Gérer la performance de la logistique hospitalière
Transcription
Gérer la performance de la logistique hospitalière
Logistique & Management Gérer la performance de la logistique hospitalière Marie-Hélène JOBIN Professeure agrégée, HEC Montréal [email protected] Martin BEAULIEU Professionnel de recherche, Groupe de recherche CHAÎNE, HEC Montréal Alexis BOIVIN Acheteur Bombardier (Canada) et candidat à la M.Sc. HEC Montréal La logistique d’un établissement de santé peut avoir une incidence directe sur la maîtrise des coûts ou la qualité des soins. Cependant, pour contribuer pleinement à la prestation de meilleurs soins à coûts contrôlés, le gestionnaire logistique doit disposer d’un portrait adéquat de sa performance et définir son action dans un cadre de gestion qui s’appuie sur la performance de l’établissement. Ainsi, le déploiement d’un système de mesure de la performance et son arrimage au cadre de gestion de l’établissement s’imposent au cœur de la démarche nécessaire pour maximiser les bénéfices d’une logistique hospitalière performante. Dans le contexte actuel où les pressions démographiques et les contraintes budgétaires étreignent pratiquement tous les pays de l’OCDE, la gestion des soins de santé pose des défis importants aux états. Bien que les stratégies puissent différer d’un pays à l’autre, les réformes de la santé cherchent à résoudre la délicate équation de l’accessibilité, de la qualité et des coûts (Naylor, 1999). Pour y parvenir, l’attention des décideurs a souvent été concentrée sur le réaménagement de la prestation de soins et ces derniers ont manifesté peu d’intérêt à la gestion des services de soutien. C’est en particulier le cas de la logistique hospitalière qui regroupe les activités telles l’achat, le stockage, le réapprovisionnement et la production d’un ensemble de produits entrant directement dans la prestation de soins (produits pharmaceutiques, fournitures médicales) et les prestations de services périphériques aux soins telles la préparation des repas, l’hôtellerie, la gestion des fournitures de bureau et des produits d’entretien (Rivard-Royer et Beaulieu, 2003). Logistique hospitalière 2004 Pourtant, la logistique d’un établissement de santé peut avoir une incidence directe sur la maîtrise des coûts (Aptel et Pourjalali, 2001) ou la qualité des soins (Rivard-Royer et Beaulieu, 2003). Cependant, pour contribuer pleinement à la prestation de meilleurs soins à coûts contrôlés, le gestionnaire logistique doit disposer d’un portrait adéquat de sa performance et définir son action dans un cadre de gestion qui s’appuie sur la performance de l’établissement. Ainsi, le déploiement d’un système de mesure de la performance et son arrimage au cadre de gestion de l’établissement s’imposent au cœur de la démarche nécessaire pour maximiser les bénéfices d’une logistique hospitalière performante. Un système de mesure de la performance constitue un outil de gestion permettant de conduire l’action (Lorino, 1997). De plus, son déploiement et son utilisation peuvent devenir des occasions d’acquérir une meilleure compréhension des opérations réalisées tout en prenant l’initiative de tenir informer la direc- 21 Logistique & Management tion générale de l’établissement des bénéfices obtenus (Rourke, 1981). Cependant, la mise en œuvre d’un tel système ne semble pas toujours aller de soi. Par exemple, une enquête américaine menée auprès de gestionnaires en approvisionnement révèle que 40 % des répondants sont insatisfaits des indicateurs de performance qu’ils utilisent (Morgan, 2000). Les experts du domaine confirment que le choix d’indicateurs en matière d’approvisionnement n’est pas un exercice facile (Morgan, 2000). L’exercice de conception de système de gestion de performance en logistique hospitalière apparaît hautement complexe, compte tenu de la diversité des objectifs à satisfaire dans le secteur de la santé : la réduction des coûts, l’efficacité des fournisseurs, la satisfaction des requérants internes et l’amélioration du service aux usagers. En se basant sur une recherche menée dans le secteur de la santé et plus largement sur des observations et des expériences dans le secteur public, cet article propose une réflexion sur la question de la performance en matière de logistique hospitalière. Dans un premier temps, nous présentons un cadre de gestion de la performance qui constitue aussi une occasion de clarifier quelques concepts liés à cet environnement. Nous enchaînons en focalisant notre attention sur la principale vitrine du système de gestion de la performance : le tableau de bord. Finalement, nous présentons les résultats d’une enquête menée auprès de gestionnaires en approvisionnement et en logistique dans le secteur québécois de la santé. Cette enquête met en évidence les indicateurs de performance privilégiés par ces répondants et nous instruit sur leurs pratiques en matière de gestion de la performance. Ceci est une occasion d’exposer quelques défis à la mise en œuvre d’un système de gestion de la performance logistique des établissements de