1 - Homélie du Jeudi saint

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1 - Homélie du Jeudi saint
2004
L’homélie du Père Bernard Sesboüé, au cours de la célébration du Jeudi saint, à partir de
l’évangile selon saint Jean 13,1-20
Aujourd’hui le mystère de la foi s’accomplit pour vous. Aujourd’hui
nous sommes invités à devenir des témoins de ce que nous avons vu et
entendu.
Aujourd’hui la première lecture nous fait revivre la sortie d’Egypte,
première Pâque du peuple élu, c’est-à-dire le premier passage libérateur
de la terre de servitude à la terre promise. Première libération du péché,
première entrée dans le salut.
Les croyants du peuple juif ont observé soigneusement pendant des
siècles
toutes ces prescriptions concernant la manducation de l’agneau pascal.
En obéissance au commandement de Dieu, ils mimaient la sortie d’Egypte,
la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Car
ce jour-là est un mémorial. Ils recevaient dans le présent de l’existence
de chacun le don de Dieu qui les sauvait. Chacun d’entre eux traversait
en quelque sorte la mer rouge. Depuis la fin du second Temple, les Juifs
n’immolent plus de victimes, donc ils ne mangent plus l’agneau pascal,
mais ils continuent de célébrer le repas de la Pâque selon des observances
religieuses bien précises, en particulier avec le pain azyme. D’âge en
âge ils font de cet événement fondateur leur aujourd’hui.
Mais aujourd’hui nous sommes chrétiens et nous recevons ce texte
comme la prophétie d’une autre Pâque, d’un autre passage, celui du Fils
vers son Père, au terme d’une existence totalement donnée à son Père et
à ses frères. Car nous savons que ce qui était indiqué en figure et promis
alors s’accomplit en vérité, quand Jésus, le véritable agneau pascal,
célèbre sa propre Cène, que le récit de Paul vient de nous rappeler.
L’aujourd’hui
définitif de la première Pâque, c’est la Pâque du Seigneur. C’est pourquoi
nous recevons les deux événements comme une unité. Ils se renvoient l’un
à l’autre, ils s’éclairent l’un l’autre.
L’aujourd’hui de la Cène du Seigneur devient notre propre aujourd’hui,
ce soir 8 avril de l’an de grâce 2004. Tout à l’heure la liturgie de la
messe le soulignera :
"C’est pourquoi nous voici rassemblés devant toi et, dans la communion
de toute l’Eglise, nous célébrons le jour très saint où notre Seigneur
fut livré pour nous.
La nuit même où il fut livré, c’est-à-dire aujourd’hui, il prit
le pain …"
C’est aujourd’hui que Jésus rend grâces au Père, prend du pain, le rompt
et nous le donne en disant : "Ceci est mon corps qui est pour vous. Cette
coupe est la nouvelle alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez,
faites cela en mémoire de moi ". Aujourd’hui, nous sommes présents au
Cénacle, nous faisons partie du groupe des Douze qui vont partager le
repas du Seigneur. Aujourd’hui, c’est Jésus qui préside notre repas et
fait circuler entre nous le pain et la coupe. Chaque célébration est le
mémorial de la Cène. Mais aujourd’hui nous célébrons l’eucharistie d’une
manière toute spéciale, car nous revivons son institution. C’est aujourd’hui
la nuit où Jésus va être livré ; c’est aujourd’hui qu’il va à sa passion.
C’est aujourd’hui qu’il se donne corps et âme : corps et sang,
promis à la croix que les hommes pécheurs ont préparée pour lui, et corps
et sang qu’il nous donne à manger et à boire afin que nous recevions
la vie éternelle.
Mais il est un autre geste, tout semblable, que Jésus accomplit pour
nous aujourd’hui, afin de nous montrer qu’il aime les siens qui étaient
dans le monde jusqu’au bout. Aujourd’hui Jésus se met à genoux devant
nous et nous lave les pieds. Peut-être avons-nous la réaction de Pierre
: "C’est impensable, le Seigneur ne peut pas me laver les pieds ! Non,
jamais !" Mais le Seigneur, c’est aussi le Serviteur, celui qui veut nous
purifier tous, alors nous n’avons qu’une seule chose à faire, nous laisser
laver les pieds par le Serviteur, afin d’avoir part avec lui. Reconnaître
qu’aujourd’hui nous avons besoin de son pardon, de son amour qui s’exprime
parce geste infiniment humble et affectueux, ce geste de tendresse.
Mais nous ne pouvons pas non plus ignorer l’autre commandement qu’il nous
donne. Il nous a dit de célébrer le repas de sa Pâque en mémoire de lui
; il nous dit maintenant au cours de ce même repas (c’est ce qui est signifié
par saint Jean qui ne raconte pas l’institution de l’eucharistie) : "Si
moi, le Seigneur et le maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous
devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je
vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour
vous". Il nous redit une fois encore : "Ce que j’ai fait, faites-le en
mémoire de moi". Ce commandement, nous le recevons aujourd’hui, avec
toute
son urgence. Si je veux être le témoin véridique de ce que fait aujourd’hui
Jésus pour moi en me lavant les pieds, alors je dois faire comme lui,
c’est-à-dire rendre à mes frères et à mes sœurs les services dont ils
ont besoin, me rendre à mon tour présent aux pauvres, aux faibles, aux
malades, aux prisonniers. Je suis un témoin et un contemporain de Jésus,
si j’agis ainsi aujourd’hui en mémoire de lui.
Amen.
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