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D o s s i e r d u C N H I M Revue d’évaluation sur le médicament Publication bimestrielle 2001, XXII, 6 Traitement de la maladie de Crohn : . Évaluation clinique . Évaluation pharmaco-économique 2001, XXII, 6 ÉVALUATION THÉRAPEUTIQUE SOMMAIRE Centre National Hospitalier d’Information sur le Médicament ISSN 0223.5242 Sommaire Dossier du CNHIM Échos du CNHIM Marie Caroline Husson 2 2001 Tome XXII, 6 Tous les articles publiés dans DOSSIER sont le fruit d'un travail collectif, sur le fond et sur la forme, entre les Rédacteurs-Signataires, le Comité de Rédaction, et la Rédaction du CNHIM d'une part, le Comité de lecture et certains experts, spécialistes du sujet traité, d'autre part. Sur chaque sujet, DOSSIER du CNHIM ne publie donc pas les opinions de tel ou tel, mais réalise une analyse scientifique critique, la plus objective possible. Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn : Éditorial Jean-Claude Rambaud 4 Directeur de la Publication : J.M. Kaiser RÉDACTION Rédactrice en chef : M.C. Husson Secrétaire de rédaction : C. Fréville Comité de rédaction : D. Dardelle (Suresnes), J.E. Fontan (Paris), C. Guérin (Paris), I. Jolivet, (Paris), N. Rizzo, B. Sarrut (Paris). Secrétariat : M. Bouchot, N. Filomin COMITÉ DE LECTURE : C. Advenier (Versailles), P. Assayag (Paris), A. Baumelou (Paris), P. Beaufils (Paris), C. Buffet (Bicêtre), D. Brossard (Saint-Germain en Laye), D. Cabrol (Paris), A. Certain (Paris), A. Escousse (Dijon), J.M. Extra (Paris), P. Faure (Paris), M. Feuilhade de Chauvin (Paris), P. Gayral (Paris), P.M. Girard (Paris), J.C. Koffel (Strasbourg), P. Maire (Lyon), M. Mignon (Paris), C. Montagnier (Paris), M. Ollagnier (St Etienne), B. Quinet (Paris), M. Samama (Bobigny), X. Sauvageon (Paris), E. Singlas (Paris), G. Vedel (Paris), J.M. Vetel (Le Mans), T. Vial (Lyon). IMPRESSION : Express Service Est - Zone industrielle, 2 rue Émile Zola - 77 450 Montry - Rythme de parution: 6 numéros par an N° ISSN 0223.5242. N° de commission paritaire : 71987 CENTRE NATIONAL HOSPITALIER D'INFORMATION SUR LE MÉDICAMENT (CNHIM) Hôpital de Bicêtre - 78, rue du Général Leclerc - B.P. 11 94272 Le Kremlin Bicêtre cedex Tél : 01 56 20 25 50 - Fax : 01 46 72 94 56 Mél : [email protected] Le CNHIM est une association indépendante à but non lucratif (loi 1901) dont la vocation est de dispenser une information rigoureuse et scientifique sur le médicament. Président : J.M. Kaiser Président fondateur : A. Mangeot † Directrice : M.C. Husson Promotion-Communication : N. Guillon Secrétariat-Abonnement : M. Bouchot, N. Filomin Conseil d'Administration : H. Allemand (Paris), P. Arnaud (Rouen), F. Ballereau (Nantes), Barreteau H (St Cloud), A. Baumelou (Paris), A. Becker (Paris), M.C. Bongrand (Marseille), E. Boury (Lomme), O. Brault (Paris), S. Ferry (Lyon), J.E. Fontan (Paris), F. Gimenez (Paris), A. Graftieaux (Chalon sur Marne), C. Guérin (Paris), G. Hazebroucq (Paris), G. Johanet (Paris), J.M. Kaiser (Paris), J.F. Latour (Lyon) , R. Leverge (Paris), A.M. Liebbe (Compiègne), C. Penot-Ragon (Marseille), S Raspaud (Le Kremlin Bicêtre), J.P. Reynier (Marseille), P. Sado (Rennes), A. Sarfati (Ivry), B. Sarrut (Paris), B. Van Bockstael (Lomme). Les articles de Dossier du CNHIM sont indexés dans BIBLIOGRAPHIF ®. Le CNHIM a la propriété des textes publiés dans ce numéro et se réserve tous les droits de reproduction (même partielle), d’adaptation, de traduction, pour tous les pays et par quelque procédé que ce soit (loi du 11 mars 1957, art. 40 et 41 du Code Pénal art. 425). 1. Évaluation clinique Généralités : la maladie de Crohn Introduction Épidémiologie 5 5 Quelques chiffres - Données géographiques - Populations concernées 6 Physiopathologie Schéma général - Facteurs génétiques - Facteurs environnementaux Mécanismes inflammatoires 10 Aspects cliniques Signes digestifs - Manifestations extradigestives - Indices d’évaluation de l’évolutivité Diagnostic 13 Critères cliniques - Critères biologiques - Critères morphologiques Diagnostic différentiel rectocolite hémorragique/maladie de Crohn Traitements et stratégie thérapeutique (Renseignements généraux et galéniques - Propriétés pharmacologiques Études cliniques - Effets indésirables - Renseignements thérapeutiques Conclusion CNHIM) Dérivés salicylés : mésalazine (5-ASA) Corticoïdes 16 25 Corticoïdes classiques administrés par voie orale et par voie topique Budésonide Immunosuppresseurs 34 Azathioprine (AMM) et 6-mercaptopurine (hors AMM) - Méthotrexate Ciclosporine Anticorps anti TNFa : infliximab Antibiotiques Traitements symptomatiques et nutrition Chirurgie Stratégie thérapeutique 47 59 63 63 64 Les traitements médicamenteux de la maladie de Crohn - Dérivés salicylés - Corticoïdes classiques - Budésonide - Immunosuppresseurs - Infliximab - Place des antibiotiques - Nutrition artificielle - Chirurgie - Cas des colites aiguës graves - Cas de la femme enceinte - Cas de l’enfant 2. Évaluation pharmaco-économique Introduction Étude du coût de la maladie Impact médico-économique potentiel de l’infliximab Conclusion Bulletin d’abonnement Dossier du CNHIM participe à l’ISDB, réseau international de revues indépendantes de formation thérapeutique 72 Échos du CNHIM Merci aux ami(es) de Dossier Dans ce dernier numéro de l’année j’ai souhaité réserver les Échos du CNHIM aux remerciements. Remerciements chaleureux aux auteurs et aux experts (dont les noms sont listés ci-dessous) et aussi, et encore, aux comités de rédaction et de lecture (les noms figurent dans l’ours). Merci aussi aux lecteurs. Merci à tous et toutes, sans qui la revue Dossier du CNHIM n’aurait pas de raison d’être. Marie Caroline Husson Rédatrice en chef Dossier du CNHIM Auteurs Experts M. Barberi (Nancy), Benard (Nice), H. Bonnet (Paris), Dominique Castel (Montpellier), Jean-Louis Cazin (Lille), Sylvie Crauste Manciet (St-Germain en Laye), Agnès Dahan A (Paris), Claude Demange (Saint Dié), M. Duban (Dijon), C Duhamel (Paris), Agnès Dumont (Paris), Jean-Paul Fagot (Paris), Christine Faure (Montpellier), Pierre Faure (Paris), Brigitte Fauroux (Paris) Christophe Hennequin (Paris), Jean-François Latour (Lyon), Samuel Limat (Besançon), Isabelle Madelaine (Paris), Ch. Merlin (Lyon), F. Pinguet (Montpellier), Emmanuelle Radideau (Paris), Jacques Robert (Bordeaux), Nathalie Rizzo-Padoin (Paris), Bernard Sarrut (Paris), Isabelle Thiébaux (Saint Dié), E. Vergnes (Strasbourg), Michel Veyrac (Montpellier), Marie-Christine Woronoff-Lemsi (Besançon). Jérome Bellanger (Paris), Arnaud Bourguet (Saint Étienne), Bertrand Chevallier (Boulogne Billancourt), Marinette Courbard (Paris), Thierry Dorval (Paris), Marie-Cécile Douard (Paris), Bernard Duclos ((Strasbourg), Bruno Estour (St Étienne), Isabelle Fusier (CNHIM), Jean-Pierre Gendre (Paris), Dominique Gendrel (Paris), Frédéric Gottrand (Lille), A Grimaldi (Paris), Thierry Hénon (Besançon), Sylvie Hiéronimus (Nice), Claude Jaffiol (Montpellier), Alain Joseph (Paris), Thierry Leblanc (Paris), Michel Malinsky (Thionville), Francis Mégraud (Bordeaux), Michel Mignon (Paris), L Perlemuter (Créteil), Thierry Philip (Lyon), Christine Pivot (Lyon), Danielle Prebay (Strasbourg), Jean-Claude Rambaud (Paris), A Salle (Angers), Jean -Louis Schlienger (Strasbourg), Georges Teyssier (St Étienne), Corinne Tollier (CNHIM), C Verny (Bicêtre). Dossier 2001, XXII, 6 2 Évaluation thérapeutique Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Traitement de la maladie de Crohn : place de l’infliximab Éditorial 1. Évaluation clinique 2. Évaluation pharmaco-économique Résumé La maladie de Crohn (MC) est une affection inflammatoire chronique du tube digestif. Elle fait partie du groupe des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), au même titre que la rectocolite hémorragique. La prévalence de la MC dans les pays occidentaux est d’environ 50 à 100 pour 100 000 personnes. Elle touche essentiellement l’adulte jeune, avec une incidence maximale entre 20 et 30 ans. L’étiologie des MICI est encore mal définie : dérèglement du système immunitaire muqueux, intervention de facteurs génétiques voire environnementaux (tabac). La fréquence des formes familiales, la susceptibilité ethnique et l’association à d’autres syndromes génétiques sont en faveur d’une composante génétique (gène NOD2). La MC est caractérisée par une inflammation muqueuse due à une activation de l’immunité cellulaire et humorale. L’équilibre entre cytokines inflammatoires et anti-inflammatoires gère localement l’intensité et la durée de la réaction inflammatoire. Il en résulte une nécrose tissulaire et des lésions vasculaires. L’atteinte est chronique et récurrente. La MC peut atteindre l’ensemble du tractus gastro-intestinal. Elle touche cependant le plus souvent la portion terminale du grêle, le côlon et la région anale. Elle évolue par poussées plus ou moins fréquentes et sévères, entrecoupées de phases de rémission (spontanées ou obtenues par traitement). Trois indices sont couramment utilisés pour évaluer l’évolutivité de la MC et juger de son évolution sous traitement : l’indice CDAI, l’indice IBDQ et l’indice CDEIS. Le diagnostic de MC repose sur un ensemble d’arguments : cliniques, microbiologiques, morphologiques, endoscopiques et histologiques. Il implique qu’un diagnostic différentiel d’avec la rectocolite hémorragique soit fait. Les dérivés salicylés - sulfasalazine et surtout mésalazine - sont indiqués dans les poussées légères à modérées de la MC. Leur intérêt dans la prévention des rechutes post-opératoires est très discutable. Les corticoïdes classiques oraux (prednisone, prednisolone) sont indiqués dans les poussées sévères ou réfractaires ; ceux présentés sous forme locale (bétaméthasone, hydrocortisone) sont principalement utilisés dans les localisations rectales de la MC. Le budésonide a un niveau d'efficacité situé entre celui des salicylés et celui des corticoïdes classiques. Il est réservé aux lésions iléo-coliques droites actives. Son avantage principal par rapport aux autres corticoïdes classiques est sa meilleure tolérance. Les corticoïdes sont inefficaces dans le traitement d'entretien de la MC. Azathioprine et 6-mercaptopurine constituent le traitement d’entretien majeur de la MC, aussi bien en cas de corticodépendance (afin de permettre le sevrage en corticoïdes), en cas de corticorésistance (mais le délai d’action est long) qu’en cas de traitement préventif des rechutes après chirurgie (réservé aux malades à haut risque de rechute). Le méthotrexate est indiqué en cas d’échec de l’azathioprine ou de la 6-mercaptopurine ou en première intention lors de corticorésistance, seul ou associé à la nutrition artificielle. La ciclosporine est utilisée en hors AMM dans les MICI. L’infliximab, anticorps monoclonal chimérique humain/murin de type IgG1, spécifiquement dirigé contre le TNF-α humain, est indiqué dans les formes chroniques actives ou résistantes (malgré un traitement par corticoïdes et immunosuppresseurs) ainsi que dans la maladie fistulisante traitée par corticoïdes et immunosuppresseurs. Il permettrait de redonner une activité au traitement immunosuppresseur et de réaliser un sevrage aux corticoïdes. L’arrêt de l’infliximab lors d’un traitement immunosuppresseur peut être suivi de rechute dans un délai de 6 mois. Les antibiotiques sont surtout indiqués dans les lésions ano-périnéales (métronidazole, ciprofloxacine) et les fistules entéro-cutanées. Une nutrition artificielle (entérale ou parentérale) permet de mettre le tube digestif au repos, de restaurer un état métabolique stable et ainsi de faciliter la cicatrisation. La chirurgie est indiquée en cas de fistules, d’abcès ou de sténoses apparaissant au cours de la maladie ou inaugurales de la maladie. La stratégie thérapeutique chez l’enfant est identique à celle retenue chez l'adulte. Mots clés : anticorps, azathioprine, budésonide, chirurgie, ciclosporine, ciprofloxacine, corticoïdes, infliximab, maladie de Crohn, 6-mercaptopurine, mésalazine, métronidazole, méthotrexate, nutrition artificielle, revue générale, thérapeutique. Dossier 2001, XXII, 6 3 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Traitement de la maladie de Crohn Éditorial LA MALADIE DE CROHN : UNE AFFECTION VEDETTE La maladie de Crohn (MC) est en passe de devenir, avec sa cousine la rectocolite hémorragique, un problème de santé publique. Compte-tenu de sa prévalence actuelle et de son incidence précisément mesurée dans le Nord de la France, 120 000 de nos compatriotes en souffriront dans 5 ans et ce, jusqu'à la fin de leurs jours. Même si l'étio-pathogénie de la maladie est actuellement un peu mieux appréhendée, avec en particulier la mise en évidence du premier gène de prédisposition à l'affection, son traitement est encore purement suspensif et essentiellement orienté contre les désordres immunologiques et l'inflammation qui en résulte. La MC évoluant le plus souvent par poussées entrecoupées de rémissions même en l'absence de tout traitement, les armes thérapeutiques qu'on lui oppose doivent être soumises à l'épreuve des essais randomisés contrôlés. Parmi les traitements médicaux, les corticoïdes sont les plus efficaces pour contrôler les poussées. Mais la fréquente corticodépendance leur fait préférer dans les formes légères à modérées la mésalazine à libération contrôlée et, pour certains, le métronidazole. Entre ceux-ci et la corticothérapie à effets systémiques classique, le budésonide, à effet topique iléocolique droit et à faible biodisponibilité systémique, cherche sa place. Dans pratiquement aucun cas, la corticothérapie au long cours n'est un traitement préventif des rechutes fréquentes et des formes chroniques actives de la maladie, du fait de la gravité de ses effets indésirables aux doses efficaces. Les immunosuppresseurs, au premier rang desquels l'azathioprine/6mercaptopurine, permettent de maintenir la rémission prolongée de ces formes à fort potentiel évolutif de la maladie. La ciclosporine dans les poussées coliques graves corticorésistantes, l'infliximab dans les lésions ano-périnéales et les fistules entéro -utanées rebelles complètent le traitement médical où la nutrition artificielle et les antibiotiques occupent des niches bien ciblées. La chirurgie, économe au niveau du grêle, large au niveau du côlon, voit en raison de la fréquence des rechutes post-opératoires à la prévention encore balbutiante, sa place de plus en plus limitée aux échecs des traitements médicaux et aux complications aiguës. Reste que, malgré un arsenal thérapeutique bien fourni, une partie encore trop grande des malades souffrant de MC sont mal pris en charge et ont une mauvaise qualité de vie, et il faut espérer que la mise au point approfondie dans ce numéro aidera à combler cette lacune. Professeur Jean-Claude Rambaud Service Hépato-gastro-entérologie Hôpital Lariboisière AP-HP Dossier 2001, XXII, 6 4 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 1. Évaluation clinique Dominique Castel*, Christine Faure*, Michel Veyrac** et la participation du Comité de rédaction * Pharmacie centrale Euromédecine, CHU de Montpellier ** Service de gastroentérologie, Hôpital St Eloi, CHU de Montpellier Remerciements : Jérome Bellanger (Paris), Arnaud Bourguet (Saint Étienne), Bernard Duclos ((Strasbourg), Jean-Pierre Gendre (Paris), Jean-Claude Rambaud (Paris) Généralités : la maladie de Crohn Introduction Quelques chiffres D’après les dernières estimations, la MC touche 60 000 à 100 000 personnes en France ; 3 600 nouveaux cas sont déclarés chaque année, ce qui correspond à une incidence annuelle de 6 pour 100 000 habitants (1, 10). La maladie de Crohn (MC) est une affection inflammatoire chronique du tube digestif. Elle fait partie du groupe des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), au même titre que la rectocolite hémorragique et les colites indéterminées (79). La prévalence (nombre de cas cumulés) de la MC dans les pays occidentaux est d’environ 50 à 100 pour 100 000 personnes (101). La MC peut atteindre l’ensemble du tractus gastro-intestinal. Elle touche cependant le plus souvent la portion terminale du grêle, le côlon et la région anale. L’incidence (nombre de cas nouveaux) de la MC présente une grande variabilité d’un pays à l’autre. Elle a augmenté régulièrement (multipliée au moins par deux) en Europe et en Amérique du nord depuis les années 1950 (37), mais est globalement restée stable depuis 5 à 10 ans. Elle évolue par poussées plus ou moins fréquentes et sévères, entrecoupées de phases de rémission (spontanées ou obtenues par traitement). Il existe des formes chroniques actives à évolution lente. La MC est une maladie de toute la vie. L’origine des MICI est encore mal définie (dérèglement du système immunitaire muqueux, intervention de facteurs génétiques et environnementaux). Populations concernées L’objectif du traitement, médical ou chirurgical, est d’assurer aux patients une qualité de vie proche de la normale, en diminuant la fréquence et la gravité des poussées. Actuellement, le traitement vise essentiellement les désordres immunitaires et l’inflammation qui en résulte. La MC touche essentiellement l’adulte jeune, avec une incidence maximale à 20 à 30 ans (12 pour 100 000 personnes par an). Dans 45 % des cas, le diagnostic est effectué entre 16 et 25 ans (6). Il existe une prédominance féminine, le ratio femme/homme étant de 1,2 (10). Épidémiologie (1, 37, 51) Données géographiques En bref La prévalence de la MC dans les pays occidentaux est d’environ 50 à 100 pour 100 000 personnes. En Europe, les MICI en général semblent moins fréquentes au niveau du pourtour méditerranéen que dans les pays scandinaves. La MC touche essentiellement l’adulte jeune, avec une incidence maximale à 20 à 30 ans. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 La répartition géographique de la MC est inégale même au sein d’un même pays. Cependant, un gradient géographique décroissant nord-sud (pays industrialisés ou non), résultant des évolutions d’incidence, a été constaté. En Europe, les MICI en général semblent moins fréquentes dans le pourtour méditerranéen que dans les pays scandinaves (37). 5 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn En France, les régions du nord (Picardie, Ile de France, Champagne-Ardenne, Nord-Pas-de-Calais) présenteraient les taux d’incidence les plus élevés (10). Cependant, depuis quelques années ce gradient est moins net. L’étiologie de la MC n’est pas établie (28, 54). S’il est clair aujourd’hui que des facteurs génétiques interviennent (gène NOD2 du chromosome 16 récemment identifié), l’intervention de facteurs environnementaux n’est encore que soupçonnée ; seul le rôle du tabac est établi. Physiopathologie Facteurs génétiques (42, 43, 67) En bref L’étiologie de la MC n’est pas établie. La fréquence des formes familiales, la susceptibilité ethnique et l’association à d’autres syndromes génétiques sont en faveur d’une composante génétique (gène NOD2 du chromosome 16). Des facteurs environnementaux non infectieux (tabac, alimentation, mode de vie, événements de vie) et infectieux (bactérien : M. paratuberculosis, Listeria monocytogenes et viral) pourraient intervenir. Seul le rôle du tabac est établi. La MC est caractérisée par une inflammation muqueuse due à une activation de l’immunité cellulaire et humorale. L’équilibre entre cytokines inflammatoires et anti-inflammatoires gère localement l’intensité et la durée de la réaction inflammatoire. Il en résulte une nécrose tissulaire et des lésions vasculaires. L’atteinte est chronique et récurrente. 1. Données génétiques Les recherches sur les gènes susceptibles d’être impliqués dans le développement de la MC font l’objet de travaux de plus en plus nombreux. Ainsi, en 1996 (43), un premier gène de susceptibilité à la maladie de Crohn a été découvert sur le chromosome 16, le gène IBD1. Très récemment (42), un nouveau gène : le gène NOD2 a été identifié. Il est situé en position 16q12 du chromosome 16. Facteurs génétiques Facteurs environnementaux Mode de vie Tabac Alimentation Événements de vie Agents infectieux : bactérien, viral Flore intestinale Système plurigénique ? Activation anormale du système immunitaire intestinal (cytokines) Immunosuppresseurs Corticoïdes Inflammation intestinale chronique Salicylés Signes cliniques Lésions des muqueuses Figure 1 : Physiopathologie des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. D’après Rambaud J.C (79). Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 6 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 3. Facteurs ethniques Son rôle physiologique serait lié à la reconnaissance des lipopolysaccharides bactériens. La protéine NOD2, produit de transcription du gène, est un puissant activateur du facteur de transcription NF-kB, facteur pro-inflammatoire activant les cellules mononuclées de la lamina propria intestinale. Le facteur NF-kB sert de cible aux corticoïdes et aux dérivés de la mésalazine. Il existe une prédisposition ethnique aux MICI. Les populations caucasiennes sont les plus touchées. Le risque est moindre dans la population noire des USA. La population juive askhénaze serait la plus à risque. 4. Syndromes génétiques associés Enfin, les chercheurs ont découvert qu’une mutation du gène NOD2, due à l’insertion d’une base cytosine, serait responsable de 15 % des cas de MC (67). Le gène muté coderait pour une protéine NOD2 tronquée qui n’activerait plus le facteur NF-kB. Plusieurs maladies ayant une composante génétique admise (Turner, mucoviscidose, spondylarthropathies) ou suspectée (atopie, cholangite sclérosante, SEP) peuvent être associés aux MICI. Ces résultats confirment l’hypothèse selon laquelle il existerait un lien entre l’apparition de la maladie et une réponse inappropriée du système immunitaire non spécifique envers, notamment, les bactéries coliques. 5. Conclusion La fréquence des formes familiales, la susceptibilité ethnique et l’association à d’autres syndromes génétiques sont en faveur d’une composante génétique dans les MICI, et plus particulièrement dans la MC. Une mutation du gène NOD2, située sur le chromosome 16 a été récemment identifiée au cours de la MC. La susceptibilité génétique de la MC n’est pas limitée au chromosome 16. La localisation sur d’autres gènes de prédisposition est une étape essentielle dans la compréhension de la maladie et, à terme, de l’évolution du traitement de la MC. 2. Formes familiales Facteurs environnementaux La fréquence des formes familiales de MC varie de 8 à 40 % selon les études (35). 1. Facteurs non infectieux Le risque relatif d’être atteint de MC pour un parent au premier degré de sujet atteint de la maladie est de 10 (34). Une histoire familiale de MICI est le premier facteur de risque de développer une MC (58). 1.1. Rôle du tabac Il est établi que le tabagisme actif augmente le risque d’apparition de la MC. Il en aggrave également l’évolutivité en majorant le risque de ré-intervention après chirurgie et la fréquence de recours aux traitements immunosuppresseurs, notamment chez la femme. Les formes familiales se caractérisent par : - un âge de survenue de la maladie plus précoce chez les enfants de parents atteints de MC que chez ces derniers ; ce phénomène est appelé anticipation génétique, L’effet du tabac est d’autant plus marqué que la dose quotidienne est élevée. Il semble indépendant de la consommation cumulée (24, 36). L’influence du tabagisme passif sur le risque d’apparition de la MC reste discuteé. - une similitude intra-familiale des formes cliniques (21), avec des lésions iléales et périnéales plus fréquentes. Remarque Au sein d’une famille, les sujets à risque pourraient être identifiés par la recherche de marqueurs infra-cliniques : Bien que le mécanisme d’action du tabac ne soit pas connu, les données actuelles sont suffisantes pour recommander l’arrêt du tabac chez les sujets atteints de MC afin de minimiser le risque de récidives après traitement chirurgical ou médical. - possible augmentation de la perméabilité intestinale, - présence d’anticorps ASCA (anti saccharomyces cerevisiae† antibody), retrouvés dans 20 % des cas (86, 88). 1.2. Alimentation, mode de vie, événements de vie Aucun facteur alimentaire n’a été jusqu’à présent formellement identifié dans l’étiologie de la MC (37, 66). † levure alimentaire Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 7 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 2. Facteurs infectieux Le passage de bactéries de la lumière intestinale vers les ganglions mésentériques, le foie, la rate et d’autres organes (translocation) est à l’origine des complications septiques. 2.1. Généralités (21, 37) Il a été montré à l’aide de modèles animaux de MICI (animaux transgéniques ou lignées spontanément immunologiquement anormales) que la flore intestinale ou certains de ses composants sont nécessaires au déclenchement de la colite expérimentale (80). La participation d’agents microbiens à la physiopathologie des MICI peut s’envisager selon trois aspects : - l’implication d’agents infectieux spécifiques à l’origine de la maladie, - le rôle transitoire d’agents infectieux non spécifiques déclenchant la poussée, qui est entretenue ensuite par d’autres mécanismes, L’efficacité dans le traitement de la MC de certains antibiotiques, comme le métronidazole ou la ciprofloxacine, plaide pour un rôle de la flore dans l’entretien des lésions. - la participation de la flore endogène saprophyte du tube digestif ; le déclenchement de l’inflammation intestinale serait la conséquence d’une réponse anormale de l’hôte à des composants ubiquitaires de la flore intestinale ; cette anomalie est génétiquement déterminée. Mécanismes inflammatoires 1. Dysfonctionnement immunitaire 2.2. Agents infectieux spécifiques La MC est caractérisée par une réaction immunitaire inappropriée dont découle l’expression clinique de la maladie (29). Diverses mycobactéries atypiques, en particulier M. paratuberculosis, ont été inconstamment isolées au niveau de la muqueuse intestinale et des ganglions mésentériques des patients souffrant de MC. Elle comprend une inflammation muqueuse due à une activation de l’immunité cellulaire et humorale. Listeria monocytogenes est l’agent infectieux le plus récemment mis en cause. Sa présence a été détectée dans les tissus de 75 % des patients (36). Cependant, aucun argument épidémiologique ne soutient jusqu’à présent cette hypothèse. L’exposition du chorion intestinal à des facteurs environnementaux, infectieux ou non infectieux, chez des sujets génétiquement prédisposés va déclencher une activation du système immunitaire muqueux (21). L’activation des cellules intestinales impliquées dans la réponse immunitaire entraîne une augmentation de la production de cytokines, facteurs solubles qui régulent localement la réponse immunitaire et assurent l’activation et le recrutement de nouvelles cellules dans les tissus intestinaux. Le rôle d’autres germes, tel que le virus de la rougeole, a été discuté (46). Remarque : il convient de rappeler l’existence des anticorps ASCA, présents chez 20 % des patients atteints de MC (88). 