Fi b re optique: du rêve à la réalité

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Fi b re optique: du rêve à la réalité
● AC T UA L I T É S
Accès internet
Fibre optique : du rêve
à la réalité
RÉFLEXION. En France, la fibre optique va faire une belle percée en en 2007.
Quels sont les avantages de cette technologie et qu’en est-il en Suisse?
F
ree, un des premiers fournisseurs d’accès internet
(ISP) français, va investir
dans un réseau à très haut débit
en fibre optique au premier
semestre 2007 dans la région
parisienne, puis en province.
Cette infrastructure devrait permettre de toucher environ 10
millions de Français pour un
investissement total d’un milliard
d’euros d’ici 2012.
Cette stratégie d’investissement suscite une réflexion du
soussigné (qui a été l’un des
pionniers des technologies
ADSL et téléphonie sur IP en
Suisse chez un grand opérateur)
par rapport au marché en Suisse
de l’accès internet.
Les avantages
de la fibre optique
En effet, le service que proposera l’ISP français par fibre
optique comportera un accès
internet à 50 Mbps (contre 28
Petit lexique
ADSL Asymmetric Digital Su bscriber Line, liaison numérique à débit asymétrique
FTTH Fiber To The Home, fibre
jusqu’au foye r
ISP Internet Service Provider,
fournisseur d’accès internet
Mbps Million de bits par
seconde
Triple play Internet, téléphonie fixe (souvent de la voix
sur IP) et télévision (souvent
de la télévision par ADSL)
avec parfois des services de
vidéo à la demande.
VDSL Very High Speed DSL
10
Mbps au maximum aujourd’hui
par l’ADSL), une offre de téléphonie illimitée vers les postes
téléphoniques fixes en France et
vers plusieurs destinations à
l’international, ainsi qu’une
offre de télévision haute définition, pour un prix inchangé
(29,99 euros/mois).
A ma connaissance, rares sont
les pays qui se sont lancés dans
cette aventure, à l’exception du
Japon et de la Corée du Sud et,
dans une moindre mesure, des
Etats-Unis. Mais, la fibre optique
jusqu’à l’abonné (FTTH) sera la
plupart du temps inéluctable,
malgré la future offre du dernier
kilomètre qui sera bientôt disponible en Suisse.
Les avantages de cette technologie, qui consiste à installer
une fibre par client, sont indé-
niables, comme on l’a vu en
Suisse dans le cadre du projet
pilote : «Voisin-Voisine» des
Services industriels de Genève
(quartier des Charmilles).
Les habitants de ce quartier
peuvent disposer d’une bande
passante bien supérieure, ce qui
leur permet, par exemple, de
regarder plusieurs chaînes en
haute définition en même temps.
Avec la fibre optique, le client
disposera aussi d’un débit symétrique lorsqu’il télécharge ou
envoie un fichier, ce qui n’est pas
le cas aujourd’hui avec l’ADSL.
Pourtant, ce projet n’aura pas
de suite.
En France, tout n’est pas
rose pour autant
La France compte encore bien
des exclus de l’ADSL car la
carte du dégroupage ne couvre,
pour l’heure, que la moitié de la
population. De nombreuses
zones n’ont ainsi aucun accès
au haut débit, sans même parler
des offres très porteuses sur le
plan commercial comme le «triple play». La fracture numérique est donc bien réelle.
Les chiffres montrent qu’aujourd’hui près de 30 000 clients
abandonnent en moyenne
chaque semaine l’opérateur historique au profit d’un concurrent plus dynamique.
Seulement du VDSL2
En Suisse, les débits sur le
réseau internet pourraient s’améliorer dans les grandes agglomérations avec le lancement,
d’ici la fin de l’année, d’offres
VDSL2 venant de Swisscom.
Cette technologie permet des
vitesses théoriques de téléchargement entre 12 et 25 Mbps,
pour autant que l’abonné soit
situé à moins de 1 km du sousrépartiteur de son quartier où
s’arrête la fibre optique (alternative au FTTH). Mais que se passera-t-il dans les régions décentralisées de notre pays où l’on
peut douter que Swisscom
consente à effectuer les investissements nécessaires pour y amener de la fibre optique? Dans ce
cas, l’opérateur national va-t-il
proposer à ces régions une alternative moins coûteuse, tel
l’ADSL2 ou ADSL2+? Impossible de répondre car aucune
information précise n’a été fournie officiellement.
Dans la situation actuelle, on
ne peut qu’espérer que la Suisse
ne soit pas victime à son tour
d’une fracture numérique. Sans
avoir aucunes certitudes.
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Dr Toni Conde,
Chief Te c h n o l o gy
Officer (CTO ) ,
Pe r s o n a l Ca re Sy s t e m s
Edition, novembre 2006
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