473 Christine Loiselle

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473 Christine Loiselle
Christine Loiselle
Stage QSF Universel Honduras- Été 2012
Mer et Monde [473]
Rapport de Stage
Quand j’ai choisi de postuler à un stage QSF, j’étais à la recherche d’une belle
aventure sur le plan humain. J’étais à ma recherche; à la recherche d’une expérience me
permettant de sortir de ma routine et de me confronter, mais, surtout, me permettant
d’aller une fois de plus à la rencontre de l’autre.
J’avais déjà participé à un stage d’initiation à la coopération internationale grâce
au programme de Sciences humaines profil Optimonde du Cégep du Vieux-Montréal.
Grâce à ce programme, j’ai pu vivre durant 3 semaines au sein d’une famille du
Guatemala, travailler au sein de la communauté et, surtout, partager le quotidien de
personnes incroyables. J’étais revenue transformée de mon stage et désireuse plus que
jamais d’aller vers l’autre et d’apprendre à le connaître. À peine revenu, je rêvais déjà au
prochain stage de coopération que je pourrais faire. Cependant, ce n’est que l’année
dernière que je me suis enfin décidé à faire le grand saut et que je me suis inscrite à un
QSF. Et quel saut!
Dès la première formation, en janvier (j’ai été sélectionné plus tard que le reste de
mon groupe), j’ai adoré l’ambiance et l’encadrement offerts par Mer et Monde. C’est, du
moins, ce qui m’a le plus marqué. Les fins de semaine de formation étaient toujours bien
organisées et se faisaient toujours dans une ambiance agréable. C’était amusant de se
retrouver toutes ensemble dans la maison de Mer et Monde et de cuisiner et dormir
ensemble. Cela nous a permis de forger de beau lien au sein du groupe, je pense. Il faut
dire aussi que nous étions un beau groupe de 9 filles toutes plus différentes les unes que
les autres, mais aussi complémentaires et capables de bien nous entendre. Dès les
premières formations, j’ai su que nous ne vivrions pas de grands conflits. Je me souviens
aussi qu’au moment de commencer les formations, je trouvais que six fins de semaine
c’était beaucoup. Je me rends compte après coup que jamais je n’aurais été prête à vivre
cette expérience à l’étranger sans les formations pour m’y préparer. Finalement, ce qui
m’a aussi marqué de ces fins de semaine de formation, c’est que même si je trouvais
souffrant de dormir par terre, à chaque fois j’ai adoré chaque fin de semaine et que j’avais
hâte à chaque fois de m’y rendre, car je savais que j’y aurais du plaisir et que j’en
ressortirais avec une étape de plus de franchie vers le stage que j’attendais avec tant
d’impatience.
Mon stage, c’est au Honduras, dans le village d’Ojojona, qu’il a eu lieu. Nous
avons quitté le Québec le 1er juin à 6h du matin environ pour partir vers l’aventure!
J’avais, à ce moment, tous mes objectifs en tête : mieux maîtriser l’espagnol, apprendre à
créer du matériel pédagogique, apprendre à animer un groupe et à donner des ateliers,
apprendre à prendre ma place dans un groupe, prendre confiance en moi, moins me
stresser pour un rien et mieux me connaître tant sur le plan personnel que professionnel.
Par contre, l’objectif le plus important que j’avais en tête dans l’avion nous menant au
Honduras c’était de profiter de mon expérience au maximum… tant des bons moments
que des moins bons, car on peut retirer des choses de tout!
J’avoue qu’à mon arrivée au Honduras, c’est d’abord un mauvais moment qui m’a
frappé. Le Honduras me semblait être un pays magnifique, quoique Tegucigalpa, la
capitale, ne m’ait pas du tout séduite au premier abord, j’ai tout de suite adoré la maison
de Mer et Monde et j’aurais adoré goûté à mon premier repas hondurien cuisiné par Rosa,
mais la nuit blanche que je venais de passer m’avait laissée complètement KO et, bien
malgré moi, j’étais déjà au lit à 7h avec une migraine atroce et la nausée. Bienvenue au
Honduras! Mais rassurez-vous, dès le lendemain j’étais remise sur pied, prête à me lancer
à fond dans l’expérience.