2. Cytokines impliquées 2.3. Agents infectieux non spécifiques De nombreuses études épidémiologiques ont montré que des infections intestinales ou respiratoires virales ou bactériennes peuvent précéder la révélation d’une MICI ou être à l’origine de poussées. L’agent infectieux non spécifique pourrait déclencher l’inflammation intestinale, entretenue par la suite par d’autres mécanismes. L’hôte développerait une réponse immunitaire dirigée contre les antigènes microbiens mais également contre les antigènes du “soi”, à l’origine des lésions muqueuses de la MC. Trois groupes de cytokines sont impliquées dans le développement de la MC (Tableau I) : - les cytokines inflammatoires (IL-1, IL-6, IL-8 et TNF-α) et anti-inflammatoires (IL-1Ra, IL-10 et TGF-β), - les cytokines immunorégulatrices de type 1 et 2, - les chimiokines. L’équilibre entre cytokines inflammatoires et anti-inflammatoires gère localement l’intensité et la durée de la réaction inflammatoire. Un déséquilibre peut être à l’origine d’effets systémiques, telle qu’une diminution de la synthèse d’albumine ou une augmentation de la synthèse de protéines inflammatoires. Les cytokines immunorégulatrices interviennent dans la susceptibilité et la résistance aux agents infectieux, les mécanismes allergiques et la régulation des cytokines inflammatoires. 2.4. Rôle de la flore iléo-colique endogène La colonisation des lésions muqueuses intestinales lors de la MC, laisse envisager un rôle amplificateur, voire même inducteur de l’inflammation intestinale, des bactéries de la flore saprophyte endogène (E. coli, Streptococcus, anaérobies…). Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 8 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau I : Classification et rôles des cytokines chez l’homme (63) Cytokines Inflammatoires Anti-inflammatoires Immunorégulatrices Origine cellulaire IL-1 + Multiple IL-6 + Multiple IL-8 + Multiple TNF α + Multiple IL-1Rα + Multiple IL-10 + Multiple TGFβ + Multiple IL-2 Type 1 L, M, E IFNγ Type 1 L, M, E IL-4 Type 2 L, M, E IL-5 Type 2 L, M, E IL-13 Type 2 Multiple - Immunorégulation de type 1 = activation du système immunitaire cellulaire, résistance aux infections bactériennes, réactions d’hypersensibilité retardée, synthèse d’IgG2α. - Immunorégulation de type 2 = synthèse d’IgE, activation et recrutement des éosinophiles, résistance aux infections parasitaires, mécanismes allergiques et susceptibilité aux infections bactériennes. L : lymphocyte ; M : mastocyte ; E : éosinophile. 3. Mécanismes pathologiques 3.2. Lésions anatomiques de la maladie La plupart de ces cytokines sont impliquées dans la lyse cellulaire et la destruction de la matrice extracellulaire (36) et conduisent à la dégradation du tissu de soutien et des parois vasculaires. Il en résulte une nécrose tissulaire et des lésions microvasculaires, particulièrement marquées dans la MC. 3.1. Processus inflammatoire Une augmentation des concentrations de cytokines proinflammatoires, parallèlement à une diminution de celles des cytokines anti-inflammatoires, a été observée dans les muqueuses intestinales des patients en poussée de la maladie. La constitution d’une fibrose transpariétale, secondaire à une synthèse accrue de collagène et à une prolifération de cellules musculaires lisses sous l’activation de cytokines et de facteurs de croissance, conduit à des sténoses digestives et à l'organisation de trajets fistuleux. L’augmentation de la production locale de cytokines proinflammatoires par les cellules mononuclées du chorion va stimuler la synthèse de protéines inflammatoires, de dérivés de l’acide arachidonique, de protéases, de radicaux libres et de monoxyde d’azote. Ces molécules activent à leur tour le recrutement de monocytes et polynucléaires neutrophiles au site de l’inflammation, entretenant ainsi le phénomène inflammatoire. Parallèlement, la production de cytokines anti-inflammatoires (IL-1Rα, IL-10…) diminue (62). 3.3. Symptômes divers De nombreux lymphocytes T helper (T auxiliaires) activés CD4+ vont promouvoir l'inflammation intestinale (62) : En plus des lésions anatomiques, divers symptômes (diarrhée, amaigrissement et anorexie ) observés au cours de la MC dépendent également en partie de l’effet à distance des cytokines inflammatoires (effet endocrine). - les lymphocytes Th1 produisent l’IFNγ et l’IL-2 responsables de l’activation des macrophages, 3.4. Pathologies et traitements - les lymphocytes Th2 produisent l’IL-4, l’IL-5, l’IL-10 et l’IL-13 impliquées dans la synthèse d’anticorps, l’activation des éosinophiles et l’inhibition des macrophages, Les différents médiateurs responsables de l'inflammation représentent une cible des traitements actuels de la MC (Tableau II). - les lymphocytes Th3 synthétisent le TGFß. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 9 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Mécanismes d’action des traitements actuels de la maladie de Crohn (5) Substance active Action Effets thérapeutiques Acide 5-aminosalicylique Blocage de la synthèse de la lipo-oxygénaDiminution du taux d’écosanoïdes. se, la cyclo-oxygénase et du thromboxane. Limitation de l’amplification de la réponse Inhibition de la synthèse d’IL-1 et de radiinflammatoire et de la lyse cellulaire. caux libres. Corticoïdes Inhibition de la synthèse de la lipo-oxygénase Diminution du taux d’écosanoïdes. et plus faiblement de la cyclo-oxygénase. Limitation de l’amplification de la réponse Inhibition de la synthèse d’IL-1, d’IL-2, inflammatoire. du TNFα, de l’IFNγ. Azathioprine et 6-mercaptopurine Inhibition de la synthèse de nucléotides puriques. Méthotrexate Inhibition de l’adhésion des PNN à l’endo- Inhibition du recrutement des cellules thélium vasculaire par la voie de l’adénosine. effectrices. Métronidazole Lyse des bactéries anaérobies. Limitation du nombre de cellules effectrices. Modification de la flore intestinale. Inhibition de l’adhésion des PNN à l’endo- Inhibition du recrutement des cellules thélium vasculaire. effectrices. Infliximab Limitation de l’amplification de la réponse inflammatoire. Inhibition du TNFα. 3.5. Conclusion L’expression clinique de la MC dépend de sa localisation. Les atteintes les plus fréquentes sont celles de l’iléon terminal et du côlon droit (1, 20). De multiples manifestations extra-digestives sont généralement associées aux signes digestifs. Aucune manifestation, intestinale ou extra-intestinale, n’est spécifique de la MC, ce qui rend parfois difficile son diagnostic. L’ensemble des événements immuno-inflammatoires observés lors des MICI ne sont pas spécifiques et sont également mis en évidence dans d’autres atteintes inflammatoires intestinales. Les MICI sont caractérisées par la chronicité et le caractère récurrent ou chronique des épisodes inflammatoires. Aspects cliniques Signes digestifs En bref. Les atteintes inflammatoires les plus fréquentes sont celles de l’iléon terminal et du côlon droit. Les douleurs abdominales sont très fréquentes au cours des poussées. Les diarrhées sont prolongées et rarement sanglantes. Les rectorragies massives sont peu fréquentes. Les manifestations ano-périnéales récidivantes sont évocatrices : fissures et ulcérations, sténoses, abcès et fistules. Les complications intestinales sont des sténoses, des fistules et des abcès. Les manifestations extradigestives (le plus fréquemment rhumatismales, mais aussi érythème noueux, pyoderma gangrenosum, cholangites, atteintes oculaires ) sont généralement associées aux signes digestifs. Trois indices sont couramment utilisés pour évaluer l’évolutivité de la MC et juger de son évolution sous traitement : l’indice CDAI, l’indice IBDQ et l’indice CDEIS. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 1. Douleurs abdominales Les douleurs abdominales, très fréquentes au cours des poussées, sont en règle peu intenses. Elles sont de deux types : obstructives ou inflammatoires. 1.1. Douleurs obstructives Les douleurs obstructives sont liées à une sténose de l’intestin. Elles sont généralement à type de crampes, localisées dans le quadrant abdominal inférieur droit (syndrome pseudo-appendiculaire, syndrome de König) (6) ou dans la région hypogastrique (20). Elles sont souvent associées au passage du contenu intestinal dans un segment digestif inflammatoire et en partie rétréci ; la douleur précède alors l’émission d’une selle ou d’un gaz qui la soulage. 10 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Ces douleurs évoluent le plus souvent dans un contexte subfébrile, voire fébrile. Les abcès intra-abdominaux, se manifestent par de la fièvre, des douleurs abdominales et parfois une masse douloureuse à la palpation. 1.2. Douleurs inflammatoires Les péritonites sont liées surtout à la perforation du péritoine au niveau du grêle. Les douleurs inflammatoires sont plus ou moins continues et non liées au transit. À surface colique atteinte égale, la survenue de cancer colorectal dans la MC est aussi fréquente que dans le cas de la RCH. 2. Diarrhée La diarrhée est souvent prolongée, évoluant dans un contexte fébrile. Les selles sont nombreuses, liquides, parfois glairo-sanglantes, associées la plupart du temps à des douleurs (6). Elles témoignent de l’atteinte de l’intestin grêle et/ou du côlon. Manifestations extradigestives Des manifestations extradigestives (le plus fréquemment rhumatismales) sont généralement associées aux signes digestifs (6). 1. Manifestations rhumatismales 3. Rectorragies Les manifestations rhumatismales consistent en des atteintes articulaires périphériques à type d’arthralgies ou d’arthrites. Une atteinte axiale à type sacro-iliite (inflammation de l’articulation sacro-iliaque) est rapportée dans la MC ; des tableaux de spondylarthrite ankylosante ont même été rapportés. Sacro-iliite et spondylarthrite ankylosante sont associées de façon non fortuite à la MC mais évoluent de façon indépendante. Les rectorragies massives sont peu fréquentes. Elles sont secondaires à l’existence d’ulcérations creusantes venant éroder la paroi des vaisseaux sous-muqueux. Le plus souvent, elles se traduisent par l’émission de glaires, de pus ou de sang, en même temps ou non que les selles (20). Ces évacuations anormales sont le reflet d’une atteinte organique, souvent distale, du côlon (1). 4. Atteintes ano-périnéales 2. Altération de l’état général Les manifestations ano-périnéales correspondent à un syndrome rectal, rare du fait de la topographie habituelle des lésions dans la MC (81). Elles peuvent se voir quel que soit le stade de la maladie ou la forme clinique observée (20). Les lésions ano-périnéales sont d’autant plus fréquentes que la MC est plus distale. Elles se répartissent en lésions primaires (fissures, ulcérations) et secondaires (sténoses, abcès et fistules) (6). L’état général du sujet atteint de MC peut être marqué par de l’asthénie, de la fièvre (presque constante et parfois importante), et un amaigrissement (chez l’enfant et/ou l’adolescent) (1). 3. Manifestations cutanéo-muqueuses Les manifestations cutanéo-muqueuses, le plus fréquemment à type d’érythème noueux (1) ou de pyoderma gangrenosum, n’apparaissent qu’au moment de poussées évolutives. Le pyoderma gangrenosum peut avoir une évolution indépendante. 5. Complications intestinales Sténoses, fistules, abcès, péritonite et cancer colorectal sont les complications intestinales classiques de la MC (20). 4. Manifestations hépato-biliaires Les fistules peuvent avoir diverses localisations : - entéro-cutanées, souvent chez les patients ayant subi une intervention chirurgicale, Les manifestations hépato-biliaires sont en général asymptomatiques. Elles se limitent, dans la majorité des cas, à des anomalies biologiques plus ou moins marquées, révélant l’existence d’une stéatose, voire d’une hépatite granulomateuse ou d’une cholangite. La cholangite sclérosante, complication la plus grave de la maladie, est à rechercher . Une lithiase biliaire peut être observée. - entéro-entériques ou entérocoliques, - entéro-vésicales et entéro-vaginales. Remarque : la présence de manifestations urinaires doit faire rechercher une fistule Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 11 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 5. Atteintes oculaires 1. Indice CDAI Les atteintes oculaires touchent 10 % des patients et entraînent une uvéite, une douleur à la lumière, une inflammation de l’iris (iritis) ou des ulcérations cornéennes. L’indice CDAI - Crohn’s Disease Activity Index - ou indice de Best, quantifie un ensemble de symptômes cliniques et biologiques et donne un aperçu général de l’intensité d’une poussée. Son calcul est effectué sur une semaine, de manière prospective (Tableau III). 2. Indice IBDQ Indices d’évaluation de l’évolutivité L’indice IBDQ, Inflammatory Bowel Disease Questionnaire, est un questionnaire de qualité de vie, comprenant 32 items. Il existe différents indices d’évaluation d’évolutivité de la MC. Leur intérêt principal est leur utilisation dans les essais thérapeutiques. Il évalue certains paramètres comme l’activité quotidienne, les symptômes digestifs spécifiques, les performances dans la vie sociale, la qualité du sommeil, les relations sociales et l’état émotionnel des patients atteints de MC. Les réponses sont graduées de 1 (gêne très sévère) à 7 (absence de gêne). Un indice est couramment utilisé pour évaluer l’évolutivité de la MC et juger de son évolution sous traitement : l’indice CDAI. Deux autres indices ont également été développés : l’indice IBDQ et l’indice CDEIS (13). Tableau III : Index CDAI (79, 80) J1 J2 J3 J4 J4 J5 J6 J7 Somme 1 à 7 1 - Nombre de selles liquides ou très molles x2= 2 - Douleurs abdominales (absentes = 0, légères = 1, moyennes = 2, intenses = 3) x2= 3 - Bien être général (bon = 0, moyen = 1, médiocre = 2, mauvais = 3, très mauvais = 4) x2= 4 - Autres manifestations - arthrites ou arthralgies - iritis ou uvéite - érythème noueux, pyoderma, aphtes buccaux x 20 = - fissures, fistule, abcès anal ou périrectal - autre fistule intestinale - fièvre (> 38° durant 1 semaine) 5 - Traitement anti-diarrhéique par lopéramide ou opiacés (non = 0, oui = 1) x 30 = 6 - Masse abdominale (absente = 0, douteuse = 2, certaine = 5) x 10 = 7 - Hématocrite Homme : 47 – Ht = x6= Femme : 42 – Ht = 8 - Poids 100 (1 – poids actuel/poids avant maladie ou poids théorique) Total - Score < 150 = maladie de Crohn inactive. - Score > 450 = maladie de Crohn active sévère. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 = - Score > 150 = maladie de Crohn active. - Score maximum égal à 600. 12 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 4.2. Perianal activity index (77) Le score total est compris entre 32 et 224, le chiffre le plus élevé indiquant une meilleure qualité de vie. Quatre scores dimensionnels sont définis regroupant les symptômes intestinaux, les signes généraux, le retentissement social et le statut émotionnel. Les patients en rémission ont un score supérieur à 170. Le Perianal Activity Index prend en compte 5 items : - présence ou absence de suppuration, - douleur ou diminution de l’activité quotidienne, - diminution de l’activité sexuelle, 3. Indice CDEIS - type de lésions périanales, - degré d’induration. L’indice CDEIS - Crohn’s Disease Endoscopic Index of Severity - est utilisé par les endoscopistes (55). Il évalue 5 segments intestinaux : rectum, sigmoïde et côlon gauche, côlon transverse, côlon droit et iléon. Neuf types de lésions muqueuses sont évalués. Pour chaque segment sont calculés sur une échelle visuelle analogique mesurant 10 cm, la surface de muqueuse atteinte (absence d’atteinte = 10 %, atteinte complète = 100 %) et le pourcentage de surface ne comportant que des ulcérations (Tableau IV). Le score obtenue est compris entre 0 et 20. Un score élevé indique une atteinte plus importante. Chaque fistule doit être distinguée. Diagnostic En bref Le diagnostic de MC repose à la fois sur : - des arguments cliniques : manifestations digestives ou anopérinéales récédivantes, antécédents familiaux, - un examen coprologique et parasitologique visant à éliminer un processus infectieux (amibiase, giardiase...), - un examen endoscopique et un examen du transit du grèle à la recherche des lésions évocatrices, - un examen proctologique, - un examen histologique : signes spécifiques (granulome épithelioïdes) et non spécifiques (infiltrat inflammatoire). Quand le diagnostic de MICI est posé, il faut faire le diagnostic différentiel entre RCH et MC. Il a connu un regain d’intérêt avec l’apparition de traitements (azathioprine, infliximab) qui ont une action nette sur les lésions anatomiques. 4. Autres échelles d’évaluation 4.1. Indice HBI : Index de Harvey-Bradshaw (41) L’indice HBI recueille des données cliniques simples (douleur abdominale, bien-être, nombre de selles liquides par jour, masse abdominale, complications) sur une journée et se traduit par un nombre de points donné. Il est plus adapté à la consultation quotidienne que l’indice de Best. Tableau IV : Index CDEIS : Crohn’s Disease Endoscopic Index of Severity Lésions Définitions ou précisions 1- Pseudopolype. — 2 - Ulcération cicatrisée. Surface blanchâtre avec un aspect de verre dépoli. 3 - Erythème franc (en plaque, en bande ou diffus). Un érythème léger ou modéré peut être négligé. 4 - Œdème muqueux franc. Un œdème léger ou modéré peut être négligé. 5 - Ulcération aphtoïde. Définie par une petite lésion érythémateuse (2-3 mm), surélevée ou plate avec un centre blanc. 6 - Ulcération superficielle ou peu profonde. Définie par n’importe quelle ulcération ni aphtoïde ni profonde. 7 - Ulcération profonde. Ulcérations profondes franches. 8 - Sténose non ulcérée. Elle peut être difficile voire impossible à franchir par un endoscope adulte. 9 - Sténose ulcérée. Elle peut être difficile voire impossible à franchir par un endoscope adulte. La diminution du score traduit une amélioration endoscopique des lésions sous traitement. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 13 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 1. Évaluation des perturbations hématologiques (98) La conduite diagnostique lors d’une poussée de maladie inflammatoire chronique de l’intestin n’est pas encore établie. Elle va consister d’une part à affirmer l’organicité des troubles puis à reconnaître la MICI, c’est-à-dire éliminer les autres causes possibles d’inflammation : infectieuses, parasitaires, virales voire toxiques ; d’autre part, en cas d’atteinte colique isolée, le diagnostic vise à différencier une RCHe, une MC ou une colite indéterminée. En pratique, le diagnostic repose sur un ensemble d’arguments cliniques, endoscopiques, radiologiques et histologiques. - Anémie à typer (vitaminoprive, ferriprive, inflammatoire). - Marqueurs biologiques de l’inflammation (anémie inflammatoire, augmentation de la vs, de la CRP, du fibrinogène ou de l’α2-globuline) ou de l’orosomucoïde et de la préalbumine (marqueurs précoces de dénutrition). - Hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles. - Hyperplaquettose et syndrome inflammatoire, augmentant le risque thrombo-embolique. - Perturbations hydroélectrolytiques, en cas de diarrhées. Critères cliniques - Hypoalbuminémie constamment observée dans les formes sévères, reflet d’une exsudation intestinale, d’une restriction alimentaire et d’un catabolisme accru. L’étape clinique est fondée sur l’interrogatoire et sur l’examen clinique du patient. 1. Antécédents (98) 2. Examens bactériologique et parasitologique L’interrogatoire vise à rechercher les antécédents personnels du patient tels qu’appendicectomie, syndrome pseudoappendiculaire, manifestations proctologiques articulaires, cutanées ou oculaires. Sur le plan familial, l’interrogatoire recherche la notion de MICI connue chez des parents du premier et second degré. La coproculture, l’examen parasitologique des selles et les examens sérologiques ont pour objectif d’écarter une diarrhée infectieuse (amibiase, giardiase...). Critères morphologiques (99) 2. Examen clinique Les examens morphologiques du tractus digestif ont un rôle déterminant dans le diagnostic positif et différentiel des MICI, en visualisant les lésions, en évaluant leur aspect et leur topographie et en permettant, pour l’endoscopie, les biopsies à visée histopathologique et bactériologique. Ils permettent d’apprécier la sévérité des lésions. Les manifestations cliniques révélatrices de MICI sont digestives dans plus de 80 % des cas, et dépendent surtout de la topographie des lésions intestinales. La recherche des signes digestifs (atteinte recto-colique, atteinte de l’intestin grêle, atteinte ano-périnéale…) mais également des symptômes extra-digestifs (atteinte rhumatismale, oculaire, cutanée…) doit permettre d’orienter vers la possibilité d’une MICI et souvent vers sa nature : RCH ou MC. La démarche diagnostique va s’appuyer alors sur des examens biologiques de routine, une étude morphologique du tube digestif et un examen anatomo-pathologique des biopsies (98). 1. Examens endoscopiques L’endoscopie digestive commence par un examen de la marge anale, une anuscopie et une rectoscopie qui peuvent évoquer, sinon affirmer, l’existence d’une MICI. L’iléo-coloscopie est un temps essentiel du diagnostic de la MC. Elle évalue la topographie des lésions et leur gravité et permet de réaliser des biopsies. Elle permet aussi en dehors des poussées de dépister les lésions précancéreuses ou cancéreuses à long terme. Critères biologiques La fibroscopie œso-gastro-duodénale n’est pas systématique dans le bilan initial de la MC mais est réalisée en cas de signe d’appel. Il n’existe aucun paramètre biologique spécifique des MICI. Les examens biologiques peuvent cependant apporter des arguments en faveur de l’organicité des troubles et permettre d’éliminer une diarrhée d’origine infectieuse ou parasitaire, et d’évaluer la gravité de la poussée. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 En cas doute avec une RCH, il faut savoir qu’une granulome tuberculoïde et surtout une gastrite active focale ne sont observés que pour la seule MC. 14 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 2. Examens radiologiques 3. Examens histologiques (50) La radiographie de l’abdomen sans préparation est systématique au cours des poussées sévères. Elle permet de rechercher une complication (colectasie, perforation ou occlusion). Le transit baryté de l’intestin grêle, indispensable, révèle dans la MC des aspects caractéristiques tels que des sténoses, des ulcérations, un aspect nodulaire. Le scanner abdominal et l’échographie sont devenus les examens essentiels à la recherche d’abcès ou de fistule (99). Depuis la généralisation de l’endoscopie, le lavement baryté a perdu son intérêt. Les rares indications sont les sténoses infranchissables par l’endoscope et les fistules digestives. L’examen des prélèvements biopsiques réalisés en cours de fibroscopie, ou celui des pièces opératoires, permet de : - porter le diagnostic de colite inflammatoire, - différencier MC, RCH et colite indéterminée, - préciser l’étendue des lésions. Diagnostic différentiel rectocolite hémorragique/maladie de Crohn (6, 36) La distinction entre MC et RCH n’est pas toujours nette, mais il est classique de considérer les caractères distinctifs rapportés dans le tableau V ci-dessous. L’IRM permet un bilan précis des manifestations anopérinéales en cas de fistules ou d’abcès. Tableau V : Diagnostic différentiel rectocolite hémorragique / maladie de Crohn (6, 36) Manifestations cliniques RCH MC Douleurs abdominales Rares Rectorragies, syndrome dysentérique Fréquentes Diarrhées Masse abdominale Absente Possible Fièvre Rare (formes compliquées) Fréquente Récidives post chirurgicales Absentes Fréquentes Sens de progression : rectum → caecum. Continue. Sans intervalle de muqueuse saine au sein des lésions. Lésions superficielles. Pas de sens de progression, peut rester limitée à une portion de l’IG. Discontinue. Présence d’intervalles de muqueuse saine au sein des lésions. Lésions profondes, transpariétales. Érythème Diffus En patch Ulcérations aphtoïdes Absentes Très évocatrices Ulcérations Superficielles Superficielles et profondes Pseudopolype Possibles Possibles Rectum Toujours atteint ± atteint Iléon Non atteint ± atteint Inflammation Muqueuse Transmurale Mucosécrétion Absente Présente Fissures Absentes Caractéristiques Fistules Absentes Caractéristiques Granulomes Absents Spécifique Abcès cryptiques Caractéristiques Absents Distorsion des glandes Caractéristique Absente Granulome tuberculoïde Absent Caractéristique Topographie Endoscopie Histologie Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 15 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Traitements et stratégie thérapeutique Faute de cause connue à la maladie de Crohn (MC) , aucun traitement ne peut prétendre à sa guérison. - le maintien de la rémission et la prévention des rechutes (traitement médicamenteux) (7, 9, 10, 17). La prise en charge de la MC a deux objectifs : Son but est de rétablir l’équilibre au niveau de la “ balance inflammatoire ” et permettre ainsi au patient de retrouver une qualité de vie aussi proche que possible de la normale. - le traitement des poussées (traitement médicamenteux ou chirurgical) pour obtenir une rémission de la crise, Antiinflammatoires Immunosuppresseurs Anticorps Antibiotiques Nutrition artificielle Chirurgie Salicylés Corticoïdes Azathioprine 6-mercaptopurine Méthotrexate Ciclosporine Infliximab (anticorps anti TNFα) Métronidazole Ciprofloxacine Entérale Parentérale Atteintes gréliques, coliques et ano-périnéales Les différentes classes thérapeutiques précitées font l’objet ci-après d’une évaluation détaillée. Les différents médicaments de chaque classe sont présentés sous forme de monographies. Une stratégie thérapeutique, incluant la nutrition artificielle et la chirurgie, est développée. 1. Dérivés salicylés Sulfasalazine Tableau I : Renseignements généraux et galéniques (102) SALAZOPYRINE® La sulfasalazine reste encore utilisée par certaines équipes et a constitué le chef de file des salicylés utilisés dans la MC pendant de nombreuses années. Renseignements généraux et galéniques (102) Cf Tableau I. Présentation Comprimés enrobés gastrorésistants 500 mg Laboratoires Pharmacia & Upjohn SA Renseignements administratifs AMM 322 688.0 (1975, rév 99), Flacon de 100. Mis sur le marché en 1986. Liste I. Remb Séc soc à 65 %. Agréé Collectivités. Propriétés pharmacologiques (102) 1. Mécanisme d’action 2. Pharmacocinétique La sulfasalazine est composée de deux molécules jointes par une liaison azoïque : la sulfapyridine et le 5-ASA (acide 5- aminosalicylique ou mésalazine). Cette liaison est clivée par les bactéries de la partie basse du tube digestif. Le 5-ASA est responsable de l’activité thérapeutique (cf chapitre mésalazine), la sulfapyridine étant responsable de la majorité des effets indésirables. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 Après ingestion orale, la sulfasalazine n’est que partiellement absorbée au cours du trajet dans l’intestin grêle, de sorte qu’elle atteint en grande partie le côlon. À ce niveau, les bactéries intestinales libèrent : - le 5-ASA qui est partiellement absorbé puis éliminé dans les selles, 16 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Mésalazine (5-ASA) - d’autre part, la sulfapyridine qui est presque totalement absorbée par le côlon, puis métabolisée par le foie et éliminée dans les urines. Renseignements généraux et galéniques (102) Cf Tableau I page 18. Études cliniques Non analysées ici. Propriétés pharmacologiques (102) 1. Mécanisme d’action Effets indésirables La mésalazine est la moitié thérapeutiquement active de la sulfasalazine. - Augmentation des enzymes hépatiques, hépatite, pancréatite, troubles neurologiques, induction d’auto-anticorps, troubles digestifs et cutanés, céphalées, fièvre, macrocytose. Elle exerce une action anti-inflammatoire globale dont le mécanisme d’action reste encore incertain. Plusieurs hypothèses ont été avancées, dont la principale est une action sur le métabolisme de l'acide arachidonique par une inhibition de la cyclo-oxygénase et de la lipo-oxygénase. - Rarement : . syndrome néphrotique, . troubles pulmonaires et respiratoires, . péricardite, . syndrome d’hypersensibilité, . cyanose, . syndrome de Lyell-Johnson. Les autres mécanismes d'action évoqués sont : - l'inhibition du TNF (Tumor Necrosis Factor), - l’inhibition du NO (monoxyde d’azote, médiateur neurotransmetteur), - l’inhibition du PAF (Platelet Activating Factor), médiateur de l'hypersensibilité immédiate, Renseignements thérapeutiques (102) - la captation des radicaux libres, - la réduction de la libération d'interleukine 1 et 2. Tableau II ci-dessous. Tableau II : Sulfasalazine - Renseignements thérapeutiques (102) Indication AMM SALAZOPYRINE® Posologies - Traitement d'attaque : . chez l’adulte : 4 à 6 g/l, soit 8 à 12 comprimés en 3 ou 6 prises, . chez l’enfant : 100 à 150 mg/kg/j. Maladie de Crohn dans sa localisation colique. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 Contre-indications - Hypersensibilité connue aux sulfamides et aux salicylés. - Déficit en G6PD (risque de déclechement de crises d’hémolyse). - Traitement d'entretien : - Prématuré et nouveau-né . chez l’adulte : (immaturité du système enzyma4 comprimés par jour, tique). . chez l’enfant : 50 à 75 mg/kg/j. - Porphyrie intermittente aiguë et porphyrie variegata. La durée du traitement est limitée à 2 ans. 17 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau I : Mésalazine - Renseignements généraux et galéniques (102) Présentation PENTASA® ROWASA® FIVASA® - Comprimés 250 et 500 mg formés de microgranules enrobés d'une membrane semi-perméable d'éthyl-cellulose protectrice, à délitement chrono-dépendant et indépendant du pH, du temps de transit et de la flore colique. Comprimés 250 et 500 mg constitués d'un noyau de mésalazine, entouré d'un film protecteur et d'un enrobage gastrorésistant (Eudragit LP), à délitement pH-dépendant (pH 6). Comprimés 400 mg enrobés par une résine de type acrylique (Eudragit S12,5P), gastrorésistants, libérant le principe actif à pH > 7 (7,2). Solvay-Pharma Norgine Pharma - Granulés 1 g. Laboratoires Ferring Renseignements administratifs - Comprimés 250mg : AMM 331 290.6 (1988, rév 99), Flacon de 200, Mis sur le marché en 1989. - Comprimés 250 mg : Comprimés 400 mg : AMM 333 825.4 (1991, rév 98). AMM 347 861.8 (1998, rév 99), Boîte de 90. Mis sur le marché en 2000. Boîte de 100 (blister). - Comprimés 500 mg : - Comprimés 500 mg AMM 333 823.1 (1991, rév 98). A conserver à l'abri de l'humidité. AMM 332 788.8 (1990, rév 99). Boîte de 90. Boîte de 100 (blister). Mis sur le marché en 1991. - Granulés 1g : AMM 344 247.7 (1997, rév 99). Boîte 120 sachets. Mis sur le marché en 1998. Hors liste. Remb Séc soc à 65 %. Hors liste. Remb Séc soc à 65 %. Hors liste. Remb Séc soc à 65 %. Agréé Collectivités Agréé Collectivités Agréé Collectivités. 2.2. Métabolisme 2. Pharmacocinétique Le métabolisme est surtout intestinal. Le principal métabolite, le N-Ac-5-ASA, est obtenu par acétylation du 5-ASA au niveau du foie. Il existe un cycle entéro-hépatique limité. 2.1. Absorption Chez l’homme, les différents comprimés de mésalazine ne se délitent pas dans l’estomac, même après un temps de séjour prolongé. Le délitement a lieu dans la partie distale de l’iléon ou dans le colon ascendant. 2.3. Elimination : fécale et urinaire du 5-ASA non libéré et libre (faible quantité) et du N-Ac-5-ASA. Le PENTASA® à libération contrôlée, théoriquement pH non dépendant (granules d’éthyl-cellulose) est absorbé tout le long de l’intestin grêle et du côlon. Études cliniques Les essais rapportés dans les tableaux sont classés par ordre chronologique (Tableaux II). Le ROWASA® et le FIVASA® sont à libération dite iléocolique, pH dépendante. La biodisponibilité est faible (environ 20 %). En fait, il faudrait considérer la disponibilité locale de 5-ASA libre au niveau de l’intestin et du côlon, mais celle-ci est très imprécise. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 Effets indésirables Non analysés ici. Cf Conclusion CNHIM page 24. 18 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Mésalazine - Études cliniques Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Mesalamine capsules for the treatment of active Crohn's disease : results of a 16-week trial. Pentasa Crohn's Disease Study Group - 1993 (89). Méthodologie Étude randomisée, multicentrique, double aveugle, versus placebo. 310 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = 80) : mésalazine = 1 g/j. * Bras 2 (n = 75) : mésalazine = 2 g/j. Inclusion MC faiblement à modérément active. Résultats 57 patients ont interrompu le traitement ; pas de différence significative entre les 4 bras. Exclusion NR * Diminution moyenne du CDAI : - bras 3 : 72 points, - bras 4 : 21 points (p < 0,01). Évaluation - CDAI - Taux de rémission * Taux de rémission (% patients) : - bras 3 : 43 %, - bras 4 : 18 % (différence significative). * Bras 3 (n = 75) : mésalazine = 4 g/j. Tolérance Effets indésirables les plus fréquents : nausées/vomissements et douleurs abdominales. * Bras 4 (n = 80) : placebo Durée de l’étude : 16 semaines. Conclusion de l'étude La mésalazine est bien tolérée et efficace à la posologie de 4 g/j comme traitement de la MC localisée à l'iléon et au côlon. Long-term management of Crohn's disease with mesalamine capsules (Pentasa) - 1993 (74). Méthodologie Inclusion Résultats Étude “compassionnelle” multicen- MC active : n = 333. * Modification du CDAI trique. MC en rémission : n = 134. . MC actives : 467 patients. diminution de 77 points avec 42 % (122/289) des patients en rémission à la visite finale ; Exclusion . MC en rémission : Schéma posologique NR Mésalazine = 4 g/j. augmentation moyenne du CDAI de 90 à 96 Évaluation points à la visite finale, avec 79 % (95/120) des Durée de l’étude : 14 mois. - CDAI. patients en rémission à la visite finale et 72 % - Dose moyenne de prednisone. (31/43) en poursuite de rémission après 12 mois de traitement. * Diminution de la dose moyenne de prednisone . MC actives : de 5 mg/j. . MC en rémission : 11 mg/j. Tolérance Bonne tolérance et pas d'effet sur les examens de laboratoire. Conclusion de l'étude La mésalazine à libération contrôlée évite la prise de corticoïdes et présente une bonne tolérance. Elle est faiblement efficace dans l'induction de la rémission de la MC faiblement à modérément active. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 MC : maladie de Crohn. 19 NR : non renseigné. Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Mésalazine - Études cliniques (suite 1) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion A randomized, double-blind, placebo-controlled trial of the oral mesalamine (5-ASA) preparation, Asacol, in the treatment of symptomatic Crohn's colitis and ileocolitis - 1994 (97). Méthodologie Étude randomisée, double aveugle, versus placebo. 38 patients. Inclusion MC faiblement à modérément active à localisation colique et iléocolique. Schéma posologique * Bras 1 (n = NR) : mésalazine 3,2 g/j. Exclusion NR. * Bras 2 (n = NR) : placebo. Évaluation Rémission partielle ou complète. 18 patients ont continué de recevoir une dose de prednisone < 20 mg/j, 20 patients n'ont pas pris de prednisone. Durée de l’étude : 16 semaines. Résultats * Sorties d’étude : 20 sur 38 patients ont poursuivi le traitement pendant les 16 semaines. Les autres ont arrêté pour aggravation des symptômes ou pour échec. * Rémission partielle ou complète (% patients) : bras 1 = 60 % ; bras 2 = 22 % (p : NR). Tolérance : NR. Conclusion de l'étude. Bien que le nombre de patients soit relativement faible, la mésalazine 3,2 g/j semble être un traitement bien toléré et efficace en comparaison au placebo. Ce traitement est une possibilité pour traiter les patients en échec ou intolérants à la sulfasalazine. Quality-of-life results of double-blind, placebo-controlled trial of mesalamine in patients with Crohn's disease - 1995 (90). Méthodologie Étude randomisée, double aveugle, versus placebo. 310 patients. Schéma posologique * Bras 1, 2 et 3 (n = NR) : mésalazine = 1 g/j, 2 g/j et 4 g/j. * Bras 4 (n = NR) : placebo Inclusion MC. Résultats * Qualité de vie (7 paramètres) : - bras 3 > bras 4 (p < 0,03), - bras 1 et 2 versus bras 4 : p = NS, - bras 2 : pas d’amélioration sur les paramètres d'activité. Exclusion NR. Évaluation Qualité de vie. * Effet dose : relation linéaire significative entre l'augmentation des doses de mésalazine et l'amélioration de la réponse (p < 0,02). Durée de l’étude : 16 semaines. Tolérance/Conclusion : NR. Prophylactic mesalamine treatment decreases postoperative recurrence of Crohn's disease - 1995 (61). Méthodologie Étude randomisée versus placebo. 163 patients. Inclusion MC après résection chirurgicale. Absence de maladie résiduelle. Schéma posologique * Bras 1 (n = 87) : mésalazine = 1,5 x 2 g/j. Exclusion NR. Résultats * Taux de rechute (% patients) : (rechute = symptômes + confirmation de la maladie endoscopique et/ou radiologique) : - bras 1 : 31% (27/87), - bras 2 : 41 % (31/76). * Bras 2 (n = 76) : placebo. Évaluation Taux de rechute. * Risque relatif de rechute 0,628 dans le groupe mésalazine (analyse en intention de traiter). Durée de l’étude : 8 semaines. * Taux de récidive endoscopique (= 0,654) et radiologique significativement diminués Conclusion de l'étude La mésalazine est efficace dans la diminution du risque de récidive de la MC après résection chirurgicale réussie. MC : maladie de Crohn. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 Tolérance : NR. NS : non significative. NR : non renseigné. 20 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Mésalazine - Études cliniques (suite 2) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Comparison between high dose 5-aminosalicylic acid and 6-methylprednisolone in active Crohn's ileocolitis. A multicenter randomized double-blind study - 1995 (40). Méthodologie Étude randomisée, multicentrique, double aveugle. 34 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = 17) : mésalazine : 4,5 g/j. * Bras 2 (n = 17) : 6-méthylprednisolone : 48 mg/j. Durée de l’étude : 8 semaines. Inclusion MC active : CDAI > 150. Résultats * Diminution moyenne du CDAI : bras 1 = 85 points ; bras 2 = 122 points (p = 0,737). Exclusion NR. * Taux de rémission après 8 semaines (analyse en intention de traiter) : bras 1 = 40 % ; bras 2 = 56,3 % (p = 0,587). Évaluation CDAI. Tolérance : NR. Conclusion de l'étude Les taux de réponse ne sont pas significativement différents bien qu'un essai ait montré une efficacité supérieure de la 6-méthylprednisolone. La mésalazine peut être considérée comme une alternative de traitement chez les patients avec MC active qui sont intolérants ou qui refusent les glucocorticoïdes. Mesalazine 1.5 g b.d. vs placebo in the maintenance of remission of patients with Crohn's disease - 1995 (96). Méthodologie Étude randomisée, multicentrique (11 centres), double aveugle versus placebo. 286 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = 138) : mésalazine : 1,5 g/j x 2. * Bras 2 (n = 148) : placebo. Inclusion MC avec CDAI < 150 et ayant eu une période avec CDAI > 150 durant l'étude. 1er groupe : colite ou iléocolite (n = 207). 2ème groupe : iléite (n = 79). Résultats * Arrêts de traitement - 1er groupe : pour effets indésirables, insuffisance d'effet thérapeutique ou autres raisons : 106/207 patients (bras 1 = 51/102 ; bras 2 = 55/105). 101 patients ont poursuivi leur traitement pendant 12 mois. - 2ème groupe : 41/79 patients (bras 1 = 19/36 ; bras 2 = 22/43). 38 patients ont poursuivi leur traitement pendant 12 mois. Exclusion : NR Évaluation Taux de rechute. Durée de l’étude : 18 mois. * Taux de rechute (analyse en intention de traiter) : pas de différence significative entre les bras mésalazine et placebo. Tolérance Effets indésirables gastro-intestinaux plus fréquents dans les groupes mésalazine. Conclusion de l'étude Les taux de rechute sont semblables dans les groupes mésalazine et placebo. Les arrêts de traitement sont nombreux. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 MC : maladie de Crohn. 21 La plupart des événements (diarrhée, douleurs abdominales) sont des symptômes de la MC. La majorité des effets indésirables sont de sévérité faible à modérée. NR : non renseigné. Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Mésalazine - Études cliniques (suite 3) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion A randomized, placebo-controlled, double-blind trial of mesalamine in the maintenance of remission of Crohn's disease - 1997 (92). Méthodologie Étude randomisée versus placebo en double aveugle. 293 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = NR) : mésalazine : posologie NR. Inclusion MC active. Résultats 246 patients inclus dans l'analyse finale. Exclusion NR * Taux de rechute (% patients) : - bras 1 : 25 % (30/118), - bras 2 : 36 % (47/128) (p = 0,056), (patients porteurs d'une maladie iléo-colique ou patients de sexe féminin : moins de rechute dans le groupe traité). Évaluation Rechute * Bras 2 (n = NR) : placebo. * Durée de la rechute : - bras 1 : 119 jours, - bras 2 : 109 jours. Durée de l’étude : 48 semaines. Conclusion de l'étude Un traitement par mésalazine réduit la durée de la rechute comparativement au placebo (différence à la limite de la significativité). Tolérance : NR. Mesalamine in the maintenance treatment of Crohn's disease : a meta-analysis adjusted for confounding variables - 1997 (13). Méthodologie Méta-analyse : 15 essais randomisés 2097 patients. Inclusion Essais sélectionnés à partir des données Medline (1986-1997). Schéma posologique * Bras 1 (n = NR) : mésalazine : posologie NR. Exclusion NR. * Bras 2 (n = NR) : placebo. Évaluation Rechute. Durée de l’étude : 48 semaines. Résultats * Risque de rechute symptomatique : diminution de 6,3 % dans le bras traité (différence significative) avec : . réduction post-chirurgicale : -13, 1 % (différence significative) . "réduction médicale" : - 4,7 % (différence non significative). . efficacité plus importante en cas de maladie iléale, de maladie prolongée et de rémission induite par la chirurgie. Tolérance : NR. Conclusion de l'étude La mésalazine peut être recommandée pour maintenir en rémission la MC quiescente. Le bénéfice est surtout observé lors de la période post-chirurgicale chez les patients avec iléite et maladie prolongée. MC : maladie de Crohn. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 NR : non renseigné. 22 NS : non significative. Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Mésalazine - Études cliniques (suite 4) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Controlled trial of oral 5-aminosalicylic acid for the prevention of early relapse in Crohn's disease - 1997 (27). Méthodologie Étude contrôlée. 117 patients. Inclusion MC active en phase de rémission sous corticoïdes. Schéma posologique * Bras 1 (n = 58) : mésalazine : 3 g/j. Exclusion : NR. * Bras 2 (n = 59) : placebo. Évaluation Rechute. avec poursuite de corticoïdes pendant 6 semaines. Durée de l’étude : 10 mois. Résultats Taux de rechute cumulés à 6 et 12 mois : - bras 1 : 34 % et 58 %, - bras 2 : 31 % et 52 % (p = NS). - Analyse par sous groupe : la mésalazine est inefficace chez les patients porteurs d'une maladie iléale, colique ou iléocolique. Conclusion de l'étude. Contrairement aux précédents résultats de la littérature, l'introduction précoce d'un traitement oral par mésalazine ne prévient pas la rechute chez les patients atteints de MC et traités par corticoïdes pour induire la rémission. Mesalamine in the treatment of mild to moderate active Crohn's ileitis : results of a randomized, multicenter trial - 1999 (75). Méthodologie Inclusion Résultats Étude multicentrique randomisée. MC localisée à l'iléon faiblement Sorties d’étude : 5 dans le bras 3. 94 patients. à modérément active (CDAI * Diminution du CDAI (moyenne) : compris entre 180 et 350). - bras 1 : 113,5 points, Schéma posologique - bras 2 : 123 points, * Bras 1 (n =28) : Exclusion - bras 3 : 31 points (p = 0,07, NS). mésalazine comprimés : 4 g/j. NR. * Rémission à la visite finale (% patients) * Bras 2 (n = 35) : - bras 1 : 79 % (22/28), Évaluation mésalazine granulés : 4 g/j. - bras 2 : 60 % (21/35), - CDAI. - bras 3 : 61 % (19/31) (p = NS). * Bras 3 (n = 31) : - Rémission à la visite finale. méthylprednisolone : 40 mg/j. Tolérance : Pancréatite : 1 cas dans le bras 2. Durée de l’étude : 12 semaines. Conclusion de l'étude. La mésalazine sous forme de granulés semble être aussi efficace qu'un dosage standard de stéroïdes dans le traitement de la MC faiblement à modérément active localisée à l'iléon. Les effectifs sont faibles. Prophylaxis of postoperative relapse in Crohn's disease in mesalamine : ECCD Study VI- 2000 (55). Méthodologie Étude multicentrique randomisée. 318 patients. Inclusion MC traitée par chirurgie de résection. Schéma posologique * Bras 1 (n = 152) : mésalazine : posologie = 4 g/j. Exclusion : NR. * Bras 2 (n = 166) : placebo. Évaluation Rechute. Résultats * Taux de rechute cumulés après 18 mois de traitement : bras 1 = 24,5 % ± 3,6 % ; bras 2 = 31,4 % ± 3,7 % (p = 0,10) * Sous groupe des patients atteints de MC localisée à l'IG (n = 124) : bras 1 = 21,8 % ± 5,6 ; bras 2 = 39,7 % ± 6,1 % (différence significative). La probabilité de rechute est influencée de façon prédominante par la durée de la maladie et la non prise de stéroïdes avant la chirurgie. Début de traitement : 10 jours après chirurgie de résection. Tolérance : NR. Durée de l’étude : 18 mois. Un traitement par mésalazine 4 g/j pendant 18 mois ne modifie pas significativement l'évolution post-opératoire de la MC, bien que quelques cas de prévention de rechute ont été retrouvés chez les patients atteints de MC isolée à l'intestin grêle. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index NR : non renseigné. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 MC : maladie de Crohn. NS : non significatif 23 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn * Prophylaxie des rechutes chirurgicales Renseignements thérapeutiques (102) Cf Tableau III Selon certains auteurs, la mésalazine prévient efficacement les récidives post-opératoires - taux de récidives anatomoclinique divisé par deux ou trois (16) ; mais pour d’autres auteurs son action est plus faible (1 cas sur 10) (55, 82). Les études récentes ne retrouvent pas d’efficacité de la mésalazine dans cette indication. Conclusion CNHIM (62) La mésalazine a été étudiée dans le traitement des poussées et dans le traitement d’entretien de la MC (13, 27, 40, 74, 75, 76, 89, 90, 92, 96, 97), ainsi que dans la prophylaxie des rechutes chirurgicales (16, 52, 55, 61, 82). * Effets indésirables La mésalazine a des effets indésirables 2 à 3 fois moins fréquents que la sulfasalazine. Elle est de plus bien tolérée chez 80 à 90 % des malades intolérants à cette dernière. Des troubles mineurs (céphalées, nausées, diarrhée, éruption cutanée) sont observés dans moins de 5 % des cas. Certains effets très rares sont néanmoins graves : il s'agit de pancréatite, de péricardite, de myocardite, d'hépatites sévère, d'alvéolite pulmonaire fibrosante, de syndrome néphrotique et de néphropathie tubulo-interstitielle qui peuvent être irréversibles. Ce dernier effet indésirable justifie la surveillance régulière de la fonction rénale (créatininémie tous les 3 mois pendant 1 an, puis tous les 6 mois). * Poussées de la MC La mésalazine a une activité modérée dans les poussées légères à modérées de la MC. * Traitement d’entretien L'efficacité de la mésalazine orale pour maintenir une rémission spontanée ou induite par un traitement médical apparaît assez limitée. Les essais thérapeutiques qui ont testé la mésalazine dans cette indication sont en effet contradictoires, une majorité d'entre eux étant négatifs. Tableau III : Mésalazine - Renseignements thérapeutiques (102) Indication AMM PENTASA® comprimé à 250 mg PENTASA® comprimé à 500 mg PENTASA® granulé à1g ROWASA® comprimé à 500 mg Contre-indications Prévention des poussées aiguës - Traitement d'attaque : pour les formes fréquemment 4 g par jour en 4 prises, soit 2 - Hypersensibilité connue aux récidivantes. comprimés à 500 mg x 4/j salicylés. - Traitement d'entretien : 2 g par jour en 4 prises, soit 1 - Hypersensibilité connue à l'un Traitement des poussées légères comprimé à 500 mg x 4/j ou 2 des composants. à modérées et prévention des comprimés à 250 mg x 4/j poussées aiguës pour les formes Traitement limitée à 2 ans. fréquemment récidivantes. Traitement d'attaque des poussées légères à modérées et prévention des poussées aiguës pour les formes fréquemment récidivantes. - Traitement d'attaque : - Hypersensibilité connue aux 4 g par jour en 4 prises, soit 1 salicylés. sachet 1g x 4/ pdt 4 à 6 semaines. - Hypersensibilité connue à l'un - Traitement d'entretien : des composants. 2 g x 2/j, soit 2 sachets 1g . Traitement d'entretien : Prévention des poussés aiguës 1,5 à 2 g/j, soit 6 à 8 comprimés pour les formes fréquemment à 250 mg ou 3 à 4 comprimés à 500 mg par jour. récidivantes. Durée de traitement limitée. FIVASA® comprimé à 400 mg Posologies Traitement d'entretien. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 Traitement d'entretien : 2,4 g/, soit 6 comprimés. Traitement limité à 2 ans. 24 - Hypersensibilité connue aux salicylés. - Hypersensibilité connue à l'un des composants. - Hypersensibilité connue aux salicylés. - Hypersensibilité connue à l'un des composants. Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 2. Corticoïdes 1. Renseignements généraux et galéniques Deux classes de corticoïdes sont utilisées : - les corticoïdes classiques, par voie orale et voie topique, - les corticoïdes à faible effet systémique, par voie orale (budésonide). Cf Tableau I ci-dessous. 2. Propriétés pharmacologiques Corticoïdes classiques administrés par voie orale et par voie topique 2.1. Mécanisme d’action * Généralités Seuls sont mentionnés ici les corticoïdes les plus utilisés dans le traitement de la MC et qui sont utilisés dans la plupart des essais cliniques. Les glucocorticoïdes ont principalement des effets antiinflammatoires, immunosuppresseurs, sur le métabolisme et sur le système nerveux central. Tableau I : Renseignements généraux et galéniques (102) 1. Corticoïdes oraux CORTANCYL® SOLUPRED® (prednisone) (prednisolone) Présentation Comprimés 1, 5 et 20 mg Comprimés effervescents 5 et 20 mg Laboratoires Aventis Aventis Renseignements administratifs - Comprimés 1 mg AMM 302 589.7 (1956, validée 91, révisée 98). Flacon de 30. - Comprimés 5 mg AMM 309 752.0 (1964, validée 91, révisée 98). Boîte de 30. - Comprimés 5 mg AMM 302 590.5 (1955, validée 91, révisée 98). Boîte de 30 (blister). - Comprimés 20 mg : AMM 320 146.6 (1976, validée 91, révisée 98). Boîte de 20. - Comprimés 20 mg AMM 332 838.5 (1990, validée 91, révisée 98). Boîte de 20 (blister). - Comprimés orodispersibles 20 mg AMM 349 368.7 (1999) Boîte de 20. - Comprimés orodispersibles 5 mg AMM 349 367.0 (1999) Boîte de 30. Liste I. Remboursement Sécurité sociale : 65 %. Agréé Collectivités. Liste I. Remboursement Sécurité sociale : 65 %. Agréé Collectivités. 2. Corticoïdes topiques BETNESOL® (bétaméthasone) COLOFOAM® (hydrocortisone) PROCTOCORT® (hydrocortisone) Présentation Solution rectale. Poche 100 ml avec canule. Boîte unitaire. 5 mg de bétaméthasone/poche. Mousse rectale. Flacon pressurisé de 20 g (14 doses) avec applicateur doseur. Boîte unitaire. 2 g d’hydrocortisone/flacon. Mousse rectale. Flacon pressurisé (20 doses) avec applicateur muni d'un piston et d'une canule. Boîte unitaire. 2,85 g d’hydrocortisone/flacon. Laboratoires Glaxo Wellcome. Norgine Pharma. Boehringer Ingelheim. Renseignements administratifs AMM : 301 099.6 (1964, validée en 1993). AMM : 326 061.2 (1982, révisée en 1995) AMM : 326 060.6 (1982). Liste I. Remboursement Sécurité sociale : 65 %. Agréé Collectivités. Liste I. Remboursement Sécurité sociale : 65 %. Agréé Collectivités. Liste I. Remboursement Sécurité sociale : 65 %. Agréé Collectivités. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 25 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Les effets thérapeutiques recherchés pour la MC sont antiinflammatoires et immunosuppresseurs. — Prednisolone L’absorption orale de prednisone est rapide mais irrégulière. Le pic de concentration plasmatique est atteint en 4 à 5 heures. La demi-vie plasmatique est de 2,5 à 3,5 heures. Le métabolisme est hépatique. L’élimination est urinaire et biliaire. Le mode d'action des glucocorticoïdes comporte : - une liaison spécifique à un récepteur, - la production d'un complexe pénétrant dans le noyau cellulaire afin de se lier à une séquence nucléotidique spécifique, * Corticoïdes topiques — Bétaméthasone L’absorption rectale de bétaméthasone est limitée. - la modification de la transcription de l'ARN messager aboutissant à la production ou à l'inhibition de la production de certains médiateurs de l'inflammation. — Hydrocortisone L’absorption de l’acétate d’hydrocortisone sous forme de mousse par la muqueuse rectocolite saine est modérée. Le résultat global est une activité anti-inflammatoire. La mousse diffuse jusqu’au sigmoïde moyen et la partie proximale du sigmoïde. Chez l’homme sain, le passage de l’hydrocortisone dans la voie générale après administration rectale est très faible (3 %). La diffusion est plus importante lors d’une poussée de la maladie qu’en période de rémission. Elle est étalée dans le temps, témoignant d’un effet pansement et garantissant des concentrations sanguines de corticoïde proches des concentrations physiologiques. * Effets anti-inflammatoires Les corticoïdes agissent à différentes étapes de la réaction inflammatoire : - ils bloquent la réaction inflammatoire en inhibant l'augmentation de la perméabilité capillaire, permettant ainsi une régression de l'œdème et une diminution de la libération dans les tissus de diverses substances vaso-actives, - ils diminuent l'adhésion des macrophages et des granulocytes à l'endothélium capillaire lésé, 3. Études cliniques - ils inhibent la production de facteurs chimiotactiques qui favorisent la migration de ces cellules, Cf Tableaux II page 27 et Conclusion CNHIM ci-dessous. Les essais rapportés dans le tableau sont classés par ordre chronologique - ils interfèrent avec la phagocytose des antigènes par les macrophages et leur digestion intracellulaire. Le mécanisme d'action élucidé est le blocage de la libération d'acide arachidonique, à partir des phospholipides membranaires par inhibition de la phospholipase A2 ; ceci entraîne une inhibition de la production des prostaglandines. 