Le Progrès – 23 mai 2013
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Le Progrès – 23 mai 2013
Le Progrès – 23 mai 2013 Anna, ex-fun des sixties Un téléfilm de 1967 devenu culte. Les chansons de Gainsbourg, la verve de Jean-Loup Dabadie. Emmanuel Daumas s’en empare pour créer une comédie musicale pop, enchantée par Cécile de France et Grégoire Monsaingeon. 1967, c’est la croisée des mondes. L’été de l’amour et le swinging London d’un côté. L’académisme et la France qui s’ennuie (selon Pierre Viansson-Ponté, dans « Le Monde ») de l’autre. Mais comme l’avait prévu l’éditorialiste, la France rêve d’un monde en couleurs. La bonne vieille ORTF commande ainsi un téléfilm à un jeune baroudeur de « Cinq Colonnes à la une », Pierre Koralnik. Avec Gainsbourg au générique (musique, lyrics et comédie), Jean-Loup Dabadie aux dialogues, et un casting de légende : l’égérie Anna Karina, le pétillant JeanClaude Brialy, ou encore la grâce incarnée de Marianne Faithfull. Le film est une pépite pop. Un mélange d’influence nouvelle vague et de références sixties. La nonchalance du beau Serge, filmé façon reportage, et des scènes carrément psychédéliques. L’histoire ? Un Blow-Up sentimental : un publicitaire tombe amoureux d’une photo. Sans remarquer qu’il croise tous les jours l’image qu’il fantasme, dans son agence… Sans oublier la musique. Gainsbourg multiplie les genres : du Rn’B façon Ray Charles (chanté par Eddy Mitchell), des chansons parlées et scénarisées, et l’incunable « Sous le soleil exactement », tout en digression. « Joyeusement moderne » Le metteur en scène Emmanuel Daumas (Comédie-Française, Théâtre de Toulouse) a saisi ce téléfilm devenu culte comme un point de départ à une pièce de « théâtre musical pop ». Reprise de l’histoire, des chansons, mais aussi de l’intention. « Il s’agit de rester aussi joyeusement moderne que le film l’était » explique le metteur en scène, et de réaliser « une création entre concert et performance, brouillant les pistes de la narration ». Sur scène, on projettera des images, des dessins, des films d’animation, réalisées par le duo Mrzyk & Moriceau. « Il faut profiter du fait que l’histoire se déroule dans une boîte de pub pour donner l’impression que tout se fabrique sur le moment. Les images, comme la musique » souligne le metteur en scène. Ce sont les deux musiciens de « Nouvelle Vague », Guillaume Siron et Bruno Ralle, qui se sont fait connaître en reprenant des tubes branchés des années 80, qui ont arrangé et orchestré les chansons de « Anna », elles seront jouées sous Et la houlette de Philippe Gouadin («Mama Mia », « Le Roi Lion »). chanté par la troupe. Côté troupe, Emmanuel Daumas a puisé dans le vivier de ses condisciples de l’Ensatt : Anna sera incarnée par Cécile de France, le rôle de Serge par Grégoire Monsaingeon. Un couple moderne, audacieux, à la fois candide et insolent. La pièce sera créée à Fourvière, à l’Odéon, le temps de quatre représentations, avant d’être jouée au théâtre du Rond-Point à Paris en septembre, et de partir en tournée à travers la France et l’Europe francophone, jusqu’en janvier 2014. > « Anna », 29, 30 juin, 1er et 2 juillet à 22 h, à l’Odéon de Fourvière. Thierry Meissirel