Nous avons créé une espèce de monstre

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Nous avons créé une espèce de monstre
LE NOUVELLISTE JEUDI 11 JUILLET 2013
ET SI ON ALLAIT À...
LE MAG
A une heure de l’arrivée du
télésiège de Tortin, ce site
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pour sa ressemblance avec
l’aménagement des jardins nippons.
www.nendaz.ch/tourisme/departsiviez.html
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MONTREUX JAZZ FESTIVAL Une voix cassée et une vie cabossée, Alex Hepburn
fait figure de révélation actuelle. A entendre en concert au Montreux Jazz Lab ce soir.
Une voix au service de la soul
Avec un premier album qui
cartonne partout dans le monde, cette Ecossaise de 27 ans se
place en pole position des chanteuses soul. Avant un double
passage en Romandie, elle s’est
livrée sans retenue sur son parcours douloureux.
Comment vous définiriez-vous
en cinq mots?
Impulsive, généreuse, sensible, assez sombre et heureuse!
Votre voix est agréablement
rocailleuse. Est-elle naturellement ainsi ou la travaillezvous?
Ma voix est totalement naturelle. Pendant longtemps, je n’ai
même rien fait en particulier
pour la préserver. Mais comme
elle est un peu cassée, j’ai compris qu’elle était fragile. J’en
prends donc soin. J’essaie de parler un peu moins, je m’astreins à
un ou deux jours de silence par
semaine. En tournée, j’utilise
une application sur mon iPhone qui me permet d’échauffer ma voix avant d’entrer en
scène. Comme je donne beaucoup d’énergie au public sur
scène, je prends garde à ne pas la
disperser inutilement.
Vous êtes Ecossaise, vous
avez grandi à Londres et avez
vécu dans le sud de la France.
Où vous sentez-vous à la maison?
A Londres, sans hésiter. Mais
aussi à Glasgow. J’ai habité en
France de 9 à 14 ans. Pour le moment, je voyage tellement que je
n’ai plus vraiment de maison. Il
Le premier album d’Alex Hepburn, intitulé «Together Alone», a reçu un excellent accueil, porté par le single
«Under», que les radios diffusent en boucle. WARNER
Ma voix s’est creusée
«
dans la douleur. Elle résulte
de la souffrance.» ALEX HEPBURN CHANTEUSE
n’est pas possible d’avoir un
chez-soi dans les chambres d’hôtels. Après une performance, je
n’ai pas envie de fêter ou d’écouter de la musique, mais plutôt de
m’isoler. D’ailleurs, Adele dit
que ce qui endommage le plus la
voix, ce sont les fêtes après les
concerts, les fameux «after
show».
Quels sont vos premiers souvenirs en relation avec la musique?
Je me souviens que le fait de
chanter, étant petite, enlevait
un poids de mon cœur. Le
temps n’efface pas toutes les
blessures et la musique a sur
moi un effet apaisant, presque
thérapeutique. Les textes de
mes chansons sont primordiaux. Mes chansons sont comme des extraits de mon journal
intime dans lesquelles je couche mes secrets. A présent que
Vos textes sont-ils donc autobiographiques?
Totalement, mais mon prochain disque le sera moins. Mes
chansons parlent de souffrance,
mais pas seulement d’histoires
d’amour qui ont mal tourné.
«Pain is» évoque mon enfance
difficile dans une famille sous
haute tension. «Under» fait référence à une relation amoureuse violente. Je parle de mon
ex, avec lequel j’entretenais une
relation destructrice. J’étais dépendante d’une personne mauvaise qui me traitait mal. Le fait
que j’étais maltraitée me confortait dans l’idée que je ne méritais rien de bon. Une personne
équilibrée ne se laisserait jamais
traiter ainsi. Il n’y a que lorsqu’on a une image négative de
soi qu’on accepte ce qui est inacceptable. «Miss Misery» parle
de quelqu’un de mon entourage
qui vient tout le temps jouer les
rabat-joie quand il m’arrive
quelque chose de bien. Une
sorte de Miss Misère. Dans mes
chansons autant que dans mes
interviews, je suis honnête. J’ai
appris à aimer les gens gentils,
câlins, sensibles, et j’essaie dorénavant de m’entourer de gens
comme ça.
Quand avez-vous compris que
vous possédiez un talent pour
chanter et écrire?
Je ne crois pas avoir un don. J’ai
découvert ma voix au cœur
d’une situation familiale perturbée. Elle s’est imposée à moi
INTERVIEW Ce mercredi à Montreux, Of Monsters And Men évoquait sa consécration récente.
«Nous avons créé une espèce de monstre...»
PROPOS RECUEILLIS PAR
JEAN-FRANÇOIS ALBELDA
En un tube mondial, Of Monsters And Men ¬ tranquille
groupe islandais ¬ est devenu le
porte-étendard de toute une
scène aux aspirations boisées et
honnêtes. Un succès monstre
qui a son prix. Au cœur du cyclone qui s’est abattu sur eux depuis la sortie de «Little Talks»,
les six musiciens tentent de garder intactes la fraîcheur et l’innocence des débuts. Interview.