4. Effets indésirables Non analysés ici. Cf Conclusion CNHIM ci-dssous. * Effets immunossuppresseurs 5. Renseignements thérapeutiques Les corticoïdes affectent surtout la réponse immunitaire de type cellulaire (lymphocytes de type T) et dans une moindre mesure la réponse immunitaire humorale (lymphocytes B). Ils inhibent la production d'interleukine 1, d'interleukine 2 et d'interféron gamma. Cf Tableau III page 29. 6. Conclusion CNHIM 6.1. Corticoïdes d’action systémique 2.2. Pharmacocinétique L’efficacité des corticoïdes dans les poussées évolutives est reconnue, bien que peu d'études cliniques concernant l'utilisation des corticoïdes systémiques dans la MC soient retrouvées dans la littérature. * Corticoïdes oraux — Prednisone L’absorption orale de prednisone est rapide. Le pic de concentration plasmatique est atteint en 1 à 2 heures. La demi-vie plasmatique est de 3,4 à 3,8 heures. Le métabolisme est hépatique. L’élimination est urinaire sous forme métabolisée (80 %) et sous forme inchangée (20 %). Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 Ils constituent le traitement le plus efficace des poussées de MICI, quelle que soit leur topographie. Leurs principales limites sont la fréquence des rechutes après sevrage, la corticodépendance, ainsi que les effets indésirables. 26 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Corticoïdes classiques administrés par voie orale - Études cliniques Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Clinical, biological and endoscopic picture of attacks of Crohn’s disease. Evolution on prednisolone - 1990 (64). Méthodologie Étude multicentrique, ouverte. 142 patients. Inclusion MC active, avec atteinte colique (CDAI > 200). Schéma posologique Prednisolone : 1 mg/kg/j jusqu’à rémission de la maladie, pendant au minimum 3 semaines et au maximum 7 semaines. Exclusion NR Durée de l’étude : 4, 5, 6 et 7 semaines. Évaluation - CDAI. - CDEIS. - Taux de rémission. - Marqueurs biologiques. - Endoscopie. Conclusion de l'étude Cette étude met en évidence l’efficacité de doses importantes de prednisolone sur l’ensemble des critères d’évaluation de la maladie de Crohn (clinique, biologique et endoscopique), avec un profil de tolérance acceptable (aucun effet indésirable n’a justifié le changement ou l’arrêt de traitement). Elle confirme de plus l’absence de corrélation entre rémission clinique (CDAI) et rémission endoscopique (CDEIS), puisque seulement 29 % des patients en rémission clinique présentent une rémission endoscopique (seulement 13 % ont une véritable rémission endoscopique : absence de lésions). CDAI : Crohn’s Disease Activity Index. MC : maladie de Crohn. * Score CDAI final (score à inclusion > 200 points) - Répondeurs : 75 ± 42 points (p < 0,001), - Non répondeurs : 243 ± 117 points (p = NS). * CDAI entre J0 et fin du traitement : diminution significative chez les répondeurs. * Score CDEIS, surface des lésions : - diminution significative dans le groupe répondeurs (p < 0,001), - non répondeurs : diminution non significative. * Marqueurs biologiques : - répondeurs : amélioration significative (p < 0,001) - non répondeurs : amélioration non significative Tolérance Effets indésirables : 32 patients (22,5 %) : face lunaire, insomnie, irritabilité, acné, glucosurie, HTA, hématome spontané, prise de poids. CDEIS : Crohn’s Disease Endoscopic Index of Severity. NR : non renseigné. Les corticoïdes ne sont pas un traitement d’entretien de la MC car à faibles doses ils sont en règle inefficaces, et à fortes doses leurs effets indésirables sont trop importants. - La prise de poids est un effet redouté par certains patients. Elle est due principalement à la stimulation de l'appétit et à l'effet sur les graisses et à la rétention hydrosodée. - L'effet minéralocorticoïde est généralement négligeable dans cette population de sujets jeunes et ne justifie pas de régime sans sel ou de supplémentation potassique systématique. Les corticoïdes habituellement utilisés par voie orale en France sont la prednisolone ou la prednisone à la posologie de 1 mg/kg/j pendant 3 à 7 semaines puis diminution progressive de la posologie. Il est inutile de poursuivre des fortes doses en cas de non réponse. - Les effets cutanés sont fréquents, plus gênants que graves, et comprennent acné, vergetures, amincissement de la peau, faciès lunaire et dépôts de graisse avec aspect de "bosse de bison". Ils sont indiqués dans les poussées franches (CDAI entre 250 et 400) ou en seconde intention dans les poussées légères à modérées. - Les problèmes ostéo-articulaires sont dominés par l'ostéopénie fréquente dans les MICI (environ 30 % des cas lorsqu'elle est recherchée par absorptiométrie biphotonique) traitées ou non par les corticoïdes et surtout s'il existe d'autres facteurs de risque associés (dénutrition, alitement, maladie active, ménopause, âge > 50 ans). Les effets indésirables de la corticothérapie par voie générale sont nombreux. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 Résultats * Taux de rémission : - à 4 semaines : 63 %, - à 5 semaines : 80 %, - à 6 semaines : 88 %, - à 7 semaines : 92 %. 27 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Corticoïdes classiques administrés par voie orale - Études cliniques (suite) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Glucocorticoid treatment in ileal Crohn’s disease : relief of symptoms but not of endoscopically viewed imflammation - 1990 (68). Méthodologie Étude multicentrique, ouverte. 8 patients. Schéma posologique Prednisolone : 30 mg/j pendant 2 semaines, puis 25 mg/j pendant 2 semaines, puis 20 mg/j jusqu’à la fin de l’étude. Durée de l’étude : 9 semaines. Inclusion MC avec antécédents chirurgicaux (résection iléocœcale + anastomose, colectomie + anastomose). - Mise en évidence endoscopique d’une récidive. Exclusion NR. Évaluation - Index Harvey et Bradshaw. - Nombre de selles/j. - Douleurs abdominales. - Taux de phospholipase-A2. - Rémission clinique. - Endoscopie. Conclusion Cette étude confirme l’efficacité des corticoïdes dans le traitement de la maladie de Crohn, en particulier sur la diarrhée et dans une moindre mesure sur les douleurs abdominales. Cependant, il n’y a pas de corrélation entre rémission ou amélioration clinique et amélioration endoscopique, puisque la totalité des patients présente toujours, en fin de traitement une inflammation de l’intestin. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index. Résultats * Index Harvey et Bradshaw (score) : - avant traitement = 10,9, - après traitement = 3,6 (p < 0,01). * Nombre de selles/j : - avant traitement = 7,8, - après traitement = 2,9 (p < 0,02). * Douleurs abdominales (score) : - avant traitement = 1,6, - après traitement = 0,5 (p > 0,05). * Taux de phospholipase-A2 (unités) : - avant traitement = 33, - après traitement = 32,6 (p > 0,05). * Rémission clinique chez 4 patients sur 8, et amélioration chez les 4 autres patients. Tolérance NR MC : maladie de Crohn. NR : non renseigné. L'ostéopénie cortisonique s'installe rapidement, dès les premiers mois de traitement. La dose minimale de corticoïde exposant à ce risque se situe entre 5 et 10 mg de prednisone par jour. Elle doit être prévenue par l'administration systématique de calcium et de vitamine D. Les biphosphonates doivent être utilisés s'il existe des facteurs de risque. La corticodépendance au cours des MICI est définie par la réapparition de symptômes de MICI lors de la diminution des doses de corticoïdes au-dessous d'un certain seuil. - La myopathie et l'amyotrophie s'observent en cas de corticothérapie prolongée et accentuent l'asthénie fréquente des patients. Si le seuil est supérieur à 30 mg, la corticodépendance doit être rapidement prise en compte et une alternative médicale ou chirurgicale trouvée. - Les risques de glaucome et de cataracte sont rencontrés lors d'une corticothérapie prolongée. Entre 10 et 30 mg, il est considéré qu'il existe une corticodépendance après une durée minimale de 6 mois et l'échec de 2 tentatives de sevrage sous un traitement salicylé à la posologie maximale. La durée de la corticothérapie et le nombre de tentatives de sevrage permettant de considérer que le malade est corticodépendant, varient en fonction de ce seuil. - Les troubles neuro-psychiques, comprenant euphorie, nervosité et insomnie, sont fréquents et réversibles à la baisse de la posologie et à l'arrêt du traitement. Une corticothérapie plus prolongée peut être discutée si la posologie est inférieure à 10 mg/jour. Les taux de corticodépendance dans la MC varient entre 18 et 45 % selon les critères utilisés et selon que l’évolution est prise en compte pendant les quelques mois qui suivent une poussée ou pendant une durée plus longue. - Les autres effets indésirables comprennent : l'augmentation de l'incidence des infections, la mauvaise cicatrisation des plaies, la baisse de la tolérance aux hydrates de carbone en cas d'obésité ou d'antécédent familial de diabète, l'hypertension artérielle. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 28 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau III : Renseignements thérapeutiques (102) 1. Corticoïdes oraux Indication AMM Posologies Contre-indications Absolues : - Tout état infectieux, à l'exception des indications spécifiées. CORTANCYL® comprimés à 1, 5 mg et 20 mg - Traitement d'attaque : 0,35 à 1,2 mg/kg/j. - Certaines viroses en évolution (notamment hépatites, herpès, varicelle, zona). Au cours des maladies inflam- - Etats psychotiques encore non matoires graves, la posologie contrôlés par un traitement. SOLUPRED® Poussées évolutives de la mala- varie de 0,75 à 1,2 mg/kg/j. - Vaccins vivants. comprimés die de Crohn. à 5 mg et 20 mg, - Hypersensibilité à l'un des - Traitement d'entretien : et constituants. 5 à 15 mg/j comprimés oro(les comprimés à 1 et 5 mg sont Il n'existe toutefois aucune contredispersibles indication absolue pour une corles mieux adaptés). à 5 mg et 20 mg ticothérapie d'indication vitale. Relatives : Médicaments non antiarythmiques donnant des torsades de pointes. 2. Corticoïdes topiques BETNESOL® COLOFOAM® PROCTOCORT® Maladie de Crohn colique. Maladie de Crohn colique. Maladie de Crohn colique. - Traitement de la poussée : Celles de la corticothérapie 1 lavement/jour pendant 15 à 20 générale : en particulier, tout état jours. infectieux ou mycosique non contrôlé par un traitement spéci- Traitement d'entretien : fique ; certaines viroses en évo4 à 6 lavements/mois. lution (herpès, zona) ; goutte ; ulcère gastrique ou duodénal 1 application par jour pendant 2 évolutif ; états psychotiques ; à 3 semaines, puis éventuellecirrhose alcoolique avec ascite ; ment 1 jour sur 2. hépatite aiguë à virus A, B, ou C. 1 dose par jour pendant 2 semaines, Contre-indications locales : obstruction, abcès, perforation, péripuis 1 dose tous les 2 à 3 jours tonite, anastomose intestinale pendant 4 semaines. récente, fistule extensive. L'existence d'une corticodépendance fait discuter un traitement immunosuppresseur, voire une intervention chirurgicale si l'étendue de la résection à effectuer est raisonnable. Le délai permettant de considérer que le malade est corticorésistant varie en fonction de la gravité de la poussée : il est de quelques jours dans les poussées graves et de plusieurs semaines dans les autres cas. Le taux de corticorésistance dans des poussées modérées à sévères de la MC est d'environ 8-10 %. La nutrition parentérale exclusive est efficace dans 60 à 80 % des formes corticorésistantes. La corticorésistance au cours des MICI peut être définie comme l'absence de rémission clinique à une corticothérapie orale à forte dose. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 29 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 6.2. Corticoïdes par voie locale 2.2. Pharmacocinétique Les corticoïdes rectaux sont principalement utilisés dans les localisations rectales de la MC. Cf Tableau II Le budésonide administré par voie orale est absorbé pour une très grande part au niveau intestinal : un tiers étant absorbé avant l'iléon, un tiers dans l'iléon terminal et un tiers dans le côlon ascendant. Cf Tableaux I et III. Budésonide La forte métabolisation hépatique dès son premier passage explique un faible passage systémique, et une faible biodisponibilité de 10 %, qui potentiellement est un facteur de bonne tolérance (4). Elle est souvent doublée pour les malades atteints de la MC. 1. Renseignements généraux et galéniques Cf Tableau I Les gélules d’ENTOCORT® à libération iléocolique droite contrôlée (lieu de prédilection de l'inflammation dans la MC, puisque 40 % de l’inflammation se situe au niveau du carrefour iléocœcal et 25 % au niveau du côlon) contiennent 3 mg de budésonide répartis dans une centaine de microgranules de 1 mm de diamètre, permettant une libération contrôlée du produit. Tableau II : Principaux paramètres pharmacocinétiques (85) Un noyau central sucré est entouré d'une membrane contenant les particules de budésonide. Cette membrane est recouverte d'une couche externe à délitement entérique (Eudragit®), assurant le délitement à un pH compris entre 5 et 5,5. Absorption iléo-colique ≈ 70 % Premier passage hépatique 90 % Biodisponibilité systémique 10 % Volume de distribution 3 l/kg Liaison aux protéines plasmatiques 88 % Demi-vie plasmatique 2-3h Clairance plasmatique 0,9 - 1,4 l/min 2. Propriétés pharmacologiques 2.1. Mécanisme d’action 3. Études cliniques Le mode d'action du budésonide est semblable à celui de tous les glucocorticoïdes. Cf Tableaux II et Conclusion CNHIM. Les essais rapportés dans le tableau sont classés par ordre chronologique. Le budésonide se caractérise par sa forte affinité pour les récepteurs spécifiques aux glucocorticoïdes. Cette affinité serait 15 fois plus importante que celle de la prednisone. Tableau I : Renseignements généraux et galéniques (102) ENTOCORT® (budésonide micronisé) Présentation Gélule 3mg (microgranules gastrorésistantes) Excipients : éthylcellulose, acétylcitrate de tributyle, Eudragit L30D, citrate de triéthyle, siméthicone, polysorbate 80, talc. Microgranules neutres : saccharose, amidon de maïs. Laboratoires Astra Zeneca Renseignements administratifs AMM 341 477.1 (1996 révisée 99). Flacon 45 gélules. Liste I. Remboursement Sécurité sociale : 65 %. Agréé aux collectivités. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 30 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Budésonide - Études cliniques Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion A comparison of budesonide with prednisolone for active Crohn’s disease - 1994 (85). Méthodologie Étude randomisée, double aveugle multicentrique. 176 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = 88) : budésonide : 9 mg/j pendant 8 semaines, puis 6 mg/j pendant 2 semaines. * Bras 2 (n = 88) : prednisolone : 40 mg/j pendant 2 semaines, puis diminution progressive des doses. Pas de traitement concomitant. Durée de l’étude : 1 an. Inclusion MC iléale et iléocœcale (CDAI > 200). Résultats Exclusion NR. * Score CDAI : - bras 1 : diminution de 100 points, - bras 1 : diminution de 130 points (p = 0,001). * Rémission (CDAI <150) : bras 1 = 53 % ; bras 2 = 66 % (p = 0,012). Évaluation Maintien de la rémission. CDAI. CRP. * Taux sanguin de CRP : pas de différence entre les 2 bras. Tolérance : Effets indésirables liés à la corticothérapie : bras 1: 33 % ; bras 2 : 55 % (p = 0,003). Conclusion de l'étude Cette étude ne permet pas totalement de mettre en évidence une équivalence ou une supériorité de l'efficacité du budésonide dans le traitement de la MC. L'intérêt du budésonide est son meilleur profil de tolérance. Oral budesonide as maintenance treatment for Crohn’s disease: a placebo-controlled, dose ranging study - 1996 (38). Méthodologie Étude randomisée, double aveugle multicentrique, versus placebo. 105 patients. Inclusion MC en rémission (CDAI < 150). Évaluation du budésonide dans le maintien de la rémission. Résultats Schéma posologique * Bras 1 (n = 33) : budésonide : 3 mg/j. Exclusion NR. * Délai moyen de rechute (CDAI >150) bras 1 = 124 j ; bras 2 = 178 j ; bras 3 = 39 j (p = 0,027). * Bras 2 (n = 36) : budésonide : 6 mg/j. Évaluation Maintien de la rémission CDAI. IBDQ. CRP. * Bras 3 (n = 36) : placebo. Arrêts de traitement pour efficacité insuffisante : bras 1= 58 % ; bras 2 : 58 % ; bras 3 : 64 %. * Relation effet/dose bras 2 > bras 1 (p = 0,041). * CDAI, IBDQ, CRP à 1 an : pas de différence significative entre les 3 bras. Durée de l’étude : 1 an. Conclusion de l'étude Les résultats de l’étude indiquent une efficacité supérieure du budésonide 6 mg sur le temps de rémission de la maladie, mais cependant, après un an de suivi, le taux de rechute n’est pas significativement différent entre les trois groupes de l’étude. Le budésonide est bien toléré, aucune différence significative n’a été mise en évidence avec le groupe placebo. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index. MC : maladie de Crohn. IBDQ : Inflammatory Bowel Disease Questionnaire. CRP : C reactive protein NR : non renseigné. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 Tolérance : Effets indésirables liés à la corticothérapie (acné, œdème, hirsutisme, face lunaire, bosse de bison, troubles hématologiques et biochimiques) : pas de différence significative entre les 3 bras. 31 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Budésonide - Études cliniques (suite) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Oral budesonide is as effective as oral prednisolone in active Crohn’s disease - 1997 (14). Méthodologie Étude randomisée, double aveugle multicentrique, versus placebo. 178 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = 58) : budésonide : 9 mg/j. * Bras 2 (n = 61) : budésonide : 4,5 mg x 2/j, réduction de la posologie de 9 mg à 6 mg à partir de 8 semaines, puis à 3 mg à partir de 10 semaines. * Bras 3 (n = 58) : prednisolone : 40 mg/j, réduction de la dose à 30 mg à partir de 2 semaines, puis diminution régulière jusqu'à la posologie de 5 mg à la 9ème semaine. Pas de traitement concomitant. Durée de l’étude : 12 semaines. Inclusion MC au cours des 24 mois précédents (CDAI > 200). Exclusion NR. Résultats Sorties d'essai : bras 1 = 16 % ; bras 2 = 16 % : bras 3 = 12 % (p = 0,78). * Rémission (CDAI < 150) à 8 semaines : bras 1 = 60 % ; bras 2 = 42 % : bras 3 = 60 % (p = 0,062). Évaluation - Rémission. - CDAI. - Inflammation. * Inflammation (vs, concentrations sériques de CRP, orosomucoïde) : pas de différence significative entre les 3 bras. Tolérance NR. Conclusion de l’étude Cette étude ne permet pas de mettre en évidence une différence significative du taux de rémission entre les patients traités par budésonide et les patients traités par prednisolone. Les effets indésirables liés à une corticothérapie semblent moins fréquents chez les patients traités par budésonide. A comparison of budesonide and mesalamine for active Crohn’s Disease - 1998 (95). Méthodologie Étude randomisée, double aveugle multicentrique. 182 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = 93) : budésonide : 9 mg/j. * Bras 2 (n = 89) : mésalazine : 2 g x 2/j. Pas de traitement concomitant. Durée de l’étude : 16 semaines. Inclusion MC active modérée (CDAI > 150). Résultats Sorties d’essai (aggravation, effets indésirables) : bras 1 = 17 %, bras 2 = 44 %. Exclusion NR. * Durée moyenne du traitement : bras 1 = 104 j ; bras 2 = 80 j (p < 0,001). Évaluation - Rémission. - CDAI. - Durée de traitement. * Taux de rémission (CDAI < 150) : bras 1 = 62 % ; bras 2 = 36 % (p < 0,001). * Délai de rémission : bras 1 = 28 j ; bras 2 = 84 j (p = 0,04). Tolérance * Cortisolémie abaissée : bras 1 = 33 % : bras 2 = 17 % (p = 0,06). Conclusion de l’étude Les résultats de létude indiquent une efficacité significativement supérieure du budésonide 9 mg, par rapport à la mésalazine 4 g, sur la rémission de la MC légère à modérée de l'iléon et/ou du côlon ascendant. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index. MC : maladie de Crohn. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 * Perturbation du test de stimulation surrénalienne par l'ACTH : bras 1 = 10 % : bras 2 = 0 % (p = 0,02). * Nombre de patients présentant des effets indésirables : pas de différence entre les 2 bras. CRP : C reactive protein NR : non renseigné. 32 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 4. Effets indésirables Remarque Le budésonide est inefficace dans le traitement d’entretien ou la prévention des rechutes de la MC à la posologie de 3 ou 6 mg/j. 4.1. Effets indésirables généraux Dans un essai versus prednisolone (14), il a été observé que : - 78 % des patients traités par budésonide 1 prise par jour ont présenté des effets indésirables, 5.2. Posologie - contre 90 % chez les patients traités par budésonide 2 prises par jour, ou par prednisolone. Réservé à l'adulte, 3 gélules (soit 9 mg de budésonide) en une seule prise le matin, pendant 8 semaines. Les gélules doivent être prises avant le petit déjeuner. Les effets indésirables type Cushing des glucocorticoïdes administrées par voie générale sont possibles (cf corticoïdes classiques). L'arrêt du traitement doit se faire progressivement en diminuant les doses. Les autres effets retrouvés au cours des essais ont été des troubles gastro-intestinaux à type de dyspepsie, nausées, douleurs épigastriques, des rashs, des symptômes dépressifs, des insomnies, des palpitations, des bouffées vasomotrices, des prises de poids, et des infections urinaires. 5.3. Contre-indications Cf corticoïdes classiques. 6. Conclusion CNHIM Le profil de tolérance du budésonide est meilleur que celui de la mésalazine (95), responsable d’un taux supérieur d'effets indésirables (céphalées, douleurs, nausées, rares diarrhées sécrétoires...). * Traitement des poussées légères à modérées affectant l'iléon et/ou le côlon ascendant. En fait, il convient de distinguer les effets indésirables observés lors des traitements des poussées, de ceux observés lors des traitement prolongés (1 an à la dose de 3 à 6 mg/j). Ce sont surtout ces derniers qu’il convient de prendre en considération, surtout si la posologie est augmentée à 9 mg/j. Dans le traitement des poussées, le budésonide est mieux toléré que les corticoïdes classiques. C’est là son avantage principal. - une supériorité d’efficacité du budésonide par rapport à la mésalazine, avec a priori un profil de tolérance équivalent. 4.2. Cortisolémie * Traitement d’entretien et prévention des rechutes post-chirurgicales L’analyse des différents essais cliniques permet de mettre en évidence (72) : - une efficacité équivalente voire inférieure à celle d’un corticoïde classique (prednisone, prednisolone). Dans l'ensemble des essais, une diminution de la cortisolémie et une perturbation des tests de stimulation à l'ACTH ont été constatés chez les patients traités par budésonide. Ces perturbations s’avèrent cependant moins importantes que chez les personnes traitées par prednisolone. Le risque d’insuffisance surrénalienne au moment du sevrage de la corticothérapie est de ce fait moindre avec le budésonide. Le budésonide, comme tous les corticoïdes, n’est pas indiqué dans le traitement d’entretien ni la prévention des rechutes post-chirurgicales de la MC car à faibles doses il est inefficace et à fortes doses ses effets indésirables sont trop importants. Toutefois, il retarde l’apparition des rechutes (56). Son intérêt réside dans sa tolérance qui est meilleure par rapport aux autres corticoïdes, d’où son utilité en relais de la corticothérapie classique en l’attente de l’action de l’azathioprine. 5. Renseignements thérapeutiques 5.1. Indication AMM Traitement d'attaque de la MC d'intensité légère à modérée affectant l'iléon et/ou le côlon ascendant. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 33 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 3. Immunosuppresseurs 3. Études cliniques Azathioprine (AMM) et 6-mercaptopurine (hors AMM) Cf Tableaux II et Conclusion CNHIM. 1. Renseignements généraux et galéniques 4. Effets indésirables Cf Tableau I. Non traités ici. Cf Conclusion CNHIM. 2. Mécanisme d’action 5. Renseignements thérapeutiques L'azathioprine se convertit rapidement en 6-mercaptopurine à près de 90 % dans les érythrocytes par un mécanisme enzymatique non saturable. Pour être cytotoxique, la 6-mercaptopurine est transformée dans la cellule, par voie enzymatique, en métabolites actifs : les nucléotides thioguanidiques ou 6-TGN qui sont aussi cytotoxiques. IMUREL® (azathioprine) : Cf Tableau III page 38. PURINETHOL® (6-mercaptopurine) : non traités ici. 6. Conclusion CNHIM 6.1. Efficacité (53) Une partie de la 6-mercaptopurine est également transformée en métabolites inactifs, par la thiopurine méthyltransférase (TPMT). En cas de déficit constitutif de l’activité de la thiopurine méthyltransférase ou de prise d’allopurinol, voire de dérivés aminosalicylés, une plus grande quantité de 6TGN est formée, exposant le patient à un risque accru de toxicité, notamment hématologique. L'efficacité de l'azathioprine et de la 6-mercaptopurine est reconnue dans la MC pour le contrôle des formes chroniques actives ou à poussées fréquentes : le pourcentage de succès défini par la rémission clinique et le sevrage des corticoïdes est voisin de 70 % après un an. Il existe une relation dose-effet, les doses d’azathioprine inférieures à 2 mg/kg/j étant peu ou pas efficaces. Les dérivés 6-TGN sont les principaux responsables de l'activité immunosuppressive de l'azathioprine et de la 6-mercaptopurine : effet antagoniste sur la biosynthèse des acides nucléiques lors de la prolifération des cellules de la réponse immunitaire, réponse qui est ainsi inhibée. Il existe un délai d’action de plusieurs semaines voire de quelques mois et il est donc nécessaire d’une part d’associer un corticoïde (budésonide 6 mg/j) durant cette période, et d’autre part de poursuivre le traitement pendant au moins 6 à 9 mois avant de conclure à un éventuel échec. Tableau I : Renseignements généraux et galéniques (102) IMUREL® PURINETHOL® (azathioprine) (6-mercaptopurine) Présentation Comprimés 1, 5, 20 mg. Comprimés effervescents 5 et 20 mg. Laboratoires Glaxo Wellcome. Glaxo Wellcome. Renseignements administratifs Comprimé 50 mg. AMM : 305 250.0 (1967, validée 97). Mis sur le marché en 1968. Boîte de 100 (blister) Comprimé sécable 50 mg. Mis sur le marché en 1965. Boîte de 25. Solution injectable 50 mg.Boîte unitaire. AMM 561 936.5. Liste I. Remboursement Sécurité sociale : 100 %. Agréé aux collectivités. Liste I. Réservé à l'usage hospitalier. Agréé aux collectivités. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 34 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Azathioprine/mercaptopurine - Études cliniques Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Azathioprine combined with prednisolone or monotherapy with prednisolone in active Crohn's disease - 1993 (31). Méthodologie Étude randomisée versus placebo. 