l`événement - Le Moniteur des pharmacies.fr

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l`événement - Le Moniteur des pharmacies.fr
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Estimé à 3,8 milliards d’euros en France,
le marché de la parapharmacie vit
actuellement de profondes mutations. Internet
pourrait encore accélérer cette évolution.
La para pr
le virage du Net
L
a parapharmacie est « un marché plus que jamais
stratégique pour le circuit officinal ». Telle est la
conviction de la société Les Echos-Etudes, qui vient
d’éditer une analyse intitulée « Le circuit français des
parapharmacies. Circuit officinal, enseignes de la
grande distribution, enseignes spécialisées : quelle évolution
des positions concurrentielles à moyen terme ? ». Si les officines détiennent 78 % du marché de la parapharmacie,
l’offensive de la grande distribution sur ce secteur oblige
les pharmaciens à envisager une évolution notoire de la
donne. Et cette nouvelle étude montre que la mutation a
déjà commencé.
L’analyse met notamment en évidence les initiatives de la
grande distribution,qui, ces dernières années, a multiplié le
nombre de points de vente.Aujourd’hui, le circuit des parapharmacies est tiré en partie par les investissements de
Leclerc, Monoprix, Carrefour, Auchan, etc. « Ces acteurs
conquièrent des parts de marché au détriment des représentants historiques du circuit que sont les pure players comme
Parashop. Depuis 2006, l’enseigne affiche une dynamique
d’ouverture de magasins bien inférieure à celle pratiquée
par la grande distribution. Le phénomène est essentiellement emmené par Leclerc, qui dispose de 194 parapharmacies, en général de gros points de vente », relève Elodie
Bervily-Itasse, consultante en charge du secteur santé des
Echos Etudes. Michel-Edouard Leclerc a par ailleurs revu le
concept de ses parapharmacies. « Il a été médicalisé par
des agencements et des couleurs inspirés des codes de l’officine », note Elodie Bervily-Itasse. C’est une façon pour la
grande distribution de se mettre en ordre de marche pour
anticiper l’éventuelle libéralisation de l’automédication.
De 65 à 150 M€ de CA en ligne
Face à cette concurrence qui se structure, la pharmacie
s’organise aussi. Elle développe des marques de distributeur (MDD) qui lui permettent de communiquer da-
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Pharmacien Manager - mai 2014 - n° 137
Regard
La place de
l’officine
Ses atouts
񡑀 La communication
médicale qui crée l’offre et
véhicule l’idée d’un achat
de santé.
񡑀 Le monopole, de part
la clientèle captée par
l’ordonnance.
񡑀 La forte légitimité sur
les produits naturels,
les compléments
alimentaires, la diététique…
񡑀 Le rôle de conseil, moins
présent en parapharmacie.
Elodie
Bervily-Itasse,
consultante en charge
du secteur santé
des Echos-Etudes, a
identifié les forces et
les faiblesses du circuit
pharmaceutique.
de rivaliser avec
les marques nationales.
񡑀 Le maillage territorial.
Ses faiblesses
񡑀 La taille des points
vente, en moyenne plus
petits que
les parapharmacies.
񡑀 Les efforts menés sur
񡑀 L’image prix, encore
difficile à défendre.
񡑀 L’élargissement de l’offre
񡑀 L’interdiction
de communiquer.
les prix ces dernières années.
MDD, désormais capable
vantage sur les prix et la compétence. Dans le même
temps, des pratiques comme la carte de fidélité ou des
prix barrés sont apparues. Il s’agit aussi de faire « bonne
figure » face à l’e-commerce. De fait, sur Internet, le marché de la parapharmacie s’accélère. Aujourd’hui, les
pure players de parapharmacie sont au nombre de 280,
selon Elodie Bervily, avec souvent l’appui de la grande
distribution. C-Discount (groupe Casino) a lancé
Comptoir Santé en 2010. Et devinez qui se cache der-
s à…
Deux question
end
Cédric O’Neil, cofondateur avec Sandrine Safi
de 1001pharmacies.com.
