Vie rurale dans l`Aisne ME ok - Fédération des sociétés d`histoire et
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Vie rurale dans l`Aisne ME ok - Fédération des sociétés d`histoire et
241 SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE SAINT-QUENTIN fondée en 1825 Reconnue par ordonnance royale du 13 août 1831 en son Hôtel de Saint-Quentin 9, rue Villebois-Mareuil Bureau de la société pour 2003 Présidente ........................................................... Mme Arlette SART Vice-présidents ............................................. Mme Monique SEVERIN M. André TRIOU Secrétaire général ...................................... M. André VACHERAND Secrétaire adjointe .................................... Mme Geneviève BOURDIER Archiviste ........................................................... Mme Monique SEVERIN Bibliothécaire ................................................. Mme Arlette SART Trésorier ............................................................... M. Jean-Paul ROUZE Conservateur du musée ...................... M. Dominique MORION Conservateur adjoint .............................. Mme Josiane POURRIER Membres de droit ...................................... M. Jean-René CAVEL M. Francis CREPIN M. Bernard DELAIRE Autres membres du Conseil d’Administration ................. M. Christian CHOAIN M. Thierry COMBLE Mme Annie ELSNER M. Jacques LANDOUZY M. Jacques LEROY M. Alain PECQUET M. Jean-Louis TETART Activités de l’année 2002 JANVIER : Assemblée générale Présence romane à Saint-Quentin, conférence de Jean-Louis Tétart. L’art roman est peu présent dans notre ville. L’histoire mouvementée de notre cité n’a laissé que peu de monuments de cette période. La tour-porche de la collégiale est l’élément le plus visible de cet art. On peut estimer au troisième tiers du XIIe siècle sa construction. André Fiette écrit de ce monument : « La tour-porche semble s’apparenter aux Westwerke des églises 242 ottoniennes. Lors de son édification, elle dénotait vraisemblablement un attachement archaïque aux pratiques conservatrices d’un pèlerinage codifié à l’époque carolingienne. Adaptée à la liturgie pascale, elle aurait proposé les trois niveaux d’un symbolisme vertical : la mort au niveau du sol, la promesse de résurrection à l’étage où se serait célébré le mystère pascal, l’éternité promise à l’étage supérieur, demeure paradisiaque des anges ». À l’étage, une chapelle dédiée à l’archange Michel, chef des légions célestes, complète cette ressemblance avec les Westwerke ottoniennes. Autre monument roman, le portail de l’ancienne église de Douchy. Maintenant dans le parc des Champs-Élysées, ce portail fut heureusement conservé par la Société académique. D’abord installé dans les jardins de l’abbaye de Fervaques, il fut à la démolition de celle-ci transféré dans ce parc public. Le temps ayant fait son œuvre, les feuillages qui ornent ce portail sont maintenant peu visibles et la cuve baptismale installée tout près a beaucoup souffert. Il n’en est pas de même des fonts baptismaux de l’église de Vermand. Incluse dans cet inventaire parce qu’elle fut saint-quentinoise pendant les quelques mois de l’après première guerre mondiale où il fallut reconstruire l’église de ce village. De la première moitié du XIIe siècle, ces fonts en pierre bleue sont très probablement l’œuvre d’un atelier de la région de Tournai. Ils furent installés dans l’église abbatiale de Vermand probablement en 1144, à l’initiative de l’abbé Iribert. Une frise sculptée entoure la cuve baptismale. Oiseaux affrontés, monstres ailés, lions ailés à face de loup ou de félin, Hommes s’affrontant avec un bâton sont représentés pour rappeler que les hommes deviennent vite la proie du démon et que leur discorde est la conséquence de la faute originelle. Les colonnes de ces fonts reposent sur un socle décoré d’animaux fantastiques. Enfin, le manuscrit dit de l’Authentique raconte, à l’aide des vues de ses riches planches, la vie de