42 patients. Inclusion MC active (CDAI > 150). Exclusion NR. Schéma posologique * Bras 1 (n = 21) : - prednisolone . posologie initiale : 60 mg/j, - puis réduction progressive (tapering regimen) jusqu’à 10 mg/j - AZA = 2,5 mg/kg/j. * Bras 2 (n = 21) : - prednisolone . posologie initiale : 60 mg/j, - puis réduction progressive (tapering regimen) jusqu’à 10 mg/j, - placebo. Durée de l’étude : 4 mois. Résultats * Taux de rémission (% patients CDAI < 150) : - bras 1 : 76 % (16/21), - bras 2 : 38 % (8/21) (p = 0,03). * CDAI : - bras 1 : diminution de 290 ± 97 à 72 ± 84 points, - bras 2 : diminution de 285 ± 110 à 155 ± 105 points, Différence significative à 8 semaines. Évaluation - Rémission. - CDAI. - Dose moyenne de prednisolone. * Dose moyenne de prednisolone par jour - bras 1 : 20,9 mg, - bras 2 : 26,7 mg (p = 0,02). Tolérance Pas d'effets indésirables majeurs. Conclusion de l’étude. L'association prednisolone + AZA est supérieure au traitement par prednisolone seule chez les patients atteints de MC active. Les patients recevant l'AZA montrent une rémission plus fréquente, plus rapide avec des doses inférieures de prednisolone. Remarque CNHIM. Les patients recrutés présentaient une poussée banale de MC et n’auraient pas dû recevoir d’AZA. De plus l’AZA n’est pleinement efficace qu’après 6 mois de traitement. A controlled double blind study of azathioprine in the management of Crohn's disease - 1995 (15). Méthodologie Étude contrôlée en double aveugle. 63 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = NR) : AZA : 2,5 mg/kg/j. Inclusion MC active. Tous les patients de l'essai ont une diminution de dose de prednisolone pendant 12 semaines. Exclusion NR. * Bras 2 (n = NR) : placebo. Durée de l’étude : 12 semaines préliminaires + 15 mois. Évaluation - Rémission. - Taux de sédimentation érythrocytaire, taux de CRP, numération leucocytaire. Résultats * Taux de rémission (% patients arrivés en rémission ou maintenus en rémission) : - à 12 semaines : pas de différence significative entre les 2 groupes, - à 15 mois : bras 1 = 42 % ; bras 2 = 7 % (p = 0,001). * Taux de sédimentation érythrocytaire, taux de CRP, numération leucocytaire : diminution significativement plus importante dans le bras 1. Tolérance Pas de cas sévères de myélosuppression ni de pancréatites cliniques. Conclusion de l’étude L'AZA offre un avantage thérapeutique par rapport au placebo dans le maintien de la rémission de la MC. AZA : azathioprine CRP : C reactive protein Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 CDAI : Crohn’s Disease Activity Index. MC : maladie de Crohn 35 NR : non renseigné. Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Azathioprine/mercaptopurine - Études cliniques (suite 1) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion 6-Mercaptopurine metabolism in Crohn's disease : correlation with efficacy and toxicity - 1996 (25). Méthodologie Étude ouverte. 25 adolescents. Inclusion MC active : 14 iléocolites, 11 colites. Schéma posologique 6MP : 1,2 mg/kg/j. Exclusion : NR. Durée de l’étude : 17 mois. Évaluation - Activité de la maladie. - Rémission. - Concentration érythrocytaires de 6TG et de 6MP (CLHP). Conclusion de l’étude Ces résultats montrent que la mesure par CLHP des concentrations érythrocytaires de métabolites du 6MP permettent une évaluation quantitative de la réponse du patient et de sa compliance au traitement. Les données sont en faveur du rôle immunosuppresseur de la 6TG et de la potentielle cytotoxicité des concentrations élevées de 6MP. Résultats * Activité de la maladie : significativement réduite (p = 0,001). * Taux de rémission clinique : 72 % patients (ayant arrêté la prednisone ou ayant été sevrés avec succès avec une faible dose /j). * Rémission corrélée avec les concentrations érythrocytaires de 6TG mais pas de 6MP. Tolérance Neutropénie associée avec l'utilisation de 6MP mais non corrélée avec la concentration érythrocytaire de métabolites de 6MP. Le 6MP induit des complications (hépatite, pancréatite, myélosuppression) qui sont généralement associées à une augmentation de la concentration de 6MP. * Un patient réfractaire à la 6MP a reçu de la 6Thioguanine mais sans qu’il y ait production mesurable de 6MP suggérant ainsi soit un déficit d'activité de la thiopurine méthyltransférase soit une mauvaise compliance. Lack of effect of intravenous administration on time to respond to azathioprine for steroïd-treated Crohn's disease - 1999 (87). Méthodologie Inclusion Résultats Étude randomisée, double aveugle, MC active en dépit d'un traite- * Taux de rémission (% patients à 8 semaines) versus placebo. ment par prednisone. bras 1 = 25 % (13) ; bras 2 = 24 % (11) Différence non significative. 96 patients. Exclusion : NR. La fréquence de rémission : Schéma posologique n'augmente pas après 8 semaines de traitement * Bras 1 (n = 51) : Évaluation dans chacun des groupes. - Rémission. AZA : 40 mg/kg IV pendant 36 h, - Concentration de 6TG : - Concentration de 6TG. puis AZA oral 2 mg/kg Les 2 bras ont atteint le niveau d'équilibre de pendant 16 semaines. 6TG à la semaine 2. * Bras 2 (n = 45) : Pas de différence des concentrations moyennes Placebo puis AZA oral 2 mg/kg, entre les 2 bras. pendant 16 semaines. Tolérance Effets indésirables : pas de différence entre les 2 bras. Durée de l’étude : NR. Conclusion de l’étude Une dose de charge d'AZA ne modifie pas la durée de réponse chez des patients porteurs de MC traités par stéroïdes et débutant un traitement par AZA. L'état d'équilibre du 6TG érythrocytaire et la réponse complète surviennent plus tôt que ce qui avait été précédemment rapporté. AZA : azathioprine MC : maladie de Crohn 6MP : 6-mercaptopurine Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 CRP : C reactive protein NR : non renseigné 6TG : nucléotides thioguanidiques 36 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Azathioprine/mercaptopurine - Études cliniques (suite 2) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Optimum duration of treatment with 6-mercaptopurine for Crophn’s disease- 1999 (47). Méthodologie Étude ouverte. 120 patients. Inclusion MC. Schéma posologique * Bras 1 (n = 84) : 6MP : - posologie initiale de 50 mg/j pendant 1 an, - et poursuite après 1 an. Exclusion NR. Résultats * Taux de rechute (% patients) : à 1, 2, 3 et 5 ans - chez les patients continuant le 6MP : 29 %, 45 %, 55 % et 61 %, - chez les patients arrêtant le 6MP : 36 %, 71 %, 85 % et 85 %. * Durée moyenne de rémission : - chez les patients continuant le 6MP : 32 mois (6 à 109 mois), - chez les patients arrêtant le 6MP : 16 mois (0,44 à 55 mois) (p < 0,004). Évaluation - Rechute. - Durée rémission. * Bras 2 (n = 36) : placebo - posologie initiale de 50 mg/j pendant 1 an, - et arrêt après 1 an. * Facteurs diminuant statistiquement la durée de rémission : - jeune âge (p < 0,022), - haute dose de 6MP (p < 0,006). Durée de l’étude : 8 semaines. Tolérance : NR. Conclusion de l’étude L'arrêt du 6MP pendant que la MC est en rémission, conduit à des taux plus élevés de rechute et la poursuite du 6MP réduit la probabilité de rechute. Ainsi, les auteurs concluent en faveur d'une utilisation au long cours de 6MP une fois que la rémission a été obtenue. A multicenter trial of 6-mercaptopurine and prednissone in children with newly diagnosed Crohn's disease - 2000 (57). Méthodologie Étude randomisée, contrôlée, multicentrique, en double aveugle, versus placebo. 55 enfants, âge moyen = 13 ± 2 ans. Schéma posologique* * Bras 1 (n = NR) : - prednisone = 40 mg/j, - 6MP = 1,5 mg/kg/j. * Bras 2 (n = NR) : - prednisone = 40 mg/j, - placebo. Inclusion MC modérée à sévère récemment diagnostiquée. Résultats * Durée d’utilisation des corticostéroïdes : plus courte (p < 0,001) et dose cumulée plus faible à 6, 12 et 18 mois dans le bras 1. Exclusion NR. * Rémission bras 1 et 2 = 98 %. * Rechute chez les répondeurs : - bras 1 = 9 % ; bras 2 = 47 % (p = 0,007). Évaluation - Durée d’utilisation des corticoïdes. - Rémission. - Rechute. Tolérance Pas d'effets indésirables cliniquement significatifs. Durée de l’étude : 18 mois. Conclusion de l’étude Bien que la leucopénie et l'augmentation d'activité de l'aminotransférase aient été notées dans le groupe 6MP, l'addition de 6MP au traitement par stéroïdes diminue significativement le besoin de prednisone et améliore le maintien en rémission. Les auteurs estiment donc que la 6MP devrait faire partie du traitement initial pour les enfants chez lesquels une MC modérée à sévère a été récemment diagnostiquée. * Les ajustements de dosage de prednisone sont basés sur un programme défini déterminé par le changement de score d'activité de la maladie et l'administration de stéroïde a été arrêtée quand la rémission a été obtenue. MC : maladie de Crohn Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 6MP : 6-mercaptopurine. NR : non renseigné 37 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Azathioprine/mercaptopurine - Études cliniques (suite 3) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion 6-mercaptopurine or methotrexate added to prednisone induces and maintains remission in steroïd dependent inflammatory bowel disease- 2000 (59). Méthodologie Étude ouverte. 72 patients. Inclusion 34 colites ulcéreuses. 38 MC. Schéma posologique En association à une corticothérapie * Bras 1 (n = NR) : 6MP = 1,5 mg/kg/j. Exclusion NR * Bras 2 (n = NR) : méthotrexate = 15 mg/semaine. Évaluation Rémission. Résultats * Colites - Taux de rémission : bras 1 = 78,6 % ; bras 3 = 25 % (p significatif), bras 2 = 58,3 %, p = NS versus bras 1 et 3. - Taux de maintien de la rémission : bras 1 = 63,6 % ; bras 2 = 14,3 % (p significatif), bras 3 = 0 %. * MC - Taux de rémission : bras 1 = 93,7 % ; bras 3 = 80 % ; bras 3 = 14 % ; bras 1 et 2 versus bras 3 : p = significatif. * Bras 3 (n = 75) : mésalazine = 3g/j. Durée de l’étude : 30 semaines. Conclusion de l’étude La 6MP ou le méthotrexate associés à la prednisolone peuvent être efficaces dans l'épargne des corticoïdes aussi bien dans l'obtention que dans le maintien de la rémission chez des patients atteints de MICI dépendant des stéroïdes. Le méthotrexate est moins efficace dans le maintien de la rémission chez des patients atteints de colites ulcéreuses. MC : maladie de Crohn NR : non renseigné - Taux de maintien de la rémission : bras 1 = 53,3 % ; bras 2 = 66,6 % (p significatif), bras 3 = 0 %. Tolérance. Effets indésirables notables : bras 1 = 13,3 % ; bras 2 = 11,5 % ; bras 3 = NR. 6MP : 6-mercaptopurine. Tableau III : Renseignements thérapeutiques IMUREL® (azathioprine)(102) Indication AMM IMUREL® comprimés à 50 mg Maladies dysimmunitaires telle que la MC. Posologies Dose d’attaque : 2 à 2,5 mg/kg/j. Dose d’entretien : 1 à 3 mg/kg/j. Contre-indications Absolues - Hypersensibilité connue à l'azathioprine ou à la 6-mercaptopurine. - Phénytoïne à visée prophylactique, vaccin contre la fièvre jaune. - Allaitement. Absolues - Hypersensibilité connue à l'azathioprine ou à la 6-mercaptopurine. Maladies dysimmunitaires Dose d’attaque : 5 mg/kg/j. - Phénytoïne à visée prophylactelle que la MC. IMUREL® tique, vaccin contre la fièvre jaune. Chez les patients intolérants aux Dose d’entretien : solution injectable - Allaitement car la 6-MP a été corticoïdes, corticodépendants 1 à 4 mg/kg/j. à 50 mg retrouvée dans le colostrum et le ou corticorésistants. Lorsque la voie orale est impos- Le relais par voie orale doit s'ef- lait maternel. fectuer dès que possible. sible. Relatives - Autres solutions pour perfusion ou mélange intraveineux. - Vaccins vivants atténués. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 38 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn * Immunosuppression L'azathioprine et la 6-mercaptopurine semblent n'avoir qu'un effet suspensif, la plupart des malades rechutant à l'arrêt du traitement. La rémission étant obtenue et le traitement maintenu, le taux de rechute est de 5 à 10 % par an. Aussi, certains auteurs concluent en faveur d'une utilisation au long cours de 6MP une fois que la rémission a été obtenue. Il semble toutefois que les patients arrêtant le traitement après 4 ans, ou plus, en rémission prolongée, ont un taux de rechute faible, similaire à celui des malades le poursuivant. En général, l’immunosuppression induite par l’immosuppresseur n’a pas de conséquences cliniques néfastes, hormis quelques viroses (zona, herpès...). Par contre, en cas d’association à d’autres médicaments immunosuppresseurs (corticoïdes, ciclosporine...) une couverture par cotrimoxazole est nécessaire. Méthotrexate (hors AMM) Il est possible de doser l’activité de la thiopurine méthyltransférase, ce qui peut permettre d’adapter la posologie de l’azathioprine (réduction en cas d’activité basse). 1. Renseignements généraux et galéniques Cf Tableau I 6.2. Effets indésirables L'azathioprine et la 6-mercaptopurine peuvent exposer à un certain nombre d'effets indésirables lors de leur utilisation dans le traitement des MICI. 2. Mécanisme d’action Le méthotrexate est un antinéoplasique cytotoxique du groupe des antifolates. Il agit comme un antimétabolite (52). * Intolérance Le principal mode d’action du méthotrexate est une inhibition compétitive de l’enzyme dihydrofolate réductase (DHFR), enzyme qui permet de réduire l’acide dihydrofolique en différents acides tétrahydrofoliques, nécessaires à la synthèse de l’ADN. Un petit nombre de malades présente des réactions d'intolérance (fièvre, éruption, douleur, nausées, diarrhée ou pancréatite) qui surviennent presque toujours dans le premier mois. * Troubles hématologiques À faible dose (5 - 25 mg/semaine), le méthotrexate agit par ses propriétés anti-inflammatoires (diminution de la production des cytokines). Une surveillance quotidienne de l'hémogramme durant les trois premiers mois est nécessaire pour détecter les exceptionnels déficits congénitaux en thiopurine méthyl transférase qui comportent un risque de pancytopénie précoce et sévère. Elle doit être prolongée durant toute la durée du traitement (toutes les 6-8 semaines) en raison du risque de myélosuppression tardif. À fortes doses, il agit par ses effets antiprolifératifs et immunosuppresseurs liés à l'inhibition compétitive de la dihydrofolate réductase. 3. Études cliniques * Troubles hépatiques Cf Tableaux II et Conclusion CNHIM. La toxicité hépatique peut s'exprimer sous forme d'une hépatite (le plus souvent cytolytique) ou exceptionnellement d'une péliose†, tout au long du traitement, justifiant une surveillance des tests hépatiques tous les 3 à 6 mois. 4. Effets indésirables Non traités ici. Cf Conclusion CNHIM. * Effet carcinogène 5. Renseignements thérapeutiques Le risque de cancer, colique notamment, n’est pas accru par le traitement. De rares lymphomes cérébraux ont été observés. 5.1. Indication hors AMM Traitement des MICI. 5.2. Posologies † affection caractérisée cliniquement par une fièvre, des douleurs abdominales et des troubles digestifs, par une élévation des enzymes hépatiques, par une prolifération et une dilatation des sinusoïdes hépatiques. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 La posologie d’attaque utilisée dans les MICI est de 25 mg/semaine en IM ou SC, pendant les 3 premiers mois. 39 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau I : Méthotrexate - Renseignements généraux et galéniques (102) LEDERTREXATE® NOVATREX® Méthotrexate Bellon® Méthotrexate Teva® Présentation Solution injectable à : 5 mg/2 ml, 25 mg/1 ml, 50 mg/2 ml. Comprimé à 2,5 mg. - Comprimé à 2,5 mg Solution injectable à - Solution injectable à : 50 mg/2 ml. 5 mg/2 ml, 25 mg/1 ml, 50 mg/2 ml. Laboratoires Wyeth-Lederle. Wyeth-Lederle. Aventis. Teva. Renseignements administratifs Ampoule 5 mg/ 2 ml : AMM : 315 012.5. AMM : 334 982.6. Flacon de 12. - Comprimé 2,5 mg : AMM : 306 706.8. Boîte de 20. AMM : 5601951. Boîte de 1 flacon. Ampoule 25 mg/1 ml : AMM : 316 021.8. - Flacon 5 mg/2 ml : AMM : 306 708.0. 550 343.8 Ampoule 50 mg/2 ml : AMM : 315 014.8. Flacon 25 mg/1 ml : AMM : 345 397.2 560 759.2 Boîte de 1 ampoule. Flacon 50 mg/2 ml : AMM : 345 012.3 561 500.2 Boîte de 1 flacon et boîte de 10 flacons (modèle hospitalier) Liste I. Remboursement Sécurité sociale : 100 %. Agréé aux collectivités. Liste I Remboursement Sécurité sociale : 65 %. Agréé aux collectivités. Lorsque le traitement s’avère efficace, la posologie peut être réduite à 15 mg/semaine. Le passage à la voie orale, avec diminution des doses, peut être tenté, mais au prix d’une perte importante d’efficacité. Liste I. Remboursement Sécurité sociale : 100 %. Agréé aux collectivités. Liste I. Remboursement Sécurité sociale : 100 %. Reservé usage hospitalier. - Vaccins vivants atténués, pénicillines, AINS (méthotrexate utilisé à des doses supérieures à 15 mg par semaine). - Comprimé : en cas d’hypersensibilité ou d’intolérance au gluten, en raison de la présence d’amidon de blé (gluten). 5.3. Contre - indications 6. Conclusion CNHIM - Allergie connue à l’un des constituants. Le méthotrexate est actuellement réservé en cas d’échecs ou d’intolérance à l’azathioprine (62). - Insuffisance rénale sévère. - Atteinte hépatique sévère - Insuffisance respiratoire chronique. 6.1. Efficacité - Phénytoïne à visée prophylactique, vaccin contre la fièvre jaune, probénécide, triméthoprime, phénylbutazone, salicylés (lorsque le méthotrexate est utilisé à des doses supérieures à 15 mg par semaine). Les différentes études permettent de plus de mettre en évidence son efficacité dans le traitement de la MC réfractaire aux autres thérapeutiques, et notamment dans les cas de corticodépendance ou corticorésistance. Il facilite en effet le sevrage en corticoïdes (32, 49) et permet de maintenir la maladie en rémission. - Femme enceinte ou allaitante. - Nécessité d’une contraception stricte aussi bien chez l’homme que chez la femme (agent tératogène). Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 40 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Méthotrexate - Études cliniques Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Methotrexate induces clinical and histological remission in patients with refractory inflammatory bowel disease - 1989 (49). Méthodologie Étude pilote, non randomisée, ouverte. 21 patients. Inclusion MICI réfractaire (14 MC, 7 RCH). Résultats * Réponse objective de la MC : 11/14 : RO = 13,3 à 5,4 (p = 0,0001). Schéma posologique Méthotrexate IM : 25 mg/semaine. Exclusion NR. * Posologie moyenne de prednisone : diminition de 21,4 ± 5,6 mg à 5,5 ± 2 mg (p = 0,006). Patients sous prednisone. Durée de l’étude : 12 semaines. Évaluation - Réponse objective de la MC. - Posologie prednisone. Conclusion de l’étude Étude pilote mettant en évidence une efficacité du méthotrexate dans le traitement des MICI. Tolérance Effets indésirables : - augmentation des transaminases, - leucopénie transitoire, - diarrhée, nausée, - fragilisation des ongles, - pneumonie. Methotrexate for the treatment of Crohn’s disease. The North American Crohn’s Study Group Investigators - 1995( 32). Méthodologie Étude multicentrique randomisée, double aveugle, versus placebo. 141 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = 94) : méthotrexate IM 25mg/semaine. * Bras 2 (n = 47) : placebo. Durée de l’étude : 16 semaines. Inclusion MC en rémission sous corticothérapie. Exclusion NR. Évaluation - Réponse objective de la MC. - Score moyen du CDAI. - Posologie prednisone. Conclusion de l’étude Efficacité du méthotrexate significativement supérieure sur le maintien de la rémission et le sevrage aux corticoïdes. Résultats * Maintien de rémission (CDAI < 150 + arrêt corticothérapie) : - bras 1 : 39,4 %, - bras 2 : 19,1% (p = 0,025). * Score moyen du CDAI : - bras 1 = 162 ± 12, - bras 2 = 204 ± 17 (p = 0,002). * Posologie prednisone : bras 1 < bras 2 (p < 0,026). Tolérance Arrêt du traitement pour effets indésirables graves (augmentation des transaminases, nausées) : bras 1 = 17 % ; bras 2 = 2 %. Methotrexate in chronic active Crohn’s disease : a double-blind, randomised, Israeli multicenter trial - 1997 (70). Méthodologie Inclusion Résultats Étude multicentrique, randomisée, MC réfractaire Rémission et rechute : double aveugle, versus placebo. (cortico-dépendance). pas de différence significative entre les 3 bras. 84 patients. Exclusion Tolérance Schéma posologique NR. NR. * Bras 1 (n = 26) : Remarque CNHIM méthotrexate per os = 12,5 mg/semaine. Évaluation Rémission et rechute. Les posologies de MTX et 6-MP sont insuffi* Bras 2 (n = 32) : santes, ce qui retire toute valeur à cette étude. 6-MP = 50 mg/j. Durée de l’étude : 9 mois. * Bras 3 (n = 26) : placebo. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index NR : non renseigné Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 MC : maladie de Crohn 6MP : 6-mercaptopurine 41 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Méthotrexate - Études cliniques (suite) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Methotrexate in Crohn’s disease : results of a randomized, double-blind, placebo-controlled trial - 1999 (3). Méthodologie Étude randomisée, double aveugle, versus placebo. 33 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = 13) : méthotrexate IM = 15 mg/sem (ou 22,5 mg/sem). * Bras 2 (n = 15) : placebo. Durée de l’étude : 1 an. Inclusion MC réfractaire (cortico-dépendance). Résultats * Taux de rémission (% patients) : - bras 1 : 54 %, - bras 2 : 20% (p < 0,1). Exclusion NR. * Marqueurs biologiques de l’inflammation : pas de différence significative. Évaluation - Rémission. - Marqueurs biologiques. Tolérance Effets indésirables : bras 1 = 23 % ; bras 2 = 0 % (p < 0,2). Conclusion de l’étude Taux de rechute inférieur dans le groupe méthotrexate, mais nombre d’effets indésirables supérieur. A randomized dose-response and pharmacokinetic study of methotrexate on refractory inflammatory Crohn’s disease and ulcerative colitis - 1999 (30). Méthodologie Inclusion Résultats Étude randomisée, simple aveugle. MC * Taux de rémission : 32 patients. (cortico-dépendance). bras 1 = bras 2. Schéma posologique * Bras 1 (n = 13) : méthotrexate SC = 15 mg/semaine. Exclusion : NR. * Amélioration (diminution du score CDAI): bras 1 = 33 % ; bras 2 = 39 % (p : NS). * Bras 2 (n = 15) : méthotrexate SC = 25 mg/semaine. Évaluation - Rémission. - Amélioration. Durée de l’étude : 16 semaines. Conclusion de l’étude Efficacité équivalente du méthotrexate à 15 ou 25mg/semaine. A comparison of methotrexate with placebo for the maintenance of remission in Crohn’s disease. The North American Crohn’s Study Group Investigators - 2000 (33). Méthodologie Étude multicentrique, randomisée, double aveugle, versus placebo. 76 patients. Inclusion MC en rémission avec 25 mg de méthotrexate par semaine. Résultats * Maintien de rémission (CDAI < 150) : - bras 1 : 65 %, - bras 2 = 39 % (p = 0,04). Exclusion : NR. Schéma posologique * Bras 1 (n = 40) : méthotrexate IM = 15 mg/semaine * Bras 2 (n = 36) : placebo. Évaluation - Rémission. - Recours à la corticothérapie. * Recours à corticothérapie : - bras 1 : 28 %, - bras 2 = 58 % (p = 0,01). Tolérance Aucun effet indésirable grave déclaré. Durée de l’étude : 40 semaines. Conclusion de l’étude Une faible dose de méthotrexate permet le maintien en rémission. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index NR : non renseigné Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 MC : maladie de Crohn NS : non significatif 42 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Le méthotrexate a l’avantage sur l’azathioprine d’offrir une réponse plus rapide (4 à 6 semaines), ce qui est particulièrement utile en cas de MC corticorésistante traitée par nutrition entérale continue ou parentérale. D’autres complications plus sévères ont été plus rarement rapportées dans d’autres affections : pneumopathies d’hypersensibilité, cytopénie, lymphomes et peuvent entraîner l’arrêt du traitement. Les modalités de réadministration (posologie, relais par voie orale) restent à définir. Par ailleurs une surveillance hématologique et hépatique est nécessaire toutes les 4 à 6 semaines. Certains préconisent une biopsie hépatique après une dose cumulée, variable selon les auteurs, de méthotrexate. 6.2. Effets indésirables La toxicité du méthotrexate est surtout hépatique (fibrose hépatique), nécessitant une surveillance biologique régulière et la réalisation d’une biopsie hépatique à la dose cumulée de 1,5 g et/ou en cas d'apparition de perturbation du bilan biologique hépatique. Les autres effets indésirables observés dans les MICI sont le plus souvent bénins : troubles digestifs, stomatites, éruptions, céphalées, sensations vertigineuses ou anomalies réversibles des tests hépatiques, plus tardivement une toux ou de la fièvre peuvent survenir. Ils contraignent à l’arrêt du traitement dans 10 à 25 % des cas. La prise d’acide folique (SPÉCIAFOLDINE® 1 comprimé par jour les deux jours suivant l’administration du méthotrexate diminue sa toxicité, sans diminuer son efficacité. Ciclosporine (hors AMM) (11, 34, 91) 1. Renseignements généraux et galéniques Cf Tableau I Tableau I : Renseignements généraux et galéniques (102) SANDIMMUN® Présentation NEORAL® Formes orales : - Capsules 25 mg, 50 mg et 100 mg. - Solution buvable 100 mg/ml fl 50 ml. Formes orales : - Capsules à 10 mg, 25 mg, 50 mg et 100 mg. - Solution buvable 100mg/ml fl 50ml. Formes injectables : Solution pour perfusion IV 50 mg/ml ampoules de 1ml et 5 ml. Laboratoires Novartis Pharma. Norgine Pharma. Renseignements administratifs * Formes orales : Prescription initiale hospitalière d’une durée de 6 mois. - Capsules 25 mg, boîte de 50 ; AMM : 346 302.5. - Capsules 50 mg, boîte de 50 ; AMM : 346 303.1. - Capsules100 mg, boîte de 50 ; AMM : 346 301.9. - Solution buvable 100 mg/ml, flacon 50 ml ; AMM : 346300.2. Prescription initiale hospitalière d’une durée de 6 mois. Formes orales : Capsules 10 mg, boîte de 60 ; AMM : 346 307.7. Capsules 25 mg, boîte de 60 ; AMM : 346 304.8. Capsules 50 mg, boîte de 60 ; AMM : 346 305.4. Capsules100 mg, boîte de 60 ; AMM : 346 306.0. Liste I - Remboursement Sécurité sociale : 100 %. Solution buvable 100 mg/ml flacon 50 ml : AMM : 346331.5. Agrée aux collectivités. Liste I. * Formes injectables : Réservé à l’usage hospitalier, aux services spécialisés. Remboursement Sécurité sociale : 100 %. Agréé aux collectivités. Solution pour perf IV 50 mg/ml : - amp 1ml, boîte de 10 ; AMM : 554579.6, - amp 5 ml, boîte de 10 ; AMM : 554 5804. Liste I. Agréé aux collectivités. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 43 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 2. Propriétés pharmacologiques 3. Études cliniques 2.1. Mécanisme d’action (11) Cf Tableau II et Conclusion CNHIM. La ciclosporine agit exclusivement sur les lymphocytes T activés et en particulier les CD4+. Son mécanisme d’action comporte l’inhibition de la transcription de l’IL2 et de la chaîne légère du récepteur de l’IL2, de la synthèse de l’IL3 et de celle de l’interféron gamma. 4. Effets indésirables Cf Tableau II et Conclusion CNHIM. Elle possède ainsi une activité immunosuppressive synergique de celle des corticoïdes qui inhibent la synthèse de l’IL1 et l’IL6 par les cellules présentatrices d’antigènes, et de l’IL2 par les lymphocytes T. 5. Renseignements thérapeutiques 5.1. Indication hors AMM (34, 91) La ciclosporine n’a aucune action sur l’hématopoïèse. Elle n’entraîne pas la destruction des lymphocytes, et son action est réversible à l’arrêt du traitement. La ciclosporine est utilisée hors AMM dans les MICI. Dans les colites expérimentales induites par le dextran, la ciclosporine prévient ou réduit l’inflammation intestinale, en inhibant la sécrétion d’IL2 par les lymphocytes CD4+ et l’expression des récepteurs à l’IL2 par les cellules impliquées dans la réponse immunitaire. Elle pourrait ainsi réduire les conséquences pathologiques d’une réponse immunitaire inadaptée. 