Conseiller principal d`éducation (CPE)

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Conseiller principal d`éducation (CPE)
Conseiller principal d’éducation (CPE)
Conseiller principal d’éducation (CPE)
Fiche technique
Les CPE exercent leurs fonctions, sous la
responsabilité du chef d'établissement et se situent
dans le cadre général de la vie scolaire. Ils contribuent
à placer les élèves dans les meilleures conditions
possibles pendant leur scolarité.
© Myr MURATET / MAIF
Leurs responsabilités sont réparties dans trois domaines :
ƒ
fonctionnement de l'établissement : organisation de la vie collective quotidienne, hors du
temps de classe, en liaison avec la vie pédagogique de l'établissement.
ƒ
collaboration avec le personnel enseignant : travail en liaison étroite avec les
professeurs afin d'assurer le suivi des élèves et participation aux conseils de classe.
ƒ
animation éducative : création des conditions du dialogue dans l'action éducative, sur le
plan collectif et individuel, organisation de la concertation et de la participation des
différents acteurs à la vie scolaire au sein de l'établissement(1).
Comment devient-on CPE ?
Il existe plusieurs concours :
ƒ un concours externe, pour lequel il faut être titulaire d'un master ou d'un diplôme
équivalent, justifiant cinq années d'études supérieures.
ƒ un concours interne, réservé aux fonctionnaires depuis au minimum trois ans,
ƒ un troisième concours, pour lequel il faut justifier d'une ou plusieurs activités
professionnelles accomplies dans le cadre d'un contrat de droit privé.
Les épreuves écrites d'admissibilité se composent d'une dissertation portant sur une ou
plusieurs questions relatives à l'éducation, d'une étude d'un dossier portant sur la connaissance
du système éducatif et de deux épreuves orales d'admission : une étude de cas portant sur
l'éducation et la vie scolaire, et un entretien avec le jury. Celui-ci teste le candidat sur la façon
dont il gère le stress et l'éventuelle instabilité causée par ce tir croisé de questions.
Quelles sont les évolutions de carrière ?
Le corps des personnels de direction comprend trois grades : la deuxième classe, la première
classe et la hors classe qui comportent eux-mêmes respectivement 10, 11 et 6 échelons. Le
passage de la seconde à la première classe et de la première classe à la hors classe est obtenu à
l'issue d'une inscription sur le tableau d'avancement.
En savoir plus : conseiller principal d’éducation
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Conseiller principal d’éducation (CPE)
Interview de Régis Pol
Conseiller Principal d'Éducation est une profession
destinée aux personnes munies de trois ou
quatre bras ! Élèves, professeurs, parents… le CPE est
au cœur de la réalité du système éducatif. Il est
présent dans les différents types d'établissements.
Entre un problème à résoudre avec une enseignante
et plusieurs élèves tambourinant à sa porte,
Régis POL, a accepté de nous parler de son métier
qu'il pratique depuis bientôt 25 ans. Cet homme
débordant d'enthousiasme, et à l'accent du sud-ouest,
exerce à Maisons-Alfort au lycée Eugène Delacroix.
« Cadre de Vie scolaire », que pensez-vous de cette définition pour parler de votre
métier ?
Elle est exacte. J'aime bien aussi le terme de chef de Service de la Vie scolaire, parce qu'il définit
un peu mieux l'ensemble de nos responsabilités et de nos tâches. Pour nous CPE, la priorité, ce
sont les élèves. Nous sommes chargés du suivi de leur assiduité et de leur ponctualité, de leur
implication dans leur propre scolarité, mais aussi de la sécurité des personnes, de la surveillance
du bon déroulement des mouvements d'une journée : récréations, inter cours, demi-pension…
Nous avons aussi un rôle de gestion et d'animation du personnel Vie scolaire : les assistants
d'éducation, nos proches collaborateurs. Nous échangeons des informations sur le
comportement des élèves et ce qui se vit dans les classes. Avec le concours de l'équipe
pédagogique, nous participons au suivi des élèves, à leur évaluation et à l'élaboration de
différents projets. Enfin, nous animons différentes instances : conférence des délégués, conseil
des délégués pour la Vie lycéenne, foyer socio-éducatif, appelé communément Maison des
lycéens… Notre fonction est magnifique : nous participons modestement à la formation de futurs
citoyens qui seront acteurs et décideurs dans notre société demain.