Pionnier en la matière, 1001pharmacies
propose aux officines d’être leur
plate-forme de vente en ligne pour
la parapharmacie depuis fin 2012. Pour
« Pharmacien Manager », les fondateurs
du site révèlent les résultats de leur activité.
« Pharmacien Manager » : 1001pharmacies
permet-il aux officines de générer du chiffre
d’affaires additionnel ?
rière Santessima.com ? Leclerc, qui a racheté fin 2012 la société Eye’at, propriétaire de ce site… Quant aux e-pharmacies, « elles sont encore peu nombreuses
mais les produits de parapharmacie s’y
vendent bien », indique Elodie BervilyItasse. Reste que le chiffre d’affaires de
la parapharmacie en ligne est aujourd’hui estimé entre 65 et 150 millions
d’euros selon les sources, quand le marché total de la parapharmacie se monte
à 3,8 milliards d’euros. « Nous pensons
qu’il devrait atteindre 300 millions d’euros d’ici à 2018 », explique Cédric O’Neil,
président d’eNova Santé, propriétaire du
site 1001pharmacies.com, qui propose
aux officines une plate-forme pour les
ventes de produits cosmétiques en ligne.
Doctissimo a également flairé le potentiel et vient de lancer un service équivalent, DoctiPharma (lire Pharmacien
Manager n° 136 page 6).
Redistribution
des cartes
Cédric O’Neil : Nous avons actuellement 350 pharmacies partenaires dont 200 assurent de la vente par expédition, les autres
proposent seulement du drive. L’officine qui génère le plus d’activité avec nous réalise plus de 1 200 ventes par mois, avec un panier moyen plus élevé en ligne que dans le point de vente. Cette
activité lui apporte 60 000 euros de chiffre d’affaires additionnel
par mois. A partir de 20 commandes expédiées par mois, l’activité atteint l’équilibre. Au-delà de 10 commandes par jour, un recrutement de personnel est nécessaire.
Votre service ne grignote-t-il pas des ventes
aux pharmacies physiques ?
Certains consommateurs achètent désormais tout sur Internet.
Ils déportent le marché vers de nouveaux canaux de vente. Au
Royaume-Uni et en Allemagne, 10 % du marché de la parapharmacie est parti sur Internet. Les pharmacies sur 1001pharmacies
peuvent grignoter des parts de marché à d’autres. Toutefois elles
ne cannibalisent par leur propre clientèle. Le marché de la parapharmacie progresse en France de l’ordre de 3-4 % par an. Sur le
Net, il progresse plus vite.
Se positionnant en apporteur d’affaires, 1001pharmacies
et Doctipharma, qui rassemblaient début avril 2014 respectivement 350 et 5 officines, demandent au pharmacien une cotisation mensuelle et une commission de
12 % sur les ventes. Le premier vise « 15 à 20 % du marché,
soit 50 millions d’euros de chiffres d’affaires en para à cinq
ans ». Le second mise sur une clientèle de 10 % du parc officinal. Ces nouveaux entrants devraient donc faire progresser le marché de l’e-parapharmacie. Si 1001pharmacies bénéficie de l’avantage du pionnier – il a été lancé à
l’automne 2012 –, DoctiPharma by Doctissimo dispose de
Propos recueillis par Fabienne Collin
la force de frappe et de l’expertise du site Doctissimo.
Reste à surveiller l’évolution de ces plateformes, dans les
starting-blocks pour vendre des médicaments, quitte à
créer des sous-domaines (imaginons par exemple une
1001pharmarcies.PharmacieDesRitournelles.com) pour
contourner la loi imposant un site unique pour une pharmacie physique. L’attrait des médicaments apporterait
ainsi un trafic supplémentaire bénéfique aux ventes de
parapharmacie. Avec le système des commissions perçues par ces plates-formes, pour la première fois en
France, des commerces autres que des pharmacies tireraient un profit financier de la vente de médicaments à
des patients. La porte ouverte à la fin du monopole ?
Fabienne Colin
Pharmacien Manager - mai 2014 - n° 137
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