5.2. Posologie - Formes orales : administration en 2 prises par jour pendant les repas. - Formes injectables : administration en perfusion de 24 heures. L’absence de prolifération des cellules effectrices B et T qui en résulte pourrait supprimer la cascade des cytokines impliquées en partie dans la pathogénie des phénomènes inflammatoires. Un contrôle régulier de la créatininémie doit être réalisé. En cas d’augmentation de plus de 30 %, la posologie de ciclosporine sera diminuée de 25 à 50 %. 2.2. Pharmacocinétique Un contrôle régulier de la pression artérielle doit être systématiquement réalisé. En cas d’hypertension artérielle rebelle aux traitements antihypertenseurs, le traitement par ciclosporine est interrompu. L’absorption de la ciclosporine se fait au niveau de l’intestin grêle supérieur. Dosage de la ciclosporinémie : 100 à 300 ng/ml de sang total. * Le SANDIMMUN® doit subir une émulsification préalable par les acides biliaires, puis l’action des enzymes pancréatiques pour pouvoir être absorbé. Cette étape préalable à l’absorption explique la variabilité interindividuelle des paramètres pharmacocinétiques de la ciclosporine (biodisponibilité = 20 à 50 % ; pic sérique atteint en 1 à 6 heures) (12). 5.3. Contre-indications - Hypersensibilité connue à la ciclosporine. - Melphalan, érythromycine, nifédipine, diurétiques hyperkaliémiants, sels de potassium. * Le NÉORAL® est une micro-émulsification de ciclosporine qui reproduit la phase du processus de digestion de la forme classique. L’absorption de ciclosporine est rendue moins dépendante du débit biliaire, de la motilité gastro-intestinale et de la prise concomitante d’aliments. Il en résulte ainsi une moindre variabilité des paramètres pharmacocinétiques du NÉORAL® et une meilleure biodisponibilité (29 % supérieure à celle de SANDIMMUN® (102). Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 - Infections mal contrôlées, antécédents d’affections malignes. - Insuffisance rénale, hypertension artérielle mal contrôlée. - Formes injectables : hypersensibilté connue à l’huile de ricin polyoxyéthylénée ou à un autre constituant de la spécialité. 44 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Ciclosporine - Études cliniques Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Low-dose cyclosporine for the treatment of Crohn’s disease - 1994 (34). Méthodologie Étude multicentrique randomisée, double aveugle, versus placebo. 305 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = 151) : ciclosporine per os : 2,5 mg/kg/j à 15mg/kg/j (ciclosporinémie : 200 ng/ml). * Bras 2 (n = 154) : placebo. Inclusion Stratification des patients en fonction du score CDAI : - CDAI < 150 : n = 193, - CDAI > 150 : n = 112. Exclusion : NR Évaluation - CDAI. - Rémission. - Qualité de vie. - Traitement concomitant. Résultats Sorties d’essai pour effets indésirables : bras 1 = 14,6 % ; bras 2 = 3,2 % (p = 0,003). * Rémission (diminution du CDAI de plus de 100 points) : bras 1 = 60,3 % ; bras 2 = 51,9 % (p = 0,10). * Temps médian de rémission : bras 1 = 338 jours ; bras 2 = 492 jours (p = 0,10). Risque relatif = 1,22 [0,86-1,72]. Durée de l’étude : 18 mois. * Score CDAI moyen, qualité de vie, prescription concomitante de 5-ASA ou corticoïdes : pas de différence significative. Conclusion de l’étude L’addition de faibles doses de ciclosporine à un traitement conventionnel de MC n’a pas permis de mettre en évidence une amélioration significative de la maladie et une diminution des autres traitements. Tolérance Effets indésirables : paresthésies, céphalées, hypertrichose, développement de cancer. European trial of cyclosporine in chronic active Crohn’s disease: a 12-month study - 1995 (91). Méthodologie Étude multicentrique randomisée, double aveugle, versus placebo. 182 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = 89) : ciclosporine : 5 mg/kg/j . * Bras 2 (n = 93) : placebo. (traitement concomitant par faibles doses de corticoïdes). Durée de l’étude : 12 mois. Inclusion Stratification des patients en fonction du score CDAI : - CDAI < 200, - CDAI > 200. Exclusion : NR. Évaluation - CDAI. - Rémission. - Qualité de vie. - Traitement concomitant. Résultats Sorties d’essai pour effets indésirables : - bras 1 = 7 patients (hypertrichose, paresthésie, céphalée, nausée, pneumonie) ; - bras 2 = 4 patients (acné, douleur, nausée). * Rémission (CDAI < 150) — Rémission à 4 mois : - bras 1 = 35 %, - bras 2 : 27 % (p > 0,05). — Rémission à 4 mois : - bras 1 = 20 %, - bras 2 : 20 %. Tolérance Effets indésirables graves dans le groupe ciclosporine : insuffisance rénale, dépression, septicémie. Conclusion L’addition de ciclosporine à un traitement par faible dose de corticoïdes ne permet pas de mettre en évidence une amélioration de la maladie significativement supérieure au seul traitement par corticoïdes. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index NR : non renseigné Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 MC : maladie de Crohn NS : non significatif 45 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 6. Conclusion CNHIM - Elle est prescrite par voie intraveineuse, à la posologie de 2 à 4 mg/kg/j pendant une durée de 5 à 10 jours, après contrôle de la cholestérolémie et de la magnésémie. La posologie est ensuite adaptée en fonction de la ciclosporinémie (cf renseignements thérapeutiques). La ciclosporine IV est ensuite relayée par la ciclosporine orale puis par l’azathioprine. Les études rapportant l’utilisation de ciclosporine dans le traitement des poussées ou la prévention des rechutes de la MC ne permettent pas de dégager une efficacité supérieure lorsque la ciclosporine est ajoutée à un traitement conventionnel, notamment aux corticoïdes. 6.1. Efficacité (62) : 6.2. Effets indésirables - La ciclosporine est un immunosuppresseur puissant et d’action rapide. - Administrée à faible dose par voie orale, elle s’avère inefficace dans le traitement de la maladie de Crohn chronique active. Des effets indésirables, le plus souvent bénins et réversibles sont fréquemment observés : paresthésie, hypertrichose, hypertension artérielle, tremblements, insuffisance rénale modérée, nausées ou vomissements, céphalées, anomalies réversibles des tests hépatiques, hypertrophie gingivale. - La ciclosporine sera réservée aux formes sévères de maladie de Crohn, notamment avec lésions anopérinéales et colites graves. Des accidents plus sérieux ont été également rapportés : épilepsie en cas de surdosage, infections opportunistes (aspergillose, pneumocystose, infection à CMV). - Par voie IV, la ciclosporine est utilisée dans le traitement médical intensif des poussées graves de la MC. Il faut prévoir une prévention des infections opportunistes, notamment de la pneumocystose (cotrimoxazole ou, en cas de contre-indication, aérosol de pentamidine), surtout en cas de traitement prolongé. - La ciclosporine est également utilisée dans le traitement des lésions ano-périnéales sévères et dans le traitement des fistules. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 46 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 4. Anticorps anti TNFa : infliximab L’humanisation de la molécule est de 75 %. Elle permet : Renseignements généraux et galéniques - de diminuer l’immunogénicité, Cf Tableau I - d’augmenter la demi-vie, Tableau I : Renseignements généraux et galéniques (102) - d’augmenter l’affinité de fixation des fragments constants des immunoglobulines sur les récepteurs membranaires correspondants (18, 69). Nom déposé REMICADE®. Laboratoires Schering-Plough. Forme galénique Poudre pour solution à diluer pour perfusion. A reconstituer avec 10 ml d’EPPI. Dosage 100 mg. Présentation Flacon verre – boîte unitaire. Excipients Saccharose, polysorbate 80, phosphate monosodique, phosphate disodique Pas d’agent conservateur. Conservation de la spécialité 24 mois. Entre + 2 et + 8°C. Ne pas congeler. Conservation de la solution reconstituée 24 heures entre +2°C et +8°C. Renseignements administratifs AMM : EU/1/99/116/001. (révisée 27/06/00) - CIP 562 070.1. Liste I. Agréé aux collectivités. L’anticorps est produit par fermentation en perfusion continue d’une culture de cellules de mammifère transfectées† par l’ADNc codant pour l’A2c. Il est ensuite purifié par une série d’étapes destinées à inactiver et éliminer les particules virales (102). Propriétés pharmacologiques 1. Mécanisme d’action Cf Figure 1. L’infliximab neutralise spécifiquement l’effet cytotoxique du TNF-α, naturel et recombinant, de façon dose-dépendante. Il se lie avec une très forte affinité et une grande spécificité au TNF-α soluble et transmembranaire (65). La constante d’affinité de l’infliximab, calculée à partir d’études de liaison de l’infliximab et du TNF-α recombinant humain, a été évaluée à 1010 M-1. Il a été montré in vivo que l’infliximab forme rapidement des complexes stables avec le TNF-α humain, mécanisme qui aboutit à une perte de l’activité du TNF-α. - Il bloque l’interaction du TNF-α soluble avec ses récepteurs transmembranaires p55 et p75, neutralisant ainsi son activité biologique (19) (sans neutraliser celle du TNF-β, lymphotoxine possèdant une homologie de structure de 30 % avec le TNF-α, se fixant sur ces mêmes récepteurs). Structure et préparation - Les cellules exprimant le TNF-α transmembranaire, après liaison à l’infliximab, peuvent être détruites par le complément ou par des systèmes cellulaires. Le TNF-α induit l’expression de chimiokines, cytokines et molécules d’adhésion. Ces éléments vont à leur tour favoriser le recrutement et l’activation des leucocytes, la synthèse accrue de protéines, la prolifération cellulaire responsables de l’inflammation de l’intestin, des dommages tissulaires et du développement de la fibrose. L’infliximab (A2c) est un anticorps monoclonal chimérique humain/murin de type IgG1 (94), spécifiquement dirigé contre le TNF-α humain, également appelé A2. Il est composé de deux chaînes légères κ et de deux chaînes lourdes γ1, reliées par des ponts disulfures. Les régions variables (V) d’origine murine présentent une très haute affinité et une spécificité pour le TNFα, dont elles bloquent les fonctions, aussi bien in vitro que in vivo. † : transfert dans une cellule d’ADN libre exogène, technique de base du génie génétique. Les régions constantes (C) sont d’origine humaine (IgG1κ). Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 47 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn TNFα (macrophages) Chimiokines IL8 Molécules d’adhésion ICAM-1, VCAM-1 Cytokines IFN-γ, IL-1β, IL-6, TNFα (macrophages, cellules endothéliales, cellules épithéliales intestinales) (cellules endothéliales) (macrophages, lymphocytes T, fibroblastes) Recrutement de leucocytes Activation de leucocytes Prolifération cellulaire Synthèse protéines CRP (cellules des muscles lisses) (hépatocytes) Inflammation chronique de l’intestin Lésions tissulaires Fibrose α dans la maladie de Crohn (69) Figure 1 : Actions pro-inflammatoires du TNF-α IL : interleukine ICAM : intercellular adhesion molecule VCAM : vascular cell adhesion molecule IFN : interferon TNF : tumor necrosis factor CRP: C reactive protein Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 sites d’action de l’infliximab. 48 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn La plupart des effets indésirables sont de sévérité faible à modérée, et les systèmes-organes les plus fréquemment concernés sont le système respiratoire et la peau. L’inhibition du TNF-α par l’infliximab va se traduire par : - une diminution des chimiokines, des molécules d’adhésion et des cytokines au niveau de l’épithélium intestinal et du plasma ; la diminution de ces facteurs pro-inflammatoires est souvent corrélée avec une amélioration clinique de la maladie, Les raisons les plus fréquentes d’arrêt de traitement sont liées à la perfusion (dyspnée, urticaire et de céphalées). - une diminution de la concentration plasmatique de CRP (marqueur de l’inflammation), Renseignements thérapeutiques - une diminution du nombre de macrophages au niveau des lésions, 1. Indications AMM - une diminution transitoire du nombre de polynucléaires circulants (monocytes, neutrophiles et lymphocytes). * Traitement de la maladie de Crohn active, sévère, chez les patients qui n'ont pas répondu malgré un traitement approprié et bien conduit par un corticoïde, et/ou un immunosuppresseur. 2. Pharmacocinétique (102) Des perfusions IV uniques de 1, 3, 5, 10 ou 20 mg/kg d’infliximab ont produit une augmentation linéaire proportionnelle de la Cmax et de l’AUC. Aux doses uniques de 3, 5 ou 10 mg/kg, les valeurs médianes de Cmax sont respectivement de 77, 118 et 277 µg/ml. * Traitement de la maladie de Crohn fistulisée, chez les patients qui n'ont pas répondu malgré un traitement conventionnel approprié et bien conduit. Remarque L’infliximab est également indiqué dans la polyarthrite rhumatoïde. Le volume de distribution est de 3 à 4,1 litres, correspondant au compartiment vasculaire. Les voies d'élimination de l'infliximab n'ont pas été identifiées. L'infliximab inchangé n'a pas été détecté dans les urines. La demi-vie d'élimination terminale moyenne de ces doses est comprise entre 8 et 9,5 jours. 2. Posologie L’infliximab n'a pas été étudié chez l'enfant ni chez le jeune adulte (0-17 ans). L’infliximab reste détectable dans le sérum 8 semaines après une administration unique et 12 semaines (intervalle de 4 à 28 semaines) après administrations réitérées à 0, 2 et 6 semaines. Les paramètres pharmacocinétiques de l'infliximab chez le patient âgé n'ont pas été étudiés. Aucune étude n'a été réalisée chez les patients souffrant d’une maladie hépatique ou rénale. Le traitement doit être administré sous la surveillance de spécialistes en raison des effets indésirables. Un équipement d'urgence doit être disponible. Le retraitement périodique n’est pas dans l’AMM. * Maladie de Crohn active, sévère 5 mg/kg en perfusion intraveineuse d'une durée de 2 heures. * Maladie de Crohn fistulisée Études cliniques Perfusion initiale de 5 mg/kg d'une durée de 2 heures, suivie d’une perfusion supplémentaire de 5 mg/kg aux semaines 2 et 6 après la première perfusion. Cf Tableaux II et Conclusion CNHIM. Dans la MC, l'efficacité à long terme de l'administration répétée est en cours d’évaluation. Toutefois, si les signes et symptômes de la maladie réapparaissent, l’infliximab peut être réadministré dans les 14 semaines suivant la dernière perfusion. Effets indésirables (2, 102) Cf Tableau III Lors des études cliniques, les effets indésirables imputables au traitement ont été observés chez 57 % des patients traités par infliximab, contre 36 % des patients traités par placebo. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 Au delà, le risque d'hypersensibilité retardée après réadministration est inconnu. 49 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Infliximab - Études cliniques Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Treatment of Crohn’s disease with anti-tumor necrosis factor chimeric monoclonal antibody (cA2) - 1995) (100). Objectif Mise en évidence du rôle du TNFα (infliximab) dans le processus inflammatoire de la MC. Méthodologie Étude ouverte, conduite dans un centre unique. 10 patients inclus. Schéma posologique 1 perfusion IV unique de 2 heures. * Bras 1 (n = 8) : infliximab = 10 mg/kg. * Bras 2 (n = 2) : infliximab = 20 mg/kg (évaluation de tolérance de fortes doses). Durée de l’étude : 8 semaines Inclusion MC corticorésistante, évoluant depuis 6 ans. Résultats Évaluation sur 9 patients. Caractéristiques : CDAI = 202 à 355 (moyenne = 258). * Coloscopie à 4 semaines : guérison quasi totale des ulcérations (p < 0,002). Les traitements immunosuppresseurs concomitants sont poursuivis. Exclusion - Traitement par azathioprine débuté moins de 3 mois avant l’inclusion dans l’étude. - Patient HIV +. - Traitements susceptibles de modifier la synthèse de TNF (pentoxifylline, plasmaphérèse). * Cotation subjective à 4 semaines : = 1 ou 2 pour 8/9 patients. * Score CDAI : diminution significative (p < 0,0001) : - à 2 semaines = 114, - à 4 semaines = 79, - à 6 semaine = 61, - à 8 semaines = 69 7/9 patients sont en rémission au bout de 8 semaines. * Concentration plasmatique de CRP à 2 semaines diminution significative (p < 0,001). * Concentration plasmatique d’IL2 : < 10 pg/ml à 2 semaines (p = 0,49). Évaluation * Coloscopie. * Cotation subjective par le médecin, de la maladie établie avant le traitement : 1 = excellente réponse, 2 = bonne réponse, 3 = réponse modeste, 4 = pas de réponse, 5 = aggravation. * CDAI déterminé 1 semaine avant traitement, et aux semaines 2, 4, 6 et 8. *Rémission (CDAI < 150). * CRP et IL-6, concentrations plasmatiques mesurées avant traitement. * Récepteurs solubles du TNF (p55 et p75), concentrations plasmatiques. * Concentration plasmatique des récepteurs au TNF p55 et p75 : pas d’évolution significative de la (p 0,72 et p = 0,68). Tolérance Pas d’effets indésirables notifiés pendant et après la perfusion. Conclusion du CNHIM Cette étude dont le but est de montrer l’implication du TNF dans la MC peut être critiquée du fait d’un faible effectif (n = 10) et de sa méthodologie (étude ouverte). Ces critiques peuvent remettre en cause la significativité des résultats. * Tolérance. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index MC : maladie de Crohn. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 CRP : C reactive protein NR : non renseigné. 50 IL-6 : interleukine 6 TNF : tumor necrosis factor Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II Infliximab - Études cliniques (suite 1) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion A short-term study of chimeric monoclonal antibody cA2 to tumor necrosis factor α for Crohn’s disease - 1997 (93). Objectif Déterminer l’activité de l’infliximab à court terme. Méthodologie Étude multicentrique en double aveugle, randomisée, versus placebo. Suivie d’une étude ouverte à 12 semaines pour les patients non répondeurs. 108 patients inclus. Schéma posologique * Étude en double aveugle : 1 perfusion IV unique de 2 heures - bras 1 (n = 83) : infliximab . 5 mg/kg (n = 27), . 10 mg/kg (n = 28), . 20 mg/kg (n = 28), - bras 2 (n = 25) : placebo. * Étude ouverte (non répondeurs) : 1 perfusion IV unique de 2 heures à 10 mg/kg d’infliximab. Durée de l’étude : 12 semaines. Inclusion MC modérée à sévère résistant aux traitements conventionnels, évoluant depuis au moins 6 mois. Caractéristiques : - CDAI = 220 à 400 (moyenne = 300), - IBDQ = 32 à 224, - CRP = 12,8 à 23,2 mg/l. Exclusion - Traitement par ciclosporine, méthotrexate ou autre médicament en essai dans les 3 mois avant l’inclusion. - Sténose symptomatique, rétrécissement iléal, colectomie, stomie. - Antécédents d’allergie aux protéines murines. - Traitement précédent par anticorps. - Traitement par corticoïdes dans les 4 semaines précédant l’inclusion. Évaluation Évaluation à 2, 4 et 12 semaines. * Réponse clinique : - diminution du score CDAI d’au moins 70 points à 4 semaines. - IBDQ compris entre 170 et 190. *Rémission : CDAI < 150. * Tolérance. Résultats * Réponse clinique : - à 2 semaines : bras 1 = 61 % ; bras 2 = 17 % (p < 0,001), - à 4 semaines : bras 1 = 81 % ; bras 2 = 17 % (p < 0,001), - à 12 semaines : bras 1 = 48 % ; bras 2 = 12 % (p = 0,008). * Rémission : - à 2 semaines : bras 1 = 27 % ; bras 2 = 4 % (p = 0,06), - à 4 semaines : bras 1 = 48 % ; bras 2 = 4 % (p = 0,005), - à 12 semaines : bras 1 = 20 % ; bras 2 = 8 % (p = 0,31). * Non répondeurs (étude ouverte) : - bras précédemment traité par infliximab, tous dosages confondus (n = 29) : . réponse clinique à 4 semaines après la deuxième perfusion = 34 %, . rémission = 17 %, - bras précédemment traité par placebo (n = 19) : . réponse clinique = 58 % (p = 0,14), . rémission = 47 % (p =0,05). Il ne semble pas y avoir de relation effet-dose d’infliximab. Tolérance Effets indésirables répertoriés à 2, 4, 12 semaines et au cours de l’étude ouverte (tous effets confondus) : bras 1 = 75 % ; bras 2 = 60 % (p = NS). Conclusion CNHIM Une perfusion unique (5 mg/kg) d’infliximab montre une efficacité à court terme (12 semaines) en terme de réponse clinique sur la MC modérée à sévère, comparativement à un placebo. Cette conclusion n’est pas vérifiée pour la rémission, la différence entre groupe infliximab et placebo n’étant plus significative après 4 semaines. L’activité à long terme et notamment la ré-administration doit être davantage évaluée. Le profil de tolérance d’infliximab, évalué à court terme, n’apparaît pas différent de celui du placebo. IBDQ : Inflammatory Bowel Disease Questionnaire. CRP : C reactive protein NR : non renseigné. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 CDAI : Crohn’s Disease Activity Index. MC : maladie de Crohn. TNF : tumor necrosis factor 51 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Infliximab - Études cliniques (suite 2) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Endoscopic and histological healing with Infliximab anti-tumor necrosis factor antibodies in Crohn’s disease : a European multicenter trial - 1999 (26). Objectif Évaluer la corrélation guérison clinique et guérison histologique et endoscopique. Méthodologie Étude multicentrique, randomisée, en double aveugle, versus placebo. 30 patients inclus*. Schéma posologique 1 perfusion IV unique de 2 heures * Bras 1 (n = 22) : infliximab . 5 mg/kg (n = 7), . 10 mg/kg (n = 7), . 20 mg/kg (n = 8). * Bras 2 (n = 8) : placebo. Durée de l’étude : 4 semaines. Inclusion MC modérée à sévère résistant aux traitements conventionnels, évoluant depuis au moins 6 mois. Caractéristiques : - CDAI = 220 à 400, - IBDQ = 32 à 224, - CRP = 12,8 à 23,2 mg/l. Exclusion - Traitement par ciclosporine, méthotrexate ou autre médicament en essai dans les 3 mois avant l’inclusion. - Sténose symptomatique, rétrécissement iléal, colectomie, stomie. - Antécédents d’allergie aux protéines murines. - Traitement précédent par anticorps. - Traitement par corticoïdes dans les 4 semaines précédant l’inclusion. Évaluation * Réponse clinique - Diminution du score CDAI. - Diminution de CRP. * Réponse endoscopique - Colofibroscopie et iléoscopie avant et 4 semaines après la perfusion. - Diminution du score CDEIS. Résultats * Réponse clinique - Score CDAI et concentrations plasmatiques de CRP : diminution significative. - Pas de relation effet-dose mis en évidence. * Réponse endoscopique - Score CDEIS, amélioration des lésions endoscopiques : diminution. - Disparition des ulcères au niveau du côlon droit (95 %) et du rectum (96 %). * Réponse histologique : Réduction de inflammation aiguë et chronique (disparition complète des neutrophiles après traitement par infliximab). Tolérance : NR. Conclusion CNHIM Il ne semble pas y avoir de relation effet-dose d’infliximab. Contrairement aux traitements par glucocorticoïdes (faible corrélation entre la réponse clinique et la sévérité des lésions endoscopiques), cette étude permet de mettre en évidence une corrélation significative entre : - les variations des valeurs de CDEIS et de CDAI (r = 0,56, p = 0,002), - les variations de valeurs de CDEIS et de CRP, à un moindre degré (r = 0,47, p = 0,011). Il y a donc corrélation entre l’amélioration endoscopique et clinique de la MC. * Réponse histologique : Diminution de l’inflammation (infiltration par mononucléaires, polynucléaires, érosions ou ulcères). * extraits de l’étude Targan 1997 (76) * Corrélation réponse endoscopique – histologique - clinique. IBDQ : Inflammatory Bowel Disease Questionnaire. CDEIS : Crohn’s Disease Endoscopic Index of Severity. MC : maladie de Crohn. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 CDAI : Crohn’s Disease Activity Index. CRP : C reactive protein NR : non renseigné. 52 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Infliximab - Études cliniques (suite 3) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Infliximab for treatment of fistulas in patients with Crohn’s disease - 1999 (77). Objectif Évaluation de l’efficacité de l’infliximab dans la MC compliquée de fistules, chez les patients en échec de traitement (5-ASA, corticoïdes). Méthodologie Étude multicentrique randomisée, double aveugle, versus placebo. 94 patients. Schéma posologique * Bras 1 (n = 31) : infliximab = 5 mg/kg. * Bras 2 (n = 32) : infliximab = 10 mg/kg. * Bras 3 (n = 31) : placebo. Durée de l’étude : 34 semaines. Inclusion Fistules abdominales ou perianales depuis plus de 3 mois. Exclusion - Traitement par ciclosporine. - Autres complications de la MC. - Allergie connue aux protéines murines. - Traitement précédent par infliximab. Évaluation - Diminution de 50 % ou plus du nombre de fistules drainées entre 2 visites consécutives. - Fermeture des fistules = réponse complète, - Score CDAI. - Perianal Disease Activity Index. - Délai de réponse. - Recherche Ac antiDNA, antinoyau. - Tolérance. Résultats * Nombre de fistules : - bras 1 : diminution chez 68 % des patients, - bras 2 : diminution chez 56 % des patients (bras 1 versus bras 2 : p non significatif), - bras 3 : diminution chez 26 % des patients (bras 1 et 2 versus bras 3 : p = 0,002). * Réponse complète : - bras 1 = 55 % des patients, - bras 2 = 38 % des patients, - bras 3 = 13 % des patients (p = 0,001). * CDAI et Perianal Disease Activity Index : à 2 ou 18 semaines : pas de différence significative entre les 3 bras. * Délai de réponse (temps médian) : - bras 1 et 2 = 2 semaines, - bras 3 = 6 semaines. * Durée médiane de réponse : approximativement 3 mois. * Ac antiDNA, anti-noyau : présents chez 13 % des patients des bras 1 et 2. Tolérance Effets indésirables : - bras 1 et 3 : 65 % des patients, - bras 2 : 84 % (céphalées, abcès, infections respiratoires, asthénie). Conclusion CNHIM L’administration d’infliximab permet d’obtenir une réduction significative, voire une disparition des fistules chez les patients atteints de MC, en échec de traitements conventionnels (mésalazine, corticoïdes). Il ne semble pas y avoir de relation dose-efficacité, les patients traités à la posologie de 5 mg/kg présentent même un taux de réponse supérieur aux patients traités par 10 mg/kg (68 % versus 56 % : différence non signifcative). Un suivi prolongé est cependant nécessaire pour évaluer l’efficacité d’infliximab et la tolérance à long terme. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index. MC : maladie de Crohn. TNF : tumor necrosis factor Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 CRP : C reactive protein NR : non renseigné. 53 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Infliximab - Études cliniques (suite 4) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Efficacy and safety of retreatment with anti-tumor necrosis factor antibody (infliximab) to maintain remission in Crohn’s disease - 1999 (83). Objectif Intérêt des ré-administrations d’infliximab dans le maintien de la rémission de la MC. Méthodologie Étude randomisée, double aveugle versus placebo*. 