologiques focaux et qui présente un
LCR normal. Si le diagnostic de toxoplasmose est correct, 74% des patients auront déjà
répondu au traitement au jour 7 et 91% au jour 14. La durée médiane de réponse est de 5
jours. La réponse au traitement d’épreuve (empirique) est actuellement considérée comme
un critère de diagnostic. Si possible, les anticorps anti (IgG) toxoplasmose peuvent être
utiles car leur valeur prédictive négative est élevée (94-97%). En d’autres mots, l’abcès
cérébral du Toxoplasma est moins probable si la sérologie est négative. Si au bout de deux
semaines le traitement empirique ne donne pas de résultats, il faut penser à un autre
diagnostic.
Traitement
Premier choix: sulfadiazine et pyriméthamine + acide folinique pour 6-8 sem.
pyrimethamine 100 mg dose de charge, suivie de 50 mg par jour
sulfadiazine 1-2g 4 fois par jour (100 mg/kg jour)
acide folinique 10 mg par jour.k
Globalement, 45-70% des patients développeront des effets secondaires au traitement
et 33% nécessiteront un changement de régime thérapeutique. Les effets secondaires
du traitement sont l’anémie, la leucocytopénie et la thrombocytopénie qui peuvent être
améliorée par l’administration concomitante d’acide folinique. Un autre effet secondaire
est l’insuffisance rénale due à la crystalurie de la sulfadiazine.
La crystalurie peut être gérée par l’administration de liquides et l’alcalinisation de l’urine
sans pour autant arrêter la médication.
Enfants: Voir Toxoplasmose du SNC chez les enfants p 118.
Second choix: forte dose de TMP/SMX (10/50 mg/kg /jour) pendant 4 semaines.
Diverses études italiennes ont montré que de fortes doses de TMP/SMX 10/50 mg/kg/jour
PO ou IV, divisées en deus doses, pendant 4 semaines, suivi d’un traitement d’entretien à
vie avec 1 tablette Forte (960 mg de TMP/SMX par jour) est efficace dans le traitement de
l’encéphalite à Toxoplasma et a moins d’effets secondaires que la combinaison
sulfadiazine/ pyriméthamine.
Troisième choix: clindamycine + pyriméthamine + acide folinique pendant 6-8 sem.
clindamycine 600 mg 3 fois par jour
pyriméthamine 100 mg par jour comme dose de charge, suivie de 50 mg par jour
acide folinique 10 mg par jour.
k
Il est important de rappeler que l’acide folique neutralise l’activité antiprotozoaire de la
pyriméthamine et n’est pas une bonne alternative à l’acide folinique (très cher).
66
Si la réponse est favorable (dans 90% des cas en général), un traitement d’entretien à
vie, est conseillé. Sans ce traitement d’entretien, le taux de rechute dépasse les 50% au
6ième mois.
Traitement d’entretien
TMP/SMX: 1 tablette “Forte” par jour.
Sulfadiazine 500 mg 2 tablettes 2 x / jour + pyrimethamine 25 mg par jour + (acide folinique
25 mg par semaine)
Dapsone 200 mg par semaine ou 50 mg par jour + pyrimethamine 75 mg par semaine +
(acide folinique 25 mg par jour)l
Autres mesures
En cas d’hypertension intracrânienne (papilloedème, vomissements): corticostéroïdes:
prednisolone 40 mg 4 x jour ou dexaméthasone 4 mg 4 x jour.
S’il n’y a aucun signe d’effet de masse, il faut éviter les stéroïdes car cela pourrait
compliquer l’évaluation de la réponse au traitement empirique.
Traitement antiépiléptique en cas de convulsions prolongées ou récurrentes: phénytoïne
100 mg 2 à 3 fois par jour (après une dose de charge de 15 mg/kg le premier jour).
Prophylaxie primaire et prophylaxie secondaire (voir aussi p 33)
Le risque de transmission peut être réduit si la viande est bien cuite et si les fruits et
légumes sont soigneusement lavés avant d’être consommés. Chez les patients VIH positifs
avec des CD4 < 100 et positifs pour les anticorps anti-T.gondii, il a été démontré que la
prophylaxie, avec soit le TMP/SMX ou la dapsone et la pyriméthamine aux doses utilisées
pour prévenir la PCP, réduit l’incidence de la toxoplasmose.
TMP/SMX: 1 tablette “forte” par jour.
Dapsone 200 mg par semaine ou 50 mg par jour + pyriméthamine 75 mg par semaine +
acide folinique 25 mg par semaine.
Les prophylaxies primaire et secondaire peuvent être interrompues chez les patients
sous HAART, si les CD4 sont supérieurs à 100-200 cellules/mm³ pendant au moins 6
mois.
4.3.3.3 Méningite tuberculeuse
Jusqu’à 10% des patients SIDA qui ont la tuberculose, démontrent une atteinte des
méninges. Ceci résulte de la rupture de tuberculomes cérébraux ou d’une dissémination
hématogène. Il faut penser à une méningite tuberculeuse liée à un syndrome
inflammatoire de reconstitution immunitaire, surtout dans les 6 premières semaines
après l’initiation de HAART.
Le tableau clinique est en général celui d’une méningite subaiguë avec signes
neurologiques pendant moins de deux semaines chez plus de la moitié des patients.
Céphalées, fébricule, méningisme et altération de l’état mental sont caractéristiques. On
peut également observer papilloedème, paralysies des nerfs crâniens (I, II, IV, VI, ou
VIII) et dans les cas graves, des convulsions et signes de déficit neurologique focal et
perte de connaissance. Jusqu’à 40% des patients peuvent présenter une radiographie
du thorax anormale.
l
Notez que parmi les médicaments antipaludiques commercialisés, le Maloprim® contient
dapsone 100 mg/pyrimethamine 12,5 mg et le Daraprim® contient de la pyriméthamine 25 mg.
67
Diagnostic
L’examen du LCR s’avère un outil diagnostic utile. Si possible, il faut exclure par CT
scan, l’existence d’une masse intracrânienne chez les patients qui se plaignent de
céphalées et présentent des signes d’un déficit neurologique focal.
Mais la ponction lombaire est habituellement sûre dans la méningite tuberculeuse si on
emploie une aiguille de calibre 20-22 G pour les prélèvements diagnostiques.
L’examen microscopique du LCR à la recherche de bacilles alcoolo-acido-résistants est
le procédé le plus important pour poser un diagnostic précoce définitif. Les BAAR sont
mis en évidence dans le LCR dans 10 à 40% des patients. Cependant, le rendement de
résultats positifs peut augmenter selon le temps alloué à la recherche des bacilles et le
nombre de spécimens examinés. La culture du LCR pour isoler les BAAR est positive
dans 45 à 90% des cas, dépendant de la quantité de liquide mise en culture et des
structures de laboratoire. L’utilisation du microscope à fluorescence est plus sensible
pour la détection des mycobactéries dans les liquides.
Le diagnostique de la méningite tuberculeuse repose sur l’isolement du Mycobacterium
tuberculosis dans le LCR. Malheureusement, il s’agit d’un processus lent, et donc non
utile dans la prise de décision clinique.
Le LCR dans la méningite TB est clair et incolore, mais une pellicule ou toile d’araignée
apparaît quand on le laisse décanter. Il y a un degré modéré de pléiocytose ne
dépassant généralement pas 500 cellules/mm³. La majorité des cellules sont des
lymphocytes.
Le niveau de protéines dans le LCR varie de 100-500 mg par dl. Il augmente
graduellement avec l’évolution de la maladie. Des valeurs initiales supérieures à 300 mg
sont corrélées avec un mauvais pronostic. La concentration de glucose dans le LCR est
inférieure à 40-50 % de la glycémie mesurée simultanément chez 50-85% des patients
et tend à diminuer de manière continue dans les cas non traités.
Il faut toujours exclure la méningite cryptococcique par microscopie du LCR (coloration à
l’encre de Chine).
Traitement
Le traitement de la méningite tuberculeuse s’effectue conformément au Programme
National de Contrôle de la Tuberculose.
Traitement prolongé: une phase de continuation de 7 mois, avec prise journalière
d’isoniazide et de rifampicine (7HR) est recommandée pour les patients de catégorie
1 présentant les formes de TB suivantes: méningite TB, TB miliaire, maladie de Pott
avec signes neurologiques. En cas de signes neurologiques sévères, (lésions de nerfs
crâniens, somnolence, coma), l’utilisation de stéroïdes (prednisone 1 mg/kg pendant 24 semaines, puis diminution progressive sur 4-6 semaines) est une bonne pratique
clinique. Les patients traités aux stéroïdes sont plus rapidement soulagés de leurs
symptômes et présentent moins de séquelles neurologiques.
La Thioacétazone ne doit pas être utilisée chez les personnes suspectées d’être
infectées par le VIH en raison de la survenue de réactions d’hypersensibilité graves.
68
Note:
Il y a une incidence plus marquée de réactions paradoxales si les patients sont placés
sous HAART et traitement TB en même temps. Il est donc recommandé d’instituer le
traitement anti-TB d’abord puis d’y ajouter le HAART quand le traitement est toléré
après 2 semaines à 2 mois (OMS) ou quand la phase intensive de 2 mois avec la
rifampicine est achevée.
La méningite TB pendant le syndrome Inflammatoire de Reconstitution Immunitaire
(IRIS) peut parfois avoir un décours fulminant quand elle n’est pas reconnue. Les
stéroïdes doivent être toujours ajoutés au traitement en cas de méningite TB liée à
l’IRIS. Le HAART peut être poursuivi, mais dans les cas très graves, une interruption
temporaire est justifiée. Passez à l’éfavirenz (EFV) si le patient était sous un régime à
base de Névirapine, mais se rappeler que l’administration d’EFV à un patient présentant
des signes neurologiques, peut aggraver le tableau clinique en raison des effets
secondaires du EFV. Si l’Efavirenz n’est pas disponible, vous pouvez utiliser la
névirapine. Surveillez l’hépatotoxicité.
4.3.3.4 Syphilis et Infection VIH, Neurosyphilis
La syphilis tertiaire affectant le cerveau et la moelle épinière était courante avant
l’avènement des antibiotiques. Chez les PVVIH, la syphilis peut survenir, même chez
des personnes qui avaient auparavant terminé un traitement complet aux antibiotiques
et elle peut également se présenter sans augmentation du VDRL ou du RPR. Si la
suspicion clinique est forte et la sérologie négative, le VDRL devrait être à nouveau
contrôlé après dilution de l’échantillon (pour exclure l’effet prozone = tests faux négatifs
dus à la présence excessive d’antigènes). Toutes les présentations classiques de la
neurosyphilis sont observées: tabès dorsal, gomme (maladie méningo-vasculaire), etc.
Diagnostic
Une élévation des globules blancs et de la concentration des protéines dans le LCR et
un VDRL positif à partir de spécimens de LCR, établissent le diagnostic de
neurosyphilis. Bien que le VDRL sérique ait une sensibilité élevée (90%) et une faible
spécificité, cette tendance est inversée sur l’échantillon de LCR. Le VDRL sur le LCR a
une faible sensibilité et une forte spécificité. Un patient ayant un VDRL sanguin positif
persistant, un FTA-ABS positif et des signes neurologiques correspondant à un syphilis
devrait être placé sous traitement.
Traitement de la neurosyphilis
Le traitement recommandé pour la neurosyphilis est la pénicilline G aqueuse 24 millions
d’unités IV par jour en doses divisées pendant 10 - 14 jours, suivi de pénicilline
benzathine 2,4 MUI une fois par semaine pendant 3 semaines. Refaire le VDRL à 3, 6,
12 et 24 mois. Si le VDRL ne diminue pas, répéter le traitement.
Alternative: pénicilline procaïne IM 2,4 MUI par jour plus probénécide PO 500 mg 4 x
jour pendant 10-14 jours, suivi de pénicilline benzathine 2,4 MUI une fois par semaine
pendant 3 semaines.
Une faible proportion (2-3%) de patients avec neurosyphilis peuvent présenter une
brusque détérioration de leur état général après le traitement à la pénicilline. La réaction
de Jarisch-Herxheimer de cause incertaine peut être améliorée par un traitement
concomitant par les corticostéroïdes.
69
4.3.3.5 Infection par le cytomégalovirus
La maladie à CMV chez les PVVIH est due à une réactivation, survenant chez les
patients avec des CD4<50 et se présentant par une atteinte gasto-intestinale et une
rétinite. La moitié des PVVIH avec CMV actif, présenteront une rétinite à CMV. Les
manifestations neurologiques comprennent myélopathie, polyradiculopathie progressive
et encéphalite. Cliniquement, l’encéphalite se présente avec un délire rapide et
progressif, des déficits de nerfs crâniens, nystagmus et ataxie.
Le diagnostic de CMV est difficile. L’examen du LCR peut révéler une pléiocytose
lymphocytaire, un taux de glucose abaissé et une augmentation de la concentration des
protéines, donc difficilement distinguable de la méningite TB. En cas de radiculomyélite,
il y a prédominance de neutrophiles dans le LCR. La PCR pour cytomégalovirus
effectuée sur le LCR a une sensibilité et une spécificité appréciables, mais est rarement
disponible. La sérologie n’a pas de place dans le diagnostic de CMV.
Le pronostic est mauvais pour les patients dont le SNC est affecté par le CMV. Le
traitement d’induction avec le ganciclovir IV est efficace contre la rétinite dans 70%-90%
des cas, mais son effet est beaucoup moins prononcé dans le cas d’atteinte du SNC. Un
traitement d’entretien à vie est nécessaire. Une aplasie médullaire sévère peut survenir.
Le médicament est onéreux et hors de portée de la plupart des pays en développement.
Tous les patients devraient être mis sous HAART car la reconstitution immunitaire
améliorera leur survie. Cependant, les patients doivent être informés de la possibilité
d’IRIS après le début du HAART, qui dans le cas de CMV peut entraîner une cécité due
à une vitrite ou une uvéite liées à la reconstitution immunitaire (généralement après 1-2
mois). La meilleure façon de diminuer le risque de cécité est de débuter tôt avec le
HAART avant l’installation d’une dépression immunitaire sévère. Ce n’est pas clair si
l’injection intraoculaire de ganciclovir réduit le risque d’uvéite.
70
Tableau 13: Trois drogues, Ganciclovir, Foscarnet et Cidofovir sont actuellement
autorisées (licence) pour le traitement systémique de l’infection à CMV.
Traitement
Régime
d’induction
Régime
d’entretien
Tests de
laboratoire
Toxicité liée à
la dose
Effets
indésirables
graves
Infection de
Ganciclovir IV 5 mg/kg bid x 5 mg/kg/jour Hémogramme Neutropénie,
14 jours
complet 2 fois thrombocytopé cathéter
veineux central
par semaine nie
pendant
l’induction,
une fois par
semaine
pendant la
maintenance;
créatinine
sérique 1 fois
par mois
Valganciclovir 900 mg bid x 900 mg/ jour Comme ciNeutropénie,
/
Oral
21 jours
dessus
thrombocytopé
nie, diarrhée
Saignement
Injection intra- 400 µg deux 400 µg/
N/A
Toxicité
intra-uvéal,
oculaire
fois par
semaine
rétinienne
semaine
directe si doses endophtalmitis
excessivement
élevées
Néphrotoxicité, Infection de
Foscarnet IV 90 mg/ kg
90 mg/ kg
Créatinine
hypocalcémie cathéter
bid x 14 jours par jour
sérique, K,
veineux central
ionisée,
Mg, Ca, et
ulcérations
phosphore
deux fois par génitales,
surcharge
semaine à
liquidienne
l’induction,
une fois par
semaine pour
l’entretien
Néphrotoxicité, Effet
5 mg/ 2
Créatinine
Cidofovir
5 mg/ kg/
néphrotoxique
neutropénie,
semaines
sérique,
semaine
recherche de hypotension
pendant 2
inta-oculaire,
protéines
semaines
dans l’urine et uvéite,
hémogramme neuropathie,
complet avant nausée, fièvre,
éruptions
chaque
cutanées
perfusion
BID = 2x/jour
71
Traitement
Traitement de la rétinite à CMV
1er choix :
Le ganciclovir IV 5 mg/kg deux fois par jour pendant 14 jours a un taux de réponse
favorable de 80-90%. Le taux de rechute est considérablement élevé. Les patients
doivent subir un traitement d’entretien à long terme. L’effet secondaire principal est la
suppression médullaire. Il est donc recommandé de ne pas combiner zidovudine et
cotrimoxazole avec le ganciclovir.
4.3.3.6 Infection par le virus Herpes Simplex (HSV)
Chez les patients infectés par le VIH, les virus Herpès Simplex de type 1 et 2 sont
associés à encéphalite et myélite. Le diagnostic d’encéphalite à herpes simplex se fait
par biopsie cérébrale. L’infection par les HSV chez les patients VIH positifs donne lieu à
des lésions muco-cutanées récurrentes (oro-labiales, génitales), de coloration rouge
chair et très douloureuses. L’infection peri-anale peut entraîner une proctite et fissures
anales. Le virus peut également causer une œsophagite avec de multiples petites
ulcérations.
Traitement: Acyclovir 200 mg PO cinq fois par jour pendant 10-14 jours ou Acyclovir
800 mg 3 fois par jour.
4.3.3.7 Infections à Varicella Zoster
Les syndromes neurologiques associés au Varicella zoster chez les patients VIH positifs
sont décrits comme radiculite, myélite, encéphalite, neuropathies crâniennes, leucoencéphalopathie et vasculite (angéite) cérébrale. Le traitement consiste en acyclovir 800
mg 5 fois par jour pendant 7-10 jours. Chez les patients SIDA, le pronostic est mauvais
et les récurrences communes.
4.3.3.8 Leuco-encéphalopathie multifocale progressive (LEMP)
Il s’agit d’une infection virale opportuniste du cerveau causé par le virus JC. Il survient
chez environ 4% des patients avec SIDA avancé. Le LCR est généralement normal. Une
PCR positive pour le virus JC sur le LCR a une très grande valeur prédictive positive,
mais est rarement disponible en pays à ressources limitées. La maladie débute souvent
avec de subtils changements au niveau de la personnalité, perte de mémoire, troubles
cognitifs modérés, myélite transverse complète ou incomplète, aphasie, dysarthrie et
troubles du champ visuel. Aucune anomalie spécifique du LCR n’a été identifiée.