Je me souviens que l’arrivée au village a été un moment très intense du stage.
Nous nous sommes toutes retrouvées assises sur des chaises pour enfants sur le balcon de
Leonor, une de nos futures mères d’accueil, à attendre l’arrivée des autres mères pour être
réparties. La tension était vraiment palpable et tout le monde voulait rester à la maison de
Leonor, cette belle maison jaune à l’immense balcon et aux deux hamacs… Le rêve! Et
c’est moi qui ai eu la chance d’y rester. J’ai été choyée et aujourd’hui je peux dire que je
ne me serais pas vue dans une autre famille, et ce, même si au début le fait de ne pas
avoir d’enfants en bas âge me décevait un peu. En fait, la famille a été probablement
l’élément le plus marquant de mon stage. Il faut dire que j’ai eu une famille vraiment
exceptionnelle!
Leonor est une femme incroyable! Ce qui frappe au premier abord c’est sa
générosité. Elle donne cent fois plus qu’elle ne reçoit, notamment grâce au rôle de
pasteure qu’elle assume dans sa communauté. Quand on apprend à la connaître, on se
rend compte aussi que c’est une femme extrêmement travaillante et courageuse qui a
élevé seule ses trois enfants à qui elle a transmis de magnifiques valeurs. Il y tellement de
beaux moments passé avec eux dont je me souviendrai longtemps que je ne peux tous les
nommer, mais je tiens tout de même à énumérer ceux qui sont les plus vivaces. Mes
dîners en solo avec Leonor durant lesquels nous discutions de tout et de rien, ma première
panne de courant au Honduras durant un véritable déluge et les discussions sur « Trouver
Némo » et « Le roi lion » que j’ai eut pendant au moins une heure avec Ruth et Claudia,
puis les rires quand Claudia et moi avons essayé de monter l’escalier arrière pour se
rendre à nos chambres alors qu’elle s’était transformée en torrent d’eau, mes promenades
à travers le village et mes discussions toujours animées avec Claudia, les quelques
discussions profondes que j’ai eues avec Saul et les railleries mutuelles que l’on
échangeait, les soupers typiques que j’ai cuisinés avec Claudia et Laurie, une fille du
groupe, la virée de Saul, Claudia et moi près des éoliennes pour prendre des photos et
couper du bambou, la soirée où tous les trois et un ami de la famille avons joués pendant
au moins deux heures à UNO, le fameux match de football des olympiques que j’ai suivi
avec ardeur en compagnie de Ruth, Claudia et Leonor après avoir fait un matin cinéma
avec Ruth… Tous ces moments ont été importants pour moi parce que c’était des
moments en famille d’une grande richesse et qu’ils m’ont permis de connaître tous les
membres de cette famille. Mon seul regret est peut-être de ne pas avoir eu l’occasion de
créer des liens plus forts avec Ruth, la plus jeune, qui n’était pas souvent à la maison.
