Au Katanga en 2009

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Au Katanga en 2009
Au Katanga en 2009
Ami lecteur, avez-vous trouvé un intérêt à cette lecture?
Voulez-vous savoir ce qui se passe au Katanga et a Kolwezi en 2009? Oui ? Lisez ce qui
suit...
Retour au 19ème siècle pour l'industrie minière congolaise
LES ACTEURS ACTUELS
Le gouverneur de province, Moïse Katumbi, homme d'affaire devenu Gouverneur du
Katanga début 2007, est avec sa propre entreprise Mining Company Katanga (MCK),
sous-traitant dans les mines. Il avait en location la mine de Kinsevere de la Gécamines et
a revendu ce contrat pour 61 millions de dollars à l'australienne Anvill Mining.
Le nouveau venu chinois, Mister Min responsable du partenariat (32% Gécamines et
68% Chine) devrait investir 3 milliards de dollars. Les revenus miniers serviront au
remboursement de cet investissement ainsi qu'aux travaux d'infrastructure pour 6
milliards de dollars confiés à des entreprises chinoises.
Le patron de la Gécamines, Paul Fortin qui travaille pour la présidence Congolaise et
a négocié à Pékin les contrats miniers chinois.
Le nouvel entrepreneur, Georges Forrest a fait de son entreprise familiale de
construction, une entreprise d'exploitation minière. il a facilité la voie a Katanga Mining
Ltd (KML) qui amis la main sur les plus importantes usines et mines existantes. Début
2009, sans une reprise par Glencore, KML aurait été en faillite.
A ce moment de l'histoire, comment résumer le drame qui se joue au Katanga?
Nos vies ont été ruinées crient les mineurs! 28 ans de travail pour la Gécamines
et plus rien, alors que de mon temps (années 70) les mineurs jouissaient de
bons soins de santé pour eux-mêmes et leur famille, de bonnes écoles pour
leurs enfants, d'instituts de formation technique (Ecole Technique de Mutoshi Ruwe à Kolwezi), de logements valables, de centres culturels et sportifs. Au lieu
d'une révolution industrielle, on peut parler de recul industriel sans précédent
au Katanga.
LA GECAMINES BRISEE
La Gécamines n'est plus que l'ombre du géant qu'elle a été. Elle aurait pu renaître de ses
cendres en 1996 si des charognards n'avaient pas dépecé la proie affaiblie pour se la
partager. Les partenariats avec de petites entreprises minières n'ont pas fonctionné. Ils
ont profité de spéculations boursières pendant la hausse des prix des matières premières
ces dernières années. En dépit de l'absence de management et de la prise du cash flow
par Mobutu, la Gécamines restait le premier producteur du monde de cobalt.
Avec sa technologie moderne, elle a produit, jusqu'au début de 1990, plus de 470.000
Tonnes de cuivre raffiné et 16.000 Tonnes de cobalt à 99% de pureté.
La Gécamines traîne une dette de 2 milliards de dollars mais le Club de Londres pourrait
en effacer 900 millions (400 concernent des dettes auprès d'entreprises publiques
congolaises et 600 concernent des dettes commerciales qui pourraient être renégociées
ou remboursées avec réduction).
La Gécamines possédait pour des milliards de réserves de minerais mais elle les a
perdues, après la privatisation sauvage, a tel point que pour pouvoir conclure le contrat
chinois, son administrateur a dû accorder à ceux-ci des concessions minières qui avaient
été accordées à KML et pour lesquelles KML a obtenu la promesse de 825 millions de
dollars d'indemnisation.
Le grand défi: réaliser la transition d'une exploitation minière devenue
artisanale à une exploitation moderne. L'exploitation minière artisanale est un
phénomène récent au Katanga, postérieur à 2000. Avant 1906, les Mangeurs de
Cuivre avaient produit 30.000 Tonnes de cuivre, c'est plus que les 27.000
Tonnes de cuivre que produit la Gécamines aujour'hui, 100 ans plus tard.
Sous Mobutu, seuls les revenus miniers étaient écrémés mais depuis 1990, les
mines ont été pillées par des amateurs et abandonnées, délabrement,
inondations, accidents mortels journaliers... mais comment en est-on arrivé à
cela?
Les raisons de la chute brutale de la production
Oui, comment la production de cuivre de 500.000 Tonnes a chuté à quelques milliers de
Tonnes en 1990?
Parce que l'effondrement partiel de la mine souterraine de Kamoto a coïncidé avec l'arrêt
des investissements qui auraient dû provenir de l'étranger, notamment de la Banque
mondiale. La Gécamines avait réuni la moitié des fonds soit 500.000 millions de dollars
mais Mobutu les a prélevé en échange de la démocratisation de son régime... !!!
En 1996 juste avant sa chute, Mobutu avait conclu un accord avec la société suédoise
Lundi Holdings qui devait débourser 250 millions de dollars de "pas de porte" pour
l'exploitation de la concession de Tenke-Fungurume (l'uranium de la première bombe
atomique vient de là).
L'exploitation des rejets de Lubumbashi étaient prévus avec le groupe américanofinlandais de traitement du cobalt (OM Group en association avec George Forrest).
Ceci devait permettre à la Gécamines de remonter la pente.
Mais l'arrivé au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila en 1997 a compromis ce plan, car dans
son sillage, se trouvaient une multitude de petites entreprises occidentales et autres qui
avaient obtenu des concessions en échange du soutien à la rébellion.