Auprès de qui intervenez-vous ?
Nous intervenons auprès des élèves, des professeurs, des parents, des familles, de l'assistante
sociale, de l'infirmière scolaire, du service de l'intendance, de la direction… tout ce qui touche de
près ou de loin à la Vie scolaire qui est le point névralgique d'un établissement public
d'enseignement. Du coup, chaque jour est une surprise. Il faut être très disponible et ne pas se
montrer trop rigide face à l'imprévu. C'est une profession où l'oisiveté n'a pas sa place : nous
travaillons constamment sur des flux tendus. Pour ma part, je m'occupe de 700 élèves, de la
Seconde à la Terminale plus deux classes de BTS Assistant de Manager… Je suis maintenant rodé
aux différentes problématiques, liées à ces niveaux de classe. Je n'ai pas d'autre choix que d'être
réactif. Un temps mort dans la communication ou la transmission d'un message important peutêtre néfaste et compromettre la résolution d'un problème. Chaque matin, je relève donc mes
manches, et pars joyeusement au charbon !
1 400 élèves ! Quel rapport entretenez-vous avec eux ?
Rendez-vous compte que dans mon lycée, je vis avec eux pendant la durée d'un cycle normal de
lycée : pour la majorité d'entre eux, trois ans, parfois quatre lorsque certains redoublent une
classe, plus rarement cinq ans. Je connais beaucoup d'élèves et je ne compte plus le nombre de
celles et de ceux que j'ai croisés dans ma carrière ! Dans ma profession, je suis le plus souvent
confronté aux lycéens les plus récalcitrants aux règles de vie, à l'autorité des enseignants, agités
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en cours et parfois gênants pour les autres. Ces élèves-là sont aussi les plus attachants.
Cependant, je n'entretiens avec eux, ni un rapport de « camaraderie », ni un rapport de « flic ».
En cas d'incident, j'essaye toujours de comprendre ce qui ne va pas et quelles sont les causes
possibles du malaise de l'élève ou de son hyperactivité. Le CPE souhaite avant tout la réussite de
ses élèves. C'est son premier objectif avant la satisfaction des taux de réussite, publiés en fin
d'année scolaire !
Selon vous quels sont les atouts essentiels pour faire un bon CPE ?
En premier lieu, je suis persuadé qu'il faut cultiver une certaine ouverture d'esprit et ne jamais
céder à la facilité d'un jugement rapide sur les choses. Certes, nous n'avons pas de copies à
corriger, mais nous sommes tenus de nous intéresser au monde qui nous entoure : médias,
lecture, cinéma, expositions… Comme les professeurs, nous sommes des repères, des références
pour les élèves. Il nous revient donc à nous aussi de les stimuler intellectuellement.
Ensuite, il faut bien sûr posséder un véritable sens du contact, une chaleur humaine, une
simplicité dans les relations. Il faut savoir être à la fois ferme et souple face aux élèves. Surtout
lorsqu'il s'agit de gérer un problème disciplinaire par exemple. Cette profession repose sur un
équilibre : nous devons être parfois dans l'empathie, lorsqu'un lycéen vit une situation difficile
au plan personnel ou familial, mais ne jamais oublier de hisser les lycéens vers le haut.
Ce métier suppose évidemment une certaine rigueur et un sens de l'organisation. La ponctualité,
le respect des rendez-vous, la correction, la gentillesse, le souci de mettre en contact les
différents interlocuteurs, relayer les informations en permanence pour que tout le monde soit
« au parfum », afin d'éviter de fausses notes, sont des choses élémentaires au quotidien. Une fois
encore, nous devons donner l'exemple. Nous naviguons dans le même navire que les élèves et les
collègues, avec et non contre. Même s'il arrive que nous ne partagions pas les options éducatives
ou les choix de tel ou tel collègue.
Après 25 ans de métier, quel savoir pourriez-vous transmettre ou quels conseils
pourriez-vous donner à vos futurs successeurs ?