Mais les moments dont je me souviendrai le plus sont sans doute les réunions
pastorales qui avaient lieu chaque mercredi et dimanche. Elles étaient en fait partie
prenante de la vie de famille et, bien que je ne sois pas croyante ni pratiquante, j’ai adoré
ces moments qui m’ont permis d’entrer en contact avec toute une communauté, de mieux
comprendre un des éléments majeurs de la culture hondurienne (la religion) et de passer
du temps en famille dans ce qu’il y a de plus important pour eux. Par contre, c’est sans
doute la première et la dernière qui m’ont le plus marquée. Nous sommes arrivées au
village un dimanche (journée de la réunion pastorale) et après le dîner nous étions partis
visiter le village. Je suis donc arrivé en retard à la réunion. Quand j’étais arrivé, je me
souviens que j’ai été littéralement happée par Leonor qui m’a assise sur une chaise juste à
côté du lutrin, dans le salon. Il y avait plein de monde, ça chantait, ça dansait, ça priait,
implorait le seigneur et pleurait, tandis que moi j’étais juste assise au milieu de cette
foule, les yeux grands ouverts, me demandant ce qu’il se passait, pendant que des enfants
que je ne connaissais pas me jouaient dans les cheveux. J’étais un peu sous le choc parce
que connaissant la religion catholique, je suis habituée à l’austérité des églises. Cette fois
c’était complètement différent! Ma surprise a été plus grande encore quand tout le monde
présent s’est levé et a fait la queue pour me faire un câlin et m’accueillir dans la
communauté. C’est à ce moment-là que je me suis sentie accueillie dans ma famille, mais
aussi dans cette communauté. J’étais chez moi pour les deux prochains mois et ces gens
que je ne connaissais pas m’acceptaient parmi eux sans me connaître ou même se
demander si je faisais partie de la même confession religieuse qu’eux. Ça m’a touché.
Pour ce qui est de la dernière, elle sans doute été la plus triste pour moi, car tout le monde
était là pour me dire adieu et faire une prière pour me remercier d’avoir partagé leur vie.
Ça aussi, ça été un moment touchant et j’avoue avoir pleuré comme un bébé.
Pour en finir avec la famille, je ne peux passer sous silence les enfants. Leonor
organise aussi une réunion pastorale pour enfants les dimanches matin et je n’en ai
manqué aucune. Je m’étais bien trompée en disant que je n’avais pas de jeunes enfants
dans ma famille parce qu’en fait j’en avais bien une dizaine de par la communauté
religieuse. Kevin, Josue, Diana, Nuris, Pamela, Marie-Sol, Yahir, Lexis, Maria, Suyapa,
Cristian… Que j’ai aimé jouer avec ses enfants! Leur joie de vivre malgré les conditions
parfois difficiles dans lesquelles ils vivent m’a vraiment émue. Avoir eu la chance de leur
donner du temps a été pour moi une expérience géniale et sans doute l’un des éléments
majeurs de mon stage. Quand ils venaient vers moi en courant pour me faire des câlins
ça voulait tout dire pour moi…
Après la famille, je ne peux passer sous silence notre projet et la vie de groupe qui
ont aussi été marquants. Notre projet était de créer du matériel pédagogique sur la
sexualité pour la clinique d’Ojojona et de donner des ateliers dans les écoles et les
« Aldéa ». Cela été une très belle expérience peuplée de hauts et de bas. Le
commencement du projet a été sans doute plus difficile, car il a pris du temps à démarrer.
Nous manquions de matériel et d’aide hondurienne pour créer du matériel qui soit adapté
à la réalité du Honduras et ça a créé un peu de frustration au début. Par la suite, tout à
sembler couler parfaitement jusqu’à la fin. Notre horaire était chargé, mais nous avions
vraiment l’impression d’agir dans la communauté. Les effets ne se feront peut-être pas
sentir immédiatement, mais ce que nous avons expliqué aux jeunes lors de nos charlas
restera dans leur mémoire et finira peut-être par apporter quelque chose. Comme on nous
l’a souvent dit, on a planté la petite graine qui, un jour, poussera! Pour ma part, l’activité
que j’ai le plus aimée est la création de la pièce de théâtre sur la sexualité avec les jeunes.
Nous l’avons écrit et monté avec eux. Elle reflète donc très bien la réalité du Honduras.
Nous avons rencontré beaucoup de problèmes tout au long du processus de création et
nous avons failli abandonner très souvent, mais lorsque nous l’avons présenté à la fête
d’adieu de la clinique cela été un grand moment de fierté pour nous, mais aussi pour les
jeunes qui nous avaient aidés à la monter. Ça nous a vraiment fait comprendre « l’être
avec » prôné par Mer et Monde.