Quintinus. Du début du XIIe siècle, ce manuscrit, offert par un certain Raimbertus, regroupe plusieurs textes. Ce sont ces cinquante premières pages qui racontent en détail la martyre du saint et sont illustrées de peintures à la gouache dont le style s’inspire de l’art carolingien. Les pages 16, 29, 30, 32 et 42 représentant respectivement la flagellation, le supplice des poulies, le supplice des râteaux, Quentin soumis au feu, Quentin transpercé sont particulièrement édifiantes. Longtemps conservé dans la collégiale et lu à l’occasion de différentes cérémonies liturgiques, le manuscrit est aujourd’hui conservé à la bibliothèque municipale de Saint-Quentin. 22 FÉVRIER : Petite histoire du carillon de Saint-Quentin et de son maître Gustave Cantelon. 1924-1930, par Francis Crépin En plus de ses autres activités, Francis Crépin est depuis quelques années carillonneur officiel de la ville de Saint-Quentin. Il fut l’élève de Ranfaing le précédent carillonneur qui avait lui-même succédé à Gustave Cantelon, carillonneur pendant cinquante ans de 1880 à sa mort en 1930. Il possède un document personnel exceptionnel de Gustave Cantelon : un cahier grand format, manuscrit, comportant toutes les notes de Cantelon, qui, jour après 243 jour inscrivait son travail, notait tous les morceaux interprétés les jours ordinaires mais aussi les programmes particuliers exécutés pour les cérémonies, fêtes et célébrations. Il y ajoutait commentaires et aussi de savoureuses et souvent malicieuses notes. C’est ce document qui couvre les années 1924 à 1930 que Francis Crépin nous détaille, y ajoutant les commentaires de qui connaît bien la musique, les morceaux dont il est question, l’œuvre de Cantelon mais également l’instrument, si particulier à pratiquer qu’est notre carillon. Il est à noter que Francis Crépin ravit nombre de saint-quentinois en donnant un concert de carillon chaque mois avec un programme au thème toujours différent. 15-17 MARS : Participation à l’exposition Art, nature et traditions à l’espace SaintJacques sur le thème de la Pierre et l’eau Sortie de nos trésors et archives de nombreuses pièces en rapport avec le thème, avec panneaux explicatifs et photos couleur de grand format. 29 MARS : La grande Famille des Hugues, par André Vacherand En présence de Madame Robert-Hugues, membre de la Société Académique. On peut commencer l’histoire de la famille Hugues avec François, le notaire, né en 1779 à Moÿ. Maire du village pendant vingt ans, il a deux fils. Un de ses fils, Frédéric, né en 1817, épouse une demoiselle Cauvin et prend le nom de HuguesCauvin. Avocat au barreau de Saint-Quentin, il crée un établissement industriel : avec 770 métiers à tisser, son usine est la première dans la ville. Il est le fondateur de l’industrie cotonnière mécanique de la région. Il est aidé dans sa gestion par ses fils. Emile, l’aîné, né en 1844, en assure le succès. Président de la Société industrielle créée par son père, il développe l’enseignement technique. Son fils Louis hérite d’un cousin, fortune, manoir et château à Chiry-Ourscamp. François, le deuxième, né en 1848, gère avec son père et ses frères, deux usines, qui fabriquent mousselines, piqué, puis guipure. Devenu maire de Saint-Quentin de 1884 à 1896, il est député de 1893 à sa mort en 1907. Il construit le palais de Fervaques, les halles et la caserne, crée un collège de filles, refait la grand place, les rues, les trottoirs et embellit la ville jusqu’aux faubourgs. Frédéric, dernier des fils de Hugues-Cauvin habite le château de Fayet. Après avoir dirigé avec son frère Émile, l’usine de la chaussée romaine, il succède à son père. Écologiste et poète, il fait un jour un si long discours à l’assemblée pour la défense des oiseaux, qu’il a été surnommé, à la Chambre et dans la ville « le député aux oiseaux ». Louise Hugues, née en 1858, est la veuve de François. Présidente des Femmes de France, elle se dévoue sans compter dès l’invasion de 1914, installe une ambulance et un service hospitalier dans l’école Thellier Desjardins où elle soigne indifféremment Français et Allemands. Au retour de l’exode elle organise des repas populaires (600 sont servis chaque jour) et aide les réfugiés à leur retour. Pour le monument de 1557, François sert de modèle à Theunissen pour le coura- 244 geux mayeur Varlet de Gibercourt et Louise, pour Catherine Lallier, l’épouse du mayeur, soignant les blessés sur les remparts. 