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M)/. *-55- Le GEM sur 520 ST n’était pas au standard MS-DOS, certes. Mais c’est justement ce qui faisait sa force: pour un utilisateur ordinaire, GEM dans sa version Atari était une vraie merveille. Icônes, fenêtres, menus déroulants, le tout efficace et facile à souhait. Bref, un confort qu’aucun PC n’offrait à un prix comparable : 2700 F sans moniteur ! Pour 1500 F de plus, vous aviez un moniteur Atari monochrome qui offrait une image agréable à l’oeil, stable, vaste et précise. 640x400 pixels rafraîchis 72 fois par secondes. L’équivalent sur un système MS-DOS coûtait une petite fortune. Le seul concurrent direct de l’Atari ST était le Commodore Amiga basé sur une architecture similaire. Mais il coûtait plus de 10.000 F à l’époque. Le lancement officiel de l’Amiga 500 n’interviendrait que plusieurs mois plus tard. Le slogan de la campagne de pub était «Amiga le microordinateur phénomène» et il y avait même une cassette vidéo présentée par Igor et Grichka Bogdanoff pour découvrir ses possibilités. La vidéo sera le seul domaine professionnel où l’Amiga arrivera réellement à percer. Les musiciens préfèreront l’Atari. 14 LE GFA BASIC Le Basic livré avec l’Atari ST n’était pas génial, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais le GFA Basic testé par SVM en Janvier 1987 était un langage vraiment exceptionnel. C’était déjà un basic de nouvelle génération : pas de numéros de ligne, langage structuré, récursivité, contrôle total des variables, instructions graphiques très puissantes, etc... En quelques lignes de code, vous pouviez gérer très simplement la souris, les joysticks, le graphisme (dessins, sprites), le son (sous interruptions) et, l’interface GEM. De plus, le GFA Basic était d’une rapidité foudroyante. D’après les testeurs de SVM, il faisait jeu égal avec le GW Basic sur Compaq Deskpro 386 !!! Le GFA était un langage interprété au départ, mais on pouvait aussi le compiler pour encore plus de vitesse. Pour briser le mur du son, il était même possible d’inclure très simplement des routines en assembleur. On peut se demander pourquoi le GFA Basic n’a pas envahi les salles micro de l’éducation nationale ? Eh bien, je vais vous le dire : les profs préfèrent le Turbo Pascal. Pourtant, à l’époque l’environnement de programmation du Turbo Pascal 3 était vraiment merdique comparé à tout ce qu’il était possible de faire en GFA. Le Turbo Pascal 4 (sorti en 1988) est déjà mieux : la barrière des exécutables de plus de 64 K est franchie, il est presque «convivial», il sait gérer le graphisme à peu près correctement... mais le GFA Basic est encore mieux... pour moi c’est clair ! MARS 1988 Le PC est en perte de vitesse. Le PC est déjà à bout de souffle, mais l’AT explose littéralement dans les entreprises. Toutes les marques veulent faire du «PC». Même Atari et Commodore sortent leur gamme PC en parallèle avec leur propre standard. Les importateurs de clones taiwanais et coréens fleurissent. L’Olivetti M28 continue à se vendre, son prix est descendu à 20.000 F tout rond. Mais il y a mieux ! Le M 380C de la même marque, avec un 386 à 16 MHz, une fusée, à 35.000 F (il y a vraiment eu des jobards pour acheter çà !?). Le PC le plus rapide du monde en 1988 est l e Compaq Deskpro 386/20 (20 MHz). 20 % plus rapide que tous les autres 386 sortis à cette époque... mais aussi très encombrant sur le bureau : ce n’est pas une Tower. C’est une des seules machines de l’époque capable de faire tourner confortablement la nouvelle version de Microsoft Windows qui vient de sortir. Pour Soft & Micro, Windows 386 est un des Must de l’année... le journaliste ne tarit pas d’éloges : «Multitâche, dès aujourd’hui ! [...] Possibilité d’émuler autant de machines virtuelles 8086 que la mémoire le permet. [...] Merveilleux environnement... « Mais pour un habitué du GEM sur ST, Windows n’est absolument pas impressionnant, juste un peu plus esthétique... peut-être. Pire, le journaliste a menti ! Windows n’est même pas multitâche ! Il n’est que multi-applications... Il permet d’avoir plusieurs applications en mémoire et de passer facilement de l’une à l’autre. Mais ceci existe déjà sur Atari ; grâce aux «accessoires de bureau» ou à des utilitaires switchers d’applications style Twist (qui fait aussi partie des Must de l’année pour Soft & Micro). Avec un système d’exploitation de ce type, seules peuvent tourner en «tâche de fond» les applications qui sont spécialement écrites pour çà. LE MACINTOSH II C’est au début de l’année 1988 que les premiers Macintosh II deviennent réellement disponibles. La machine est fantastique et