La TDM montre des lésions hypodenses multiples ou uniques dans la matière blanche,
sans effet de masse. Une progression clinique rapide est courante et la mort survient
généralement endéans les 6 mois suivant le diagnostic. Un traitement antirétroviral
spécifique (cytarabine, cidofovir, acyclovir, alpha-intérferon) n’altère pas le pronostic et
la survie est en général inférieure à trois mois. Le HAART est le traitement standard
pour la LEMP. Cependant certains patients développent la LEMP pendant qu’ils sont
sous HAART et des cas d’IRIS ont été observés avec LEMP, chez des patients
répondant bien au HAART.
72
4.3.4 Tumeurs opportunistes du SNC
4.3.4.1 Lymphome primaire du système nerveux central
Les lymphomes primaires sont maintenant reconnus pour être assez fréquents au
niveau du SNC depuis l’épidémie du SIDA. L’atteinte lymphomateuse du SNC chez les
patients SIDA peut être due à un lymphome primaire ou métastatique. C’est une tumeur
de type cellulaire B. Une ou quelques lésions intra-parenchymateuses sont typiques,
quoiqu’on puisse observer occasionnellement une tumeur infiltrante diffuse.
Le virus Epstein Barr jouerait un rôle dans la pathogénèse de cette maladie.
Les patients avec un lymphome primaire du SNC présentent généralement une
altération de la conscience ou des capacités cognitives, une hémiparésie ou une
aphasie (40%), des convulsions (10-15%) ou des neuropathies crâniennes (5 -10%). Le
lymphome primaire du SNC est donc très difficile à distinguer de la toxoplasmose
cérébrale. Les patients VIH+ sont souvent traités de manière empirique pour la
toxoplasmose car la tomodensitométrie (TDM) et l’imagerie par résonance magnétique
(IRM) ne parviennent pas à faire la différence entre les deux affections. Quand la lésionmasse ne répond pas au traitement pour la toxoplasmose, le diagnostic probable est le
lymphome du SNC.
L’administration concomitante de corticostéroïdes (dexaméthasone 6-10 mg quatre fois
par jour) entraîne une réduction marquée ou la disparition des lésions au bout de
quelques semaines, ce qui pourrait donner la fausse impression que le patient répond
au traitement contre la toxoplasmose.
Alors que la radiothérapie cérébrale est recommandée pour les patients avec lymphome
du SNC, le rôle adjuvant de la chimiothérapie n’est pas défini. La régression d’une
tumeur radio-sensible est la règle. Cependant, le pronostic demeure relativement
sombre. En général, la survie ne dépasse pas six mois.
4.3.4.2 Lymphome Métastatique
Moins commun, le lymphome systémique (généralement non-Hodgkinien) peut entraîner
des troubles neurologiques chez les patients SIDA. Le syndrome neurologique résulte
habituellement d’une atteinte des méninges ou de la base du crâne plutôt que d’une
croissance intra-parenchymateuse. Les neuropathies crâniennes et les céphalées sont
fréquentes.
La compression épidurale de la moelle épinière ou de la queue de cheval peut arriver.
Le diagnostic se fait par l’examen cytologique du liquide céphalo-rachidien. Il révèle
des cellules malignes dans environ 70% des cas.
Traitement
Différentes combinaisons chimio-thérapeutiques standard p.e. CHOP + Bléomycine &
Méthotrexate, ou étoposide.
Agents chimiothérapeutiques par voie intra-thécale généralement methotrexate,
arabinoside-cytosine ou les deux.
S’il y a une myélopathie compressive, la radiothérapie et les corticostéroïdes devraient
être employés.
73
4.3.4.3 Sarcome de Kaposi
Le sarcome de Kaposi du cerveau arrive rarement et le diagnostic spécifique est difficile.
Voir également page 86.
4.3.5 Maladies cérébrovasculaires
Il a été documenté que les accidents vasculaires cérébraux (ACV) constituent un
phénomène courant chez les patients VIH. Cette complication a été confirmée
cliniquement et par autopsie. Les infarctus du cerveau, les hémorragies intracrâniennes
et les vasculites sont les pathologies sous-jacentes principales chez les patients SIDA
avec AVC. Quand les patients SIDA se présentent avec un AVC ou une attaque
d’ischémie transitoire, des causes potentiellement traitables, telles qu’une infection
opportuniste ou une tumeur doit être recherchées
L’infarctus cérébral est plus fréquent que les hémorragies intracrâniennes. Parmi les
maladies associées, on retrouve les affections opportunistes du SNC, la syphilis
méningo-vasculaire, les vasculites cérébrales, etc.
L’hémorragie intracrânienne peut être associée à une thrombocytopénie immunologique,
un anévrisme ou un lymphome.
L’évaluation diagnostique devrait inclure des TDM ou IRM si disponibles: analyse du
LCR, echocardiographie pour éliminer l’endocardite, compte des plaquettes, VDRL, etc.
Le traitement sera dirigé selon l’étiologie identifiée de l’AVC. Le pronostic est réservé
sauf si une étiologie spécifique est découverte et traitée adéquatement. Chez les
patients qui prennent des inhibiteurs de protéases, il y a un risque accru d’incidents
thrombotiques (artériels et veineux) probablement dus à une hypercoagulabilité.
4.4 Manifestations cutanées
Beaucoup de patients infectés par le VIH (80%-100%) développent des affections
dermatologiques à un moment donné de l’évolution de la maladie. Les lésions cutanées
peuvent être invalidantes, défigurantes et peuvent même mettre en danger les jours du
patient.
4.4.1
Infection VIH aiguë
Le syndrome rétroviral aigu survient approximativement 1 mois après l’infection primaire.
Il peut se présenter par de la fièvre ou un rash. L’éruption est généralement
érythémateuse et maculo-papulaire. D’autres symptômes peuvent être: arthralgie,
lymphadénopathie, perte de poids, meningo-encéphalite et pharyngite. Les tests
détectant les anticorps HIV peuvent encore être négatifs. Aucun traitement spécifique
n’est indiqué.
74
4.4.2 Infections opportunistes et autres affections
4.4.2.1
4.4.2.1.1
Infections bactériennes
Folliculite, furonculose, pyomyosite, …
Folliculite et furonculose, généralement causées par les staphylocoques, doivent être
soigneusement prises en charge chez les patients VIH A cause du risque d’infections
disséminées potentiellement mortelles.
Impétigo et ecthyma sont causés par S.pyogenes ou S.Aureus.
La pyomyosite, causée le plus souvent par Staphylococcus aureus, est apparueomme
une complication inhabituelle du VIH en Afrique. En Tanzanie, 62% des patients d’une
série de cas de pyomyosites, étaient infectés par le VIH. Une étude a démontré que la
pyomyosite était souvent associée à des CD4 inférieurs à 150 cellules/mm³.
Cellulite et érysipèle sont des infections streptococciques du tissu sous-cutané résultant
de la contamination de plaies mineures. Les patients qui demeurent non traités pourront
faire face à des infections systémiques potentiellement fatales.
En général, les patients VIH devraient avoir un antiseptique local à la maison pour
l’appliquer sur les plaies mineures après les avoir lavées. Des infections localisées
modérées sont efficacement traitées par un antiseptique à usage externe tel que: violet
de gentiane, polyvidone iodine, chlorhexidine ou bacitracine 2%, un antibiotique à usage
local.
Cependant, si l’infection est profondément installée ou s’il y a de la fièvre importante,
des antibiotiques systémiques devraient être prescrits:
(flu)cloxacilline 500 mg PO 4 fois par jour pendant 10 jours, ou
Erythromycine 500 mg PO 4 fois par jour pendant 10 jours, ou
(flu)cloxacilline 1-2 g IV 4 fois par jour pendant 10 jours.
Eviter la manipulation des furoncles sur le visage car cela peut causer une thrombose
du sinus caverneux.
En cas de pyomyosite, un drainage chirurgical combiné à l’antibiothérapie
(flu)cloxacilline sont nécessaires. La coloration Gram du pus peut confirmer la présence
de cocci Gram positifs en grappes.
4.4.2.1.2
Syphilis
Syphilis primaire: une ulcération génitale indurée et indolore au site d’inoculation
(chancre), généralement accompagnée de lymphadénopathie inguinale. Le VDRL est
encore négatif.
Syphilis secondaire: quelques semaines à mois plus tard, environ 25% des patients non
traités présenteront une maladie systémique avec fièvre, éruption cutanée, condyloma
lata, lymphadénopathies et lésions orales (plaques muqueuses). L’éruption cutanée, de
type maculo-papulaire, atteint typiquement les paumes des mains et des pieds.
Le traitement de la syphilis primaire et secondaire est la pénicilline Benzathine, 2.4 MUI
IM ou érythromycine 4 fois 500 mg par jour pendant 4 semaines en cas d’allergie à la
pénicilline. Il est important de contrôler le VDRL après le traitement au 3ième, 6ième, 12ième
et 24ième mois. Si le VDRL ne diminue pas, le patient doit être traité de nouveau.
75
4.4.2.2
4.4.2.2.1
Infections virales
Herpes zoster (zona)
L’herpes zoster est très fréquent dans l’infection au VIH et indique au minimum un stade
clinique 2 de l’OMS. Il survient fréquemment tôt au cours de l’infection et est
généralement un facteur de mauvais pronostic. Il se localise généralement sur deux ou
trois dermatomes et tend à rechuter fréquemment. Les caractéristiques cliniques
incluent des lésions vésiculaires en grappes qui peuvent se rompre et se fusionner pour
former des ulcères accompagnés de douleur modérée ou sévère. Presque 25% des
PVVIH présentent des crises de zona récurrentes.
Les lésions peuvent devenir nécrotiques et s’étendre, mettant beaucoup de temps à
cicatriser. Si elles concernent la branche ophtalmique du nerf trijumeau (V), elles
peuvent également atteindre la cornée et causer des érosions cornéennes avec perte de
vision dans l’œil atteint.
Diagnostic
Il s’agit le plus souvent d’un diagnostic clinique basé sur les signes et symptômes. Un
test de Tzanck à partir d’un frottis de matériel obtenu de la base de la lésion mettra en
évidence des cellules géantes multinucléées avec des inclusions cellulaires (inclusion
bodies), qui sont pathognomoniques.
Traitement
zona sévère et disséminé ou atteinte du nerf trijumeau:
Acyclovir 10 - 12 mg/kg IV toutes les 8 heures pendant 7-14 jours
Zona dermatome: Acyclovir 800 mg PO 5 fois par jour pendant 7-14 jours.
Traitement symptomatique
Analgésiques pour la douleur et la fièvre: AINS et/ou carbamazépine 200-600 mg par
jour ou clomipramine/amitriptyline 25-75 mg. Clomipramine et carbamazépine sont
également efficaces dans le contrôle des névralgies post-zoster.
Antiseptiques locaux pour accélérer l’assèchement des lésions et prévenir les infections
bactériennes secondaires. En cas d’ infection bactérienne secondaire, traitez avec
d’antibiotiques.
Prévention
Quand c’est indiqué chez des patients sévèrement immuno-déprimés, isolez ceux qui
sont hospitalisés pour éviter toute infection nosocomiale concomitante. Les précautions
universelles seront adoptées pour faire les pansements.
NB: Jusqu’à 4 mois après le début du HAART, le zona est souvent observé comme
manifestation de la reconstitution immunitaire. Cela ne signifie pas un échec au
traitement. Le HAART doit être poursuivi et la prise en charge des lésions et des
névralgies est la même que celle décrite plus haut. Il n’y a pas de place pour les
corticostéroïdes dans ce cas.
76
4.4.2.2.2
Herpes Simplex
La localisation habituelle est ano-génitale, bien qu’on puisse observer des lésions orolabiales.
Des ulcérations chroniques (> 3 semaines) sont observées seulement en cas de
dépression immunitaire avancée.
Non traitées, elles durent des mois et atteignent presque toute la peau et les
membranes muqueuses des régions génitales et péri-anales. Une fièvre élevée et
méningite peuvent également compliquer l’infection.
Diagnostic
Diagnostic est le plus souvent clinique. Les examens de laboratoire incluent le test de
Tzanck et la culture virale.
Traitement
Atteinte muco-cutanée modérée - Acyclovir 200-400 mg PO 5 fois par jour pendant 7-10
jours.
En cas d’infection muco-cutanée disséminée à herpes simplex, un traitement de 2
semaines est souvent nécessaire.
Traitement symptomatique: Analgésique pour douleur et fièvre. Antibiothérapie en cas
d’infection bactérienne secondaire.
Note: Des récidives ont lieu fréquemment (plus de 6 fois/an) chez certains patients.
Dans ce cas, ils peuvent avoir besoin d’un traitement suppressif à vie: acyclovir 200 mg
2 fois par jour et si cela ne donne pas de résultats, augmentez la dose à 400 mg 2 fois
par jour.
Prévention
Le varicella primaire et l’herpes zoster sont potentiellement contagieux. Le risque
d’infection nosocomiale est élevé, en particulier chez les patients immuno-compromis.
Un isolement strict est recommandé en cas si le patient est hospitalisé.
Une aggravation des lésions de HSV (Herpes simplex virus) a été décrite en relation
avec le syndrome inflammatoire de reconstitution immunitaire, 1-6 mois après le début
du HAART. Les lésions ne répondaient pas à l’acyclovir qui était précédemment efficace
et aucune résistance ne fût découverte. Dans ce cas les stéroïdes sont sans effet.
4.4.2.2.3
Molluscum contagiosum
C’est une infection dermatologique virale caractérisée par la présence sur la face, le cou
et les régions ano-génitales de papules non prurigineuses ombiliquées en leur centre.
Elle est fréquemment observée chez les PVVIH, spécialement chez les enfants. Les
lésions de la face tendent à proliférer, particulièrement en cas de blessure due au
rasage. Le diagnostic différentiel doit être fait avec la cryptococcose, l’histoplasmose et
la pénicilliose disséminées. Ces mycoses systémiques sont le plus souvent associées à
la fièvre et à une atteinte méningée ou pulmonaire.
77
Traitement
- Ne requiert généralement aucun traitement.
- Il est possible de percer le centre de la lésion avec une aiguille trempée dans du
Phenol ou de l’iode et d’en exprimer le contenu.
- Alternativement, cryothérapie (azote liquide), électrocoagulation ou curetage peuvent
être proposés.
Note: On peut observer une exacerbation des lésions chez les patients sous HAART,
peu après le début du traitement, à cause de la reconstitution immunitaire. Le HAART
ne doit pas être interrompu et même des lésions géantes peuvent régresser
spontanément après quelque temps, uniquement avec le HAART.
4.4.2.2.4
Verrues génitales (Condyloma accuminata) et verrues
vulgaires
Les verrues génitales, condylomata accuminata, sont causés par des virus de
papillome humains (human papilloma virus). Ils peuvent être vus comme IST chez
n’importe quel patient, mais leur fréquence est beaucoup plus élevée chez les patients
infectés par le VIH. Les patients avec un petit nombre de lésions, sont le plus souvent
asymptomatiques. D’autres peuvent présenter prurit, saignement et douleurs. Les
verrues génitales ne doivent être traitées qu'en cas de lésions étendues.
Si le nombre de lésions est réduit, le traitement est mieux assuré par le patient lui-même
qui applique tous les jours une solution de podophyllotoxine à 0.5% strictement sur les
m
lésions . Laissez sécher. Il faut protéger la peau non affectée avec de la vaseline ou
une pommade au zinc. L’application se fera 2 fois par jour pendant 3 jours consécutifs
par semaine et répétée pendant quatre semaines au maximum.
Un traitement inadéquat peut causer de douloureuses ulcérations. Les lésions
extensives (condyloma > 3 cm) devraient faire l’objet de cryothérapie ou cautérisation.
Le volume total de podophylline ne devrait pas excéder 0.5 ml par jour. La
podophyllotoxine est contre-indiquée dans la grossesse. Elle est également contreindiquée dans les cas de condylome cervical, urétral, ano-rectal et buccal.
La rémission est souvent éphémère, les rechutes sont très fréquentes.
Les verrues vulgaires (verruca vulgaris) sont plates, filiformes et généralement
retrouvées dans la région de la barbe, les régions plantaires et péri-inguinales. on peut
les retrouver à des endroits inhabituels tels que lèvres, la langue ou la muqueuse orale.
Les verrues peuvent être temporairement exacerbées à l’initiation du HAART, mais elles
régressent spontanément un peu plus tard dans la plupart des cas.
4.4.2.3 Gale
Des plaques prurigineuses, hypertrophiques, croûteuses pouvant siéger dans n’importe
quelle région cutanée. Les lésions interdigitales sont caractéristiques de cette affection.
Chez l’hôte infecté par le VIH, elle peut entraîner une érythrodermie. Elle peut
également mettre en danger les jours du patient, en cas d’infection secondaire sévère.
m
La podophyllotoxine est préférée à la résine de podophylline à 10 ou 25% qui est beaucoup
plus caustique et doit être appliquée par un personnel qualifié.
78
Diagnostic
Les mites de Sarcoptes Scabiei peuvent être observées au microscope sur une
préparation au KOH des squames cutanées. L’examen histologique par grattage ou par
biopsie des papules révèle les mites et leurs œufs au niveau de la couche cornée de
l’épiderme.
Traitement
Le traitement s’effectue avec le benzoate de benzyl à 20% à usage externe, appliqué
sur tout le corps, sauf le visage, pendant 3 jours consécutifs. Le prurit peut être soulagé
par la chlorphéniramine 4 mg, 3-4 tablettes par jour. Les vêtements doivent être
rigoureusement lavés et repassés afin de tuer les mites.
En cas de surinfection bactérienne, traitez d’abord avec des antiseptiques et
antibiotiques locaux et n’appliquez le benzoate que plus tard. Après le traitement, tous
les vêtements et draps de lits doivent être lavés. Il ne faut pas oublier de traiter les
membres de la famille qui sont également affectés par la gale.
L’ivermectine est une alternative efficace quand elle est disponible (dose: 12 mg (2
tablettes) en dose unique). En cas de gale norvégienne, il vaut mieux combiner
l’ivermectine à l’application d’une lotion debenzoate de benzyl.