26 AVRIL : Nicolas-François de Blondel, ingénieur et architecte du Roi, né à Ribemont par Pierre Beirnaert Pierre Beirnaert à fondé à Ribemont l’association Condorcet dont le siège est dans la maison natale du Révolutionnaire. Il défend ce jour la mémoire d’un autre enfant du pays Blondel Nicolas-François, est né, en 1618 à Ribemont dans l’Hôtel du Gouverneur, situé à l’emplacement de l’actuel hôtel de ville. Fils de Guillaume Blondel, avocat et plusieurs fois maïeur de Ribemont. Son père veille à sa solide instruction. Outre le latin et le grec il apprend l’italien, l’espagnol, le portugais et l’allemand. A 17 ans, il entre comme cadet dans l’infanterie et participe à la guerre de 30 ans où il est blessé. Utilisant sa connaissance de l’espagnol pour interroger les prisonniers, il est signalé à Richelieu qui le fait venir à Paris. Après les succès des missions souvent secrètes qui lui sont confiées, il est admis dans le corps des ingénieurs ordinaires du Roi. Il est nommé par Richelieu sous-lieutenant de « La cardinale » ce qui le conduit à une série d’exploits maritimes. Pour Mazarin, successeur de Richelieu, il guerroie en Italie. A partir de 1651, nommé inspecteur des places maritimes, il montre ses compétences d’ingénieur. Le comte de Brienne lui confie son fils pour un long voyage éducatif qui dure trois ans qui va de l’Allemagne à l’Italie en passant par la Suède et la Laponie. Chargé de l’enseignement des mathématiques et de l’art des fortifications, il n’en continue pas moins ses voyages, des pays nordiques à Constantinople. Colbert succède à Mazarin et Blondel dirige alors les travaux de renforcement de fortifications de nombreux ports ainsi que la construction du nouveau port de Rochefort. Le ministre envoie alors Blondel aux Antilles ou il procède au renforcement des défenses des îles françaises. En 1666, Colbert créée l’Académie des Sciences, Blondel y entre en 1669 avec le titre de géomètre. Il y fait de nombreuses communications sur les sujets les plus divers. La même année, Colbert décide d’ériger un arc de triomphe en mémoire des victoires royales. Voilà donc Blondel, architecte, qui transforme et embellit à Paris plusieurs portes disparues aujourd’hui et réalise ce qui était à l’époque la plus grande porte jamais construite (seul l’Arc de Triomphe la supplantera) la porte Saint-Denis que l’on peut encore admirer de nos jours. En 1671, Colbert crée une Académie royale d’architecture dont Blondel est le premier directeur. Colbert lui confie alors son fils pour un voyage en Italie destiné à lui donner le goût des beaux-arts. Puis Blondel est nommé professeur de mathématiques du Grand Dauphin, fils de Louis XIV âgé alors de quatorze ans. Ensuite on lui confie la construction de la nouvelle porte Saint-Martin puis la reconstruction de la porte Saint-Louis. Devenu Contrôleur général des travaux de Paris il trace les grands boulevards appelés alors « le nouveau cours ». Comme architecte il collabore soit par les 245 plans soit par ses conseils à de nombreuses constructions notamment à Laon pour plusieurs églises : Saint-Martin, Saint-Jean, Saint-Vincent, Saint-Rémy, divers couvents, l’hôpital général, la citadelle, les fortifications. Il dessine aussi la façade de l’Arsenal royal de Berlin. Il possédait notamment des immeubles, de nombreuses oeuvres d’art, des collections d’armes, de camées, des livres rares que son épouse et son fils dilapideront rapidement après sa mort en 1686 à l’age de 68 ans. 31 MAI : Hansi, dessinateur et patriote alsacien, par André Triou avec projections