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JEUDI 13 DECEMBRE 2012 LE POPULAIRE DU CENTRE
Région
Actualité
AGRICULTURE ■ Le groupe coopératif Natéa Agriculture a plutôt bien traversé les derniers mois de crise
La force tranquille de Natéa
Natéa se porte bien. Le
groupe coopératif affiche sa
force tranquille. Comme
l’ont souligné les travaux de
l’assemblée générale hier à
Rilhac-Rancon, l’avenir est
toujours plus à l’ouest.
U
Jean-Paul Sportiello
n chiffre d’affaires en
hausse (+ 4 %), une
augmentation de la
collecte et des services,
une dette qui recule. Le
groupe coopératif Natéa
Agriculture, ses magasins
G a m m Ve r t e t A t o u t
Plants, sa société de pro­
duction de plants de pom­
mes de terre affichent des
résultats positifs en cette
fin d’exercice.
Les chiffres parlent
d’eux­mêmes : plus de 68
Md’€ de chiffres d’affaires,
plus de 14 millions d’€ de
capitaux propres, près de
300 salariés et 44 maga­
sins en Limousin. Natea a
plutôt bien traversé les
derniers mois de cr ise
« Je serai
toujours au
service de la
coopérative. »
JEAN-PIERRE LIER. Après
13 ans de présidence,
Jean-Pierre Lier passe
le relais. Son successeur sera connu en
janvier.
HIER À RILHAC-RANCON. De nombreux sociétaires et adhérents du groupe coopératif assistaient
à l’assemblée générale. PHOTO PASCAL LACHENAUD
agricole. Le groupe limou­
sin est devenu un poids
lourd des structures coo­
pératives en France et
compte bien le rester.
« Aujourd’hui, il existe 30
groupes coopératifs en
France, précise Pierre Bil­
beau, directeur général,
demain il en restera 15,
voire 10. Nous comptons
bien en faire partie. »
Pour se renforcer, Natéa
se tourne vers l’ouest. « Il
vaut mieux aller se déve­
lopper vers l’ouest au lieu
d’attendre que les sociétés
de l’ouest viennent nous
envahir. » Ce qui n’empê­
che pas quelques mains
tendues vers des partenai­
res du sud, comme la Cor­
rèze ou le Lot où des dis­
cussions sont ouvertes
avec des groupements de
producteurs de canards
gras ou de bovins.
Volonté de semer
La vente d’aliments et de
produits agricoles ainsi
que la collecte de céréales
et de fourrages restent le
cœur de métier de Natéa.
L’alimentation animale re­
présente 44 % du chiffre
d’affaires mais elle accuse
une légère baisse. Vient
ensuite la vente d’engrais
(28 %), de semences
(10 %), d’agroéquipement
(8 %), la santé végétale
(6 %), et les magasins
(4 %).
La distribution d’engrais
a connu une hausse de
plus de 4 %. Mais c’est
surtout la collecte des cé­
réales et des fourrages qui
a progressé (+ 9 %). Et ce
n’est qu’un début. Les éle­
veurs sont malheureuse­
ment de plus en plus
nombreux à se séparer de
leur cheptel de souche
jugé trop coûteux à nour­
rir depuis la sécheresse du
printemps 2011 ; beau­
coup se tournent vers la
production de céréales,
plus rémunératrice depuis
trois ans.
« Quand le virage est pris
il est difficile de revenir en
arrière, prévient le prési­
■ Les coopératives, atouts d’avenir
Les Nations-Unies ont déclaré que 2012 était l’année internationale des coopératives. Citant un rapport adopté par la
commission des affaires économiques du sénat, le président
Jean-Pierre Lier précise : « les coopératives sont un atout
pour le redressement économique et un pilier de l’économie
sociale et solidaire ». La préservation de leur régime fiscal
ne constitue donc pas un cadeau « mais juste une prise en
compte des contraintes propres à leur fonctionnement ». En
janvier prochain, l’Acooa (fusion de Coop de France et d’Invivo) va lancer un plan de communication télévisuelle, pour
faire connaître au public le rôle des coopératives dans
l’agroalimentaire, l’écologie et l’économie. ■
dent Jean­Pierre Lier. Les
prix des céréales sont por­
teurs aujourd’hui mais le
marché peut vite se re­
tourner même si la ten­
dance est au maintien des
cours. »
Cette décapitalisation du
cheptel bovin n’est pas
sans conséquences sur
toute la filière (abattoirs,
marchands d’aliments,
per tes de droits à pr i­
mes…). « La volonté de
semer des céréales en Li­
mousin, terre d’élevage
par tradition, est très net­
te, souligne Pierre Bil­
beau. Depuis la sécheresse
2011, nous enregistrerons
une baisse de 500.000 ton­
nes de vente d’aliments
aux éleveurs. »
En revanche, la coopéra­
tive s’attend à une hausse
importante de son activité
de collecte des céréales en
2013 (+ 30 %) dans les
mois à venir. Au point
qu’elle envisage l’ouvertu­
re de nouveaux silos de
stockage. Jérémy Macklin,
directeur général d’Invivo,
coopérative à laquelle ap­
partient Natéa, est inter­
venu en ce sens (lire ci­
contre).