Les démangeaisons persistantes après le traitement sont fréquentes et peuvent être
soulagées par une crème aux stéroïdes (hydrocortisone à 1%).
Enfants: Application d’une émulsion de Benzoate de benzyl à 12.5% sur les parties
affectées puis lavez après 24 heures. A répéter 3 fois.
4.4.2.4 Maladies fongiques de la peau
Les affections fongiques de la peau sont extrêmement fréquentes chez les patients VIHpositifs. Elles réagissent généralement bien aux médicaments antifongiques locaux
(Whitfield, violet de gentiane, imidazole crème, ketoconazole crème).
4.4.2.4.1 Dermatite séborrhéique
La dermatite séborrhéique est une plainte très fréquente et un des marqueurs cliniques
les plus précoces de l’infection à VIH. Les localisations les plus fréquentes sont la base
des cheveux, les sourcils, les plis nasolabiaux et la poitrine. Cette affection répond bien
aux antifongiques locaux
En général le traitement doit être continué pendant 14 jours après la disparition des
symptômes:
- Pommade Whitfield 2 fois par jour, ou
- Pommade au kétoconazole 2 fois par jour, ou
- Crème au miconazole à 2% 2 fois par jour.
En cas de réaction inflammatoire sévère ou de cas réfractaires, une crème locale à base
de stéroïde peut être ajoutée au miconazole.
79
4.4.2.4.2
Dermatophytoses
Tinea corporis, tinea pedis, tinea cruris et les onychomycoses se développent plus
fréquemment chez les patients VIH+. Ces affections sont alors sévères et étendues,
caractérisées par des papules et plaques squameuses, prurigineuses et rougeâtres.
Les dermatophytoses chez les individus infectés par le VIH, sont généralement
étendues et résistent aux agents antifongiques locaux usuels.
Diagnostic
Gratter la peau et ajouter du KOH à 10% à la préparation microscopique
Culture fongique
Traitement
Dans les cas non compliqués, le traitement local à l’imidazole crème (1% clotrimazole,
2% miconazole) ou à la pommade Whitfield, pendant quatre semaines, est suffisant.
Dans les cas sévères, la griséofulvine orale (10 mg/kg par jour pendant 4 semaines)
peut être nécessaire.
L’onychomycose est également fréquente chez les patients VIH-positifs. La microscopie
directe des squames d’ongles colorés au KOH, suffit pour faire le diagnostic différentiel
avec les ongles dystrophiques. La griséofulvine 10 mg/kg par jour doit être administrée
pendant 12-18 mois. Si disponible, le traitement à interruptions structurées avec
n
l’itraconazole est efficace (200 mg 2 fois par jour pendant les 7 premiers jours de
chaque mois, pendant quatre mois).
4.4.2.4.3 Candidose cutanéo-muqueuse
-
Candidose orale et oesophagieenne voir p 46
- Candidose vulvo-vaginale
Nystatin 100,000 intra-vaginal au coucher pendant 7 jours
OU
Miconazole ovules intra-vaginales au coucher pendant 3 jours
-
Les patients sévèrement immunodéprimés peuvent présenter des balanite, urétrite
distale ou paronychie (infection de la paroi unguéale).
La crème antifongique locale deux fois par jour est le plus souvent efficace (clotrimazole
crème à 1%, miconazole crème à 2%). Ce traitement peut être combiné avec
l’application locale de violet de gentiane afin de maintenir sèches les lésions et la peau
avoisinante.
Dans les infections cutanées généralisées, le fluconazole oral, 100 mg 1 fois par jour
pendant 2 semaines est efficace.
n
Le fluconazole n’agit pas contre les dermatophytes
80
Enfants: Pour les atteintes cutanées sévères qui ne répondent pas au traitement local,
le Kétoconazole, 3 mg/kg/jour ou le Fluconazole, 3 mg/kg/jour pendant 7 jours, doivent
être considérés.
4.4.2.4.4
Mycose profonde
La cryptococcose peut se présenter avec des pustules, nodules, ulcères et papules. Des
patients ayant la cryptococcose peuvent avoir des lésions ombiliquées, semblables à
celles de molluscum contagiosum, localisées le plus souvent sur le tronc et le visage.
Le Histoplasma Capsulatum a une présentation clinique variée: allant de papules de 2-6
cm légèrement rosées à rougeâtres, à de larges plaques rouges et multiples ulcérations
superficielles et croûteuses.
Diagnostic
Le diagnostic est suggéré par le tableau clinique. Les patients ont généralement une
fièvre élevée et d’autres symptômes comme anémie sévère, toux, lymphadénopathies,
hépatomégalie et signes méningés qui suggèrent le diagnostic. (Voir: Maladies
Respiratoires page 48 et Troubles Neurologiques page 56)
L’organisme peut être mis en évidence à l’examen microscopique d’un frottis de la
lésion, d’une biopsie cutanée ou des aspirâts ganglionnaires colorés à la coloration de
Wright. L’aspiration de moelle osseuse révèle le diagnostic dans 100% des cas
d’infections disséminées. Le diagnostic sera confirmé par la culture des champignons à
partir des spécimens recueillis.
Traitement
Le traitement initial de l’histoplasmose, doit être Amphotéricine B 0,7 mg/kg par jour IV
pendant 2 semaines, suivie d’itraconazole 200 mg 2 fois par jour pendant 10 semaines.
Le traitement suppressif de longue durée avec l’itraconazole 200 mg par jour doit être
donnée pour prévenir les rechutes.
Le traitement de choix de la cryptococcose est l’Amphotéricine B 0,7mg/kg/jour suivi par
Fluconazole 400mg/j pendant 8 semaines. La prophylaxie secondaire avec le
Fluconazole 200 mg/jour est nécessaire pour éviter les rechutes.
Chez les patients non gravement malades, l’itraconazole oral (400 mg par jour) ou le
fluconazole oral (400 mg par jour) pourrait suffire.
4.4.3 Eruptions cutanées prurigineuses
Elles affectent jusqu’à 30% des patients VIH.
4.4.3.1 Eruption papuleuse prurigineuse (EPP)
Il s’agit d’une éruption papuleuse symétrique chronique prédominante aux à la surface
des extenseurs des membres supérieurs et inférieurs. Elle serait causée par une
réaction allergique à une piqûre de puce. Elle est en général très prurigineuse et
souvent infectée secondairement.
traitements possibles avec les rayons UV, les antihistaminiques et de puissants
stéroïdes locaux. Le HAART est également efficace.
81
4.4.3.2 Folliculite éosinophilique
La folliculite éosinophilique se caractérise par des papules folliculaires de type urticaire
au–dessus de la ligne des mamelons: il y a surtout une atteinte du tronc, mais une
proportion significative des patients ont aussi des lésions au niveau de la face et du cou.
Il est rarement possible de faire la différence clinique avec les autres types de folliculite;
Les stéroïdes locaux puissants et les antihistaminiques sont les premiers choix de
traitement. Une augmentation des CD4 due au HAART a été associée à une
augmentation temporaire du nombre de cas de folliculite éosinophilique.
4.4.3.3 Xérose
Cette maladie dermatologique est fréquemment rencontrée chez les PVVIH. Son
étiologie n’est pas connue. Les lésions consistent en une éruption squameuse et
prurigineuse diffuse, touchant principalement les membres et le dos. Le traitement est
local, avec une lotion pour peau sèche et quand il y a une desquamation importante
avec la pommade Whitfield, deux fois par jour pendant 2-4 semaines. Pour le prurit:
chlorphéniramine 4 mg 3 fois par jour pendant 1 mois. Si aucune amélioration; essayer
un traitement avec le benzoate de benzyl, contre une éventuelle gale.
4.4.4 Sarcome de Kaposi (SK)
Ce cancer de la peau et des vaisseaux sanguins est rarement vu chez des patients VIHnégatifs et constitue donc un indicateur de l’infection à VIH symptomatique. Il est causé
par un Herpes virus (HHV8) ou le ‘Kaposi’s Sarcoma Herpes Virus, KSHV’ sexuellement
transmissible. Les lésions sont généralement multiples et intéressent la peau aussi bien
que les muqueuses. Les lésions cutanées apparaissent le plus couramment sur le tronc,
les extrémités et la face.
Elles sont d’abord papuleuses. Plus tard les papules se transforment en nodules et en
plaques et leur coloration passe du violet au brun foncé.
Traitement du SK localisé
Le traitement le plus facile et le plus acceptable serait le traitement local. Il est
seulement indiqué chez les patients qui ont des lésions limitées (T0) sanssigne
systémique (S0). Les possibilités sont la vinblastine intra-lésionnelle, la cryothérapie et
autres. Bien que ces traitements locaux semblent intéressants, ils ne n’empêchent pas
l’apparition de nouvelles lésions. Dans le groupe T0S0, il est probable que le HAART seul
suffise pour la majorité des patients.
Traitement systémique du SK
Le traitement local n’est pas recommandé pour le sarcome de Kaposi systémique lié au
SIDA. Il se caractérise par la présence d’au moins 10 nouvelles lésions au cours du
mois précédent, un lymphoedème symptomatique, un SK pulmonaire ou une maladie
viscérale.
Les combinaisons chimiothérapeutiques utilisées sont ABV (adriamycine, bléomycine
et vincristine) ou BV (bléomycine et vincristine). Ces régimes ont dans le passé
causé d’importantes toxicités avec un taux de réussite variant entre 25% et 88%.
Cependant, la durée de l’efficacité du traitement se limitait à une médiane de 4 mois
(avant le HAART). Deux nouvelles formulations sont actuellement considérées comme
traitement de première ligne dans le monde occidental: daunorubicine liposomale (40
82
mg/m² IV toutes les 2 semaines) et doxorubicin (20 mg/m² IV toutes les trois semaines).
Cependant leur prix est bien au-delà de la portée des pays en développement (11,000
USD par patient répondant) et est beaucoup trop élevé même à l’ère du HAART. Le
HAART est également efficace contre le SK systémique mais généralement pas seul,
sans la chimiothérapie.
4.4.5 Plaies de décubitus
C’est un problème fréquent chez les patients alités. Il faut nettoyer la plaie tous les jours
avec du liquide physiologique et la maintenir au sec le plus possible. Appliquez une
pommade à l’oxyde de zinc autour de la plaie et de l’iode sur la plaie. En cas d’infection
secondaire, utilisez des antibiotiques.
Prévention: massages fréquents sur les surfaces de pression par les membres de la
famille (instruits par un physiothérapeute). Retournez le patient dans son lit toutes les 34 heures. Evitez les draps humides ou mouillés. Traiter la douleur en suivant les paliers
successifs. En cas de plaies nauséabondes, on peut saupoudrer les lésions avec des
comprimés de métronidazole écrasés.
4.4.6 Réactions médicamenteuses
Des réactions médicamenteuses souvent observées chez les PVVIH et sont reliées au
degré d’immunodépression. Les drogues les plus fréquemment impliquées sont
TMP/SMX, dapsone et amoxicilline. Les antirétroviraux peuvent causer des éruptions
cutanées également. Il s’agit d’un effet secondaire bien connu de la névirapine.
Une éruption morbilliforme est souvent observée. L’INH peut aussi provoquer des
réactions cutanées. traitez avec la chlorphéniramine 4 mg 3-4 fois par jour. Si les
réactions sont sévères, stoppez le médicament. Il faut remplacer la névirapine par
l’efavirenz ou un autre médicament en cas de symptômes systémiques (fièvre,
arthralgie, myalgie, éosinophilie, hépatite) ou de rash humide. Il n’y a pas de réaction
croisée entre NVP et EFV.
Des cas de Stevens-Johnson dus à la névirapine surviennent rarement. dans ce cas, ne
pas utiliser l’efavirenz mais passer aux inhibiteurs de protéases.
En cas d’éruption chez les patients sous ABC, il faut arrêter l’ ABC et ne plus jamais le
recommencer. Le nelfinavir a également été associé aux éruptions cutanées. L’Alopécie
et paronychie ont été décrites comme effets secondaires de l’indinavir. La Zidovudine
peut causer une coloration bleutée des ongles.
En cas de syndrome de Stevens-Johnson, le patient doit être hospitalisé pour un
traitement agressif (réhydratation, alimentation par tube naso-gastrique, traitement
antiseptique des zones d’épidermolyse). Au début, avant que la peau ne se détache, il
est utile d’administrer des stéroïdes: prednisolone 1 mg/kg par jour pendant 1 semaine.
En cas d’épidermolyse déjà étendue, ne pas utiliser les stéroïdes en raison du risque
d’infection et de bactériémie. En cas de fièvre, traitez avec un antibiotique à large
spectre qui couvre les Gram-positifs et les Gram-négatifs (ceftriaxone + amikacine ou
ciprofloxacine). Évitez bien entendu le médicament en cause!
83
4.4.7 Leishmaniose Cutanée
Il s’agit d’une maladie causée par un protozoaire. Ses manifestations cliniques varient
selon l’espèce infectante (plus de 20 espèces pathogènes sont connues) et la réponse
immunitaire de l’hôte.
La maladie est transmise par la piqûre d’un phlebotome infecté. La leishmaniose
cutanée (LAC) est commune en Europe méridionale, au Sud-Ouest, au Centre et à l’Est
asiatiques (Inde et Pakistan), en Afrique et en Amérique Latine. Elle peut se présenter
avec des ulcérations, papules ou nodules au niveau de la peau. Les amastigotes
peuvent être détectés à partir d'une coloration de Giemsa de prélèvements faits à base
des ulcérations.
Cette forme peut guérir spontanément en 1 mois à 3 ans. Décider s’il faut traiter ou non
dépend du risque de développer la leishmaniose cutanéo-muqueuse et de la localisation
des lésions (traiter s’il s’agit de la face et des articulations).
Le traitement consiste en itraconazole 200 mg 2 fois par jour pendant 2-3 semaines ou
Amphotéricine B.
4.5 Manifestations Hématologiques et Néoplasiques
En plus de la dépression immunitaire, du développement subséquent d’infections
opportunistes et de processus malins, les patients infectés par le VIH présentent
souvent des anomalies hématologiques comme dysplasie médullaire, thrombocytopénie,
anémie et leucopénie.
4.5.1 Anémie et anomalies des globules rouges
L’anémie peut être présente à la présentation dans 70-93% des cas de SIDA. Les
valeurs moyennes du taux d’hémoglobine, de l’ordre de 9.7g à 11.7 g/dl, sont la norme
chez les patients atteints de SIDA et l’anémie est généralement normochrome –
normocytitaire. Dans 70% des cas, on observe une macrocytose chez les patients sous
AZT.
La réponse réticulocytaire est très insuffisante dans l’anémie liée au SIDA. La B-12
sérique peut être basse, mais des complications cliniques sont rarement observées.
L’anémie est semblable à celle observée dans les malades chroniques: ferritine élevée,
fer sérique et capacité totale de fixation du fer diminués. Le test de Coombs est positif
chez certains patients HIV, mais l’anémie hémolytique auto-immune est rare.
La majorité des anémies chez les patients VIH+ sont dues à une maladie sous-jacente:
mycobactériose disséminée, CMV ou infections fongiques.
Diagnostic
Exclure les autres causes d’anémie
Anémie ferriprive: Fe, Capacité totale de fixation du fer, ferritine
Anémie Macrocytaire: AZT, déficience en vitB12, déficience en acide folique: B12
sérique et acide folique des GR
Hémolyse: frottis sanguin
Saignement (sang occulte dans les selles+)
84
Médicaments: AZT, cotrimoxazole, ganciclovir, acyclovir, pyriméthamine
Traitement
L’érythropoïèse inefficace ou réduite est le facteur déterminant de l’anémie chez la
plupart des patients infectés par le VIH, d’où l’efficacité de l’érythropoïétine
recombinante humaine (EPO). Un protocole d’administration de l’EPO se trouve dans le
manuel VIH de Johns Hopkins.
Si aucune cause d’anémie n’est retrouvée:
Commencer l’EPO à 40,000 unités SC par semaine. Donner des suppléments de fer si
la ferritine est inférieure à 100 ng/dl ou si la saturation en transferrine est inférieure à
20%. L’effet ne sera pas visible avant 2-4 semaines.
Après 4 semaines, si le taux d’hémoglobine augmente de plus de 1 g/dl, continuez avec
la même dose. Si l’augmentation est inférieure à 1 g/dl, augmentez la dose de EPO à
60,000 unités SC par semaine. Quand l’Hb approche des 12 à 13 g/dl, diminuez la dose
à 10,000 unités par semaine. L’hémoglobine devrait être contrôlée toutes les 2-4
semaines.
Si Hb > 15 g/dl interrompez l’EPO et recommencez si Hb < 12 g/dl.
Mais si l’anémie est due à l’AZT, elle disparaît généralement après l’arrêt de l’AZT.
Chez les patients qui développent une anémie importante sous AZT, il faudrait le
remplacer par le d4T. L’AZT ne devrait plus jamais être prescrit à nouveau à ce patient.
S’il n’y a pas d’EPO disponible, un traitement d’épreuve avec suppléments d’acide
folique et de vitamine B12 devrait être tenté.
Les suppléments de fer ne sont pas considérés comme appropriés chez les patients VIH
à moins qu’il y ait des arguments clairs en faveur d’une anémie par carence en fer.
Si les patients anémiés sont symptomatiques, une transfusion sanguine devrait être
envisagée. Il y a une certaine préoccupation concernant un risque de progression de la
maladie.
Traitement des infections sous-jacentes et autres causes.
Quand les patients sont mis sous HAART l’augmentation du taux d’hémoglobine est un
des paramètres cliniques indiquant une réponse au traitement.
4.5.2 Thrombocytopénie Immune (TPI)
Elle peut être présente dès le début, mais est plus fréquente dans la maladie avancée.
Les signes cliniques sont semblables à ceux de la TPI. La moelle osseuse révèle un
nombre élevé de mégacaryocytes et la rate est généralement non palpable. Certains
médicaments sont également associés à la thrombocytopénie (Amphotéricine B,
ganciclovir).
Un saignement cliniquement important est rarement observé.
Traitement
Le traitement optimal de la thrombocytopénie immune associée au VIH n’est pas bien
documenté. Les traitements comprennent stéroïdes, immunoglobulines intraveineuses
(IGIV) et splénectomie. Les bénéfices à long terme de ces thérapies ne sont pas bien
connus.