73 patients : - 37 patients précédemment traités par infliximab, - 36 patients précédemment traités par placebo. Schéma posologique * Bras 1 (n = 37) : infliximab 10 mg/kg, toutes les 8 semaines, 4 administrations au total. * Bras 2 (n = 36) : placebo. Durée de l’étude : 36 semaines. Inclusion - MC active, modérée à sévère, résistante aux traitements conventionnels, avec rémission à la première cure (perfusion unique : infliximab 5, 10 ou 20 mg/kg ou placebo). - Traitements concomitants acceptés (mésalazine, corticoïdes ou azathioprine, 6-mercaptopurine). Exclusion Traitements par ciclosporine, méthotrexate ou autre médicament en essai. Évaluation - Arrêt de traitement pour inefficacité. - Maintien de rémission (scores CDAI, IBDQ). - Ac anti-noyau, anti-infliximab. - Tolérance. Résultats * Sorties d’essais (manque d’efficacité) : - Bras 1 : 27 % ; bras 2 : 39 %. - Patients précédemment traités par infliximab : 10,8 %. - Patients précédemment traités par placebo : 33 %. * Maintien de la rémission : (à 36 semaines après la dernière administration) bras 1 = 72% ; bras 2 = 44 % (p = 0,018). La différence n’est plus significative à 44 semaines. * Durée médiane de rechute : - bras 1 = > 48 semaines, soit 12 semaines après la dernière administration, - bras 2 = 37 semaines. * Concentrations plasmatiques d’infliximab : - constantes entre 2 perfusions, - détectables 12 semaines après la dernière administration chez la majorité des patients. * Ac anti-noyau, anti-infliximab 2 patients retraités par infliximab ont présenté des Ac anti-DNA. Tolérance - Arrêts de traitement pour effets indésirables : bras 1 = 6 patients. - Effets déclarés chez plus de 10 % des patients : infections respiratoires, céphalées, douleurs abdominales, nausées, fièvre, bronchite, pharyngite. * Extension de l’étude Targan (1997) (3) à la semaine 12. Conclusion CNHIM Chez les patients chez lesquels l’administration d’infliximab a permis d’obtenir une rémission de la maladie, un retraitement semble permettre de retrouver le bénéfice de la première cure. Des études supplémentaires permettraient une évaluation à plus long terme de la tolérance d’infliximab. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index. CRP : C reactive protein NR : non renseigné. IBDQ : Inflammatory Bowel Disease Questionnaire. CDEIS : Crohn’s Disease Endoscopic Index of Severity. MC : maladie de Crohn. TNF : tumor necrosis factor Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 54 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau III : Effets indésirables observés lors des études cliniques (102) (observés chez 57 % des patients traités par infliximab, contre 36 % des patients traités par placebo) Fréquence Effets indésirables Fréquents Infection virale (e.g. grippe, infections à herpès), fièvre. Peu fréquents Abcès, cellulite, moniliase, sepsis, mauvaise cicatrisation, infection bactérienne, tuberculose, infection fongique. Immunité Peu fréquents Autoanticorps, syndrome lupique, anomalie des fractions du complément. Sang Peu fréquents Anémie, leucopénie, lymphadénopathie, lymphocytose, lymphopénie, neutropénie, thrombocytopénie. Psychiatrique Peu fréquents Dépression, confusion, agitation, amnésie, apathie, nervosité, somnolence. Système nerveux central et périphérique Fréquents Céphalée, vertiges/étourdissement. Peu fréquents Aggravation de maladies démyélinisantes à type de sclérose en plaques. Vision et audition Peu fréquents Conjonctivite, endophthalmie, kératoconjonctivite. Fréquents Bouffées de chaleur. Peu fréquents Écchymose/hématome, hypertension, hypotension, syncope, pétéchies, thrombophlébite, bradycardie, palpitations, vasospasme, cyanose, ischémie périphérique, arythmie. Fréquents Infection des voies respiratoires hautes, infection des voies respiratoires basses (e.g. bronchite, pneumonie), dyspnée, sinusite. Peu fréquents Épistaxis, bronchospasme, pleurésie, réactions allergiques du système respiratoire, oedème pulmonaire. Fréquents Nausée, diarrhée, douleur abdominale, dyspepsie. Peu fréquents Constipation, reflux gastro-oesophagien, chéilite, diverticulite. Fréquents Fonction hépatique anormale. Peu fréquents Cholécystite. Fréquents Rash, prurit, urticaire, sudation augmentée, sécheresse cutanée. Peu fréquents Dermatite fongique/onychomycose, eczéma/séborrhée, orgelet, éruption bulleuse, furonculose, oedème périorbital, hyperkératose, rosacée, verrue, pigmentation/coloration anormale de la peau, alopécie. Résistance au traitement Cardiovasculaire Système respiratoire Système gastro-intestinal Système hépatique et biliaire Peau et appendices Système musculo-squelettique Peu fréquents Myalgie, arthralgie. Système urinaire Peu fréquents Infection du tractus urinaire, pyélonéphrite. Organes de reproduction Peu fréquents Vaginite. Fréquents Fatigue, douleur thoracique, réactions liées à la perfusion. Peu fréquents Oedème, rougeurs, douleur, frissons/tremblements, réactions anaphylactiques. Général Réactions au point Peu fréquents d'administration/application Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 Réactions au point d'injection. 55 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 3. Mode d’administration Lorsque ces réactions surviennent, la perfusion doit être interrompue immédiatement. Un équipement d’urgence, tels que adrénaline, antihistaminiques, corticoïdes ainsi qu’une assistance respiratoire doivent être disponibles. Les patients peuvent être prémédiqués avec un antihistaminique et/ou du paracétamol afin de prévenir la survenue d’effets indésirables légers et transitoires. 3.1. Reconstitution Reconstituer la solution du flacon de REMICADE® avec 10 ml d'eau pour préparations injectables, à l'aide d'une seringue équipée d'une aiguille de 21 gauges (0,8 mm) ou d’un diamètre inférieur. Mélanger doucement la solution par rotation du flacon. Ne pas agiter de façon prolongée ou trop énergique. Ne pas secouer. De la mousse provenant de la solution peut apparaître lors de la reconstitution. Laisser reposer la solution ainsi obtenue pendant 5 minutes. Vérifier que la solution est incolore à faiblement jaune, opalescente. La solution peut contenir quelques particules fines et translucides car l'infliximab est une protéine. Ne pas utiliser en cas de jaunissement ou de présence de particules opaques ou étrangères. 5.2. Anticorps dirigés contre l'infliximab Des anticorps dirigés contre l’infliximab (précédemment désignés sous le nom d’anticorps antichimériques humains, AACH) se développent chez certains patients et peuvent rarement provoquer de graves réactions allergiques. Les patients intolérants au méthotrexate ou aux autres immunosuppresseurs non-stéroïdiens (tels qu’azathioprine, 6-mercaptopurine) et qui arrêtent les immunosuppresseurs avant ou pendant le traitement par infliximab ont potentiellement un risque plus élevé de développer ces anticorps (Cf. Effets indésirables). Ces anticorps ne peuvent pas toujours être détectés dans les prélèvements de sérum. Si des réactions graves surviennent, un traitement symptomatique doit être administré et l’infliximab doit être interrompu. 3.2. Dilution Diluer le volume total de solution reconstituée jusqu'à 250 ml à l'aide d'une solution de chlorure de sodium à 0,9 %. Mélanger doucement. Administrer la solution sur une durée d'au moins 2 heures (à une vitesse maximale de 2 ml/min). Utiliser uniquement un set d'administration muni d'un filtre en ligne stérile, apyrogène, à faible liaison aux protéines (diamètre des pores 1,2 micromètres ou inférieur). Comme aucun conservateur n'est présent dans la formule, il est recommandé d’administrer l’infliximab dans les 3 heures qui suivent la reconstitution et la dilution. Ne pas conserver un reste de solution inutilisée en vue d'une réutilisation. 5.3. Hypersensibilité retardée Une réaction d’hypersensibilité retardée a été observée chez un nombre significatif de patients (25 %) atteints de MC qui avaient été de nouveau traités par infliximab après une période de 2 à 4 ans sans traitement par infliximab. Les signes et symptômes comprennent une myalgie et/ou une arthralgie avec fièvre et/ou rash dans les 3-12 jours suivant la réintroduction de l’infliximab. Certains patients ont également présenté un prurit, un oedème facial, de la main ou de la lèvre, une dysphagie, une urticaire, la gorge douloureuse et/ou une céphalée. Les patients doivent être informés de la nécessité de demander immédiatement un avis médical en cas de survenue de tout effet indésirable retardé (Cf. Effets indésirables). Si les patients sont de nouveau traités par infliximab après une longue période sans traitement par infliximab, l’apparition des signes et symptômes d’une réaction d’hypersensibilité retardée doit être étroitement surveillée. 4. Contre-indications - Patients présentant des infections cliniques sévères telles que sepsis, tuberculose et infections opportunistes (cf paragraphe 5.4.). - Patients ayant des antécédents d'hypersensibilité à l'infliximab, aux autres protéines murines ou à l'un des excipients. 5.4. Risque infectieux 5. Mises en garde spéciales et précautions particulières d'emploi (102) Le facteur alpha de nécrose tumorale (TNF-α) est un médiateur de l’inflammation et module les réponses immunitaires à médiation cellulaire. Des infections opportunistes ont été rapportées chez les patients traités par infliximab, suggérant que les défenses de l’hôte contre les infections sont altérées. Il doit être souligné que la suppression du TNF-α peut également masquer les symptômes d’une infection tels que la fièvre. 5.1. Effets aigus liés à la perfusion Des réactions aiguës liées à la perfusion, dont des réactions anaphylactiques, peuvent survenir dès les premières secondes de la perfusion ou durant les quelques heures suivant la perfusion. Ces réactions sont plus susceptibles de survenir lors des deux premières perfusions. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 56 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tout signe d’infection doit être étroitement surveillé pendant et après le traitement par infliximab. Comme l’élimination d’infliximab peut prendre jusqu’à six mois, une surveillance étroite des patients pendant cette période est importante. Le traitement doit être suspendu si un patient développe une infection grave ou un sepsis. Ceci suggère une sclérose en plaques ou des démyélinisations localisées telles qu’une névrite optique (Cf. Effets indésirables). Il est recommandé aux prescripteurs d’évaluer particulièrement le rapport bénéfice-risque lors de la prescription d’infliximab chez des patients présentant des antécédents d’atteintes démyélinisantes ou une survenue récente de symptômes compatibles avec un diagnostic d’atteinte démyélinisante du SNC. Des cas de tuberculose évolutive comprenant des tuberculoses miliaires et des tuberculoses de localisation extra-pulmonaire inhabituelle ont été rapportés chez des patients traités par infliximab. Lorsqu’une tuberculose active est suspectée, le traitement par infliximab doit être arrêté jusqu’à ce que le diagnostic soit éliminé ou que le patient ait été traité selon les recommandations en vigueur. 5.7. Autres Le traitement par infliximab chez les enfants de 0-17 ans ayant une polyarthrite rhumatoïde ou une maladie de Crohn n’a pas été étudié. Tant que des données de sécurité et d’efficacité chez l’enfant ne sont pas disponibles, ce traitement doit être évité. Avant de débuter un traitement par infliximab, une tuberculose active ou latente doit être recherchée en interrogeant le patient (antécédent personnel, contact éventuel avec un patient tuberculeux) et par le biais de tests appropriés (radiographie, test tuberculinique). Il est rappelé aux prescripteurs qu’un test tuberculinique peut s’avérer faussement négatif chez un patient sévèrement malade ou immunodéprimé et faussement positif chez un patient préalablement vacciné par le BCG. Si une tuberculose latente est diagnostiquée, des mesures de prévention doivent être prises afin de prévenir la réactivation de la tuberculose. Dans ce cas, le rapport bénéfice/risque doit être particulièrement considéré avant l’administration de l’infliximab. Les paramètres pharmacocinétiques de l’infliximab chez le patient âgé n’ont pas été étudiés. Aucune étude n’a été réalisée chez les patients ayant une maladie rénale ou hépatique. Il n’y a pas de données précliniques suffisantes pour tirer des conclusions sur les effets de l’infliximab sur la fertilité et les fonctions générales de reproduction . 6. Cas de l’insuffisance cardiaque congestive Les patients traités par infliximab doivent être informés de la nécessité de consulter un médecin en cas d’apparition de signes ou de symptômes évoquant une tuberculose (toux persistante, asthénie / perte de poids, fébricule). Si un patient nécessite une intervention chirurgicale pendant son traitement, des précautions appropriées doivent être prises dès que nécessaire. L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a été informée des résultats préliminaires d'un essai clinique concernant infliximab, mené aux EtatsUnis afin d'évaluer son efficacité et sa tolérance chez des patients souffrant d'insuffisance cardiaque congestive. Ces résultats suggèrent une augmentation de l'incidence des hospitalisations et de la mortalité pour aggravation de l'insuffisance cardiaque congestive chez les patients ayant reçu infliximab. Remarque : un test cutané tuberculinique et un cliché radiographique doivent être réalisés avant le traitement (recommandation EMEA, 20/12/2000). Les 150 patients participant à cet essai clinique souffraient d'une insuffisance cardiaque congestive modérée à sévère (classe III-IV de la classification de la New York Heart Association). Ils ont reçu sur une période de 6 semaines 3 perfusions, soit de infliximab 5 mg/kg, soit de infliximab 10 mg/kg, soit de placebo. 5.5. Risque de maladie auto-immune La relative déficience du TNF-α causée par la thérapie antiTNF peut provoquer le début d’une maladie auto-immune dans un sous-groupe de patients génétiquement sensibles. Si des symptômes évocateurs d'un lupus se développent chez un patient à la suite du traitement par l’infliximab et si ce patient présente des anticorps anti-ADN double-brin, le traitement doit être interrompu (Cf. Effets indésirables). Or, selon des résultats préliminaires, l'incidence des hospitalisations et de la mortalité pour aggravation de l'insuffisance cardiaque est plus importante chez les patients traités par infliximab particulièrement chez ceux traités à la dose de 10 mg/kg. A ce jour, 7 des 101 patients traités par infliximab sont décédés alors qu'aucun décès n'a été observé chez les 49 patients sous placebo. Une évaluation des données est en cours afin d'identifier le mécanisme pathologique et une éventuelle relation à la dose. 5.6. Atteintes neurologiques Les agents inhibiteurs du TNF alpha ont été associés à de rares cas d’aggravation des symptômes cliniques et/ou des preuves radiographiques de processus de démyélinisation. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 57 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Etant donné la gravité de ces nouvelles informations, et dans l'attente de données complémentaires, l'Afssaps souhaite attirer l'attention des professionnels de santé sur les points ci-dssous. Stratégie thérapeutique L’anticorps anti-TNFα représente une nouvelle perspective thérapeutique dans le traitement des formes résistantes au traitement conventionnel bien mené de la MC (5). - Il ne faut pas initier de traitement chez les patients atteints d'une insuffisance cardiaque congestive. Une perfusion de 5 mg/kg d’infliximab permet de contrôler rapidement la maladie (93) et d’induire aussi vite une cicatrisation tissulaire. - Il faut arrêter le traitement chez les patients présentant une aggravation d'une insuffisance cardiaque préalable. À la posologie de 5 mg/kg aux semaines 0, 2, 6, il permet de fermer rapidement des fistules (77). Son effet est transitoire et des cures répétées semblent nécessaires (83) ; en pratique, le délai admis de re-traitement est de 8 à 12 semaines. L’efficacité du retraitement par rapport à un placebo a été établie jusqu’à 34 semaines (77) et 36 semaines (83). Cependant, son mode d’utilisation dans le maintien de la rémission n’est pas encore codifié (rythme d’administration, protocole de prévention des complications allergiques) et n’a pas obtenu l’AMM. L’action de l’infliximab peut malgré tout être prolongée en l’associant à l’azathioprine ou au thalidomide (à activité anti-TNFα). De plus, l’azathioprine réduit le risque de développer des anticorps anti-infliximab. - Chez les patients déjà traités par REMICADE®, et présentant une insuffisance cardiaque stable, la surveillance étroite de la fonction cardiaque s'impose en cas de poursuite du traitement. - Le traitement par REMICADE® peut être poursuivi chez les patients ne présentant pas d'insuffisance cardiaque congestive, dans le cadre d'une MC ou d'une polyarthrite rhumatoïde. 7. Interactions médicamenteuses De nombreuses questions concernant les indications et la sécurité à long terme de l’infliximab restent encore sans réponse : intérêt à la phase précoce de la MC, effet combiné avec d’autres immunosuppresseurs, efficacité dans les colites graves, relation coût-efficacité, risque de maladie sérique lors de re-traitements, éventuel risque néoplasique (22). Les corticoïdes ne semblent pas affecter les paramètres pharmacocinétiques de l'infliximab d'une façon cliniquement significative. Les éventuelles interactions entre l'infliximab et les autres médicaments ne sont pas connues. 8. Grossesse et allaitement Conclusion CNHIM (8, 83) En l’absence d'expérience chez la femme enceinte et en raison de son inhibition du TNF-α, l'administration d'infliximab n'est pas recommandée pendant la grossesse. L’infliximab apparaît clairement comme une avancée thérapeutique dans le traitement de la MC. Les femmes en âge de procréer doivent utiliser une contraception appropriée afin de prévenir toute grossesse et poursuivre son utilisation pendant au moins 6 mois après l’arrêt du traitement. Son utilisation est pour le moment réservée aux formes sévères actives, réfractaires aux traitements immunosuppresseurs, ainsi qu’aux formes fistulisées de la MC. Elle est limitée par la fréquence des rechutes après la rémission initiale en l’absence de traitement d’entretien qui pour l’instant n’a pas obtenu l’AMM. Les effets indésirables et les conduites à tenir qu’ils imposent doivent être pris en compte. De nombreuses immunoglobulines humaines étant excrétées dans le lait maternel et en l’absence de données spécifiques, les femmes ne doivent pas allaiter pendant au moins 6 mois après le traitement par infliximab. D’autres études semblent nécessaires, afin d’évaluer : 9. Incompatibilités - la tolérance à long terme d’infliximab, - la stratégie thérapeutique : . ligne de prescription : maladie réfractaire ou prescription en début de maladie, . délai et fréquence de retraitement (risque de réactions d’hypersensibilité retardée), . utilisation chez l’enfant. En l'absence d'études d'incompatibilité, ce médicament ne doit pas être mélangé avec d'autres médicaments. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 58 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 5. Antibiotiques Le métronidazole et la ciprofloxacine (parfois la clarithromycine) sont les antibiotiques les plus utilisés dans la MC. Renseignements administratifs (102) Tableau I : Renseignements généraux et galéniques FLAGYL® Présentation (métronidazole) Formes orales : comprimés enrobés 250 mg et 500 mg, solution buvable. Forme injectable : solution pour perfusion IV 500 mg/100 ml. Laboratoires Aventis. Renseignements administratifs Formes orales : Comprimés enrobés 250 mg Comprimés enrobés 500 mg Solution buvable Liste I Remboursé Sec soc 65 % Agréé aux collectivités Forme injectable : Solution pour perfusion IV 500 mg/100 ml Liste I. Réservé à l’usage hospitalier. Agréé aux collectivités (poches). boîte de 20 boîte de 4 et 14 flacon 120 ml AMM : 304 000.0 AMM : 331 155.1 et 331 156.8 AMM : 313 169.4 flacons verre 100 ml poches souples 100 ml AMM : 556 779.2 AMM : 556 780.0 CIFLOX® Présentation (ciprofloxacine) Formes orales : comprimés pelliculés à 500 mg et 750 mg, granulés et solution pour suspension buvable à 10 g Forme injectable : solution pour perfusion 200 mg/100 ml et 400 mg/200 ml. Laboratoires Bayer Pharma. Renseignements administratifs Formes orales : Comprimés pelliculés 500 mg boîte de 12 et 100 Comprimés pelliculés 750 mg boîte de 100 Granulés et solution flacon 100 ml pour suspension buvable à 10 g. Liste I. Remboursé Sec soc 65 %. Agréé aux collectivités. Comprimés pelliculés 750 mg : Réservé à l'usage hospitalier. Formes injectables : Solution pour perfusion 200 mg/100 ml Solution pour perfusion 400mg/200 ml Liste I Réservé à l'usage hospitalier. Agréé aux collectivités. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 AMM : 329 813.5 et 555 983.5 AMM : 555 985.8 AMM : 344 194.0 flacon verre et poche AMM : 555 844.5 et 560 416.8 flacon verre et poche AMM : 560 021.3 et 560 417.4 59 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Propriétés pharmacologiques (44, 102) Conclusion CNHIM 1. Généralités 1. Métronidazole La majorité des études analysées met en évidence une efficacité de l’antibiothérapie (métronidazole, ciprofloxacine, voire clarithromycine) dans le traitement de la MC. Cependant, la plupart de ces études ont été réalisées en ouvert. La réalisation d’essais cliniques randomisés, en double aveugle permettrait de confirmer ces résultats (23). Le métronidazole est un dérivé nitro-imidazolé de synthèse. Après activation par les enzymes bactériennes, il agit sur l’ADN bactérien (coupure). Il possède une activité intracellulaire et est classiquement utilisé dans les infections à germes anaérobies ou parasitaires. En pratique (62), le métronidazole et la ciprofloxacine représentent les deux antibiotiques les plus utilisés dans le traitement de la MC. L’activité du métronidazole dans la MC peut être expliquée : - par son activité antimicrobienne (contre les anaérobies présents au niveau de la zone pathologique), 2. Métronidazole - par certaines propriétés immunosuppressives et par un effet sur la cicatrisation tissulaire. Le métronidazole peut être utilisé au cours des poussées modérées de la maladie, dans les complications anopérinéales et dans la prévention des récidives post-chirurgicales. Le problème de la prévention des récidives postopératoires est difficile car il faudrait envisager un traitement prolongé. 2. Ciprofloxacine La ciprofloxacine est un antibiotique de synthèse appartenant à la famille des fluoroquinolones. Son activité est fortement bactéricide par inhibition de l’ADN-gyrase bactérienne, empêchant la synthèse d’ADN chromosomique bactérien. Elle est efficace principalement sur les bactéries aérobies gram positif. L’activité de la ciprofloxacine dans la MC peut être expliquée en partie par son activité antibactérienne. Posologies : - poussées modérées : 10 à 20 mg/kg/j, - complication anopérinéales : 1 à 1,5 g/j. La principale limite du médicament est sa toxicité neurologique qui se traduit par des neuropathies périphériques sensitives débutant par des paresthésies et pouvant imposer l’arrêt du traitement. Ces paresthésies sont fréquentes lors des traitements au long cours (1 patient sur 2 après 6 mois de traitement). Les autres effets indésirables sont habituellement bénins : nausées, goût métallique, glossite. Études cliniques Cf Tableaux II. 3. Ciprofloxacine La ciprofloxacine est prescrite à la posologie de 1 g/j, dans les mêmes indications que le métronidazole. Les deux effets indésirables limitants majeurs sont la tendinopathie avec risque de rupture du tendon d’Achille et la photosensibilisation. Elle ne peut être utilisée chez la femme enceinte du fait du risque articulaire. Effets indésirables Non traités ici. Renseignements thérapeutiques Non traités ici. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 60 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Métronidazole - Études cliniques Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Metronidazole therapy for Crohn’s disease and associated fistulae - 1984 (45). Méthodologie Étude ouverte. 8 patients. Schéma posologique Métronidazole : 1 à 1,5 g/j per os. Durée de l’étude : NR. Inclusion - Fistules résistantes (durée 1 à 14 ans). - MC (durée 6 mois à 30 ans). - Antécédents de chirurgie. - Traitement concomitant par prednisone. Résultats * Nombre de fistules drainées : diminution par 20. * Fermeture des fistules : 50 %. * Disparition complète des symptômes : 50 %. * Rémission : maintenue 6 mois après l’arrêt du traitement. Exclusion : NR. Évaluation - Évolution maladie. - Taux de rémission. - Marqueurs biologiques. Tolérance - Goût métallique (5 cas). - Paresthésie des orteils (6 cas). Résolution des effets indésirables 1 à 3 semaines après arrêt du traitement. Conclusion de l'étude Cette étude met en évidence l’efficacité du métronidazole dans le traitement des fistules au cours de la MC. Controlled trial of metronidazole treatment for prevention of Crohn’s recurrence after ileal resection - 1995 (84). Méthodologie Inclusion Résultats Étude randomisée, double aveugle, Prévention de rechute de MC versus placebo. après iléoscopie. * Lésions récurrentes au niveau de l’iléon ter60 patients. minal : bras 1 = 52 % ; bras 2 = 75 % (p = 0,09). Schéma posologique Exclusion : NR * Incidence des lésions endoscopiques : - Bras 1 (n = 30) : métronidazole = 20 mg/kg/j. bras 1 = 13%, ; bras 2 = 43 % (p = 0,02). Évaluation - Bras 2 : placebo. * Rechute clinique À 12 semaines Traitements concomitants (corti- - Lésions. - à 1 an : coïdes) bras 1 = 4 % ; bras 2 = 25 % (p = 0,044), - Rechutes cliniques. - à 2 ans : bras 1 = 28 % ; bras 2 = 43 % (p = NS). Durée de l’étude : 3 mois. Tolérance Nombre d’effets indésirables : bras 1 = 21 ; bras 2 = 7. Intolérance digestive, paresthésies, anomalies des enzymes hépatiques, goût métallique, leucopénie, neuropathie, psychose. Conclusion de l'étude Le métronidazole semble diminuer le taux de rechute après chirurgie (différence significative à 1 an par rapport au placebo). MC : maladie de Crohn. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 NR : non renseigné. 61 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Tableau II : Métronidazole - Études cliniques (suite) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Combination ciprofloxacin and metronidazole for active Crohn’s disease - 1998 (39). Méthodologie Étude ouverte. 