santé. Déploiement d’un système de gestion de la performance La performance est l’un des concepts les plus complexes à décrire en management car on peut difficilement le séparer du contexte dans lequel il sera utilisé (Lebas, 1999). Lebas (1999) offre une perspective intéressante lorsqu’il souligne que la performance rejoint l’habileté d’une organisation à dégager de la valeur dans le futur. Paradoxalement, l’exercice s’appuie sur des données historiques 22 qu’il faut interpréter pour donner un sens aux tendances. C’est pourquoi la gestion de la performance voit à la création d’un contexte afin de saisir le sens des résultats des différentes mesures de la performance retenues (Lebas, 1999). La gestion de la performance s’appuie donc sur la mesure de la performance actuelle et passée. Plus spécifiquement, Nilsson et Olve (2001) définissent la gestion de la performance comme un système où les objectifs corporatifs sont décomposés en sous-objectifs selon les différents services qui voit à optimiser leurs résultats. Le système de gestion de la performance vise ainsi à rendre opérationnel la stratégie de l’organisation, à orienter son action et à améliorer les processus. En se référant aux écrits portant sur le renouvellement des cadres de gestion axés sur la performance organisationnelle dans les différents pays de l’OCDE (OCDE, 1997), le système de gestion de la performance doivent de plus remplir trois autres fonctions importantes : • Le système de gestion de la performance englobe aussi le volet reddition de comptes. Il cherche donc à témoigner de l’atteinte des objectifs et encadre la préparation des bilans et des rapports de gestion; • Le système de gestion de la performance est en interface avec la gestion du rendement. La formulation des attentes signifiées au personnel et l’évaluation du rendement font donc partie de ce système; • Le système de gestion de la performance doit assurer un suivi des engagements et des plans et planifier, diriger et contrôler le déploiement des ressources et des moyens pour y parvenir. Toutes ces fonctions s’exercent de façon synergique et doivent être alimentées par un système d’information à haute valeur ajoutée. Le tableau de bord de gestion assure une interface entre le système de recueil de données et le gestionnaire. Bien que le tableau de bord devienne en quelque sorte l’incarnation tangible du cadre de gestion de la performance, il ne doit pas être perçu comme une finalité du système de gestion de la performance mais bien comme un outil au cœur des activités à accomplir. Ainsi, pour bien comprendre la nature des mesures qui doivent être retenues et pour guider la préparation d’un tableau de bord, il est indispensable de comprendre comment se déploie la gestion de la performance dans l’organisation. Il faut d’abord voir que le système de gestion de la performance s’inscrit Logistique hospitalière 2004 Logistique & Management dans un cycle d’activités de gestion qui s’étale sur toute l’année, voire sur une période plus longue, lorsqu’il s’agit des éléments de portée stratégique. La figure 1 présente de façon schématique les principales composantes d’un système de gestion de la performance. Cette vision est compatible avec les modèles de gestion en usage dans les ministères et organismes de la majorité des pays de l’OCDE qui ont migré vers des cadres de gestion de performance axés sur l’atteinte de résultats (Martin et al., 2003). Ce système s'appuie avant tout sur l’analyse stratégique. Afin de mettre en place un tel système, le gestionnaire doit comprendre la mission de l’organisation mais aussi celle spécifique à chacun des services qui la compose. Il doit aussi voir à articuler une vision de son développement. Le gestionnaire doit comprendre l’environnement dans lequel il évolue ainsi que des attentes des différentes parties prenantes qui interfacent avec son unité administrative afin d’éclairer les arbitrages qui seront inévitables. Mendoza et al. (2002) identifient trois questions essentielles permettant de baliser cette réflexion stratégique : que fait le service ? Pour qui travaille-t-il? Pourquoi travaille-t-il? Ces questions simples en apparence peuvent exiger une réflexion approfondie. Ainsi, la première question renvoie aux responsabilités et aux fonctions qui incombent au service. Par exemple, en ce qui concerne la logistique hospitalière, un tel service a-t-il la responsabilité de gérer les stocks de tous les produits et fournitures de l’établissement ? Ce même service gère-t-il d’autres déplacements que celui du matériel dans l’établissement (par exemple, celui des patients) ? La seconde question peut également offrir une variété de réponses. Il est important de comprendre la dynamique entre les différentes parties prenantes dans la gestion du service et de clarifier les priorités à leur accorder. Par exemple, un service de logistique hospitalière peut affirmer travailler pour les requérants internes alors qu’un autre se sentira d’abord redevable envers les bénéficiaires, la direction de l’établissement ou même les