85
Les Stéroïdes comportent un risque d’aggravation de l’immunodépression car des
doses de 1 mg/kg pendant 2 semaines sont nécessaires et en plus la durée de la
réponse est courte.
IGIV 400 mg/kg/jour aux Jours 1, 2 et 14 puis toutes les 2 à 4 semaines.
En cas d’hémorragie: Transfusion de sang frais total ou de globules rouges concentrés,
de concentré plaquettaire, d’immunoglobine IV 1 g/kg/j aux jours 1, 2 et 14 et de
prednisolone 60 mg/jour.
Les expériences avec la splénectomie sont variables. Certaines données indiquent un
risque accru de progression de la maladie et d’autres ne le montrent pas.
La mise sous HAART résout généralement le problème de thrombocytopénie immune,
mais pas toujours.
4.5.3 Sarcome de Kaposi (SK)
Avant l’ère du VIH, le sarcome de Kaposi était décrit comme une tumeur vasculaire rare
caractérisée par de multiples nodules cutanés localisés aux extrémités inférieurs des
hommes plus âgés. Il se présente sous diverses formes.
Au cours des 2 dernières décennies, certains pays africains à incidence élevée de VIH
ont vu les nouveaux cas de SK augmenter de 20 fois, faisant du SK le cancer le plus
fréquent chez l’homme.
C’est une maladie qui définit le SIDA. Il est causé par l’herpes virus humain 8 (HHV-8 ou
KSHV).
Les manifestations cliniques du SK du SIDA peuvent varier de lésions maculaires
évoluant de papules et tumeurs nodulaires à l’atteinte viscérale potentiellement mortelle
des poumons, du tractus gastro-intestinal, causantobstruction lymphatique et
insuffisance respiratoire.
Parfois, l’œdème (souvent dur) peut précéder les lésions cutanées (jambes). Des
ganglions lymphatiques régionaux durs sont souvent présents.
Les lésions de KS peuvent augmenter ou diminuer selon l’occurrence d’autres OI.
Les lésions GI sont souvent asymptomatiques mais elles peuvent produire ulcérations et
saignements. Le SK pulmonaire est rapidement mortel s’il n’est pas traité. Les patients
se présentent avec une dyspnée sans fièvre, parfois accompagnée d’hémoptysie. La
plupart du temps, il y a aussi des lésions cutanées. La radiographie du thorax peut
montrer des infiltrats réticulo-nodulaires, un élargissement de la silhouette médiastinale
et parfois un épanchement pleural.
Le diagnostic se fait par biopsie (cellules en fuseau = spindle cells), mais les lésions
ont souvent une apparence typique.
Dans les stades précoces, il peut être difficile de faire la différence entre le Sarcome de
Kaposi et l’angiomatose bacillaire. Cette dernière affection est causée par le Bartonella
henselae et répond à la doxycycline.
La classification dépend de la taille et du nombre des lésions, ainsi que de la présence
ou non de symptômes (voir Tableau 14, page 87).
86
Tableau 14: classification du Sarcome de Kaposi
T0 = lésions confinées à la peau et/ou aux
ganglions lymphatiques et/ou atteinte
orale minimale
S0 = pas de symptôme B†, aucune
histoire d’infection opportuniste, pas de
muguet
T1 = Ulcération ou œdème associé à la
tumeur
S1 = histoire d’infections opportunistes
et/ou de muguet, symptômes B présents
* atteinte orale minimale = SK non nodulaire confiné au palais
† Symptômes B = fièvre inexpliquée, sueurs nocturnes, perte de poids involontaire >10% ou
diarrhée > 2 semaines
Traitement
En l’absence de HAART, il n’y a pas de traitement pour le Sarcome de Kaposi du SIDA.
Il n’y a pas d’évidence d’augmentation de la survie par thérapie locale ou systémique.
L’objectif principal du traitement est donc de fournir une réduction des symptômes
efficace et sans danger.
Indications
Afin de conserver la qualité de la vie, la chimiothérapie ne sera entamée que si le patient
présente des lésions défigurantes dans des endroits visibles du corps, des lésions
cutanées étendues douloureuses et œdème, des lésions orales causant obstruction ou
dysphagie, évidence de progression tumorale rapide ou atteinte viscérale.
Dans les pays à faibles ressources où il n’y a pas accès au HAART, nous
recommandions les soins palliatifs qui consistaient en une gestion efficace de la douleur,
ou parfois la chimiothérapie avec vincristine ou bléomycine, ou une combinaison des
deux. Utilisés sans HAART, ces médicaments étaient très toxiques et apportaient peu
de bénéfices, les rechutes survenant très tôt après leur discontinuation. Cela ne
permettait donc pas d’atteindre l’objectif de palliation.
Le traitement de choix dans le monde occidental à présent est: anthracyclines
liposomales (daunorubicine ou doxorubicine). Cependant, ils sont myélosuppressifs et
augmentent le risque d’infections opportunistes en raison de la diminution progressive
du taux des CD4 (sauf quand ils sont combinés au HAART). L’efficacité du HAART seul
pour le Sarcome de Kaposi, est de plus de 90% chez les patients T0S0 ou T0S1.
Chez les patients T0S0 ou T0S1, il est conseillé d’utiliser seulement le HAART. Il n’existe
aucun consensus sur les régimes préférés, à base de NNRTI ou d’inhibiteurs de
protéases. Toutefois il n’y a jusqu’à présent aucune preuve que les inhibiteurs de
protéases donnent de meilleurs résultats. La réponse au HAART dépend probablement
de la reconstitution immunitaire.
S’il n’y aucune réponse au HAART seul, on peut utiliser la chimiothérapie intralésionnelle.
- Injection intra-lésionnelle de Vinblastine 0.1 ml per 0.5 cm² d’une solution contenant
0.2 - 0.3 mg/ml NaCl 0,9% toutes les 3-4 semaines avec maximum de 3 injections
par lésion.
- Application locale d’azote liquide.
87
Chez les patients qui présentent des lésions multiples, des lésions volumineuses
obstruantes ou des lésions viscérales, on conseille la chimiothérapie systémique.
Chimiothérapie
La bléomycine seule à la dose de 15 mg IM toutes les deux semaines a un taux
d’efficacité allant jusqu’à 65% et a l’avantage d’être moins myélosuppressive. On ne
devrait pas effectuer plus de 20 cycles car la toxicité pulmonaire devient fréquente à la
dose cumulative de 300 mg.
Radiothérapie
La radiothérapie joue un rôle important dans la palliation des troubles fonctionnels, dans
le soulagement de la douleur et dans la réduction des lésions comportant des problèmes
esthétiques.
4.5.4 Lymphome non-Hodgkinien
Il y a une augmentation de l’incidence des lymphomes, le lymphome non-Hodgkinien en
particulier. Ils sont généralement agressifs avec un taux élevé de létalité. D’autres sites
sont le SNC, la moelle osseuse, ainsi que le tractus gastro-intestinal, le foie, la peau et
les membranes muqueuses. En dépit de la chimiothérapie agressive, les résultats
demeurent décevants.
Traitement
Différentes combinaisons chimiothérapeutiques standard comme CHOP + Bléomycine &
Méthotrexate, ou étoposide peuvent être utilisées comme chez les patients non-sidéens.
La plupart des hôpitaux dans les pays en développement ne sont pas équipés pour la
chimiothérapie. Dans le cas des patients SIDA, le gain de survie est également très
limité.
4.5.5 Cancer du col utérin
Le taux des lésions squameuses intra-épithéliales (SIL) est augmenté chez les jeunes
femmes infectées par le VIH (33% à 45% chez VIH+ par rapport à 7% à 14% chez VIH-)
et l’incidence du cancer du col est presque le double de ce qui est relevé chez les
femmes non infectées.
Le test de Papanicolaou (Pap smear) doit être pratiqué deux fois au cours de la
première année qui suit le diagnostic de VIH et si les résultats sont normaux,
annuellement par la suite. Dans certains endroits en pays en développement, on peut
trouver des laboratoires d’histopathologie qui sont en mesure d’interpréter des frottis
cytologiques; ailleurs, un équipement de télépathologie peut être disponible.
Si les résultats du Papanicolaou se révèlent anormaux, les soins doivent être fournis en
conformité aux recommandations provisoires de prise en charge de cytologie cervicale
anormale (Interim Guidelines for Management of Abnormal Cervical Cytology) publiées
par National Cancer Institute Consensus Panel. Ces recommandations sont brièvement
résumées dans le tableau suivant.
88
Tableau 15: Interventions recommandées selon les résultats du Pap smear
(MMWR 2002; 51[RR-6] :58, adapté car le typage du papilloma virus humain (HPV) n’est
habituellement pas possible.
Résultats
Inflammation sévère
Prise en charge
Evaluez en recherchant infection, répéter
Pap, endans les 2 ou 3 mois de
préférence
Cellules squameuses atypiques de Suivi du PAP sans colposcopie tous les 4
à 6 mois pendant 2 ans jusqu’à ce que 3
signification non déterminée (ASCUS)
soient négatives; si 2e ASC-US reporté
• ASC-US (Signification indéterminée)
• ASC-H (ne peut exclure les HSIL), pratiquer la colposcopie
forme intermédiaire entre ASC-US et
HSIL
Lésions squameuses intra-épithéliales de Colposcopie +/- biopsie ou suivi avec PAP
bas grade (LSIL)
tous les 4 à 6 mois comme ci-dessus,
avec colposcopie et biopsie si des frottis
répétés sont anormaux*,
Lésions squameuses inta-épithéliales de Référer pour colposcopie +/- biopsie
haut grade (HSIL) Carcinome in situ
Carcinome invasif
Colposcopie avec biopsie ou conisation;
traiter par chirurgie ou radiothérapie
* La plupart des gynécologues recommandent une évaluation devant toute anomalie, à
cause de la prévalence élevée des SIL sous-jacents.
[Il n’y a aucune donnée disponible indiquant qu’il faudrait modifier ces recommandations
pour prévenir le cancer cervical dans le cas de femmes sous HAART.]
4.5.6 Cancer de l’anus
Plusieurs études démontrent que les hommes HPV-positifs qui ont des rapports sexuels
avec des hommes (MSM: men who have sex with men) et les femmes HPV-positives
ont un risque accru de développer des HSIL anales et peut-être aussi de cancer anal.
Chez les MSM, la prévalence du HPV est de 60% à 75% et la fréquence du carcinome
anal est d’environ 80 fois celle observée dans la population générale. Des études
récentes suggèrent que ce risque concerne tous les hommes affectés par le VIH, d’où la
recommandation de pratiquer une cytologie anale de routine tous les 3 ans,
indépendammentd’épisode de coït anal réceptif, et spécialement chez ceux qui ont un
taux de CD4 bas.
89
4.6 Douleurs abdominales
Les douleurs abdominales sont fréquentes chez les patients SIDA.
Une observation faite en Afrique du Sud a montré que 45% des patients vus en clinique
externe se présentaient avec des douleurs abdominales. La douleur abdominale est
associée à une réduction de la survie. Très peu d’études prospectives existent sur les
étiologies des douleurs abdominales dans le HIV Une étude réalisée en Italie a montré
que le CMV, le MAI (Mycobacterium Avium Intracellulare) et le lymphome gastrointestinal étaient les trois causes les plus fréquentes de douleurs abdominales. A
l’opposé, une étude prospective effectuée en Afrique du Sud chez les patients se
présentant avec des douleurs abdominales a montré que le MAI était rare et que la
cause la plus fréquente de douleurs abdominales était la TB disséminée.
4.6.1 Mycobacterium Tuberculosis
L’Afrique et l’Asie ont un taux élevé de co-infection TB/VIH (40-50%), le taux le plus
élevé étant en Afrique sub-Saharienne. La tuberculoseo disséminée a été décrite dans
50% à 72% des cas de patients avec SIDA et TB.
en Afrique du Sud La TB abdominale était la cause la plus fréquentes de douleurs
abdominales,chez les personnes non blanches avec une infection VIH avancée (CD4 <
200), reflétant la forte prévalence de la TB dans ces communautés.
Symptômes & Examen clinique
Les patients en phase précoce du SIDA, montrent des caractéristiques similaires à
celles des patients non VIH. Un abcès du psoas volumineux ou une péritonite
tuberculeuse peuvent se présenter avec douleur abdominale dans les stades précoce
de l’infection à VIH. Cependant, on observe une incidence élevée (60-70%) de TB extrapulmonaire et de TB disséminée chez les patients à un stade de SIDA avancé.
Les symptômes les plus communs dans la TB abdominale chez les PVVIH, sont fièvre
élevée prolongée (en général >39 °C) et frissons, sueurs nocturnes, anorexie, perte de
poids progressive, douleurs abdominales, diarrhée (moins fréquent).
Les découvertes à l’examen clinique les plus fréquentes sont défense abdominale,
localisation dépendant du site d’infection, augmentation de volume de l’abdomen et/ou
masse, et lymphadénopathie périphérique (>1,5 cm de diamètre).
Contrairement aux patients non-VIH, ascite et ictère sont rarement observés.
Diagnostic
Des découvertes paracliniques fréquentes mais non spécifiques sont anémie, une
concentration élevée de phosphatase alcaline et un pourcentage élevé de
mononucléaires dans le liquide péritonéal (même si petite quantité)
L’échographie de l’abdomen démontre souvent des ganglions lymphatiques multiples
de taille élargie, péri-aortiques ou mésentériques (> 1,5 cm) ou une masse de ganglions
lymphatiques adhérents avec nécrose centrale ou multiples nodules ou abcès hypoechogéniques dans la rate et le foie. La portée diagnostique de l’échographie
o
Plus de 2 sites non-contigus affectés par TB ou culture de sang positive ou miliaire sur la
radiographie du thorax.
90
abdominale est si élevée dans les douleurs abdominales chez les PVVIH que tout
médecin s’occupant de patients VIH devrait développer ou avoir accès à des
compétences en échographie.
La radiographie du thorax démontre une maladie pleuro-pulmonaire dans la majorité
des patients (épanchement pleural, infiltrats parenchymateux, miliaire, ggls
lymphatiques péri-hilaires).
cependant un cliché radiologique du thorax normal n’exclut pas le diagnostic de
tuberculose abdominale.
Diagnostic mycobactériologique
Un retard du diagnostic de la TB peut résulter en une mortalité précoce chez les patients
SIDA. Comme bon nombre de patients avec TB abdominale ont une TB disséminée
(93%), il faudrait tenter d’ isoler les BAAR dans un site ou l’autre.
L’hémoculture et la culture des urines étaient positives dans 50 à 70% des patients avec
maladie disséminée et des CD4 < 100.
Diagnostic différentiel
La TB abdominale doit être différenciée du Mycobacterium avium complex, mais ce
dernier est rare dans les pays en développement. Lymphome et Sarcome de Kaposi
peuvent se présenter avec des douleurs abdominales et des adénopathies. Certaines
mycoses profondes (cryptococcose, histoplasmose) peuvent se présenter avec de
volumineux ggls lymphatiques abdominaux douloureux. Chez les patients se présentant
avec des abcès spléniques, il faut exclure la leishmaniose viscérale. Cette maladie est
une cause fréquente de fièvre chez les patients VIH vivant dans les pays
méditerranéens, dans la corne de l’Afrique et en Inde.
La nocardiose peut se présenter par des abcès multiples.
Traitement
Basé sur les normes du programme national de la TB.
4.6.2 Le Mycobacterium avium complex (MAC)
L’infection à MAC n’apparaît pas clairement comme un problème dans les pays en
développement où le Mycobacterium Tuberculosis semble être l’agent pathogène
prédominant. Il est spéculé que l’immunité acquise lors d’une infection tuberculeuse
antérieure ou par l’intermédiaire de la vaccination au BCG, confère une certaine
protection contre le MAC.
Généralement, le MAC se présente avec fièvre prolongée, amaigrissement progressif,
anémie et neutropénie sévères. Les CD4 sont le plus souvent < 30. L’infection à MAC
atteint fréquemment le tractus gastro-intestinal, le foie, les ganglions lymphatiques
abdominaux et la rate.
Un nouveau syndrome clinique d’adénite focale due au MAC a été reconnu chez les
patients SIDA sous HAART comme phénomène de reconstitution immunitaire. Les
patients peuvent alors se présenter avec fièvre, douleurs abdominales et malaises.
91
Diagnostic
L’hémoculture est très sensible pour la détection du MAC disséminé chez les patients
SIDA (une seule hémoculture a une sensibilité de 90 à 95%). Cependant, dans de rares
cas, la biopsie de la moelle osseuse et du foie peuvent être utiles.
Les coprocultures sont souvent positives, mais non utiles au diagnostic de MAC, car
elles sont également présentes chez 50% des patients sains.
Chez les patients SIDA avec un syndrome de lymphadénite focal, l’hémoculture est
souvent négative et une biopsie ganglionnaire est alors requise pour le diagnostic.
En milieu à faibles ressources sans possibilités d’effectuer des culture
mycobactériennes, chez un patient présentant une symptomatologie compatible à la TB
ou au MAC disséminés, et qui ne répond pas aux médicaments anti-TB, le diagnostic
est souvent fait par exclusion.
Diagnostic différentiel
Voir 4.6.1: Tuberculose, page 90
Pronostic et traitement
En milieu à faibles ressources, le diagnostic et le traitement du MAC sont
difficiles.
Le traitement incluant l’azithromycine ou la clarithromycine est efficace et bien toléré,
mais onéreux. Pour éviter l’émergence de résistance médicamenteuse, au moins deux
médicaments devraient être utilisés. Clarithromycine 500 mg 2 fois par jour ou
Azithromycine 500 mg par jour plus éthambutol 15 mg/kg par jour avec ou sans
rifabutine 300 mg par jour.
4.6.3 Infections bactériennes
Chez les patients VIH, les causes bactériennes de maladies gastro-intestinales, sont les
mêmes que dans la population générale: S. typhi et
S. non typhi, Shigella,
Campylobacter et Clostridium difficile.
Salmonella peut entraîner une péritonite due à la perforation. Une péritonite bactérienne
secondaire peut survenir chez les patients avec perforation intestinale due au CMV, au
sarcome de Kaposi, à la tuberculose et aux lymphomes.