commentées Après l’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1871, nos « provinces perdues », Bismarck a pratiqué à leur égard une politique d’assimilation qui a duré 20 ans pendant lesquels l’Alsace a subi une contrainte politique et culturelle continue. Le règne de Guillaume II a été marqué par une tendance à l’autonomie. L’opinion alsacienne a été sensible à cette évolution. Au début du XXe siècle, marqué par le pangermanisme, on constate une agitation nouvelle de ceux qui réclamaient le retour de l’Alsace à la France. Parmi eux il y a le dessinateur Hansi. Jean-Jacques Waltz né en 1873 à Colmar d’un père, autodidacte et passionné d’histoire régionale, qui était aussi directeur de la bibliothèque et du musée. Après des études médiocres, sauf en dessin, il gagne sa vie comme dessinateur pour les impressions sur étoffe. Il devient un peintre de renom et un dessinateur engagé. Dans ses dessins, il s’attaque directement à la présence allemande en Alsace, à ses agents, les gendarmes, les instituteurs, les touristes. Il présente les Allemands comme des barbares aux idées courtes, bornés, brutaux, pédants et ridicules. Les Alsaciens apparaissent patients mais non résignés, fidèles à leurs traditions, leur religion, leur folklore et attendant le jour de leur libération. Le tout servi par des dessins fins et expressifs et des textes au vitriol, sans nuances. Il collectionne procès et amendes. Ses ouvrages ont connu un immense succès ; entre autres, Histoire d’Alsace, Mon village, puis en 1919 l’Alsace heureuse. Hansi devenu conservateur du musée de Colmar, se consacrera à la peinture sous tous ses aspects : esquisses touristiques, gravures, enseignes, publicités, etc. toujours au service de sa petite patrie. Il est mort en 1951. 7 JUIN : Le picard, une langue à fables, par Jean-Pierre Semblat Séance publique organisée en partenariat avec l’Agence régionale du Patrimoine de la Langue et de la Culture de Picardie Le picard est une langue, ni un patois, ni un parler, ni un dialecte. Affable, parce que le picard est, jusqu’à un certain point, d’un naturel arrangeant ; à fable(s) parce que le picard, à l’instar des autres cultures régionales, aime parler par rébus, devinettes, dictons, charades et autres morales, donc par fables. Tout d’abord il évoque les fabliaux, mot et genre littéraire de la Picardie linguistique 246 du Moyen Âge Puis Jean-Pierre Semblat en vient à La Fontaine, écrivain de Picardie, mais aussi écrivain picard et un peu en picard, à preuve : mots, tournures, construction en rendent aisée la traduction. La fable a toujours été la base de traduction privilégiée pour les Picards qui s’essaient à l’écriture. Une occasion de citer d’autres « fabulistes » picards : Rabouille, Denisse, Patrick Richard, Braillon... puis les conteurs comme Georges Gry ainsi que les travaux de René Debrie sur le parler du Vermandois. A l’exemple de son propre parcours, il dit l’importance de la fable dans le quotidien culturel d’un conteur picard. Diseux, conteux, Jean-Pierre Semblat et aussi théatreux, une sorte d’homme orchestre sans autre instrument que lui-même, sa voix modulable à l’envi de la douceur au cri il émaille son propos d’exemples. Avec lui le picard a du goût, de la couleur, de la tonicité, un vrai spectacle, qui réhabilite et nous réconcilie une fois encore avec ce « mal parler » que l’on nous interdisait parfois jadis. 