actionnaires, s’il s’agit d’un établissement privé. Enfin, la troisième question offre, elle aussi, de nombreuses options qui influenceront sur la nature des éléments de la performance qui seront suivis avec plus d’intérêt. Par exemple, toujours en logistique hospitalière, le service cherchera-t-il à assurer en tout temps la présence du matériel pour le personnel soignant, Logistique hospitalière 2004 Figure 1 - Cycle des activités du système de gestion de la performance dégager le maximum d’économies sur le prix d’achats ou déployer des pratiques de gestion de la logistique qui réduisent l’intervention du personnel soignant dans ce domaine. En bout de ligne, l’exercice ne conduira pas nécessairement à une réponse unique. Dans certains cas, les mandats peuvent être contradictoires. Il est donc nécessaire à ce niveau de préciser des priorités, étudier les arbitrages à faire et obtenir l’aval des niveaux hiérarchiques supérieurs. Cet exercice est suivi par un processus de planification qui prend généralement la forme d’une démarche hiérarchique structurée où le plan stratégique est le prélude à la production de plans sectoriels ou de plans de direction. Les services doivent arrimer leurs propres plans au plan d’ensemble en précisant comment ils comptent contribuer à l’atteinte de leur mission et de celle de l’organisation. Le plan de direction est donc plus précis et plus détaillé. Par ailleurs, il comprendra généralement des objectifs qui ne sont pas directement inspirés du plan stratégique mais qui constituent une réponse aux préoccupations locales, notamment par des analyses de processus ou fonctionnelles, etc. Ces analyses peuvent mettre en évidence des besoins ponctuels ou récurrents auxquels le service doit répondre et qui deviennent des préoccupations de gestion. Par exemple, ces derniers mois dans le secteur de la santé, il a un intérêt évident pour les questions de traçabilité des produits. Pour chaque préoccupation de gestion retenue, des objectifs, des indicateurs et des cibles sont proposés pour former une triade de la mesure de performance. Les objectifs peuvent viser une meilleure utilisation des res- 23 Logistique & Management sources, l’efficience dans la réalisation d’une activité ou d’un processus ou plus fréquemment l’atteinte d’un résultat (Selmer, 1998). Selon Selmer (1998), un objectif possède trois caractéristiques. 1° Il doit préciser une performance, un résultat à atteindre. 2° Il devra définir les conditions dans lesquelles devra s’effectuer cette performance. 3° Finalement, il devra identifier le niveau de performance jugé acceptable. L’indicateur de performance sera pour sa part un élément ou un ensemble d’éléments d’information significative […] sur la manifestation observable d’un phénomène ou sur un élément lié au fonctionnement d’une organisation (Voyer, 1999, p. 61). Selmer (1998) précise quatre critères de sélection d’un bon indicateur : sa compréhension et son interprétation, sa présence dans les bases de données de l’organisation, son coût d’obtention et la fiabilité de ses sources d’information. Enfin la cible devient un point de référence permettant d’affirmer si l’objectif est atteint, dépassé ou manqué et dans quelle proportion. Dans certains cas où l’objectif est simple et qu’un seul indicateur peut le cerner, la cible devrait déjà être précisée à l’intérieur de l’objectif. La cible peut être basée sur les résultats des exercices précédents, des sondages ou sur des standards obtenus à partir d'études de balisage à l'intérieur ou même à l'extérieur de l'industrie. Il peut s’agir de résultats agrégés provenant de sondages à l’intérieur ou même à l’extérieur de l’industrie. Par exemple, aux États-Unis, l’Association for Healthcare Resource & Materials Management (ARHMM) propose périodiquement une enquête présentant des résultats pour une diversité d’indicateurs de performance (BD Healthcare Consulting and Services, 2001). Avec le suivi périodique, la notion de gestion de la performance prend tout son sens. Le suivi vise avant tout à s’assurer que chaque objectif est en bonne voie d’être réalisé, de recadrer, au besoin, l’action pour mettre tout en œuvre vers l’atteinte des objectifs. Pour chaque objectif, une fréquence de suivi aura été préalablement établie (hebdomadaire, mensuelle, trimestrielle, annuelle, etc.). Le suivi peut être facilité grâce à un système de cueillette, d’entreposage et de traitement des données (Neely, 1999). Bien qu’elle ne reçoive pas toujours toute l’attention qu’elle devrait, la reddition de comptes est une étape essentielle d’un cadre de gestion de la performance. Elle devient la 24 réponse aux engagements pris à l’étape de la planification. Les gestionnaires doivent maintenant donner un sens aux résultats qu’ils ont obtenus en les comparant aux objectifs formulés. Il ne s’agit pas d’un mécanisme punitif, mais bien d’un levier pour apprendre de la dernière période écoulée et pour reconnaître le succès obtenu. Dans un contexte de gestion publique, la reddition de comptes porte aussi les valeurs de