72 patients. Schéma posologique Ciprofloxacine = 500 mg x 2 /j, + métronidazole = 250 mg x3 /j. Durée de l’étude : 10 semaines. Inclusion MC, présentant des localisations différentes : - iléon : 27, - iléocolique : 22, - colon : 23. Exclusion NR. Évaluation - Rémission. - Réponse clinique. Conclusion de l’étude Cette étude permet de mettre en évidence un bénéfice de l’antibiothérapie dans le traitement de la MC, particulièrement chez les patients présentant une atteinte colique. Résultats * Rémission (index de Harvey-Bradshaw < 3 points) : 68 % des patients. * Réponse clinique (diminution de l’index d’Harvey-Bradshaw d’au moins 3 points) : - totalité des patients : 76 %, - patients sous corticoïdes (15 mg/j) : 90 %, - patients sans corticoïdes : 67 %, - patients avec atteinte colique : 84 %, - patients avec atteinte iléale seule : 64 % - patients sans résection : 86 %, - patients ayant subi une résection : 61%. * Maintien de la rémission à 9 mois : 38 patients dont 26 sous antibiothérapie, et 12 ayant arrêté l’antibiothérapie. Tolérance Arrêt du traitement pour effets indésirables chez 5 patients. A controlled trial comparing ciprofloxacin with mesalazine for the treatment of active Crohn’s disease - 1999 (23). Méthodologie Inclusion Résultats Étude contrôlée, randomisée, ouverte. MC active modérée * Rémission complète (75 < CDAI < 150) : 40 patients. (CDAI = 217 [160-305]) - bras 1 = 56 % (10 patients), - ciprofloxacine (n=18) : 1 g/j - bras 2 = 55 % (12 patients). - mesalazine (n = 22) : 4 g/j Schéma posologique * Rémission partielle (50 < CDAI < 150) : - Bras 1 (n = 18) : ciprofloxacine = 1 g/j, - bras 1 = 3 patients, - Bras 2 : mésalazine (n = 22) : 4 g/j. Exclusion : NR. - bras 2 = 1 patient. Durée de l’étude : 6 semaines. Évaluation : rémission. Tolérance : NR. Conclusion de l’étude. Cette étude ne permet pas de mettre en évidence une différence significative en terme de rémission, complète ou partielle de la MC, entre ciprofloxacine et mésalazine. Open label trial of oral clarithromycin in active Crohn’s disease - 2000 (52). Méthodologie Inclusion : MC. Résultats Étude ouverte - 25 patients. * A 4 semaines : Exclusion : NR - Score Harvey-Bradshaw médian : 9 ± 5 ( p < 0,001). - CRP median : 21,5 ± 17 mg/l (p = 0,16). Schéma posologique - Rémission (HBI < 4 points) : 48 %. Clarithromycine : 250 mg x 2 /j Évaluation : rémission. + mésalazine (n = 22), corticoïdes (n = Durée de l’étude étendue à 12 * A 12 semaines : 15), azathioprine (n = 9). semaines chez les patients pré- - HBI médian = 5 (p <0,001). sentant une rémission. - CRP médian : 14 mg/l (p = 0,05). Durée de l’étude : 4 semaines Tolérance : NR. Conclusion de l’étude. Cette étude ouverte est ionsuffisante pour prouver l’efficacité de la clarithromycine dans le traitement de la MC. Une étude randomisée contrôlée est nécessaire pour confirmer ces résultats. CDAI : Crohn’s Disease Activity Index MC : maladie de Crohn. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 HBI : index de Harvey-Bradshaw. NR : non renseigné. 62 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 6. Traitements symptomatiques et nutrition (8, 60) - Constipation : laxatifs. - Nutritions entérale et parentérale : ce thème a fait l’objet d’un article spécifique dans Dossier du CNHIM (Dossier du CNHIM 2000, XXI, 1) (60). - Diarrhées : lopéramide, ralentisseurs du transit. - Douleurs abdominales : antispasmodiques, régulateurs de la motricité. La nutrition artificielle a pour objectif de mettre le tube digestif au repos, de restaurer un état métabolique stable et faciliter ainsi la cicatrisation. La nutrition entérale continue et, en cas de contre-indication, la nutrition parentérale totale a un effet favorable et rapide sur la MC corticorésistante et corticodépendante et les fistules, mais ne prévient pas les rechutes après son arrêt. Azathioprine et méthotrexate peuvent être associés. - Dénutrition : régime hypercalorique, hyperprotidique. - Prévention des thromboses veineuses profondes (TVP) : héparine. 7. Chirurgie Généralités (8, 48) Atteintes gréliques 1. Interventions en urgence Une intervention chirurgicale va s’avérer nécessaire chez 80 % des patients atteints de MC (risque cumulé au cours d’une vie et non absolu) (78). Dans le cas de perforations intestinales potentiellement responsables de péritonite purulente, une résection iléocœcale avec iléocolostomie doit être effectuée. Dans la majorité des cas, la chirurgie ne permet pas de guérir le patient, qui reste exposé à long terme à une récidive sur l’intestin restant. Le taux de réintervention varie entre 25 et 65 % à 10 ans et devrait baisser avec les traitements prophylactiques en cours d’évaluation. Dans le cas d'abcès intra-abdominaux, le drainage de l’abcès est parfois réalisé sous contrôle échographique ou scannographique, suivi de la résection de l’intestin pathologique responsable, avec anastomose immédiate ou non. Le traitement chirurgical des lésions intestinales dues à la MC doit donc obéir à deux principes essentiels (71) : 2. Interventions à froid - n’opérer que les formes compliquées et résistantes au traitement médical, Les interventions à froid sont programmées dans le cas de formes chroniques, sténosantes symptomatiques. - pratiquer une résection appropriée au siège et à l’étendue des lésions. La résection iléo-cœcale est l’intervention la plus fréquente du fait de la topographie usuelle des lésions. Une récidive endoscopique sur le grêle en amont de l’anastomose iléocolique est observée dans 80 % des cas au bout d’un an. Le taux de récidives des atteintes de l’intestin grêle est de 50 % à 5 ans, ce qui nécessite une réintervention dans 25 % des cas à 5 ans, et 33 % des cas à 10 ans. Elles peuvent être traitées par endoscopie. Une stricturoplastie permet sous certaines conditions d‘éviter de pratiquer des résections. La prise en charge va différer selon les localisations : - MC iléale ou iléo-cœcale : exérèse des zones sténosées avec une marge de sécurité macroscopique de quelques centimètres seulement, - MC colique : à la colectomie segmentaire, exposant à un risque élevé de récidives, la colectomie subtotale est souvent préférée, avec anastomoses iléo-sigmoïdienne ou iléo-rectale, exceptionnellement iléo-anale. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 63 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 2. Interventions à froid Les séquelles de la chirurgie dépendent de l’étendue de résection sur le grêle et sur le côlon. Une résection iléo-cœcale très courte n’a pratiquement aucune conséquence fonctionnelle. Il peut cependant être observé une diarrhée des acides biliaires qui relève de petites doses de cholestyramine. Un syndrome de malabsorption ne s’observe qu’en cas de résection étendue du grêle. En cas de résection iléale longue, le régime pauvre en triglycérides à longues chaînes, supplémenté en triglycérides à chaînes moyennes, est nécessaire. Le rétablissement de la continuité par anastomose iléo-rectale doit être effectué si le rectum peut être conservé. Les interventions à froid consistent le plus souvent en une colectomie totale, avec anastomose iléo-rectale si le rectum et l’anus peuvent être conservés, ou une coloproctectomiea totale avec iléostomie définitive dans le cas contraire. Le taux de récidive à 20 ans de la chirurgie est égal à 20 % après iléostomie définitive et 55 % après anastomose iléorectale. Cependant, à long terme, 40 à 50 % des patients avec anastomose devront subir une proctectomieb secondaire avec iléostomie définitive. Atteintes coliques 1. Colite aiguë La colite aiguë grave est traitée par colectomie subtotale avec iléostomie terminale et sigmoïdostomie. a : colectomie totale associée à l’ablation du rectum. Le rétablissement de la continuité par anastomose iléo-rectale doit être effectué si le rectum peut être conservé. Dans le cas contraire, une iléostomie définitive devra être pratiquée. b : résection d’une partie de la paroi de l’ampoule rectale. 8. Stratégie thérapeutique Les traitements médicamenteux de la maladie de Crohn Traitement Utilisation Salicylés Poussées légères à modérées Corticoïdes Poussées plus sévères ou réfractaires aux salicylés Antibiotiques Poussées légères à modérées Lésions anopérinéales Nutrition artificielle Poussées sévères - Dénutrition Corticorésistance Azathioprine Méthotrexate Formes chroniques actives corticodépendantes - corticorésistantes Après colite grave ou infliximab Ciclosporine Colites graves Fistules et lésions ano-périnéales sévères Infliximab Formes chroniques actives Fistules et lésions ano-périnéales réfractaires Chirurgie Poussées sévères ou réfractaires Complications Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 64 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 2. Schéma thérapeutique La stratégie thérapeutique décrite ci-dessous a été élaborée par les auteurs et le CNHIM. 2.1. Posologie initiale (prednisone, prednisolone) — Posologie française = 1 mg/kg/j pendant 3 à 7 semaines, Dérivés salicylés — Posologie anglosaxone = 0,75 ou 0,5 mg/kg/j. 1. Indications Ces posologies permettent d’obtenir environ 90 % de mise en rémission. Les salicylés sont indiqués dans les poussées légères à modérées de la MC (CDAI : 150 à 300). 2.2. Décroissance de posologie Leur utilisation en traitement d’entretien a donné des résultats contradictoires. La décroissance de posologie s’opère en général : Dans la prévention des rechutes post-opératoires ils ont présenté un intérêt très discutable. - par palier de 10 mg par semaine une semaine après l’obtention de la rémission, jusqu’à demi-dose, - puis par tranche de 5 mg par semaine. 2. Schéma thérapeutique Le traitement d’entretien éventuel est introduit simultanément à la diminution de posologie, afin de prévenir les rechutes. Le schéma thérapeutique est fondé sur une dose d'attaque suivie d'une dose d'entretien de mésalazine. Poussées modérées : 4 g/j pendant 2 à 4 mois. Prévention des rechutes : 3 - 4 g/j, tant que le traitement est efficace. 3. Corticorésistance primaire La corticorésistance primaire correspond à l’absence de résultat malgré un traitement correctement mené (1 mg/kg/j). Pour y remédier, la corticothérapie peut être associée à une nutrition entérale ou parentérale. Le risque principal d'un traitement au long cours par les dérivés salicylés est la néphrotoxicité, pouvant aller jusqu'à l'insuffisance rénale chronique irréversible. La prévention consiste en une surveillance de la créatinine sanguine. Un immunosuppresseur (méthotrexate de préférence, azathioprine, 6-mercaptopurine) peut alors prendre le relais ultérieur du corticoïde, en cas de poussée modérée pouvant attendre le délai d’action de l’immunosuppresseur. 3. Choix d’un dérivé salicylé Le premier salicylé mis sur le marché, la sulfasalazine, est peu utilisé dans le traitement de la MC, sauf dans le cas d'atteintes rhumatismales. En terme d’efficacité, les différentes spécialités de mésalazine sont équivalentes. 4. Corticodépendance La corticodépendance correspond à l’impossibilité d'effectuer un sevrage complet ou partiel à une posologie inférieure ou égale à 10 mg d’équivalent prednisone. La différence entre les spécialités est d’ordre galénique, permettant une libération privilégiée du principe actif à des niveaux variés de l’intestin. La corticodépendance se traduit par une rechute de la maladie dans les semaines ou mois qui suivent l'arrêt du corticoïde. En cas de corticodépendance, un traitement permanent résiduel de 10 mg/j doit être maintenu. Corticoïdes classiques oraux Si le sevrage est nécessaire, la corticothérapie doit être associée à un immunosuppresseur qui permet d’arrêter le corticoïde : - avec l’azathioprine dans 70 % des cas, - avec le méthotrexate dans environ 1 cas sur 2 des échecs à l'azathioprine. 1. Indications Poussées sévères ou réfractaires de la MC (CDAI > 300). L'objectif d'une corticothérapie est d'obtenir une efficacité rapide. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 65 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 2. Méthotrexate Budésonide 2.1. Indications Le budésonide présente un niveau d'efficacité situé entre les salicylés et les corticoïdes classiques. Il est réservé aux lésions iléo-coliques droites actives. - Échec de l’azathioprine ou de la 6-mercaptopurine. - Traitement de première intention de la corticorésistance, seul ou associé à la nutrition artificielle. Le principal avantage du budésonide par rapport à un corticoïde classique est sa meilleure tolérance. 2.2. Posologie Le raitement d'attaque est de 9 mg. — 25 mg/semaine en IM ou SC. — La posologie peut être diminuée à 15 mg/semaine, mais l’efficacité peut s’en trouver diminuée. Le budésonide est inefficace dans le traitement d'entretien (3 à 6 mg/j). La forme orale est moins utilisée car elle semble moins efficace. Immunosuppresseurs 2.3. Effets indésirables La toxicité est essentiellement hépatique et rend nécessaire un contrôle par biopsie à la dose cumulée de 1,5 g et/ou en cas d’apparition de perturbation du bilan biologique hépatique. 1. Azathioprine et 6-mercaptopurine 1.1. Indications Traitement d’entretien majeur de la MC : En cas de traitement à long terme, il existe un risque d’apparition d'adénocarcinomes. - en cas de corticodépendance (afin de permettre le sevrage en corticoïdes), - en cas de corticorésistance, pour certains auteurs, mais le délai d’action est long, 2.4. Durée moyenne du traitement : 3 à 4 ans. - traitement préventif des rechutes après chirurgie (réservé aux malades à haut risque de rechute). 3. Conclusion Il n’existe aucun traitement aussi efficace à long terme dans la MC que l’azathioprine ou la 6-MP ; mais cette efficacité s’accompagne d’effets indésirables à prendre en compte. Ils ont transformé l’existence et la qualité de vie de nombreux malades. 1.2. Posologie — IMUREL® : 2 mg/kg/j. — PURINETHOL® : 1 à 1,5 g/kg/j. Inconvénient : délai d'action : 3 à 6 mois. L’ajustement de la posologie en fonction d'un taux de 6TGN érythrocytaire est à l’étude. Infliximab 1. Indications 1.3. Effets indésirables principaux Hématologiques, pancréatiques, hépatiques. - Formes chroniques actives ou résistantes malgré un traitement par corticoïdes et immunosuppresseurs. 1.4. Durée moyenne du traitement - Maladie fistulisante sous corticoïdes et immunosuppresseurs. En attendant les résultats d’un essai contrôlé en cours, il est difficile de dire s’il faut arrêter le traitement après 4 ans de rémission. NB : l’azathioprine permettant de fermer 40 % des fistules, l’infliximab n'est utilisé qu'en cas d'échec de l'immunosuppresseur. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 66 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 2. Intérêt Elle peut être prescrite à tout niveau de la maladie, en cas de : - corticorésistance, L’infliximab permettrait de redonner une activité au traitement immunosuppresseur et de réaliser un sevrage aux corticoïdes. - dénutrition, - poussées graves de colite, - complications (ex : fistules). 3. Effets indésirables Chirurgie La plupart des effets indésirables sont de sévérité faible à modérée. Les raisons les plus fréquentes d’arrêt de traitement sont la dyspnée, l’urticaire et la céphalée. La chirurgie est indiquée en cas de fistules, d’abcès ou de sténoses apparaissant au cours de la maladie ou inaugurales de la maladie. 4. Inconvénient Elle est également utilisée lors de dégénérescence (dysplasie et carcinome colique, cancer du grêle). L’arrêt de l’infliximab peut être suivi de rechute sous traitement immunosuppresseur, dans un délai de 2 à 3 mois, selon la littérature, en pratique dans un délai de 6 mois. En cas de retraitements, après rechute au delà de 14 semaines, il faut tenir compte du risque d'hypersensibilisation du patient à infliximab. Jusqu’à présent l’AMM ne permet pas le traitement d’entretien préventif, d’où l’intérêt de l’association à l’azathioprine et à la thalidomide. Cas des colites aiguës graves Une colite peut être inaugurale de la maladie ou apparaître au cours de la maladie ("explosion" de la maladie). Sa prise en charge est organisée en paliers thérapeutiques successifs de 5 jours. Le passage au palier supérieur a lieu en cas d’échec du palier inférieur. Il s’agit d’un traitement d’urgence, dont l’enjeu est la vie du patient. Place des antibiotiques - La prescription des antibiotiques doit être précoce afin d'obtenir une action au niveau des facteurs environnementaux ingérés (antigènes, bactéries). - L’antibiothérapie doit être administrée à chaque stade de la maladie, lors de tout contexte infectieux pouvant être responsable d'une poussée. Palier 1 : — Réhydratation, réanimation, nutrition parentérale ; — Antibiothérapie à large spectre (ceftriaxone, métronidazole) ; — Corticoïde systémique IV à la dose de 1 mg/kg d’équivalent prednisone ± corticoïde forme locale, Si le palier 1 est efficace, le traitement initial est repris et l’azathioprine débutée. S’il y a échec au palier 1, il faut passer au palier 2. - Les antibiotiques sont surtout indiqués dans les lésions ano-périnéales (métronidazole, ciprofloxacine) et les fistules entéro-cutanées. Palier 2 : Certains auteurs utilisent les antibiotiques dans : — Ajout d’un immunosuppresseur aux traitements du premier palier : . ciclosporine IV : permet d’éviter l’intervention chirurgicale en urgence dans environ 75 % des cas ; elle doit être relayée par l’azathioprine, . infliximab. - le traitement des poussées légères à modérées non compliquées, - et pour retarder les rechutes après iléocolectomies droites. Nutrition artificielle Palier 3 : En cas d’échec à la phase 1 (ulcération dénudant la musculeuse) ou 2, la colectomie s’impose d’urgence. Une nutrition artificielle (entérale ou parentérale ) permet de mettre le tube digestif au repos, de restaurer un état métabolique stable et ainsi de faciliter la cicatrisation. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 67 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn Remarques Cas de l’enfant - Un geste chirurgical de sauvetage peut être d’emblée indispensable (colectasie sévère, perforation, aggravation rapide de l’état général sous traitement médical), ainsi qu’à tout palier en cas de non réponse ou d’aggravation. La stratégie thérapeutique chez l’enfant est identique à celle retenue chez l'adulte. - La mise en œuvre du traitement médical ne se conçoit que dans un contexte de prise en charge médico-chirurgicale. Le problème majeur chez l'enfant atteint de maladie de Crohn est le retard de croissance. - Le recours à la ciclosporine à J5 n’est possible que si l’état du patient le permet (paramètres cliniques et biologiques) et que l’infrastructure hospitalière dispose des moyens de dosage de la ciclosporinémie. Le recours à la nutrition artificielle surtout entérale (sonde nasale) doit donc être plus précoce, afin d'établir un équilibre nutritionnel. - Le geste chirurgical doit se limiter à une colectomie avec iléostomie et sigmoïdostomie (pas de suture). Les formes digestives hautes sont plus rares chez les enfants. Cas de la femme enceinte Références bibliographiques 1. Grossesse et post-partum 1 - AFA : Association François Aupetit – recherche sur la maladie de Crohn. Site internet : http://www.afa.asso.fr Le risque de poussée de la maladie est maximum au cours du 3ème trimestre ou dans les 3 mois qui suivent l'accouchement. 2 - Anonyme. 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Manifestations cliniques et diagnostic de la maladie de Crohn. Méd Thérap 1996 ; 2 (10) : 753-61. 7 - Bonnet J, Modigliani R. Traitement médical de la maladie de Crohn. Méd Thérap 1996 ; 2 (10) : 762-767. * Corticoïdes : pas de changement. Il existe un risque d'insuffisance surrénalienne chez l'enfant pour des posologies de 20 à 30 mg/j. 8 - Bouhnik Y, Panis Y, Rambaud JC. Traitement des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Hépatogastro 2001 ; 8 (n° spécial) : 3-34. * Nutrition parentérale. 9 - Bouhnik Y, Rambaud JC. Traitement médical : 87-121. In " Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ". 1998. Edition John Libbey Eurotext. * Azathioprine. Une surveillance échographique accrue est pratiquée mais le risque fœtal ne semble pas accru, sauf peut-être celui d’une hyperfertilité féminine. Une interruption de traitement peut être conseillée 3 mois avant la conception et jusqu’à l’accouchement selon la nécessité de la prescription d’azathioprine. 10 - Bouhnik Y, Vahedi K, Bitoun A, Matuchansky C. Colites aiguës graves au cours de maladies chroniques de l’intestin : 155174. In " Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ". 1998. Edition John Libbey Eurotext. 11 - Brazier F., Finet L, Duchmann JC, Dupas JL. Ciclosporine A et maladies inflammatoires chroniques du tube digestif. Gastroenterol Clin Biol 1995 ; 19 : 494-504. * Métronidazole. 12 - Calmus Y. La ciclosporine et ses indications. De la Théorie à la pratique. Laboratoires Novartis Pharma. 3. Traitements contre-indiqués Méthotrexate, ciclosporine, infliximab, ciprofloxacine. Dossier du CNHIM 2001, XXII, 6 68 Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn 13 - Camma C, Giunta M, Rosselli M, Cottone M. 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Étude du coût de la maladie Les études retenues concernant le coût de la maladie ont été conduites dans des systèmes de santé différents, France, USA, UK, Canada (2, 3, 4, 6, 8). Parmi les pathologies inflammatoires digestives, la maladie de Crohn est de loin la plus coûteuse (9, 10). - L’étude anglaise (6) estime le coût annuel pour le système de santé britannique à partir de données individuelles (607 patients). Le coût moyen annuel par patient s’élève à 12 000 US$. Ce coût varie selon le type de recours aux soins des patients : 37 000 US$ en cas d’hospitalisation, 10 000 US$ pour les patients traités pendant plus de six mois par corticothérapie ou immunosuppresseurs et 6 000 US$ pour les autres patients. 25 % des patients représente 80% des dépenses. - Une autre approche du coût de la maladie se retrouve dans une étude américaine (3). Les auteurs ont modélisé le recours aux soins sur une période de 24 ans. Cette étude épidémiologique compare les ressources consommées d’une population atteinte par rapport à une population témoin appariée sur l’âge et le sexe. Le surcoût lié à la maladie varie de 40 000 à 125 000 US$ par patient. Le paramétre économique le plus discriminant est la chirurgie, avec 44 % des dépenses. Les deux études suivantes se limitent à une perspective hospitalière (2, 4). - L’étude canadienne (2) trouve un coût par admission variant de 2 600 à 3 600 $Can. - L’analyse américaine met en évidence un coût nettement plus élevé de 12 000 US$ par hospitalisation (4). Dans les deux cas, la chirurgie est le composant majeur des coûts hospitaliers. Dossier 2001, XXII, 6 72 - L’étude française réalisée par le CREDES (8) a cherché à définir trois profils de malades et à estimer le coût annuel pour chacun d’eux. Dans cette étude théorique, les coûts par profil de malades sont les suivants : - Le malade en phase de rémission nécessite un traitement médicamenteux et une surveillance médicale. Le coût pour un patient " grave " est deux fois moins cher que pour un patient " bénin " 4 000 FF versus 8 000 FF (PENTASA® est plus coûteux qu’IMUREL®). - Pour les malades en poussée et pouvant nécessiter une hospitalisation, les coûts annuels varieront selon le type de traitement, de 9 000 FF pour le traitement à 160 000 FF pour une chirurgie en passant par 90 000 FF en cas d’hospitalisation efficace ; et cela quelque soit le type de malade " bénin " ou " grave ". - Le dernier profil considéré correspond aux patients opérés suite à une poussée, les coûts annuels varient de 136 000 FF à 162 000 FF pour les malades " graves " et de 141 000 FF à 166 000 FF pour les malades " bénins ". L’étude française montre que quelle que soit la gravité de la maladie, le malade hospitalisé coûte en moyenne 30 fois plus cher qu’un malade non hopsitalisé. Impact médico-économique potentiel de l’infliximab L’arrivée des nouvelles thérapeutiques dans la maladie de Crohn renvoie à l’introduction des sétrons à la fin des années 80 dans la prise en charge de l’emesis en chimiothérapie. L’amélioration clinique indiscutable était obtenue au prix d’un surcoût indéniable ! L’infliximab améliore significativement les taux de réponses et de rémissions. Ce bénéfice thérapeutique peut se prolonger sur le plan économique. Trois approches complémentaires sont envisageables pour le mettre en évidence. La première s’intéresserait à l’amélioration de la qualité de vie des patients et peut être évaluée par des études coût-utilité (5). La seconde pourrait être une approche coût-conséquences basée sur l’hypothèse qu’un traitement par l’infliximab permet la réduction des coûts liés à l’hospitalisation et à la chirurgie (7). Évaluation thérapeutique Traitement de la maladie de Crohn La troisième serait une quantification des coûts par évenement évité, car s’il n’y a pas rémission prolongée, il y a apparition d’une nouvelle poussée de la maladie : étude coût-efficacité. Pour l’heure, aucune étude ne répond à ces objectifs. En effet, la seule analyse coût-utilité publiée avec l’infliximab se limite aux fistules périanales et repose sur un traitement alternatif peu représentatif des pratiques françaises (1). 2 - Bernstein C, Papineau N, Zajaczkowski J, Rawsthorne P, Okrusko G, Blanchard J. Direct hospital costs for patients with inflammatory bowel disease in a Canadian tertiary care university hospital. Am J Gastroenterol 2000 ; 95 : 577-8. 3 - Blomqvist P, Ekbom A. 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Abstract Treatments of Crohn’s disease Crohn’s disease (CD) is a chronic inflammatory affection of the digestive tract. It is classified as ulcerative colitis in the group of chronic inflammatory bowel diseases. The CD prevalence in western countries is about 50 to 100/100 000. It affects most often the young adult particularly between 20 and 30 years old. Etiology of the chronic inflammatory bowel diseases is still not well defined. It could involve an immunological dysfunction, genetic factors (NOD2 gene) or various environmental factors such as tobacco. CD is characterized by a mucosal inflammation linked to a cellular and humoral immunity activation. The result consists in necrotic and vascular lesions. It is a chronical and recurrent disease characterized by successive and frequent periods of attacks and remissions. CD could affect the whole gastrointestinal tractus but more often it affects the terminal section of the small intestine, the colon and the anal area. Three indexes (CDAI, IBDQ, CDEIS) are currently used to evaluate the CD evolution either spontaneously or because of the treatment. The diagnosis of CD is based on several arguments. It implies a differential diagnosis with ulcerative colitis. Salicylates – sulfasalazine but almost mesalamine – are indicated in the mild to moderate CD attacks. Their efficacy in the prophylaxis of postoperative relapse is discussed. Classical oral glucocorticoids (prednisone, prednisolone) are indicated in acute or refractory attacks. Budesonide is reserved for active ileocolic lesions. It has a better safety. Corticoids have no efficacy in the maintenance treatment. Azathioprine and 6-mercaptopurine are the main CD maintenance treatment, such as in case of dependence or resistance to corticoids than in the prophylaxis of postoperative relapses. Methotrexate is indicated when azathioprine or 6-mercaptopurine are not efficient or, in first line, in corticoresistance cases. Infliximab – chimeric monoclonal antibody – is indicated in the active or resistant chronical diseases and in fistulas treated with corticoids and immunosuppressant drugs. Antibiotics and artificial nutrition (enteral or parenteral) are used if necessary. Therapeutic strategies are the same in adults and in children. Keywords : antibody, azathioprine, Crohn’s disease, budesonide, cyclosporine, ciprofloxacine, corticoids, infliximab, 6mercaptopurine, mesalamine, metronidazole, methotrexate, nutrition, review, surgery, therapeutic. Dossier 2001, XXII, 6 73