27 ÂOUT : Le chemin des trois fontaines, sortie préparée par Dominique Morion Maintenant perdues dans la végétation au détour d’un vieux chemin et parfois bien délaissées, les fontaines étaient nombreuses autrefois dans la région. Les érudits du XIXe siècle : Coliette, Gomart, Charles Poette, s’y sont beaucoup intéressés. Parmi celles qui subsistent, Dominique Morion en a choisi trois, accessibles : la fontaine Saint-Amand de Neuville-Saint-Amand, « dont on sait peu de choses » (Gomart), la fontaine Sainte-Camione de Mesnil-Saint-Laurent, doublée d’une chapelle où l’on amenait autrefois, pour les guérir, les jeunes enfants atteints de langueur, la fontaine de la Vierge de Sissy vouée au culte marial, encore présent aujourd’hui. Une voyette y mène, elle est ornée d’une petite construction rustique comportant une niche avec la statue de la vierge, l’eau claire y coule en abondance et s’écoule par le canal d’un lavoir à charpente de bois ouvragée. La promenade se termine dans l’église de Sissy où, dans la chapelle des endormis on peut admirer une remarquable mise au tombeau connue sous le nom de « Groupe des Dormants de Sissy » dont Christine Debrie a fait une étude brillante dans le tome XXVII des Mémoires de la Fédération. 21-22 SEPTEMBRE : Participation aux journées du patrimoine. Visite guidée de notre musée archéologique, exposition de documents anciens sur l’histoire de notre ville Projections avec commentaires de Monique Séverin. Notre fleuve : la Somme dans l’Aisne La légende de Saint Quentin, d’après les bas reliefs de la basilique 27 SEPTEMBRE : Romain Tricoteaux, le maire de la reconstruction, par Monique Séverin. Ceci est une partie de l’important travail de l’auteur sur les maires de Saint-Quentin, de la Révolution à 1939. 247 Romain Tricoteaux est élu maire en 1919 et le reste jusqu’à sa mort en 1933, il est élu député depuis 1928. En charge en 1919 d’une ville dévastée à 80 %, la tâche est immense : reconstruire ou remettre en état l’hôtel de ville, la basilique, le théâtre, Fervaques, le musée, les écoles, l’hôtel-Dieu, les églises, les halles ; renouveler la voirie ; construire le pont du canal, le passage supérieur, les hospices, la maternité, l’école de plein air, la cité Billon, les habitations ouvrières, le conservatoire, la bourse de commerce, la criée, les bains-douches, la plage, les stades, le monument aux morts ; créer de nouvelles écoles, des crèches, des services sociaux, grâce à l’aide puissante de la ville de Lyon. La mairie est agrandie des deux cotés par l’architecte Guindez, le carillon est remplacé grâce au dynamisme de Gustave Cantelon. Prévost repeint le plafond du théâtre, la basilique est déblayée en 1919. Son environnement est profondément remanié, il en est de même pour le quartier de la gare. On crée la plage, le monument aux morts, le passage supérieur. La Somme est recouverte pour construire la gare, la bourse de commerce est installée dans l’église Saint-Jacques, l’hospice Cordier est reconstruit en 1928, les bains-douches sont installés place Campion. 1929 voit l’inauguration de l’école de musique, fleuron de l’Art déco construit par Charavel avec le legs Cailleret. Réélu maire en 1924, élu député en 1928 il présente en 1929 son bilan : 33 maisons Billon, 800 logements « loi Loucheur », 1 000 chômeurs secourus, 1 500 membres des jardins ouvriers, les écoles et les lycées tous reconstruits, 92 rues nouvelles, hôtel de ville, bains-douches et plage s’achèvent. Réélu, il poursuit son action : le monument de 1557 est replacé en 1932, le nouveau musée Antoine Lécuyer est inauguré, le kiosque à musique est construit. Le 31 août 1933, Romain Tricoteaux s’éteint dans sa maison du 12, rue du Wé. OCTOBRE : Ils ont bâti les pyramides, par Joseph Davidovits Séance publique à l’INSSET dans le cadre de la Semaine de la science. Joseph Davidovits, docteur ès sciences, spécialiste des géopolymères et membre de l’association des égyptologues, faisait déjà voilà 30 ans la une du Parisien avec sa thèse audacieuse sur la construction des pyramides, qui a, dans les milieux scientifiques internationaux, des convaincus mais aussi de nombreux détracteurs. Avec pour supports la géologie, l’histoire et la connaissance des langues anciennes il maintient que les pierres des pyramides n’ont pas été transportées, hissées, comme de nombreux spécialistes ont tenté de nous le démontrer de toutes sortes de façons, mais fabriquées sur place avec apport par les hommes des seuls matériaux nécessaires à leur fabrication, en coffrage, sur le site. Démontrant, arguments à l’appui, pourquoi sa thèse ne peut être que la bonne, il déchiffre, avec nous, des inscriptions qui expliquent avec vraisemblance le procédé qu’il a reconstitué en vraie grandeur. A Saint-Quentin même, dans l’enceinte de sa société et avec tout le sérieux requis pour une démonstration scientifique, matériaux spécifiques, dosages précis, ordre des interventions, une réalisation a été mise en oeuvre, il y a peu, en présence de la presse nationale et scientifique alors que son livre Ils ont bâti les pyramides sort en librairie. 