transparence et d’imputabilité, si chères aux appareils étatiques. Généralement, la reddition de comptes prend la forme d’un bilan annuel dans une direction et d’un rapport annuel pour l’ensemble de l’organisation. Finalement, le cycle de gestion de la performance guide naturellement vers l’apprentissage organisationnel. Fort des étapes précédentes, le gestionnaire est à même d’identifier les zones d’amélioration et d’innovation qui amélioreront la performance organisationnelle. De plus, la reddition de comptes et les efforts d’amélioration devraient à leur tour nourrir le processus d’analyses et la planification de l’année suivante. Il s’agit donc d’un processus cyclique et itératif qui s’imbrique dans tous les aspects de gestion d’un service. Au cœur de ce cycle, le tableau de bord, que Voyer (1999, p. 39) définit comme étant : …une façon de sélectionner, d’agencer et de présenter les indicateurs essentiels et pertinents, de façon sommaire et ciblée, nourrit le processus. Il se présente comme un ensemble organisé de fenêtres qui permettent de suivre les préoccupations de gestion propres au gestionnaire. Il constitue une valorisation des systèmes de recueil, de traitement et d’entreposage de données de l’organisation en synthétisant l’information, en personnalisant les écrans pour les besoins particuliers d’un gestionnaire et en favorisant l’investigation des problématiques soulevées. Par son caractère intégrateur, le tableau de bord devient un outil de communication du système de gestion de la performance. Le tableau de bord doit savoir mettre en valeur les éléments les plus importants et attirer la vigilance des gestionnaires sur les points qui méritent son attention. Ainsi, il se doit d’être sélectif quant au nombre d’indicateurs retenus (Voyer, 1999). Cependant la sélectivité n’exclut pas la présence d’information complémentaire offerte par les possibilités de forage, c’est-à-dire l’exploration plus en profondeur des données agrégées et la réalisation d’analyses plus raffinées tel le datamining (Fernandez, 2000). Logistique hospitalière 2004 Logistique & Management Ainsi, le tableau de bord se présente aussi comme un déclencheur d’enquête et un outil d’investigation. Figure 2 - Dimensions de performance des processus de logistique hospitalière Les pistes de développement Si la notion de performance est complexe, il en va naturellement de même de la performance logistique. Cette dernière peut être vue comme une sous-composante de la performance organisationnelle. Cependant, Chow et al. (1994) qui ont tenté de définir le terme de performance logistique arrivent à la conclusion que cette expression est une enveloppe qui renferme une diversité de dimensions interdépendantes et conflictuelles : coût, rentabilité, croissance des ventes, satisfaction des consommateurs, flexibilité, respect des promesses de livraisons, etc. Cette perspective multidimensionnelle est visible lorsqu’on consulte des ouvrages spécialisés, les gestionnaires du domaine de la logistique ont accès à une vaste gamme d’indicateurs de performance (Byrne et Markham, 1991). Quelques travaux réalisés au niveau de la logistique hospitalière arrivent eux aussi à une conclusion similaire (Rourke, 1981). Cette situation est compréhensible, compte tenu de la variété des responsabilités du gestionnaire en logistique hospitalière. En effet, la logistique hospitalière regroupe l’ensemble d’activités de conception, de planification et d’exécution permettant l’achat, la gestion des stocks et le réapprovisionnement des biens et services entourant la prestation de services médicaux (Landry et Beaulieu, 2002). Devant ces nombreuses dimensions de la performance, le gestionnaire doit faire des choix quant aux indicateurs qu’il devrait retenir pour mesurer la performance de son unité administrative, notamment ceux qui devraient figurer au tableau de bord. Pour sélectionner ces éléments, Lynch et Cross (1995) suggèrent de baliser la performance des opérations en regardant quatre dimensions qui équilibrent les aspects d’efficience et d’efficacité. Pour l’efficience, la réduction des gaspillages, des coûts et des temps de cycle devraient être balisés. Pour l’efficacité, la qualité des prestations et l’acuité des livraisons sont des dimensions qui doivent faire l’objet d’un suivi. Kaplan et Norton (1998) considèrent, pour leur part, que le tableau de bord doit couvrir quatre axes équilibrés : les résultats financiers, la performance vis-à-vis les clients, les processus internes et l’apprentissage organisationnel. Logistique hospitalière 2004 Il est intéressant de constater que Lynch et Cross (1995) ainsi que Kaplan et Norton (1998) convergent vers la nécessité d’obtenir une vision équilibrée de la performance organisationnelle. On peut aussi libéralement concilier ces deux visions et proposer un modèle de la gestion de performance logistique qui s’appuie sur trois dimensions de la performance : « performance client », « maîtrise des coûts » et « performance opérationnelle » (figure 2). Toutefois, considérant l’importance de