Symptômes
la plupart des patients se présentent avec une diarrhée aiguë, fièvre élevée et douleur
abdominale diffuse. Les patients ont une apparence ‘toxique’.
En cas de diarrhée aiguë sangulante et de ténesmes, suspectez Campylobacter et
Shigella.
Quand il y a un antécédent d’antibiothérapie et d’hospitalisation, pensez au Clostridium
difficile.
Le diagnostic repose sur l’hémoculture et la coproculture.
C.difficile requiert une recherche des de la toxine Clostridium dans les selles.
Le traitement dépend de la cause sous-jacente.
92
Campylobacter: Erythromycine 500 mg 2 fois par jour pendant 5 jours ou ciprofloxacine
500 mg 2 fois par jour pendant 5 jours.
Shigella: Le traitement recommandé est la ciprofloxacine 500 mg 2 fois par jour ou la
norfloxacine 400 mg 2 fois par jour pendant 5 jours. En cas de récurrences, il est parfois
nécessaire de donner la ciprofloxacine 500 mg 2 fois par jour à vie. Salmonella:
Ciprofloxacine 500 mg 2 fois par jour pendant 2 semaines. Continuez avec la
prophylaxie au cotrimoxazole. En cas de bactériémie récurrente, le traitement doit être
maintenu à vie.
Toute péritonite due à une perforation intestinale (air libre sous le diaphragme),
doit faire l’objet d’une prise en charge chirurgicale.
4.6.4 Parasites gastro-intestinaux et infections à protozoaires
Les infections gastro-intestinales parasitaires constituent une importante source de
maladie chez les PVVIH, particulièrement dans les pays tropicaux. La majeure partie de
la morbidité et de la mortalité en cas de SIDA avancé est associée aux affections gastrointestinales, particulièrement Microsporidiose et Cryptosporidiose parce qu’elle sont
difficiles à traiter. Les parasites le plus souvent liés aux douleurs abdominales sont
Cryptosporidium parvum, Isospora belli et Strongyloides stercoralis dans le
syndrome d’hyperinfection.
Microsporidium et cryptosporidium causent tous les deux une diarrhée aqueuse
chronique avec cholangite sclérosante. Les infections entériques à protozoaires chez les
PVVIH causent des crampes abdominales douloureuses (crampes) accompagnées de
diarrhée, de malabsorption et d’amaigrissement.
Le diagnostic est fait par la mise en évidence de parasites gastro-intestinaux lors de
l’examen microscopique des selles (voir page 43 : Diarrhée chronique).
Traitement: voir page 43 : Diarrhée chronique.
4.6.5 Infections fongiques
4.6.5.1 Cryptococcose
L’infection à cryptocoque se présente rarement avec de volumineuses adénopathies
abdominales, pouvant causer des douleurs abdominales. 90% des patients SIDA
infectés par le Cryptococcus neoformans se présenteront avec une méningite.
Le diagnostic de cryptococcose disséminée se base sur l’Ag crytpococcique
sérologique, ou sur l’isolement de l’agent pathogène à partir de matériels biologiques
comme LCR, ganglions lymphatiques, crachats ou ulcères cutanés.
Le traitement de la cryptococcose disséminée est à base Amphotéricine B et de
fluconazole (pour détails, voir page 62 méningite cryptococcique). La prévention
secondaire avec le fluconazole 200 mg/jour est nécessaire pour réduire le taux de
rechutes.
4.6.5.2 Histoplasmose
Histoplasma capsulatum est rarement observé dans les pays en développement, mais
pourrait être sous-diagnostiqué. L’histoplasmose gastro-intestinale diffère des autres
93
formes d’histoplasmose disséminée en ce sens que symptômes pulmonaires et fièvre
peuvent être absents. Une ulcération orale est la manifestation la plus commune;
splénomégalie, lymphadénopathie (30%) et hépatomégalie (26%).
Le diagnostic d’histoplasmose disséminée dépend de tests généralement non
disponibles en milieux à pauvres ressources: tests antigéniques dans l’urine et le sérum
(sensibilité de 90% et 70% respectivement), hémoculture (sens 50-70%), aspiration de
moelle osseuse ou biopsie pour microscopie pour coloration ou culture de champignons
(positive dans 75% des cas).
Dans les pays en développement, le diagnostic sera clinique et suggéré par la réponse
au traitement.
Traitement: Amphotéricine B 0.5-1 mg/kg par jour IV pendant au moins 6 semaines. La
dose cumulative Amphotericin B est recommandée à 10-15 mg/kg pour l’histoplasmose.
Les patients devraient être maintenus sous antifongiques oraux (itraconazole 200 mg 2
fois par jour) à vie, ou tant que l’immunodépression est présente.
4.6.6 Infection à cytomégalovirus
L’atteinte gastro-intestinale du CMV est complication peu courante mais sévère du
SIDA. Elle peut causer une diarrhée ou des douleurs sévères, difficiles à traiter.
Epidémiologie
L’atteint gastro-intestinale du CMV survient jusque dans 5% des patients SIDA,
principalement chez ceux dont les CD4 < 50. Dans le monde industrialisé, l’incidence du
CMV gastro-intestinal a considérablement diminuée depuis que le HAART est
disponible.
Pathologie
Le CMV gastro-intestinal est caractérisé histologiquement par une inflammation des
muqueuses et une nécrose tissulaire avec un atteinte de l’endothelium vasculaire.
L’entérocolite à Cytomegalovirus peut causer des ulcères profonds, des fistules et une
perforation intestinale.
Les symptômes dépendant de la localisation. Presque tous les patients avec CMV
gastro-intestinal ont de la fièvre. En cas de gastrite au CMV, ils se plaignent de douleurs
sous le sternum et/ou brûlures épigastriques. La pancréatite à CMV se présente avec
une douleur épigastrique irradiant dans le dos. L’atteinte de l’intestin grêle par le CMV
cause des douleurs abdominales et parfois de la diarrhée. La colite à CMV cause des
douleurs abdominales avec diarrhée sanglante et signe de rebond. Le CMV de l’intestin
grêle et du colon peut causer une perforation, entraînant une péritonite. Le CMV cause
rarement de larges ulcères douloureux au niveau de la bouche, du pharynx ou de l’anus.
La proctite au CMV se présente avec des ténesmes.
Une autre cause de douleur abdominale propre aux personnes VIH-positives est la
cholangite sclérosante associée au SIDA et causée par le CMV.
L’infection disséminée à CMV peut causer des lésions hépatiques multifocales avec une
échogénicité augmentée.
94
Diagnostic et diagnostic différentiel
En pratique, dans les pays en développement, on suspecte ce diagnostic chez les
patients SIDA avec douleurs abdominales, diarrhée sanglante et/ou ulcérations des
muqueuses, qui ne répondent pas aux traitements antibactériens et antifongiques
habituels.
La présence de rétinite à CMV entraîne une forte suspicion du diagnostic d’infection à
CMV.
Traitement
Le HAART avec la reconstitution immunitaire est une des méthodes les plus efficaces
pour contrôler le CMV.
Deux médicaments antiviraux reconnus pour le traitement du CMV sont gancyclovir et
Foscarnet. les deux sont très chers et ont des effets secondaires graves. Elles ne sont
pas disponibles dans les pays en développement en raison de leur coût exorbitant.
4.6.7 Douleurs
abdominales/problèmes
médicaments
induits
par
les
Plusieurs médicaments peuvent occasionner des troubles gastro intestinaux, quelques
uns peuvent causer une pancréatite ou hépatite potentiellement mortelle.
4.6.7.1 Pancréatite d’origine médicamenteuse
En général, la pancréatite aiguë est beaucoup plus fréquente chez les patients VIHpositifs par rapport à la population générale. Elle survient surtout comme complication
des médicaments pris pour combattre le virus ou traiter les infections opportunistes
(sulphonamides, didanosine, stavudine, pentamidine). La pancréatite induite par les
médicaments peut ne survenir qu’après plusieurs mois de traitement. C’est surtout la
combinaison de didanosine et de stavudine qui entraîne un risque très élevé de
pancréatite.
Diagnostic
Début brutal avec douleurs abdominales atteignant un paroxysme dans 10 à 20 minutes
dans beaucoup de cas. Une caractéristique de la douleur qui est dans environ 50% des
cas et qui suggère une origine pancréatique, est une irradiation dans le dos. La douleur
est soulagée quand le patient s’assoit ou se penche en avant. La douleur de la
pancréatite dure plusieurs jours.
Une hyperamylasémie est fréquente et on observe un pancréas anormal à l’échographie
dans 25 % des cas.
Traitement
L’arrêt des médications potentiellement pancréato-toxiques et de l’alimentation orale,
réhydratation intraveineuse, décompression gastrique par aspiration naso-gastrique et
analgésie.
La didanosine ne devrait jamais être réutilisée après avoir occasionné une pancréatite
médicamenteuse. La stavudine doit être retirée, mais elle peut être réintroduite
prudemment après la disparition des symptômes et la normalisation des amylases
sériques. Une réduction de dose de 40 mg à 30 mg est indiquée.
95
La prophylaxie aux antibiotiques (Amoxycilline + acide clavulanique, quinolones) n’est
nécessaire que si > 30% du pancréas paraît affecté à l’échographie.
4.6.7.2 Hépatite médicamenteuse
L’hépato-toxicité médicamenteuse peut survenir à un stade plus précoce de l’infection à
VIH (CD4 > 200). Les patients peuvent présenter malaises, ictère, anorexie, nausées,
vomissements, douleurs abdominales et perte de poids. L’hépatite médicamenteuse est
la cause d’ictère la plus fréquente chez les patients VIH. Elle est le plus souvent
associée à la thérapie antituberculeuse et a un taux de mortalité élevé.
4.6.7.2.1
Hépatite à INH
Le début de l’hépatotoxicité s’observe au cours des deux premiers mois de traitement
chez approximativement 50 % des patients. Certains facteurs sont associés à un risque
accru: patients >35 ans, ceux qui reçoivent un autre médicament hépatotoxique
(rifampicine, kétoconazole), alcoolisme, maladie simultanée du foie, femmes d’origine
afro-américaine et hispanique, femmes en post-partum, utilisateurs de drogues
intraveineuses.
Les patients asymptomatiques avec des augmentations de TGP inférieures à 5 fois la
valeur de la limite supérieure maximale, peuvent continuer le traitement avec l’INH.
Dans de nombreux cas similaires, les TGP diminuent spontanément.
Si les transaminases atteignent une valeur 5 fois plus élevée que la limite supérieure
maximale, ou si le patient développe un ictère, l’INH (et aussi rifampicine et
pyrazinamide) devrait être arrêté jusqu’à ce que l’ictère disparaisse.
Dans la plupart des cas, le traitement peut être recommencé sans problème. En cas de
TB sévère, un traitement alternatif anti-TB est recommandé entre-temps (streptomycine,
ciprofloxacine et éthambutol).
4.6.7.2.2
ARV et hépatite
Tous les antirétroviraux sont potentiellement hépato-toxiques. L’incidence peut être plus
élevée chez des patients ayant des lésions hépatiques sous-jacentes. En cas d’hépatite,
il faut interrompre les médicaments. En Thaïlande, au niveau des cohortes des essais
HIV-NAT, on a observé une incidence d’hépato-toxicité sévère de 14% par an dans le
groupe de patients prenant lanévirapine. Généralement, l’hépatite survient au cours du
premier mois qui suit l’initiation du traitement. Les patients avec une co-infection par
l’hépatite B ou C avaient un risque 3 à 4 fois plus grand.
Le syndrome d’hypersensibilité (DRESS = Drug Rash with Eosinophilia and Systemic
Symptoms: adénopathies, hépatite, néphrite, myocardite) a été observé avec l’efavirenz,
la névirapine et l’ abacavir. Stoppez le médicament responsable et traitez avec la
prednisolone 1 mg/kg.
4.6.7.3 Coliques néphrétiques, lithiase rénales
L’Indinavir et la sulfadiazine sont éliminées sous forme de cristaux dans l’urine. Si les
patients ne boivent pas suffisamment ou ne reçoivent pas assez de liquides au cours de
leur traitement, ils peuvent développer des lithiases rénales et présenter en
conséquence des douleurs abdominales de type coliques.
96
5 Soins palliatifs et gestion des symptômes
Les soins palliatifs assurent un support physique, psychologique, social, émotionnel et
spirituel de maladies incurables, et sont intégrés dans une stratégie de soins globaux
pour les PVVIH. Même avec le HAART devenant plus disponible, beaucoup de
personnes continueront à se présenter tardivement avec une dépression immunitaire et
des symptômes graves.
Prodiguer des soins palliatifs ne veut pas dire que la cause sous-jacente ne doit pas être
traitée. Par exemple, les céphalées de la méningite cryptococcique ne cèderont qu’à
l’aide de fréquentes ponctions lombaires pour diminuer la pression intracrânienne. D’un
autre coté, même si vous traitez quelqu’un pour une tuberculose abdominale, cela
n’empêchera pas d’uitilisation des analgésiques pour soulager sa douleur abdominale.
Dans ce manuel, nous nous focaliserons sur le traitement symptomatique.
5.1 La douleur
L’OMS a rédigé des recommandations pour le traitement de la douleur cancéreuse.
Elles sont également très utiles pour le soulagement des symptômes du VIH/SIDA.
Ces recommandations suggèrent une approche progressive de contrôle de la douleur en
commençant avec du paracétamol ou un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS). Si la
douleur est plus sévère ou si la première étape ne suffit pas, on peut ajouter un opioïde
faible (comme la codéine) et au cas ou cela ne marche pas, on peut passer à un opioïde
plus fort comme la morphine (voir Tableau 16: Approche antalgique par paliers, page
98).
Dosage
Il est important de fournir une antalgie continue pour la douleur constante au repos.
Dans le cadre des soins palliatifs, on ne devrait pas administrer les médicaments
uniquement sur demande du patient. Il peut s’écouler du temps avant que le patient ne
reçoive les médicaments et avant que ceux-ci ne soient absorbés et efficaces.
En cas de soins infirmiers ou d’examen spécifique potentiellement douloureux, il faut
donner des doses supplémentaires pour soulager ces douleurs intermittentes.
Si le patient nécessite tout le temps des doses non programmées, n’hésitez pas à
augmenter la dose de base des analgésiques. Quand vous passez de la voie
d’administration orale à la voie parentérale, il faut diminuer la dose de 50%. Si un patient
est sous perfusion continue, vous pouvez administrer une dose intermédiaire en ajoutant
la moitié d’une dose horaire normale toutes les 30 minutes.
Il faut respecter la dose maximale pour les AINS, le paracétamol et la codéine. Il n’existe
aucune dose maximale standard pour la morphine
Effets secondaires
Anticiper et informer sur les potentiels effets secondaires: constipation, nausée,
sécheresse de la bouche, sédation, confusion, rétention urinaire, tics, myoclonus.
Donner un laxatif pour prévenir la constipation, sauf si le patient avait la diarrhée.
97
Médicaments adjuvants
1. Pour traiter les effets indésirables des antalgiques: halopéridol, chlorpromazine,
métoclopramide contre les vomissements et la nausée, et les tablettes Senna contre
la constipation.
2. Pour augmenter le soulagement de la douleur: les corticostéroïde sont utiles en cas
de douleurs associées à la compression des nerfs ou de la moelle épinière et aux
céphalées liées à l’élévation de la pression intra-cranienne
3. Pour traiter les troubles psychologiques associés tels qu’insomnie et dépression:
certains psychotropes ont un effet antalgique (clomipramine pour les douleurs
neuropathiques), d’autres neutralisent les effets secondaires (halopéridol contre les
vomissements induits par opioïdes). Pour d’autres patients, un anxiolytique comme le
diazépam peut être nécessaire. Il est également efficace contre les spasmes
musculaires.
Tableau 16: Approche antalgique par paliers
Pallier
Douleur
légère
Douleur
modérée
Type de
médicament
Non opioïde
Opioïde
faible
médic. recommandé
Dose maximale
Aspirine PO
Paracétamol PO, AINS
Indométacine 25 mg 4 x
jour
(ou ibuprofène 400 mg 4 x
jour)
Ajouter opioïde faible
Codéine phosphate 30 mg
4 g par jour en 4-6 doses
4 g par jour en 4-6 doses
200 mg par jour
Tramadol 50-100 mg 2-4 x
jour
Douleur
sévère
Opioïde fort
Remplacer opioïde faible
par opioïde fort
Morphine toutes les 4
heures
Pethidine
Buprénorphine: 0,3 mg 3 x
jour
3 g par jour
240 mg par jour en 4-6
doses
400 mg par jour
Pas de maximum
1 mg toutes les 8 heures
5.2 Douleur neuropathique
Il y a deux types de douleur, celle due à la compression de nerfs et celle due à des
lésions nerveuses.
1. Douleur due à la compression de nerfs: Douleur aigue, en coup de poignard,
‘sensation d’électrocution’, névralgie du trijumeau par exemple. Généralement la
sensibilité cutanée est normale. Assurer l’antalgie par pallier en y associant la
carbamazépine: dose initiale de 100 mg 2 fois par jour. Cette dose peut être
augmentée lentement, de 200 mg chaque quelques jours. Parfois la douleur
98
associée à la compression nerveuse ne répond que quand les corticostéroïdes sont
ajoutés.
2. Douleur due aux lésions nerveuses: Infiltration, p.e. tumeur invasive, neuropathie
induite par médicaments (INH, d4T). Sensation de brûlure, picotement de piqûres et
d’aiguilles, hyperalgésie (peau douloureuse au toucher léger, p.e. le patient ne peut
plus supporter les draps de lit) ou engourdissement. Assurer l’antalgie par pallier et y
associer les antidépresseurs tricycliques qui augmentent l’effet antalgique des
opioïdes. Clomipramine: une dose aussi faible que 10 mg peut être appropriée pour
certains patients mais la plupart peuvent prendre 25-50 mg. La dose peut être
augmentée progressivement (tous les 3-4 jours), à une rapidité tolérée au niveau de
l’hypotension posturale, de la sédation ou de la sécheresse de la bouche. La dose
journalière totale doit être administrée au coucher en raison de l’effet sédatif. La
dose maximale est de 200 mg par jour. En cas de neuropathie d’origine
médicamenteuse, arrêter le médicament en cause ou ajouter la pyridoxine 100 mg
par jour s’il s’agit de neuropathie à l’INH.