L’expérience de groupe a, pour sa part, été super. Nous étions 9 filles
complètement différentes comme je l’ai dit, mais nous avons été, sur le terrain, assez
complémentaires et il y a vraiment une belle solidarité qui s’est installée entre nous.
Quand l’une de nous était malade, c’est tout le groupe qui se déplaçait pour prendre de
ses nouvelles à tour de rôle! Les conflits ont été très rares et tout le monde a laissé la
chance à tout le monde de prendre sa place et de prendre des initiatives. Les seuls vrais
problèmes rencontrés toucheraient surtout la communication (l’information avait souvent
de la difficulté à fait le tour du groupe ce qui est assez cocasse puisque nous n’étions pas
si nombreuses que ça) et la propagation fulgurante du négativisme (c’est fou comme ça se
propage vite dans un groupe de fille! Suffisait que l’une se mette à se plaindre pour que
toutes les autres suivent!). Et le plus marquant? Notre fascination pour la nourriture. S’il
y a un sujet dont nous avons discuté de long en large c’est bien celui-là!
En parlant de nourriture, je ne peux passer sous silence, dans mon cas, la maladie.
J’ai été en effet la plus malade du groupe et je dois avoir passé en tout au moins une
bonne quinzaine de jours sans manger du tout. On peut au moins dire que je n’aurai plus
jamais peur d’être malade en voyage, car j’ai eu droit à tout au Honduras et ce dernier ne
m’a pas épargné! Qui peut se vanter d’avoir eu un soluté par intraveineuse au Honduras!
J’en ris beaucoup aujourd’hui (parce qu’il faut bien en rire), mais même si ça a été des
moments parfois difficiles, je crois que j’ai pu me rendre compte par ces épreuves de ma
force intérieure et de ma capacité à tout relativiser et à rester positive. Et ça m’aura
permis de comprendre l’importance de prendre du temps pour soi. La maladie a donc été
un élément marquant de mon stage (comment faire autrement lorsqu’on est malade
environ 4 fois), mais ça n’a pas été un élément complètement négatif et, surtout, ça ne
m’a absolument pas découragé de faire ce genre de stage. Au contraire!
J’ai vécu au Honduras une expérience incroyable. J’y ai côtoyé des gens
formidables, vécu plein de belles expériences et fondé plein de belles amitiés. J’ai eu la
chance de travailler dans une communauté et même si je n’ai pas vu tous les effets du
travail que nous avons réalisé, je sais qu’il y en aura un jour. Et même s’il n’y en avait
pas ça n’enlèverait absolument rien au projet que nous avons réalisé et à l’aventure que
nous avons vécue. Je peux dire avec fierté que mes objectifs ont tous été remplis à
différents degrés. Je suis une autre personne aujourd’hui. Pas si différente, mais plus sûre
de moi et, surtout, plus consciente de mes forces et de mes faiblesses et, surtout,
davantage capable de les accepter. Je reviens au pays avec un désir d’implication plus
fort que jamais, mais aussi avec une toute nouvelle perspective de ma vie.
Je remercie profondément Mer et Monde et sa belle grande famille de m’avoir
permis de vivre une telle expérience. Elle aura marqué ma vie et elle restera sans doute
l’une des plus belles de ma vie. Merci pour le soutien et l’encadrement que vous offrez.
Ils sont uniques et vraiment appréciés. Je remercie aussi mon groupe, sans lequel je
n’aurais pas pu passer au travers des nombreuses fois où je ne pouvais ni manger, ni
m’éloigner de ma toilette et sans qui je ne me serais pas vu vivre le stage. Notre solidarité
m’a beaucoup touché et je garderai un excellent souvenir de vous les filles.
Vive Québec sans Frontière!
À gauche : Leonor et son fils Saul. À droite : Claudia.
À gauche : Ruth. À droite : l’église du parc central d’Ojojona.
De gauche à droite : Diana, Maria, Leonor, Pamela, Nuris, Yahir, Marie-Sol et Kevin.