la dimension opérationnelle lorsqu’on considère les processus logistiques, il importe de bien comprendre les activités impliquées en logistique hospitalière pour structurer le tableau de bord d’une façon logique. À partir des travaux de Landry et Beaulieu (2002), nous identifions quatre principaux processus : achat, la gestion des stocks, le réapprovisionnement et la transformation1. Pour chacun de ces processus, la performance doit être considérée sous différents aspects (voir figure 2). Pour chacun de ces processus, nous associons des préoccupations de gestion pratiquement incontournables dans chacune des trois dimensions : « performance client », « maîtrise des coûts » et « performance opérationnelle » (voir tableau 1). Selon la nature du contexte organisationnel, des préoccupations de gestion peuvent s’ajouter. Nous croyons nécessaire d’apporter certaines précisions en ce qui concerne les informations contenues dans le tableau 1. D’abord, soulignons que la maîtrise des coûts ne devrait pas 1 - Les processus de transformation recoupent, par exemple, des activités de la buanderie, de la stérilisation ou de la cuisine. 25 Logistique & Management Tableau 1 – Principales préoccupations de gestion des processus de logistique hospitalière Performance Processus Achat Client ❍ Satisfaction des clients internes Coûts ❍ ❍ ❍ Gestion des stocks ❍ Rupture de stocks ❍ ❍ ❍ Réapprovisionnement ❍ Satisfaction des clients internes ❍ ❍ Opérationnelle Économies dégagées sur les contrats signés Coût pour les produits sous contrat Coût pour les produits en achat direct (hors stock) ❍ Exactitude des achats effectués Rotation des stocks Exactitude des inventaires Coût de gestion (réception, lancement des commandes et gestion des stocks) ❍ Niveau de service des fournisseurs Respect des horaires de livraison des fournisseurs Exactitudes des factures Révision des points de commande Rotation des stocks à l’unité de soins Coût de gestion par ligne de fournitures réapprovisionnées ❍ ❍ ❍ ❍ ❍ ❍ ❍ Transformation ❍ Niveau de service se limiter aux processus d’approvisionnement et de gestion des stocks. Par exemple, au Québec, les stocks laissés aux unités de soins ne sont pas pris en compte par les systèmes d’information. Selon les pratiques comptables, ces produits et fournitures sont souvent considérés comme « consommés» alors qu’ils peuvent attendre sur les tablettes. Cette perspective comptable peut venir fausser la performance réelle des activités de réapprovisionnement et ainsi dissimuler des occasions d’amélioration. Une grande partie de la maîtrise des coûts peut s’appuyer sur une logique de comptabilité par activités (activity based costing – ABC) qui vise à mieux assigner les coûts aux différentes activités et processus (Turney, 1992). Concrètement, elle permettrait de voir les activités consommatrices de ressources. Cette même décomposition serait une occasion de quantifier les efforts de gestion de certaines familles de produits. Elle a déjà été appliquée pour identifier les meilleures options de gestion du réapprovisionnement des réserves de fournitures médicales de multiples établissements de santé d’une même région (Jobin et al., 26 ❍ ❍ Coût des intrants Coût de production (transformation) ❍ Disponibilité des produits Temps de cycle Révision des quotas de fournitures conservées aux unités de soins Exactitude des commandes livrées Temps de cycle 2001). Plus récemment, cette pratique a été appliquée dans l’analyse comparative de la lingerie stérile au bloc opératoire (Boisvert, 2001). Au niveau de la performance client, il peut s’agir de la performance des processus par l’angle des bénéficiaires ou encore par la lorgnette des unités administratives qui utilisent directement les services offerts. Dans ce second cas de figure, Morgan (2000) suggère de procéder à des sondages d’appréciation directement auprès des « clients internes ». Résultat d’une enquête Appuyé par les meilleures pratiques en matière de gestion de la performance, nous avons présenté un cadre de mesure de la performance pour les activités de logistique hospitalière. Nous avons, par la suite, cherché à évaluer les dimensions que les services des approvisionnements ou de la logistique de centre hospitalier surveillent dans les faits. À cet effet, nous avons mené une enquête exploratoire sur le sujet. Celle-ci visait à répondre à deux questions : quelles sont les contraintes Logistique hospitalière 2004 Logistique & Management actuelles à l’implantation de tableau de bord de la logistique hospitalière et quelles seraient les composantes d’un tel tableau de bord. Comme stratégie de collecte de données, nous avons adopté une approche de recherche-action où les chercheurs et les acteurs [du terrain], conjointement, investiguent systématiquement un problème donné et posent des actions en vue de solutionner un problème immédiat vécu par les acteurs (Prévost, 1996, p. 2). Il existe différentes démarches de recherche-action et nous avons retenu celle où les chercheurs travaillent avec des individus de la population (Grell, 1981). En