Il est important de dépasser les « a priori » et les préjugés de toutes sortes, y compris ceux qui
touchent à notre fonction. Personnellement, je me suis intéressé au métier par la lecture de la
presse. Internet (outil extraordinaire) n'existait pas encore. Diplômé d'un master de philosophie
et de théologie et d'une licence d'histoire, je me destinais à une carrière dans l'enseignement. J'ai
été marqué par certains de mes instituteurs et de mes professeurs. Les surveillants généraux –
ancêtres des CPE – me terrorisaient quelque peu : ils étaient sévères et inabordables. Puis en
approfondissant mes connaissances sur la politique et les orientations éducatives, en dialoguant
avec les uns et les autres, en réfléchissant sérieusement aux différents problèmes qui se posent
dans notre système éducatif, j'ai eu un déclic. Il est préférable de bien se renseigner sur ce qu'est
le métier avant de s'y engager.
Aujourd'hui, nous avons accès à beaucoup d'archives sur le système éducatif. Il est riche,
passionnant, il tient la route. De plus, la presse française parle beaucoup de l'école. Il ne faut
donc pas hésiter à approfondir ses connaissances théoriques. Ensuite, il faut aller sur place,
demander l'autorisation de visiter plusieurs établissements, même si une visite ne révèle pas
tout, interroger des CPE, multiplier les découvertes. Il arrive que certains jeunes, certains
professeurs, certains élèves me posent des questions sur mon parcours personnel et
professionnel. Je ne connais pas un CPE qui refuserait d'expliquer pourquoi et comment il a fait
le choix de ce métier.
Comment se passent l'accès et le déroulement aux concours ?
J'invite chaque personne, intéressée par la profession, à se rendre au Centre Départemental de
Documentation Pédagogique de sa région. Il est possible d'y emprunter les rapports des jurys
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des années précédentes. Tout y est dit. Il existe en réalité plusieurs concours. Un externe, pour
lequel il faut être titulaire d'un master ou d'un diplôme équivalent, justifiant trois années
d'études supérieures. Un autre, interne, réservé aux fonctionnaires depuis trois ans, au
minimum. Il en existe un troisième, pour lequel il faut justifier d'une ou plusieurs activités
professionnelles accomplies dans le cadre d'un contrat de droit privé. Les épreuves écrites
d'admissibilité se composent d'une dissertation portant sur une ou plusieurs questions relatives
à l'éducation, d'une étude d'un dossier portant sur la connaissance du système éducatif et de
deux épreuves orales d'admission : une étude de cas portant sur l'éducation et la vie scolaire, et
un entretien avec le jury. Cette rencontre porte sur la fonction de CPE, sur le parcours du
candidat… Attention il faut y être très préparé, et se montrer mobile dans sa réflexion. Des
choses élémentaires comme dire « bonjour » aux membres du jury, se présenter, s'asseoir quand
on vous y invite, être correctement habillé, sont jugées comme essentielles, avant même ce que
vous allez dire ! L'image est très importante. Quand j'ai passé l'oral, c'était un feu nourri de
questions. Le jury teste le candidat sur la façon dont il gère le stress et l'éventuelle instabilité
causée par ce tir croisé de questions. Comme sur le terrain, plusieurs personnes veulent des
réponses, il faut être capable de gérer et de répondre, de façon adaptée.
Vous devez fourmiller d'anecdotes ?
En effet. Mais au-delà des petites histoires amusantes, ce qui m'émeut le plus et que je tiens à
souligner, c'est que tous les ans, j'ai la visite d'anciens lycéens, garçons et filles. Ils viennent me
saluer, comme ça, gratuitement, et me dire ce qu'ils deviennent. Même ceux avec qui j'ai été
particulièrement ferme par le passé. Ca me touche beaucoup. Voilà la preuve que si nous
accomplissons (nous éducateurs, professeurs, parents…) notre tâche avec conviction, sérieux et
tendresse, animés constamment du désir d'être honnêtes et justes, les élèves y sont sensibles.
C'est un motif de grande satisfaction pour moi, car l'École a été un moment déterminant de ma
vie, avant les études à l'université. Surtout lorsque j'étais dans le Primaire. Je me souviens
encore du nom de mes instituteurs !
Interview réalisé par la MAIF, janvier 2011
À lire : Les conseillers principaux d'éducation, édition 2012, CRDP du Centre
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