5.3 La toux
S’assurer que la chambre du patient soit bien ventilée. Eviter de fumer dans la chambre.
Placer le patient en position semi-assise. Toujours demander au patient de se couvrir la
bouche lors de la toux. Faites en sorte que les expectorations puissent être recueillies
dans un petit récipient ou dans un morceau de tissu afin d’éviter la transmission par voie
aérienne de certains agents pathogènes.
Médicament: codéine 15-60 mg PO 4 à 6 fois par jour.
En plus de son effet antitussif, la codéine agit également comme antidiarrhéique et
analgésique. Si elle est donnée pour la toux, attention à éviter la constipation.
Si le patient a des difficultés pour évacuer les sécrétions obstruant ses voies
respiratoires, vous pouvez utiliser l’aromathérapie (eucalyptus ou huile de pin dans de
l’eau chaude ou sur la poitrine). Assurez massage de la poitrine, physiothérapie
respiratoire et drainage postural.
Les sécrétions des voies respiratoires peuvent être réduites par l’adjonction d’atropine:
0,4-0,6 mg SC, IM, IV 6 à 8 fois par jour. Ceci cause un assèchement des muqueuses,
d’où la nécessité d’humecter les lèvres du patient pour son confort, à éviter dans les
dernières heures de la vie à cause de la stimulation du SNC et du système cardiorespiratoire.
5.4 Dyspnée, détresse respiratoire
•
•
•
•
•
Toujours exclure les causes réversibles de dyspnée: pneumothorax,
épanchement pleural, oedème pulmonaire, asthme
En cas de stridor secondaire à l’obstruction par des ganglions lymphatiques,
donnez des stéroïdes: prednisone 10-60 mg par jour PO ou dexaméthasone 1-8
mg 4 fois par (PO, IV ou SC).
Réduire les irritants environementaux et le tabac.
Minimiser le nombre de personnes dans la chambre.
Former et soutenir la famille.
99
•
•
•
L’oxygène est seulement indiqué quand la saturation en O2 chute au-dessous de
90% (pO2<70 mmHg). Contrôler le pourcentage de saturation en oxygène pour
régler continuellement le besoin en oxygénothérapie.
Gérer l’anxiété par l’administration de morphine (2.5 -15 mg PO ou SC toutes les
heures si nécessaire et diazépam 5-10 mg 4 fois par jour PO).
Dans les dernières heures de la vie, l’insuffisance respiratoire résultera en une
carbonarcose qui est un état confortable pour le patient. La respiration de
Cheyne-Stokes signifie que la mort est imminente. Ceci n’est pas angoissant
pour le patient. Rassurer et soutenir les membres de la famille qui se trouvent au
chevet.
5.5 Diarrhée
Nous devons trouver du temps pour expliquer à la famille du patient comment manipuler
les draps de lits souillés et gérer les matières fécales. Demandez-leur s’ils disposent de
gants ou de sachets en plastique pour se protéger les mains.
Les patients ont besoin d’être réhydratés. Le lit devrait être maintenu propre et sec.
Assurez un accès facile à une salle de bain ou à une toilette et assurez l’intimité pendant
la toilette.
La diarrhée peut être diminuée par des absorbants tels que les anti-acides à l’aluminium
15-30 ml PO 6 fois par jour selon les besoins, le CaCO3 500 mg 3 fois par jour.
En cas de diarrhée aqueuse; vous pouvez réduire le péristaltisme avec le lopéramide
(Imodium®) 4 mg par os la première dose suivie de 2 mg à 4 mg après chaque selle
liquide (max 16 mg par jour), ou codéine 30 à 60 mg 3 à 6 fois par jour. Les opioïdes
ralentissent également les mouvements péristaltiques.
5.6 Affections orales
Assurer l’antalgie par paliers (paracétamol/AINS-codéine-morphine). Voir Tableau 16,
page 98).
Les AINS peuvent se révéler particulièrement utiles. Les stéroïdes peuvent aider dans
les cas de stomatite aphteuse sévère (prednisone 40 mg par jour pendant une
semaine).
Afin de permettre au patient d’être en mesure de continuer à s’alimenter, il est parfois
nécessaire d’avoir recours au gel buccal à la lidocaïne.
5.7 Difficultés à la déglutition, hoquet
Testez la capacité de déglutition du patient avec une petite quantité de l’eau avant
chaque repas afin d’éviter l’aspiration d’aliments. Minimisez la médication orale.
Déterminez si les liquides ou les aliments mous sont plus faciles à avaler. Des aliments
froids et mous peuvent être plus faciles à avaler. Laissez la famille préparer des petits
repas, mais fréquents. Alimentez lentement le patient, en position droite. Des tubes
naso-gastriques peuvent être nécessaires en cas de prise en charge à long terme; par
100
exemple, dans le cas d’un patient ayant un déficit neurologique après une méningite
cryptococcique ou une encéphalite toxoplasmique traitées, mais se trouvant par ailleurs
en bonne condition physique.
Donnez des boissons froides contre le hoquet, ou si cela ne marche pas, de la
chlorpromazine. Pensez à l’oesophagite et traitez pour Candida.
101
6 Manifestations cliniques et prise en charge des
affections liées au VIH/SIDA chez les nourrissons et
les enfants
6.1 Introduction
Le VIH/SIDA est une cause majeure de morbidité et de mortalité pédiatrique en Afrique
sub-Saharienne. Chiffres d’ONUSIDA: en 2003, un demi million d’enfants sont morts du
SIDA et 700 000 ont été nouvellement infectés. A la fin de 2003, le nombre total
d’enfants infectés par le VIH était de 2.5 millions.
Il y a cependant un risque que ce nombre soit sous-estimé en raison des difficultés à
poser un diagnostic chez les enfants.
Le counseling chez les enfants et les adolescents est très important et requiert des
compétences particulières.
6.2 En quoi l’infection au VIH de l’enfant diffère-t-elle de celle de
l’adulte?
6.2.1 Voie et moment de transmission (transmission périnatale)
La majorité (plus de 95%) des enfants infectés par le VIH en Afrique le sont à partir de
leur mère, soit in utero, soit au cours de l’accouchement, soit après l’accouchement,
pendant l’allaitement au sein. Tous les enfants nés de mères VIH positifs, ne sont pas
infectés par le VIH. Le taux de transmission de mère à enfant s’étend de 25% à 45%
sans intervention. D’autres sources d’infection à VIH chez les enfants sont la transfusion
sanguine et les abus sexuels.
6.2.2 Histoire naturelle / progression de la maladie
Comme l’infection a lieu pendant le développement du système immunitaire de l’enfant,
les manifestations cliniques et les marqueurs immunologiques sont différents de ce que
l’on retrouve chez l’adulte. Une progression bimodale de la maladie a été décrite. La
majorité des enfants développeront le SIDA après 6 ans de vie avec un taux de survie
de 95% à 5 ans (forme évolutive lente). 20% à 30% des enfants développeront le SIDA
au cours des 12 à 24 premiers mois de la vie avec des taux de survie de moins de 10%
à l’âge de 5 ans (forme évolutive rapide). Cette différence dans l’évolution s’explique en
partie par le moment de l’infection (in utero ou peripartum). On décrit des cas d’enfants
de plus de 15 ans vivant avec le VIH, acquis de leurs mères à la naissance.
102
6.2.3 Différence dans les manifestations cliniques
Les signes cliniques sont très communs, même avant que le SIDA ne se développe. La
plupart des enfants auront des symptômes (pas ceux qui définissent le SIDA) avant
l’âge de 1 an (80 %!).
Contrairement aux adultes qui se présentent plus fréquemment avec des affections
distinctes liées au SIDA, les enfants infectés en Afrique se présentent avec un éventail
de pathologies semblables aux enfants non infectés. Le diagnostic clinique d’infection au
VIH chez les enfants est donc difficile.
Les enfants VIH positifs présenteront plus souvent des infections bactériennes et
fongiques banales. En comparaison avec les adultes, les enfants ont plus de troubles
neurologiques, une incidence accrue d’infections bactériennes, un retard de croissance,
pneumonie lymphoïde interstitielle (PLI), plus de troubles cardiaques et de multiples
anomalies endocrines.
6.2.4 Les infections opportunistes
La PCP est très fréquente chez les enfants. Elle survient surtout chez les jeunes enfants
(âgés de 3 à 6 mois) et se caractérise par un début brutal et une mortalité élevée.
Toxoplasmose, méningite cryptococcique et infections à herpes simplex sont moins
fréquentes chez les enfants que chez les adultes.
Le diagnostic de TB chez les enfants VIH+ est extrêmement difficile (voir page 109
Tuberculose Pulmonaire).
6.2.5 Maladies organiques des enfants infectés au VIH
Les problèmes qui suivent sont typiques du SIDA de l’enfant:
Pneumonie lymphoïde interstitielle (PLI): pneumopathie chronique associée à des
infections récurrentes et dyspnée. Les signes radiologiques sont caractéristiques (même
avant les signes cliniques): infiltrats réticulo-nodulaires bilatéraux. Le traitement aux
stéroïdes peut être efficace.
Encéphalopathie progressive: parmi les nombreux troubles neurologiques que peut
présenter un enfant atteint du VIH, la manifestation la plus grave est l’encéphalopathie
progressive qui peut survenir jusque chez 10 % des enfants infectés! (voir page 113
Anomalies neurologiques chez les patients pédiatriques du SIDA)
Croissance et développement cognitif
A la naissance, il n’y a pas de différence de taille entre enfants VIH+ et enfants non
infectés. Mais ultérieurement (après l’âge de 6 mois) un retard de croissance et de
développement mental peut être fréquemment observé (importance de s’informer des
résultats scolaires, les étapes de développement neurologique, les courbes de de
croissance, etc.)
Le retard staturo-pondéral est un signe important chez les enfants infectés au VIH!
103
6.2.6 Différence au niveau des marqueurs immunologiques
Le nombre total de CD4 varie en fonction de l’âge (plus élevé chez les enfants et
diminue lentement pour atteindre les valeurs adultes vers l’âge de 6 ans). Il ne peut
donc pas être utilisé comme marqueur immunologique (voir Tableau 17: Taux
approximatif de CD4 et % CD4 selon l’âge et la catégorie d’immunosuppression.).
Le % de CD4 ne change pas et peut donc être utilisé comme marqueur de progression
de la maladie.
La connaissance du statut immunitaire et du stade clinique est essentielle en matière de
soins à donner aux enfants (quand commencer/arrêter la prophylaxie, les ARV,
déterminer ce que c’est qu’un échec thérapeutique et à quel moment changer de régime
antirétroviral…). Cela nous permet également de déterminer le pronostic.
La charge virale est beaucoup plus élevée chez les enfants car ils ont des réponses
moins actives des lymphocytes cytotoxiques (CTL), moins de réponse proliférative des
CD4, ainsi que d’autres perturbations y inclus la fonction thymique, qui doivent encore
être étudiées. La charge virale a tendance à être un log et plus élevée que chez les
adultes.
Le thymus est très actif (il disparaît vers les 30-35 ans) d’où un potentiel de
reconstitution immunitaire plus élevé chez les enfants.
Tableau 17: Taux approximatif de CD4 et % CD4 selon l’âge et la catégorie
d’immunosuppression.
< 1 an
Catégorie immunitaire
Catégorie 1:
Pas d’immunodépression
Catégorie 2:
Dépression modérée
Catégorie 3:
Dépression sévère
1-5 ans
6-12 ans
%
≥ 25%
No/µL
≥ 1.500
%
≥ 25%
No/µL
≥ 1.000
No/µL
≥ 500
%
≥ 25%
15-24%
7501.499
<750
1524%
< 15%
500-999
200-499
<500
<200
1524%
<15%
< 15%
6.2.7 Diagnostic
La sérologie VIH chez les enfants de moins de 15-18 mois n’est pas utile parce que les
anticorps maternels peuvent persister jusqu’à cet âge. Il existe des tests sophistiqués
pour confirmer l’infection par le VIH chez des enfants plus jeunes, mais ils ne sont
disponibles que dans quelques laboratoires de recherche en Afrique (voir diagnostic
laboratoire de l’infection au VIH chez les enfants, page 16). c’est pour cette raison que
l’OMS a proposé une définition de cas pour la notification et la surveillance du SIDA
pédiatrique (voir Définitions de cas de l’OMS pour la surveillance du SIDA dans les pays
à faibles capacités diagnostiques cliniques et laboratoires, page 21).
104
6.2.7.1 Quand suspecter l’infection au VIH chez un enfant ?
Comme décrit plus haut, les enfants infectés par le VIH présentent et meurent de
maladies courantes communes aux enfants qui ne sont pas VIH infectés. Cependant, il
faut suspecter le VIH si on observe un des signes suivants qui ne sont pas fréquents
chez les enfants VIH négatifs:
1. Infections récurrentes, telles que pneumonie, septicémie ou méningite.
2. Muguet: après la période néonatale, la présence de muguet, en l’absence
d’antibiothérapie, persistant ou réapparaissant après traitement, est suggestive
d’infection à VIH.
3. Parotidite chronique: la présence de gonflement uni- ou bilatéral des parotides
pendant plus de deux semaine. A distinguer d’une augmentation de volume de
ganglions cervicaux.
4. La lymphadénopathie généralisée: présence de ganglions lymphatiques augmentés
de volume au niveau de deux régions extra-inguinales, ou plus, sans cause sousjacente apparente
5. Fièvre persistante ou récurrente, sans cause apparente.
6. Anomalies neurologiques inexpliquées, surtout si observées à partir de la naissance:
hypertonie, retard dans les étapes de développement, microcéphalie et troubles
neurologiques progressifs.
7. Zona (Herpes Zoster)
8. Dermatite VIH: éruption papulaire érythémateuse non spécifique
9. Infection VIH suspectée ou confirmée de la mère
Signes courants chez les enfants infectés par le VIH, mais également chez les enfants
malades non VIH infectés:
1. Otite moyenne chronique: écoulement auriculaire >14 jours
2. Diarrhée persistante > 14 jours
3. retard de croissance: perte de poids ou détérioration progressive et continue au
niveau du gain pondéral par rapport à la croissance attendueindiquée sur la courbe
de croissance de l’enfant. Penser particulièrement au VIH chez un enfant de moins
de 6 mois, nourri au sien qui présente un retard de croissance
Signes ou affections très spécifiques aux enfants infectés par le VIH.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Pneumonie à Pneumocystis carinii (PCP)
Candidose œsophagienne
Pneumonie lymphoïde interstitielle
Zona sur plusieurs dermatomes
Encéphalopathie progressive
Sarcome de Kaposi
Alors que les affections ci-dessus sont très spécifiques du VIH, leur diagnostic est
difficile en milieu à faibles ressources sans les infrastructures adéquates.
105
6.2.7.2 Que faire en cas de suspicion d’infection au VIH ?
Si possible, l’enfant doit être testé pour le VIH. Tenir compte de la persistance des
anticorps maternels jusqu’à 18 mois, signifiant qu’une sérologie positive ne peut pas
confirmer pas l’infection chez un enfant âgé de moins de 18 mois.
Tout test VIH doit être accompagné de counseling pré et post-test. Puisque l’infection à
VIH de l’enfant peut être le premier indicateur d’infection à VIH dans la famille,
l’approche psychologique devrait être assurée pour toute la famille. Ainsi le counselling
devrait être proposé à la mère (et au père s’il est d’accord) aussi. lors du counselling, on
doit insister que bien qu’il n’y ait pas encore de traitement, on peut faire beaucoup pour
améliorer la qualité et la durée de vie de l’enfant ainsi que la qualité de la relation mèreenfant.
Il faut également noter que l’enfant plus âgé infecté par le VIH a des besoins
émotionnels et de counselling semblables à ceux des adultes
Le counselling doit être effectué par un personnel formé car il requiert du temps et des
compétences. C’est pourquoi tous les professionnels de santé de première ligne
devraient être formés en counselling.
6.3 Soins aux nourrissons et enfants
6.3.1 Soins périnataux
Quelle que soit la méthode de PTME utilisée par la mère avant l’accouchement
(HAART, bi-thérapie ou névirapine), l’enfant doit recevoir une dose de névirapine 2
mg/kg dans les 72 heures suivant la naissance et, du sirop AZT, 4 mg/Kg 2 fois par jour
pendant une semaine. (OMS 2004)
Il n’existe pas de procédure supplémentaire nécessaire lors de l’accouchement d’un
enfant d’une mère séropositive, que respecter strictement les précautions universelles à
toutes les étapes de l’accouchement. Toute procédure traumatique devrait être évitée
quand c’est possible (épisiotomie, utilisation de forceps). La sage-femme ou
l’accoucheuse traditionnelle doivent veiller à enseigner aux membres de la famille qui
prodiguent des soins à toujours respecter les règles d’hygiène.
La décision du mode d’alimentation de l’enfant devrait être conforme à la politique
nationale dans chaque pays. Cependant, une considération prudente doit être portée
aux circonstances et aux ressources à la disposition de la mère et de la famille. Chaque
mère infectée par le VIH devrait recevoir des informations complètes sur les risques de
l’allaitement maternel et les alternatives. Actuellement les recommandations de l’OMS
sur le VIH et l’alimentation des nourissons sont les suivantes: les femmes infectées par
le VIH devraient éviter tout allaitement maternel quand une méthode d’allaitement
alternatif est acceptable, faisable, abordable financièrement, continue et sûre. Sans
quoi, l’allaitement exclusif est recommandé durant les premiers mois de la vie.
C’est pourquoi, si l’allaitement maternel est choisi, il est bon de conseiller l’allaitement
maternel exclusif pendant 6 mois et pas d’alimentation mixte qui augmente le risque de
106
transmission du VIH. Des conseillers devraient être disponibles pour la mère avant et
après l’accouchement.
Comme les enfants infectés par le VIH sont d’habitude «normaux» à la naissance,
aucune procédure spécifique n’est prévue à leur intention, à part la prophylaxie
antirétrovirale avec la NVP (+/- AZT). Cependant, comme pour tous les enfants, si des
anomalies sont détectées à la naissance, ils doivent être référés pour une meilleure
évaluation et prise en charge.