ce sens, le fondement de la recherche-action tient en un seul mot : discussion (Grell, 1981). Ainsi, trois rondes d’entretiens ont été réalisées. La première ronde d’entretiens d’une durée de 60 à 90 minutes cherchait à établir le portrait de la situation actuelle du système de gestion de la performance des activités de logistique hospitalière. La seconde ronde d’une durée de 60 minutes avait pour but d’identifier une série de mesures de performance pertinentes à la logistique hospitalière. Enfin, la troisième ronde visait à évaluer la pertinence de chacun des indicateurs de performance retenus et évaluer leur potentiel d’implantation sous la forme de tableau de bord. Chacune des rondes donnait lieu à une analyse de données recueillies. Les entretiens prenaient la forme d’entrevues semi-structurées auprès d’une dizaine de gestionnaires en approvisionnement et en logistique de centre hospitalier québécois. Cette approche offre plus de latitude, permettant au chercheur d’approfondir certaines avenues développées par les répondants tout en étant conforme à la nature de l’étude (Selltiz et al., 1976). Nous avons cherché à obtenir une diversité de répondants. Ainsi, notre échantillon renferme trois centres hospitaliers universitaires, quatre centres hospitaliers et trois centres d’hébergement et soins de longue durée. Il est à noter que la taille de cet échantillon ne permet pas a priori d’inférer sur l’ensemble de la population des centres hospitaliers mais, la méthodologie de la recherche-action augmente la richesse des données obtenues et confère une plus grande valeur aux résultats. Nous présentons donc tout de même les résultats quantitatifs obtenus dans la mesure où ils ont tous été corroborés par les données qualitatives recueillies. Notons par ailleurs, que l’étude s’est concentrée autour des processus d’achat, de gestion des stocks et de réapprovisionnement Logistique hospitalière 2004 des unités de soins. Le manque d’homogénéité dans les processus de transformation des différents établissements étudiés, ne nous a pas permis de les inclure dans le périmètre de la recherche. Nous avons questionné les répondants sur leurs perceptions face à leur système de gestion de la performance. Nous avons tout particulièrement exploré les mesures de performance qu’ils adoptaient, la fréquence de mise à jour et l’utilisation de ces mesures dans la gestion. Nous leur avons demandé comment les objectifs, les indicateurs et les cibles étaient gérés. Nous avons exploré leur vision face à l’imputabilité et la reddition de comptes. Nous nous sommes aussi intéressés aux projets de développement dans ce domaine, spécialement dans un contexte d’intégration de la chaîne logistique et de l’introduction des systèmes intégrés de gestion (Enterprise Resource Planning - ERP) dans leur milieu. Les réponses obtenues ont permis de mettre en évidence une première contradiction. D’un côté, l’ensemble des répondants considère qu’un système de gestion de la performance est une composante de tout système de gestion. Cependant, seulement deux répondants ont adopté une démarche systématique de formulation de la mission, des objectifs, des indicateurs et des cibles. Dans les autres cas, on ne semble pas avoir recherché une cohérence systématique entre ces éléments. Une seconde contradiction concerne le manque d'adéquation entre les orientations stratégiques et les activités opérationnelles. Cette liaison s’appuie sur les principes déjà formulés par Lynch et Cross (1998) afin d’assurer une plus grande cohérence à l’action de toute l’organisation. Nos observations du secteur public, et pas uniquement de celui de la santé, tendent à nous démontrer que les passerelles entre les préoccupations stratégiques et les niveaux opérationnels sont souvent absentes ou très difficiles à établir. Il y aurait donc une série d’objectifs et d’indicateurs intermédiaires à identifier ou à développer. En ce qui à trait à la fréquence du suivi, celle-ci semble très limitée. Pour les répondants, il peut être occasionnel ou annuel mais aucunement hebdomadaire. Cette situation pourrait être expliquée par le manque de convivialité des systèmes, soit l'impossibilité de générer les indicateurs de performance souhaités dans des délais ou des efforts raisonnables. Il peut encore s'agir du peu de convivialité ou du manque de synthèse des rapports 27 Logistique & Management Tableau 2 – Indicateurs retenus par les répondants. Mesures Activité Incidence Achat 5 # ou % de commandes en souffrance Gestion des stocks 5 Retards moyens de livraison d’une commande Gestion des stocks 3 # ou % de retours aux fournisseurs Gestion des stocks 3 Achat 3 Volume des bons de commande Gestion des stocks 3 Valeur moyenne d’un bon de commande Gestion des stocks 3 # de contrats à renouveler au cours d’une période donnée Achat 3 Taux de commandes à contrat Achat 3 % des produits en rupture de stock Gestion des stocks 3 Taux de rotation des stocks du magasin général Gestion des stocks 10 Nombre de plaintes au service Réapprovisionnement 3 Retards moyens sur