Nouveaux services
Autre satisfaction, les ac­
tivités de services et de
conseils aux agriculteurs
sont en plein essor. Le
groupe coopératif propose
une demi­douzaine
d’outils respectueux de
l’environnement pour
mieux gérer les parcelles
en apport d’engrais, ges­
tion de l’herbe, des mala­
dies etc.
« C’est un accompagne­
ment qualitatif qui permet
d’inscr ire l’agr iculture
dans le développement
durable » ajoute le prési­
dent Jean­Pierre Lier.■
è QUESTION À
JÉRÉMY MACKLIN
Directeur général
d’Invivo
Quel message souhaitez-vous faire
passer ?
Je veux insister sur
l’importance de la
politique agricole de la
France pour la
production de céréales
par rapport au reste du
monde. Si d’autres pays
se montrent défaillants,
la France par sa
technicité et ses
conditions climatiques
sera toujours un grand
producteur de céréales.
L’Afrique, par exemple,
aura toujours de grands
besoins. C’est une
d’obligation morale pour
la France.
Les coopératives doivent
s’organiser pour ne plus
être dépendantes des
multinationales pour
l’approvisionnement en
semences. Face à ces
enjeux la France baisse
sa production à cause
de son obsession
environnementale. Le
respect de
l’environnement et la
production céréalière ne
sont pas incompatibles.
Il existe des outils qui
permettent de minimiser
l’impact sur les eaux, les
sols, l’effet de serre. Les
systèmes agricoles
changent. C’est un
espoir pour l’avenir. ■
ÉLEVAGE ■ Le Herd­Book Limousin tenait son assemblée générale hier à la station de Lanaud
Le ciel du Herd-Book Limousin s’éclaircit lentement
Les nuages de la crise ne
sont pas vraiment dissipés.
Mais le ciel se dégage audessus de la race limousine
et du Herd-Book Limousin.
L’assemblée générale qui
se tenait hier à la station
de Lanaud a souligné un
léger mieux : prix de la
viande soutenu, bonne ac­
tivité de commercialisa­
tion des reproducteurs, re­
prise de l’export etc. Mais
si les indicateurs incitent à
un certain optimisme, le
coût des intrants, les in­
quiétudes sur la future ré­
forme de la Pac pèsent
toujours sur le moral des
éleveurs.
Nombreux défis. Comme
l’a souligné le président
Jean­Marc Alibert, les défis
à relever sont nombreux.
BILAN. Jean-Marc Alibert, président du Herd-Book avec la micro) entouré de Bernard Roux, président de France Limousin sélection, Marc Gambarotto, directeur de Lanaud, Jean-Marie Alcover, directeur administratif et Didier Richer De Forges. PHOTO PASCAL LACHENAUD
« La campagne 2011­2012
a été laborieuse. Mais des
signes sur la campagne en
cours augurent une repri­
se d’activité. D’importants
projets sont en cours et
devront permettre, à
moyen terme, d’aider les
adhérents à passer la pro­
chaine révolution à venir
avec l’avènement de la gé­
nomique [NDLR : l’analy­
se génétique du potentiel
des reproducteurs]. »
Avec 1.603 adhérents, la
baisse du nombre d’adhé­
rents a été endiguée (79
démissions, 63 nouvelles
adhésions). Midi­Pyrénées
avec 4 nouveaux adhé­
rents demeure la 1 er sec­
tion avec 261 adhérents
devant la Corrèze (195), la
Haute­Vienne (165), Pays
de Loire (128) et la Creuse
(116).
Après une forte hausse
sur la précédente campa­
gne, le nombre de vaches
cotisantes a baissé de
1,7 %. (moins 1250 va­
ches). La Corrèze est lea­
der avec 11.837 vaches de­
vant Midi­Pyrénées
(10.387) et la Haute­Vien­
ne (9.349).
Moins gros, plus productif.
Le nombre de veaux en­
trés à la station de Lanaud
repart à la hausse (627
contre 620). La baisse est
sensible depuis 2007. Cet­
te année­là, 683 veaux
avaient été évalués.
En revanche, l’optimisme
est de mise du côté des
exportations d’animaux à
haute valeur génétique :
+ 40 %, soit 2.759 pédigrés
édités. Le marché repart
tiré par des exportations
de masse russes et mon­
goles mais aussi des de­
mandes d’éleveurs d’Italie
et d’Espagne.
Pour le président Jean­
Marc Alibert, la race est
« à la croisée des che­
mins. ». Aujourd’hui, la li­
mousine doit veiller à
conserver ses atouts : la
facilité de vêlage au détri­
ment d’une croissance
trop forte et de gabarits
hors normes. « Quelques
grammes de croissances
supplémentaires sont­ils
préférables à un fort taux
de veaux sevrés par unité
de main­d’œuvre ? »
La réponse est dans la
question. ■
Jean-Paul Sportiello
PopHvi