6.3.2 Vaccination
L’OMS et l’UNICEF recommandent que tous les enfants avec VIH asymptomatique,
soient vaccinés selon les calendriers nationaux. Par conséquent, tous les enfants
doivent être vaccinés, qu’ils soient infectés ou non par le VIH, comme c’est recommandé
par le ministère de la santé de chaque pays. Il y a habituellement moins de réponse
et/ou un déclin plus rapide de la protection après la vaccination des personnes VIH
positives (hépatite B, BCG, rougeole, fièvre jaune…). C’est pourquoi les enfants dont
l’infection au VIH est suspectée ou confirmée, devraient recevoir une dose
supplémentaire du vaccin contre la rougeole; une à l’âge de 6 mois suivie d’une
seconde dose à 9 mois. Le BCG est normalement administré à la naissance quand les
enfants VIH positifs ne sont pas encore symptomatiques. Toutefois, si l’enfant a raté le
BCG à la naissance et qu’il est déjà assez grand pour présenter des symptômes qui
vous font penser au VIH (voir ci-dessus), attendez que l’infection à VIH soit exclue
pouradministrer le BCG. Si le risque de TB est faible, le VIH ne devrait pas être
administré aux enfants suspects d’infection par le VIH (recommandation de l’OMS).
Si l’enfant est symptomatique, le vaccin atténué de la fièvre jaune est contre-indiqué.
6.3.3 Prise en charge des affections liées au VIH chez les enfants
6.3.3.1 Principes généraux
La prise en charge de l’infection au VIH symptomatique inclut:
1. Soins généraux symptomatiques du patient.
2. Surveillance de la croissance et nutrition appropriée.
3. Soutien psychosocial pour faire face aux sentiments de rejet, culpabilité et de
déni.
4. Soins infirmiers appropriés au patient
5. Soulager la douleur du patient
6. Repos et sommeil adéquats
7. Maintien d’une température corporelle normale et minimiser les contacts avec
d’autres patients ayant des maladies infectieuses.
8. Chimioprophylaxie au cotrimoxazole pour prévenir la pneumonie à pneumocystis
carinii (PCP). (Voir page 33: Prévention des infections bactériennes, de la PCP
et de la toxoplasmose par le cotrimoxazole).
9. Traitement antirétroviral (voir les recommandations nationales sur la thérapie
antirétrovirale)
107
6.3.4 Prise en charge de pathologies spécifiques
Comme indiqué plus haut, les enfants infectés par le VIH présentent des pathologies
similaires à celles des enfants non infectés. C’est pourquoi, pour la diarrhée aiguë, la
fièvre, l’anémie, la toux, les infections auriculaires, la méningite et le retard de
croissance, les enfants devraient être pris en charge selon les normes nationales de la
PCIME (Prise en Charge Intégrée des Maladies des Enfants). Cependant, la guérison
des enfants infectés par le VIH est souvent plus lente et les échecs thérapeutiques sont
courants. En cas d’échec, considérez le recours à un médicament de seconde ligne.
Voir les notes spécifiques sur les enfants dans les chapitres sur la prise en charge des
infections opportunistes chez les adultes.
Certaines affections liées au VIH requièrent une mention spécifique pour leur prise en
charge, comme décrit ci-dessous.
6.3.4.1
Voir page 46
Candidose oropharyngée (Muguet)
6.3.4.2 Diarrhée chronique persistante
Evaluation de la déshydratation selon les recommandations de la PCIME.
Une prise en charge en ambulatoire est indiquée si l’enfant est âgé de plus de 6 mois,
sans déshydratation ni malnutrition sévères.
Prise en charge
1. Maintenir l’hydratation avec les SRO: correction des déficits et remplacement des
pertes liquidiennes continus
2. Appui nutritionnel:
o Poursuivre l’allaitement au sein chez les enfants nourris au sein.
o Introduire chez les enfants non nourris exclusivement au sein, des repas
fréquents à base de céréales avec en plus, de l’huile.
o Laits d’animaux dilués à ½ ou yaourt.
o Une prise journalière totale de 150 kcal/kg devrait être maintenue.
3. Pour le traitement des causes spécifiques de diarrhée, voir page 43.
4. S’il y a une fièvre de 38.5 °C ou plus, donnez des antipyrétiques, puis recherchez
d’autres causes d’infection. Pneumonie, otite moyenne, paludisme et infections
cutanées sont des causes communes de fièvre chez les enfants infectés par le VIH.
Note: La diarrhée persistante est une manifestation fréquente chez les enfants VIH+. Si
l’enfant n’est pas gravement malade (pas de sang dans les selles, pas de fièvre ni de
déshydratation), observez-le pendant 7 jours en le réhydratant et en maintenant une
nutrition adéquate.
108
Les indications pour la référence vers des hôpitaux à plus grandes capacités
diagnostiques et thérapeutiques, quand c’est possible, incluent:
1.
Age de moins de 6 mois;
2.
Déshydratation difficile à gérer en ambulatoire;
3.
Malnutrition sévère;
4.
Persistance de sang dans les selles, 48 heures après l’initiation du traitement
avec des antibiotiques de 1ière ligne pour une présomption de shigellose;
5.
Patients fébriles et toxiques;
6.
Incapacité de prendre du poids et plus de 5 selles liquides en 24 heures, après 7
jours d’observation malgré le maintien de l’hydratation et de l’alimentation;
7.
Maladies graves associées telles que cas avancés de pneumonie ou de malaria.
Note: La prise en charge des cas avancés de pneumonie et de malaria est décrite dans
les guides PCIME.
Prise en charge de la diarrhée persistante
Les procédures d’hospitalisation devraient inclure la gestion de base des liquides, de
l’équilibre électrolytique et de la nutrition.
Les procédures de routine pour l’enfant infecté par le VIH se présentent comme suit:
1. L’allaitement maternel devrait être continué;
2. L’hydratation par les SRO ou fluides parentéraux en fonction du degré de
déshydratation;
3. Traitement approprié des infections spécifiques;
4. Maintenir l’alimentation avec des repas fréquents à base de céréales avec ajout
d’huile; protéines animales et de volaille;
5. Lait animal dilué, lait fermenté ou lait sans lactose;
6. La vitamine A peut être administrée dans un but prophylactique. Enfants < 6
mois d’âge = 50,000 UI par os. Enfants > 6 mois d’âge = 100,000 UI par os;
7. Autres suppléments minéraux et en vitamines selon les déficits.
Critères de décharge du patient:
o Gain de poids
o Cessation ou réduction de la fréquence des selles diarrhéiques à moins de 3 par
jour
Prévention:
o Manipulation propre des aliments
o Allaitement maternel
o Utilisation d’eau propre et sûre
o Précautions universelles avec les sécrétions corporelles
o Vaccination (rougeole)
6.3.4.3 Tuberculose pulmonaire
L’infection au VIH augmente la susceptibilité de l’enfant à la TB et le risque de TB
maladie. Le taux de létalité associé à la TB est plus élevé chez l’enfant VIH + par rapport
à l’enfant VIH-.
Le diagnostic de TB chez les enfants est toujours difficile, mais encore plus chez ceux
infectés par le VIH. La tuberculose pulmonaire est encore la forme de TB la plus
109
courante même chez les enfants VIH+. Tandis que l’infection à VIH progresse et que
l’immunité décline, la dissémination de la TB devient plus fréquente. La méningite
tuberculeuse, la tuberculose miliaire et une lymphadénopathie tuberculeuse étendue
surviennent. Contrairement aux adultes, les enfants ont plus de symptômes généraux
(perte de poids, fièvre et inactivité) et moins de toux. A la radiographie du thorax les
enfants présentent rarement des infiltrats des lobes apicaux ou des cavernes. La
radiographie chez les enfants peut montrer des adénopathies médiastinales et hilaires,
des infiltrats interstitiels (difficiles à distinguer des infections bactériennes) ou un
épanchement pleural. Il est courant d’avoir un cliché du thorax normal. Le Test cutané à
la tuberculine, si positif, peut être suggestif, mais un résultat négatif n’exclut pas la TB
car les patients SIDA peuvent être relativement anergiques. Les crachats pour
recherche de bacilles acido-alcoolo-résistants (BAAR) sont rarement positifs ou difficiles
à obtenir. La technique d’induction des expectorations ou la coloration sur aspirât
gastrique matinal peut être tentée. L’hémoculture n’est pas souvent disponible.
La biopsie des ganglions périphériques peut révéler le diagnostic, mais requiert les
compétences d’un pathologiste expérimenté.
Pour toutes ces raisons, le diagnostic de TB est presque toujours présomptif chez les
enfants !
Système de scores pour le diagnostic de TB chez les enfantsp
Un système de scores est un moyen tentant d’améliorer le diagnostic de la TB chez les
enfants. Au-dessus d’un certain seuil, le score indique une forte probabilité de TB. Le
tableau ci-dessous (adapté de Crofton) montre un échelle de score pour assister le
diagnostic de TB chez l’enfant. Un score de 7 ou plus indique une probabilité élevée de
TB.
p
Adapté de MSF Malawi
110
Tableau 18: Système de scores pour le diagnostic de TB chez les enfants
Caractéristiques
Générales
Durée de la
maladie
(semaines)
Nutrition (% poids
pour âge)
Histoire de TB
dans la famille
0
1
<2
2-4
>80
60-80
Aucune
Rapportée
par la
famille
2
4
Scor
e
>4
<60
Crachats
positifs
prouvés
Positif
Test à la
tuberculine
Malnutrition
Fièvre inexpliquée
et sueurs
nocturnes
Locales
3
Pas
d’amélioration
après 4
semaines
Pas de
réponse aux
antipaludéens
adénopathies
gonflement
des
articulations ou
des os
Masse
abdominale ou
ascite
Signes niveau
SNC ;
anormalités du
LCR
Déformation
angulaire de
la colonne
vertébrale
SCORE TOTAL
Traitement
Le traitement est le même que pour les enfants non-VIH+ et en conformité avec les
normes nationales de contrôle de la tuberculose. Si la TB est miliaire, méningée, rénale
ou osseuse, le traitement doit être suivi pendant 12 mois.
Le Thiacétazone doit être évité en raison du risque élevé de réactions toxiques chez les
PVVIH.
6.3.4.4 Pneumonie interstitielle lymphocytaire (PIL)
Sa cause demeure inconnue, mais elle est souvent associée à la présence de l’infection
au virus d’Epstein Barr.
111
Présentation
Le début est généralement insidieux avec une toux non productive chronique avec ou
sans difficultés respiratoires et signes d’hypoxie tels que l’hippocratisme digital. D’autres
caractéristiques associées sont la lymphadénopathie généralisée symétrique et
l’augmentation de volume des glandes parotides. La LIP est souvent compliquée par la
pneumonie bactérienne aiguë.
Diagnostic
Le diagnostic est présomptif, basé sur la clinique et les découvertes à la radio du thorax
qui typiquement démontre des opacités diffuses réticulo-nodulaires pour lesquelles il
faut exclure la TB.
Traitement
Essayez d’abord un traitement antibiotique pour la pneumonie bactérienne avant de
commencer la prednisolone orale 1-2 mg/kg/jour pendant 4-12 semaines, suivi d’une
réduction progressive sur 2 semaines. Les stéroïdes sont immunosuppresseurs et
peuvent augmenter le risque de tuberculose et d’autres infections opportunistes. Il faut
donc balancer les bénéfices du traitement stéroïdien et les effets indésirables potentiels.
Commencez les stéroïdes uniquement si la radio est suggestive, s’il n’y a pas de
réponse aux antibiotiques, s’il y a dyspnée, cyanose et hippocratisme digital. L’oxygène
peut être nécessaire en cas d’hypoxémie. Le HAART améliorera les symptômes. En cas
d’un tableau obstructif, administrez des bronchodilatateurs beta-mimétiques par
nébuliseur. Donnez toujours la prophylaxie au cotrimoxazole.
6.3.4.5 Pneumonie à Pneumocystis carinii (PCP)
Dans certaines régions, la PCP est très courante. La PCP peut progresser très
rapidement et la distinction entre PCP et infection bactérienne peut être difficile. Le
début brutal de la maladie avec fièvre élevée, augmentation des globules blancs, une
prédominance des formes jeunes et un cliché thoracique anormal suggéreraient une
pneumonie bactérienne plutôt que la PCP.
Considérez la possibilité de PCP chez un enfant connu ou suspect VIH+, dont la
pneumonie ordinaire ne répond pas au traitement. La PCP survient très fréquemment
chez les nourrissons (spécialement < 6 mois d’âge) et est souvent associée à de
l’hypoxie. Une respiration rapide en est le signe de présentation le plus courant. Des
râles à l’auscultation sont rares ou absents.
Traitement (voir également page 53)
Fortes doses de cotrimoxazole (Triméthroprime 5 mg/kg, Sulfaméthoxazole 25 mg/kg
toutes les 6 heures IV, si disponible, pendant 21 jours). Sinon donnez par voie orale la
même dose. Si le traitement ne peut pas être poursuivi à cause de réactions
médicamenteuses sévères, la pentamidine à 4 mg/kg par jour IV peut être utilisée en
remplacement.
Pour les enfants hypoxiques, ajoutez des stéroïdes dès le début du traitement au
cotrimoxazole (voir Tableau 9, page 55).
Une prophylaxie secondaire au cotrimoxazole est nécessaire, jusqu’à la reconstitution
immunitaire consécutive au HAART (CD4>200 pendant 6 mois).
112
6.3.4.6 Anomalies neurologiques chez les enfants SIDA
Définition: Troubles neurologiques chez un enfant avec infection à VIH symptomatique
pouvant inclure les affections suivantes:
6.3.4.6.1
Encéphalopathie progressive
Détérioration progressive de la fonction motrice, cognitive ou langage, liée à un retard
dans le développement des étapes de développement psychomoteur. Le début peut
survenir dès la première année de vie, ou à n’importe quel moment. Caractéristiques:
(a)
(b)
(c)
(d)
Croissance anormale du cerveau (tête anormalement petite)
Détérioration progressive de la fonction motrice
Troubles cognitifs et troubles du langage
Retard de développement psychomoteur
Des mesures répétées du périmètre crânien (jusqu’à l’âge de 2 ans) montrent un
plateau chez ces enfants. Au début, l’enfant perd la capacité d’effectuer des
mouvements fins avec la main et les doigts. Plus tard, des groupes de muscles plus
gros sont atteints, ils deviennent rigides (hypertonie sévère ou quadriparésie spastique)
ou flasque avec mouvements involontaires. L’enfant n’est plus en mesure de marcher ou
de s’asseoir ou ne sera plus en mesure d’atteindre les étapes de développement
neurologique répondant à son âge (s’asseoir, marcher…).
Les étapes de développement neurologiques liées à l’âge ne sont pas atteintes ou
perdues: s’asseoir, parler, capacité d’apprendre et de comprendre, échec scolaire…
6.3.4.6.2
Encéphalopathie statique
Elle se présente également avec des troubles moteurs et des retards de développement
de sévérité variée, mais n’est pas progressive comme documenté par des examens
neurologiques et psycho-moteurs en série. L’encéphalopathie statique peut être due à
l’effet du VIH sur le développement du SNC ou relié à es facteurs non liés au VIH
comme l’asphyxie, la prématurité ou à l’effet de l’exposition à des médicaments inutero.
Le diagnostic d’encéphalopathie statique est posé en l’absence de toute explication
alternative.
Les enfants VIH+ peuvent développer des complications neurologiques comme résultat
de l’effet direct du VIH sur le SNC. Ces effets directs et indirects du VIH sur le SNC sont
difficiles à différencier cliniquement bien que l’encéphalopathie directe au VIH provoque
le plus souvent des troubles moteurs symétriques et une détérioration plus insidieuse
des fonctions cognitives et comportementales.
6.3.4.6.3
Infections du SNC chez les enfants souffrant de SIDA
Des épisodes aigus avec apparition soudaine de convulsions, de déficits neurologiques
focaux comme dans la toxoplasmose, de méningite et de fièvre (p.e. méningite
cryptococcique, bactérienne, tuberculeuse ou encéphalite à CMV) surviennent comme
chez les adultes mais moins souvent.
113
Les affections neurologiques qui accompagnent généralement l’infection au VIH sont:
• La méningite pyogénique
• La méningite cryptococcique
• La méningite, les abcès et tubercules TB
• Toxoplasmose du SNC
• Encéphalite à CMV
• Saignement SNC
• Lymphome SNC
• Paludisme
• Encéphalopathie au VIH
Diagnostic
Le diagnostic se base sur l’histoire clinique et l’examen physique, incluant une
évaluation neurologique et du développement complète. Les méthodes d’investigation
suivantes aident à identifier la cause quand c’est possible.
• examen du LCR
o Microscopie
o Chimie
o Compte cellulaire et différentiel
o Coloration de Gram
o Coloration AFB
o Coloration à l’encre de Chine
o Culture (bactérienne, fongique, mycobactérienne)
• sérologie du LCR ou sang (VDRL, antigène cryptococcique, bactéries
pyogéniques)
• EEG et TDM ou IRM
Tableau 19: Valeur de l’examen du LCR chez un enfant VIH+ avec troubles neurologiques
Etiologie
Microscopie
Culture
Compt. cell
Bact. pyogéniques
+
+
Cryptococcus
+
+
+
+
M. Tuberculosis
(+) utile, (-) pas utile, (+/-) peut être utile.
+
-
Sérologie
Biochimie
+
+
-
+/-
Note: En zone d’endémie du paludisme, il faut considérer la malaria cérébrale comme
diagnostic différentiel et administrer le traitement approprié selon les normes nationales
avant de poursuivre l’investigation des troubles neurologiques liés au VIH.
La prise en charge des problèmes courants du SNC est résumée ci-dessous (voir
également Infections opportunistes affectant le cerveau page 61).
114
6.3.4.6.3.1 Encéphalopathie au VIH
Différents rapports démontrent que l’atteinte directe du SNC par le VIH est fréquente.
Elle se présente comme suit:
• Déficit moteur symétrique, changements de tonus musculaire, changement de
réflexes, ataxie, spasticité.
• Retards ou régression en termes de développement neurologique, et de fonction
cognitive, troubles de l’élocution et du langage
• Microcéphalie et cécité acquise
• Convulsions non fréquentes, souvent secondaires à une infection opportuniste
intercurrente.