le traitement des requêtes Réapprovisionnement 4 # de factures litigieuses des fournisseurs # de réquisitions en suspens à un moment disponibles. Cette cause a été citée par 80 % des répondants. Les travaux menés par Poulin (2002) dans le secteur québécois de la santé démontrent toutes les difficultés à soutirer les données des systèmes d’information pour appliquer une logique de comptabilité par activités, par exemple. Les observations de Van Stekelenborg (1996) indiquent que les lacunes des systèmes d’information en matière de gestion des approvisionnements ne se limitent pas qu’au secteur de la santé. En fait, dans de nombreuses situations, les concepteurs de ces systèmes manquent de connaissance pour ces processus. Les gestionnaires de la logistique hospitalière devraient donc entretenir des relations avec les concepteurs de systèmes d’information pour s’assurer d’une plus grande convergence avec les besoins de gestion. Par ailleurs, nos entretiens laissent entrevoir que les gestionnaires de la logistique hospitalière manquent de points de repère pour apprécier la performance de leur service. Ainsi, une autre piste de développement résiderait dans le développement des données comparatives. Nous avons déjà spécifié l’initiative menée par l’association américaine ARHMM pour offrir à ses membres des données sectorielles favorisant des comparaisons. L’Association québécoise de la logistique et de l’approvisionnement du secteur de la santé (AQLASS) poursuit un projet similaire. Le second objectif de notre recherche était d’évaluer les indicateurs de performance utili- 28 sés par les gestionnaires en approvisionnement. À cet effet, à partir de la recension des écrits, une liste de 56 indicateurs a été assemblée et présentée aux répondants et nous leur demandions d’identifier les indicateurs qu’ils jugeaient les plus pertinents pour baliser les trois processus communs à tous les centres hospitaliers étudiés. Compte tenu de la diversité des indicateurs présentés et du petit nombre de répondants, une très large majorité d’indicateurs n’a recueilli qu’un seul vote. Un seul indicateur est utilisé par tous les répondants : le taux de rotation des stocks au magasin général. Le tableau 2 présente les indicateurs ayant été retenus le plus souvent par les répondants. On constate qu’une majorité des indicateurs du tableau 2 relève d’activités liées à la gestion des stocks. Pour les activités de gestion des achat, quatre indicateurs sont retenus. Quant au réapprovisionnement des unités de soins, les répondants ne mettent en évidence que deux indicateurs. En replaçant ces indicateurs avec les préoccupations de gestion auxquelles ils sont associés, nous obtenons le tableau 3. Ce nouveau tableau permet de visualiser des déséquilibres évidents. D’abord, les gestionnaires de la logistique hospitalière peuvent négliger d’accorder une attention à certains processus ou à certaines dimensions de la performance de la logistique hospitalière. Ensuite, cette situation ne permet pas aux autres gestionnaires de l’établissement d’avoir une image juste de la pleine contribution de la logistique hos- Logistique hospitalière 2004 Logistique & Management Tableau 3 – Principales préoccupations de gestion des processus de logistique hospitalière Performance Processus Client Coûts Achat Opérationnelle ❍ ❍ ❍ ❍ Gestion des stocks ❍ % de produits en rupture de stock ❍ Taux de rotation des stocks du magasin général ❍ ❍ ❍ ❍ ❍ Réapprovisionnement ❍ Nombre de plaintes au service pitalière puisqu’on met en évidence un portrait incomplet ce qui envoie un message biaisé aux paliers de décisions de l’établissement de santé. Enfin, il y a le danger de ne regarder qu’une dimension de la performance d’un processus au détriment des autres. Ce tableau met en évidence que certains des aspects de la performance logistique ne sont pas adéquatement balisés. Il semble que la logistique hospitalière mesure peu les aspects de la performance qui sont liés à la satisfaction de la clientèle et négligent la maîtrise des coûts de leurs processus. Le déséquilibre est particulièrement flagrant lorsqu’on regarde d’un peu plus près l’approvisionnement. Curieusement, nous notons que les coûts n’ont pas été identifiés comme les indicateurs privilégiés pour la mesure de performance. Nous n’avons pas été à même d’identifier si cette situation était liée à la difficulté d’obtenir des données fiables sur les coûts réels de chacune des activités. Conclusion Un des objectifs du présent article a été de jeter les bases d’une réflexion plus globale sur les systèmes de mesures de la performance de la logistique hospitalière. Dans la mesure où très souvent, les services de logistique hospitalière recherchent une plus reconnaissance de la direction de l’établissement, la démarche de mise en œuvre d’un système de Logistique hospitalière 2004 ❍ # de factures litigieuses des fournisseurs # de contrats à renouveler au cours d’une période donnée Taux de commande à contrat # de réquisitions en suspens à un moment # de commandes en souffrance Retard