fait carrément rêver : 68020 avec copros, résolutions de l’ordre de 640x480 pixels en 256 couleurs, possibilités d’extensions (mémoires, processeurs spécialisés, éthernet, etc...) grâce à 6 connecteurs NuBus auto-configurables. Le Multifinder n’est pas encore un système multitâche, mais presque. Il sait exploiter la logique évènementielle des applications : fondamentalement, une application sur Mac est une boucle qui attend un évènement clavier ou souris pour accomplir une tâche. Quand trois cycles d’attente se sont écoulés sans sollicitation de la part de l’utilisateur, le système prend le contrôle pour donner la main à une autre application. Le Mac II possède sans doute les meilleurs logiciels du marché à l’époque. Notamment dans le domaine de la PAO avec des monstres de puissance et de précision comme Quark XPress, Illustrator ou Photoshop par exemple. Les évolutions de ces logiciels ne seront portées que très tard sous Windows. Dans ces conditions, pourquoi le Mac n’a-t-il pas explosé sur le marché et devancé le PC ? Eh bien, je vais vous le dire: le Mac II était trop cher, beaucoup trop 15 M)/. *-55- cher ! Jugez plutôt : une configuration couleur avec disque dur de 40 Mo coûtait près de 60.000 F. Prix auquel vous deviez rajouter 25.000 F minimum pour une imprimante laser ! Çà calme... THE POWER WITHOUT THE PRICE : ATARI MEGA ST L’affaire du moment en 1988 c’était le Méga ST4. Avec ses 4 Mo de RAM, son rapport qualité/prix était purement époustouflant pour l’époque ! Le prix total d’une chaîne de micro-édition Atari (25.973 F TTC, imprimante à laser comprise) n’atteignait pas celui d’un Mac SE ! Les logiciels étaient déjà bel et bien là ; à des prix nettement inférieurs à leurs équivalents sur Mac ; et avec une interface et des performances qui n’avaient pas grand chose à leur envier. Un comparatif entre Calamus et XPress n’a jamais eu lieu à ma connaissance... mais les résultats auraient été surprenants. Pourquoi l’imprimante laser Atari était si peu chère ? Grosse astuce : l’imprimante elle-même ne contenait pas de RAM (au prix où elles étaient à l’époque, on comprend tout de suite l’intérêt) mais elle utilisait la mémoire et le processeur du Méga ST pour calculer ses pages. Le transfert des données s’effectuait à 10 Mbits/s grâce à la prise DMA spécifique (genre de SCSI) disponible à l’arrière du Méga ST. L’idée de l’imprimante sans mémoire a été reprise récemment sur certaines imprimantes «spéciales Windows»... mais on connaissait déjà cette technique depuis longtemps! LES EDITEURS DE LOGICIELS POUR PC En 1988, une préversion de WordPerfect est sortie sur Atari, mais elle ne sera jamais distribuée en France. Le géant Microsoft préparait aussi des adaptations de ses logiciels phares... mais qui n’ont jamais vu le jour. Pourquoi ? je vais vous le dire : l’émergence d’un nouveau «standard», le ST, aurait pu tuer le PC. Quand on sait que la plus grosse partie de la fortune de Bill Gates provient des ventes de MS-DOS, on comprend très vite pourquoi Microsoft ne sortira jamais aucun 16 logiciel sur ST (merci mon Dieu). Dans les années qui vont suivre, la plupart des éditeurs de logiciels du monde PC boycotteront le ST. Par exemple, ce gros lard de Philippe Khan, accessoirement PDG de Borland, essayera de s’interposer au portage de Turbo Pascal et de Turbo C sur Atari. Ces deux langages sont néanmoins sortis en Allemagne mais leur importation et leur traduction pour la France a été plus qu’aléatoire. Heureusement que Borland n’est pas le seul éditeur de langages au monde. CONCLUSION A coups de campagnes de Pub (campagnes d’abrutissement) les gros éditeurs Américains de logiciels pour PC sont restés maîtres sur leur territoire. Aux USA, l’Atari n’a jamais été apprécié ; peut-être aussi à cause de l’image non professionnelle de la marque Atari. En France, à cette époque, l’Atari le plus vendu est le 520 ST avec moniteur couleur ; alors qu’en Allemagne, c’est le 1040 ST avec moniteur monochrome qui se vend le mieux. L’Atari est la machine la plus répandue dans le milieu des musiciens, grâce à d’excellents programmes style Cubase, Notator, Avalon, ou encore la série des Synthworks (éditeurs de synthés introuvables sur n’importe quelle autre machine). La prochaine fois nous verrons, à travers ma vision très personnelle, l’évolution de la micro jusqu’en 1995. Nous suivrons ensemble l’évolution des Mac, l’explosion des PC, la mort de Commodore, quelques machines méconnues comme l’Accorn, le NeXT, le Falcon et, un zoom sur quelques softs assez étonnants. Daniel Pratlong La rédaction souligne que les idée exprimées sont les vue PERSONNELLES de l'auteur!!