248 OCTOBRE : Réception d’un ensemble de descendants de la famille Crommelin C’est grâce aux contacts de Maryse Trannois, membre de la Société académique, passionnée d’histoire locale et grande utilisatrice d’Internet, qu’a pu avoir lieu cette grande première : organiser la visite à Saint-Quentin, où ils sont restés deux jours, de membres de la famille Crommelin en provenance de France, des Pays Bas, de Grande Bretagne et aussi des États-Unis. Pilotés par la Société académique ils sont reçus à la mairie, puis à la bibliothèque municipale, au temple, puis guidés sur les traces de leur famille Crommelin qui sont encore nombreuses à Saint-Quentin : à la basilique, à l’espace Saint-Jacques, aux archives et à la Société académique où un dossier contenant copies de documents et photos leur a été remis accompagné de documentation sur la ville et sa région. Ils sont repartis ravis et leurs rapports amicaux avec Maryse Trannois se poursuivent. 22 NOVEMBRE : De l’opportunité d’ouvrir à Saint-Quentin un Institut universitaire tous âges Séance publique à l’INSSET. Conférence-débat animée par André Lebrun, professeur et ancien directeur de l’INSSET maintenant délégué à l’éducation permanente de l’université de Picardie-Jules-Verne. Amiens possède depuis plusieurs années un IUTA qui a plus de mille deux cents inscrits, Beauvais en a ouvert un il y a quelques années dont le succès va grandissant, dernière en date, l’antenne de Laon a été créée en 2001. Pourquoi pas Saint-Quentin ? C’est la question posée aujourd’hui. Mais qu’est-ce qu’un IUTA : Institut universitaire tous âges ? Il peut accueillir des jeunes ou moins jeunes, en attente d’un emploi ou souhaitant entretenir leurs acquis, des adultes de toutes professions, des inactifs, des retraités. Après une vraie inscription à l’université, payante, en auditeur libre, pour des conférences régulières par des universitaires, des ateliers en petits groupes, des activités complémentaires avec l’association de soutien, conférences, sorties, visites etc. Gérée par une équipe de bénévoles, avec le soutien logistique de l’université de Picardie cette structure a des avantages importants On peut y suggérer des thèmes pour les conférences ultérieures, apprendre ce que l’on veut dans un atelier piloté par un spécialiste du sujet et créé à la demande, pour autant que le nombre d’inscrits soit suffisant pour en justifier l’ouverture et qu’il ait l’aval de la faculté, garante de la qualité des enseignements. Pour un certain nombres de personnes intéressées, d’autres réunions sont programmées qui aboutirons peut-être ultérieurement à l’ouverture de l’antenne saint-quentinoise de l’IUTA. 13 DÉCEMBRE : Ombres et lumières dans l’histoire de notre ville, par André Triou Séance publique avec projections à la CCIA. Sa parfaite connaissance de l’histoire de notre ville, permet à André Triou cette 249 chose extravagante en apparence : brosser en une séance deux mille ans d’histoire de notre ville avec plans à l’appui. Découpée en plusieurs cycles qui, vus à cette échelle, oscillent entre dépression et reprise l’histoire de notre ville est éclairée par ce recul. André Triou insiste sur la situation du lieu, qui a joué et joue encore un rôle essentiel dans son destin. Dès sa fondation par les Romains au sud du seuil du Vermandois, elle est une étape sur la voie classique du commerce, mais aussi des invasions. Elle fait aussi partie de la frontière qui associe les villes de la Somme à