Connaissiez-vous le Montreux
Jazz Festival avant cet été?
Brynjar Leifsson (guitare): Bien
sûr! J’avais déjà vu pas mal de
concerts sur le web, en streaming. Ceux de Sigur Ros ou
Interpol... Adolescent, je recherchais de nouvelles musiques et
A vivre sur la route, Of Monsters And Men a parfois le mal du pays. DR
forcément, je suis tombé sur ces
concerts... Je me disais: un jour,
peut-être, j’y jouerai... (rires).
Le succès a été foudroyant
pour vous. Cela vous fait-il
peur parfois?
Nanna Bryndís Hilmarsdóttir
(chant/guitare): Je dirais plutôt
que c’est impressionnant... Il n’y a
pas si longtemps, je vendais des
bonbons dans un magasin. Nous
avions des vies en Islande, et aujourd’hui,nousvivonssurlaroute.
Ce bouleversement est-il agréable ou violent?
NBH: C’est très agréable. De
toute façon, nous n’aurions
pas envie de faire autre chose
de notre vie. Nous ressentons
juste un peu le mal du pays parfois...
BL: C’est vrai. Le succès, la
tournée, ça a été comme un saut
dans le vide... Et les concerts aux
USA avaient lieu pendant les
grosses chaleurs. Nous n’y étions
pas habitués. Mais la nourriture
était géniale et les gens très accueillants... (rires).
Avez-vous le sentiment d’avoir
créé un monstre dont le contrôle vous a échappé?
NBH: On pourrait tout à fait
dire ça... (rires). Le phénomène
autour du groupe a atteint des
proportions que je n’aurais pas
avec les problèmes. Elle s’est
creusée dans la douleur, elle résulte de la souffrance. Je pense
que la voix reflète un peu le parcours d’une personne. Comme
la mienne est cassée…
Appartenez-vous à une famille musicale?
A la famille soul avant tout.
Mais j’ai aussi grandi avec Hendrix, le r’n’b. Ce sont les années
60 et 70 qui m’ont le plus marquée. Parfois, j’aurais désiré être
née avant, à cette période.
Comment votre collaboration
avec Lindy Perry (ndlr: ancienne chanteuse des 4 Non
Blondes qui a écrit pour Pink,
Christina Aguilera, Alicia Keys,
Courtney Love, Céline Dion)
est-elle née?
Un jour, alors que j’étais sur
Twitter, je lui ai posté une reprise que j’ai faite d’une de ses
chansons, «What’s up». Elle m’a
répondu immédiatement qu’elle
voulait travailler avec moi. Je
suis allée la voir à Santa Monica
et nous avons co-écrit cinq titres, mais au final je n’ai conservé que «Pain is».
Qui trouve-t-on dans votre
i-Pod aujourd’hui?
Hendrix, The Band, Creedence Clearwater Revival, James Brown, Etta James, Aretha
Franklin, A Tribe Called Quest,
The Black Keys. +
INFO
Alex Hepburn, «Together alone»,
Warner Music. En concert ce soir
au Montreux Jazz Festival et le 31 juillet
à Estavayer-le-Lac (Estivale Open Air).
http://alex-hepburn.com
www.montreuxjazzfestival.com
À L’AFFICHE
AUBREY EDWARDS
beaucoup de gens les entendent, elles ne sont plus si intimes que cela. Mon disque est
un journal public, plus un journal intime.
PROPOS RECUEILLIS PAR
PASCAL VUILLE
imaginées. On se dit des fois:
«mais qu’est-ce qu’on a créé?»
Aviez-vous le sentiment, en
composant «Little Talks», que
vous teniez un tube mondial?
NBH: Nous aimions tous le
morceau, mais les musiciens
sont généralement mauvais juges de leur travail. Nous ne pensions pas le sortir en single...
Une fois la tournée achevée,
quel programme vous attend?
BL: Nous allons rentrer en
Islande, nous reposer et... prendre une bonne douche... Lorsqu’on vit dans un bus, on a tendance à en rêver... (rires). +
INFO
Plus de renseignements sur:
www.ofmonstersandmen.com
LAUSANNE
Calexico ce soir au
Festival de la Cité.
Au cœur de la très belle
programmation du Festival de
la Cité 2013, il est un concert
qu’il ne s’agira de manquer
sous aucun prétexte. Calexico
est sans doute l’un des groupes
les plus précieux de la scène
musicale actuelle. Son folk
ouvert aux quatre vents,
bande-son de tous les exils,
mélange infiniment subtil
d’americana, de folklore
mariachi, et de songwriting.
C’est ce soir à 23 h 30 sur la
place du Château, et c’est
gratuit...
http://2013.festivalcite.ch. JFA