moyen de livraison d’une commande % de retours aux fournisseurs Valeur moy. d’un bon de commande Volume des bons de commande Retard moy. sur le traitement des requêtes gestion de la performance peut être une occasion de valider les objectifs ou les résultats du service par les niveaux supérieurs de gestion. Notre enquête exploratoire démontre que les gestionnaires du domaine de la santé accordent de l’importance à la question sans toutefois déployer à grande échelle (par la fréquence ou les dimensions couvertes) un tel système. De futures recherches à plus grande échelle devraient approfondir les préoccupations des gestionnaires. À cette fin, nous soulevons justement des pistes de développement pour obtenir un système de gestion de la performance qui soit pleinement opérationnel. Références Aptel, O.; Pourjalali, H. «Improving Activities and Decreasing Costs of Logistics in Hospitals : A Comparison of U.S. and French Hospitals», International Journal of Accounting, vol. 36, n° 1, 2001, p. 65-90. BD Healthcare Consulting and Services. 2000 : National Performance Indicators for Healthcare Materials Management, Chicago, ARHMM, 2001, 57 p. Boisvert, H. et collaborateurs. Gérer la lingerie stérile utilisée au bloc opératoire, Montréal, Chaire internationale CMA, cahier de recherche 01-01, 2001, 47 p. Byrne, P.M.; Markham, W.J. Improving Quality and Productivity in the Logistics Process, 29 Logistique & Management Oak Brook, Council of Logistics Management, 1991, 435 p. Chow, G.; Heaver, T.D.; Henriksson, L.E. «Logistics Performance : Definition and Measurement», International Journal of Physical Distribution & Logistics Management, vol. 24, n° 1, 1994, p. 17-28. Fernandez, A. Les nouveaux tableaux de bord des décideurs, Éditions de l’Organisation, 2e édition, 2000, 452 p. Grell, P. « Problématiques de la recherche-action », Revue de l’institut de sociologie, n° 3, 1981, p. 605-614. Jobin, M.-H.; Beaulieu, M.; Philippe, R. «Étude comparative des pratiques de réapprovisionnement de fournitures médicales en CLSC : l’ABC de la démarche poursuivie», Gestion, vol. 26, n° 1, 2001, p. 18-27. Kaplan, R.S.; Norton, D.P. Le tableau de bord prospectif, Paris, Les Éditions d’Organisation, 1998, 311 p. Landry, S.; Beaulieu, M. « Logistique hospitalière : un remède aux maux du secteur de la santé ? », Gestion, vol. 26, n° 4, 2002, p. 34-41. Lebas, M.J. «Performance Measurement and Performance Management», International Journal of Production Economics, vol. 41, n° 1-3, 1995, p. 23-35. Lorino, P. Méthodes et pratiques de la performance, Paris, Les Éditions d’Organisation, 1997, 512 p. Lynch, R.L.; Cross, K.F. Measure Up!, Blackwell Business, Oxford, 1998, 250 p. Martin, V.; Jobin, M.-H.; Rondeau, A. « Recension des écrits : La gestion axée sur les résultants », rapport de recherche, Centre d’expertise en gestion des ressources humaines, Secrétariat du Conseil du trésor, Gouvernement du Québec, 2003, 79 p. Mendoza, C.; Delmond, M.-H.; Giraud, F.; Löning, H. Tableaux de bord et balanced scorecards, Paris, Groupe Revue Fiduciaire, 2002, 248 p. 30 Neeely, A. «The Performance Measurement Revolution: Why Now and What Next?», International Journal of Operations & Production Management, vol. 19, n° 2, 1999, p. 205-228, Nilsson, F.; Olve, N.G. «Control Systems in Multibusiness Companies: From Performance Management to Strategic Management», European Management Journal, vol. 19, n° 4, 2001, p. 344-358. OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), « En quête de résultats : Pratiques de gestion des performances », PUMA, Paris, 1997. Poulin, E. L’analyse comparative du processus de logistique hospitalière, Montréal, HEC Montréal, 2002, 206 p. Prévost, P. L’intervention support à la recherche en gestion, Montréal, Chaire d’entrepreneurship Maclean Hunter, cahier de recherche n° 96-11-10, 1996, 16 p. Rivard-Royer, H.; Beaulieu, M. « L’évolution du commerce électronique et la performance de la chaîne d’approvisionnement du secteur de la santé : changement de paradigme », Gestion, vol. 27, n° 4, 2003, p. 17-23. Rourke, R.E. «Performance Measurement: First and Last Step in Innovation», Hospital Materiel Management Quarterly, vol. 3, n° 1, 1981, p. 1-7. Selltiz, C.; Wrightsman, L.S.; Cook, S.W. Research Methods in Social Relations, New York, Holt, Rinehart and Winston, 1976, 624 p. Selmer, C. Concevoir le tableau de bord, Paris, Dunod, 1998, 246 p. Turney, P.B.B. «What an Activity-Based Cost Model Looks Like», Journal of Cost Management, vol. 5, n° 4, 1992, p. 54-60. Morgan, J. «How effective are your measurement systems?», Purchasing, vol. 129, n° 10, 2000, p. 26-28. Van Stekelenborg, R.H.A. Three Decades of Information Technology in Purchasing: Review and Implications, Eindhoven, Eindhoven University of Technology, 1996, 14 p. Naylor, C.D. «Health Care in Canada: Incrementalism under Fiscal Duress», Health Affairs, vol. 18, n° 3, 1999, p. 9-26. Voyer, P. Tableaux de bord de gestion et indicateurs de performance, Québec, Presses de l’Université du Québec, 1999, 446 p. Logistique hospitalière 2004