la défense du royaume, du Moyen Âge à Louis XIV. Ceci posé, nous progressons dans le temps avec notre guide : depuis le quadrillage des rues encore perceptible semble-t-il, et seul témoignage des temps les plus reculés. Nous voici au XIe siècle. La bourgeoisie saint-quentinoise fonde sa commune en 1080 avec l’accord de son seigneur et obtient une charte. Le roi Philippe-Auguste devient seigneur en 1214. Cette année-là les milices communales combattent à Bouvines L’alliance de la ville et du roi est conclue pour 600 ans. La plus au sud des villes drapantes du nord bénéficie du commerce qui relie la Champagne à la Flandre et l’Angleterre. La foire de la Saint-Denis témoigne de son essor économique. Les celliers regorgent de marchandises. La population compte plus de 12 000 âmes. Au-delà des remparts se développent les grands domaines agricoles, comme celui de Fervaques. Une période de prospérité qui permet la construction de la collégiale, immense église vouée au pèlerinage de Saint-Quentin. Cette période dure plus de 200 ans. Après la Guerre de cent ans et la fin des chevauchées anglaises, la route de Champagne et celle des Flandres ouvrent à nouveau sur le grand commerce. La ville reprend son essor avec la production de toiles de lin. L’hôtel de ville est construit en style flamboyant, les travaux de la collégiale se terminent. Lorsque les troupes du roi d’Espagne pillent la ville en 1557, on peut estimer leur butin à plus de deux tonnes d’or, preuve de la richesse des négociants Puis, de 1715 à 1789, c’est l’âge d’or de la mulquinerie. Les protestants y jouent un rôle prépondérant. Saint-Quentin dispose du marché des étoffes fines pour la mode et la cour, exportées partout en Europe et jusqu’en Amérique espagnole. La bourgeoisie marchande dispose de privilèges judiciaires et fiscaux. Elle domine la société urbaine de l’époque des lumières: des plaisirs, des artistes, des sociétés de musique. Son maîeur est chef militaire et porte l’épée et la croix. On construit à grands frais le théâtre en 1774. L’Église, qui dispose de richesses, maisons, terres et rentes, est présente partout. Le quartier de la collégiale, les treize paroisses, les couvents, les maisons de refuge, elle exerce l’assistance et l’enseignement. La vie de chacun est rythmée par le son des cloches. De 1815 à 1914, la ville connaît un essor industriel sans précédent. Très vite les cheminée des usines, installées dans les bâtiments des couvents, remplacent les clochers des églises, le canal achemine le charbon du Nord et le chemin de fer relie notre ville à la capitale en 1850. Le coton supplante le lin, le textile occupe les trois quarts de la main d’œuvre. La ville bourgeoise est de plus en plus 250 ouvrière et marquée après 1900 par des conflits sociaux. Le commerce et les banques se développent en centre ville. La population passe de 10 000 habitants en 1 800 à 55 000 en 1914. La guerre de 70 n’a pas laissé de traces durables. Le XIXe est un siècle de paix, rompue brutalement par le drame de la Grande Guerre. Il faut une génération pour la reconstruction qui a suit la guerre de 1914. SaintQuentin évacuée totalement en 1917, détruite en 1917-1918, est noyée sous les décombres. La basilique éventrée est déblayée en 1919, les usines détruites sont refaites et rénovées en 1920 et 1921. Les maisons sont remises dans leur état antérieur ou reconstruites avec matériaux nouveaux et dans le style Art Déco. L’État, la sollicitude de ses dirigeants, la rénovation de l’industrie, les travaux et la peine de la population, une sorte de patriotisme de la misère ont permis cette résurrection. Aujourd’hui, nouvelle donne : aucun conflit depuis 50 ans, dans l’Europe avec la suppression des frontières et de leur poids historique, les nouvelles relations et communications, Saint-Quentin est une ville moyenne au cœur des mutations économiques, et au carrefour de deux autoroutes l’A 29 et l’A 26 qui a repris le tracé de la desserte nord-sud choisie dès l’Antiquité.