Après l'assassinat de Laurent Désiré Kabila en 2001, son fils Joseph, actuel président, est
entré en relation avec la Banque mondiale qui désigne alors IMC International Mining
Consultant pour élaborer un n-ième plan de relance. Comment? En privatisant le
management de la Gécamines. La direction serait confiée a à une équipe d'experts
miniers internationaux et quelques centaines de millions de dollars auraient suffit pour
reprendre la production de cuivre et de cobalt raffinés.
Pillage organisé des ressources minières
Le plan permettait d'envisager une reprise rapide d'une industrie moderne au Katanga.
IMC coupait surtout l'hémorragie financière vers Kinshasa où l'argent des mines était
utilisé a des fins politiques mais les hommes politiques congolais et des intérêts privés
locaux ont saisi l'occasion de mettre la main sur les mines en faisant miroiter des
perspectives d'investissements. C'était surtout l'occasion d'exploiter les mines a leur
propres compte!!!
La misère s'installant partout, les gisements ont été pris d'assaut par des milliers de
sans-emploi qui cherchant a survivre se sont mis a faire de l'exploitation minière à main
nue. La porte était ainsi ouverte aux trafiquants de tous bords. 100.000 à 200.000
personnes seraient ainsi occupées.
Vers l'an 2000, l'exploitation minière s'est de cette manière enlisée dans un système
moyennageux.
En spéculant sur la hausse des matières premières, des escrocs basés dans des paradis
fiscaux ont attisé la convoitise d'investisseurs en Bourse. Sans sortir un dollar de leur
poche, l'argent des autres a été investi à Toronto et à Londres plutôt qu'au Katanga.
Pendant que les actifs des mines étaient ainsi transférés a des petites entreprises sans
expérience et dans des conditions peu transparentes, les Majors (Anglo-American, Rio
Tinto, BHP Billiton) sont tenues à l'écart. A une exception près: Freeport McMoRan qui
avait acquis tenke-Fungurume du Suédois Lundin.
Bulles boursières
Début 2006, la Banque mondiale nommait le Canadien Paul Fortin à la tête de la
Gécamines, enfin ce qu'il en restait car le gouvernement de Kinshasa avait amputé
l'entreprise minière de 80% de ses réserves, les joyaux: Kamoto et Kambove étaient
passé aux mains de Kinross-Forrest et de Nikanor.
La Gécamines était devenue une société de holding détenant de petites participations
minoritaires dans une trentaine de "partenariats". L'administrateur n'avait donc plus en
main les leviers pour actionner une politique de relance sérieuse.
Récemment on annonçait que la Gécamines avait exporté 1 million de tonnes de cuivre
en 2008, en réalité il s'agissait de minerais brut car seulement 18% sont du cuivre et du
cobalt sont raffinés.
Rappelez-vous que l'ancien patron, Mr Crem, avait lui dans le milieu des années 80,
amené la production à 470.000 Tonnes de cuivre pur. On voit que "la révolution
industrielle" est a relativiser!
A l'époque de l'UMHK et de la Gécamines on produisait 3 millions de Tonnes par mois!!!
La crise mondiale a terrassé les nouveaux venus au Katanga. Leurs cours boursiers ont
chuté de 88%. Ils prétendent que l'exploitation n'est pluis rentable à 3600 Dollars la
tonne de cuivre, contre 9000 en août 2008. Certains candidats eux, affirment qu'à 1600
Dollars la tonne se serait encore extrêmement rentable mais en vérité il manque un
climat propice à la réalisation d'investissements et selon certains observateurs sur place
au Katanga, le seul projet crédible est celui de Tenke-Fungurume Mining (TFM) dans
lequel Freeport McMoRan investit 2 milliards de dollars pour une production annuelle de
300.000 Tonnes de cuivre raffiné.
La plus importante mine de cobalt du monde, Camec/Boss Mining a investi 250 millions
de dollars dans une raffinerie ultramoderne mais la production de cobalt est à l'arrêt.
Pour de raisons politiques ou parce qu'ils ont laissés des plumes dans des spéculations
boursières après une tentative déjouée de s'emparer de Katanga Mining Ltd. (KML). KML,
résultat de la fusion de Kinross-Forrest et Nikanor a virtuellement fait faillite en
décembre 2008. Elle est passée aux mains du trader suisse Glencore en échange d'une
injection de 265 millions de dollars dans le but de devenir principal producteur de cobalt
et ainsi fixer le prix sur le plan international. Cet atout là est perdu pour le Congo.
Plus grave, pas de valeur ajoutée pour le Katanga et le Congo
Bien que la majeure partie de la production d'aujourd'hui soit issue de creuseurs
artisanaux, le Katanga pourrait atteindre un million de tonnes de cuivre raffiné. Cela
semble une bonne nouvelle mais il n'y a aucune valeur ajoutée pour le Congo et cette
production massive pèsera sur le cours mondial. On vide le sous-sol du Katanga sans
apporter aucune valeur aux Congolais car il n'y a aucune industrie de transformation en
aval.
Les centaines de camions que l'on voit apporter du matériel d'Afrique du Sud peuvent
impressionner mais pas les anciens qui comme moi ont connu les beaux jours de la
Gécamines.
Et les maigres revenus ne pourront pas financer le développement du Katanga.
Des milliards disparaîtront dans les poches d'actionnaires étrangers et de leurs
protecteurs locaux.
Le Congo figure aujourd'hui parmi les Etats les plus pauvres de la terre. Il reste donc a
espérer que le chinois "Mister Min" responsable des derniers contrats pourra concrétiser
ses promesses.
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