L’atteinte du SNC peut être statique, rapide ou intermittente. Les facteurs qui contribuent
à modifier sa progression sont: l’âge au début de la maladie (jeune> vieux), la voie de
transmission (transplacentaire > plus tard dans la vie) ou d’autres facteurs non liés
directement au VIH, mais pouvant affecter le développement neurologique.
Des signes neurologiques chez les patients infectés congénitalement peuvent apparaître
très tôt dans leur vie ou aussi tard qu’à l’âge de 5 ans.
Diagnostic
Le diagnostic d’encéphalopathie à VIH se fait sur base clinique par des mesures
répétées de la circonférence crânienne, du développement neurologique par étapes
(retard, perte ou taux d’acquisition diminuée) ou anomalies dutonus musculaire
symétrique et réflexes. TDM et IRM si disponibles montreront une atrophie cérébrale
diffuse.
Les cellules du LCR et les tests biochimiques sont généralement normaux excepté une
pléiocytose légère non spécifique et une augmentation de la concentration en protéines
notée occasionnellement.
Traitement
Symptomatique
Physiothérapie
HAART (en particulier les médicaments qui traversent la barrière hémato-encéphalique:
AZT, D4T, Abacavir, Indinavir et Nelfinavir) améliore les déficits neuro-comportementaux
et prolonge la durée de vie.
6.3.4.6.3.2 Méningite pyogénique
Le tableau clinique typique de méningite est l’apparition brutale de fièvre élevée,
altération du comportement, refus de boire, vomissements, bombement de la fontanelle,
signes de Kernig et de Bruzdinsky positifs.
Diagnostic
• LCR purulent et trouble
• Globules blancs du LCR augmentés, parfois > 500, polymorphonucléaires
prédominants, protéines augmentées et glucose réduit (jusque< 40 mg/dl)
• Coloration de Gram
• Détection d’antigènes dans le LCR
• Culture
115
Traitement
Si l’étiologie demeure non identifiée ou si on attend les résultats de laboratoire, un
traitement empirique devrait être instauré.
116
Tableau 20: Traitement empirique de la méningite pyogénique chez l’enfant infecté par le
VIH
AGE
0-3 mois
3 mois à 5 ans
> 5 ans
Agents possibles
Traitement
recommandé
Ampicilline 200
mg/kg/24 heures en
4 doses et
Gentamycine 2.5
mg/kg toutes les8
heures IV pendant 3
semaines
Traitement
alternatif
Si aucune réponse
et pas d’agent
identifié
Haemophilus
influenza
S.pneumoniae,
Salmonella nontyphique,
N.meningitidis
Benzyl-pénicilline
450,000 UI/kg/jour
en 4 doses et
chloramphénicol 25
mg/kg toutes les 6
heures IV pendant 24 semaines
Si aucune réponse
et pas d’agent
identifié
S.pneumoniae et
N.meningitidis
Benzyl-pénicilline
450,000 UI/kg/jour
divisé en 4 doses et
chloramphénicol 25
mg/kg toutes les 6
heures IV pendant 24 semaines
Si aucune réponse
et pas d’agent
identifié
Pathogènes
entériques Gram
négatifs,
Streptocoque groupe
B, Haemophilus
influenzae,
S.pneumoniae,
Listeria
monocytogenes
Ceftriaxone IM 100
mg/kg/jour pendant
10 jours
Ceftriaxone IM 100
mg/kg/jour pendant
10 jours
Céftriaxone IM 100
mg/kg/jour pendant
10 jours.
117
Tableau 21: Traitement antibiotique de la méningite pyogénique pédiatrique selon
l’organisme identifié
Organisme
H. influenza
Régime recommandé
Ampicilline, 200 mg/kg/jour en
doses divisées toutes les 4-6
heures pendant 2-3 semaines
(dose max: 12 g/jour)
S. Pneumoniaeq
Benzyl-pénicilline 450,000
UI/kg/jour IV en doses divisées
toutes les 6 heures pendant 2-3
semaines
Dose maximale: 24 millions
UI/jour
Benzyl-pénicilline 450,000
UI/kg/jour IV en doses divisées
toutes les 6 heures pendant 2-3
semaines
Dose maximale: 24 millions
UI/jour
N. Meningitidis
Régime alternatif
Chloramphénicol, 25 mg/kg
toutes les 6 heures IV pendant
2 à 3 semaines
ou
Ceftriaxone IM 100 mg/kg/jour
pendant 10 jours
Ceftriaxone IM 100 mg/kg/jour
pendant 10 jours
Ceftriaxone IM 100 mg/kg/jour
pendant 10 jours
6.3.4.6.3.3 Méningite TB, Abcès ou Tuberculome
Voir méningite tuberculeuse chez l’adulte, page 67.
6.3.4.6.3.4 Infection du SNC par le CMV
Voir encéphalite à CMV chez l’adulte, page 70.
6.3.4.6.3.5 Méningite cryptococcique
Voir Méningite cryptococcique chez l’adulte, page 62.
6.3.4.6.3.6 Toxoplasmose du SNC
L’encéphalite toxoplasmique peut avoir un début subtil ou aigu avec céphalées, fièvre,
vomissements, convulsions et signes neurologiques focaux.
q
Si dans un pays, plus de 10% des isolats de S. Pneumoniae sont résistants à la pénicilline, il ne
faut pas utiliser la benzyl-pénicilline comme traitement de première ligne contre la méningite.
118
La toxoplasmose congénitale progresse rapidement chez les enfants avec hépatosplénomégalie, ictère, thrombocytopénie, rash et microcéphalie. Une présentation
tardive se caractérise par des difficultés d’apprentissage, un retard mental et des
troubles visuels.
La toxoplasmose acquise se présente avec fièvre, lymphadénopathie, hépatosplénomégalie et éruptions cutanées. Elle peut également s’accompagner de
pneumonie, d’hypoxémie, de dyspnée et d’infiltrats pulmonaires bilatéraux.
Diagnostic
Le LCR peut être anormal, mais il est normal généralement;
La sérologie toxo peut être utile en ce sens qu’une sérologie négative pour le
toxoplasme exclut pratiquement l’infection.
Le CT scan ou l’IRM montrent des calcifications et des masses hypo- ou iso-denses
multiples prenant le contraste en anneau.
Traitement
Cotrimoxazole (5 mg TMP + 25 mg SMX)/kg/dose PO deux fois par jour pendant 4
semaines, suivi de prophylaxie secondaire (voir Prévention des infections bactériennes,
de la PCP et de la toxoplasmose par le cotrimoxazole page 33).
Pyriméthamine, sulfadiazine et acide folinique ne sont pas toujours disponibles.
Au cas où elles deviendraient disponibles:
Pyriméthamine, dose de charge 2 mg/kg pendant 2 jours puis 1 mg/kg par jour per os
pendant 6 semaines plus sulfadiazine, 40 mg/kg per os toutes les 12 heures pendant 6
semaines.
Acide folinique 5 mg tous les 3 jours per os durant le traitement à la pyriméthamine.
Le traitement suppressif (chez les enfants de plus de 6 ans) doit être administré en
raison des rechutes fréquentes.
Pyriméthamine, 25 mg et sulfadiazine 500 mg par jour, avec acide folinique 25 mg par
semaine.
6.3.4.6.3.7 Lymphome
Voir Lymphome primaire du système nerveux central, page 73.
6.3.4.7
Fièvre Persistante ou Fièvre Récurrente
La fièvre est l’une des manifestations cliniques de l’infection au VIH chez les enfants les
plus fréquentes. La fièvre persistante est définie comme une température corporelle >
38°C pendant plus de 5 jours. La fièvre récurrente quant à elle est une température
corporelle > 38°C pendant plus d’un épisode sur une période de 5 jours.
Les enfants peuvent présenter de la fièvre comme conséquence de maladies infantiles
courantes, de maladies endémiques, d’infections bactériennes ou opportunistes graves,
de néoplasies et/ou du VIH lui-même.
Dans beaucoup de ces circonstances, la fièvre sera associée à des signes et
symptômes spécifiques de localisation (p.e. SNC, tractus respiratoire etc.).
119
Cependant, la fièvre peut ne pas être accompagnée de signes focaux. Le patient peut
avoir une simple infection aiguë ou une infection grave (p.e. septicémie) requérant un
traitement spécifique dans l’immédiat.
Dans le cadre du VIH et d’immuno-dépression possible, il faut considérer ce qui suit:
•
•
•
•
•
•
Infection bactérienne occulte (Otite moyenne, Infection du tractus urinaire,
sinusite chronique, salmonellose, abcès, ostéomyélite, syphilis)
Infections mycobactériennes
Infections parasitaires (p.e. malaria, toxoplasmose)
Infection virale chronique (p.e. g, Epstein Barr virus, rougeole, Herpes, Varicella
zoster)
Infections fongiques (p.e. candida)
Néoplasies, p.e. lymphome
Support paraclinique
•
•
•
•
•
•
•
•
Compte des globules blancs, comptage différentiel
VS
Examen des urines
Culture du LCR, du sang, des urines et des crachats, études microscopiques
Test cutané à la tuberculine
Sérologie pour étiologies suspectées (Toxoplasmose, VDRL, SCrAg = Ag
cryptococcique)
Radiographie du thorax
TDM, IRM, échographie
Traitement
1. Si un enfant a de la fièvre, n’est pas gravement malade mais dans un état stable (c.à-d. qu’il est attentif, mange, boit, sourit et crie avec énergie), un traitement empirique
visant à combattre les infections bactériennes occultes non graves telles qu’une
sinusite ou une infection urinaire, doit être considéré p.e. ampicilline ou
cotrimoxazole.
2. Dans les milieux où le paludisme sévit à l’état endémique, il faut administrer un
traitement immédiat en conformité avec les normes nationales.
3. La possibilité de tuberculose doit toujours être considérée chez un enfant infecté par
le VIH et présentant une fièvre récurrente.
4. Si l’enfant est gravement malade (i.e. pleure faiblement, ne sourit pas, ne réagit pas
aux stimuli, inattentif, et ne mange ou ne boit pas), une antibiothérapie à large
spectre (chloramphénicol + gentamycine) ou ciprofloxacine (15 mg/kg deux fois par
jour) ou ceftriaxone 50-100 mg/kg par jour pour septicémie ou méningite présumée,
devrait être débutée.
5. Des investigations supplémentaires peuvent être entreprises si indiquées et
disponibles incluant:
• Ponction lombaire, analyse d’urines et culture
• Radiographie du thorax et des sinus
• Hémoculture
• Examen des selles et coproculture
• Echographie, TDM, IRM
6. Un suivi rapproché strict est essentiel, car le tableau clinique peut devenir plus clair.
120
7. La gestion de la fièvre et de l’hydratation fait partie du traitement de tout patient
fébrile.
6.3.4.8 Manifestations cutanées
Voir Manifestations cutanées dans le VIH/SIDA, page 74.
6.3.5 Suivi des enfants avec VIH/SIDA
Les maladies graves des enfants infectés par le VIH devraient être prises en charge
comme pour les autres enfants. Si leur état général est bon, ils n’ont pas besoin de
rester à l’hôpital, Ils peuvent le quitter et être vus régulièrement en tant que patients
ambulatoires.
A la sortie, on doit tenir compte de la disponibilité de programmes de soins
communautaires ou à domicile en vue de la poursuite du counseling et de l’appui
psychosocial.
Quand ils ne sont pas malades, les enfants VIH+ devraient fréquenter les cliniques
pédiatriques comme les autres enfants afin d’être vaccinés et d’être suivi au niveau de
leur croissance régulièrement.
Il faut faire en sorte que l’enfant reçoive tous ses vaccins et qu’il soit placé sous
prophylaxie au cotrimoxazole tous les jours ou trois fois par semaine.
6.3.6 Soins palliatifs et gestion de la douleur
Un enfant infecté au VIH en stade terminal se retrouve souvent dans un inconfort et une
douleur considérables, donc de bons soins palliatifs sont essentiels. Prenez toutes les
décisions avec la mère et communiquez-les lui clairement. Prodiguez les soins palliatifs
(dans le sens de de soutien en fin de vie) seulement quand l’enfant a eu une maladie qui
a progressivement empiré et que tout ce qui est possible a été fait pour traiter les
affections présentes ou pour exclure des maladies curables comme la TB.
Pour contrôler la douleur donnez des analgésiques par voie orale, en augmentant
régulièrement les doses, où c’est possible. Pour les douleurs légères ou modérées, le
paracétamol est habituellement approprié. D’autres médicaments pour des problèmes
spécifiques de douleur sont le diazépam contre les spasmes musculaires et la
carbamazépine contre les névralgies. De puissants analgésiques comme les opiacés
peuvent être employés pour les douleurs sévères, mais il faut une surveillance stricte de
la dépression respiratoire (voir Soins palliatifs et gestion des symptômes, page 97).
121
INDEX
A
Accidents Vasculaires Cérébraux
Acide Folinique
Acyclovir
Albendazole
strongyloidiasis
Amitriptyline
Amphotéricine B
Cryptococcose
Histoplasmose
Méningite cryptococcique
protocole
Anémie
75
67
73
46
61, 77, 101
82
82, 96
63
64
85
B
Balanite
See Maladies fongiques de la peau
Benzoate de Benzyl
80
C
Campylobacter
Candidose
vulvo-vaginale
Carbamazépine
Cidofovir
Classification
OMS, adultes
OMS, enfants
Classification de l'OMS
Clindamycine
Clomipramine
Clostridium difficile
cloxacilline
pneumonie
CMV (cytomegalovirus)
Compte CD4
enfants
Condylomata Accuminata
Convulsions
Toxoplasmose
Cotrimoxazole
nocardiose
PCP
Cryptosporidium
46
47
81
62, 77
72
17
19
See Classification
56, 67
77
46
54
71
107
79
68
54
55
46
D
Dapsone
56
Définitions de cas
adultes
21, 107
enfants
21
Dementia
See Syndrome démentiel lié au SIDA
Dermatite séborrhéique See Maladies fongiques de la
peau
Dermatophytoses See Maladies fongiques de la peau
Dexaméthasone
Lymphoma
74
Diagnostic
Enfants
107
SIDA
14
Diarrhée
44
Douleur
Approche par paliers
100
Neuropathique
101
Douleurs Abdominales
CMV
96
en général
92
Infections à Protozoaires
95
Infections Bactériennes
94
Infections Fongiques
95
MAC
93
Tuberculose
92
dysphagie
47
E
échelle de performance
Education Sanitaire
ELISA
Encéphalite à Toxoplasma
traitement
entéropathie du SIDA
Ethambutol
See Classification
25
16
67
46
52
F
femme enceinte
Fièvre
enfants
Fluconazole
Cryptococcose
méningite cryptococcique
Foscarnet
30
122
82
63
72
G
Ganciclovir
Griséofulvine
groupes de support du VIH/SIDA
Guillain-Barré
72
81
23
61
H
Hépatotoxicité
ARV
INH
98
98
122
Herpès Simplex
Herpès Zoster
Histoire Naturelle
Histoplasmose
73, 78
77
13
95
I
Immunisation
enfants
Hépatite B
pneumococcique
Isoniazide
Isospora belli
Itraconazole
Leishmaniose Cutanée
Ivermectin
Gale
Strongyloidose
42
42
42
52
46
85
80
46
L
Leishmaniose Cutanée
Leuco-encéphalopathie multifocale progressive
(LEMP)
Lymphome
85
73
74
M
MAC
Maladies
fongiques de la peau
gastro-intestinales
neurologiques
respiratoires
Manifestations Cutanées
Eruption papuleuse prurigineuse (EPP)
Folliculite éosinophilique
Infections Bactériennes
Méningite
cryptococcique
pyogénique (enfants)
Microsporidiosis
Myélite Transverse
93
80
44
57
49
75
82
83
76
63
120
46
73
59
61
60
60
62
62
59, 62, 101
See Syphilis
O
odynophagie
Pancréatite
Origine Médicamenteuse
97
Parenthésies
60
Parésie spastique
59
Paronychie
See Maladies fongiques de la peau
PCP
54
enfants
115
Lactate déshydrogénase LDH
55
traitement
55
Pénicilline Benzathine
76
Syphilis primaire et secondaire
76
Pentamidine
56
PCP
55
Performance scale
See WHO clinical staging
Phénytoïne
68
Plaies de décubitus
84
pneumonie
bactérienne
52
Podphyllotoxine
79
Polyneuropathie
inflammatoire démyélinisante chronique
61
Polyradiculopathie Progressive
61
Prednisolone
Méningite Tuberculose
69
PCP
56
Toxoplasmose
68
Prévention
Cotrimoxazole
33
Herpes Simplex
42
infections fongiques
41
infections helminthiques
42
INH
37
transmission verticale
26
Prévention des infections opportunistes
33
Primaquine
56
Prophylaxie au cotrimoxazole
34
adultes
34
désensibilation
36
enfants
35
Pyrazinamide
52
Pyriméthamine
67
R
N
Neuropathie
Amitriptyline
distale, symétrique
Mononeuropathie mulitple
stadivudine
Syndrome de neuromyopathie aiguë
traitement
Neurosyphilis
P
47
Réactions médicamenteuses
Syndrome d'hypersensibilité, ARV
Rifampicine
84
98
52
S
Salmonella
Sarcome de Kaposi
Shigella
Soins Globaux
Soins Palliatifs
enfants
Soins périnataux
Stéroïdes
Strongyloidose
46
83, 87
46
29
100
124
109
See Prednisolone
46
123
suivi médical
examins de base
Sulfadiazine
Toxoplasmose
Syndrome démentiel lié au SIDA
Syndrome rétroviral aigu
Syphilis
Neurosyphilis
Primaire, Secondaire
22
22
67
58
13
70
76
T
TB/VIH
Protest
Thrombocytopénie Immune (TPI)
Toxoplasmose
traitement
CMA, MAC
transmettre le VIH
Triméthoprime
Tuberculose
Méningite
pulmonaire
25
56
31
62, 69
49
U
Urétrite
See Maladies fongiques de la peau
V
31, 37
32
86
66
46
Vaccination
enfants
Valganciclovir
Varicella Zoster
Verrues génitales
See Immunisation
110
72
73, 77
See Condylomata
124